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Bonsoir à tous. Je déclare maintenant la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la troisième séance du Comité permanent des pêches et des océans. Le Comité se réunit pour entendre des témoins. La séance d'aujourd'hui se tient selon une formule hybride.
J'aimerais commencer par vous fournir un peu d'information compte tenu de la motion adoptée par la Chambre, le mercredi 23 septembre 2020.
Le Comité siège désormais selon une formule hybride, de sorte que les membres peuvent participer à la séance en personne ou par vidéoconférence. Les témoins doivent absolument comparaître par vidéoconférence. Tous les membres, quelle que soit la façon dont ils y participent, seront pris en compte dans le calcul du quorum. Cependant, le pouvoir de siéger du Comité est limité par l'utilisation prioritaire des ressources de la Chambre, selon les décisions des whips.
Toutes les décisions doivent être prises par vote par appel nominal, à moins que le Comité n'en décide autrement par consentement unanime ou avec dissidence. Enfin, le Comité peut délibérer à huis clos, pourvu qu'il tienne compte des risques potentiels de bris de la confidentialité inhérents à ce type de délibérations avec des participants à distance. Les délibérations d'aujourd'hui seront accessibles depuis le site Web de la Chambre des communes, et je rappelle que c'est toujours la personne qui parle qui apparaît à l'écran plutôt que l'ensemble du Comité.
Pour assurer le bon déroulement de la séance, j'aimerais vous présenter quelques règles à suivre.
Pour ceux qui participent à la séance virtuellement, les membres comme les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts, et vous avez le choix, au bas de votre écran, entre « Parquet », « Anglais » ou « Français ». Avant de prendre la parole, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Quand vous avez terminé de parler, je vous prie de désactiver votre micro pour réduire au minimum les interférences.
Je vous rappelle que toutes les observations des membres et des témoins doivent être adressées à la présidence. Si un député veut demander la parole en dehors de la période qui lui est réservée pour les questions, il doit activer son micro et indiquer qu'il invoque le Règlement. Si un député souhaite réagir au rappel au Règlement d'un de ses collègues, il doit utiliser la fonction « Lever la main ». Je saurai ainsi que vous voulez prendre la parole et créerai une liste d'intervenants. Pour ce faire, vous n'avez qu'à cliquer sur l'icône « Participants » de votre barre d'outils, au bas de votre écran. Quand la liste apparaît, vous verrez, près de votre nom, une icône pour lever la main.
Veuillez vous exprimer lentement et clairement. À moins de circonstances exceptionnelles, l'utilisation d'un casque d'écoute muni d'un microperche est obligatoire pour tous les participants à distance. Si un problème technique survient, veuillez en aviser immédiatement la présidence. Il est à noter que nous pourrions devoir suspendre quelques instants nos travaux en pareil cas, car nous devons nous assurer que tous les députés peuvent participer pleinement à la séance.
Pour ceux qui y participent en personne... Je crois que personne n'y participe en personne ce soir, donc je ne lirai pas les règles à cet égard.
Pour ce qui est de la liste des intervenants, la greffière du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour toujours la tenir à jour, en tenant compte de tous les députés, qu'ils y participent en personne ou virtuellement.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins de la première partie de notre réunion, ce soir. Notre premier groupe se compose de Shelley Denny, qui comparaît à titre personnel, ainsi que d'Allison Bernard, directeur de la faune pour la Mi'kmaq Rights Initiative.
Nous avons tenté d'inviter d'autres personnes ici, ce soir, question d'entendre des témoins de tous les horizons, mais le délai était court, et nous voulions tout de même commencer notre étude.
Nous entendrons donc sans plus tarder les allocutions d'ouverture.
Madame Denny, vous serez la première et vous aurez un maximum de six minutes. La parole est à vous.
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Bonsoir. Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant le Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes pour le lancement de votre étude sur la mise en œuvre des droits de pêche issus de traités des Micmacs visant à assurer une subsistance convenable.
Je suis moi-même une Micmaque, membre de la Première Nation de Potlotek, mais je vis à Eskasoni depuis un certain temps. Je suis étudiante de doctorat au programme des affaires maritimes de l'Université Dalhousie, et je cherche justement des solutions aux enjeux qui occupent le Comité: comment pouvons-nous réussir à mettre en œuvre les droits inhérents et issus de traités des Micmacs en Nouvelle-Écosse?
J'ai eu la chance de participer à un projet de recherche participative financé par le Conseil de recherches en sciences humaines et intitulé Fish-WIKS, un acronyme pour « fisheries western and indigenous knowledge systems ». Notre objectif est d'utiliser les deux systèmes de connaissances pour améliorer la gouvernance des pêches sur les trois côtes du Canada. Mon rôle, à titre de chercheure doctorante dans la région de l'Atlantique était d'orchestrer et de mener des recherches pour répondre aux besoins actuels de gouvernance des pêches des communautés autochtones et analyser diverses solutions sous l'angle des deux systèmes de connaissances, selon ce qu'on appelle une « approche à double vison ». Selon l'approche à double vision, les connaissances sont considérées comme un système, qui ne se limite pas qu'à l'objet des connaissances et qui tient compte aussi de la façon dont elles sont acquises.
Un système de connaissances, qu'il soit occidental ou autochtone, comprend beaucoup de choses. Les éléments que la plupart des gens connaissent en seraient ce que nous savons, comment nous exerçons nos connaissances, comment nous nous y adaptons et comment nous les transmettons, mais on oublie souvent les valeurs et les croyances à la base de ces connaissances, qui distinguent un système de connaissances d'un autre. C'est problématique, parce que les valeurs et les croyances sous-jacentes d'un système sont souvent en contradiction avec celles d'un autre, ce qui peut nuire à la collaboration.
Cependant, notre projet de recherche Fish-WIKS montre qu'on peut aussi miser sur les similarités pour construire des ponts d'un système de connaissances à l'autre et mieux en comprendre les différences. Cela signifie qu'il est essentiel pour ceux qui proviennent de systèmes de connaissances différents de comprendre les valeurs et les croyances à la base de chaque système, puis que toutes les parties qui contribuent à la recherche de solutions les prennent en considération pour s'orienter. La recherche montre clairement que si les croyances de base profondes sont non négociables, les valeurs, comme la justice, sont souvent communes d'un système de connaissances à l'autre et que par conséquent, elles sont plus facilement comprises dans les efforts de résolution des conflits.
Aujourd'hui, j'aimerais vous faire part de quelques résultats de mes recherches pour vous aider à comprendre la situation. Il est malheureux que les discussions tournent tant autour de ce qu'on entend par une « subsistance convenable » parce que le nœud de la question est plutôt « comment » on peut mettre en œuvre les droits de pêche issus de traités des Micmacs.
De 2018 à 2019, j'ai mené 48 entrevues auprès de 52 personnes expérimentées en matière de gouvernance, d'histoire et de droit des pêches. J'aimerais vous faire part aujourd'hui des grands défis que j'ai observés dans le cadre de mes travaux. Je suis certaine qu'ils vous sembleront familiers, mais ces constats sont appuyés par mes recherches. Il n'est pas surprenant que les relations conflictuelles soient à la base des tensions actuelles. Les raisons à la base de ces relations conflictuelles sont notamment les comportements antagonistes persistants envers les pêcheurs micmacs, la méfiance externe et interne, une mauvaise compréhension du contexte micmac et la concurrence pour les ressources.
Les lacunes contribuant à la situation actuelle sont nombreuses. Par exemple, il n'y a pas de politique fédérale sur les pêches de subsistance. De plus, le gouvernement doit renforcer sa capacité de mettre en œuvre les droits des Micmacs, puisque son approche actuelle est inadéquate, souvent plus réactive que proactive. Par ailleurs, en général, les choses évoluent lentement au gouvernement. Les gens de l'industrie accordent beaucoup de valeur aux règles et sont frustrés que les règles qui s'appliquent dans l'industrie ne s'appliquent pas à la pêche et aux pêcheries autochtones, de sorte qu'ils jugent que les pêcheurs autochtones sont dans un vide juridique. Pour leur part, les Micmacs veulent répondre aux besoins de leurs familles grâce à une pêche de subsistance, mais n'ont pas les moyens de le faire. Les négociations se font de nation à nation, mais le plus souvent sans la participation des pêcheurs touchés. Si tous les Micmacs ont des droits, ils ne souhaitent pas tous faire de la pêche de subsistance. Il est nécessaire d'identifier qui souhaite pêcher. La gouvernance est déficiente à l'échelle communautaire aussi, ce qui inquiète le MPO.
Les visions opposées des pouvoirs de gestion des pêches sont évidentes. Elles sont intimement liées à la perception de légitimité des systèmes de gouvernance. La légitimité est la perception d'une action politique, si elle est considérée juste par les différentes personnes touchées ou intéressées. Il y a des difficultés de part et d'autre en ce qui concerne la perception et l'acceptation des outils de gouvernance utilisés. Les pêcheurs micmacs valorisent la préservation de leurs pratiques culturelles et associent l'exercice de leurs droits micmacs à leur identité et à la reconnaissance des traités. Selon eux, ils n'ont pas besoin de permis pour pêcher. Ils ont déjà leurs traités, et cette autorisation leur revient de droit dès leur naissance.
Une gouvernance fondée sur des enseignements culturels transmis de génération en génération par la famille est en dissonance avec l'approche hiérarchique, très réglementée des pêches du MPO. Cependant, de part et d'autre, on considère actuellement qu'il manque une structure de gestion des pêches. Les Micmacs savent que l'exercice de leurs droits présente des difficultés, notamment les abus, et qu'il doit y avoir un moyen culturellement adapté de gérer les abus, puisqu'il y a des questions éthiques sous-jacentes qui échappent au MPO et au système de justice canadien. Il faut que les Micmacs se dotent de règles sur la pêche et les pêcheries.
Il faut reconnaître que ce n'est pas qu'un cauchemar opérationnel pour le MPO. C'est un problème de gouvernance qui exige qu'on laisse de l'espace aux Micmacs selon le principe du partage. L'industrie doit laisser de la place aux pêches de subsistance des Micmacs en partageant l'accès aux ressources. Le MPO doit faire de la place à un modèle de gouvernance différent, qui soit cohérent avec les traités et les lois canadiennes, dans lequel les pouvoirs exécutoires et décisionnels sont partagés, afin de favoriser la mise en place d'un cadre juridique qui permette à ce modèle de gouvernance des pêches de s'implanter.
Il est évident que la capacité du MPO de régir les pêches des Micmacs est limitée, compte tenu de la protection des droits autochtones issus de traités garantie par la Loi constitutionnelle du Canada, mais l'élément et l'atout importants qu'on oublie souvent, c'est la volonté des Micmacs de contribuer à la gouvernance des pêches. Saisissons l'occasion de miser sur les valeurs communes de gouvernance pour déterminer comment ces systèmes peuvent coexister et faisons preuve d'innovation pour respecter les valeurs uniques à chaque système.
Maintenant que nous comprenons les raisons sous-jacentes aux relations conflictuelles entre les deux parties, nous devons prendre conscience du fait que nos actes doivent inspirer la confiance et se fonder sur de bons principes de gouvernance, il faut favoriser l'éducation sur les traités et réduire au minimum la concurrence entre les pêcheurs et les pêcheries.
Merci. Wela’lioq.
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Bonjour. Je m'appelle Allison Bernard. Je travaille au service de la Mi’kmaq Rights Initiative. Je m'occupe des pêches depuis 10 ans. J'ai vu beaucoup de hauts et de bas, comme j'ai vu deux gouvernements différents essayer de trouver des solutions.
Mon expérience en la matière a souvent été troublante. Je constate que les Micmacs n'ont jamais vraiment eu la chance d'avancer, même si nous jouissons de ce droit issu de traités et malgré l'arrêt Marshall, rendu en 1999, soit il y a 21 ans. Cela me brise le cœur, parce que mon père était le chef de notre communauté quand il a été prononcé. Tout le monde croyait que les pêcheurs pourraient recommencer à pêcher et continuer leur vie, mais quoi qu'il en soit, ce n'est pas ce qui est arrivé.
Il y a eu beaucoup de pourparlers entre l'Assembly of Nova Scotia Mi’kmaq Chiefs et le gouvernement, le MPO, jusqu'au cabinet du ministre. Il y en a toujours eu, mais il n'y a pas vraiment de progrès.
C'est un peu comme un mouvement de troisième génération pour faire valoir la décision Marshall. Comme je l'ai dit, mon père a été le premier en lice. Je suis de la deuxième génération. J'ai été conseiller de bande pendant 10 ans. Aujourd'hui, mon propre fils pêche et il connaît beaucoup de difficultés, parce que les incohérences abondent, quoi qu'il se passe.
Notre peuple nous dit que nous avons un droit — et les tribunaux le reconnaissent — mais globalement, ce qui arrive depuis bien des semaines... J'étais présent, en plein centre de Saulnierville, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, où toutes les manifestations ont eu lieu entre les pêcheurs acadiens, ou les pêcheurs de la région, et les Micmacs. C'est vraiment dur de voir les nôtres, particulièrement les jeunes — qui étaient tellement excités d'aller pêcher —, puis de voir les gens de l'industrie venir détruire des pièges, couper des cordages, saisir des cages et pourchasser nos bateaux dans l'eau. En tant qu'ex-policier, qui comprend ce qui se passe, je crois qu'il aurait dû y avoir des mesures ou d'autres interventions du MPO ou de la GRC pour prévenir ces gestes disgracieux de pêcheurs et de groupes furieux.
Nous exerçons notre pêche de subsistance, comme nous le faisons depuis des milliers d'années, selon le concept de netukulimk. Netukulimk est un mot très fort dans notre culture. Il limite nos activités et nous oblige absolument à respecter tout ce qui se trouve dans l'océan et autour de nous, y compris les plantes, les oiseaux, l'air, l'eau, tout ce qui nous entoure. Nous ne perturberons rien.
Quoi qu'il en soit, j'étais très heureux d'être invité par votre comité ce soir. J'ai vu neiger. Je pense que quelque chose doit être fait pour rendre le message plus cohérent au MPO et améliorer les relations entre C et P et la haute direction du MPO. À mon avis, les différents secteurs du ministère ne collaborent pas entre eux, compte tenu des différences d'une région à l'autre. Comme je l'ai déjà dit, d'autres pièges ont été saisis à St. Peter’s Bay au cours des derniers jours, et la GRC l'a dit. Jamais Ottawa ou le cabinet du ministre n'a dit que l'équipement de pêche ne devrait pas être saisi. Le seul équipement qui reste est celui de notre pêche de subsistance, à des fins alimentaires, sociales et cérémoniales.
Comme je l'ai déjà dit, je participe à bon nombre des choses qui se passent en ce moment. Tout va bien. Il y a eu une manifestation pacifique aujourd'hui pour la pêche micmaque, du comité sur les pêches, je suppose, de la part de personnes qui appuient nos jeunes pêcheurs. Quand je dis « jeunes », c'est que je parle de la troisième génération de pêcheurs, je le répète. Je ne suis plus apte à aller pêcher, donc ce sont mes fils qui y vont.
À mon avis, c'est le MPO qui fait preuve d'incohérence, dans la façon de s'organiser et de se conduire, selon que la décision vienne de C et P ou du cabinet du ministre. Cela doit changer.
Comme je l'ai déjà dit, je baigne dans le dossier des pêches de subsistance depuis des années, mais je participe aussi aux consultations sur à peu près tout, donc je vois comment tout est interrelié, qu'on parle de la conservation, des besoins alimentaires ou sociaux ou de l'industrie. Cela me brise le coeur de voir qu'un groupe de personnes, toutes néo-écossaises, ne semble pas pouvoir s'entendre et trouver de solutions, alors qu'il est évident qu'il y a des personnes assez intelligentes pour cela tant dans l'industrie que dans le système et le gouvernement micmacs.
Nous devons être reconnus. Quand nous affirmons nos droits, nous avons une structure de gouvernance. Nous sommes le troisième ordre de gouvernement en Nouvelle-Écosse. Il y a la province, il y a les Micmacs et il y a le ministère fédéral.
Depuis des années, on ignore les droits héréditaires des Micmacs de mettre en place leur propre structure de gouvernance, et il a fallu les événements du mois dernier, où les Micmacs ont dit que c'était assez... Nous devons faire ce qui est bon pour notre peuple, et nous devons pêcher.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie simplement à la fois Mme Denny et M. Bernard de prendre le temps, ici ce soir, malgré le court préavis, de discuter avec nous de cette situation très grave qui nous occupe en ce moment. Nous vous sommes reconnaissants de prendre le temps de comparaître devant le Comité. Merci. Nous vous remercions de vos réflexions et nous nous réjouissons à l'idée de vous entendre encore au fur et à mesure que nous avancerons dans ce dossier.
De toute évidence, il y a toute une série d'événements qui ont mené à cette situation, qui n'est pas arrivée du jour au lendemain. Il semble bien que ce soit une situation qui s'annonçait depuis un certain temps, et tout récemment, les choses se sont empirées au point où nous nous trouvons dans les circonstances actuelles.
Je pense qu'il est très important pour tous les Canadiens, pour nous tous, de faire en sorte de bien comprendre et de bien faire les choses. Il est très bien établi que les Autochtones ont le droit de pêcher, de maintenir une pêche, cela ne fait aucun doute, et nous voulons nous assurer que leurs droits soient respectés et qu'ils puissent être exercés.
Nous comprenons aussi que tant pour les pêches autochtones que non autochtones, la conservation des espèces est fondamentale dans tous les secteurs, parce que nous voulons qu'il y ait beaucoup de homards, beaucoup de poissons, beaucoup d'espèces, en abondance dans les océans pour les générations futures, autochtones comme non autochtones, pour que tous puissent en vivre.
Je suis content que vous soyez parmi nous ce soir. J'aimerais d'abord vous poser à tous les deux la question qui suit: comment avez-vous vu les événements se succéder pour créer la situation actuelle? Il semble bien que tout cela soit en grande partie attribuable à l'inaction du gouvernement et du à l'égard de la situation en Nouvelle-Écosse. J'aimerais vous demander à tous les deux ce que vous pensez de la réponse du gouvernement — et du ministre en particulier — devant la situation jusqu'à maintenant.
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Pour avoir moi-même observé la situation et pris part à des manifestations à Saulnierville, je trouve que c'est vraiment désolant... J'y suis allé en quelque sorte pour agir comme gardien de la paix, car je savais qu'il risquait d'y avoir des tensions. Il est significatif pour les Micmacs que le MPO n'intervienne pas en mer comme il devrait le faire, car ils ont l'impression que le ministère et le gouvernement ne se préoccupent pas vraiment de leur sort.
J'ai entendu les déclarations faites par la ministre au cours des derniers mois alors que les gens de l'industrie se sont ralliés pour aller manifester devant son bureau. Je suis conscient que sa tâche est loin d'être facile, et il va de soi que je sympathise avec elle. Comme je suis moi-même un ancien politicien et que j'ai consacré toute ma vie à la politique, je sais très bien que l'on ne peut pas plaire à tout le monde.
Il y a toutefois une mise en garde importante que je dois servir. Lorsque l'on risque de brimer ainsi les droits ancestraux et issus de traités des Autochtones, toutes les entités gouvernementales, qu'il s'agisse du MPO, de la GRC ou d'une autre agence, sont légalement tenues d'intervenir pour assurer la protection de ces droits. Ce n'est malheureusement pas ce qu'on a fait.
On a plutôt dû constater que l'industrie a pu en faire à sa tête, et j'ai trouvé extrêmement navrant et tout à fait terrifiant — en tant qu'ancien agent de police, comme je l'indiquais — de voir toutes les injustices ainsi commises en mer. C'était devenu une véritable zone de guerre et nous priions tous pour que personne ne soit blessé. Il faut avouer que ces navires passaient bien près de foncer dans des embarcations micmaques beaucoup plus petites.
À mon avis, la ministre n'a pas fait ce qu'elle aurait dû faire. Elle aurait dû intervenir sur-le-champ de façon énergique. Elle s'est plutôt contentée de déclarations après les émeutes et les différents événements.
Les choses auraient pu facilement tourner en confrontation. Il est arrivé à quelques reprises que les deux groupes — les Micmacs et les pêcheurs allochtones — se retrouvent face à face, ce qui m'a obligé à m'interposer en compagnie d'un autre ex-policier de la région de la Première Nation de Sipekne'katik. Nous avons dû convaincre nos gens de renoncer à vouloir se faire justice eux-mêmes. Nous avons ainsi pu prévenir des affrontements extrêmement violents en quelques occasions.
Si l'on y réfléchit bien, il est difficile pour chacun de se retrouver dans une telle situation quand il sait qu'il agit correctement, qu'un traité lui confère le droit d'agir de la sorte et que ce droit devrait être protégé. Comme je l'indiquais, tout agent fait le serment de protéger la Constitution canadienne en faisant appliquer toute la réglementation en vigueur, que celle-ci découle de la Loi sur la GRC ou de la Loi sur les pêches. En fin de compte, la Constitution demeure le fondement de tous les droits au pays. Il est vraiment terrible de voir un gouvernement rester les bras croisés en pareil cas, et je peux seulement me réjouir du fait que personne n'ait perdu la vie là-bas.
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Oui, certainement. Merci, monsieur Battiste.
Il y a des motifs justifiant l'établissement de saisons pour la pêche, mais ils sont liés pour la plupart aux conditions du marché. Le Canada préfère vendre le homard à carapace dure. Il faut également tenir compte de la saison de reproduction du homard. Comme il n'y a pas d'épisode de frai de masse, les homards ont besoin d'un certain temps pour trouver des partenaires, les protéger et attendre la mue, soit le délestage de la carapace externe, et également que cette carapace se reconstitue. Tout cela ne se fait pas du jour au lendemain.
Je pense aussi que les conditions de mer et de glace sont déterminantes. Ces conditions font en sorte que les possibilités de pêche ne sont pas les mêmes pour tous. Ainsi, la situation est différente dans la baie de Fundy où il n'y a pour ainsi dire jamais de glace. Les marées y sont si hautes que la glace se retire au fur et à mesure.
Il est réellement difficile de justifier l'établissement de saisons de pêche en invoquant des motifs de conservation. Si l'on considère la situation dans le Canada atlantique, il y a par exemple une zone de pêche au homard (ZPH) où l'on peut pêcher d'août à octobre, et c'est la ZPH 25. Pendant que l'on pêchait dans la ZPH 39, il y avait donc aussi de la pêche commerciale dans la ZPH 25. Il est très difficile de justifier des règles uniformes pour les saisons de pêche lorsque celles-ci varient d'une région à l'autre de la Nouvelle-Écosse et du Canada atlantique.
Pour faire de la place aux Micmacs, il faut en fait partager l'accès à la ressource. Pour ce qui est de la conservation, il y a différentes possibilités qui s'offrent. Ils participent à un plan intégré de gestion des pêches et pourraient avoir davantage leur mot à dire en la matière. Ils peuvent suggérer, si bon leur semble, une réduction du nombre de casiers. Ils peuvent demander des modifications aux saisons de pêche. Ainsi, lorsque la pandémie a éclaté, on leur a offert la possibilité de choisir une saison différente ou de fractionner les saisons. En toute logique, on ne peut pas vraiment invoquer la conservation comme justification pour l'établissement des saisons de pêche.
Je pense que la participation des Micmacs au secteur des pêches pourrait prendre d'autres formes. Il faut se montrer novateur et j'estime que l'industrie offre de nombreuses perspectives en ce sens. C'est aussi le cas du ministère, mais je préférerais que l'initiative vienne de l'industrie, car cela nous procure de meilleurs moyens d'action tout en démontrant une capacité de partage. On s'éloignerait ainsi de l'approche autoritaire traditionnelle avec laquelle les gens ont l'impression de se voir imposer une réduction du nombre de casiers ou d'autres mesures semblables. Il s'agit de reconnaître la nécessité d'un effort de conservation tout en offrant certaines pistes de solution.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord remercier les deux témoins. Évidemment, j'ai des questions à leur poser.
Madame Denny, je vous remercie pour la qualité de votre témoignage. Je l'ai trouvé très intéressant. J'aurais beaucoup de questions à vous poser, mais je vais me limiter à quelques-unes. Vous avez déjà parlé de conservation, alors je vais aborder avec vous un autre sujet qui nous intéresse tous, soit celui de la subsistance convenable. Je souhaiterais connaître votre point de vue concernant la façon dont les autorités compétentes devraient définir ce concept, tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif.
J'aimerais également entendre M. Bernard là-dessus, s'il vous plaît.
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Je vais répondre d'abord, si vous n'y voyez pas d'objection.
La subsistance convenable est une affaire de concept davantage que de définition. C'est malheureusement cette question qui monopolise le débat. Tant et aussi longtemps que vous n'avez pas mis en place un processus permettant de collaborer véritablement pour mettre en oeuvre ce concept... Je déteste parler d'une définition, car c'est très limitatif. Le concept de subsistance convenable correspond à la capacité de subvenir à ses propres besoins du point de vue spirituel, culturel, économique et social. C'est davantage que de simplement accumuler des revenus.
Je pense que c'est ce qui manque dans la perception des gens quant au concept de subsistance convenable. Il est bien certain que l'on peut en tirer des avantages économiques, mais il y a bien d'autres choses à prendre en considération. Je crains qu'en voulant trop définir ce concept, on en limite la portée. Une fois que le concept est ainsi trop étroitement défini, il devient vraiment difficile de voir comment on peut le rendre opérationnel. J'estime qu'il est plus important de déterminer comment nous pouvons travailler tous ensemble pour gérer une pêche de subsistance que de nous employer à définir le terme « subsistance convenable ».
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Comme je n'ai pas entendu l'interprétation, je n'ai pas vraiment compris la question. Est-ce que cela portait sur la subsistance convenable?
Comme Shelley l'indiquait, on ne peut pas vraiment définir le concept de subsistance convenable, car c'est notre mode de vie depuis des millénaires, d'autant plus que les temps ont changé, et que les responsabilités et les besoins des Micmacs ont aussi évolué.
Comme vous le savez tous, je vis dans une communauté durement touchée par la pauvreté, près de 75 % de nos membres se retrouvant dans cette situation. Nous avons aussi des taux de suicide élevés et une pléthore de problèmes sociaux. Entre 75 % et 80 % de nos gens doivent essentiellement s'en remettre à l'aide sociale. Il est très décourageant de voir tous ces jeunes désoeuvrés qui n'ont pas vraiment d'avenir en perspective ni quelque espoir que ce soit auquel se rattacher.
Lorsque la situation s'est présentée et que nous avons tous convenu que les Micmacs iraient pêcher, les Premières Nations d'Eskasoni et de Chapel Island ont établi leurs plans de gestion, et celle de Sipekne'katik en a fait autant. Il était fort encourageant de voir ces jeunes heureux pour une fois en accédant à une certaine dignité dont ils ne jouissaient tout simplement pas auparavant. Ils peuvent désormais envisager un avenir où ils pourront gagner leur vie et subvenir aux besoins de leur famille, ce qui nous fait sincèrement regretter tout ce temps où ils ont été privés d'une telle possibilité. Il en est ainsi depuis que des droits ancestraux nous ont été conférés par voie de traités, ces mêmes traités étant consacrés par la Constitution canadienne. Je trouve particulièrement aberrant que le MPO et les autres instances n'approuvent pas ou n'appuient pas cette initiative. C'est ce que j'ai pu constater en même temps que toutes les contrariétés qui se manifestent actuellement alors que des gens qui n'ont pas les moyens de racheter des casiers se sont vus saisir les leurs au cours des derniers jours et se demandent bien ce qu'ils doivent faire maintenant. Tout cela parce que les autres intervenants au sein de l'industrie exercent des pressions sur les fournisseurs pour qu'ils ne nous vendent plus les appâts, les permis et les autres sous-produits dont nous avons besoin pour pêcher.
Les choses sont en train de changer. J'ai vu les déclarations de certains restaurateurs à Montréal et dans la région de Halifax qui disent ne plus vouloir de homard en raison du conflit. Je pense qu'il y a une façon de régler le tout. Notre secteur de pêche au homard a droit à 25 étiquettes de prise supplémentaires par permis en Nouvelle-Écosse, ce qui lui permet de pêcher avec 375 casiers dans la région du sud-ouest. Ils ont de plus aussi droit à 50 casiers supplémentaires par détenteur de permis, ce qui suffit pour totaliser près de 50 000 casiers. Les Micmacs seraient bien en peine d'utiliser 50 000 casiers dans ce secteur, et même dans l'ensemble de la Nouvelle-Écosse. Il y a donc une importante marge de manoeuvre dont on pourrait se servir, mais chacun doit y mettre un peu du sien parce qu'en fin de compte, nous bénéficions d'un droit, et non d'un privilège.
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Oui, certainement. J'appuie toutes les nations de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick ou des Maritimes qui souhaitent mettre en œuvre leur propre plan de gestion en respectant les conditions de la pêche netukulimk.
Netukulimk est une notion puissante. Je l'ai d'abord entendue lorsque j'étais jeune et que j'habitais avec mon grand-père, car il vivait seul et je suis allé habiter avec lui dans sa maison. C'est un homme très sage. J'ai également beaucoup appris de mon père. Ces deux hommes m'ont enseigné comment chasser et ne pas prendre plus que le nécessaire pour nourrir notre peuple.
Cela s'applique également à la pêche. Je n'ai jamais ramené un sac plein de poissons ou de homards à la maison. Et si je le faisais, on m'aurait dit d'aller les distribuer chez les voisins et les membres de la famille, car ces gens en avaient besoin.
La notion de netukulimk est si profondément enracinée en moi que lorsque je travaille sur le terrain autour de ma maison, je ne coupe pas certains arbres ou certaines plantes si ce n'est pas nécessaire, car ces arbres et ces plantes ne me dérangent pas. Ce sont des cadeaux de mère Nature. Il y a partout des plantes et des plantes médicinales avec lesquelles nous vivons en harmonie depuis des milliers d'années. Cette notion fait partie du fondement de notre identité.
Nous serons les premiers à mener cette lutte, comme Mme Denny l'a dit lorsque nous parlions du saumon, et nous avons élaboré notre plan. Toutefois, même si nous avons le droit de prendre environ 500 saumons dans les rivières de notre région, nous ne le faisons pas. Nous prenons probablement de 30 à 40 poissons ou moins pendant la saison automnale, et ce n'est pas beaucoup.
Nous ne faisons rien qui pourrait nuire à une espèce, comme c'est arrivé à la morue... Si tout le monde pratiquait la notion de netukulimk, il y aurait encore de la morue le long de nos côtes, mais ce n'est plus le cas. Autrefois, des espèces comme le hareng étaient tellement abondantes qu'elles changeaient la couleur de la mer autour de Crane Cove, où j'habite, mais c'est terminé maintenant. Il n'y a plus de poissons de fond dans le lac Bras d'Or. Il n'y a presque plus de homards à cause de la surpêche.
Si tout le monde respectait la notion de netukulimk, il n'y aurait même pas 50 étiquettes. Les membres de nos collectivités se moqueraient de ceux qui auraient 200 ou 300 étiquettes et de ceux qui demanderaient plus de 50 étiquettes de remplacement. Comme je l'ai dit, et je reviendrai sur cette notion, ces 50 étiquettes représentent 50 000 casiers à homard.
Avec tout ce qui se passe, nous sommes les protecteurs de la nature. Nous sommes la seule voix de ces espèces. M. Albert Marshall, notre aîné respecté, qui est également mon voisin, dit toujours qu'il faut parler au nom des espèces de la nature, car elles ne peuvent pas parler pour elles-mêmes, et il nous revient donc de les protéger. Je crois que si cela signifie que nous devons nous battre contre l'industrie, nous devrons le faire.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais également remercier Mme Denny et M. Bernard d'être ici aujourd'hui.
Les événements qui se déroulent en Nouvelle-Écosse me troublent énormément.
Je me souviens qu'il y a quelques années, lorsque j'étais président de la B.C. Wildlife Federation, nous avons eu un conflit sur le fleuve Fraser à propos de la pêche au saumon. Une réunion avait été organisée entre les différents intervenants pour discuter de leurs diverses activités et pour mieux comprendre la position de chacun. Le jour où cette réunion devait avoir lieu, un conflit a éclaté sur le fleuve, et l'un des chefs des Premières Nations a été touché à la joue par un projectile de fusil à plomb. Heureusement, personne n'a été gravement blessé, mais à cause de cet incident, la réunion qui devait avoir lieu — et qui était organisée par le MPO — a été immédiatement annulée.
J'étais dans le bureau de l'organisme à ce moment-là et j'ai collaboré avec les gens du bureau... Nous avons communiqué directement avec le bureau du chef des Premières Nations, et nous avons pu poursuivre la réunion. Nous l'avons organisée de façon à ce que les deux parties puissent discuter et mieux comprendre la position de l'autre.
C'est ainsi qu'a été créée l'organisation Fraser River Peacemakers, qui s'efforce depuis des années de mieux comprendre les différents points de vue des pêcheurs sur ce fleuve. Dans une grande mesure, la situation est maintenant beaucoup plus pacifique qu'auparavant.
J'aimerais rapidement demander aux deux témoins si, selon eux, cela pourrait faire partie de la solution dans la situation actuelle.
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Les pêcheurs micmacs et ceux qui pratiquent la pêche au homard commerciale n'interagissent pratiquement pas. Cela résume la situation. Lorsque des négociations se produisent de gouvernement à gouvernement et de nation à nation, ils sont largement exclus de ces discussions. Il y a tellement de tension en ce moment qu'il serait difficile de réunir ces gens dans la même salle, selon moi. Mais, je n'en suis pas certaine.
En même temps, nous avons souvent demandé du soutien au MPO, afin que des agents de conservation soient présents pour appuyer les droits des Micmacs et pour informer les intervenants de l'industrie de ces droits. Toutefois, cela ne s'est pas concrétisé. Cela n'a pas été fait non plus dans le cas du saumon, et c'est quelque chose que nous tentons d'obtenir chaque année.
J'ai bon espoir que cela pourrait représenter une partie de la solution, mais je pense certainement qu'il faut laisser les choses se calmer pendant un certain temps. Je pense également qu'il faut établir une communication constructive entre les deux groupes, échanger des renseignements et certainement informer les intervenants sur le nombre de prises et le nombre de pêcheurs à l’œuvre.
Les gens ne peuvent pas décider de prendre les choses en main comme cela. De plus, couper des casiers à homard va à l'encontre des efforts en matière de conservation. En effet, les gens touchés ont maintenant besoin de pêcher davantage pour avoir les moyens de remplacer l'équipement qu'ils avaient déjà eu du mal à obtenir. Ce n'est certainement pas une bonne situation.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Ma première question s'adresse à Mme Denny. Je vous serais reconnaissant de me donner une brève réponse, car vous avez déjà parlé de la notion de conservation.
J'aimerais que vous formuliez un commentaire. Au cours des 40 dernières années, les pratiques de gestion mises en oeuvre dans le domaine de la pêche, à savoir les saisons structurées et les limites sur la taille des homards, ont permis à cette industrie de devenir très lucrative aujourd'hui.
Quelle serait la raison ou la justification principale pour modifier une pratique de gestion établie qui a permis à cette pêche de devenir très importante au Canada Atlantique?
Pouvez-vous répondre très brièvement?
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, j'ai une autre question à poser aux deux témoins, et j'aimerais qu'on ne politise pas le débat. Je n'ai pas envie de savoir qui a fait pire que l'autre. J'aimerais plutôt qu'on cherche des solutions.
Madame Denny, vous avez dit plusieurs choses qui m'interpellent, par exemple la façon dont le gouvernement et le ministère pourraient mieux travailler. Dans votre article paru dans le Chronicle Herald, vous dites que le concept de conservation — on en revient à ce concept — est instrumentalisé et utilisé politiquement par le ministère.
Pouvez-vous donner plus de détails sur ce qui pourrait être amélioré, selon vous?
J'aimerais dire quelques mots aux nouveaux témoins.
Avant de parler, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous êtes prêts à prendre la parole, vous pouvez cliquer sur l'icône du micro pour l'activer. Les témoins doivent toujours adresser leurs observations à la présidence. L'interprétation dans le cadre de cette vidéoconférence fonctionnera pratiquement de la même manière qu'à une réunion ordinaire du Comité. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français. Lorsque vous parlez, veuillez vous exprimer lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, assurez-vous que votre micro est désactivé pour éviter que nous entendions un retour audio ou d'autres sons.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins du deuxième groupe. Nous accueillons M. Sproul, président de la Bay of Fundy Inshore Fishermen's Association, de même que Mme Canet et M. Cloutier, qui représentent le Regroupement des pêcheurs professionnels du Sud de la Gaspésie.
Nous allons maintenant écouter l'allocution des témoins.
Nous allons commencer par vous, monsieur Sproul. Vous avez tout au plus cinq minutes, s'il vous plaît.
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Merci, monsieur le président.
Bonsoir, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je vous remercie infiniment de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui. Les membres de la Bay of Fundy Inshore Fishermen's Association sont reconnaissants d'avoir l'occasion d'exprimer leurs préoccupations. L'Association représente près de 200 entreprises de pêche familiales sur la côte de Fundy en Nouvelle-Écosse. Depuis 30 ans, nous réclamons des pratiques durables et une gestion des pêches à l'échelle communautaire. Nous avons été une figure de proue dans la coexistence pacifique entre les pêcheurs non autochtones et ceux des Premières Nations, et nous collaborons depuis longtemps avec les gouvernements et les organismes de réglementation à tous les niveaux. Cela nous a valu une réputation d'allié précieux pour les enjeux relatifs aux océans. Il va sans dire que nos membres sont fiers de leur héritage à titre de pêcheurs progressistes qui font les choses différemment. Nous sommes tous résolus à préserver notre mode de vie pour les Néo-écossais de demain.
Je suis ici aujourd'hui pour me porter à la défense d'un mode de vie véritablement durable qui existe depuis 400 ans. L'année dernière, l'industrie de la pêche a exporté bien au-delà de 2 milliards de dollars de produits de la mer en provenance de la Nouvelle-Écosse. Nous ne sommes pas une industrie vieillotte et artisanale. La pêche est le moteur économique de la province. Elle emploie 26 000 personnes directement et 26 000 autres indirectement. Par conséquent, notre industrie est aujourd'hui le plus grand employeur de la Nouvelle-Écosse, à l'exception du secteur public. Mais ces chiffres ne révèlent pas tout. Ce qu'il faut comprendre, c'est la façon dont ces 2 milliards de dollars entraînent des retombées économiques jusque dans les collectivités les plus isolées de la province. Il s'agit véritablement de la pierre angulaire de notre économie et du seul rempart qui sépare la prospérité actuelle de nos nombreuses collectivités côtières du fort déclin économique qu'on observe dans les autres régions rurales du Canada atlantique.
Ce n'est pas par hasard que l'industrie de la pêche en est arrivée là. Sa réussite est attribuable à son travail acharné, à son respect de l'environnement et à son application du principe de précaution dans la gestion des pêches. Nous avons pris soin de notre pêche côtière, et elle nous le rend bien aujourd'hui.
L'Association respecte et reconnaît les droits d'accès à la pêche des Autochtones, et nous condamnons explicitement tous les actes de violence dans le secteur de la pêche. Par conséquent, une importante question se pose aujourd'hui: pourquoi sommes-nous soudainement impliqués dans un conflit après 21 années de coexistence pacifique mutuelle? À son époque, mon arrière-grand-père pêchait dans notre petite anse de la baie de Fundy, en paix et en coexistence avec les pêcheurs néo-écossais de descendance africaine et micmaque. Nous avions des choses en commun: le respect de la mer et de son abondance dont nous dépendions, et surtout, notre situation de pauvreté extrême. Depuis cette époque, des choses horribles ont été faites aux pêcheurs micmacs en raison du colonialisme et du gouvernement, qui les a privés de leurs droits de pêche. Ce ne sont pas mon grand-père et les autres pêcheurs de l'anse qui ont causé du tort aux Autochtones, mais bien le gouvernement. Nous devrions tous reconnaître ce fait dans le conflit actuel. Les problèmes de la baie St. Marys ont été causés à Ottawa, et non pas dans nos communautés de pêcheurs de la Nouvelle-Écosse.
C'est justement une division qui est à l'origine du clivage. J'ai passé ma vie à me battre pour la justice sociale des pêcheurs, quelle que soit leur origine. La tentative actuelle du gouvernement visant à nous diviser pour des motifs politiques est au cœur du conflit. Toutes nos communautés, qu'elles soient autochtones ou non autochtones, dépendent d'un même stock de homard, qui ne se soucie pas de savoir qui l'attrape. C'est donc la pérennité qui est vraiment au centre de la crise actuelle de la baie St. Marys. Au cours des trois dernières années, les débarquements de homard ont diminué de 65 % dans la baie, alors qu'ils demeurent robustes dans le grand district de pêche du homard et dans le Canada atlantique.
À l'évidence, il est essentiel que tous ceux qui participent à la pêche commerciale respectent un même ensemble de règles. Dans ma jeunesse, j'ai été témoin de l'horreur qui règne lorsque la politique s'ingère dans la gestion des pêches. Cela a conduit à l'extermination totale des stocks de poissons de fond sur le plateau néo-écossais, qui a entraîné des conséquences désastreuses pour toutes les communautés de la Nouvelle-Écosse. Par la suite, l'industrie du homard a été gérée au moyen d'un ensemble de procédures de gestion organiques qui ont été conçues par l'industrie et pour l'industrie. Il en a résulté une pêche incroyablement lucrative et bien gérée.
J'assiste à présent au retour de l'ingérence politique dans la gestion des pêches en Nouvelle-Écosse, et je ne veux pas que ma communauté subisse le même sort, et les communautés autochtones non plus.
Toutes les solutions au conflit qui s'offrent aux pêcheurs des deux camps sont évidentes dans la forme actuelle de l'arrêt Marshall. Nous devons tous respecter les différents volets de la décision Marshall et l'appliquer pour rétablir la paix dans le Canada atlantique.
J'attire votre attention sur l'article 40 de la clarification de l'arrêt Marshall, qui dit clairement ceci:
L’objectif prépondérant en matière de réglementation est la conservation de la ressource, et cette responsabilité incombe carrément au ministre responsable et non aux personnes autochtones et non autochtones qui exploitent la ressource.
En fait, nous allons partager notre temps de parole et nous assurer de ne pas dépasser les 10 minutes qui nous sont allouées.
Monsieur le président et chers membres du Comité, je vous remercie d'avoir accepté d'entendre le témoignage des 148 homardiers commerciaux de la Gaspésie représentés ce soir par le Regroupement des pêcheurs professionnels de homard du Sud de la Gaspésie.
Je suis O'neil Cloutier, directeur général du Regroupement. Je suis aussi le président de l'Alliance des pêcheurs professionnels du Québec et le secrétaire de la Fédération des pêcheurs indépendants du Canada. Pour terminer, je suis aussi pêcheur professionnel depuis 1983.
Ma collègue Claire Canet est chargée de projet au Regroupement. Elle est licenciée en droit français et elle a un diplôme universitaire en résolution de conflits. Elle a exercé le rôle d'avocate et de facilitatrice en Nouvelle-Zélande.
Nous vous ferons d'ailleurs parvenir notre témoignage écrit détaillé dans les prochaines 24 heures.
La mission du Regroupement est d'assurer le développement durable de la pêche, en maintenant l'équilibre entre les besoins économiques des pêcheurs côtiers du Sud de la Gaspésie et la durabilité des espèces sur lesquelles ils s'appuient, particulièrement le homard américain.
Le 13 décembre 2019, un mandat a été donné à la afin de porter et d'accélérer la réconciliation avec les Premières Nations. Dans ce contexte, le processus suivi par le ministère soulève des questions fondamentales relatives aux modalités de gestion des activités de pêche, à l'accès à la ressource pour tous, à la durabilité des stocks et à l'équilibre économique des communautés côtières qui dépendent de la pêche.
La violence actuelle est le symptôme d'un processus de négociation défectueux suivi par le gouvernement et de l'exclusion constante des pêcheurs commerciaux dans les discussions sur la gestion des pêches. L'approche gouvernementale divise les communautés côtières qui dépendent de la pêche pour vivre. Cela est aggravé par l'utilisation publique et répétée de termes violents tels que « dégoûtant », « raciste » et « terroriste ». Aussi dois-je mentionner que les événements récents viennent d'une minorité de pêcheurs, et que la coalition des pêcheurs de l'Atlantique canadien et du Québec, dont fait partie le Regroupement, ne tolère pas la violence.
Depuis le 30 octobre 2019, le Regroupement appelle le ministère des Pêches et des Océans à mettre en place un processus de discussion, de dialogue et de communication engageant les Premières Nations de la Gaspésie, le Regroupement et le ministère. À ce jour, le ministère n'a toujours pas répondu à cet appel.
De plus, le Regroupement n'a toujours pas reçu de réponse du ministère quant aux mesures qui étaient en cours de discussion. Le Regroupement n'a pas non plus été consulté par le ministère sur ces mesures.
Toute modification des mesures d'un plan de pêche au homard axé sur la conservation en faveur d'un groupe de pêcheurs cause inévitablement des inégalités et des tensions au sein des communautés côtières qui dépendent de la pêche.
Depuis le XVIIe siècle, les communautés côtières non autochtones en Gaspésie dépendent du homard pour se nourrir et obtenir des revenus.
La saison de pêche commerciale dure 10 semaines, de la fin avril à la fin juin, période où les homards ne sont pas en mue et où les femelles œuvées sont remises à l'eau le plus possible. C'est dans cette période que les homardiers commerciaux tirent une partie de leurs revenus annuels.
En 2013, le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans a noté que, depuis 2008, le secteur de la pêche au homard faisait face à des difficultés économiques et structurelles sans précédent. Il a estimé que ces efforts ne devaient pas être relâchés, que le secteur du homard devait garder le cap et continuer d'apporter les changements nécessaires pour garantir sa stabilité et sa durabilité.
Depuis 2006, le Regroupement des pêcheurs professionnels de homard du Sud de la Gaspésie a mis en place de multiples mesures pour réduire l'effort de pêche de 30 % afin de rétablir les stocks de homard. Il joue un rôle central dans la conservation et la durabilité des stocks, afin de permettre à tous les homardiers, qu'ils soient issus de Premières Nations ou de communautés non autochtones, de continuer à exercer de manière équitable et durable leurs activités de pêche, dont tous dépendent.
En 2019, la pêche commerciale au homard en Gaspésie dans les zones 19, 20 et 21 représentait près de 45 millions de dollars, soit 24 % de la valeur totale des débarquements enregistrés en Gaspésie. Selon les déclarations publiques de Listuguj, les Premières Nations micmaques en Gaspésie ont retiré un revenu de pêche commerciale de plus de 40 millions de dollars cette même année.
Le ministère des Pêches et des Océans a délivré au total 163 permis de pêche au homard en 2020 pour les zones 19, 20 et 21: 148 aux allochtones, 12 aux trois Premières Nations micmaques de la Gaspésie et trois à la Première Nation des Malécites de Viger.
C'est l'équivalent, en 2020, d'un permis de pêche au homard pour 610 habitants allochtones en Gaspésie et d'un permis de pêche au homard pour 223 habitants des Premières Nations en Gaspésie.
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Je vais continuer la présentation, si cela vous convient.
J'aborderai maintenant la notion de niveau de vie modéré.
En 1993, dans un jugement de la Cour d'appel de la Colombie-Britannique dans l'affaire Van der Peet, le juge Taggart a indiqué que, à son avis, indépendamment de ses origines, la notion de « moyen de subsistance modéré » ne fournissait pas une base appropriée ou pratique pour déterminer la portée et la nature des droits ancestraux ou la portée de la priorité ancestrale pour l'exercice de ces droits. Il ajoutait que la notion de ce qui constituait un moyen de subsistance modéré était intrinsèquement subjective. Selon lui, même si l'on pouvait déterminer comment et, surtout, par qui une norme aussi fluide pourrait être définie, cela ne permettrait pas de faire avancer la question des droits ancestraux.
Dans le même...
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Tout d'abord, je pense qu'il est important de comprendre ce que représente la baie St. Marys. Il s'agit d'une baie côtière aux eaux peu profondes et chaudes qui sert de lieu de mue et de reproduction pour le homard. Pendant les chauds mois de l'été, les homards y forment des regroupements extrêmement denses. Par conséquent, lorsque la pêche y est pratiquée hors saison, la capturabilité des casiers à homards dans cette zone est considérée par beaucoup comme étant de 10:1 comparativement à la pêche en saison commerciale.
Même si nous avons constaté une baisse de 65 % des débarquements dans la baie St. Marys au cours des trois dernières années, par rapport à une baisse de 6 % dans l'ensemble de la zone de pêche qui est généralement attribuable à la variabilité saisonnière, les débarquements ne reflètent pas l'ampleur de tous les dommages causés par la pêche hors saison. En outre, il n'est jamais acceptable de pêcher dans une aire de reproduction des homards lorsque la saison de pêche est fermée, car il s'agit alors d'un homard à carapace molle très sensible aux blessures.
J'ai entendu l'argument selon lequel les Américains pêchent le homard à l'année. Je pense toutefois que si vous discutez avec un pêcheur américain, il vous parlera de l'incroyable force du stock de homard dans le Canada atlantique, ce qui est vraiment attribuable au fait que nous pêchons pendant la saison où la pratique est la plus durable.
Pour ce qui est des pêches au homard qui ont lieu à différents moments dans le Canada atlantique, la variation est attribuable à un changement des conditions environnementales. Les pêcheurs de homard de toute la région s'adonnent à la pêche au moment où c'est le plus durable et le plus rentable.
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Votre question m'amène à demander pourquoi les Autochtones n'ont toujours pas accès à la pêche, étant donné que le gouvernement fédéral a dépensé plus de 600 millions de dollars pour acheter des accès à la pêche auprès des communautés non autochtones pour les remettre aux Premières Nations. C'est au cœur du problème, mais personne n'en parle.
Le problème, c'est que la majorité de ces accès sont ensuite offerts en location à des sociétés de pêche non autochtones, ce qui prive en réalité les Premières Nations de leur droit légitime de pêcher.
Pas plus tard que le mois dernier, la a indiqué clairement que le gouvernement envisage de faire valoir les droits relatifs à la subsistance convenable au moyen du programme d'accès commercial communautaire et du transfert de l'accès des communautés non autochtones aux communautés autochtones.
Je constate que certains Autochtones influents dans l'industrie de la pêche en Nouvelle-Écosse passent à côté de la véritable valeur de la pêche. L'industrie ne se limite pas à des homards débarqués sur le quai ou à de l'argent dans un compte bancaire. La vraie valeur de l'accès à la pêche réside dans les familles de pêcheurs et le legs durable de prospérité pour les Premières Nations du Canada atlantique.
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Eh bien, il y a deux raisons.
Premièrement, immédiatement après l'arrêt Marshall, nous avons vu la situation chaotique à Burnt Church, au Nouveau-Brunswick. C'est ce qui a vraiment mené aux éclaircissements de la Cour, en novembre de la même année, et c'est la raison pour laquelle je me concentre sur le paragraphe 40. Cela a clairement révélé à ce moment-là que la gestion devait incomber au ministre, et le ministre de l'époque a mis cela en œuvre au moyen du programme des pêches commerciales communautaires.
Deuxièmement, je suis d'accord avec vous pour dire que le gouvernement doit se soumettre aux critères établis dans Badger. La première partie de ce test est constituée d'un véritable processus de consultation avec les Micmacs. Il n’y a pas eu un seul processus de consultation au cours des 21 dernières années. C'est peut-être en partie parce que cela n'a pas été organisé comme il se doit pour les Micmacs, mais aussi parce que les leaders des pêches autochtones refusent de participer à un processus de consultation, exprimant littéralement qu'il ne s'agit pas d'une consultation, mais d'une négociation. J'irais même jusqu'à dire que pour que le gouvernement puisse se soumettre aux critères établis dans Badger, les chefs en Nouvelle-Écosse doivent consentir à y participer.
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Je condamne toute forme de violence, et je condamne aussi ceux qui font couler de l'équipement de pêche au fond de l'océan. D'après moi, aucun pêcheur axé sur la durabilité ne préconiserait ce genre d'action.
Je tiens à préciser une chose, monsieur Battiste. La ressource que constitue le homard peut soutenir toutes nos collectivités si nous concentrons notre attention sur une bonne gestion fondée sur le principe de la prudence plutôt que sur la politique.
Il y a une question plus générale à laquelle il faut répondre: si le but de la pêche à des fins de subsistance convenable est de permettre aux Autochtones de faire de l'argent — des témoins précédents ont convenu que s'il y a une saison de pêche commerciale, c'est pour les possibilités de commercialisation, en plus de la durabilité de la ressource —, pourquoi ne serait-il pas plus sensé de pêcher pendant la saison où la ressource est hautement commercialisable?
Il y a une autre façon d'envisager cela. Le prix que les pêcheurs qui s'adonnent à une pêche de subsistance convenable obtiennent pour leurs prises, cet été, se situe entre 3 $ et 3,50 $ la livre, en dollars canadiens, mais le prix que les pêcheurs obtiennent dans les ZPH ouvertes, en ce moment, où la ressource se déplace pour devenir un produit commercialisable de grande qualité, est de 12 $ la livre. Si les Sipekne’katik laissaient les homards dans les eaux de la baie St. Marys huit semaines de plus, la valeur en serait quatre fois plus élevée.
Ce qu'il est important de savoir, c'est que la nation du chef Sack possède 15 permis de pêche commerciale du homard qui lui permettent de pêcher, pendant les saisons de pêche commerciale, dans différents secteurs de la Nouvelle-Écosse. Je pense que l'activité qui se déroule là en ce moment est en quelque sorte une arme à double tranchant pour les membres de cette nation, concernant les avantages économiques à tirer de l'industrie.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, j'aimerais calmer le jeu. Nous sommes ici, en comité, pour trouver des solutions. Les échanges vigoureux que nous venons d'avoir témoignent d'une difficulté ou peut-être d'une frustration de part et d'autre. J'espère que nous sommes capables de nous élever au-dessus de la mêlée pour trouver des solutions et créer cet espace qui est demandé, dont nous avons discuté. Il faut laisser de l'espace à l'autre, l'autre avec un grand A, pour comprendre ses préoccupations, bien entendu, et arriver à un espace de négociation. Il est important de faire preuve d'ouverture envers son interlocuteur, de le respecter et de reconnaître son mérite.
Par ailleurs, je sais que Mme Canet n'a pas eu le temps de mentionner tout ce qu'elle voulait aborder en introduction, donc je lui laisse l'espace.
Comme avec les autres témoins, je m'intéresse particulièrement au concept de subsistance convenable et à ce que pourrait faire le ministère des Pêches et des Océans pour faciliter les négociations et la résolution de la crise que nous vivons présentement. Cela dit, les autres sujets qui vous intéressent sont tout aussi importants, bien sûr.
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Je vous remercie beaucoup de vos commentaires, madame Gill.
Effectivement, nous sommes dans un forum qui se veut informatif pour tous. Nous voulons comprendre la situation qui nous réunit tous d'urgence, aujourd'hui, au Comité permanent des pêches et des océans. Dans la situation actuelle, il est important que nous avancions avec un esprit ouvert, afin que nous puissions tous nous mettre à la recherche de solutions acceptables pour tous en tenant compte des besoins de chacun.
Puisqu'on parle de besoins, je dirai que la notion de niveau de vie modéré est une notion extrêmement complexe qui a été laissée très vague dans les différentes décisions des tribunaux, y compris dans l'arrêt Marshall. Cela cause aujourd'hui des problèmes d'interprétation et de compréhension.
La seule chose que je pourrais apporter aujourd'hui a déjà été dite dans différentes cours, à savoir que la notion de niveau de vie modéré est extrêmement subjective et sera difficile à mettre en place. Il a aussi été dit que, afin de déterminer cette notion, il faudrait tenir compte de l'ensemble des ressources disponibles à une communauté, quelle que soit l'origine de celle-ci.
Le Regroupement des pêcheurs professionnels du Sud de la Gaspésie suggère donc que, dans l'éventualité où une telle notion devrait être définie — si une telle chose est même possible —, il faudrait regarder les accès aux pêches commerciales, les accès aux pêches de subsistance, les accès à d'autres sources de revenus, les accès aux revenus privés des foyers constituant ces communautés, les avantages fiscaux qui pourraient être mis en place par le gouvernement, ainsi que d'autres aides supplémentaires.
Dans ce contexte, il est difficile de faire porter seulement aux pêches la notion de niveau de vie modéré. Il est vrai qu'il est important de s'assurer que toutes les communautés au Canada, quelles que soient leurs origines, ont accès au même niveau de vie.
On peut dire que les communautés de la Gaspésie, comme la plupart des communautés côtières de l'Est du Canada, sont toutes des communautés défavorisées économiquement et socialement. Elles dépendent toutes de la pêche commerciale ou de la pêche de subsistance. Il est donc important d'avoir un dialogue à ce sujet.
[Difficultés techniques]
Au paragraphe 61 de l'arrêt Marshall, on suggère en passant — c'est du moins mon interprétation personnelle — que le gouvernement peut, par règlement, établir ce que veut dire un niveau de vie modéré et que la définition en elle-même n'est pas soumise au test de l'arrêt Badger. Cela me fait penser que toute notion de niveau de vie modéré doit être définie, si tant est qu'il soit possible de le faire, pour l'ensemble de la population canadienne et ne doit pas se rapporter seulement aux pêches.
On se trouve donc dans un flou et dans un contexte extrêmement complexe où l'échange d'information et la compréhension mutuelle sont essentiels.
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Je crois qu'il est important de comprendre avant tout qu'après l'arrêt Marshall de 1999, ce même comité a entrepris une étude et a transmis un ensemble de recommandations à la Chambre des communes sur la façon de mettre en place des droits en matière de subsistance convenable. Les membres du Comité ont écouté les témoignages de nombreuses personnes des deux côtés de l'industrie et de partout au Canada atlantique.
Je crois que la solution à tous les problèmes de nos deux collectivités est évidente dans l'arrêt Marshall et dans ses éclaircissements. Je respecte les décisions et je demanderai au gouvernement de mettre en œuvre cet arrêt. Toutes nos solutions sont déjà là. Il faut simplement que le gouvernement les reconnaisse.
Pour moi, un élément clé est l'énoncé du Comité, présidé alors par , toujours membres du caucus libéral. Voici ce que le Comité recommandait:
Au fur et à mesure que des permis sont transférés aux groupes autochtones, particulièrement pour la pêche du homard, il faut trouver une façon d'empêcher la concentration excessive de l'effort de pêche afin d'éviter de réduire la santé des stocks, en particulier dans les secteurs fragiles comme les frayères et les zones de croissance. L'effort de pêche ne devrait en aucun cas être accru, notamment au niveau local.
Nous voyons bien qu'une grande partie de ces questions et de ces problèmes ont été explorés il y a 21 ans, sauf que personne n'a agi.
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Merci beaucoup aux présentateurs de ce soir. C'était excellent. Je viens des Prairies, du Manitoba. Parlez d'un poisson hors de l'eau... Ce fut très enrichissant d'apprendre tout cela.
J'ai observé avec horreur la malheureuse situation dans votre province et vos collectivités. Monsieur Sproul, je vois la douleur et la frustration qui affligent votre communauté et je vois ce que vous traversez, avec votre communauté. C'est terrible de voir cela. Je travaille moi-même la terre; je comprends votre point de vue lorsque vous parlez de protection des ressources et d'exploitation durable. Je vous en remercie.
Ma question s'adresse à vous. Selon vous, pourquoi ce gouvernement ignore-t-il la situation? Que faut-il faire? Que s'est-il passé, il y a combien d'années...? On a parlé de 21 ans, mais la situation s'est certainement exacerbée ces six derniers mois, voire ces deux derniers mois, en raison de la capture de homards de la prochaine saison, menaçant ainsi la poule aux œufs d'or, essentiellement.
À votre avis, pourquoi le gouvernement ignore-t-il cela? Pourquoi le ministre n'agit-il pas? Que se passe-t-il là-bas, selon vous?
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J'essaie de terminer ma réponse, monsieur.
Je crois au droit à l'autodétermination des Micmacs.
Concernant les ressources naturelles sur lesquelles comptent tous les Canadiens, je pense que la Cour suprême a clairement établi, après la situation chaotique de 1999, que les décisions de gestion relèvent de la ministre. Je le dis en reconnaissant que mes membres ne sont pas propriétaires des stocks de homard des eaux de l'océan Atlantique. Personne n'en est propriétaire; la ressource appartient à tous les Canadiens. Voilà pourquoi j'estime qu'il est important que la ministre — qui doit en fin de compte prendre les meilleures décisions pour tous les Canadiens en son âme et conscience —, soit la personne qui prenne les décisions.
Je pense que cela correspond non seulement à l'avis de la Cour suprême, mais aussi avec le point de vue d'une majorité de Canadiens, comme l'a révélé notre sondage réalisé en août par Nanos Research. Le sondage a montré que 79 % des Canadiens pensent que nous devrions tous être à la table pour discuter avec la ministre, et que 89 % des Canadiens considèrent que la pêche commerciale devrait uniquement être pratiquée en saison commerciale, au profit de toutes nos collectivités.
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Merci, monsieur Sproul.
Merci, monsieur Johns.
C'est là-dessus que se terminent les séries de questions.
Je tiens à dire un grand merci à nos témoins pour cette partie de la réunion du Comité ce soir. Mes excuses à tous pour le retard. Nous n'avons perdu personne, mais je devrais me faire des excuses à moi-même, car c'est probablement nous qui veillons plus tard. Il est presque 22 h 30, ici à Terre-Neuve, où je me trouve. Pour le Comité, c'est un peu plus tard que d'habitude.
Je vais maintenant donner quelques secondes pour laisser les témoins partir. Nous avons une question à régler, ce qui ne devrait prendre qu'un instant.
Encore une fois, je remercie les témoins.