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Bienvenue à la 13
e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 24 octobre 2020, le Comité reprend son étude sur la capacité de transformation.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 25 janvier 2021. Par conséquent, les membres participent en personne dans la salle ou à distance à l'aide de l'application Zoom.
Les travaux seront diffusés sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la webdiffusion montrera toujours la personne qui prend la parole plutôt que l'ensemble du Comité.
La réunion d'aujourd'hui se déroule également dans le nouveau format webinaire. Les webinaires sont destinés aux réunions publiques des comités et sont uniquement accessibles aux membres, à leur personnel et aux témoins. Les membres du Comité ont peut-être remarqué que l'inscription à la réunion était beaucoup plus rapide et qu'ils étaient immédiatement inscrits en tant que participants actifs. Toutes les fonctionnalités pour les participants actifs restent les mêmes. Les membres du personnel pourront uniquement être des participants non actifs et n'auront que la vue de la tribune.
J'aimerais profiter de cette occasion pour rappeler à tous les participants à cette réunion qu'il est interdit de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de votre écran.
[Français]
Pour garantir le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous faire part de certaines règles.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Les services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Avec la dernière version de Zoom, vous pouvez désormais parler dans la langue de votre choix sans avoir à sélectionner le canal linguistique correspondant.
Vous remarquerez également que la fonction « lever la main » de la plateforme est désormais plus facilement accessible sur la barre d'outils principale, si vous souhaitez prendre la parole ou alerter le président. Si cette option ne fonctionne pas, je suggère que les députés et les témoins qui souhaitent intervenir allument leur caméra et lèvent la main physiquement. La greffière du Comité tiendra la liste des députés et des témoins qui souhaitent prendre la parole.
Les membres du Comité participant en personne doivent procéder comme ils le feraient habituellement lorsque l'ensemble du Comité se réunit en personne dans une salle de comité. Gardez à l'esprit les directives du Bureau de régie interne concernant le port du masque ainsi que les protocoles en matière de santé.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, cliquez sur le micro pour désactiver le mode sourdine. Les micros des participants qui se trouvent dans la salle seront, comme d'habitude, contrôlés par l'agent des délibérations et de la vérification.
Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Lorsque vous n'avez pas la parole, mettez votre micro en mode sourdine.
[Traduction]
Je crois que nous sommes tous en ligne. Comme il n'y a personne dans la salle de réunion, je pense que tout le monde est à l'écran.
Sur ce, j'aimerais souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins. Nous accueillons Richard Davies, vice-président principal, Ventes et marketing, d'Olymel s.e.c., ainsi qu'Anthony Eikelenboom, commerçant d'animaux, de la Scotian Cattle Company.
Nous allons commencer par M. Davies, qui dispose de sept minutes et demie pour faire sa déclaration liminaire.
Nous vous écoutons, monsieur Davies.
Monsieur le président et honorables députés membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes, je vous remercie de votre invitation.
Mon nom est Richard Davies et je suis vice-président principal des ventes et du marketing chez Olymel, dont l'actionnaire principal est Sollio Groupe coopératif, précédemment connu sous le nom de La Coop fédérée.
Premier producteur de porcs au Canada, Olymel est également le premier exportateur de la viande de porc, et sa viande est reconnue par de nombreux pays comme étant de qualité supérieure. Nous exportons nos produits dans plus de 65 pays.
Disposant de profondes racines au Québec, Olymel s'est également implantée en Ontario, en Saskatchewan, en Alberta et au Nouveau-Brunswick. Nous procurons un emploi direct à 15 000 Canadiens. Notre chiffre d'affaires annuel est de l'ordre de 4,5 milliards de dollars, et les retombées économiques que nous générons pour nos régions et toute la chaîne de valeur de nos secteurs sont très importantes.
Le but de la ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, , est de faire passer le total des exportations agroalimentaires canadiennes d'environ 67 milliards de dollars, en 2020, à 75 milliards de dollars d'ici 2025. Cet objectif serait cependant plus facile à atteindre si le gouvernement, de concert avec l'industrie, s'employait à lever plus rapidement les obstacles qui ne peuvent que freiner cette ambition.
Je me permettrai d'énumérer quelques enjeux auxquels fait face notre industrie, en commençant par celui qu'on décrit actuellement comme la mère de tous les autres: la main-d’œuvre. C'est une question névralgique et incontournable non seulement pour Olymel, mais aussi pour tout le secteur agroalimentaire. Avant la pandémie actuelle, nous faisions déjà face à une grave pénurie de main-d’œuvre. Or, dans la perspective de sa croissance et des investissements massifs qu'elle a réalisés au cours des dernières années, notre entreprise est en mesure de créer des milliers de nouveaux emplois, partout où elle est implantée au Canada.
Nous offrons des emplois stables avec des conditions très compétitives, et dans des régions qui en ont bien besoin. Par exemple, nous aurons besoin d'embaucher 1 200 personnes par année au cours des prochaines années afin de répondre au taux de roulement prévu, aux départs à la retraite des baby-boomers et des prévisions démographiques défavorables.
De plus, nous avons dès à présent besoin d'embaucher 1 200 autres employés pour amener nos usines à donner leur plein rendement et optimiser des investissements passés. Finalement, il nous faudra 1 200 employés supplémentaires pour répondre aux occasions qui se présentent et aux projets futurs déjà prévus. Bref, en plus des 15 000 emplois actuels, Olymel aura besoin, au cours des prochains mois, de l'équivalent de 3 000 à 4 000 emplois additionnels dans nos régions.
Il va de soi que l'incapacité à trouver de la main-d’œuvre représente une entrave majeure à notre développement et à notre croissance. Sans main-d’œuvre suffisante, nous devrons renoncer à certains marchés, ce qui signifiera moins d'emplois et moins d'investissements. Cela signifiera également que des transformateurs d'autres pays prendront rapidement notre place sur les marchés extérieurs et ici même, au Canada, faute de main-d’œuvre. C'est donc toute la chaîne de valeur qui est touchée par le manque de main-d’œuvre.
Nous travaillons déjà avec les élus locaux et les administrations régionales pour rendre plus accueillante encore l'arrivée de nouveaux travailleurs dans des régions qui veulent revitaliser leur économie.
Ces dernières années, Olymel a accueilli un bon contingent de travailleurs étrangers temporaires. Ces travailleurs que l'on trouve à l'autre bout du monde sont grandement motivés par la recherche d'une vie meilleure au Canada. Le Programme des travailleurs étrangers temporaires du gouvernement fédéral prévoit toutefois un plafond de 10 % par établissement. Nous plaidons depuis des années pour que ce plafond soit haussé à 20 %. Nous souhaitons également que les délais bureaucratiques qui ralentissent le fonctionnement de ce programme soient raccourcis.
Depuis le début de la pandémie, nos employés ont fait un travail remarquable pour répondre à l'appel des gouvernements à maintenir nos activités de transformation comme un service essentiel. Nous sommes le prolongement essentiel de la ferme d'élevage, et nos abattoirs sont l'aboutissement incontournable de l'activité des éleveurs.
Non seulement l'enjeu de la main-d’œuvre est crucial, mais il est urgent de le régler.
Dans un autre ordre d'idées, la pandémie actuelle nous a amenés à anticiper nos plans de modernisation. Ceux-ci touchent le développement de nouvelles technologies et une plus grande intégration de la robotisation et de l'automatisation de nos opérations. Bien que la robotisation et l'automatisation ne soient pas conçues comme des substituts à la main-d’œuvre, il faut, si l'industrie veut rester concurrentielle et efficace, accélérer le déploiement de ces outils qui exigent de la recherche et des investissements importants.
Nous croyons que le gouvernement canadien doit accompagner les entreprises exportatrices dans cette voie par des programmes de soutien appropriés et facilement accessibles se comparant aux mêmes programmes offerts par les gouvernements de nos principaux compétiteurs.
Les entraves à l'accès à nos marchés prioritaires représentent un autre défi qui limite de plus en plus nos capacités d'exportation. Par exemple, nos accès au marché chinois sont perturbés depuis plusieurs mois. Cela fait que 70 % de la production totale canadienne n'a plus accès au plus important marché sur la planète. Certaines questions techniques facilement réglables sont en jeu, mais la relation politique actuelle n'aide certainement pas à la résolution des problèmes et à la levée des suspensions. Notre usine de Red Deer, en Alberta, en fait particulièrement les frais depuis le 28 avril 2019.
Par ailleurs, ici même au Canada, un problème important se dessine dans le domaine des relations entre la grande distribution et les transformateurs canadiens. Le gouvernement canadien pourrait certainement jouer un rôle qui favoriserait un meilleur équilibre des forces, comme cela lui a été demandé par la plupart des acteurs de l'industrie de la transformation. Je veux parler ici des tentatives de certains détaillants d'imposer aux transformateurs des conditions de marché de manière unilatérale qui pourraient mettre en péril leur viabilité. Nous estimons que la mise en place d'un code de bonnes pratiques entre les acteurs de la grande distribution et de la transformation serait à l'avantage de tous, notamment les consommateurs canadiens. Confrontés au même problème, plusieurs pays sont intervenus pour corriger la situation.
Enfin, dans une actualité plus immédiate, la pandémie actuelle a forcé les entreprises à qui l'on demandait de poursuivre leurs opérations à s'adapter rapidement à de nouvelles conditions, notamment sur le plan sanitaire. Nous avons tout mis en œuvre pour protéger la santé de nos employés, même si nous n'avons pu éviter des éclosions périodiques. Nous pensons, comme le Conseil des viandes du Canada l'a déjà préconisé en décembre dernier, que les employés de la transformation alimentaire, notamment dans le secteur des viandes, devraient pouvoir accéder à un vaccin de manière prioritaire, comme ceux d'autres secteurs dans lesquels cette solution a déjà été mise en place.
En terminant, j'ai résumé mon propos à grands traits pour respecter le temps de parole qui m'a été imparti. Olymel est bien évidemment disposé à vous fournir de plus amples informations sur ces questions.
Je vous remercie.
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Bonjour, et merci de m'avoir invité à témoigner devant le Comité.
Mon exposé sera davantage un aperçu de ce que nous faisons ici en Nouvelle-Écosse, et je répondrai ensuite à quelques questions concernant ce que j'ai dit.
Je m'appelle Anthony Eikelenboom et je suis de Shubenacadie, en Nouvelle-Écosse. Je suis propriétaire et exploitant de Scotian Cattle, qui est en activité depuis environ 10 ans. Nous achetons dans toute la Nouvelle-Écosse. Je suis également partenaire de la Cowtown Cattle Company, qui est en activité depuis quatre ans et qui achète dans l'ensemble des Maritimes. Cowtown accepte également des animaux d'autres acheteurs dans les provinces maritimes, et de certains acheteurs du Québec et de l'Ontario.
En ce qui concerne Scotian, nous parcourons la province deux fois par semaine pour faire des affaires avec environ 160 des 200 fermes laitières de la Nouvelle-Écosse. Lorsque j'ai créé la Scotian Cattle Company, nous n'achetions que des génisses de remplacement. Au cours des 10 dernières années, nous avons pris de l'expansion et nous achetons maintenant une grande partie des vaches de réforme et des veaux naissants ici en Nouvelle-Écosse.
Dans le passé, il existait des marchés pour les taurillons Holstein et les génisses de remplacement. Cependant, maintenant que les marchés se tarissent pour les génisses de remplacement, et compte tenu de la nouvelle réglementation en matière de transport, il est actuellement presque impossible — et ce sera absolument impossible à partir de février 2022 — d'expédier des veaux Holstein vers le marché du veau au Québec.
Selon la nouvelle réglementation en vigueur, la durée maximale pendant laquelle un veau peut rester dans un camion est de 12 heures. Il faut ensuite décharger les veaux, les nourrir et les laisser se reposer. Nous savons tous où en est la Nouvelle-Écosse sur le plan logistique. Cela signifie que nous ne pouvons plus expédier les veaux Holstein à destination du marché québécois de la viande de veau.
Pour résoudre ce problème, nous encourageons les agriculteurs à accoupler leurs vaches avec des taureaux de boucherie. Le résultat est un veau croisé qui est composé à 50 % de Holstein et à 50 % de bœuf de boucherie. Avec ce type de veau particulier, l'agriculteur et nous-mêmes avons la possibilité de vendre les veaux à des parcs d'engraissement locaux.
Pour que les éleveurs laitiers puissent fonctionner, il est nécessaire que les vaches soient accouplées et qu'elles vêlent chaque année. Comme nous ne pouvons pas expédier les veaux Holstein, nous encourageons les agriculteurs à féconder le tiers supérieur de leur troupeau avec de la semence sexée femelle pour assurer le remplacement des génisses à la ferme, puis à féconder les deux tiers inférieurs de leur troupeau avec de la semence de bœuf sexée mâle. Cela nous garantira, nous l'espérons, de pouvoir vendre leurs veaux.
Nous espérons que tout cela permettra de résoudre le problème du transport des veaux naissants. Cependant, une fois que ces veaux croisés auront atteint un poids idéal pour le marché, nous ne pourrons pas les transformer ici en Nouvelle-Écosse. Par conséquent, nous devrons les vendre à l'extérieur de la province moyennant des coûts accrus et, comme vous le savez tous, le transport par camion est très coûteux de nos jours.
En plus de ces veaux, en raison de la nouvelle réglementation sur le transport, nous sommes maintenant limités dans le nombre de vaches de réforme que nous pouvons expédier par camion ainsi que dans les différentes catégories de vaches. Nous devons faire plus attention à l'âge et à l'état des animaux. Cela nous amène à transformer davantage de vaches dans la province, et les usines provinciales fonctionnent également presque à plein régime. La plupart d'entre elles fonctionnent au maximum de leur capacité.
Je pense que tout cela nous ramène à la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui, à savoir la capacité de transformation. Si nous pouvions avoir une usine inspectée par le gouvernement fédéral ici dans la province, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle, la situation changerait radicalement. Les agriculteurs auraient alors le luxe de vendre leurs animaux à l'usine fédérale, ce qui leur donnerait plus d'argent pour leurs animaux puisque l'usine fédérale peut vendre en dehors de la province. Cela nous permettrait, à nous les négociants en bétail, de vendre plus d'animaux et de mettre plus d'argent dans les poches des agriculteurs. Cela réduirait également mes frais de transport.
En conclusion, une usine de transformation fédérale dans la province est nécessaire. Il serait difficile de le faire par l'intermédiaire du secteur privé, compte tenu de la rentabilité, de l'échelle et des faibles marges. Toutefois, avec un financement public, nous devrions être en mesure de changer la situation actuelle et d'en faire une entreprise viable pour toutes les parties intéressées, de l'agriculteur au consommateur.
Il ne fait aucun doute que les gouvernements provinciaux doivent jouer un rôle de premier plan. Cependant, le gouvernement fédéral pourrait servir de courroie de transmission ou apporter un soutien par l'intermédiaire de l'APECA ou du Partenariat canadien pour l'agriculture.
Je crois bien que c'est tout pour ma déclaration. Merci beaucoup de m'avoir écouté. Je vais répondre à toutes les questions en temps voulu.
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Très bien. Je ne sais pas trop comment répondre à votre question, car j'aime acheter et vendre des vaches. On m'a demandé de venir ici et de donner mon avis, entre autres choses. Je suis un commerçant d'animaux, mais je vais vous parler du point de vue d'un producteur ici en Nouvelle-Écosse.
Je trouve qu'en Nouvelle-Écosse, nous accusons un certain retard. Nos coûts d'intrants, notre transport par camion et le prix que nous obtenons pour les marchandises ici dans les Maritimes semblent toujours être moins élevés que lorsque vous arrivez dans le centre du Canada. Je sais que d'autres régions du Canada sont probablement dans la même situation que nous, mais je trouve qu'en ce qui concerne la Nouvelle-Écosse, nous n'avons pas une population aussi importante. Or, je pense que la raison pour laquelle les agriculteurs en Nouvelle-Écosse voudraient quelque chose de plus sûr, c'est pour que nous puissions revenir à des règles du jeu équitables, afin que cela puisse devenir une entreprise économique, si vous voyez ce que je veux dire.
Pour ces raisons — nos coûts d'intrants, nos coûts de transport par camion —, nous recevons moins d'argent lorsque nous vendons notre produit, parce qu'il doit être acheminé. Il faut faire telle et telle autre chose. C'est pourquoi je suis favorable à la création d'une usine fédérale ici en Nouvelle-Écosse.
Je vais être honnête; il y a encore du travail à faire, mais j'espère que ce sont les premières étapes. Nous pouvons peut-être faire venir quelques intervenants de l'industrie supplémentaires et engager d'autres discussions avec le gouvernement afin de mettre le processus en branle.
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Merci, monsieur le président.
Bonne année à tous, et merci aux témoins de comparaître.
Je vais commencer avec M. Davies. Je vais faire une observation, puis poser une question. Nous allons essayer de le faire, puis nous passerons à autre chose.
Pour me préparer à cette séance, j’ai discuté avec un producteur de porc de ma circonscription, dans la partie la plus méridionale du Canada, qui vous expédie des marchandises au Québec. Il a simplement dit être reconnaissant à l’égard des dispositions spéciales que vous avez prises durant cette période difficile, de la capacité et des mesures adoptées pour faire abattre ce porc aux États-Unis.
Je vais vous laisser le soin de répondre à cela. Nous sommes un peu au courant des défis entourant la main-d’œuvre que vous avez abordés.
Ma question, si elle peut être traduite, vise à savoir quel pourcentage de votre entreprise est axé sur l’exportation et quel pourcentage est axé sur le commerce national.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
Mes questions vont s'adresser à vous, monsieur Davies. J'ai noté vos propos. Vous avez dit que, forte de ses 30 ans d'expérience, Olymel s'appuie sur un modèle d'affaires performant et tourné vers une main-d’œuvre importante qui requiert, notamment, l'embauche de travailleurs étrangers. On sait que la main-d’œuvre est un enjeu très important pour les usines de transformation alimentaire.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi l'embauche de travailleurs étrangers temporaires constitue une nécessité et un avantage pour vos activités?
Deuxièmement, j'aimerais savoir quelles autres mesures il faudrait prendre pour soutenir l'embauche de main-d’œuvre dans les usines de transformation, notamment en région.
En troisième lieu, qu'est-ce qui, selon vous, limite la croissance dans le secteur de la transformation?
C'étaient les questions que je souhaitais poser. Je cède à M. Blois le reste du temps qui m'est imparti.
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Je ne veux pas forcer la note, mais je voudrais faire un rappel au Règlement important sur l'aspect technique de l'interprétation.
C'est nous qui avions demandé d'entendre des témoins d'Olymel et j'ai beaucoup de questions à leur poser. Je sais que nous allons quand même finir par obtenir leurs réponses, mais j'aimerais demander quelque chose pour la prochaine réunion.
Ce n'est pas la première fois qu'il y a un problème de son en comité. Je sais qu'il y a eu une erreur inhabituelle dans l'expédition du casque. Ce n'est pas ce qui en cause ici, mais un problème technique. Il faudrait trouver le problème avant la prochaine réunion.
Serait-il possible de remettre la comparution des témoins, dans la mesure du possible, à une autre réunion? Ainsi, ceux qui ont déjà préparé leur témoignage et qui ont des choses importantes à apporter au Comité pourront le faire de façon adéquate, surtout dans leur langue. C'est un point très important.
Cela ne concerne pas juste les bloquistes, car il y a aussi des députés d'autres formations politiques qui parlent peu l'anglais. C'est pour tout le monde qu'il faut régler le problème.
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Le Comité reprend ses travaux, et j'aimerais formuler quelques observations pour la gouverne des nouveaux témoins.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous êtes prêt à intervenir, vous pouvez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Je tiens à vous rappeler que toutes les observations doivent être adressées par l'entremise de la présidence. L'interprétation de la vidéoconférence s'apparentera à celle d'une séance ordinaire. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français.
Nous allons commencer les délibérations avec notre second groupe de témoins.
[Français]
Nous recevons M. Ian Blenkharn, qui témoignera à titre personnel.
[Traduction]
Bienvenue à notre comité, monsieur Blenkharn.
[Français]
Nous recevons également Mme Kathleen Sullivan, directrice générale d'Aliments et boissons Canada.
Je vous souhaite la bienvenue, madame Sullivan.
Nous allons maintenant commencer. Les témoins disposeront de sept minutes et demie chacun. M. Blenkharn aura la parole le premier.
[Traduction]
Allez-y, monsieur Blenkharn. Vous disposez de sept minutes et demie. La parole est à vous.
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Je vous remercie de m’avoir invité et donné l’occasion de témoigner devant ce comité.
En bref, mes antécédents, sur lesquels s’appuient mes commentaires d’aujourd’hui, sont le résultat de plus de 34 ans de travail dans l’industrie agricole. Je suis titulaire d’un baccalauréat en économie agricole. J’ai passé les 13 premières années de ma carrière à travailler comme banquier agricole pour diverses institutions de prêt dans cinq provinces du Canada, et les cinq années suivantes comme consultant en financement agricole qui travaillait en étroite collaboration avec les agriculteurs. Depuis plus de 16 ans, je suis un associé dans une grande exploitation de poulets de chair, d’œufs à couver et de visons, ainsi qu’un dirigeant d’entreprise qui gère diverses entreprises avicoles en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador.
Je me fonde sur mon expérience au fil des ans pour présenter aujourd’hui au Comité les observations, opinions et recommandations suivantes.
Le système canadien de gestion de l’offre a été, et continue d’être, un outil de commercialisation très positif pour les produits agricoles qui ont la chance d’avoir ce système en place. La capacité de contrôler les importations et d’établir des niveaux de production nationale ainsi que la possibilité de fixer le prix à la production à un niveau qui couvre tous les coûts et un retour sur investissement font l’envie de nombreux autres agriculteurs au Canada et dans le monde.
Le secteur de la transformation de la viande de volaille au Canada est généralement favorable à la gestion de l’offre. Toutefois, il est nécessaire de moderniser le système, car la stratégie de gestion de l’offre ne se fait qu’au niveau du producteur primaire. Une fois que la production primaire est vendue à un transformateur, il n’y a plus de gestion de l’offre à ce stade et au-delà. Il s’agit uniquement d’un marché libre, régi par l’offre et la demande. Ce fait a créé une pression croissante sur la stabilité de la gestion de l’offre au fil des ans et atteint un tournant à ce stade. La pandémie actuelle de COVID-19 a conféré à ce problème une importance nouvelle. Étant donné que les producteurs contrôlent en dernier ressort la quantité de poulet produite au Canada par an et que les transformateurs sont finalement obligés d’acheter ce volume à un prix réglementé qui garantit au producteur un rendement rentable, indépendamment de ce que le marché consommateur peut exiger ou être prêt à payer, il s’agit d’un problème majeur qui s’aggrave de jour en jour en ces temps de pandémie.
Comme la demande du marché a chuté au cours de la dernière année, avec la fermeture de restaurants en raison de la COVID-19, et que l’offre a continué à augmenter ou à être maintenue par les producteurs, l’offre de poulet dépasse maintenant largement la demande, et le prix courant reçu par les transformateurs et les transformateurs secondaires est égal ou inférieur au coût de production. Cette distorsion du marché et le manque de volonté des producteurs de réagir et de comprendre qu’ils ne sont qu’un segment d’une industrie beaucoup plus importante sont très problématiques et troublants. Il est extrêmement difficile pour les transformateurs d’envisager les stratégies de réinvestissement existantes, et encore moins d’envisager d’accroître la capacité d’exportation dans les circonstances actuelles.
À mon avis, et à celui de nombreux intervenants du secteur de la transformation, les pouvoirs du Conseil des produits agricoles du Canada doivent être renforcés afin qu’il puisse être le moteur du changement et de la modernisation du système de gestion de l’offre.
Une modification rapide qui pourrait être apportée dans le cas du secteur du poulet serait d’exiger que le prix vif payé aux producteurs inclue une composante de prix de gros dans la formule de fixation des prix. Ainsi, si les producteurs se rendaient compte des conséquences négatives d’une offre excédentaire par une réduction de leur prix vif en raison du faible prix de gros, je pense qu’ils seraient plus réactifs pour établir les niveaux d’offre nationaux appropriés.
Un autre problème important pour les transformateurs dans certaines régions du pays est le fait que les producteurs sont libres d’expédier leur produit à n’importe quel transformateur et qu’il n’existe aucun système pour combler le transformateur perdant avec un volume équivalent. Dans certains cas, les volailles vivantes sont transportées pendant 10 à 12 heures vers un transformateur concurrent au lieu d’être traitées par un transformateur situé à quelques minutes de l’exploitation. Il s’agit à la fois d’un problème potentiel de bien-être animal et d’un risque majeur pour l’approvisionnement du transformateur concerné. Comment un transformateur dans cette situation envisage-t-il les investissements futurs?
Récemment, la question de la sécurité alimentaire a été sérieusement remise en cause dans le secteur du poulet en Nouvelle-Écosse. Le seul transformateur de volaille inspecté par le gouvernement fédéral a été fermé pendant deux semaines par le ministère provincial de la Santé en raison de la COVID-19. Cette décision a exercé une forte pression sur l’approvisionnement en poulet frais local. Le problème a été amplifié par le fait que les transformateurs de la province voisine avaient une capacité limitée à aider l’usine de Nouvelle-Écosse, car leurs systèmes de capture et de transport n’étaient pas compatibles entre les usines. Heureusement, des solutions ont été trouvées et aucun oiseau n’a été euthanasié. Toutefois, cette situation a mis en évidence la nécessité d’une plus grande uniformité entre les usines régionales afin qu’elles puissent s’entraider en cas de besoin pour assurer la sécurité alimentaire et le bien-être des animaux. Cette uniformité entraînera des coûts importants et nécessitera une coopération entre les transformateurs concurrents.
L’accès à une main-d’œuvre fiable et à un prix raisonnable est une autre limite pour de nombreux transformateurs, de même que la réglementation du transport qui devient de plus en plus restrictive pour le mouvement du bétail vers les transformateurs régionaux. Les indemnisations relatives aux accords commerciaux et l’assurance que les contingents tarifaires resteront principalement entre les mains des transformateurs sont d’autres facteurs qui influeront sur la volonté et la capacité des transformateurs à réinvestir dans leur industrie ou à développer leur potentiel d’exportation.
Tant que le système de gestion de l’offre n’est pas modernisé et que de nombreuses autres préoccupations que j’ai soulevées ne sont pas prises en compte par l’industrie et le gouvernement, je trouve difficile d’envisager que les transformateurs de volaille fassent d’importants investissements dans les marchés d’exportation. Cependant, si l’on veut envisager des investissements, il faut élargir les marchés d’exportation. Le gouvernement fédéral doit s’efforcer d’accroître l’accès au marché pour les produits agricoles canadiens, et un accès élargi au marché chinois serait un bon point de départ.
Vous remarquerez dans mes commentaires que je n’ai jamais parlé de la nécessité pour le gouvernement d’effectuer des investissements financiers directs dans l’industrie. À mon avis, les investissements financiers avec des fonds publics ne sont pas la clé pour augmenter la capacité de transformation au Canada. La clé est de créer un environnement propice aux affaires pour que les investissements privés puissent avoir lieu. Il y a suffisamment d’investisseurs privés dans le monde qui cherchent à investir dans des entreprises rentables à faible ou à moyen risque. Toutefois, ces fonds seront tout aussi rapidement utilisés pour des investissements à haut risque et non rentables.
À mon avis, le gouvernement doit s’attacher à créer un environnement approprié pour que les entreprises puissent fonctionner à faible risque avec stabilité et prévisibilité. Grâce à cet environnement, les entrepreneurs émergeront, investiront et atteindront les objectifs auxquels le rapport Barton aspire.
Parmi les exemples de changements dans le contexte qui, à mon avis, doivent être abordés, citons un accès plus facile et plus fiable à la main-d’œuvre étrangère tout au long de l’année; des lois syndicales plus raisonnables qui sont favorables aux entreprises tout en ne compromettant pas les droits des employés; des changements aux lignes directrices de l’assurance-emploi afin que les employés soient encouragés à trouver un emploi à temps plein tout au long de l’année et à travailler lorsque du travail est disponible, au lieu de présenter une réclamation ouverte; une réglementation en matière de santé et de sécurité qui soit plus rationnelle et qui impose à l’employé la responsabilité de travailler en toute sécurité; une réglementation environnementale plus raisonnable qui protège toujours l’environnement tout en permettant aux entreprises de fonctionner de manière efficace et rentable; et une Loi de l’impôt sur le revenu simplifiée qui offre un meilleur accès aux crédits d’impôt à l’investissement afin de récompenser les investissements une fois qu’ils sont réalisés et réussis.
En ce qui concerne la communauté agricole, je pense que de nombreux agriculteurs doivent encore améliorer leur sens des finances. Il s’est amélioré au fil des ans. Toutefois, à mon avis, il reste encore du travail à faire. Les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent apporter leur aide dans le cadre de cette initiative. Les nouveaux agriculteurs devraient être tenus de prouver qu’ils comprennent les états financiers et les principes de planification d’entreprise avant d’avoir accès au crédit. Le fait qu’un nouvel agriculteur soit le fils ou la fille d’un agriculteur établi et qu’il ait vécu et travaillé dans l’exploitation familiale ne signifie pas qu’il possède les compétences financières nécessaires pour gérer une entreprise à but lucratif. Je suis conscient que pour beaucoup, l’agriculture est un choix de vie. Toutefois, c’est aussi une entreprise à but lucratif, qui doit être exploitée et gérée comme telle. L’éducation financière doit aller au-delà de la simple compréhension des états financiers et de la planification d’entreprise. Elle devrait inclure des sujets tels que l’économie de la production et les principes de l’offre et de la demande.
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Bonjour et merci pour l’invitation à comparaître aujourd’hui.
Aliments et boissons Canada est une association nationale dont les membres comprennent les associations provinciales de l’industrie alimentaire et des boissons, ainsi que les principales entreprises canadiennes de transformation des aliments et des boissons.
Les fabricants de produits alimentaires et de boissons sont au centre de l’approvisionnement alimentaire du Canada. Peu de produits agricoles canadiens arrivent sur les rayons des épiceries sans avoir été transformés au préalable par l’une de nos quelque 8 000 entreprises.
Le secteur de l’alimentation et des boissons est le plus grand employeur du secteur manufacturier au pays. Nous employons près de 300 000 personnes, générons 120 milliards de dollars de ventes annuelles et fournissons une grande partie de la nourriture que les Canadiens consomment.
Un secteur de la transformation fort et dynamique est essentiel pour assurer la souveraineté alimentaire du Canada, pour soutenir notre secteur agricole primaire et pour continuer à contribuer à la reprise économique et au bien-être du pays.
Au début de 2020, notre secteur s’est concentré sur les objectifs fixés par la table de stratégie économique agroalimentaire fédérale — augmenter les ventes nationales de produits alimentaires et les exportations de 30 % d’ici 2025.
Le Canada a un potentiel énorme en matière d’agriculture et d’alimentation. C’est un sentiment que nous entendons souvent, et que nous répétons souvent, mais nous avons besoin de bien plus que des mots pour soutenir les secteurs de l’agriculture et de la transformation alimentaire du Canada. Nous devons joindre le geste à la parole.
Aujourd’hui, je me concentrerai sur trois priorités pour assurer la reprise et la croissance de la transformation des aliments et des boissons: le travail, la santé des travailleurs et la concentration dans le domaine du commerce de détail.
Tout d’abord, à l’aube de 2020, notre industrie signalait déjà la crise de la main-d’œuvre. Aujourd’hui, nous estimons qu’il manque 30 000 travailleurs dans le secteur, soit 10 % de notre main-d’œuvre. D’ici 2025, nous prévoyons que ce nombre aura plus que doublé. Pourquoi? En raison de l’augmentation des départs à la retraite, d’une pénurie de travailleurs qualifiés, du caractère saisonnier de certains sous-secteurs et de la régionalité de certaines de nos entreprises. La COVID-19 a également entraîné un absentéisme accru et des difficultés à trouver des travailleurs de remplacement.
La situation ne peut plus durer. Sans travailleurs sains et qualifiés, nous ne pouvons pas produire les aliments dont les Canadiens ont besoin et nous ne pouvons pas ajouter de valeur aux produits agricoles que le Canada veut exporter.
Au cours des deux dernières années, nous n’avons cessé de tirer la sonnette d’alarme concernant les problèmes de main-d’œuvre de l’industrie, en grande partie et malheureusement en vain. Nous comprenons que la question de la main-d’œuvre est complexe, mais il y a des choses simples que nous pouvons faire pour commencer.
Tout d’abord, nous avons besoin d’une simple évaluation des besoins actuels et futurs de main-d’œuvre pour cette industrie — et je dirais même pour l’agriculture primaire — en fonction de l’offre de main-d’œuvre nationale prévue. S’il y a une pénurie — et l’industrie dit qu’il y en a une — alors nous devons y remédier.
L’année dernière, Aliments et boissons Canada a tenu une séance de stratégie sur la main-d’œuvre à laquelle a participé le gouvernement et a dégagé trois domaines prioritaires: remédier à la pénurie de métiers spécialisés, garantir l’accès à des travailleurs étrangers qualifiés et soutenir l’automatisation. Nous continuons à inviter le gouvernement fédéral à travailler avec l’industrie sur ces questions.
Deuxièmement, j’aimerais parler de la santé des travailleurs. Avec l’épidémie de COVID-19, les transformateurs d’aliments et de boissons ont relevé l’incroyable défi de gérer la santé des travailleurs tout en répondant à l’impératif, en tant que service essentiel, de maintenir l’approvisionnement alimentaire du Canada.
Les usines de transformation des aliments sont avant tout des sites de production. Elles sont conçues dans un souci d’efficacité, de sécurité alimentaire et de santé et sécurité au travail. Elles n’ont jamais été conçues à l’origine pour gérer une crise de santé publique. Avec la COVID-19, les fabricants ont dû, littéralement du jour au lendemain, mettre en place de nouvelles politiques et de nouveaux protocoles pour protéger les travailleurs contre le virus, notamment en améliorant les équipements de protection individuelle, les outils de dépistage, les modifications structurelles et le nettoyage. Nous estimons que l’industrie a investi près d’un milliard de dollars jusqu’à présent pour protéger les travailleurs. Malgré ces mesures, les usines alimentaires sont des lieux de rassemblement. De plus, quoi que nous fassions à l’intérieur de nos usines, nous ne pouvons pas protéger nos travailleurs à l’extérieur de nos murs.
Les travailleurs alimentaires de première ligne ont fait des sacrifices pour que notre système alimentaire puisse fonctionner. Nous devons les protéger en veillant à ce qu’ils aient accès, s’ils le souhaitent, à un vaccin. Le Comité consultatif national de l’immunisation a recommandé que les travailleurs essentiels, y compris ceux de notre secteur, aient un accès prioritaire au vaccin, mais il ne s’agit que de recommandations. Je tiens à souligner que, même la semaine dernière, la province de la Colombie-Britannique a annoncé son plan de déploiement des vaccins, et que ce plan n’accorde pas la priorité aux travailleurs de l’alimentation et aux autres travailleurs essentiels — seulement les travailleurs de la santé — par rapport à la population en général. Nous encourageons le gouvernement fédéral à utiliser tous les leviers dont il dispose pour s’assurer que les provinces suivent les recommandations du Comité consultatif national de l’immunisation.
Enfin, je voudrais parler de la concentration dans le domaine du commerce de détail, sujet dont vous avez beaucoup entendu parler. Comme vous le savez, le secteur canadien de l’alimentation au détail est très concentré, avec seulement cinq entreprises qui contrôlent 80 % du marché. Cette situation laisse aux fabricants de produits alimentaires et de boissons un pouvoir de négociation limité. N’oubliez pas que le Canada compte près de 8 000 entreprises de transformation des aliments, dont 7 000, soit 90 %, sont des petites et moyennes entreprises, c’est-à-dire des sociétés comptant moins de 100 employés.
Les détaillants alimentaires imposent régulièrement des coûts de transaction, des frais et des pénalités arbitraires à leurs fournisseurs, souvent sans préavis ou de manière rétroactive. En outre, ils prolongent régulièrement les délais de paiement de plusieurs mois, ce qui retarde souvent les paiements et affecte la liquidité de leurs fournisseurs. Cette pratique n’est absolument plus tolérable.
Nous sommes très heureux que, lors de leur réunion de novembre, les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de l’Agriculture se soient engagés à créer un groupe de travail pour examiner la question. Nous continuons de les encourager à donner la priorité à cette question et à jouer un rôle de premier plan afin de garantir qu’un code de déontologie pour l’alimentation soit mis en place d’ici la fin de l’année.
Pour terminer, je voudrais aborder les répercussions de la COVID-19 sur les coûts. Contrairement à de nombreuses entreprises, les entreprises de transformation des aliments et des boissons ont pu fonctionner pendant la pandémie, ce qui est, bien sûr, ce que toutes les entreprises voulaient faire. Toutefois, le coût a été assez important. Comme je l’ai dit, il s’est élevé à près d’un milliard de dollars. Nous avons demandé au ministère des Finances d’envisager un crédit d’impôt remboursable pour les coûts associés à la COVID-19 encourus par notre secteur et d’autres secteurs de services essentiels, des entreprises qui continuent à fonctionner pendant la pandémie et qui ont connu des augmentations de coûts importantes pour maintenir leurs activités essentielles et assurer la sécurité des travailleurs.
Je tiens à vous remercier de nouveau, et je me réjouis à la perspective de répondre à vos questions.
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Quand nous avons besoin de travailleurs étrangers dans le secteur de la transformation — et c'est sensiblement la même chose dans celui de l'agriculture primaire —, nous avons recours à l'occasion à des travailleurs étrangers temporaires parce que les emplois sont saisonniers. La mise en conserve des tomates, par exemple, est un emploi saisonnier. Dans d'autres cas, nous faisons venir des travailleurs étrangers parce qu'il existe simplement une pénurie structurelle de main-d'œuvre au Canada.
Le système relatif aux travailleurs étrangers temporaires, comme mon collègue d'Olymel l'a souligné, est très compliqué. Une entreprise ne peut embaucher qu'un pourcentage limité de ces travailleurs. Le processus de demande de travailleurs est très long, même si ce sont souvent les mêmes personnes qui reviennent, année après année, et il faut prévoir six mois à l'avance les travailleurs dont on aura besoin. Il est indispensable de revoir le système pour le moderniser et le simplifier.
Par ailleurs, nous avons des postes permanents à combler et voulons embaucher des immigrants dans la catégorie de l'immigration économique pour occuper des postes respectables, permanents, et à temps plein. Beaucoup sont intéressés. Toutefois, le système d'immigration est très compliqué. Il fonctionne à partir d'un système de points et comporte divers volets. Très peu de ces volets, s'il en existe, favorisent dans l'attribution des points la venue de cols bleus, si on veut, ou de techniciens qui vont venir travailler dans les usines de produits alimentaires.
Nous sommes perdants, pour ainsi dire, avant même de commencer. Nous avons très peu de chances de faire venir les travailleurs dont nous avons besoin, parce que le système a été conçu pour ne pas favoriser ces travailleurs.
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Toutes les provinces au pays affichent une pénurie de main-d’œuvre. Elle peut sembler différente ou se manifester de façon différente selon les régions, mais c’est essentiellement le même problème partout. Je crois que ce qui m’irrite le plus, c’est que, comme vous, j’ai déjà souligné que nous parlons de ce problème depuis des années.
Il est très difficile pour notre industrie de lire le rapport de la Table de la stratégie économique du secteur agroalimentaire, de lire celui du Conseil sur la stratégie industrielle publié juste avant Noël, et d’entendre ces acclamations exubérantes à propos de la transformation agroalimentaire et de son potentiel quand, en réalité, il semble impossible de se faire entendre sur certains de nos besoins immédiats et fondamentaux.
Notre travail n’a pas toujours le chic d’être excitant ou à la mode. Je sais que la robotisation est sur toutes les lèvres en ce moment, mais la robotisation ne va pas remédier à tous les problèmes de production et de capacité de transformation de l’industrie. Parfois, il faut se retrousser les manches, revenir à l’essentiel et cerner ce qui cloche afin de régler le problème, et je crois que c’est là que, malheureusement, nous avons échoué. La frustration est réelle au sein de l’industrie et prend de l’ampleur.
Compte tenu des problèmes que nous éprouvions déjà avant la pandémie, cet aspect sera absolument crucial pour la relance économique. Avant tout, nous avons besoin de cette chaîne d’approvisionnement pour des raisons de souveraineté alimentaire, mais aussi, l’optimisation des efforts déployés par l’industrie agroalimentaire pour stimuler sa croissance, tant au pays que sur le marché international, recèle un énorme potentiel. Comme quelqu’un d’autre l’a souligné, les Canadiens vont continuer de manger. Si nous ne les nourrissons pas avec nos produits, d’autres apporteront les leurs d’outremer et c’est ce que mangera la population.
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Pour l'instant, nous sommes toujours en pleine pandémie. Nous sommes évidemment au milieu de la deuxième vague, et les choses sont probablement pires qu’elles ne l’ont jamais été — ou elles l’ont été récemment —, donc la réponse est non; pour l'instant, les entreprises ne sont absolument pas rendues à envisager la planification d'un retour aux anciennes façons.
En fait, je pense que nous ne verrons pas beaucoup de changements ni même de planification tant que nous ne serons pas arrivés à vacciner une masse critique de la population et que nous n’aurons pas obtenu l'avis des experts quant au niveau de risque de transmission du virus. Même lorsque nous serons rendus là, je pense que certaines des modifications apportées aux usines deviendront permanentes.
Par exemple, les usines ont mis en place des passerelles et des barrières pour que les gens ne puissent pas se croiser. C’est un peu comme les allées à sens unique que l'on voit maintenant dans les épiceries. Je pense que ces aménagements ne sont pas près de changer. Je crois qu’il faudra beaucoup de temps avant qu'on laisse tomber l'amélioration du nettoyage ou toute autre modification qui a dû être apportée.
Certaines de ces dépenses ont été faites et elles n'auront plus à l'être. D'autres sont en cours, comme celles pour l’EPI, le nettoyage additionnel, le dépistage.
Lorsque vous vous retrouvez avec un employé chez qui on a diagnostiqué une COVID, en tant qu’employeur, vous devez faire la recherche des contacts au sein de l’usine. La santé publique ne viendra pas sur place pour s'en occuper. L’employeur se charge de la recherche des contacts dans l’usine et surveille les caméras de sécurité pour voir quels employés ont pu entrer en contact les uns avec les autres. Cela implique des coûts énormes, et je pense qu'ils ne sont pas près de disparaître.