Bienvenue à la 11e séance du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 24 octobre 2020, nous poursuivons notre étude sur la capacité de transformation.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 23 septembre 2020. Les délibérations seront publiées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité.
Pour garantir le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous faire part de certaines règles.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir entre le parquet, l'anglais ou le français.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Assurez-vous que votre micro est éteint lorsque vous ne parlez pas.
[Traduction]
Sur ce, nous sommes prêts à commencer.
Je veux avant tout souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui. Nous accueillons M. Ian Affleck, vice-président, Biotechnologie de CropLife Canada, accompagné de M. Dennis Prouse, vice-président, Affaires gouvernementales. Nous accueillons aussi M. Jamie Curran, sous-ministre adjoint, Transformation, Commerce et Relations intergouvernementales du ministère de l'Agriculture et des Forêts de l'Alberta.
Commençons.
Je propose aux représentants de CropLife de commencer. Vous avez sept minutes et demie pour présenter votre allocution d'ouverture. Allez-y.
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Excellent. Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Dennis Prouse et je suis le vice-président, Affaires gouvernementales de CropLife Canada. Je suis accompagné de mon collègue, M. Ian Affleck, vice-président, Biotechnologie.
CropLife Canada représente les fabricants, les sociétés de développement et les distributeurs de pesticides et de produits modernes de sélection végétale du Canada. L'objectif premier de notre organisation est de fournir aux agriculteurs les outils qui les aideront à augmenter leur rendement et la durabilité de leurs activités. Nous concevons aussi des produits destinés à être utilisés dans les espaces verts urbains, dans le secteur de la santé publique et dans les corridors de transport.
La semaine dernière, M. Jim Everson, président du Conseil canadien du canola, a témoigné devant votre comité. Nous croyons qu'il a formulé d'excellents commentaires, en plus de situer le contexte pour le Comité. Aujourd'hui, notre but est d'explorer davantage certains des points qu'il a soulevés et d'y donner suite.
Votre comité a entrepris son étude à un moment opportun, puisqu'elle concerne les difficultés économiques générales que nous devons affronter et l'avenir de l'agriculture canadienne après la pandémie de COVID-19. Précisément, nous devons trouver une façon pour le secteur canadien de l'agriculture et de l'agroalimentaire de stimuler les investissements, les emplois et la croissance au Canada, puisque cela sera plus nécessaire que jamais.
Heureusement, il existe déjà une feuille de route vers cet avenir: je parle du rapport Barton et du Rapport de la Table de la stratégie économique du secteur agroalimentaire, qui mettent en relief le potentiel énorme du secteur canadien de l'agriculture en soulignant que nous ne tirons pas pleinement parti de ce potentiel, présentement.
Par exemple, l'objectif énoncé dans le rapport Barton était que le Canada soit le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires. Nous sommes actuellement le cinquième. Pour un pays ayant autant de potentiel que le Canada, ce n'est tout simplement pas suffisant. Le défi économique post-COVID-19 rendra les industries critiques du Canada plus compétitives, le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire en premier.
Pour favoriser la croissance du secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire, nous devons remplacer les régimes réglementaires désuets et internationalement incohérents par de nouveaux cadres réglementaires habilitants qui tireront parti des pratiques exemplaires mondiales. Ces enjeux ont aussi été mis en relief par la Chambre de commerce du Canada, la Fédération canadienne de l'entreprise canadienne indépendante et le Conseil canadien des affaires.
Il est relativement facile pour les gouvernements de mettre à jour la réglementation, puisque cela ne nécessite que rarement de modifier les lois ou même les règlements. La plupart du temps, une nouvelle politique suffit. Aussi, cela ne suppose pas de nouveaux investissements — une considération qui sera importante dans les années à venir —, et cela fournit des résultats rapidement. La priorité du gouvernement à l'égard de l'économie, et en particulier du secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire, devrait être de confier aux organismes de réglementation un mandat de croissance — comme le fait le Royaume-Uni —, assorti d'objectifs clairs et mesurables sur la modernisation de la réglementation.
En ce qui concerne la transformation et les produits à valeur ajoutée en particulier, nous pouvons vous donner des exemples de solutions novatrices — précisément de nouvelles variétés de plantes — qui soit ont déjà été transférées aux États-Unis, soit risquent de l'être simplement parce que le Canada ne s'est pas doté d'un cadre réglementaire clair et vaste relativement aux méthodes novatrices de sélection végétale. Un exemple parfait serait les produits issus de la manipulation génétique. Ces produits à valeur ajoutée pourraient être cultivés et transformés au Canada, créant ainsi des avantages autant pour les consommateurs canadiens que pour nos marchés d'exportation. Pour résumer, les usines de transformation seront construites en premier là où les technologies novatrices sont appliquées sur une superficie suffisante, soit l'endroit où se font les premières cultures et, malheureusement, cet endroit n'est présentement pas le Canada.
Il est regrettable que le Canada accuse un retard sur bon nombre de ses compétiteurs internationaux aux vues similaires et qui ont aussi une approche axée sur la science. Je parle de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Japon, du Brésil, de l'Argentine et des États-Unis, qui ont tracé une voie raisonnable à suivre pour la manipulation génétique et qui en recueillent déjà les fruits.
Le Secrétariat du Conseil du Trésor avait déjà, il y a deux ans, établi que c'était une priorité, dans ses feuilles de route sur la réglementation. Nous serions heureux de vous fournir des exemples plus détaillés pendant la période de questions, mais nous espérons sincèrement que, maintenant qu'il a été annoncé que des consultations publiques sur les politiques pertinentes allaient commencer en janvier 2021, le Canada pourra rapidement s'inspirer de ces pays et nous redonner notre compétitivité.
Pour toutes ces raisons, le gouvernement doit agir rapidement et donner suite au concept annoncé dans le budget de 2019, soit de faire en sorte que les organismes de réglementation doivent aussi adopter l'optique de la compétitivité.
Il y a un point que j'aimerais soulever sans attendre: chaque fois qu'il est question de la modernisation de la réglementation, on accuse tout de suite l'industrie de vouloir d'une façon ou d'une autre contourner ou attaquer les normes en matière de santé et de sécurité, alors que ce n'est pas du tout vrai. Nos membres tirent une très grande fierté du fait que nos technologies ont permis et continueront de permettre au secteur canadien de l'agriculture d'être plus durable que jamais. Une meilleure durabilité, ce n'est pas un slogan; c'est un fait scientifique.
Pour les agriculteurs, l'intendance des terres est quelque chose de très important, et ils sont déterminés à laisser à la prochaine génération un environnement meilleur. La durabilité est et sera toujours la pierre angulaire de ce que nous faisons.
En pratique, cela suppose que les organismes de réglementation reconnaissent et acceptent qu'ils ont un rôle à jouer pour ce qui est d'encourager l'innovation et la compétitivité des entreprises canadiennes, tout en continuant de prioriser une réglementation axée sur la science ainsi que la santé et la sécurité des Canadiens. Il faut par-dessus tout que les organismes de réglementation puissent remplir l'essentiel de leur mandat avec une plus grande efficacité et en s'attaquant aux vrais risques.
Deux autres composantes vitales de notre relance économique seront l'accès aux marchés et l'élargissement des marchés commerciaux. Le Canada ne consomme que 30 % de ce qu'il produit, et le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire génère un surplus net de 10 milliards de dollars dans notre balance commerciale. Cependant, il y aura une montée du protectionnisme dans le monde au cours des prochains mois et des prochaines années. Le Canada doit travailler avec les pays qui partagent ses idées afin de promouvoir une réglementation axée sur la science et de lutter contre les barrières commerciales non tarifaires, peu importe où et quand elles se présentent.
Malgré les difficultés que nous vivons actuellement, nous croyons que l'avenir s'annonce radieux. Nous pouvons compter sur d'incroyables avantages naturels et sur une main-d'œuvre forte et brillante. Donnez aux agriculteurs et aux transformateurs agroalimentaires du Canada un environnement réglementaire compétitif et un accès aux marchés mondiaux, et nous pourrons prendre la tête de la relance post-COVID-19. Mais pour cela, le gouvernement doit prendre des mesures audacieuses et décisives. Rien ne vous empêche d'accélérer la mise en œuvre de la feuille de route, surtout qu'elle a déjà fait l'objet de vastes consultations. Rien ne vous empêche de commencer aujourd'hui.
Merci, nous sommes prêts à répondre à toutes les questions que le Comité pourrait vouloir nous poser.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre invitation à témoigner devant le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, dans le cadre de votre étude sur la capacité de transformation.
Je suis heureux de pouvoir formuler quelques commentaires sur la façon dont le gouvernement de l'Alberta élargit le secteur de l'agriculture à valeur ajoutée et la capacité de transformation agroalimentaire de la province. Je vais aussi mettre en relief quelques possibilités et quelques difficultés de cet important secteur.
L'Alberta est aussi en faveur des six recommandations pour le secteur agroalimentaire qui ont été formulées dans le rapport de la commission Barton en 2017. Selon ce rapport, l'augmentation de la population mondiale, l'accroissement de la demande de protéines en Asie et le besoin de marchés fiables et sécuritaires donnent au Canada et à l'Alberta l'occasion d'assumer, à l'échelle internationale, le rôle de chefs de file fiables dans le secteur de l'alimentation sécuritaire, nutritive et durable du XXIe siècle.
L'Alberta est déjà bien placée pour aider à répondre à la demande alimentaire mondiale. Nous sommes une province exportatrice, et nous produisons énormément plus de nourriture que nous en consommons. Le secteur de l'agriculture et de la transformation alimentaire emploie directement plus de 77 000 personnes en Alberta, en plus de créer des milliers d'emplois indirects. Il est essentiel pour nos économies provinciale et nationale que l'industrie de la transformation alimentaire soit robuste, diversifiée et prospère.
La diversification de l'économie est l'un des objectifs clés du plan de relance de l'Alberta. On s'attend à ce que les secteurs de l'agriculture et de la transformation agroalimentaire en particulier jouent un rôle important dans la relance économique de notre province après la COVID, et nos investissements en agriculture sont un élément clé de cette relance.
La pandémie de COVID-19 a confirmé que la force de la chaîne d'approvisionnement alimentaire dépend de la façon de chacun des éléments de la chaîne. Dès le début de la pandémie, nous avons défini l'industrie de l'agriculture et de la transformation agroalimentaire comme un service essentiel dans notre plan d'intervention afin de veiller à ce que les activités de la chaîne d'approvisionnement agroalimentaire albertaine puissent continuer de façon ininterrompue. Nous nous sommes associés à l'Agence canadienne d'inspection des aliments afin d'accroître notre capacité d'inspection alimentaire. Nous avons veillé à ce que nos inspecteurs provinciaux aient la formation nécessaire pour intervenir si davantage d'inspecteurs fédéraux étaient nécessaires.
En avril, dans le cadre du Partenariat canadien pour l'agriculture et de l'Entente sur le perfectionnement de la main-d'œuvre du ministère du Travail et de l'Immigration conclue avec le gouvernement du Canada, nous avons mis au point un nouveau programme de soutien à la formation agricole pour aider les employeurs de la chaîne d'approvisionnement alimentaire à fournir de la formation. Nous aidons ainsi à garantir la sécurité et la durabilité de notre système alimentaire, en plus de contribuer à atténuer la hausse du chômage que la COVID-19 a entraîné dans notre province.
L'accès aux capitaux est un autre facteur important si l'on veut permettre à plus d'entreprises du secteur alimentaire d'accroître et de diversifier leurs activités. L'Alberta appuie l'initiative de Développement agricole et alimentaire Canada visant à augmenter la capacité de prêt en capital de 5 milliards de dollars par année au maximum et, en Alberta, l'Agriculture Financial Services Corporation a aussi augmenté son portefeuille de prêts et a rationalisé son processus d'octroi de capitaux afin que les entreprises agroalimentaires y aient accès plus rapidement et plus efficacement.
Le renforcement de la capacité de transformation agroalimentaire est une énorme priorité pour l'Alberta. Dans environ la moitié des provinces, les exportations agroalimentaires visent surtout les produits agricoles de base. La proportion des matières premières exportées est beaucoup plus élevée lorsqu'il s'agit des récoltes: on parle de 97 % pour le blé, de plus de 60 % pour le canola et de plus de 50 % pour l'orge et de presque toutes les exportations de légumineuses.
Il est extrêmement important que l'Alberta puisse transformer plus de ses produits afin de générer davantage de valeur et de créer des emplois dans la province. L'élargissement de la transformation à valeur ajoutée aidera également à accroître la résilience du secteur agricole primaire en réduisant la dépendance de notre secteur à l'égard des marchés internationaux de matières premières, lesquelles sont d'ailleurs sensibles aux instabilités. Les produits transformés se heurtent aussi à moins de barrières commerciales que les produits agricoles de base.
Le Food Processing Development Centre et l'Agrivalue Processing Business Incubator, à Leduc, soutiennent le développement du secteur de l'agroalimentaire à valeur ajoutée et témoignent de l'engagement continu et à long terme du gouvernement albertain envers l'agriculture à valeur ajoutée dans notre province. Le ministère de l'Agriculture et des Forêts de l'Alberta exploite aussi le Bio Processing Innovation Centre, le centre pour l'innovation en biotransformation, qui fournit de l'aide pour le développement de produits et du soutien à l'expansion, par exemple pour la décortication des tiges et le fractionnement des grains. Grâce à une licence de mise en marché pour les produits de santé naturelle de Santé Canada, l'installation peut aussi étendre ses activités aux produits cosmétiques, d'hygiène personnelle et de santé naturelle.
Le ministère de l'Agriculture et des Forêts de l'Alberta a annoncé une stratégie de croissance et des investissements audacieux pour attirer les investissements dans notre province et ainsi accroître et élargir notre capacité de transformation à valeur ajoutée, ce qui devrait créer des milliers d'emplois au cours des quatre prochaines années.
Nous nous sommes fixé l'objectif ambitieux d'attirer 1,4 milliard de dollars en investissements au cours des quatre prochaines années, d'augmenter les exportations de produits agricoles de base de 7,5 % par année et d'accroître les exportations de produits agricoles à valeur ajoutée de 8,5 % annuellement. Ces investissements accrus profiteront directement aux producteurs et stimuleront toute l'économie albertaine. Pour nous aider à atteindre nos cibles, de nouveaux agents d'investissement spécialisés en agriculture rejoindront nos bureaux internationaux à Mexico, à Singapour, aux États-Unis et dans l'Union européenne, doublant ainsi notre présence à l'étranger.
Une autre composante essentielle de l'élargissement de la capacité de transformation à valeur ajoutée de l'Alberta sera de garantir et d'améliorer l'accès aux marchés. Pour que cette stratégie d'investissement et d'exportation réussisse, il faut mettre en place un environnement propice aux investissements, entre autres en réduisant l'impôt des sociétés et les lourdeurs administratives.
Le contexte réglementaire constitue un facteur important qui restreint la croissance du secteur de la transformation au Canada et en Alberta. Il est donc crucial de moderniser le cadre réglementaire canadien, de le rendre cohérent, d'éliminer les chevauchements et de combler les lacunes pour réduire les obstacles au commerce interprovincial et international. En tant que cochampionne et présidente du sous-comité sur l'agilité réglementaire, la province de l'Alberta entend poursuivre la collaboration en vue de mettre la dernière main à l'initiative sur l'excellence en matière de réglementation. Un cadre réglementaire sain et simplifié pour la salubrité alimentaire avantagerait autant les nouvelles entreprises de transformation que celles existantes.
Au cours des trois dernières années, l'Alberta a investi en moyenne 328 millions de dollars annuellement dans des programmes de gestion des risques de l'entreprise, et elle continue de s'engager afin de trouver des façons plus efficaces de soutenir la province. Lors de la dernière conférence FPT, nous avons été heureux de constater que des options à long terme étaient envisagées à titre de solutions de rechange au programme Agri-stabilité pour soutenir la communauté agricole de façon prévisible, rapide et équitable.
L'Alberta continue d'appuyer le financement du programme Agri-protection et s'oppose à toute diminution potentielle du financement provenant du fédéral. Notre province reconnaît également l'importance pour le secteur de l'agriculture du soutien immédiat et à court terme fourni par l'entremise du programme Agri-relance. Un bon exemple de l'efficacité du programme Agri-relance a été le lancement, par le gouvernement albertain, du Programme de retrait des bovins gras au printemps afin d'aider l'industrie à atténuer les perturbations de la chaîne de transformation dues à la COVID-19.
L'Alberta est impatiente d'examiner très bientôt les conclusions du Comité sur la capacité de transformation alimentaire au Canada. Nous espérons que l'étude portera suffisamment sur les provinces, les difficultés uniques qu'elles doivent surmonter et leurs solutions potentielles.
Encore une fois, merci de nous avoir invités.
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Merci, et merci au Comité de nous avoir invités aujourd'hui.
Vous m'excuserez si mon discours est un peu passionné, mais j'ai grandi sur une ferme productrice de pommes de terre de l'Île-du-Prince-Édouard, et j'ai étudié la sélection végétale à l'Université de Guelph, ce qui fait que je suis probablement plus emballé par les nouvelles variétés végétales que la plupart des gens.
Il y a beaucoup d'exemples de nouvelles variétés qui auraient pu entrer sur le marché au Canada, mais qui ne l'ont pas fait. Pour faire un lien avec ce que M. Prouse a dit dans sa déclaration et aussi avec la capacité de transformation, je suis certain que beaucoup de personnes vous ont parlé de ce que cela prend pour construire une usine de transformation ou pour mettre en place un environnement propice aux investissements dans ce secteur, mais il faut entre autres choses qu'il y ait un produit à transformer dans le pays et que ce produit intéresse la personne qui investit dans l'usine.
Je peux vous donner deux ou trois exemples d'occasions que nous avons ratées.
Récemment, une entreprise établie en Saskatchewan, Yield10, a mis au point quatre variétés de canola ayant une plus grande teneur en huile, ce qui crée d'excellentes possibilités de transformation ainsi que des avantages, et pas seulement pour l'entreprise de transformation. Les agriculteurs obtiennent plus d'huile par acre, ce qui permet de réduire leur empreinte écologique et carbonique. La valeur de leur produit à la ferme augmente aussi, et l'entreprise de transformation arrive à produire de l'huile de canola plus efficacement, parce qu'elle peut produire autant d'huile en triturant moins de canola par minute. Essentiellement, le résultat est que le transformateur est plus enclin à décider d'investir son capital au Canada.
Malheureusement, ces variétés sont entrées sur le marché américain en premier. On parle de nouvelles variétés de canola qui ont été mises au point au Canada, mais commercialisées d'abord aux États-Unis. À mesure qu'on atteint le seuil critique de superficie ensemencée, les entreprises de transformation qui doivent décider où elles feront construire leurs nouvelles usines trouveront que l'autre pays est plus intéressant. Nous avons d'autres exemples du genre.
Pour nous tourner vers l'avenir, la supergrappe des industries des protéines a investi 30 millions de dollars dans des variétés à forte teneur en protéines qui sont très intéressantes et qui créeront énormément de débouchés pour le Canada, mais ces variétés seront commercialisées ailleurs s'il n'y a aucun accès clair aux marchés canadiens. L'entreprise américaine Calyxt a mis au point du soya à forte teneur en huile, mais cette variété n'est toujours pas approuvée au Canada.
Le problème, ce n'est pas les approbations; c'est l'idée que des approbations sont même nécessaires pour certains produits au Canada. Dans bon nombre de pays, tout ce qu'il faut, c'est respecter les normes de salubrité alimentaire, et il n'y a pas d'examen spécial pour les nouveaux produits. Même s'il est parfois question de la manipulation génétique — un nouveau sujet très intéressant et exaltant du point de vue technologique —, l'essentiel est la sélection végétale en général, et l'industrie de la sélection végétale au Canada a ressenti les impacts de notre système réglementaire au fil des ans. Nous commençons à être en retard sur le reste du monde.
Si nous rattrapons ce retard, si l'on veut que le Canada soit compétitif dans le domaine des nouvelles variétés, que ce soit en produisant des cultures spéciales pour la transformation ou des variétés que l'agriculteur peut produire de façon plus efficace par acre, de façon plus durable par acre et en obtenant une plus grande valeur par acre, nous allons continuer de créer un environnement où le renforcement de la capacité de transformation est toujours la solution la plus logique.
J'espère que cela répond à votre question.
:
Merci de la question. Vous avez mis le doigt sur le problème. Que pouvons-nous faire pour la suite des choses?
L'industrie de la sélection végétale est à la croisée des chemins. Selon des études que nous avons menées auprès de phytogénéticiens dont les travaux ont été publiés par l'Université de la Saskatchewan, cela a eu un impact sur notre capacité de faire entrer des nouvelles variétés sur les marchés ainsi que sur la façon dont nous pouvons attirer les investissements en R et D au Canada à des fins de commercialisation. Comme M. Prouse l'a mentionné relativement aux tendances mondiales en matière de réglementation, nous observons en Argentine, en Australie et au Japon des approches réglementaires rigoureuses qui sont très favorables à l'innovation. Il faut que nous rattrapions notre retard et que nous suivions ces tendances réglementaires axées sur la science et les risques.
Comme M. Prouse l'a dit, nous espérons qu'il y aura des débouchés ici au Canada. L'ACIA et Santé Canada ont tous deux annoncé des consultations publiques sur des modèles révisés, à partir de janvier. Cela nous donne une occasion très concrète de préparer notre système réglementaire, nos programmes, pour l'innovation en matière de sélection végétale pour les 20 prochaines années, afin que nous puissions continuer d'obtenir le même genre de grande réussite que nous avons eue avec le canola et le soya au cours des 20 dernières années.
Voilà la réponse. D'autres pays suivent ces tendances depuis cinq ans, et c'est en examinant et en intégrant ces modèles que le Canada pourra maintenir sa compétitivité, sans compromettre la sécurité et la gestion des risques, avec les autres pays.
Je vais m'adresser à M. Curran, du gouvernement de l'Alberta.
Monsieur Curran, il est question de la capacité de transformation. Bien sûr, en Alberta, il y a l'usine Cargill à High River. Sur le site Web de Cargill, il est indiqué que l'usine se trouve entre Guelph et High River. C'est pratiquement 55 % de la capacité de transformation du bœuf du Canada.
Nous savons bien sûr que High River a été durement touchée par la COVID-19, et qu'elle est une partie intégrante de la capacité de transformation du Canada. Pourriez-vous nous parler un peu des dures leçons que le gouvernement d'Alberta a tirées de cette expérience? Quelles mesures de protection prenez-vous pour la suite des choses? De quel genre d'aide avez-vous besoin du gouvernement fédéral?
Songez-vous à diversifier les activités ou peut-être à mettre en place de nouveaux protocoles de sécurité afin d'éviter que ce genre de choses se reproduisent dans l'avenir?
:
C'est une excellente question.
Au sujet des leçons retenues, je dirais que la préparation et la relation en continu que nous avons avec l'ensemble du secteur de la transformation est un facteur important, parce que nous surveillons la chaîne d'approvisionnement. La préparation est un élément clé.
Pendant que nous nous adaptions aux conditions changeantes liées à la COVID, nous avons appris beaucoup de choses relativement à la façon dont nous pouvons travailler collectivement et en étroite collaboration avec les secteurs de la transformation. Nous avons maintenant des points de contact réguliers avec nos homologues fédéraux et notre secteur de la transformation. Nous avons des appels conférences bihebdomadaires simplement pour nous tenir au courant et assurer la continuité, afin de subvenir aux besoins du secteur de la transformation et de protéger l'intégrité de l'industrie.
Les efforts continus que nous avons déployés dans le Programme de retrait des bovins gras ont été une réussite critique en matière d'intervention; nous avons tiré parti du programme Agri-relance et sommes intervenus rapidement et avec agilité pour réagir à l'offre excédentaire de l'industrie du bétail. Nous nous sommes adaptés à la nouvelle capacité de transformation. Les leçons critiques, à mon avis, avaient trait à la préparation, aux partenariats et à notre capacité de tirer parti des programmes existants, comme le programme Agri-relance, pour réagir à la pandémie.
Pour ce qui est du soutien continu du gouvernement fédéral, nous continuons d'axer nos efforts sur la main-d'œuvre et sur toutes les difficultés connexes. Les programmes visant la main-d'œuvre continuent d'être une priorité. Nous en avons discuté récemment à la table des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux. Nous continuons d'aller de l'avant, et notre travail concernant la main-d'œuvre continue à avancer.
:
Je vous souhaite à nouveau la bienvenue. Nous allons reprendre la séance pour notre deuxième groupe de témoins.
Nous recevons aujourd'hui Daniel Vielfaure, directeur général de Bonduelle Amériques.
[Français]
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur Vielfaure.
[Traduction]
Nous accueillons également Gisèle Yasmeen, directrice exécutive du Réseau pour une alimentation durable.
Bienvenue, madame Yasmeen.
Vous aurez chacun sept minutes et demie pour votre déclaration liminaire. Nous allons commencer par Bonduelle Amériques.
Allez-y, pour sept minutes et demie, s'il vous plaît.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je m'appelle Daniel Vielfaure, je suis directeur général adjoint du groupe Bonduelle et directeur général de Bonduelle Amériques. Je suis aussi coprésident de la table ronde de la transformation des aliments d'Agriculture et Agroalimentaire Canada et coprésident d'Aliments et boissons Canada.
Les aliments et les boissons représentent le secteur manufacturier le plus important du Canada. Il comprend 7 000 entreprises, qui emploient 290 000 Canadiens et génèrent près de 120 milliards de dollars de recettes annuellement. Malheureusement, c'est aussi un secteur qui est souvent négligé. La plupart des aliments ne vont pas directement de la ferme à l'épicerie. Nos produits agricoles sont expédiés vers des usines agroalimentaires canadiennes, qui transforment le blé en farine puis en pain, le lait de vache en yogourt et en fromage, et le porc en bacon, et d'autres qui mettent en conserves nos tomates et d'autres légumes.
La fabrication alimentaire est une composante essentielle de la chaîne alimentaire du Canada. Nos 7 000 entreprises achètent plus de la moitié de la production agricole du Canada. Nous ajoutons de la valeur aux cultures et à la production de bétail et nous nous assurons que le Canada conserve sa souveraineté alimentaire.
Nous devrions tous être préoccupés par le fait que, avec la COVID, le système alimentaire du Canada a subi une série de chocs: l'effondrement du service alimentaire, la perturbation des chaînes d'approvisionnement, les répercussions des fermetures frontalières, les coûts pour protéger nos travailleurs et, récemment, les frais imposés par certains des plus importants détaillants en alimentation du Canada. Ces chocs ont déstabilisé le secteur de la transformation alimentaire du Canada.
En 2018, Dominic Barton et la Table de la stratégie économique du secteur agroalimentaire ont retenu le secteur agroalimentaire pour stimuler la croissance économique. Pour ce faire, nous devrons examiner certaines questions fondamentales: régler les problèmes de main-d'œuvre dans l'agroalimentaire, rééquilibrer les relations dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement et nous assurer que nos travailleurs alimentaires de première ligne sont reconnus comme un élément prioritaire.
D'abord, j'aimerais parler de la main-d'œuvre.
Même avant la COVID-19, il s'agissait du plus grand problème et du facteur le plus limitant auquel notre secteur était confronté. Nous n'avons tout simplement pas assez de gens et nous n'avons pas les bonnes personnes qui possèdent les bonnes compétences. À n'importe quel jour, il manque au secteur alimentaire du Canada 10 % de ses effectifs. D'ici 2025, nous nous attendons à une pénurie de 65 000 travailleurs.
C'est une occasion ratée. Il y a une demande pour les produits canadiens au pays et à l'étranger, mais d'ici à ce que nous ayons résolu les problèmes de main-d'œuvre de l'industrie, notre capacité d'investir et de croître demeurera limitée. Par conséquent, nous encourageons le gouvernement fédéral à agir de façon urgente et à travailler avec l'industrie dans le but d'élaborer un plan d'action pour le secteur manufacturier des aliments et des boissons du Canada.
La deuxième question consiste à rééquilibrer la chaîne d'approvisionnement.
Le secteur de l'alimentation du Canada est surconcentré; cinq entreprises de détail contrôlent 80 % du marché d'alimentation. Cette situation a permis à des détaillants d'imposer régulièrement des coûts de transaction arbitraires, des frais et des pénalités à leurs fournisseurs. Récemment, au cours des derniers mois et malgré la pandémie, les grands détaillants ont annoncé encore plus de nouveaux frais.
Cette situation ne peut tout simplement pas continuer. D'autres pays ont fait face à ce défi et l'ont relevé en mettant en place un code de conduite. Nous encourageons le Canada à leur emboîter le pas. Nous sommes ravis que, durant leur réunion la semaine dernière, les ministres de l'Agriculture du gouvernement fédéral, des provinces et des territoires se sont engagés à former un groupe de travail pour examiner cette question. Nous encourageons le gouvernement fédéral à continuer d'en faire une priorité et à s'engager à mettre en place un code d'ici la fin de 2021.
Enfin, j'aimerais parler de nos travailleurs alimentaires de première ligne.
Même en temps de pandémie, les Canadiens ont besoin de manger. C'est grâce aux efforts de nos travailleurs de première ligne que les usines agroalimentaires du Canada ont continué d'exercer leurs activités tout au long de la pandémie COVID-19. En tant qu'entreprises, nous avons investi environ 800 millions de dollars pour assurer la sécurité de nos travailleurs. Nous avons aussi consacré d'innombrables heures à renforcer avec eux l'importance de leur travail continu de sorte que les Canadiens puissent manger. C'est essentiel que les gouvernements renforcent aussi pour nos travailleurs de première ligne du secteur alimentaire la nature essentielle de leur travail et l'importance de leurs contributions.
À mesure que nous allons de l'avant, en particulier, nous demandons que le gouvernement fédéral tienne compte de l'importance des travailleurs de première ligne du secteur alimentaire dans tout programme de dépistage rapide et de vaccination. Malgré les mesures que nous avons mises en place pour atténuer le risque, les usines agroalimentaires demeurent des milieux collectifs, et il revient à nous tous de faire notre possible pour nous assurer que nos travailleurs de première ligne restent en santé et sachent que nous valorisons leurs efforts.
Monsieur le président, ces audiences ont été organisées afin que l'on examine la capacité de transformation du Canada. Je vais être clair. Il y aura toujours des aliments, mais si nous ne réagissons pas aux enjeux que j'ai décrits, nous importerons davantage de nos aliments d'autres pays et en fabriquerons moins ici.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de me présenter à vous aujourd'hui et je suis impatient de répondre à vos questions.
:
J'aimerais situer mes commentaires dans le contexte du mouvement alimentaire, un mouvement social actif sur le terrain dans le pays depuis des dizaines d'années et qui a eu des répercussions sur la chaîne alimentaire, ainsi que des conséquences positives pour la santé humaine et animale et l'environnement, particulièrement le sol et les cours d'eau.
Compte tenu des engagements du gouvernement du Canada à l'égard des objectifs de développement durable des Nations unies, qui s'alignent sur la politique alimentaire pour le Canada annoncée par la ministre Bibeau en juin 2019, ainsi que les engagements présentés dans le récent discours du Trône, il est impératif d'inclure le point de vue des citoyens ainsi que les nôtres dans votre travail.
[Français]
Les activités locales du mouvement alimentaire canadien sont l'une des nouvelles les plus réjouissantes qu'ait connues le pays depuis des décennies. Elles incluent la production horticole, la transformation des aliments et des activités de distribution, y compris des activités novatrices dans les secteurs de la vente au détail, de la restauration et de la gestion des déchets d'un bout à l'autre du pays.
Le Réseau pour une alimentation durable est fier d'appuyer ce mouvement social, y compris la Coalition pour une saine alimentation scolaire, dont le travail est important à considérer dans le cadre de l'étude de ce comité, comme je l'expliquerai dans quelques minutes.
[Traduction]
Le Comité a été chargé d'examiner des possibilités et des solutions pour accroître la capacité de transformation et la concurrence dans des régions de partout au pays afin d'atteindre les objectifs en matière d'exportation et aussi de soutenir l'objectif qui consiste à accroître la capacité locale pour protéger la sécurité alimentaire tout en fournissant des aliments sécuritaires pour tous les Canadiens. Le but de l'étude suppose le recensement d'obstacles à la capacité de transformation accrue au Canada, comme la concentration des épiceries sur le marché. Je vais parler de ces questions une à la fois.
L'augmentation de la capacité de transformation aux échelons local et régional est urgente et absolument nécessaire, comme nous l'avons vu avec la COVID-19, et peut faire fond sur ce qui se passe déjà sur le terrain. Mis à part l'explosion de la demande d'aliments locaux, nous avons constaté des goulots d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement, ce qui a entraîné du gaspillage et des pertes alimentaires sans précédent. C'était notamment attribuable au manque d'infrastructure à petite échelle et aux déséconomies connexes en raison de la concentration d'établissements contrôlés par une poignée de sociétés transnationales. Le Canada a besoin d'infrastructures pour servir des petites et moyennes entreprises comme une chaîne du froid, de petits abattoirs locaux, des carrefours alimentaires et des installations de transformation et d'entreposage.
La priorité stratégique devrait consister à renforcer la création de systèmes alimentaires sains, justes et durables au Canada au moyen de la comptabilisation totale des coûts, des répercussions sur la santé et l'environnement et des répercussions économiques élargies pour assurer des moyens de subsistance décents et durables et un développement axé sur la communauté et contrôlé par elle. L'objectif devrait être de privilégier les aliments légèrement transformés, compte tenu du fait que la consommation excessive d'aliments fortement et ultra transformés pose un problème de santé grave. Les maladies dues à l'alimentation coûtent au pays 26 milliards de dollars par année, d'après une étude réalisée par Cœur et AVC. Divers intervenants comme McKinsey conviennent que les effets externes du système alimentaire mondial actuel dans les coûts de santé et d'environnement sont supérieurs à la valeur de l'agroalimentaire lui-même.
Pour ce qui est du lien entre la capacité locale et la sécurité alimentaire, l'insécurité alimentaire tient principalement à l'inégalité des revenus plutôt qu'à l'absence d'aliments. Les modèles caritatifs ne s'attaqueront pas à la racine du problème. L'accès inégal à des terres et à du capital est aussi un problème pour les producteurs et transformateurs alimentaires à petite échelle dans le monde, y compris au Canada, où l'endettement des agriculteurs est un problème grave. Les droits des travailleurs doivent aussi être respectés tout au long de la chaîne alimentaire, dans le but de créer des emplois décents, peu importe le statut en matière d'immigration, et de répondre aux demandes de statut permanent des travailleurs étrangers temporaires. Cela dit, la logistique et les chaînes d'approvisionnement sont une question distincte, mais très importante. Notre système alimentaire est si fortement biaisé en faveur de l'exportation des marchandises qu'il nuit à la création de possibilités ici et présente des risques lorsque les frontières s'épaississent ou en cas d'urgence.
La crise de la COVID a exposé la fragilité et la concentration de pouvoir interreliées au sein de la chaîne d'approvisionnement alimentaire mondialisée et principalement à longue distance du Canada. Cela touche non seulement la vente au détail, mais aussi toutes les facettes de la production, de la transformation et de la distribution. Parmi les lacunes, on compte la surdépendance aux systèmes d'importation et d'exportation, particulièrement pour les fruits et les légumes; la concentration de la propriété par une poignée de sociétés transnationales dans le secteur alimentaire; et le besoin d'investissements accrus dans l'infrastructure alimentaire locale globale. La reprise après la COVID-19 est une occasion de mieux nous reconstruire afin d'accroître la résilience et l'égalité ainsi que la durabilité environnementale.
J'aimerais fournir un exemple d'approvisionnement dans le secteur public pour illustrer la façon dont des programmes bien conçus peuvent aider à donner un coup d'envoi à la transition dont nous avons besoin. Le Canada est le seul pays du G7 sans programme national d'alimentation dans les écoles et, dans le budget de 2019, le gouvernement du Canada s'est engagé à consulter les provinces, les territoires et d'autres intervenants qui sont déjà investisseurs afin de concevoir un tel programme.
Il y a aussi des exemples convaincants des collectivités autochtones, comme les Premières Nations autonomes du Yukon. S'il est bien conçu, ce programme pourrait non seulement avoir des effets favorables sur l'alimentation des enfants qui, d'après l'UNICEF, est nettement moins performante au Canada, et réduire la faim là où, encore une fois, un pays riche comme le nôtre porte la honte d'avoir un enfant sur six qui vit de l'insécurité alimentaire, mais un programme national d'alimentation dans les écoles pourrait aussi avoir des répercussions positives sur le plan économique et environnemental si l'approvisionnement privilégie les petites et moyennes entreprises qui produisent et transforment des aliments sains et durables, en plus d'intéresser les jeunes à exercer des professions connexes.
Par conséquent, nous devrions mettre l'accent sur l'innovation sociale et technologique, soutenir la transformation à petite échelle par les PME ainsi que les économies alimentaires locales. Il y a des occasions pour les femmes, qui ont été tout particulièrement durement touchées par la pandémie, ainsi qu'une possibilité économique de faire preuve de solidarité avec des collectivités qui ont été traditionnellement marginalisées par le système alimentaire, y compris les peuples autochtones et les personnes de couleur, tout particulièrement les communautés noires. Cela se fait déjà sur le terrain et peut être accéléré et renforcé avec les bonnes mesures de soutien.
[Français]
Pour finir, je vais parler des aspects économiques des aliments locaux. Une étude publiée en 2015 par la Fondation McConnell a montré que le remplacement de seulement 10 % des 10 principaux fruits et légumes importés en Ontario par des produits locaux entraînerait une hausse de 250 millions de dollars du produit intérieur brut provincial et la création...
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos intervenants d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais me concentrer sur la façon dont la transformation s'est inscrite dans la sécurité alimentaire de notre chaîne d'approvisionnement, particulièrement en ce qui concerne les problèmes dans le Nord touchant les Inuits, les Premières Nations et les Métis.
Puisque nous témoignons et comparaissons de partout au pays, c'est tout à fait naturel que je dise que je comparais depuis les terres traditionnelles des Anishinabe, des Haudenosaunee et des Neutres.
Donc, mes questions s'adresseront principalement à Mme Yasmeen.
J'ai lu votre rapport, et il est très bien fait. Je vous remercie de votre témoignage aujourd'hui. Vous avez parlé de l'insécurité alimentaire et des chaînes d'approvisionnement ainsi que de la façon dont nous pouvons soutenir la souveraineté alimentaire autochtone. Vous avez, je l'espère, quelques idées par rapport à la façon dont nous pouvons aider, tout particulièrement dans le Nord où les gens peuvent avoir accès à leurs propres systèmes alimentaires et faire avancer les politiques en établissant ce système alimentaire local là-bas. Vous avez dit à quel point l'aspect local est important pour des raisons environnementales, pour des raisons de santé et pour un certain nombre de raisons.
Quels types d'investissements stratégiques pouvons-nous faire pour assurer la coopération entre tous les paliers de gouvernement — des organisations provinciales, territoriales et fédérales — afin d'aider à garantir la sécurité alimentaire pour les Autochtones, tout particulièrement dans les régions éloignées et rurales?
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Merci beaucoup, monsieur Louis. C'est une excellente question. Merci de votre intérêt envers la souveraineté alimentaire autochtone.
Je crois que le point principal concerne le fait que les gens doivent définir leurs propres systèmes alimentaires. Les Autochtones, peu importe où ils étaient dans les Amériques, ont traditionnellement eu le contrôle sur leurs systèmes alimentaires. Le mouvement vers la souveraineté alimentaire autochtone consiste à reprendre ce contrôle sur les aliments traditionnels et à arriver à distribuer, à faire croître et à récolter des aliments traditionnels dans leurs propres terres d'alimentation autochtone, comme certains les appellent.
Cela a entraîné une diminution des coûts, parce que… Bien sûr, l'imposition d'un régime alimentaire typique des gens du Sud, particulièrement dans les régions éloignées et rurales dans des environnements nordiques est peu judicieux, et les conséquences pour la santé ne sont souvent pas très bonnes et sont, en fait, terribles.
Le mouvement vers la souveraineté alimentaire autochtone, que ce soit dans le Nord ou sous des latitudes méridionales… La plupart des membres des Premières Nations et des Métis se trouvent en réalité sous des latitudes méridionales, et non nordiques, et bon nombre d'entre eux se situent à proximité des grands centres urbains.
Ma réponse à votre question serait que tout tient à l'approche. Nous nous sommes montrés critiques à l'égard du programme de Nutrition Nord. Je sais que les intentions sont bonnes, mais Nutrition Nord a parfois renforcé ces approches plus coloniales. Vraiment, il faut que les collectivités des Premières Nations, des Métis et des Inuits reprennent le pouvoir sur leur propre distance. Il y a aussi des innovations qui se produisent. Un peu partout, on met sur pied des serres à faible apport d'intrants dans des régions éloignées du Nord, etc.
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Je crois qu'il n'est pas nécessaire d'examiner une fois de plus Nutrition Nord pour ce qui est de l'atteinte des résultats, comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, au sens large.
Nous ne pouvons pas voir l'alimentation comme le seul fait de remplir des ventres et de manger quoi que ce soit. Nous devons réfléchir à la nutrition. Nous devons réfléchir aux problèmes de santé chroniques. Nous devons réfléchir à la survie culturelle, à la biodiversité et à ces questions, qui sont toutes très importantes globalement et particulièrement importantes pour les collectivités des Premières Nations, des Métis et des Inuits.
Je vous encouragerais à examiner ce programme ou à travailler avec vos collègues pour le faire, mais de façon encore plus importante, à réunir des membres des Premières Nations, des Métis et des Inuits à la table afin de tenir ces discussions, parce qu'il n'y a rien de pire que de faire rédiger une politique pour vous par des gens qui ne comprennent pas réellement votre situation et ne sont pas membres de ces collectivités. Ce que je vous encouragerais à faire… Et nous souhaiterions certainement coopérer. Dans notre réseau, de nombreuses personnes pourraient vouloir comparaître devant vos comités. Je ne suis pas membre des Premières Nations, ni métisse ni inuite. Nous voulons tous être des alliés, mais au final, ces collectivités doivent avoir le contrôle et parler pour elles-mêmes.
De plus, avec la COVID-19, elles ont été confinées dans de nombreux cas, et les choses ont donc été très difficiles, particulièrement dans les collectivités isolées. Encore une fois, avec la technologie, c'est la même chose. Qu'est-ce qu'une technologie appropriée? Qui la contrôle? Quelle est l'analyse coûts-avantages complète?
Il y a des choses intéressantes qui se passent. Nous avons récemment publié sur notre site Web certains rapports d'activités qui se produisent dans des collectivités de partout au pays. De plus, il y a un nouveau rapport sur la souveraineté alimentaire des Inuits, dont nous n'avions pas eu connaissance auparavant. Le mouvement vers la souveraineté connaît actuellement un essor.
Notre position sur les OGM, c'est qu'il faut s'assurer de faire tous les tests nécessaires avant que de nouveaux produits qui en contiennent soient mis sur le marché. De plus, les choses doivent être bien indiquées pour les consommateurs. Le consommateur a le droit de savoir ce qu'il achète.
En ce qui concerne les aliments peu transformés et les aliments ultra-transformés, on parle du minimum nécessaire pour bien consommer un aliment. Ce qu'on retrouve souvent sur les étagères ne ressemble plus aux aliments de base. Ces produits ont été tellement transformés et remplis de toutes sortes de choses qu'ils ne sont plus vraiment comestibles, c'est-à-dire qu'ils peuvent nuire à la santé si on en mange trop. Ils contiennent du sucre, du sel et certains types de gras qui ne sont pas bons pour la santé.
L'idéal, c'est de transformer les aliments le moins possible, surtout les fruits et légumes. Normalement, il faut que la moitié de notre assiette soit remplie de fruits et légumes. C'est dans le Guide alimentaire canadien.
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Merci, monsieur le président.
Madame Yasmeen, je vous remercie d'avoir soulevé le thème de la sécurité alimentaire dans notre conversation sur la transformation alimentaire, particulièrement vos commentaires au sujet d'un programme national d'alimentation. Mon collègue, , a parrainé le projet de loi à la Chambre des communes, qui vise exactement cet objectif. Je regardais un exemple provincial. Ici, en Colombie-Britannique, nous avons le programme Feed B.C., qui jumelle bon nombre de nos exploitations agricoles et de nos centres de transformation alimentaire avec des activités en matière de soins de santé et des activités postsecondaires.
Bien sûr, dans chaque petite collectivité, vous avez des écoles primaires et des écoles secondaires, et ces infrastructures existent déjà. La demande est peut-être déjà là, et bien sûr, nombre de nos installations de transformation alimentaire se trouvent dans des petites villes. Ce sont de petites exploitations. J'aimerais vous entendre parler davantage de ce qu'un programme alimentaire destiné aux écoliers pourrait faire pour l'industrie de la transformation alimentaire.
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Je crois que les nominations en suspens, qui seront faites bientôt, je l'espère, au Conseil consultatif de la politique alimentaire du Canada aideront à relier les points à l'échelle fédérale. On adopte une approche en silo pas seulement à Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui est un ministère où la politique alimentaire compte pour des prunes. L'argent destiné aux programmes compte pour des prunes, si vous me pardonnez l'analogie, par rapport au PCA, le Partenariat canadien pour l'agriculture.
Tout le système alimentaire doit être examiné de façon horizontale, comme je l'ai dit. On ne peut pas simplement l'examiner en fonction de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Nous devons examiner la dimension de la santé, ainsi que le développement économique et social, tout comme l'environnement.
Je sais que c'est difficile à faire. J'ai aussi déjà travaillé au gouvernement. C'est difficile de le faire à l'échelle horizontale. Les structures sont très verticales, mais c'est vraiment ce qui est nécessaire. Si nous voulons atteindre nos objectifs en matière de changement climatique, si nous voulons une population en santé, si nous voulons la résilience économique et un vrai développement économique qui ne profitent pas simplement à quelques personnes, si nous voulons de réelles possibilités transversales de façon généralisée pour les femmes, les minorités et les Autochtones, nous devrons fonctionner de manière systémique.
Je crois que les enveloppes pour le programme devront s'adapter. D'autres pays ont essayé de le faire. La France a sa nouvelle loi EGAlim, même si les choses peuvent s'effondrer sur le plan des programmes. Nous devons intégrer les politiques et les objectifs du programme.
J'ai quelques critiques à l'égard du Fonds des infrastructures alimentaires locales. Je croyais que la première ronde de ces subventions servait à… Pourquoi le gouvernement fédéral distribue-t-il des montants de 25 000 $? Le coût de l'administration est supérieur au prix réel.
Nous devons examiner les changements transformationnels dans notre système. C'est là que le gouvernement fédéral, ainsi que les provinces et les territoires, les dirigeants autochtones et d'autres intervenants, ont un rôle à jouer.
Tout le monde doit travailler ensemble. C'est difficile de le faire, mais nous n'avons pas le choix. Tous ces rapports internationaux ont dit la même chose: c'est maintenant le temps. Nous n'allons pas survivre en tant que planète ou espèce si nous ne revoyons pas la façon dont nous percevons les aliments et les systèmes alimentaires.
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Il existe beaucoup de modèles différents. Il y a quelques coopératives et entreprises sociales. Il y a des microentreprises ordinaires, des petites et moyennes entreprises qui font partie de leur collectivité locale.
Certaines des difficultés dont j'ai entendu parler récemment concernent la distribution et le fait de savoir qui la gère. Sysco et le Service alimentaire Gordon sont vraiment de gros joueurs. Il existe maintenant quelques solutions de rechange à ces distributeurs, qui desservent maintenant des petits producteurs et transformateurs en raison, encore une fois, parfois de la logistique, de la logistique du dernier mille, du dernier kilomètre et de tout le reste.
Je sais qu'il existe certaines difficultés pour ce qui est d'accéder à des réseaux de distribution. Nous avons aussi parlé de la vente au détail.
Encore une fois, c'est un peu à l'extérieur de la portée du mandat de mon organisation, mais il y a toutes sortes de difficultés pour ce qui est de vendre vos produits au détail, peut-être en raison d'un certain type de règlement de l'ACIA et de que sais-je encore. Ce sont aussi des problèmes.
Il y a tout un tas de problèmes. Encore une fois, il s'agit de la façon dont le système est conçu, de ses objectifs et de savoir qui est à la table lorsque les politiques et les programmes sont élaborés. C'est le message essentiel. Je ne suis pas nécessairement la meilleure porte-parole pour ce qui est de l'aspect commercial des choses. C'est le mieux que je puisse faire à l'intérieur de mon mandat, mais je vous encouragerais à écouter directement les producteurs et les transformateurs à très petite échelle eux-mêmes.