:
Chers collègues, je vous souhaite la bienvenue à la réunion n
o 31 du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
[Traduction]
Conformément au paragraphe 81(4) du Règlement, le Comité entreprend l'examen du Budget principal des dépenses. Nous sommes saisis aujourd'hui des crédits 1, 5, 10, 15, 20, L25 et L30 sous la rubrique Ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement; du crédit 1 sous la rubrique Centre de recherches pour le développement international; et du crédit 1 sous la rubrique Commission mixte internationale (section canadienne), qui ont tous été renvoyés au Comité le 25 février.
Je tiens également à informer les députés que nous ne mettrons pas aux voix le Budget principal des dépenses aujourd'hui, mais nous le ferons après la comparution des deux ministres.
[Français]
Afin d'assurer une réunion ordonnée, j'encourage tous les participants à se mettre en mode sourdine lorsqu'ils ne parlent pas, et à diriger leurs commentaires à la présidence.
Quand il restera 30 secondes à votre temps de parole, je vous ferai signe avec un bout de papier.
De plus, comme toujours, l'interprétation est disponible si vous cliquez sur l'icône de globe, au bas de votre écran.
[Traduction]
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins d'aujourd'hui. Nous accueillons Mme Gould, ministre du Développement international, ainsi que les fonctionnaires suivants d'Affaires mondiales Canada: Leslie MacLean, sous-ministre, Développement international; Elissa Golberg, sous-ministre adjointe, Politiques stratégiques; et Paul Thoppil, sous-ministre adjoint, Asie-Pacifique.
[Français]
Toujours d'Affaires mondiales Canada, nous accueillons Caroline Leclerc, sous-ministre adjointe, Partenariats pour l'innovation dans le développement; Peter MacDougall, sous-ministre adjoint, Enjeux mondiaux et développement; Anick Ouellette, sous-ministre adjointe et dirigeante principale des finances, Planification ministérielle, finances et technologies de l'information; et Annie Boyer, directrice générale et directrice financière adjointe, Planification et gestion financières.
Madame la ministre, soyez la bienvenue.
Vous avez de cinq à sept minutes pour vos remarques d'ouverture.
La parole est à vous.
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C'est parfait. Je vous remercie infiniment, monsieur le président, et merci aux membres du Comité. Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour vous parler du Budget principal des dépenses, en ce qui concerne le portefeuille du développement international d'Affaires mondiales Canada. Je suis ravie d'être accompagnée d'un si grand nombre de membres de notre équipe de la haute direction.
Plus d'un an s'est écoulé depuis le début de la pandémie de COVID-19, et cela n'a pas été facile pour nos partenaires du Canada et des pays en développement. Nous reconnaissons que les répercussions socioéconomiques de la pandémie ont entraîné une augmentation des niveaux de pauvreté et d'inégalité sociale. En fait, la Banque mondiale a estimé qu'entre 119 millions et 124 millions de personnes pourraient basculer dans l'extrême pauvreté en raison de la COVID-19, annulant ainsi les gains de développement réalisés au cours des deux dernières décennies.
Depuis février 2020, le Canada a consacré plus de 2,5 milliards de dollars d'aide internationale à sa réponse à la COVID-19. Ces fonds ont servi à fournir, par exemple, une aide vitale pour la prestation de soins de santé d'urgence, des mesures de surveillance accrue des maladies et de prévention des infections, des services d'approvisionnement en eau, d'assainissement et d'hygiène, ainsi qu'un soutien à la continuité de l'éducation des enfants par l'intermédiaire de programmes gérés par les organisations de la société civile, ou OSC, qui sont nos partenaires dans des pays tels que l'Afghanistan et la Colombie. Plus de la moitié de ces fonds, soit plus de 1,3 milliard de dollars, sont destinés à faciliter l'accès équitable aux mesures médicales contre la COVID-19.
Tout au long de cette crise mondiale, la politique d'aide internationale féministe du Canada s'est avérée un cadre solide et stratégique, axé sur les mesures qui soutiennent les populations les plus pauvres et les plus vulnérables. En ce temps de pandémie, nous avons continué de mettre en œuvre nos engagements fondamentaux et d'obtenir des résultats et des retombées. Par exemple, au cours de l'exercice 2019-2020, 65 millions d'enfants ont été vaccinés grâce au soutien du Canada à Gavi, l'alliance pour les vaccins; 3,2 millions de femmes ont reçu des services de santé et de droits sexuels et reproductifs grâce à l'initiative Sa voix, son choix; plus de 300 organisations de défense des droits des femmes ont été soutenues par l'initiative Voix et leadership des femmes; plus de 5 millions d'entrepreneurs, d'agriculteurs et de petits exploitants ont profité de services de développement financier ou commercial; 11 005 agents de maintien de la paix ont été formés pour prévenir et contrer l'exploitation et les agressions sexuelles; enfin, nous avons également continué de progresser vers la réalisation de notre engagement global de diriger 95 % de l'aide bilatérale au développement international vers des initiatives qui ciblent ou intègrent l'égalité des sexes d'ici 2021-2022. Ces initiatives, et d'autres, étaient stratégiques et ciblées sur ce dont les collectivités que nous soutenons avaient le plus besoin. Elles ont apporté une importante contribution dans le contexte de la pandémie, en renforçant la résilience et nos efforts globaux en matière de développement durable.
Avant de conclure, j'aimerais aborder le Budget principal des dépenses.
Afin de contribuer à la réponse à la pandémie, l'Agence de la santé publique du Canada a transféré à Affaires mondiales Canada, en 2020-2021, un nouveau financement de 705 millions de dollars pour les partenariats internationaux en vue de soutenir l'accès des pays en développement aux vaccins et aux produits thérapeutiques contre la COVID-19. Cela comprend l'approvisionnement, ainsi que la livraison et l'administration efficaces des vaccins et des produits thérapeutiques.
L'Agence de la santé publique du Canada transférera 75 millions de dollars plus tard cette année en soutien supplémentaire pour ce pilier. Ces fonds seront versés en 2021-2022.
Les fonds supplémentaires fournis à Affaires mondiales Canada en 2020-2021 pour soutenir sa réponse d'aide internationale à la COVID-19 comprennent 120 millions de dollars à l'appui de l'Accélérateur d'accès aux outils contre la COVID-19 et 400 millions de dollars à l'appui de la réponse humanitaire et de développement à la COVID-19.
[Français]
Plus récemment, dans le budget de 2021, le gouvernement s'est engagé à verser 375 millions de dollars supplémentaires pour soutenir la réponse internationale du Canada à la COVID-19 en 2021-2022. Ces ressources seront également affectées au partenariat de l’Accélérateur d’accès aux outils contre la COVID-19. Ces investissements ont été essentiels à nos efforts d'aide internationale pour répondre aux répercussions aiguës de la pandémie sur la santé et continueront à soutenir une reprise durable et équitable pour tous.
Cette année a été sans précédent. Notre gouvernement s'est engagé à mettre en œuvre la Politique d'aide internationale féministe, et nous travaillons fort pour faire face aux répercussions de la pandémie de COVID-19. Grâce à ces efforts, nous obtenons des résultats et générons des retombées positives. Nous contribuons ainsi à construire un monde plus pacifique, plus inclusif et plus prospère pour tous.
Je vous remercie de votre temps. J'ai hâte de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame la ministre.
Dans son dernier rapport, le Comité a dénoncé le régime de direction et de contrôle et a demandé au gouvernement de le réformer immédiatement. Nous avons reconnu à l'unanimité que les exigences en matière de direction et de contrôle entravent d'importants travaux de développement international et perpétuent les structures coloniales de contrôle de la part des donateurs.
Le projet de loi de la sénatrice Omidvar propose de remplacer le régime de direction et de contrôle par un système qui met l'accent sur la responsabilité à l'égard des ressources. Cependant, comme nous le savons tous, les projets de loi d'initiative parlementaire connaissent généralement un parcours long et incertain, même lorsqu'ils jouissent d'un vaste appui.
J'aimerais donc savoir si la ministre est d'accord avec le Comité pour dire que le régime de direction et de contrôle est un obstacle à l'efficacité des efforts déployés dans le domaine du développement international et qu'il devrait être réformé. Que pense le gouvernement du projet de loi S-222? De plus, le gouvernement envisage-t-il de présenter sa propre mesure législative à ce sujet?
Madame la ministre, afin de bien gérer mon temps, je vous donne deux minutes pour répondre à la question sur le régime de direction et de contrôle avant de passer à d'autres sujets.
Allez-y.
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Merci, monsieur Genuis.
Oui, nous entendons ces préoccupations depuis que nous avons formé le gouvernement en 2015. Je tiens à souligner que, depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons bonifié de plus de 300 millions de dollars par année le montant versé aux organisations de la société civile du Canada. En 2014-2015, le gouvernement précédent avait accordé 652 millions de dollars aux partenaires canadiens. En 2019-2020, ce montant s'élevait déjà à 950 millions de dollars.
Nous sommes donc à l'écoute des partenaires canadiens de la société civile. Nous avons augmenté la part qui revient aux OSC canadiennes, ce qui, sous le gouvernement précédent, était inférieur à 19 %, alors que c'est maintenant d'environ 25 %. Les fonctionnaires du ministère et moi poursuivons nos efforts pour honorer cet engagement afin de nous assurer de soutenir les organisations de la société civile du Canada qui font un travail précieux dans le monde entier.
En outre, nous travaillons avec les petites et moyennes organisations pour instaurer un volet, d'une valeur de 100 millions de dollars, afin de leur permettre d'accéder à des fonds par l'entremise du ministère. Nous avons déjà lancé deux appels de propositions. Si vous consultez notre site Web, vous verrez que nous préparons un autre appel, qui sera lancé très bientôt, pour le prochain volet destiné aux petites et moyennes organisations.
Nous avons entendu les OSC canadiennes, nous avons été à l'écoute et nous avons augmenté de manière considérable le montant que nous leur accordons, surtout comparativement au gouvernement conservateur précédent.
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Merci, monsieur Fonseca.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, le nombre de personnes qui, selon les estimations, vont tomber dans l'extrême pauvreté est astronomique. Le nombre de personnes qui vont se retrouver en situation d'insécurité alimentaire aiguë est en train de doubler. Nous le voyons sur le terrain en ce moment même.
J'ai mentionné les 2,5 milliards de dollars de ressources supplémentaires que nous avons mobilisés pour la COVID-19, dont une partie est destinée à relever les défis sur le plan médical, mais aussi à répondre aux besoins humanitaires et aux besoins en matière de développement que nous constatons sur le terrain cette année. Cela vient s'ajouter à notre financement de base de l'aide au développement officielle et à nos programmes qui s'efforcent déjà de lutter contre la pauvreté et les inégalités dans le monde. Nous restons attachés à nos grands objectifs et à la politique d'aide internationale féministe.
Il y a un an, l'une des choses les plus importantes pour moi était de veiller à ce que l'ensemble de nos réponses à la COVID-19 s'ajoute à ce que nous faisions déjà. Aucun des problèmes que vous avez mentionnés n'est disparu à cause de la COVID-19. En fait, ces problèmes ont été exacerbés.
Je suis très fière que le Canada ait mobilisé des ressources supplémentaires pour faire face à la COVID-19, ainsi qu'à ses répercussions secondaires et tertiaires. C'est d'ailleurs quelque chose que nous avons encouragé d'autres pays à faire. Qu'il s'agisse de garder les filles à l'école pour les aider à poursuivre leurs études et à se préparer un brillant avenir, ou de procéder à des interventions essentielles en matière de nutrition, d'assurer les vaccinations de routine pour les enfants, de faciliter l'accès à des services de santé sexuelle et génésique ou de fournir des intrants agricoles aux agriculteurs à faible revenu dans différentes parties du monde, ces enjeux n'ont pas disparu. Les besoins ont en fait été exacerbés. Le Canada a maintenu son engagement et sa détermination à l'égard de ses programmes de développement et d'aide humanitaire, et il l'a fait tout en répondant à la COVID-19.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier la ministre de s'être jointe à nous aujourd'hui, ainsi que ses collègues d'Affaires mondiales Canada, dont beaucoup avec qui j'ai eu le privilège de travailler par le passé.
Madame la ministre, vous ne serez pas du tout surprise de m'entendre dire que j'ai été déçue par les chiffres que nous avons vus dans le budget. Nous avons eu de nombreuses discussions. Je pense que vous savez que, même si j'apprécie la politique d'aide internationale féministe — en fait, j'y ai contribué avant d'être élue députée —, les propos et les annonces que nous entendons ne sont tout simplement pas à la hauteur ni des ambitions de notre budget en matière de développement international ni du rôle et des obligations du Canada dans le monde.
Je vais poser quelques questions. Tout d'abord, je vais commencer par certains des objectifs de développement qui, selon moi, ont peut-être été négligés au sein de votre ministère.
À l'instar du reste de monde, le Canada souffre actuellement de multiples crises d'ampleur mondiale et d'une grande sévérité. Il y a une pauvreté croissante. Il y a une crise climatique. Il y a la pandémie de COVID-19. Nous savons que cette situation a eu une incidence marquée sur les femmes et les filles, et qu'elle a touché profondément les communautés marginalisées. Nous savons que nous sommes plus loin d'atteindre les objectifs de développement durable, que nous sommes plus loin d'atteindre ce que nous avions présenté comme objectifs aux termes de la politique d'aide internationale féministe, et nous savons qu'au cours des 25 dernières semaines, les progrès réalisés au chapitre du développement humain ont reculé de 25 ans. Il y aura des conséquences extrêmement durables à cela. Nous l'avons constaté avec toutes les études que nous avons réalisées au sein du sous-comité des droits internationaux de la personne et du comité des affaires étrangères.
Étant donné qu'il n'y a pas eu d'augmentation — ou des augmentations dérisoires — de nos efforts en ce qui a trait au développement international, comment allons-nous être en mesure d'investir dans certains de ces objectifs critiques que nous avons établis?
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Sauf que la motivation n'est pas au rendez-vous et que l'ambition n'est pas à la hauteur.
Avec tout le respect que je vous dois, il me faut rappeler que notre aide au développement est toujours bien inférieure à ce 0,7 % qui était un objectif canadien, une initiative canadienne. Nous sommes encore très loin de cet objectif. Nous sommes toujours bien en deçà des engagements internationaux et des normes mondiales.
Il n'est pas suffisant de dire que le Canada en fait assez. Je pense que ce dont les Canadiens ont besoin de la part de leur ministre du Développement international, c'est d'un engagement à pousser le gouvernement de l'heure à aller plus loin, à le pousser à faire plus et à avoir de plus grandes ambitions. Nous comptons sur vous pour être notre voix à la table du Cabinet afin d'assurer que le Canada fait ce qui doit être fait dans le monde, mais ce n'est pas ce que nous voyons.
Nous ne voyons pas le financement que nous voulons voir au chapitre de l'aide humanitaire. Nous ne voyons pas le financement que nous souhaitions pour soutenir les femmes et les filles, pour soutenir nos initiatives en matière d'éducation.
Où sont les 450 millions de dollars promis pour l'éducation des enfants réfugiés et déplacés aux termes de la plateforme des élections fédérales de 2019? Nous n'avons pas vu cet argent dans le budget.
Bienvenue, madame la ministre. Je souhaite vous féliciter pour votre travail sur la politique d'aide internationale féministe. Elle suscite l'admiration de beaucoup de pays qui estiment que le Canada a endossé un rôle important et qu'il joue aussi un rôle majeur en matière d'égalité des femmes.
Je voulais vous poser une question. Je sais que, en ce qui a trait à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, le gouvernement Harper mettait beaucoup l'accent sur la mortalité juvénile, infantile et périnatale, de même que sur les décès évitables chez les femmes enceintes ou qui accouchent.
Comme vous et moi le savons, il ne s'agit pas là du spectre complet de la santé et des droits sexuels et reproductifs. Selon la Conférence internationale sur la population et le développement, ou CIPD, la santé et les droits sexuels et reproductifs ont trait à l'accès des femmes et des jeunes, soit tant les filles que les garçons, à des moyens de contraception et à la prévention des grossesses non désirées. De plus, si les femmes et les filles sont déjà enceintes, elles bénéficient de très bons soins prénatals et postpartum. Enfin, il va sans dire que, si ces femmes ne souhaitent pas être enceintes, elles peuvent avoir accès à un avortement sans risques.
La capacité des femmes de contrôler leur corps, et pas uniquement du point de vue des droits sexuels et reproductifs... Nous savons que la COVID a forcé beaucoup de jeunes femmes à se marier et, donc, à avoir un enfant. Beaucoup de jeunes filles et de femmes sont violées dans le cadre des mouvements rapides des réfugiés qui fuient les conflits, de mauvaises conditions environnementales et la famine partout dans le monde pour essayer de trouver un endroit où ils seront en sécurité. Nous savons que c'est aspect important.
J'ai deux questions. Allez-vous vous engager à assurer le spectre complet de la santé et des droits sexuels et reproductifs? Dites-moi de quelle façon vous comptez y arriver.
Ensuite, j'ai une autre question qui porte sur la défense. Est-ce pour les gardiens de la paix qui peuvent assurer la sécurité des femmes dans les camps de réfugiés? Je sais que les femmes dans ces camps ne sont pas en sécurité. Très souvent, leurs gardiens sont ceux qu'elles doivent craindre le plus. Pouvez-vous répondre à ces deux questions?
Et, si le temps le permet, j'aurai une troisième question pour vous.
Merci beaucoup pour votre question, monsieur Fry.
Je crois que nous pouvons être fiers du travail que le Canada a fait dans le cadre de l'Initiative canadienne sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, ou SMNE. Une de ses grandes lacunes, cela dit, était l'incapacité d'y inclure la santé et les droits sexuels et reproductifs. En fait, nous savons que, si vous n'offrez pas aux femmes le plein accès à leurs droits, alors vous ne soutenez tout simplement pas les droits des femmes.
Je vais vous donner deux exemples particulièrement déchirants que j'ai entendus récemment à propos de femmes qui n'ont pas pleinement accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs.
Une jeune fille en Haïti a été violée et engrossée par son père et n'a pas pu obtenir d'avortement. Elle avait 11 ans et a dû mener sa grossesse à terme.
Une femme à qui j'ai parlé au Salvador a fait une fausse-couche et appelé l'ambulance. Elle a ensuite été arrêtée et accusée d'avoir subi un avortement, puis a été condamnée à 40 ans de prison.
Nous entendons ce genre d'histoires horribles. Je suis extrêmement fière que le gouvernement se soit engagé à soutenir la santé et les droits sexuels et reproductifs, à soutenir les femmes comme personnes à part entière et à veiller à ce que le choix leur revienne d'avoir des enfants, d'en établir le nombre et de choisir à quel moment les avoir.
Nous ne pourrons progresser dans l'atteinte des objectifs de développement durable, ou ODD, si nous n'y incluons pas tous les aspects de la santé et des droits sexuels et reproductifs. L'engagement du Canada en la matière comprend l'autonomie corporelle, une éducation sexuelle globale et l'accès à l'avortement et aux soins après avortement là où l'intervention est légale.
Nous allons continuer de promouvoir les droits des femmes. Je suis très fière d'être une championne du mouvement mondial She Decides et d'échanger avec de jeunes activistes inspirants partout dans le monde qui luttent pour ces droits. Je suis si heureuse de pouvoir les soutenir.
En ce qui a trait à votre deuxième question, le Canada fournit un soutien important à la formation de gardiens de la paix contre l'exploitation et les violences sexuelles. Ce sont des personnes qui sont supposées être là pour protéger leurs semblables et non pour leur faire du tort. Nous allons poursuivre ce travail important. Nous le faisons par l'intermédiaire de l'Initiative Elsie, en partenariat avec les Nations Unies et des organisations de la société civile, afin d'éradiquer l'exploitation et les violences sexuelles.
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Merci, monsieur le président. Je vais essayer d'être succinct.
Madame la ministre, je veux parler des employés qui travaillent au sein des organismes de coopération internationale, notamment au Centre de solidarité internationale du Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui se trouve à Alma, dans ma circonscription. Ce sont des personnes engagées qui croient beaucoup au développement des communautés et qui s'engagent grandement et personnellement dans les projets.
J'ai parlé à la présidente du CSI, Annie-Claude Laflamme, ainsi qu'à Véronique Fortin, chargée de projet au CSI. Elles avaient des questions pour vous. Le financement de leur organisation constitue un problème qui perdure: à titre d'organisme de coopération internationale, le CSI ne bénéficie d'aucun financement pour ses dépenses de fonctionnement de base.
Comme vous le savez, ces organismes en font beaucoup avec peu; chaque fois, les résultats demeurent nombreux, compte tenu des sommes investies. Dans un tel contexte, par contre, il est difficile pour les organismes d'assurer une pérennité de leurs activités et, surtout, d'offrir une stabilité à la main-d'œuvre qui travaille sur place. En raison de la vulnérabilité de leur financement, ces organismes subissent davantage les effets de crises comme la crise sanitaire actuelle.
Vous êtes consciente du problème, madame la ministre. Envisagez-vous de financer une part du fonctionnement de base de ces précieux acteurs du développement international?
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur présence.
Pour ma prochaine série de questions, j'aimerais parler de la façon dont nous pourrions concevoir un programme d'aide qui soit prévisible, durable et bon pour le gouvernement canadien, c'est-à-dire Affaires mondiales Canada, et les acteurs de la société civile.
Ces dernières années, on constate que les annonces en matière d'aide au développement international faites par le gouvernement ont tendance à prendre la forme d'annonces politiques à grand déploiement.
Je vous ai parlé, madame la ministre, des annonces que vous pourriez faire et qui pourraient nous intéresser, mais que vous avez tendance à faire au G7, par exemple.
Je me demande s'il ne serait pas plus avisé d'avoir une aide au développement international, des efforts en matière de développement international, qui soit plus stratégique, mieux planifiée, plus prévisible et plus facile d'accès pour la communauté des organisations de la société civile, et si nous ne pourrions pas y travailler ensemble pour l'améliorer un peu.
Une voix: Pff.
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Merci, madame la ministre. J'aimerais vous poser une question complémentaire avant la fin de mon intervention.
En février dernier, IMPACT-se, c'est-à-dire l'Institute for Monitoring Peace and Cultural Tolerance in School Education, a publié un examen du matériel produit par l'UNRWA et utilisé après novembre.
Nous parlons bien de matériel produit par l'UNRWA.
Le rapport cerne de nombreux exemples de contenu violent et haineux. Je souhaite vous lire un extrait de ce programme scolaire traduit en français. Il s'agit d'une dictée de 9e année. Les élèves doivent noter le passage, puis en corriger les erreurs:
Nos ennemis osent nous défier, car nous sommes faibles et désunis. Ils tuent nos fils, nos aînés et nos enfants, ils en font des exemples. Et pourtant, nos fils ont-ils gardé le silence? Révoltés, nos fils se sont dressés devant nos ennemis, ont bravement résisté, animés d'une flamme qui a mis nos ennemis dans l'embarras et menace leur existence. Malheureusement, nos frères arabes ont reconnu nos ennemis et commencé à interagir avec eux, ce qui a miné la résolution de nos fils et prolongé l'occupation de notre territoire. Mais le jour viendra où nos fils et nous récupérerons notre territoire et où, si Dieu le veut, nos ennemis en seront bannis comme les perdants qu'ils sont.
C'est un exemple actuel d'un manuel de dictée produit par l'UNRWA, après la supposée correction des erreurs. On y dénonce la paix, et plus particulièrement les accords d'Abraham, en plus de sous-entendre qu'il faut bannir les juifs d'Israël.
Je comprends que vous n'avez peut-être pas tout lu le matériel éducatif utilisé après cette date butoir, mais que répondez-vous au rapport de février d'IMACT-se qui met en lumière de tels exemples révélateurs? Avez-vous encore des préoccupations par rapport au contenu, comme l'extrait traduit que je viens de lire?
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, madame la ministre, de vous être jointe à nous aujourd'hui. C'est merveilleux d'entendre parler de tout le travail que nous réalisons pour faire avancer la Politique d’aide internationale féministe et des autres efforts que nous déployons pour faire avancer les droits des femmes et des filles dans les nombreuses régions du monde où nous travaillons dans le domaine du développement.
Comme ma collègue, Mme McPherson, l'a souligné et comme vous nous l'avez indiqué, nous valorisons la planification de programmes durables dans le monde entier, dans le cadre de bon nombre de nos projets.
J'aimerais parler de l'importance d'avoir la capacité de s'adapter rapidement à la situation et de répondre aux besoins lorsqu'une crise survient dans le monde. Par exemple, lors de l'explosion de l'année dernière à Beyrouth, le Canada a été en mesure de réagir rapidement et de manière appropriée, afin d'aider les habitants de Beyrouth.
Le monde est un milieu difficile, où il y a de nombreux conflits ainsi que des quartiers et des pays en crise, et le Canada répond fièrement à l'appel. Ce travail représente aussi une grande partie de notre politique de développement et de notre budget de développement. Nous examinons la situation qui existe en Éthiopie à l'heure actuelle, notamment le massacre de civils, et nous observons également une forte augmentation de la violence sexuelle et basée sur le genre, des bombardements aveugles, ainsi que le déplacement forcé des habitants du Tigré et des réfugiés érythréens.
Pourriez-vous prendre un moment pour nous expliquer, à moi et au Comité, comment le Canada contribue à l'intervention dans la région du Tigré?
:
Comme vous et de nombreux membres du comité l'avez mentionné, il y a un certain nombre de situations très tragiques et difficiles dans le monde entier, et le Canada réagit, intervient et fait sa part pour tenter de sauver des vies et de travailler à la résolution pacifique des problèmes, en particulier lorsqu'un conflit sévit.
En ce qui concerne l'Éthiopie, je suis très reconnaissante au Comité d'avoir entrepris l'étude dont nous avons parlé, car je pense qu'elle est extraordinairement importante. Le mois dernier, j'ai annoncé que, cette année, nous apporterions une aide humanitaire de 34 millions de dollars en l'Éthiopie. Nous fournissons cette aide à nos partenaires humanitaires sur le terrain d'une manière souple afin qu'ils puissent répondre aux besoins. Au nombre de ses partenaires, il y a, par exemple, la Croix-Rouge, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) des Nations unies, le Programme alimentaire mondial, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et l'UNICEF, ainsi que des ONG partenaires sur le terrain.
La situation, notamment au Tigré, est très préoccupante. Les nouvelles qui nous parviennent concernant les violations des droits de la personne et, en particulier, la violence sexuelle et fondée sur le sexe sont très préoccupantes.
Comme je l'ai mentionné pendant la période des questions d'aujourd'hui, j'ai parlé à mon homologue, le ministre de la Paix, en Éthiopie. Le a parlé à son homologue, et le a parlé au premier ministre Abiy afin de lui faire part de la grande préoccupation du Canada à l'égard de la situation en Éthiopie.
Nous soutenons le travail de la haute-commissaire des Nations unies qui collabore avec la Commission éthiopienne des droits de l'homme afin de mener une enquête indépendante sur les allégations de violation des droits de l'homme. Nous pensons que ces efforts sont très importants.
Nous nous sommes rangés aux côtés de nos homologues internationaux afin de demander l'arrêt de la violence et du conflit, ainsi que le respect des droits de la personne, et le départ des troupes érythréennes d'Éthiopie. Nous continuerons de dialoguer en ce sens et, bien entendu, de surveiller la situation.
L'une des dernières choses que je voudrais dire à ce sujet, c'est que nous avons également réorienté 18 des millions de dollars que nous consacrons à notre programme d'aide bilatérale en Éthiopie, afin de fournir une aide alimentaire à ceux qui sont touchés par le conflit.
:
Merci beaucoup, madame la ministre.
Merci, madame Saks.
Cela nous amène à la fin de notre première heure en compagnie de la ministre, qui portait sur le Budget principal des dépenses.
Nous allons maintenant passer à la deuxième heure de la séance, pendant laquelle nous discuterons du programme COVAX, comme les membres du Comité y ont consenti le 15 avril.
Pendant la transition, certains de nos témoins du ministère des Affaires mondiales vont nous quitter. Au nom de l'ensemble des membres du Comité, nous tenons à les remercier de leur participation.
[Français]
Merci beaucoup de vos témoignages cet après-midi.
[Traduction]
À ce stade, Leslie MacLean et Peter MacDougall restent avec nous, et nous aimerions également accueillir pendant la deuxième heure Joshua Tabah, directeur général, Santé et nutrition, Affaires mondiales Canada.
[Français]
Madame la ministre, je vous donne de nouveau la parole. Vous disposez de cinq à sept minutes pour faire vos remarques d'ouverture relativement au mécanisme COVAX.
:
Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie le Comité de m’avoir invitée à vous parler aujourd’hui du rôle que joue le Canada dans la réponse mondiale face à la pandémie de COVID-19, notamment par le soutien important que nous accordons à l’Accélérateur ACT et au Mécanisme COVAX.
Je tiens à remercier les fonctionnaires qui se sont joints à nous lors de la séance précédente et à saluer MM. MacDougali et Tabah, qui sont en ligne avec nous aujourd'hui. Eux et leurs équipes ont été absolument extraordinaires et ont travaillé jour et nuit au cours des 14 derniers mois dans le cadre de l'intervention sanitaire mondiale du Canada.
Cela fait plus d’un an que nous avons commencé à réaliser l’ampleur du défi auquel nous étions confrontés, à savoir un virus qui ne respecte aucune frontière. Les perturbations des systèmes de santé et de la sécurité alimentaire ont eu des répercussions importantes sur la mortalité maternelle et infantile et sur l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive.
Chaque jour où les écoles sont fermées, le risque d’abandon scolaire augmente, tout comme la probabilité que les familles n’aient d’autre choix que de marier leurs filles alors qu’elles peinent à les nourrir et à les loger. Les charges de travail non rémunérées ont augmenté pour tout le monde, mais les femmes assument une plus grande part des tâches liées aux soins et quittent davantage le marché du travail que les hommes.
Avec une situation mondiale de plus de 140 millions de cas de COVID-19 et 3 millions de décès, alors que de nombreux pays comme le Canada traversent une troisième vague qui a donné lieu au plus grand nombre de nouveaux cas hebdomadaires depuis le début de la crise, et que surgissent de nouveaux variants inquiétants à l’origine de la détérioration de la situation, l’ampleur de la situation à laquelle nous sommes confrontés est claire pour tout le monde.
Et les solutions le sont aussi. Nous devons veiller à ce que notre réponse mette particulièrement l’accent sur les plus pauvres et les plus marginalisés de la planète, et tienne compte des besoins différenciés des femmes et des filles.
Jusqu'à maintenant, le Canada a mobilisé plus de 2 milliards de dollars en aide internationale en réponse à la pandémie de COVID 19, y compris des fonds pour l’aide humanitaire et le développement. Et c’est pourquoi le budget de 2021 prévoit un montant supplémentaire de 375 millions de dollars pour soutenir la réponse mondiale.
Nous soutenons financièrement nos partenaires humanitaires pour qu’ils fournissent des systèmes accrus de surveillance et de prévention des infections, ainsi que des services d’eau, d’assainissement et d’hygiène, des services de protection, des soins de santé d’urgence et d’autres services communs.
Afin de répondre aux besoins des personnes les plus à risque, et en particulier de soutenir les travailleurs de la santé et les populations à haut risque, le monde s’est véritablement réuni pour mettre au point un mécanisme permettant de développer des solutions pour tous.
Il y a un an, l’Accélérateur ACT venait d’être lancé, et le Mécanisme COVAX n’existait pas encore. Nous disposons désormais des mécanismes mondiaux nécessaires pour relever ce défi. Je suis fière que le Canada ait été à l’avant-garde de la création de l’Accélérateur ACT et du Mécanisme COVAX. Depuis le tout début, nous apportons un soutien essentiel et figurons parmi les principaux donateurs.
Je suis fière de coprésider le Groupe des partenaires de l’AMC COVAX et de siéger au Conseil de facilitation de l’Accélérateur ACT, ce qui me permet de renforcer la position du Canada en tant que chef de file mondial dans la lutte contre la COVID-19.
Comme je l'ai mentionné au cours de ma comparution précédente qui a eu lieu il y a peu de temps, le Canada a versé 940 millions de dollars pour l’Accélérateur ACT dans tous ses volets afin de favoriser l’accès équitable aux tests, aux traitements et aux vaccins liés à la COVID-19, et de soutenir les systèmes de santé si essentiels pour fournir ces outils vitaux aux populations dans le besoin.
Le Mécanisme COVAX, dans le cadre du volet relatif aux vaccins de l’Accélérateur ACT, est le mécanisme d’approvisionnement mondial dirigé par l’Alliance GAVI, l’Organisation mondiale de la Santé et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies.
Le Mécanisme COVAX a été conçu sur la base deux volets: un volet d’autofinancement par lequel les pays à revenus moyens supérieurs et élevés comme le Canada peuvent acheter des vaccins; un volet de garantie de marché conçu pour acheter des doses pour 92 pays à revenu faible ou moyen inférieur.
[Français]
Le mécanisme d'autofinancement offrait une police d'assurance en matière d'approvisionnement aux pays participants, en leur donnant accès à un large éventail de candidats vaccins avant que l'on sache lesquels, le cas échéant, s'avéreraient efficaces.
Parallèlement, les investissements des pays à revenu élevé et à revenu intermédiaire de la tranche supérieure dans le mécanisme COVAX ont augmenté le pouvoir d'achat de ce dernier. Cela a contribué à garantir un prix équitable pour l'achat, par le mécanisme COVAX, de doses pour les pays à faible revenu.
Puisque les pays à revenu élevé, comme le Canada, ont investi dans le mécanisme COVAX pour leurs propres besoins, celui-ci a pu accroître son influence auprès des entreprises pharmaceutiques afin de négocier pour tous les pays.
C'est l'une des raisons pour lesquelles le gouvernement du Canada a décidé, en septembre dernier, de recourir au mécanisme COVAX pour l'achat de vaccins. Cela a permis de garantir l'accès à un large éventail de vaccins à un prix équitable, et ce, pour tous les participants, y compris les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.
Notre contribution à l'achat et à la distribution, par l'entremise du mécanisme COVAX, de doses de vaccins contre la COVID-19 pour des pays à revenu faible et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure s'élève maintenant à 325 millions de dollars.
Le mécanisme COVAX est en place et fonctionne bien. Il est devenu opérationnel rapidement et efficacement. Au cours des deux derniers mois, plus de 120 pays ont reçu plus de 49 millions de doses, et ce n'est que le début.
Cette initiative comprend des doses pour le Canada et d'autres pays à revenu élevé, comme cela avait été prévu dès le début; c'est un élément essentiel à la réussite du mécanisme. Elle comprend également des doses pour des dizaines de pays à revenu faible ou intermédiaire. Pour beaucoup d'entre eux, le mécanisme COVAX est et restera le principal mécanisme d'accès aux vaccins approuvés par l'Organisation mondiale de la santé.
[Traduction]
Plus d’un an après le début de cette pandémie, nous avons appris beaucoup de choses et nous continuons d’adapter notre réponse à un contexte en évolution rapide, tant au Canada qu’à l’étranger. Mais une chose est devenue plus claire: nous ne vaincrons cette pandémie au Canada que lorsque nous la vaincrons partout. L’Accélérateur ACT et le Mécanisme COVAX sont les initiatives mondiales pour vaincre la pandémie. Ce sont les outils les plus puissants dont nous disposons dans la lutte mondiale contre la COVID-19. Ils doivent continuer de bénéficier de notre soutien continu.
Cela dit, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'avoir cette conversation, et je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, j'ai de nombreuses questions à vous poser au sujet du programme COVAX, mais je souhaite revenir brièvement sur la question de l'UNRWA. Vous avez mentionné qu'un de vos grands-parents était un survivant de l'Holocauste. C'est une chose que nous avons en commun, car c'est aussi mon cas. J'espère donc pouvoir poser cette question à un niveau humain, et j'espère qu'elle ne sera pas perçue comme une question partisane. Il est important que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas être complices d'une affaire où il y a une incitation à la violence antisémite.
Hier, le Parlement européen a adopté une résolution sans précédent visant à condamner l'UNRWA pour son enseignement de la haine et son incitation à la violence, et dans laquelle il insiste pour que l'aide de l'Union européenne soit conditionnelle à la conformité du matériel éducatif aux valeurs de l'ONU. Cette résolution est importante, car l'Union européenne est le principal bailleur de fonds de l'UNRWA, et nos partenaires européens pensent clairement que nous avons un problème.
Le problème que je soulève, c'est que le rapport d'impact de février signale des contenus haineux dans les documents produits par l'UNRWA. Il s'agit d'une distinction importante: l'UNRWA utilise les manuels du pays dans lequel il exerce ses activités. Donc, dans les écoles de l'UNRWA, les manuels utilisés seront ceux produits par l'Autorité palestinienne.
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Merci, monsieur le président.
Présentement, ce n'est vraiment pas facile pour les interprètes. J'aimerais simplement vous dire qu'ils font un travail exceptionnel.
C'est la première fois que je participe à une séance du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international. Je me mets à la place des citoyens que nous représentons et qui suivent la réunion du Comité, et je me dis qu'ils se demandent sûrement ce qui justifie notre salaire.
Je demanderais à tout le monde de se calmer un peu. Tant les députés de l'opposition que ceux du gouvernement ont leurs torts et leur part de mauvaise foi. Calmons-nous et revenons tranquillement à ce que nous étions en train de faire, c'est-à-dire parler du mécanisme COVAX, évidemment.
En tant que nouvel arrivant au Comité, je veux juste dire aux députés que leur façon de se comporter n'est pas très glorieuse. Je demande à tout le monde de se calmer. Nous pouvons continuer, mais il faut arrêter de crier. Je pense aux bons interprètes qui travaillent pour nous. J'ai vraiment pitié d'eux, et encore plus des gens qui nous regardent à la maison.
Merci.
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Monsieur le président, il ne me reste pas trois minutes et demie. Je crois avoir droit à six minutes, puisqu'il s'agit d'une nouvelle heure.
Vous avez permis à tous les membres du caucus libéral de donner leur point de vue sur ce rappel au Règlement. C'est honteux. Je dois toutefois me restreindre aux outils qui sont à ma disposition alors je dirai rapidement à la ministre que je lui demande — que je l'implore — de lire le rapport d'impact de février qui traite de la façon dont l'UNRWA a produit des manuels scolaires qui présentaient du contenu haineux dans le contexte de la COVID-19.
C'est tout. Je vais maintenant passer à l'initiative COVAX.
Madame la ministre, il me semble que l'enjeu associé à l'initiative COVAX revienne à notre propre approvisionnement en matière de vaccins. Si nous évaluions mieux la vaccination et l'offre de vaccins aux Canadiens, nous serions beaucoup mieux placés pour expédier nos surplus aux pays dans le besoin.
On a fait valoir à de nombreuses reprises que le Canada était le seul pays du G7 à avoir recours à l'initiative COVAX pour sa propre utilisation. Bien sûr, le Canada a contribué à l'initiative, tout comme de nombreux autres, mais nous sommes le seul pays du G7 à aussi y avoir recours. Cela donne à penser que le gouvernement n'a pas réussi à obtenir le nombre de vaccins suffisant à temps.
Est-ce que le gouvernement est satisfait du déroulement de la vaccination jusqu'à présent, et du recours à l'initiative COVAX? Est-ce que tout se passe comme prévu ou est-ce que le gouvernement admet qu'il a connu certains échecs en cours de route?
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Monsieur Genuis, je vous remercie pour votre question.
En ce qui a trait à l'UNRWA, je vous assure que je suis déterminée à veiller à ce qu'il fasse la promotion des valeurs de l'ONU. Le Canada prend la question très au sérieux.
En ce qui a trait à l'initiative COVAX, comme je l'ai dit dans mon discours préliminaire, le Canada est à la fois acheteur et donateur de vaccins par l'entremise de cette initiative, qui a été mise sur pied en tenant compte de ces deux possibilités.
Comme je l'ai dit plus tôt, puisque le Canada achète les vaccins par l'entremise de l'autofinancement, cela permet à l'initiative COVAX d'acheter et de garantir des doses pour les pays en développement. Ainsi, depuis le mois de septembre, l'initiative COVAX fait partie de la stratégie d'approvisionnement du Canada.
L'initiative COVAX offre aussi un large éventail de vaccins, tout comme le Canada, pour son portefeuille national. Au fil de leur disponibilité, les vaccins sont offerts aux membres de l'initiative, tant aux pays autofinancés qu'aux pays visés par le mécanisme de garantie de marché.
Le vaccin d'AstraZeneca a été offert au Canada, mais n'aurait pu être offert par l'entremise de notre accord de programme bilatéral que plus tard cette année. Par conséquent, le Canada a décidé d'accéder à ces doses de vaccin afin d'offrir un portefeuille varié aux Canadiens.
D'autres pays du G7 ont eu accès à des vaccins qu'ils n'auraient peut-être pas obtenus dans le cadre de leur propre portefeuille.
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Merci, madame la ministre.
Je remercie le député.
Je pourrai évidemment vous répondre plus en détail par écrit ultérieurement, mais parmi les principaux donateurs, on compte actuellement l'Allemagne, qui s'est engagée à y verser un montant important, de même que les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada. Ce sont à peu près les quatre principaux donateurs. Ensuite, il y a l'Italie, dans une bien moindre mesure. Je regarde un peu mes notes. La contribution de la Corée est également assez modeste.
Bref, pour vous répondre, je vous dirais que la ministre vous a parlé, dans la dernière partie de son exposé, de la nécessité que tous les pays assument leur juste part du fardeau. Nous sommes très mobilisés, grâce à notre réseau de missions dans le monde, afin de communiquer aux autres pays ce que fait le Canada et de leur rappeler que tout le monde doit se retrousser les manches et faire sa part, parce que c'est un effort collectif et que tout le monde doit y participer.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie encore les témoins d'être parmi nous. Je suis heureuse de voir M. Tabah. J'ai travaillé avec lui avant d'être élue.
J'ai beaucoup de questions à ce sujet. Je remercie la ministre de venir nous parler des vaccins et du Mécanisme COVAX. C'est le cœur même de la motion que j'ai déposée au comité des affaires étrangères, afin d'obtenir des éclaircissements sur tout cela, donc je commencerai par une série de questions sur le Mécanisme COVAX. Si nous en avons le temps, j'en poserai également quelques-unes sur la dérogation à l’Accord sur les ADPIC.
La ministre a expliqué le fonctionnement du Mécanisme COVAX en détail. Malheureusement, je crois que nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de décortiquer comment la distribution de vaccins peut se faire grâce à ce mécanisme si les autres pays, les pays riches, ne concluent pas également des accords parallèles, bilatéraux avec les sociétés pharmaceutiques.
La ministre peut-elle nous expliquer comment le gouvernement canadien peut concilier son engagement envers le Mécanisme COVAX avec la signature d'accords d'approvisionnement bilatéraux — qui d'après ce que j'ai entendu, couvriraient 10 fois le nombre de doses dont les Canadiens auront besoin —, malgré le fait que le Dr Tedros a annoncé publiquement que ces achats anticipés minent l'aptitude du Mécanisme COVAX de mettre la main sur suffisamment de doses? L'OMS affirme que pour cette raison même, parce que le Canada s'est réservé autant de doses, le mécanisme ne pourra pas fonctionner non plus. Comment la ministre concilie-t-elle tout cela?
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Bien sûr, c'est l'objectif de tout le monde, mais en tant que représentants du gouvernement — vous au parti ministériel et moi dans l'opposition — il faut aussi tenir compte de l'incidence mondiale de ne pas faire tout en notre pouvoir pour que les autres pays aient accès aux vaccins, parce que les Canadiens seront exposés à un risque plus grand encore si nous laissons des variants se développer. La relance économique mondiale sera compromise s'il faut jusqu'à 2024 pour que certains pays aient accès à ces 20 % de doses.
Vous parlez de la signature d'accords bilatéraux, mais si j'ai bien compris, le Canada a conclu des accords bilatéraux après que l'OMS ait explicitement demandé aux pays d'arrêter d'en conclure, particulièrement avec le Serum Institute of India, par exemple. Je me demande s'il est vraiment exact de dire que l'intention est de mettre la main sur 10 fois les doses dont nous avons besoin, puis de laisser ces variants très, très dangereux se développer dans ces autres pays.
Vous avez dit que l'objectif était de 20 % avec le Mécanisme COVAX. Nous savons que c'est bien loin des 60 ou 70 % requis pour créer une immunité collective, donc je serais curieuse de savoir pourquoi le gouvernement tarde ainsi et affirme seulement y réfléchir. Le gouvernement se pose des questions auxquelles nous savons qu'il a déjà les réponses en ce qui concerne la dérogation aux règles sur la propriété intellectuelle.
Donc, comme nous savons — et ce sont vos mots autant que les miens — que personne ne sera en sécurité tant que nous ne serons pas tous en sécurité, pour quelle raison ne voudrions-nous pas accepter de dérogation aux droits de propriété intellectuelle? Ces sociétés pharmaceutiques reçoivent de l'argent des contribuables et feront des milliards de dollars de profits cette année. Pourquoi ne pourrions-nous pas lever ces droits de propriété intellectuelle pour que d'autres pays puissent atteindre une immunité de 60 % ou à 70 %. Ce faisant, nous protégerions les Canadiens, nous protégerions des vies et nous protégerions notre économie. Je ne comprends tout simplement pas, madame la ministre.
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Merci, madame McPherson.
Vous savez, je suis d'accord avec vous qu'il faut protéger tout le monde. C'est la raison pour laquelle dès le départ, nous avons fait partie des plus grands donateurs au Mécanisme COVAX et nous en sommes parmi les plus grands défenseurs, parce que c'est une initiative vraiment unique. Déjà, 49 millions de doses ont été livrées dans 120 pays, et 1,3 milliard de doses leur seront livrées d'ici la fin de l'année pour atteindre l'objectif de 20 %.
Concernant la dérogation à l'Accord sur les ADPIC, comme je le disais en français, le Canada ne s'y oppose pas. Notre démarche est même très constructive, mais comme vous le savez sans doute, l'OMC fonctionne par consensus. Comme il y a pratiquement impasse à l'OMC, nous appuyons vivement le travail de la nouvelle directrice générale, la Dre Okonjo-Iweala, qui propose une troisième voie, parce qu'il s'agit en partie d'une question de propriété intellectuelle, mais qu'il s'agit également d'une question de fabrication, de transfert de technologie et de connaissances et de savoir-faire, de sorte que la ...
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Merci, monsieur le président, et merci, madame la ministre, de comparaître devant nous aujourd'hui.
J'aimerais brosser le portrait de la situation dans un petit pays en développement, question de poursuivre dans la même veine que Mme McPherson, afin d'illustrer par la comparaison pourquoi les préoccupations qu'elle et d'autres personnes expriment sont si pertinentes dans le dossier COVAX.
Saint-Vincent-et-les-Grenadines est un tout petit pays des Caraïbes. Il ne compte que quelque 100 000 habitants. Il n'est pas assez grand pour avoir sa propre ambassade à part entière au Canada. Il a un consulat général à Toronto. Récemment, il a été frappé par l'éruption d'un volcan, La Soufrière, qui continue de faire des ravages à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, de même que dans les îles voisines des Caraïbes.
Le gouvernement du pays estime qu'il lui faudra des centaines de millions de dollars pour tout rebâtir. Plus de 40 centimètres de cendre sont tombés sur l'île. L'ONU a lancé un appel afin de recueillir 30 millions de dollars en aide d'urgence pour aider les pauvres résidents victimes de cette catastrophe naturelle. Divers gouvernements, dont celui du Royaume-Uni, ont versé plus de 1,3 million de dollars canadiens en aide à l'île.
Dans ce contexte, il est très difficile de trouver un sens à l'utilisation par le Canada du Mécanisme COVAX. Comme nous le savons, la garantie de marché COVAX vise à ce que des pays comme Saint-Vincent-et-les-Grenadines aient accès aux vaccins. À ce jour, ce pays a reçu 24 000 doses de ce mécanisme. Le Canada en a pris 317 000, alors qu'il s'agit d'un pays développé et de l'un des pays les plus riches au monde. Cela contraste avec l'exemple mentionné par M. Fonseca, celui de la République de France, qui a annoncé récemment un don d'un demi-million de doses au Mécanisme COVAX d'ici juin.
Dans ce contexte, je pense qu'il y a lieu d'exprimer des réserves quant à la façon dont le Canada utilise le Mécanisme COVAX.
Saint-Vincent-et-les-Grenadines est comme beaucoup d'autres pays en développement. Il n'a pas beaucoup de ressources. La Banque mondiale estime que 150 millions de personnes de plus sont retombées en situation de pauvreté extrême au cours des 12 derniers mois, venant ainsi défaire des dizaines d'années de progrès.
J'ai l'impression que c'est la mauvaise gestion par le gouvernement de l'approvisionnement en vaccins qui nous a menés à la situation dans laquelle nous sommes, pour que nous, un pays du G7, tirions avantage d'une ressource que les autres pays avancés n'utilisent pas, puisqu'elle est principalement destinée à venir en aide aux populations du monde en développement.
Je suppose que je n'ai pas de question. Je voulais surtout faire un commentaire général pour illustrer mon propos. Saint-Vincent-et-les-Grenadines vient tout juste de recevoir sa première livraison de 24 000 doses, tandis qu'un volcan continue de répandre ses centres sur le pays, perturbant gravement la vie et la subsistance des résidents des îles de la région. Malgré cela, le Canada a pris 317 000 doses du Mécanisme COVAX alors que d'autres pays du G7, comme la France, y donnent 500 000 doses.
Monsieur le président, je n'ai pas de question. Je voulais seulement faire ce commentaire.
Merci beaucoup.
Je vous remercie, monsieur Chong, de soulever tous ces points importants. C'est exactement pour cette raison que le Canada a fait don de 325 millions de dollars au Mécanisme COVAX. Ces 325 millions de dollars ont permis d'acheter environ 100 millions de doses de vaccins qui seront envoyées dans les pays en développement. C'est une grande contribution du Canada aux pays en développement. Quand on dit que 49 millions de doses ont été acheminées vers 120 pays, c'est grâce aux contributions importantes de pays comme le Canada.
Nous avons aussi acheté des vaccins, pour une valeur de 220 millions de dollars, grâce au Mécanisme autofinancé COVAX, pour le Canada lui-même, comme d'autres pays bien nantis dont le Royaume-Uni, Singapour et la Nouvelle-Zélande. Certains de ces pays ont utilisé le Mécanisme COVAX parce qu'il leur permettait d'avoir accès à des vaccins qui les intéressaient, d'autres ne l'ont pas utilisé encore, mais pourraient le faire ultérieurement.
Pour ce qui est de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, je me dois de souligner que le Canada a versé 440 000 $ en aide après l'explosion volcanique de La Soufrière. Cette contribution s'ajoute aux millions de dollars que nous avons déjà donnés aux Caraïbes pour la préparation aux interventions en cas de catastrophe, l'assurance contre les risques climatiques, l'assurance contre les catastrophes naturelles et la réaction au risque.
Je tiens à ce qu'il soit bien clair que je partage votre émoi à l'égard de la situation à Saint-Vincent-et-les-Grenadines. La livraison de vaccins aux divers pays par le Mécanisme COVAX se fera sur une base proportionnelle. Le but était de fournir le vaccin à 3 % de la population dans un premier temps. C'est la raison pour laquelle on livre des quantités proportionnelles de vaccins aux pays admissibles. Ces livraisons sont rendues possibles grâce aux contributions du Canada en septembre dernier et au cours de la dernière année. Nous continuerons de faire notre part. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés à donner nos doses excédentaires, quand nous en aurons. Mais nous continuerons de travailler avec nos partenaires du monde entier pour qu'ils soient prêts, pour que leurs systèmes de santé soient prêts, pour qu'ils aient les ressources nécessaires.
Par ailleurs, il y a un autre élément très important pour moi, en ma qualité de ministre du Développement international, c'est de financer tous les aspects de l'Accélérateur d'accès aux outils de lutte contre la COVID-19. Les 940 millions de dollars octroyés à l'accélérateur permettront de financer des outils de diagnostic et de traitement ainsi que le Mécanisme COVAX, mais surtout, d'appuyer les systèmes de santé. Comme le Dr Seth Berkley, directeur exécutif de Gavi, me le disait — et je prends ses mots très au sérieux —, ce ne sont pas les vaccins qui sauvent des vies, mais la vaccination.
Le Canada a répondu à l'appel de manière très holistique, et nous continuerons de le faire, parce que c'est la mentalité canadienne.