:
Je déclare la séance ouverte.
Il s'agit de la séance no 68 du Comité permanent des finances. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous menons une étude sur le Centre canadien d'échange du renminbi.
Trois personnes sont présentes ici ce matin pour témoigner devant le comité, et nous sommes très heureux de les accueillir. Nous entendrons tout d'abord le représentant du Conseil canadien des chefs d'entreprise, M. Brian Kingston. Bienvenue.
[Français]
Nous recevons également M. Eric Lemieux, qui est directeur général de Finance Montréal.
Bienvenue à ce comité.
[Traduction]
Nous entendrons aussi la présidente et directrice générale de la Toronto Financial Services Alliance, Mme Janet Ecker, qui témoignera par vidéoconférence depuis Toronto. Je vous souhaite la bienvenue et vous remercie infiniment d'être parmi nous.
Je tiens à remercier tous nos invités de leur présence. Ils disposeront chacun de cinq minutes pour nous présenter leurs observations préliminaires, et ils répondront ensuite aux questions des membres.
Nous allons commencer par M. Kingston. Allez-y, s'il vous plaît.
:
Monsieur le président, membres du comité, je vous salue et vous remercie de m'avoir invité à me présenter devant vous pour participer à la présente discussion sur le Centre canadien d'échange du renminbi, qu'on désigne également sous l'appellation de plaque tournante du RMB.
Le Conseil canadien des chefs d'entreprise — le CCCE — représente 150 hauts dirigeants et entrepreneurs de premier plan de tous les secteurs et toutes les régions du pays. Les entreprises membres de notre organisme administrent collectivement un actif d'une valeur de 6 billions de dollars. Leurs recettes annuelles s'élèvent à plus de 850 milliards de dollars, et elles sont à l'origine de la plupart des exportations, des investissements et des activités de formation du secteur privé au Canada.
Le CCCE a fermement appuyé les efforts qu'a déployés le Canada en vue de se doter d'une plaque tournante du RMB parce qu'il croit que cela procurera des avantages notables aux entreprises, aux institutions financières et à l'économie canadiennes. Dans le cadre de mon exposé d'aujourd'hui, dans un premier temps, je vous parlerai de quelques-uns des effets bénéfiques d'une plaque tournante du RMB, et, dans un deuxième temps, je formulerai des recommandations à propos de ce que le Canada doit faire pour s'assurer que cette plaque tournante soit une réussite.
Tout d'abord, en ce qui a trait aux effets bénéfiques, je soulignerai que le principal avantage que présente la plaque tournante du RMB pour le Canada tient au fait qu'elle est susceptible de faciliter les échanges. Les relations commerciales du Canada et de la Chine sont d'une ampleur considérable et sans cesse croissantes. La Chine est le deuxième partenaire commercial en importance du Canada parmi les pays de la communauté internationale, tandis que le Canada est le 13e partenaire commercial en importance de la Chine. Pendant très longtemps, les échanges commerciaux entre le Canada et la Chine étaient axés principalement sur les ressources, mais la nature de ces échanges est en voie de diversification. De fait, le commerce des services affiche une tendance à la hausse — il a connu une augmentation de plus de 50 % de 2007 à 2012. On constate également une réorientation vers le commerce des biens à valeur ajoutée, par exemple les produits manufacturés destinés à l'exportation. Cela dit, nos relations commerciales pourraient croître de façon substantielle, vu que nous demeurons le plus petit partenaire de la Chine par comparaison avec d'autres pays possédant des secteurs complémentaires semblables. Par exemple, les produits canadiens ne représentent que 1,3 % des importations de la Chine, ce qui est une faible proportion si nous nous comparons avec la Suisse ou l'Allemagne, dont les produits représentent respectivement 1,5 % et 5,1 % des importations de la Chine.
Un certain nombre de secteurs pourraient contribuer énormément à l'accroissement des échanges commerciaux. Une proportion d'à peine 0,2 % du pétrole et du gaz consommés par la Chine provient du Canada; par comparaison, 19 % de son pétrole et de son gaz proviennent de l'Arabie saoudite, 14 % de l'Angola, et 9 %, de la Russie. Dans le même ordre d'idées, la Chine dispose d'une forte capacité d'exportation dans certains secteurs, par exemple celui de la machinerie et du matériel et celui de la fabrication de machinerie électrique, mais les produits provenant de ces deux secteurs ne représentent respectivement que 10 % et 16 % des produits importés par le Canada, tandis que les produits des mêmes secteurs des États-Unis représentent respectivement 56 % et 46 % des importations du Canada.
La plaque tournante du RMB pourrait améliorer les relations commerciales du Canada avec la Chine en réduisant les coûts liés aux opérations de change que doivent assumer les importateurs et les exportateurs, ce qui aurait pour effet de faciliter tant les échanges que les investissements. En outre, les transactions en RMB procurent un avantage concurrentiel aux entreprises canadiennes, vu que leurs partenaires commerciaux chinois préfèrent les transactions libellées dans cette devise. Selon une estimation de la Chambre de commerce du Canada — dont vous avez entendu des représentants la semaine dernière —, le fait de libeller des exportations en RMB pourrait faire croître les exportations canadiennes vers la Chine de 21 à 32 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années.
En plus d'être profitable pour les importateurs et les exportateurs, la plaque tournante du RMB crée de nouvelles occasions pour les institutions financières canadiennes. Parmi les monnaies de grand marché en émergence, celles qui ont connu la plus forte croissance de leurs parts de marché sont le RMB et le peso mexicain. On prévoit que le RMB sera l'une des trois monnaies les plus utilisées dans les échanges internationaux en 2015, ce qui fera passer l'intégration financière de la Chine au sein des marchés mondiaux à un nouvel échelon. L'obtention de la première plaque tournante du RMB des Amériques procurera aux institutions financières canadiennes l'avantage que confère l'initiative et permettra de fournir des services financiers libellés en RMB aux entreprises et sociétés canadiennes de l'hémisphère occidental qui entretiennent des liens commerciaux avec la Chine. De tels services peuvent comprendre des comptes d'entreprise en RMB, des marges de crédit et des mécanismes d'échange de devises et de paiement en RMB.
Je vais maintenant vous parler des mesures que nous devons prendre pour assurer la réussite de la plaque tournante du RMB. Comme vous l'ont mentionné la semaine dernière des représentants de la BICC, le Canada dispose d'un créneau relativement court pour tirer parti de sa plate-forme d'échange du RMB, vu qu'on prévoit que la Chine libéralisera son compte de capital d'ici trois ou quatre ans, ce qui aura pour effet d'atténuer l'avantage découlant de la plaque tournante. S'il veut tirer le meilleur parti de cette occasion, le Canada doit créer un plan à long terme en vue de renforcer ses liens avec la Chine, ce qui exigera la prise de deux mesures. Premièrement, le Canada doit établir un partenariat stratégique avec la Chine; l'absence d'une stratégie plus étoffée et plus constante à l'égard de la Chine constitue l'une des principales lacunes du portefeuille économique du Canada, surtout si l'on tient compte du fait que, après les États-Unis, la Chine est le deuxième partenaire commercial en importance du Canada. En l'absence d'un tel accord, nous risquons de prendre du retard par rapport aux pays avec lesquels nous sommes en concurrence. Deuxièmement, le Canada doit entreprendre des pourparlers en vue de la conclusion d'un accord de libre-échange avec la Chine; il doit faire passer notre relation commerciale avec la Chine à l'échelon supérieur en lançant des négociations bilatérales concernant le libre-échange. La suppression des obstacles au commerce et à l'investissement procurera un avantage concurrentiel aux entreprises canadiennes.
En conclusion, je tiens à mentionner que le CCCE félicite le gouvernement d'avoir doté le Canada d'une plaque tournante du RMB. Le Canada a la possibilité d'être un chef de file du marché, mais il doit agir rapidement.
Je serai heureux de répondre à toutes vos questions. Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Chers membres du comité, je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à participer à vos travaux.
En tant que représentant de l'industrie des services financiers de Montréal, j'aimerais partager avec vous notre point de vue sur l'impact du développement du Centre canadien d'échange du renminbi. De façon globale, nous voyons ce centre d'échange de façon très positive. Le Canada et la Chine ont de bonnes relations qui sont établies depuis longtemps. Ces liens historiques sont profonds et forment une excellente fondation sur laquelle nous pouvons continuer de bâtir, notamment dans l'industrie des services financiers.
L'internationalisation du renminbi représente une occasion d'écrire un nouveau chapitre des relations bilatérales entre le Canada et la Chine. À notre avis, deux principaux éléments seront touchés par le Centre canadien d'échange du renminbi.
Premièrement, les entreprises canadiennes seront en mesure de faire des échanges commerciaux directement en renminbi avec leurs partenaires d'affaires chinois. Cela devrait accroître les activités commerciales entre les deux pays et procurer un avantage concurrentiel supplémentaire aux entreprises canadiennes en raison de la diminution du coût des transactions sur devises.
Deuxièmement, l'industrie des services financiers du Canada, incluant celle de Montréal et du Québec, sera en mesure de créer et de distribuer des produits financiers libellés en renminbi. Cela générera de nouvelles lignes d'affaires pour les institutions financières, procurera de nouvelles occasions d'investissement pour leurs clients institutionnels et particuliers, et accroîtra la réputation mondiale de l'expertise qui caractérise l'industrie des services financiers du Canada, y compris dans le marché des devises.
Le Centre canadien d'échange du renminbi profitera aussi à la Chine, dont l'économie passe de celle de producteur de biens manufacturés à une économie davantage orientée vers la consommation nationale et les investissements mondiaux dans des industries stratégiques. Grâce au Centre canadien d'échange du renminbi, la Chine aura un accès direct aux marchés financiers de l'Amérique du Nord et de l'Amérique du Sud, qui fonctionneront selon les mêmes fuseaux horaires. Les Chinois pourront aussi bénéficier de la solidité du système financier canadien et de son expertise de classe mondiale, d'un encadrement réglementaire éprouvé protégeant les investisseurs et les consommateurs ainsi que d'un régime fiscal favorable.
J'aimerais ajouter que l'accroissement des relations financières entre le Canada et la Chine n'est pas qu'un pari sur la croissance. Il s'agit aussi d'un investissement dans le changement. On parle ici d'un changement dans la façon dont nous faisons des affaires ensemble. Il s'agit d'un changement dans les produits donnant accès au marché chinois et d'un changement dans les comportements des professionnels de la finance du Canada et de la Chine. En effet, ils s'habitueront de plus en plus aux pratiques en vigueur dans les deux pays. En somme, c'est un investissement dans un futur où la collaboration entre nos communautés financières sera plus importante.
Finance Montréal soutient Toronto et Vancouver dans leur volonté d'agir comme principaux lieux d'échange du renminbi au Canada. À titre de plus grand centre financier du Canada où se trouve la majorité des activités d'échange de devises, Toronto a la capacité et le savoir-faire nécessaires pour gérer une part significative des transactions et des services de compensation en renminbi ayant lieu au Canada.
En tant que porte d'accès vers l'Asie du Pacifique, Vancouver est, de son côté, également très bien positionnée. La ville comporte une population substantielle d'origine chinoise et la Colombie-Britannique offre un programme fiscal incitatif qui peut exempter l'échange de devises étrangères du régime de taxation provincial. La Colombie-Britannique a aussi agi comme pionnière dans les marchés financiers en devenant, en novembre 2013, le premier gouvernement provincial à émettre des obligations libellées en renminbi d'une valeur de 425 millions de dollars.
Quel rôle spécifique Montréal peut-elle jouer dans l’établissement et la mise en oeuvre d’un centre d’échange du renminbi au Canada?
Au Québec, il y a environ 150 000 emplois dans le secteur financier, dont près de 100 000 sont situés à Montréal. Le PIB du secteur financier génère 6,2 % de l'activité économique de la province. Montréal se classe au 18e rang du Global Financial Centres Index parmi les endroits les plus importants au monde. En 2008, elle était classée 31e, ce qui démontre que l'industrie locale est en croissance, qu'elle a eu un bon rendement depuis la crise financière et que le volume d'affaires généré par des institutions financières internationales a augmenté au cours des dernières années.
Montréal entend jouer un rôle actif dans le développement et la mise en oeuvre du Centre canadien d'échange du renminbi. En plus de créer et distribuer des produits financiers libellés en renminbi, la communauté financière de Montréal occupera des fonctions spécifiques dans le marché du renminbi, soit tout ce qui a trait aux produits dérivés. Puisque le centre d'échange canadien des produits dérivés est la Bourse de Montréal, les produits dérivés sur la devise du renminbi qui seront créés par les institutions financières pourront être échangés à Montréal. Notre ville est spécialisée dans ce domaine de pointe.
Des contrats à terme sur devises et des swaps de devises libellées en renminbi pourraient contribuer à diversifier l'offre de produits dérivés échangés à la Bourse de Montréal tout en augmentant le rayonnement international de cette institution financière.
Par ailleurs, Montréal a une relation particulière avec la ville de Shanghai, puisque les deux villes sont jumelées depuis près de 35 ans. Un exemple de cette proximité est l'entente de partenariat signée en 2013 entre Finance Montréal et la Shanghai Financial Association. Cette entente augmentera les échanges entre les étudiants et les professionnels des deux industries financières, particulièrement dans le secteur des produits dérivés.
En 2013 et 2014, des représentants de Finance Montréal ont visité la zone de libre-échange à Shanghai qui a été conçue pour faciliter le commerce international des produits et services. Elle a aussi pour objectif d'accroître les investissements et la libéralisation des services financiers, incluant à terme la conversion libre du renminbi, ce qui ouvrira davantage le secteur bancaire chinois.
Les liens personnels créés entre les représentants des communautés financières de Montréal et de Shanghai pourraient être utilisés comme levier dans le cadre de la mise en oeuvre du Centre canadien d'échange du renminbi. Nous voyons également un intérêt accru de la part des banques chinoises à ouvrir des succursales à Montréal, comme l'a fait, par exemple, la Banque de Chine en ouvrant son premier bureau en 2013. La ICBC a également annoncé son intention d'ouvrir une première succursale à Montréal en 2015.
Le Centre canadien d'échange du renminbi pourrait accélérer la pénétration du marché montréalais par les institutions financières chinoises, ce que nous voyons d'un bon oeil. Tous ces éléments sont de bon augure pour les relations financières entre le Canada et la Chine, mais également pour Montréal en tant que membre de la communauté financière canadienne.
C’est maintenant à nous d’agir et de saisir les occasions qui émergeront de l’établissement du Centre canadien d’échange du renminbi. Ensemble, travaillons à développer un partenariat avec nos contreparties chinoises.
Je vous remercie.
:
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de l'occasion que vous m'offrez.
Je m'appelle Janet Ecker. Je suis présidente et directrice générale de la Toronto Financial Services Alliance. Je suis accompagnée aujourd'hui de Sheryl Kennedy, présidente et directrice générale de Promontory Financial Group Canada et ancienne sous-gouverneure de la Banque du Canada. Sheryl et des membres de la société qu'elle dirige ont agi à titre de conseiller de la TFSA et l'ont aidée à jouer un rôle de premier plan dans le cadre de l'initiative liée à la plaque tournante du RMB.
Notre organisation est le fruit d'un partenariat public-privé hors du commun qui consacre ses énergies à faire de la région de Toronto l'un des 10 principaux centres financiers du monde. Elle est née de la collaboration d'organismes provenant des trois échelons de gouvernement, du secteur financier et du secteur universitaire, et elle s'efforce de contribuer à la croissance de l'industrie, de renforcer notre réputation à l'échelle mondiale et d'accroître notre compétitivité en tant que carrefour international.
Il était logique pour nous de chercher à conclure un accord avec la Chine afin que le Canada soit désigné à titre de plate-forme d'échange du RMB. Si vous le permettez, je vais fournir des explications à ce sujet.
Comme vous le savez, l'économie canadienne est de plus en plus axée sur les marchés mondiaux. Le commerce et les investissements à l'échelle internationale ont une incidence plus grande qu'auparavant sur la situation financière du Canada. La Chine est à présent notre deuxième partenaire commercial en importance après les États-Unis, et les gouverneurs de la Banque du Canada et le gouvernement du Canada encouragent les entreprises du pays à créer des liens partout dans le monde.
L'industrie financière canadienne a joué un rôle dans tout cela. Après s'être sorties relativement indemnes de la crise mondiale, les sociétés financières ont mis cet avantage à profit afin d'accroître leur présence sur le marché mondial, ce qui a profité à notre économie.
Par exemple, le commerce des services financiers continue de prendre de l'expansion. Depuis 2000, les exportations mondiales ont triplé, tandis que les exportations canadiennes ont presque quadruplé. La part des services financiers dans les exportations totales de services du Canada a augmenté de façon constante — cette part était de 11 % en 2013, ce qui représente presque le double de ce qu'elle était il y a une dizaine d'années de cela, où elle s'élevait à 5,9 %. L'investissement direct à l'étranger du Canada dans le secteur des services financiers a plus que triplé depuis 1999. En 2013, une proportion de 53 % de l'IDE total du Canada était liée aux services financiers, alors que, il y a 10 ans environ, cette proportion s'élevait à 44 %. Le tiers des recettes des banques canadiennes sont générées à l'étranger. Des compagnies d'assurance canadiennes, par exemple Manuvie et Sun Life, se classent parmi les 20 principales compagnies d'assurance en importance à l'échelle internationale, et elles sont actives sur les marchés asiatiques et ailleurs dans le monde. L'actif des principaux régimes de pension du Canada est le troisième en importance dans le monde, et ces régimes sont vus d'un bon oeil par les investisseurs du monde entier, surtout ceux qui investissent dans des projets d'infrastructures, lesquels représentent un besoin urgent en Asie et dans d'autres marchés.
Nous sommes également conscients du fait que la Chine cherchait à internationaliser sa monnaie et avait déjà établi un certain nombre de plates-formes d'échange à divers endroits, notamment à Hong Kong, à Singapour et à Londres. L'établissement d'un centre pour les Amériques allait de soi.
Cela dit, cette initiative exigeait les efforts concertés de l'industrie financière et du gouvernement. Comme nous le faisons généralement dans le cadre de projets de la TFSA, nous sommes entrés en contact avec nos partenaires de l'industrie et du gouvernement en vue de constituer un groupe de travail qui serait chargé de diriger l'initiative. Ce groupe comprend des représentants d'un groupe représentatif d'institutions nationales et internationales actives au Canada, de même que de représentants du gouvernement fédéral, du gouvernement de l'Ontario et de la Banque du Canada, qui ont qualité d'observateurs.
En outre, nous étions très heureux qu'un vaste éventail d'entreprises et d'autres organisations appuient l'initiative. Parmi ces organisations, mentionnons la Chambre de commerce du Canada, Manufacturiers et exportateurs du Canada, le Conseil d'affaires Canada-Chine, le Conseil canadien des chefs d'entreprise, la Ville de Toronto, Finance Montréal, AdvantageBC, le gouvernement de la Colombie-Britannique, la Fondation Asie-Pacifique et Exportation et développement Canada. Toutes ces organisations nous ont offert du soutien. Il convient tout particulièrement de souligner que cette initiative est le fruit d'une collaboration entre AdvantageBC, la TFSA et Finance Montréal, ce qui met en évidence le fait que l'industrie, malgré qu'elle soit établie dans la région de Toronto, a une envergure nationale, et que les effets bénéfiques de l'accord se feront sentir partout au pays.
Comme vous le savez, en novembre dernier, le premier ministre Harper a signé avec la Chine l'accord faisant du Canada la plaque tournante du RMB pour les Amériques. J'ai eu le privilège d'assister à l'annonce faite à Beijing, et j'aimerais féliciter le gouvernement d'avoir mené à bien cette initiative.
Les membres du comité savent que l'accord était constitué de trois éléments, à savoir la désignation de la Banque industrielle et commerciale de Chine à titre de banque de compensation, l'établissement d'un accord d'échange de devises et l'octroi aux institutions financières canadiennes d'un quota, d'un montant en RMB au titre du programme des investisseurs institutionnels étrangers qualifiés.
Qu'est-ce que cela représente pour l'économie et les entreprises canadiennes? Les mesures annoncées permettront aux deux pays d'effectuer directement des opérations de change. Par conséquent, les sociétés canadiennes qui font des affaires avec la Chine n'auront plus à effectuer leurs transactions au moyen d'une devise intermédiaire comme le dollar américain, ce qui permettra d'atténuer les risques liés aux devises et de réduire les coûts dont s'assortissent les transactions. D'après un sondage mené par la HSBC, une proportion de 55 % des entreprises chinoises offriraient des rabais à leurs partenaires commerciaux si leurs transactions étaient libellées en RMB.
En ce qui concerne les retombées économiques d'ordre plus général, je mentionnerai que la TFSA est à l'origine du rapport de la Chambre de commerce du Canada selon lequel les seuls avantages commerciaux directs découlant d'une plate-forme d'échange du RMB se chiffreraient à plus de 32 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années. De surcroît, la plate-forme profitera aux institutions financières canadiennes puisqu'elle leur permettra d'offrir dans l'ensemble des Amériques une vaste gamme de produits et de services, notamment en ce qui a trait au financement des transactions commerciales, au cautionnement des marchés, aux comptes de chèques, aux liquidités à court terme, au financement à long terme et aux produits de placement.
Pour l'essentiel, l'accord contribuera à améliorer notre image de centre financier mondial doté d'une industrie financière de premier plan, à accroître les investissements dans le commerce et à renforcer les liens économiques entre le Canada et la Chine. Au moment où nous nous efforçons d'accroître notre bassin de partenaires commerciaux, l'accroissement du rayonnement et de l'expertise de notre secteur financier et des économies émergentes du monde entier est un élément crucial. L'accord représente une étape importante dans cette voie. Nous devons à présent saisir l'occasion qui s'offre à nous.
Merci beaucoup.
:
J'ai sous les yeux un article du
Wall Street Journal qui parle de la China Investment Corporation, la CIC.
Cette société possède un fonds de près de 900 milliards de dollars canadiens. En 2009, j'ai rencontré Gao Xiqing, qui en était le directeur des placements à cette époque, et il m'a dit que la CIC avait choisi Toronto plutôt que New York parce que le Canada était plus ouvert à l'investissement chinois que les Américains.
L'article du Wall Street Journal s'intitule « CIC May Move North American Headquarters to New York from Toronto ». L'article soulève des préoccupations selon lesquelles le gouvernement canadien serait peut-être en train de retirer le tapis rouge qu'il avait déjà déroulé pour l'investissement asiatique. Il fait particulièrement allusion au resserrement des règles relatives à l'investissement des entreprises publiques et à l'ambiguïté en ce qui concerne l'investissement chinois au Canada après la transaction CNOOC-Nexen.
Monsieur Kingston, vous avez mentionné certains domaines dans lesquels le gouvernement pourrait peut-être mieux promouvoir les possibilités d'investissements canadiens en Chine. Le fait de rendre nos règles en matière d'investissement étranger plus claires et moins ambiguës serait-il l'un des aspects auxquels nous devrions nous attaquer?
:
Nous travaillons à plus d'un niveau.
D'abord, nous nous adressons aux entreprises montréalaises et québécoises pour les informer des avantages que comporte l'usage du renminbi dans le cadre des échanges.
De plus, nous nous assurons auprès des institutions financières qu'elles pourront profiter de la possibilité d'offrir des produits en renminbi. Ces gens se penchent présentement sur cette question, entre autres avec les collègues de Toronto, et réfléchissent aux divers types de produits et à la façon de les offrir.
Troisièmement, comme je l'ai déjà mentionné, nous tentons de voir s'il y a des occasions de développer des produits dérivés. Il faut savoir que cela pourrait être davantage une occasion à long terme.
Enfin, nous travaillons avec les gestionnaires de portefeuille pour déterminer s'ils pourraient éventuellement offrir des produits libellés en renminbi à des clients chinois, qu'il s'agisse d'institutions ou de particuliers. Divers gestionnaires de portefeuille qui sont situés à Montréal gèrent déjà de l'argent pour un fonds de pension chinois. Dans ce contexte, nous étudions la possibilité de compléter l'offre de produits.
Nous travaillons à la fois dans l'axe des compagnies, dans celui des institutions financières et dans celui des gestionnaires de portefeuille. Nous allons le faire éventuellement en ce qui a trait aux types de produits dérivés.
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Premièrement, concernant l'un des commentaires que vous avez faits plus tôt, il doit s'agir — et ça l'est déjà dans la plupart des cas — d'un partenariat à la fois gouvernemental et industriel pour qu'on puisse lancer cette initiative et la faire fonctionner. Une participation des deux camps est nécessaire, si vous voulez.
Nous travaillons avec la Chambre de commerce du Canada, par exemple, et le Conseil commercial Canada-Chine afin de joindre les entreprises. Bien entendu, il y a une courbe d'apprentissage pour les entreprises qui souhaitent tirer profit de cette occasion.
Il y a des institutions comme AdvantageBC, par exemple, qui organisent des ateliers sur les fonctions de trésorerie des entreprises. Ce sont des gens qui s'occupent du financement des entreprises, qui indiquent comment il faut procéder.
Nous travaillons avec certaines de nos institutions financières qui offrent des séances à leurs clients où on leur dit de quoi il s'agit, comment procéder. Un certain nombre d'initiatives, de réunions ou d'ateliers, se tiennent pendant l'année, et, essentiellement, sont conçus pour promouvoir la façon d'utiliser cette initiative et d'en tirer profit et la façon d'aller de l'avant.
Comme l'a mentionné M. Lemieux, l'un des aspects emballants de cette initiative, c'est la collaboration entre AdvantageBC, la TFSA et le groupe de M. Lemieux. Nous étudions les façons dont nous pouvons collaborer à cet égard afin de nous assurer que les entreprises canadiennes ont la possibilité — qu'il s'agisse d'entreprises financières ou d'autres entreprises — de croître dans le cadre de cette initiative.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie beaucoup, mesdames et messieurs, d'être ici parmi nous aujourd'hui.
Monsieur Kingston, dans le rapport de 2014, j'ai lu le message de votre président et chef de la direction, M. John Manley. J'ai trouvé ses observations très intéressantes. Il y parlait du problème lié à la qualité de l'éducation. Autrement dit, le Canada a baissé de rang dans les différents indicateurs que l'on retrouve dans les études mondiales. C'est une inquiétude que je partage.
Nous menons une étude sur le Centre canadien d'échange du renminbi. Il ne faut pas se le cacher, ce centre fait consensus. D'ailleurs, je me réjouis d'entendre vos témoignages et vos observations là-dessus. Malgré tout, on peut se demander si nos entreprises et le Canada sont prêts à faire face aux défis. La semaine dernière, des témoins nous ont dit que le temps dont nous disposons pour profiter de l'avantage concurrentiel du Centre canadien d'échange du renminbi était quand même limité. Je constate que vous êtes d'accord avec cela.
Pouvez-vous nous faire part d'autres aspects préoccupants? Comment le gouvernement fédéral pourrait-il faire en sorte qu'on profite pleinement de cette occasion d'affaires?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins.
Je siège au Comité du commerce international depuis 2006, et je suis un nouveau membre du Comité des finances; je comprends donc l'importance de l'avenir économique du Canada en ce qui a trait à notre capacité de connaître du succès en tant que commerçants mondiaux. Nous comptons sur un emploi sur cinq, sur les 20 % de notre PIB et sur l'expansion de nos marchés. Le ministre travaille sur 38 nouveaux marchés qu'il tente d'élargir et de diversifier à l'extérieur des États-Unis, même si ce pays continuera d'être notre principal allié. Cette initiative avec la Chine et le centre d'échange du RMB ont assurément une très grande importance, puisque la Chine est actuellement la deuxième économie commerciale en importance au monde.
J'aimerais clarifier une chose avant de poser une question à M. Kingston. M. Brison a fait allusion à un article du Wall Street Journal qui mentionnait que CIC pourrait faire passer son siège social d'Amérique du Nord de Toronto à New York. Je voulais seulement dire qu'il s'agit d'un article de décembre 2013. Depuis, le gouvernement a fourni, comme vous l'avez mentionné, la certitude — grâce à l'APIE —, la prévisibilité et l'assurance dont les entreprises ont besoin pour effectuer des échanges bilatéraux et des investissements dans les deux sens.
Monsieur Kingston, dans votre déclaration préliminaire, vous avez mentionné la nécessité de mettre en place un « partenariat stratégique ». Pourriez-vous nous expliquer plus en détail ce qui serait envisagé du point de vue du Conseil canadien des chefs d'entreprise?
:
Tout d'abord, si nous voulons augmenter nos échanges économiques avec la Chine, j'insiste pour vous dire à tous que l'appui gouvernemental est primordial. On a fait mention précédemment de la mission du premier ministre. J'ai moi-même assisté à une mission du premier ministre du Québec, M. Couillard, qui est également allé en Chine. Si nous voulons développer davantage nos relations avec la Chine, l'appui gouvernemental est la clé du succès. Étant donné la façon dont ce pays fonctionne, il est très important de savoir que nous avons votre appui.
De plus, il y a la question de savoir combien d'emplois pourront être créés. C'est une question à laquelle il m'est difficile de répondre très précisément. Ce que je sais par contre, c'est que, comme l'a dit mon collègue, la croissance de nos échanges économiques avec la Chine est extrêmement importante.
La Chine s'est transformée. Elle qui était un fabricant de produits et la manufacture du monde est en train de devenir un pays de consommateurs. Elle a donc besoin de matières premières et de denrées. Elle achète de plus en plus. La classe moyenne dans ce pays est maintenant rendue à plus de 200 millions d'habitants, voire plus de 300 millions. C'est aussi gros que les États-Unis.
C'est une occasion importante pour nous. S'il y a un endroit de croissance pour les entreprises canadiennes, c'est la Chine. Vous comprendrez qu'il est difficile pour moi de chiffrer cela, mais la Chine représente une belle occasion pour les entreprises canadiennes, et ce, pour les 10, 15 et 20 prochaines années. On devrait y porter une attention particulière, tout en sachant que la façon d'y mener des affaires est différente. En ce sens, nous avons besoin d'un appui important de la part des gouvernements. Je pense que la mise en place du renminbi vient mettre de l'huile dans l'engrenage et nous permettre de contribuer à la croissance économique des deux pays.
:
Une chose qui est intéressante, au Canada, c'est qu'il y a quatre villes qui sont considérées comme étant des centres financiers internationaux d'après un indice des centres financiers mondiaux qui sert à faire ce genre de classement: Vancouver, Calgary, Toronto et Montréal. Cela montre clairement la portée nationale de l'industrie.
Vous avez pu entendre dans les observations de M. Lemieux qu'il y a assurément une fonction d'instruments dérivés à Montréal, que des marchés concernant l'énergie sont conclus à Calgary et qu'il y a beaucoup de financement des opérations commerciales à Vancouver. L'infrastructure de l'industrie pour le financement de toute une gamme de produits se trouve ici, à Toronto. Il ne fait aucun doute que cela entraînera des retombées positives dans l'ensemble du pays.
Nous essayons de nous assurer que nous coordonnons les activités des diverses régions financières, si vous me passez l'expression. Nous nous tenons au courant de ce que nous faisons. Nous échangeons de l'information. Il nous reste de l'information issue d'études et d'enquêtes à obtenir afin de respecter les modalités des accords.
Nous veillons à communiquer l'information que nous obtenons. Nous réfléchissons aussi au genre de sensibilisation qui doit être faite, comme je le mentionnais tout à l'heure, auprès des entreprises qui pourraient transiger en renminbi. Il y a une espèce de comité directeur entre la Colombie-Britannique et l'Ontario, entre AdvantageBC et la TFSA. En fait, nous avons tenu un appel téléphonique hier pour comparer nos notes concernant ce que nous entendons, ce que nous voyons et ce que nous faisons.
Il s'agit donc surtout de collaboration, de coopération et de communication de résultats de recherche et d'information.
:
Je connais M. Zhu. Je l'ai déjà entendu dire que la Chine est le deuxième plus grand partenaire économique du Canada, mais que pour la Chine, le Canada est petit.
M. Raymond Côté: Tout à fait.
M. Eric Lemieux: Je pense que nous sommes stratégiques. C'est ce que j'ai voulu démontrer en disant que notre pays est doté d'une excellente réglementation. Nous avons traversé la crise financière de 2008. Nous avons donc des avantages importants qui nous placent dans une bonne position pour jouer un rôle majeur à cet égard. Cela a été reconnu.
Ce qui a beaucoup intéressé ma contrepartie à Shanghai au cours des échanges que nous avons eus, c'est notre réglementation et la façon dont nous avons traversé la crise économique de 2008. Les États-Unis n'ont pas eu le même succès.
Je pense qu'en ayant une bonne réglementation et un lien économique, voire d'amitié avec la Chine, lequel existe depuis plusieurs années, nous sommes bien positionnés pour jouer un rôle important.
:
Je me rappelle que, lorsque j'ai vu ce chiffre, j'ai pensé qu'il fallait que je sache de quoi il retournait, alors je me suis mis à lire. Au bout d'une heure, j'étais encore plus confus que lorsque j'ai commencé.
J'entends des choses très positives au sujet du marché financier, des répercussions que cela va avoir sur nous et des avantages que la chose comporte.
Je crois être un Canadien ordinaire. J'ai dit à la dernière séance que je fais un peu d'agriculture, que je vends quelques voitures... Le calcul que je fais, c'est que j'achète x, je vends y, et j'espère qu'il reste un peu de z au bout du compte. La plupart des gens comprennent cela.
Tout cela est très compliqué — pour moi du moins.
Avant de poser ma question, je voudrais dire que M. Brison a parlé des missions commerciales dans le passé. Je me rappelle cette époque. Je me rappelle l'époque où M. Chrétien a mené des hordes d'entreprises canadiennes en Chine. Le résultat a été que nous avons perdu beaucoup d'activités de fabrication. Ce qui s'est passé, essentiellement, c'est que les fabricants ont constaté qu'ils pouvaient fabriquer à coût beaucoup moindre en Chine. Franchement, je pense que nous nous sommes fait rouler avec cet accord. Ce n'est que mon opinion.
Qu'est-ce qui empêche que la même situation se produise de nouveau dans le cas de ces transactions financières extrêmement compliquées? Quel genre de garanties pouvez-vous nous donner, par rapport au fait que cela ne se reproduira pas?
N'importe qui — monsieur Lemieux, monsieur Kingston?
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Je peux vous en donner un.
Comme je l'ai déjà dit, j'ai eu l'occasion de participer à une mission en compagnie du premier ministre Couillard où il y avait plusieurs entrepreneurs. Je vous donne un exemple très simple et concret.
Une entreprise basée à Drummondville, qui est une petite ville du Québec, fabrique des outils pour vérifier et augmenter la capacité des fibres optiques. Il s'agit d'équipement physique. Depuis 2008, cette entreprise a eu beaucoup de contrats pour vendre cet équipement en Chine. Dans un cas comme celui-là, l'utilisation du renminbi éviterait de passer par un échange de monnaie canadien-américain et américain-chinois.
Selon l'estimation, cela permettrait d'avoir un avantage de 1 % et d'être protégé quant au taux de change, qui serait plus simple à faire. C'est un exemple où un produit spécialisé a permis à la Chine de soutenir sa croissance. Plusieurs entreprises se trouvaient également dans ce contexte.
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Monsieur le président, si vous me le permettez, si on se penche sur le voyage que le premier ministre a fait l'an dernier, il a conclu divers accords commerciaux d'une valeur totale de quelque deux milliards de dollars dans le domaine de l'aviation, de la technologie nucléaire, des bleuets, ainsi que l'accord précis qui nous concerne.
La première ministre Wynne s'est rendue en Chine en octobre, et elle a conclu des ententes d'une valeur totale d'environ un milliard de dollars dans des secteurs de technologies propres comme la salubrité des aliments, la lutte contre la pollution et d'autres choses de ce genre. Les Chinois sont très désireux de tirer parti de l'expertise de l'Ontario à ce chapitre. Je pense que voilà plusieurs exemples d'expertise et de produits et services utiles aux consommateurs chinois. À titre d'exemple, lorsque je me suis rendue en Chine l'an dernier, j'ai remarqué que le vin de glace de l'Ontario est très populaire chez les jeunes femmes chinoises.
Je crois donc qu'il y a une longue liste, et je pense que l'entente concernant le renminbi ne peut que venir l'allonger. Il ne s'agit pas seulement de transactions financières compliquées. Elles font partie de l'affaire, sont importantes, mais le potentiel intéressant de l'entente tient au fait qu'elle touche l'ensemble de l'économie si nous arrivons à en tirer parti. Il faut que nous agissions, tous ensemble, pour que cela se concrétise.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être ici ce matin.
Je veux donner suite à un certain nombre de choses qui ont été abordées, et à une chose en particulier, soit la meilleure façon de promouvoir la plaque tournante. Bon, pour revenir un peu en arrière, permettez-moi de faire quelques déclarations, et ensuite, ce que je veux savoir, c'est... et peut-être que Mme Ecker pourrait répondre à cette question en premier.
Tout d'abord, le Forum économique mondial a déclaré que le secteur financier du Canada était le meilleur du monde pour la septième année consécutive. Nous avons créé 1,2 million de nouveaux emplois nets depuis la fin de la récession, en juillet 2009. Nous allons avoir le premier budget équilibré des pays du G7, avec les fondements économiques les plus solides. Quelle est l'importance du rôle de ces facteurs dans la décision de la Chine de choisir le Canada comme plaque tournante du RMB?
Merci beaucoup, monsieur Adler.
Je vais simplement conclure. J'ai une question. Je tiens à tous vous remercier de vos exposés. Je les ai tous trouvés très éclairants.
Monsieur Kingston, au sujet de l'avantage de se doter d'une chaîne de devises plutôt que de passer par la devise américaine, je pense que l'idée a été très bien exposée, et vous l'avez extrêmement bien expliquée ici aujourd'hui.
Monsieur Lemieux, en ce qui a trait aux produits dérivés et au rôle de Montréal, j'ai trouvé, comme on l'a dit, que vous avez présenté un exposé très éclairant.
Madame Ecker, vous avez parlé des investissements directs faits à l'étranger par les services financiers du Canada. Vous avez parlé de nos banques, de nos sociétés d'assurance et de nos gros fonds de pension, et cet argument me plaît beaucoup.
Alors ma question a davantage trait au fait que les Chinois sont connus pour être de très bons épargnants. C'est une perception, mais c'est aussi une réalité. Ma question a trait, peut-être, à un nombre inférieur d'investissements faits par les institutions chinoises, mais à un nombre supérieur d'investisseurs chinois en ce qui concerne les attentes que le Canada peut avoir pour ce qui est de l'afflux de capitaux vers les bourses ou les entreprises de Toronto.
À quel genre d'afflux pouvons-nous nous attendre du fait de l'existence du centre d'échange du RMB?
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Merci, monsieur le président.
Maintenant, la plupart des membres du comité ont vu la lettre que le a adressée au comité pour lui demander d'étudier la question du financement du terrorisme, qui est une question très troublante à l'heure actuelle.
Je reviens tout juste d'une conférence de l'OTAN à Bruxelles, et le financement du terrorisme était l'une des principales préoccupations de l'OTAN en ce moment. Évidemment, si nous pouvions faire des progrès pour arrêter le financement des groupes terroristes, ce serait une entrave importante pour eux qui les empêcherait de prospérer et d'étendre leurs activités, comme ils l'ont fait au cours des récents mois et des dernières années. C'est pourquoi il s'agit d'une question prioritaire; c'est une question prioritaire pour le ainsi que pour notre gouvernement et, par conséquent, cela devrait être également une question prioritaire pour le Comité permanent des finances. Je pense que les Canadiens se sentent concernés par la question et qu'ils s'en préoccupent; par conséquent, le ministre des Finances a demandé que nous nous penchions sur la question du financement du terrorisme.
Je recommande que nous commencions l'étude après la deuxième semaine de relâche en mars, soit le mardi 24 mars. En fonction du nombre de témoins que nous pourrons obtenir, nous déciderons à une date ultérieure du nombre de séances qui seront consacrées à cette étude. Cela dit, je pense que M. Adler voulait ajouter quelque chose.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je veux remercier le ministre des Finances d'avoir demandé au Comité permanent des finances d'entreprendre cette étude et le secrétaire parlementaire, M. Saxton, des observations qu'il vient de formuler.
Certes, il s'agit d'une étude importante que nous devons entreprendre. Dans le passé, nous avons vu que certaines organisations ici au Canada ont entrepris de recueillir à l'échelle nationale de l'argent qui a été envoyé à des groupes terroristes à l'étranger. À l'évidence, nous devons enquêter pour vérifier si d'autres organisations font ou non la même chose.
Bien sûr, au sein de ma propre collectivité, dans York-Centre, un certain nombre de mes commettants sont venus me voir et recommandent, depuis un certain temps maintenant, que nous faisions une telle étude afin d'établir si, oui ou non, des organisations recueillent de l'argent, ici au Canada, et l'envoient à l'étranger pour financer des activités terroristes.
J'appuie entièrement cette motion, et j'encouragerais les membres de l'opposition à faire de même. C'est un enjeu important pour le Canada, un enjeu important dans notre rôle pour vaincre le terrorisme dans le monde. À preuve, les attaques récentes ici au Canada, au Québec et à Ottawa, et tous les jours, comme nous le voyons à Copenhague, à Paris, dans le nord de l'Irak et en Syrie. De toute urgence, nous devons effectuer une enquête approfondie sur la probabilité de financement national des groupes terroristes à l'étranger.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
A la base, je ne remets pas en question l'importance de l'étude. Cependant, je suis vraiment préoccupé par la façon dont cette étude va être utilisée étant donné les priorités du gouvernement conservateur. C'est ce qui est vraiment dommage. Des motions portant sur d'autres sujets ont été déposées, surtout sur un sujet qui est particulièrement important à l'heure actuelle. Le Canada fait face à des défis importants, notamment les changements au prix du baril de pétrole et l'ensemble des conséquences que cela entraîne. Cette question est particulièrement urgente.
Je pense ici aux préoccupations que cela représente pour les gouvernements provinciaux, notamment ceux de l'Alberta, de la Saskatchewan et de Terre-Neuve-et-Labrador. Certaines familles canadiennes font face au problème immédiat que constitue la perte d'un emploi ou la nécessité de trouver des occasions d'emploi plus localement. Il est vraiment désolant de constater que cette question a été rejetée.
Pour ce qui est du sujet proposé, j'aimerais rappeler aux membres de ce comité qu'un comité du Sénat a aussi étudié la question. Une bonne partie des recommandations qui ont été soumises à la suite de cette étude ont été intégrées au projet de loi omnibus . C'est donc dire que du travail a déjà été fait en ce sens.
Ce qui m'inquiète beaucoup, c'est qu'on risque de mobiliser l'attention et les ressources du comité pour réaliser une étude qui va probablement traiter de questions qui ont déjà été étudiées ailleurs et de n'avoir peut-être rien de vraiment nouveau à proposer.
Je suis d'accord sur le fait qu'il est important de découvrir où se trouve l'argent qui finance les activités terroristes partout dans le monde. Cela dit, nous aurions pu porter notre attention sur cette question auparavant, comme l'a fait le Sénat. Nous aurions pu le faire en 2012 ou en 2013, étant donné que c'était déjà un phénomène ou un problème connu.
Il me semble qu'on demande toujours une étude en réaction aux événements et qu'on est en retard sur ceux-ci au lieu d'anticiper ces derniers. Concernant la proposition qui est faite et l'insistance des membres du Parti conservateur, je trouve vraiment déplorable qu'on veuille faire cela maintenant.
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Évidemment, je reconnais — nous reconnaissons tous — l'urgence politique dans le fait que le gouvernement évite de parler d'économie ces dernières semaines.
En outre, nous appuierons cette motion, avec certaines réserves. Nous reconnaissons l'importance d'étudier le financement du terrorisme, et le CANAFE relève du ministère des Finances. Toutefois, cette étude devrait être menée par un comité parlementaire du renseignement et de la sécurité, le genre de comité qui existe dans les autres pays du Groupe des cinq. En Australie, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni et aux États-Unis, le Congrès ou le Parlement exerce une surveillance. Ces comités sont davantage en mesure d'étudier le financement du terrorisme que notre Comité permanent des finances, en partie parce que les membres ont un niveau accru d'habilitation de sécurité et d'expertise pour creuser les questions.
Je vais vous donner un exemple des raisons pour lesquelles l'habilitation de sécurité est requise et importante tandis que nous étudions le CANAFE et son efficacité concernant le financement du terrorisme. Le CANAFE utilise des algorithmes très précis pour repérer les transactions suspectes. Ils sont hautement confidentiels. En tant que Comité permanent des finances, nous pourrons effleurer la surface, mais c'est à peu près tout, car nous n'avons pas la même habilitation de sécurité que les parlementaires ou les membres du Congrès au sein de leur comité de sécurité dans d'autres pays. Ma foi, je ne comprends absolument pas pourquoi le gouvernement est réticent à effectuer le même genre de surveillance parlementaire de la sécurité que celui qui est mis en place par nos partenaires de la coalition internationale du Groupe des cinq.
Comme il n'y a pas de comité de la sécurité et du renseignement du Parlement au Canada, nous pouvons aller de l'avant avec l'étude, en tant que Comité permanent des finances. Mais soyons clairs: il s'agit d'une situation imparfaite, qui produira une étude ne fournissant pas autant de renseignements ou autant de précisions qu'une étude menée par un véritable comité parlementaire du renseignement et de la sécurité, le genre de comité que nous réclamons et que nous mettrions en place en tant que gouvernement libéral à l'avenir.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, je ne vous cacherai pas que je suis toujours ébahi de voir que tout est ramené à un jeu très partisan. D'ailleurs, mes collègues d'en face regardent ailleurs et sont occupés avec leur cellulaire au lieu d'écouter les interventions de l'opposition.
L'étude proposée par M. Saxton est importante, mais je vais lui retourner la question: pourquoi toutes les propositions de l'opposition sont-elles rejetées du revers de la main par les conservateurs? C'est cela qui est particulièrement absurde. Nous négocions de bonne foi et, par la suite, on nous refuse des choses parfaitement raisonnables et, surtout, tout à fait conformes à l'intérêt du public. C'est le fond de la question et du problème, que ce soit au Comité permanent des finances, au sein d'autres comités ou dans le cadre des travaux de la Chambre.
Je n'ai aucun problème à appuyer cette motion, au contraire. Cependant, nos travaux seront-ils encore à sens unique? Les représentants du gouvernement voudront-ils considérer les propositions que fera le NPD dans le cadre de cette étude? Allons-nous toujours nous faire imposer la volonté du gouvernement, qui choisit des sujets d'étude qui ne correspondent pas aux problèmes que vivent quotidiennement les entrepreneurs, les familles, les travailleurs et les retraités?
La population canadienne vieillit. Les fluctuations du prix du pétrole et de la devise amènent des changements dans les prix de plusieurs produits de nécessité quotidienne qui n'ont aucun rapport avec la hausse des revenus des retraités.
Je ne comprends pas que nous nous retrouvions encore dans une dynamique de foire d'empoigne potentielle, alors que nous pourrions arriver à des consensus et à des solutions négociés beaucoup plus facilement.
Je demande à M. Saxton de me dire quand il arrêtera de cracher sur la main tendue quand nous faisons des propositions tout à fait raisonnables et fondamentales pour l'ensemble des Canadiens, comme l'est, potentiellement, l'avis en question. J'espère que l'étude se fera dans de bonnes conditions et que nous ne nous retrouverons pas sur une voie à sens unique où on nous imposera le programme électoral du gouvernement.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie M. Dionne Labelle pour cette question.
Comme mon collègue le reconnaîtra peut-être, pour que les groupes terroristes puissent survivre et continuer, ils ont besoin de financement régulier. Notre préoccupation, et celle de nombreux Canadiens et de la collectivité internationale, c'est que les groupes terroristes abusent, par exemple, d'organismes de charité et profitent de devises virtuelles comme le bitcoin pour blanchir de l'argent et acheminer des fonds vers leurs comptes bancaires dans d'autres pays. Évidemment, si nous étions en mesure de mettre fin à une telle pratique, alors une étape importante serait franchie dans notre lutte contre le terrorisme international.
Ce ne sont là que quelques-unes des questions soulevées. Je suis sûr que de nombreuses autres questions seront évoquées au fur et à mesure que nos témoins feront part de leurs préoccupations, mais il s'agit d'un sujet d'importance. Les institutions financières ont également mis en place des contrôles, mais nous devons déterminer si ces contrôles sont réellement efficaces, parce que les groupes terroristes obtiennent des fonds. Ils se perpétuent et prennent de l'ampleur grâce au financement. Nous devons trouver d'où vient ce financement et y mettre fin dans la mesure du possible.
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J'entends ce que vous dites, mais vous n'avez pas répondu à ma question au sujet de texte de la motion.
On parle d'entreprendre une étude des coûts, mais de quels coûts parle-t-on? On parle du financement du terrorisme au Canada. Je ne sais pas à quelle révélation vous vous attendez ici, au Comité permanent des finances, mais tout ce qui concerne le financement illicite du terrorisme au Canada doit être traité par un comité qui porte sur la sécurité publique. Il est question de faire une étude sur l'impact économique du terrorisme, mais je trouve qu'au départ, votre motion est mal rédigée. Dans celle-ci, vous exprimez votre volonté d'évaluer l'impact des coûts du terrorisme au Canada, mais dans sa forme actuelle, cette motion est mal libellée.
Je n'ai pas l'impression que ce type d'étude va donner lieu ici à des révélations. On peut prendre connaissance des résultats des enquêtes, mais à cause de la nature de ces enquêtes, il est bien évident que celles-ci ne seront pas rendues publiques dans le cadre des travaux d'un comité. En effet, cela fait partie du travail de recherche du SCRS. Je ne vois pas ce qu'on pourrait apprendre ici.