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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la huitième réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et de la motion adoptée par le Comité le lundi 19 octobre 2020, le Comité reprend son étude de la mise en œuvre des droits de pêche issus de traités des Micmacs visant à assurer une subsistance convenable.
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 23 septembre 2020. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes. Pour votre gouverne, la webdiffusion montrera toujours la personne qui parle, plutôt que tous les participants au Comité. Afin d'assurer le bon déroulement de la réunion, je voudrais exposer quelques règles à suivre.
Les membres et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français.
Les membres qui participent en personne procèdent comme ils le font habituellement lors des réunions qui se tiennent dans une salle de comité. N'oubliez pas les directives du Bureau de régie interne concernant les masques et les protocoles en matière de santé.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour le désactiver. Pour les personnes présentes dans la salle, votre microphone sera contrôlé, comme d'habitude, par l'agent des délibérations et de la vérification. Je vous rappelle que toutes les observations des membres et des témoins doivent être adressées par l'entremise de la présidence.
Si vous n'avez pas la parole, votre micro doit être en mode silencieux. Je ne peux pas le répéter assez souvent.
Pour ce qui est de la liste des intervenants, la greffière du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour tenir une liste à jour pour tous les membres, qu'ils participent virtuellement ou en personne.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous accueillons l'honorable Bernadette Jordan, ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne. Elle est accompagnée, du ministère des Pêches et des Océans, de Timothy Sargent, sous-ministre, de Sylvie Lapointe, sous-ministre adjointe, Gestion des pêches et des ports, de Doug Wentzell, directeur général associé, Région des Maritimes, et de Robert Lamirande, conseiller principal.
Nous allons maintenant entendre les déclarations liminaires.
Madame la ministre Jordan, veuillez prendre la parole pour sept minutes ou moins.
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Merci, monsieur le président.
Je suis ravie d'être de retour au Comité des pêches et des océans. Merci à vous et aux membres du Comité de m'avoir invitée. Comme vous l'avez dit, je suis ici aujourd'hui, car je veux prendre part à cette discussion très importante que nous tenons. Je suis accompagnée aujourd'hui, comme vous l'avez mentionné, de mon sous-ministre, Timothy Sargent, de Doug Wentzell, directeur général régional associé, Région des Maritimes, de Robert Lamirande, conseiller principal pour les relations avec les Autochtones, et de Sylvie Lapointe, sous-ministre adjointe, Gestion des pêches et des ports.
Je crois comprendre que l'étude en cours a été proposée par le député Battiste et je suis reconnaissante au Comité des témoignages qu'il a entendus jusqu'à maintenant de la part des dirigeants des Premières Nations, de représentants de l'industrie et d'universitaires. Toutes leurs voix sont importantes dans cette discussion, et les Canadiens doivent les entendre.
Depuis ma nomination au portefeuille des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne en décembre 2019, j'ai misé sur les progrès réalisés par mes prédécesseurs, les ministres Jonathan Wilkinson et Dominic LeBlanc, et j'ai travaillé avec les Premières Nations pour faire davantage respecter leur droit issu de traités de pêcher en vue d'obtenir une subsistance convenable.
Quand les Canadiens ont élu un gouvernement libéral en 2015, après 10 années de mise en veilleuse de la réconciliation par le gouvernement conservateur de Stephen Harper, notre gouvernement a pris des mesures et élargi le mandat des négociations sur la subsistance convenable. Ces changements ont mené à la signature de deux ententes sur les droits et la réconciliation en 2019 qui ont mis en œuvre le droit de pêche issu de traités, comme l'a confirmé la décision Marshall.
De plus, même si les discussions sur la promotion de ce droit issu de traités ont eu lieu régulièrement, des événements récents en Nouvelle-Écosse ont mis en lumière les enjeux complexes entourant la mise en œuvre du droit historique issu de traités des Micmacs, des Malécites et des Peskotomuhkati à Skutik. Ces événements nous rappellent brutalement que nous devons continuer d'en faire plus et de travailler ensemble.
Notre gouvernement demeure concentré et déterminé, et travaille avec les Premières Nations pour mettre en œuvre leur droit protégé par la Constitution et affirmé par la Cour suprême, tout en veillant à ce que les pêches demeurent sécuritaires, productives et durables pour tous les pêcheurs. Mais il n'y a pas de solutions rapides et faciles. Cela prend du temps et de la patience, et il y aura des défis en cours de route. Cependant, cela ne peut pas nous empêcher d’avancer.
Nous poursuivons également nos efforts pour désamorcer les tensions sur le terrain en mobilisant toutes les parties dans un dialogue constructif. À cet égard, j'ai rencontré et je continuerai de rencontrer régulièrement des dirigeants autochtones et des pêcheurs commerciaux.
Au cours de ces discussions, nous avons entendu les frustrations des deux parties. Les Premières Nations sont frustrées par le fait que les négociations ont pris trop de temps et qu'il n’y a pas de progrès réel pour mettre en œuvre leur droit. Les pêcheurs non autochtones s'inquiètent de l'avenir de la pêche et de ce que cela signifie pour leur gagne-pain.
C'est pourquoi, avec le , notre gouvernement a récemment nommé le représentant fédéral spécial, Allister Surette. Il est une tierce partie neutre qui travaille à favoriser le dialogue et à aider à rétablir la confiance entre les pêcheurs autochtones et commerciaux.
Il s'agit d'une tribune structurée qui permet à M. Surette de recueillir différents points de vue et de répondre à des questions et à des préoccupations réelles, dans le but d'accroître la compréhension. Il formulera des recommandations au gouvernement sur les façons de faire avancer le dossier.
Les pêcheurs commerciaux et les Premières Nations pêchent côte à côte depuis des générations, et les collectivités doivent se rapprocher de nouveau. Nous devons veiller à ce que les droits issus de traités soient respectés et à ce que la pêche demeure productive pour tous les pêcheurs.
Alors que le représentant amorce son travail, les discussions de nation à nation se poursuivent avec les Premières Nations au sujet des prochaines étapes.
Même si je ne peux pas parler des détails de ces discussions, je peux dire que je crois qu'il y a eu des progrès et que j'ai des conversations productives avec de nombreuses Premières Nations au sujet des plans de pêche proposés à court et à long terme.
J'aimerais également aborder la question de la conservation, car je crois savoir qu'elle a été soulevée à quelques reprises au sein du Comité.
Je tiens à dire clairement que la conservation sous-tend tout ce que nous faisons. Les stocks de homard sont en santé et nous n'irons jamais de l'avant avec un plan qui menace la santé de cette espèce ou de toute autre espèce.
Je sais que cette approche est promulguée par de nombreux dirigeants des Premières Nations à qui je parle régulièrement. Elle l'est également fortement par les pêcheurs commerciaux qui, au fil des générations, ont travaillé en partenariat avec le MPO pour élaborer des pratiques de conservation et des règlements qui ont contribué à élever les stocks à des niveaux sains, que nous pouvons observer aujourd’hui. Nous ne compromettrons pas ces progrès.
Je continuerai de faire tous les efforts possibles avec l'industrie pour accroître la transparence, officialiser les voies de communication et veiller à ce que l'industrie ait des occasions réelles de faire part de ses préoccupations et d'exprimer ses points de vue.
Mon ministère, moi-même et le gouvernement actuel sommes déterminés à travailler avec les dirigeants des Premières Nations pour mettre en oeuvre leurs droits issus de traités.
Je serai maintenant heureuse de répondre à vos questions.
Merci.
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En fait, monsieur Bragdon, je participe activement à ce dossier depuis que j'ai été nommée ministre.
En ce qui concerne les observations du premier ministre McNeil, nous estimons qu'il s'agit d'une négociation nation à nation. Nous continuerons de travailler avec les Premières Nations pour nous assurer que nous mettons en oeuvre leur droit issu des traités. Toutefois, je reconnais que les pêcheurs commerciaux ont des préoccupations, et c'est pourquoi j'ai continué de les rencontrer également.
L'une des raisons pour lesquelles nous avons nommé le représentant spécial est que nous avons entendu dire que les pêcheurs commerciaux souhaitaient disposer d'un moyen plus efficace de communiquer avec le MPO. Cette tierce personne pourra nous aider à aller de l'avant.
En ce qui concerne les remarques du premier ministre, non, je crois que nous faisons tout notre possible pour nous assurer que nous appliquons ce traité correctement.
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Merci, monsieur le président.
Chers collègues, la situation dont nous parlons aujourd'hui ne remonte pas à il y a quelques semaines ou quelques mois. C'est l'aboutissement d'une relation qui lie deux nations depuis 400 ans. Pendant les 200 premières années, cette relation a reposé sur la création de traités visant à régler des crises et à vivre en harmonie les uns avec les autres. Malheureusement, depuis les 200 dernières années, elle est centrée plutôt sur le déni des traités.
Madame la ministre, je tiens d'abord à vous remercier non seulement de votre présence parmi nous, mais aussi pour tout votre travail. Je sais que comme nous, vous avez eu de nombreux entretiens avec les parties intéressées micmaques et non micmaques.
Au cœur de ce dossier se trouvent 200 ans d'injustice. Ce que nous tentons de faire, si Dieu le veut, c'est de trouver une voie pour les 200 prochaines années. Je suis conscient que c'est un énorme fardeau à imposer à un ou une ministre, ou à quiconque. Je sais aussi que le MPO et la GRC portent la lourde responsabilité d'agir conformément aux principes juridiques changeants, comme l'honneur de la Couronne et la réconciliation, dans les dossiers concernant les Premières Nations.
Dans cette perspective, madame la ministre, le but de notre étude est de formuler des recommandations qui nous aideront à avancer main dans la main sur la voie de la réconciliation. Pouvez-vous nous parler de certaines complexités auxquelles vous avez dû faire face depuis votre nomination au poste de ministre?
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Merci beaucoup, monsieur Battiste. Je vous dois aussi des remerciements pour les efforts que vous déployez pour appuyer cette cause et sensibiliser la population à cet enjeu, qui est un enjeu de taille.
Comme je l'ai déjà dit plusieurs fois, s'il existait une solution simple à ce problème de longue date, nous l'aurions réglé il y a 21 ans. Or, ce n'est pas le cas. Il s'agit d'un problème très complexe. La définition de la notion de « subsistance convenable » compte parmi les difficultés que nous devons résoudre. À mon avis, cette question est au cœur du problème, car chacun a sa propre définition. En effet, ce qui constitue une subsistance convenable varie énormément d'une communauté à l'autre. Ce que nous — la Couronne ou le gouvernement — devons absolument faire, c'est de nous assurer d'écouter les communautés.
Comme vous l'avez dit, nous devons trouver une voie pour les 200 prochaines années. Cette voie doit inclure les communautés des Premières Nations. Depuis trop longtemps, nous mettons sur pied des systèmes qui ne les incluent pas. Cela doit absolument changer. Dorénavant, c'est extrêmement important que nous écoutions toutes les communautés touchées. Chacune d'entre elles a sa propre conception d'une subsistance convenable.
On m'a souvent demandé pourquoi je ne définissais pas simplement le droit une fois pour toutes. Cependant, je ne crois pas que les Premières Nations souhaitent que le gouvernement du Canada leur impose sa conception du droit à une subsistance convenable. La définition doit venir d'elles. Elle doit être le fruit de négociations et de conversations continues. Je suis fermement engagée à procéder ainsi. À mes yeux, ces entretiens représentent la seule façon d'avancer.
Madame la ministre, beaucoup de témoins ont fait part au Comité de leurs craintes quant à l’avenir de l’industrie. Nombreux sont ceux qui soutiennent et conjecturent, comme ils le faisaient il y a 20 ans, que permettre aux Micmacs de pratiquer une pêche pour en tirer une subsistance convenable ruinera l’industrie de la pêche dans la région de l’Atlantique.
Un changement majeur est survenu la semaine dernière: une coalition micmaque dirigée par le chef Terry Paul, de Membertou, a annoncé qu’elle planifiait acheter Clearwater, la plus grande entreprise de pêche au Canada. Pour ce faire, la coalition a dû emprunter des milliards de dollars et elle remboursera ce prêt pendant les 25 à 30 prochaines années.
Madame la ministre, d’après vous, l’investissement d’un quart de milliard de dollars par la coalition micmaque dans l’industrie de la pêche apaisera-t-il en partie les préoccupations liées au risque que les pêcheurs micmacs épuisent la ressource même dans laquelle ils viennent d’investir si massivement?
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, madame la ministre, de comparaître devant nous aujourd'hui. J'espère que vous avez passé une bonne première année dans vos fonctions, depuis l'an dernier, en novembre.
J'ai plusieurs questions à vous poser. Comme vous le savez, un grand nombre de témoins ont comparu devant nous. Nous avons beaucoup d'idées. Les gens ne sont pas nécessairement d'accord sur tous les sujets, comme vous pouvez certainement vous en douter. Vous avez dit qu'au centre de la situation problématique vécue présentement, il y avait la définition même de la notion de « subsistance convenable ». Pour certains, elle peut être définie, alors que pour d'autres, elle ne peut pas l'être. Vous avez dit ne pas pouvoir nécessairement vous prononcer là-dessus. Il faut que les Premières Nations elles-mêmes disent ce qu'elles souhaiteraient.
J'aimerais savoir si votre ministère a fait des tentatives de discussion avec les Premières Nations concernées par l'arrêt Marshall pour arriver à formuler cette définition. Est-il possible de nous donner des chiffres?? Nous savons que 32 Premières Nations étaient touchées, mais desquelles s'agit-il?? Même si nous ne pouvons pas savoir tout ce qui se dit — je ne vous demanderai pas la définition avancée par chacune d'entre elles —, j'aimerais savoir quels travaux ont été faits. Se dirige-t-on vers une définition dans le cas de certaines Premières Nations?
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Merci beaucoup pour vos questions, madame Gill.
J’aimerais d’abord dire que depuis que l’arrêt Marshall a été rendu il y a 21 ans, beaucoup de travail a été effectué en vue de le mettre en œuvre et de faire en sorte que les Premières Nations aient accès à la pêche. Des investissements importants ont été réalisés pour que les communautés des Premières Nations disposent des permis, des bateaux, de la formation et des engins nécessaires pour pêcher.
Je souligne qu’en 1999, la valeur des débarquements de la pêche autochtone s’élevait à environ 3 millions de dollars; l’an dernier, elle s’élevait à 120 millions de dollars. Des progrès ont donc été faits relativement à l’accès des Premières Nations à la pêche.
En ce qui concerne la définition de la notion de « subsistance convenable », selon moi, il faut se rappeler qu’au fil de l’histoire, les gouvernements ont établi des systèmes qui n’incluaient pas les Micmacs et les autres Premières Nations. Aujourd’hui, nous devons absolument permettre aux Premières Nations de définir elles-mêmes ce qui constitue une subsistance convenable. Le gouvernement ne peut pas imposer sa propre définition; elle doit venir directement des Micmacs. Tout le monde semble croire qu’il serait beaucoup plus simple pour le gouvernement de fournir une définition et d’obliger tout le monde à l’adopter, mais d’après moi, ce n’est pas la meilleure voie à suivre.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Peut-être que certains des témoins qui ont participé aux différentes consultations seront d'accord. Je me rends compte que les réponses que nous recevons sont très floues.
Tout à l'heure, on disait ne pas pouvoir définir la « subsistance convenable », parce que c'est aux Premières Nations de le faire. Actuellement, on dit que les ententes signées avec les Malécites de Viger, par exemple, ont des répercussions positives et que ce qu'on est en train de faire a aussi des répercussions positives. J'ai de la difficulté à prendre position là-dessus, et j'imagine que les Premières Nations aussi.
Je souhaiterais entendre la ministre parler des initiatives, par exemple. Elle nous a parlé d'initiatives qu'on dit positives, que ce soit l'arrêt Marshall ou l'entente avec les Malécites. Toutefois, les gens des Premières Nations disent que, ce qu'ils veulent, ce n'est pas nécessairement de la pêche commerciale.
Comment expliquez-vous le fait que ce que vous dites n'est pas nécessairement ce que veulent les Premières Nations relativement à la proposition et à l'organisation de différents programmes, entre autres?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Chers collègues, madame la ministre, bonjour. Je suis heureux de voir tout le monde aujourd'hui, et la ministre aussi.
J'ai une petite remarque, après quoi je poserai quelques questions sur la conservation.
J'en profite pour saluer tout particulièrement les pêcheurs commerciaux de Cape Breton—Canso, qui font preuve de leadership dans cette période complexe, difficile et nuancée. Il en va de même pour les trois collectivités micmaques de ma circonscription.
J'aimerais parler de conservation. Quelques-uns d'entre nous ont abordé le sujet aujourd'hui.
Notre comité a entendu dire que les stocks de homard ne peuvent pas assurer une subsistance convenable, et que, ce qui inquiète le plus les pêcheurs commerciaux, c'est que la pêche ne subsiste pas pendant encore plusieurs générations — j'ai également entendu ces choses dans de nombreuses réunions. Pouvez-vous nous parler de l'état des stocks de homard?
Ma deuxième question est la suivante, madame la ministre. Pour faire suite à ce que vous avez dit vendredi sur cette question, j'aimerais vous demander d'expliquer l'état du homard dans la baie St. Peters, dans ma circonscription, et de remettre les choses dans leur contexte.
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Je vous remercie, monsieur Moore.
Puisque je viens moi-même d'une petite collectivité rurale côtière, je ne ferai jamais rien, en tant que ministre des Pêches et des Océans, qui puisse compromettre la conservation de notre industrie ou la durabilité à long terme de la pêche.
C'est essentiel pour nous, les citoyens du Canada atlantique. Il est aussi essentiel pour tous les Canadiens de veiller à ce que les Premières Nations, qui ont le droit de pêcher pour s'assurer une subsistance convenable en vertu d'un traité, bénéficient de ce droit. C'est une décision que la Cour suprême du Canada a rendue en 1999. Je maintiendrai toujours que la conservation est la priorité et l'objectif numéro un. C'est ce que m'ont dit les pêcheurs commerciaux et les Premières Nations aussi.
Nous voulons tous la même chose. Nous devons toutefois trouver un moyen d'y arriver. À l'issue de mes discussions avec les pêcheurs commerciaux, les représentants de l'industrie et les Premières Nations, il semble que ce soit l'objectif global de chacun.
Je ne ferai jamais rien qui puisse compromettre cet objectif de conservation. L'industrie commerciale est extrêmement importante pour nous, dans le Canada atlantique. Nous voulons nous assurer qu'elle soit viable à long terme. Ce sont tous des objectifs que je cherche à atteindre au quotidien.
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Je vous remercie, madame la ministre.
Nous sommes tous d'accord au sujet de la conservation, mais j'espère que nous conviendrons aussi à la table que les citoyens des collectivités de tout le Canada atlantique méritent de savoir quelles sont les règles, et d'avoir l'assurance qu'elles seront appliquées. C'est un néant total. Nos collectivités réclament un leadership en la matière.
Madame la ministre, vous avez dit que la GRC a un travail à faire. Je répondrai que c'est plutôt à vous et à votre ministère d'agir et de réglementer les pêches dans tout le Canada atlantique. Ce que j'ai entendu jusqu'à maintenant n'est pas encourageant.
M. Morrissey dit que vous êtes ministre depuis un an, mais votre gouvernement est au pouvoir depuis cinq ans. On a laissé le conflit s'envenimer ces derniers temps. Nous avons vu les événements suivre leur cours. C'est extrêmement important pour l'avenir non seulement de la conservation, sur laquelle nous nous entendons, mais aussi de la survie de nos collectivités et de nos pêches.
Madame la ministre, je pense que les pêcheurs de ma circonscription aimeraient que vous fassiez une déclaration plus ferme sur le fait que vous allez protéger leur gagne-pain et leur capacité de gagner leur vie pour la suite des choses.
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Je vous remercie infiniment, monsieur le président. Je dois dire que vous êtes très strict à propos du temps. Bien joué.
Madame la ministre Jordan, je vous souhaite spécialement la bienvenue, et je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui, de même que vos accompagnateurs: le sous-ministre Sargent, Mme Lapointe, M. Wentzel et M. Lamirande. Nous sommes vraiment ravis que vous soyez tous ici pour nous faire part de vos points de vue et de vos commentaires réfléchis sur ce dossier fort complexe.
Madame la ministre Jordan, je sais que vous avez travaillé sans relâche au cours de la dernière année. Nous vous sommes reconnaissants de votre ouverture et de votre dur labeur sur un dossier qui, nous le savons, était parfois très difficile. Je viens de la région de Moncton. Je ne suis pas originaire d'une collectivité de pêcheurs à proprement parler, mais je dois dire que le dossier a décidément attiré l'attention de nombreux Canadiens, et que tout le monde surveille la situation. Nous souhaitons vraiment qu'une solution soit trouvée, et nous vous remercions encore d'être avec nous aujourd'hui.
J'ai deux questions précises à vous poser. D'une part, j'aimerais que vous nous parliez davantage du représentant spécial fédéral qui a été nommé récemment, M. Surette. Pourriez-vous nous parler de son rôle et de ses responsabilités?
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Certainement. Je vous remercie de la question.
M. Surette a été nommé conjointement par Mme , ministre des Relations Couronne-Autochtones, et par moi-même. Les pêcheurs commerciaux nous ont souvent dit qu'ils voulaient être à la table. Bien sûr, nous négocions de nation à nation avec les collectivités des Premières Nations. Nous voulions toutefois qu'ils aient l'impression que leur voix est entendue. Nous avons nommé le représentant spécial pour favoriser le dialogue entre les collectivités des Premières Nations et les pêcheurs commerciaux. Nous nous assurons ainsi que le point de vue de chacun est écouté et que nous tendons la main aux pêcheurs commerciaux.
M. Surette est très respecté dans son milieu. Il a déjà travaillé dans des situations difficiles relatives aux pêches, notamment au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard. Il apporte une mine de connaissances à la table. Par ailleurs, il va également soumettre à la et à moi-même un rapport provisoire en décembre, et un rapport final en mars, où il nous proposera des pistes de solutions pour l'avenir qui nous aideront à combler le fossé.
Les pêcheurs commerciaux et les Premières Nations pêchent ensemble depuis des générations. Les dissensions qui sont apparues en raison de cet enjeu sont profondes, et nous devons tout mettre en oeuvre pour réduire l'écart entre les parties de façon à ce que nos collectivités puissent recommencer à vivre ensemble.
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Oui, madame la ministre.
Il y a deux ou trois choses que je pourrais dire au Comité, monsieur le président.
Comme la ministre l'a mentionné plus tôt, les stocks de homard de la région des Maritimes se trouvent dans une zone saine. Nous parvenons à cette conclusion à partir d'une série de données scientifiques, comme les données sur les prises de l'industrie qui s'ajoutent aux données indépendantes de la pêche que nous recueillons.
En ce qui a trait à la pêche dans la baie St. Peters, nous sommes au courant de la présence d'un certain nombre de pièges dans le secteur, comme la ministre l'a dit plus tôt. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires des Premières Nations pour arriver à gérer ensemble les risques que les activités représentent pour la conservation dans cette géographie particulière, et nous allons continuer sur cette voie.
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Je vous remercie, madame la ministre.
Je trouve que c'est étrange. J'ai entendu les membres conservateurs vous parler des décisions Marshall. En tant qu'ancien professeur d'études micmaques, je me demande parfois à quelle décision Marshall ils font référence. Les deux décisions Marshall précisaient que Donald Marshall fils, qui a grandi à 30 minutes de chez moi, que j'ai connu et que j'ai remercié pour ses efforts... Il s'est présenté deux fois devant la Cour suprême. Il a pêché des anguilles, qu'il a vendues hors saison, à deux reprises, et les deux fois la Cour suprême a jugé que les traités étaient protégés par l'article 35 de la Constitution ainsi que par l'article 52, qui stipule que la Constitution du Canada est la loi suprême du Canada et que toute autre loi qui est contraire à cette disposition est inopérante.
Je me demande quel poids est accordé à ce jugement lorsqu'il est question des droits des Micmacs, qui ont été confirmés à deux reprises par la Cour suprême du Canada et qui sont reconnus par la Constitution, la loi suprême du Canada. Quel poids accordons-nous à cela lorsque nous envisageons de mettre en place des règlements qui seraient inopérants?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je dois dire d'abord que j'ai écouté les propos de M. Johns à quelques reprises. Il semble continuellement confondre le district 34 et la baie Ste-Marie. J'aimerais qu'il discute avec des gens de ma circonscription pour comprendre la situation dans laquelle ils se trouvent. Il continue d'essayer de décrire la question d'une pêche d'été commerciale illégale qui a cours dans la baie Ste-Marie depuis près de 25 ans, selon l'ancien , qui peut voir ce qui se passe à travers sa fenêtre. C'est une situation difficile que vivent les gens de Clare depuis de nombreuses années. Ils sont très inquiets. Ils sont très préoccupés par ce qui se passe dans la baie tous les jours.
Monsieur Johns, j'espère qu'à un moment donné vous allez discuter avec ces gens. Je vous ai offert mon numéro de téléphone à quelques reprises afin que je puisse vous expliquer la situation qui prévaut ici dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.
Je veux parler un peu de la bande de l'Acadie et de la bande de Bear River, car elles ont écrit deux lettres jusqu'à maintenant. La bande de Bear River se trouve dans la vallée d'Annapolis et la bande de l'Acadie est établie dans le sud-ouest. Ces bandes parlent du territoire qu'elles occupent et du fait que la baie Ste-Marie se trouve sur leur territoire traditionnel.
Est-ce que la ministre a pris en considération les lettres de la chef Potter et de la chef Robinson?
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Je vous remercie, madame la ministre.
Pour répondre à la question de M. d’Entremont, je peux dire que, compte tenu de la situation actuelle, nous sommes toujours préoccupés, comme la ministre l’a dit à de nombreuses occasions, par la sécurité de tous les pêcheurs. Nous prenons toutes les menaces qui pèsent sur le bon déroulement des pêches très au sérieux. Nous travaillons en très étroite collaboration avec nos collègues de la GRC et d’autres organismes d’application de la loi sur le terrain. Nous échangeons des renseignements avec eux et nous veillons à ce que tout le monde procède à une bonne évaluation des risques. Nous travaillons également très étroitement, dans le cadre du mandat de Pêches et Océans Canada, avec les diverses autorités portuaires pour nous assurer qu’elles évaluent bien la sécurité des pêcheurs dans les ports locaux.
Nous travaillons, bien entendu, avec tous les pêcheurs commerciaux, autochtones et non autochtones, pour nous assurer qu’ils puissent pêcher comme il se doit. Nous allons continuer de travailler avec eux. Je le répète, nous allons pouvoir progresser en ayant un dialogue ouvert et non en posant des gestes violents ou perturbateurs.
Merci.
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Votre temps est écoulé, monsieur Johns. Je suis désolé. Deux minutes et demie, ce n'est pas long. Nous allons nous arrêter ici.
J'aimerais remercier sincèrement la ministre et son personnel de nous avoir accordé deux heures complètes ce soir, même si nous avons commencé en retard. Nous vous sommes vraiment reconnaissants du temps que vous accordez au Comité. J'aimerais remercier chaleureusement tous les membres du Comité de s'être comportés de manière civile la plus grande partie du temps. Vous avez traité la ministre avec le plus grand respect et à titre de président, je vous en suis reconnaissant. Vous avez également traité tous les autres membres du Comité avec respect. Je m'arrêterai donc ici.
J'aimerais remercier sincèrement le personnel, la greffière, les analystes et, bien sûr, les merveilleux interprètes que nous utilisons à chaque réunion du Comité.
J'aimerais vous souhaiter à tous une bonne soirée. Profitez du reste de la soirée. Ici, à Terre-Neuve, il est plus tard que partout ailleurs, et il ne reste donc plus beaucoup de temps à la soirée. C'est la nuit, et je ne serai pas debout beaucoup plus longtemps.
Encore une fois, je vous remercie pour tout. J'espère vous revoir bientôt.
La séance est levée.