:
Je déclare la séance ouverte.
Il s'agit de la séance no 77 du Comité permanent des finances. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous menons une étude sur le rapport de la Banque du Canada sur la politique monétaire.
Je tiens à souhaiter la bienvenue aux deux témoins qui sont ici ce matin.
Je vous demande d'abord d'accueillir le gouverneur de la Banque du Canada, M. Stephen Poloz. Nous sommes heureux de vous revoir ici, monsieur le gouverneur. Je suis ravi de votre présence.
Nous accueillons également la première sous-gouverneure, Mme Carole Wilkins, qui n'en est pas elle non plus à sa première présence ici. Merci beaucoup d'être parmi nous ce matin.
Je crois comprendre que vous avez une déclaration préliminaire à présenter. Les membres du comité auront ensuite des questions à vous poser. Veuillez procéder.
Monsieur le président, membres du comité, bonjour. Carolyn et moi sommes ravis d'être ici à l'occasion de cette rencontre semestrielle sur le Rapport sur la politique monétaire. Aujourd'hui, nous vous donnerons un aperçu des plus récentes prévisions économiques de la banque, tirées du rapport publié le 15 avril.
[Français]
Dans le climat actuel de volatilité et d'incertitude, il est utile de garder une perspective historique. Quand nous avons comparu devant ce comité il y a un an, le prix du Brent était de 100 $ le baril. En hausse constante depuis 10 ans, il était passé de 25 $ en 2002 à un sommet dépassant légèrement 110 $ en 2012.
En novembre dernier, lors de notre dernière rencontre, le prix du pétrole avait atteint son plus bas niveau en quatre ans. Le Brent se négociait alors en moyenne à 90 $ le baril. Il était évident pour nous que les consommateurs profiteraient de la baisse du prix du pétrole, mais que l'effet net sur l'économie serait négatif. Les prix plus bas du pétrole feraient reculer les termes de l'échange et le revenu intérieur du Canada, et ils auraient une incidence notable sur les investissements, l'activité dans le secteur pétrolier et la chaîne d'approvisionnement du secteur manufacturier.
Tout cela s'est produit très rapidement au cours des deux mois suivants. En janvier, le prix du Brent avait chuté et se situait en moyenne à 60 $ le baril.
[Traduction]
Les cours pétroliers constituent un élément important des termes de l'échange du Canada et un des facteurs déterminants des variations du dollar canadien. L'augmentation des prix du pétrole de 2002 à 2012 s'est accompagnée d'une hausse de la valeur du huard, qui, d'environ 63 ¢ américains, est passé au-dessus de la parité. Pour faciliter la tâche aux membres du comité, j'ai apporté mon graphique préféré. Il s'agit d'un graphique qui illustre les rapports réciproques qu'entretiennent indéniablement le dollar canadien et le prix du pétrole.
Ainsi, la baisse des prix du pétrole a déclenché une dynamique complexe, notamment des ajustements sectoriels et régionaux, et il faudra un certain temps pour que cette dynamique se transmette à l’ensemble de l’économie. Les retombées négatives du repli des cours du pétrole se sont immédiatement répercutées sur certains secteurs de l’économie. Par exemple, l’incidence des prix plus bas sur les revenus et la richesse a déjà fait diminuer les dépenses des ménages. Les diverses conséquences positives — hausse des exportations liée à une économie américaine plus vigoureuse et à un taux de change plus bas, augmentation des dépenses de consommation des ménages à qui l’essence coûte moins cher — ne se feront sentir que progressivement, et on ne sait pas quelle en sera l’ampleur. Par conséquent, en janvier, nous étions confrontés au risque que le retour de l’économie canadienne à son plein potentiel et à une inflation stable de 2 % soit retardé considérablement. C’est pourquoi nous avons pris une assurance contre ce risque, sous la forme d’une réduction de 25 points de base du taux directeur.
Nous avons annoncé cette réduction de taux dans un contexte de détente généralisée des conditions financières à l’échelle mondiale. Pas moins de 25 banques centrales ont assoupli leur politique monétaire au cours des premiers mois de 2015, ce qui s’est traduit par une diminution des taux sur toute la courbe de rendement.
Qu’est-ce qui a motivé cet assouplissement? Eh bien, de nombreuses banques centrales ont accentué la détente monétaire en réaction à la persistance des capacités excédentaires au sein de l’économie ainsi qu’au niveau d’inflation inférieur à la cible. Cet assouplissement, combiné aux implications favorables de la baisse des prix de l’énergie pour la croissance mondiale, devrait aider l’économie du globe à se raffermir tout au long de l’année. La banque s’attend à ce que la croissance économique mondiale gagne en vigueur pour se situer en moyenne à quelque 3,5 % au cours de la période 2015-2017.
[Français]
Au Canada, nous avons constaté que certains effets de la chute des prix du pétrole, comme la baisse des dépenses des ménages mentionnée plus tôt, se faisait nettement sentir à la fin de 2014 et au début de 2015. Selon la prévision mise à jour dans le rapport d'avril, l'économie canadienne a connu une croissance nulle au premier trimestre. Même si les effets du choc pétrolier se manifestent plus vite qu'on ne l'avait anticipé, ils n'apparaissent pas plus importants que prévu en janvier.
En dehors du secteur de l'énergie, d'autres secteurs de l'économie semblent bien aller. Les segments des exportations hors énergie, qui étaient appelés à tirer la reprise, jouent effectivement ce rôle. Nous prévoyons que cette tendance sera renforcée par la croissance plus vigoureuse aux États-Unis et le dollar canadien plus faible.
Les résultats de notre enquête sur les perspectives des entreprises indiquent que les exportateurs commencent à faire face à des contraintes de capacité, ce qui est de bon augure pour de nouveaux investissements. Même si une marge notable de ressources inutilisées demeure dans notre marché du travail, les facteurs fondamentaux du marché ont commencé à s'améliorer. Quoi qu'il en soit, les entreprises restent prudentes dans leurs intentions d'investissement et d'embauche.
[Traduction]
Après avoir soupesé ces diverses forces à l’oeuvre au sein de l’économie, nous anticipons que la croissance va rebondir en partie au deuxième trimestre et qu’elle dépassera le niveau tendanciel par la suite. Elle se chiffrera en moyenne à 1,9 % pour l’année. Ce profil de croissance prévu nous ramène sur la bonne voie pour une résorption des capacités excédentaires vers la fin de 2016, moment où l’inflation s’établira de façon durable à 2 %. Nous jugeons que les risques qui pèsent sur cette projection sont à peu près équilibrés, mais nous allons les réévaluer continuellement à mesure que de nouvelles données seront disponibles.
Le principal risque entourant ces perspectives tient à l’ampleur et à la durée de l’incidence négative du choc pétrolier, mises en balance avec les forces positives qui s’accumulent dans le secteur non énergétique. Selon nos prévisions, les effets positifs commenceront à se renforcer au deuxième trimestre, et cette situation prévaudra nettement au second semestre de l’année. La réduction du taux directeur en janvier et la dépréciation du dollar canadien contribuent à accélérer la transition.
L’inflation mesurée par l’IPC global avoisine 1 %, soit bien en deçà de la cible de 2 %. Cela s’explique en grande partie par la baisse des prix de l’essence, effet qui est temporaire. L’inflation mesurée par l’IPC global serait très près de zéro, si ce n’était des effets de taux de change et d’autres facteurs ponctuels. Quant à elle, l’inflation mesurée par l’indice de référence se situe un peu au-dessus de 2 %, mais elle est aussi alimentée par les effets de taux de change et d’autres facteurs ponctuels. Selon notre projection, ces deux mesures de l’inflation convergeront vers 2 %, les facteurs temporaires se dissipant et l’économie se remettant à tourner à plein régime vers la fin de 2016.
Parallèlement, la question des risques liés à la stabilité financière reste au centre de nos délibérations. Ces risques évoluent conformément à nos attentes. Le niveau d’endettement, mesuré par le ratio de la dette au revenu disponible, continue de s’inscrire en légère hausse. Il est probable qu’il augmentera encore à mesure que la diminution du revenu national brut, attribuable à la réduction des prix du pétrole, se fera sentir dans l’ensemble de l’économie. En apparence, on pourrait s’attendre à ce que la baisse des taux d’intérêt favorise une hausse de l’emprunt, laquelle aurait pour effet d’accroître cette vulnérabilité. À court terme, toutefois, les taux d’emprunt plus bas vont en fait atténuer ce risque, en réduisant les paiements hypothécaires et en soutenant une croissance économique plus forte et des gains au chapitre de l’emploi. Nous estimons que la meilleure contribution que la banque puisse apporter pour réduire les risques touchant la stabilité financière au fil du temps est d’aider l’économie à retourner à son plein potentiel et à une inflation stable le plus rapidement possible.
Sur ce, Carolyn et moi serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Je remercie le gouverneur et la sous-gouverneure, Mme Wilkins.
J'aimerais revenir sur la question du marché de l'habitation. Vous avez mentionné que vous vous attendiez à un atterrissage en douceur dans ce marché. En décembre, vous avez dit que vous estimiez que la surévaluation dans ce secteur allait de 10 à 30 %. Une multitude d'estimations ont été faites par d'autres banques. Je sais que, selon la Deutsche Bank, la surévaluation était d'environ 35 % relativement au revenu. En janvier, le magazine The Economist a estimé qu'elle était de l'ordre d'environ 25 %.
Si l'on prévoit un atterrissage en douceur, cela signifie qu'on estime qu'il est possible de corriger progressivement la surévaluation jusqu'à ce que le marché redevienne plus normal. Pour sa part, la Bank of America a fait observer que le Canada semblait être aux prises avec une bulle, tout ce qu'il y a de plus classique.
Le fait est que, si nous voulons faire un atterrissage en douceur, nous devons véritablement nous extirper de toute situation de bulle, dans la mesure où une telle bulle peut effectivement exploser s'il s'agit vraiment de quelque chose de plus...?
[Français]
C'est plutôt comme dans une conjoncture, la balloune peut se dégonfler moins rapidement. Est-ce que vous seriez plus ou moins optimiste que le secteur privé à cet égard?
:
J'aimerais simplement revenir sur votre premier postulat. Tout d'abord, nous ne croyons pas que nous sommes aux prises avec une bulle, vu que de nombreuses caractéristiques d'une telle situation sont absentes, par exemple une spéculation effrénée à laquelle s'adonnent des gens qui achètent une multitude de maisons à seule fin de les revendre plus tard. En fait, la construction de maisons est très en phase avec la demande démographique au Canada; en d'autres termes, il n'y a aucun excès à ce chapitre. Il est important de garder ces choses présentes à l'esprit.
D'après l'exercice de modélisation que nous avons mené en nous fondant non seulement sur la situation au Canada, mais également sur quelque 40 ou 50 activités liées au logement menées dans le monde, la surévaluation était d'environ 20 %. Le terme « environ » est très important vu que, d'un point de vue statistique, cela peut vouloir dire qu'elle se chiffre en fait à 10 % ou même à plus de 20 %. Il s'agit de la manière statistique de décrire une fourchette de possibilités. En d'autres termes, notre modélisation est raisonnablement compatible avec tous les autres énoncés qui sont faits de manière beaucoup moins prudente, si vous voulez.
Il serait inhabituel que nous nous trouvions dans un cycle où, comme cela nous est arrivé dans le passé, le marché de l'habitation constitue le principal facteur nous permettant d'éviter une situation de récession. Si nous ne sommes pas entrés en récession, c'est parce que des gens ont acheté des maisons plus tôt dans leur vie en raison des faibles taux d'intérêt. C'est aussi grâce au secteur pétrolier. Ce sont ces deux facteurs qui nous ont vraiment maintenus sur les rails. Il serait donc très étrange que nous ayons traversé tout cela et que nous ne soyons pas aux prises avec une certaine surévaluation — il s'agit là d'une caractéristique de tous les cycles économiques de ce genre.
Par « atterrissage en douceur », nous ne voulons pas nécessairement dire que ce sont les prix qui corrigeront la situation; comme l'économie n'affiche pas le rendement auquel nous nous attendons, on mettra l'accent sur sa capacité, et elle créera beaucoup plus d'emplois au cours de ces deux années. Cela aura pour effet de dynamiser les facteurs pris en considération dans le cadre du modèle — notamment les revenus — et qui rendent le marché de l'habitation plus durable par en dessous. Il s'agit d'un ensemble important et complexe de forces dynamiques. C'est dans un tel contexte que nous examinons les données et que nous affirmons que, d'un point de vue macroéconomique, nous estimons que tous ces éléments se combinent de la manière prévue. Cela se passe plus tard que nous l'avions prévu, mais c'est en train de se produire, et nous sommes donc confiants.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie M. Poloz et Mme Wilkins d'être ici.
Je suis originaire de la côte Ouest de la Colombie-Britannique, et je vous sais gré de l'excellente direction que vous avez assumée au cours de la période de difficultés qu'a traversée l'ensemble de notre pays. Je suis né et j'ai grandi en Alberta, et je sais donc que bien des gens traversent une période d'incertitude.
Durant votre déclaration préliminaire, vous avez évoqué la baisse notable en quelques mois des prix du pétrole, l'instabilité qui règne sur le marché et le caractère fluctuant du taux monétaire. Pourtant, le Canada a été le premier des pays membres du G7 à être en mesure de présenter un budget équilibré.
Je me demande simplement si vous êtes en mesure de nous en dire davantage, en vous fondant sur l'expérience que vous avez acquise au sein de la Banque du Canada, à propos des politiques monétaires qui ont aidé le Canada à équilibrer son budget.
:
Je vous répondrai que, dès qu'on va au-delà d'un horizon de deux ans, on ne dispose plus que d'éléments structurels à long terme afin d'établir des prévisions.
Pour un économiste, il s'agirait de brosser un tableau de la situation démographique, de déterminer le nombre de personnes qui immigrent ou naissent au pays et, en conséquence, d'établir le taux de croissance de la population active, et de déterminer l'incidence des entreprises sur le capital national. Compte tenu du fait que nous sommes à la fin du baby-boom et que les gens partent à la retraite, nous avons conclu, à l'issue de cette analyse, que l'économie canadienne est capable d'afficher pendant très longtemps un taux de croissance légèrement inférieur à 2 %.
Voilà en quoi consistent les fondements de ce type d'analyse. Afin d'établir des prévisions s'étendant sur une période d'environ 50 ans, il faudrait peut-être ajouter à cela des données relatives à de vastes cycles de nature démographique. Il s'agit d'un exercice que je n'ai pas effectué pour vous.
Les déterminants à long terme de ce genre doivent presque être considérés comme des constantes. Ils n'évoluent que de façon extrêmement graduelle. Pour notre part, nous souhaitons que, au cours des deux prochaines années, la croissance soit supérieure à 2 % de manière à ce que nous puissions combler l'écart créé par la capacité excédentaire. Cela nous procurera la croissance requise au chapitre de l'emploi et permettra à ceux qui ont perdu leur emploi de réintégrer la population active. Tout se replacera lorsque nous parviendrons à afficher un taux de croissance égal ou légèrement inférieur à 2 %.
:
Je tiens à préciser que ce taux de 3,5 % concernait l'économie mondiale, laquelle est évidemment constituée d'économies à la croissance très rapide comme celles de la Chine, de l'Inde et d'autres pays. Ces économies croissent à un taux supérieur à notre taux moyen de croissance, qui est quelque peu inférieur à 2 %. D'ici là, notre taux sera supérieur à 2 % — il s'établira à peu près à 2,5 %.
Dans un tel contexte, si le Canada doit afficher une croissance supérieure à son taux potentiel de croissance, c'est en raison de la capacité excédentaire dont il dispose. Si nous ne parvenons pas à faire cela, nous demeurerons aux prises avec cette capacité excédentaire, et l'inflation sera continuellement infléchie à un niveau inférieur à notre cible.
Si nous avons fixé nos taux d'intérêt au niveau où ils sont en ce moment, c'est pour donner un coup de fouet à l'économie, pour combler l'écart découlant de la capacité excédentaire et pour maintenir l'inflation à un taux durable de 2 %. À ce moment-ci, comme je l'ai mentionné dans le cadre de mes observations préliminaires, il est difficile de faire des estimations précises en ce qui concerne l'inflation, vu que les prix fluctuent en raison des prix du pétrole et de la dépréciation du taux de change. Il s'agit là de facteurs de nature temporaire que nous examinons.
Nous estimons que, abstraction faite de l'ensemble des effets temporaires, le taux d'inflation est d'environ 1,6 ou 1,7 %. Si rien d'autre ne se produit, il demeurera stable. Toutefois, selon nos prévisions, il s'approche tout doucement de 2 % parce que l'économie revient à une situation de plein emploi.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le gouverneur et madame la sous-gouverneure, d'être avec nous. Nous apprécions toujours vos visites, et elles sont toujours informatives.
Nous avons parlé de politiques budgétaires mises en oeuvre au Canada qui sont, je crois, selon nous tous, solides, et qui nous ont permis d'être relativement bien placés, comparativement à de nombreux autres pays, particulièrement les pays du G8 et la majorité des pays du G20.
Vous avez abordé certaines des politiques. Nous nous souvenons de notre ancien ministre des Finances, le regretté Jim Flaherty, qui parlait des conversations qui avaient lieu au sein de cercles restreints au sujet de ce qui était nécessaire, et les gouvernements ont pris part à un programme qui nous a sans aucun doute sauvés de la ruine économique en 2009. J'entends un optimisme prudent quand vous parlez de la façon dont vous voyez l'économie canadienne. À l'échelle mondiale, quelles sont les choses qui vous empêchent de dormir la nuit, les choses qui auront un impact sur notre économie, mais pour lesquelles, selon vous, en tant que gouvernement canadien, nous ne pouvons pas faire grand-chose? Se passe-t-il quelque chose de particulier en Europe actuellement? Je me demande si vous pourriez simplement nous en dire plus à ce sujet.
:
C'est un terrain fertile. Il y a beaucoup de facteurs inconnus dans le monde. J'ai commencé par le principe selon lequel l'économie mondiale nous a sans cesse déçus durant la période d'après-crise. Des organisations comme le FMI prévoyaient une reprise, puis cela a été retardé d'un an, puis d'un autre, et, chaque année, les perspectives subissent une série de révisions à la baisse. C'est justement parce que nous sommes dans un environnement que nous n'avons jamais connu.
Dans le passé, il y a eu des crises, ou ce que nous appelons des récessions de bilan. Cela signifie qu'il ne s'agit pas simplement d'une récession habituelle où il y a une perturbation, et les taux d'intérêt changent, puis nous subissons une baisse pendant six mois, neuf mois, un an, pour ensuite remonter. C'en est une où les gens font faillite, et où les banques ou les entreprises doivent rebâtir leurs bilans avant de revenir au point où elles peuvent recommencer à agir normalement. La durée de ce processus est indéterminée. En passant, le processus s'applique aussi aux gouvernements.
La bonne nouvelle, c'est que, comme vous y avez fait allusion, tout le monde est passé à l'action en 2008-2009. Les pays du G20 ont agi de concert, et cela a vraiment fait une grande différence. Sans aucun doute, les politiques mises en oeuvre aux États-Unis ont fait une grande différence.
Voici ce qui m'inquiète: le travail est-il terminé? Avons-nous tout fait? Nous pouvons constater que les Européens ont fait des pas très importants l'année dernière, donc, c'est bien, mais nous ne sommes pas certains encore si les mesures qu'ils ont prises fonctionnent ou à quel point elles fonctionnent. Par conséquent, l'Europe est une région qui nous inquiète toujours, mais nous avons des mesures à surveiller, si vous voulez.
La Chine connaît un ralentissement. Il s'agit d'un processus très naturel puisque son économie est en restructuration. La Chine est encore plus importante qu'elle l'était il y a cinq ans; une croissance de 7 %, c'est une croissance élevée. Pourtant, chaque fois que de nouveaux chiffres sont publiés, quelqu'un dit: « Je crois que l'économie chinoise ralentit davantage. » Cela suscite une inquiétude relative aux marchés des produits de base, à ce qui est important pour le Canada, et ainsi de suite.
Le Brésil connaît actuellement une période de faible croissance. Puis, il y a l'Inde, l'étoile montante.
Toutes ces incertitudes surviennent. Nous voulons nous assurer que vous comprenez que nous tentons d'offrir une prévision équilibrée du risque. Nous devons être en mesure de vous dire qu'il y a quelque chose de positif qui nous préoccupe aussi, en tant que prévisionnistes. Il s'agit de l'économie américaine. Elle semble fonctionner à pleins gaz. Le premier trimestre a été discutable, mais elle a actuellement le vent en poupe. Elle peut donc nous réserver des surprises.
Oui, il y a des facteurs défavorables, mais il y a toujours aussi des facteurs favorables. C'est pourquoi nous pouvons vous offrir nos prévisions et dire que nous croyons les avoir équilibrées en fonction des chiffres que nous vous avons fournis.
J'imagine que nous devrions commencer par quelques notions d'histoire. Nous avons mentionné à quelques reprises ici ce matin qu'en fait, un certain nombre d'entreprises canadiennes ont été forcées de quitter le secteur des exportations durant le cycle d'après-crise. Celles qui sont restées, bien sûr, l'ont fait en étant très prudentes au chapitre de leurs coûts et en devenant plus efficientes.
Parmi les effets que nous constatons, on compte l'augmentation de la productivité. Pour l'économie canadienne, il s'agit d'un signe très positif. Cela signifie que notre caractère concurrentiel tient non pas uniquement à la faible valeur du dollar canadien, mais aussi à une meilleure rentabilité au sein des entreprises qui ont survécu à cette période très difficile. Bien sûr, maintenant, nous préparons le terrain pour de tout nouveaux secteurs, des secteurs de pointe comme les écotechnologies: pales d'éoliennes, nouveaux moteurs à réaction, épurateurs-laveurs de cheminées industrielles ou robots qui inspectent des pièces métalliques. Il y a 10 ans, nous ne pouvions imaginer ces choses, et, maintenant, elles font partie de nos exportations. Il s'agit de la phase du cycle que nous appelons le cycle de reconstruction, qui, selon nous, vient de débuter. Il ne s'agit pas simplement d'accroître les entreprises qui fonctionnent actuellement à pleine capacité; il s'agit de toutes nouvelles entreprises. Nous surveillerons ces signes de très près.
Nous faisons face à des défis, bien sûr. Où allez-vous vendre? Il faut avoir ce genre de perspective mondiale, puisqu'il ne s'agit pas uniquement des États-Unis. Les coûts sont réels; c'est difficile. Il y a des barrières linguistiques, et toutes sortes de règles à comprendre. Nous avons des gens qui aident les entreprises à cet égard. Il s'agit aussi du coût des biens d'équipement, ce qui a déjà été soulevé. Beaucoup de ces biens proviennent d'autres économies.
Il faut donc tenir compte de ces coûts, mais je suis certain que tous les ingrédients sont rassemblés pour que la phase de notre cycle soit très fructueuse.
:
Je dirais que le dollar est ce qu'il est. Personne, et certainement pas nous, n'établirait de stratégie industrielle fondée sur une devise faible. Sur le plan historique, nous savons que les pays qui ont intentionnellement essayé de dévaloriser leur monnaie se sont retrouvés avec un taux d'inflation accru. Une telle stratégie ne paie pas. En tant qu'entreprise, si la monnaie a moins de valeur, cela peut sembler être une bonne affaire jusqu'à ce que vos coûts augmentent en arrière-plan et compensent pour ce que vous aviez gagné. Cela ne vous aide en rien.
Pour nous, la valeur du dollar est influencée par les marchés. Je vous ramène à mon tableau favori. Nous n'avons aucun doute au sujet de l'acteur principal dans cette histoire: aucun doute ne subsiste. Ce que nous devons faire, c'est prendre les choses comme elles sont. Personne ici ne peut influencer les prix mondiaux du pétrole. Depuis environ 25 ans, le pétrole a joué un rôle assez important dans notre économie pour que cela devienne un moteur clé de la valeur de notre dollar.
Donc, ce que nous devons faire, c'est tenir cela pour acquis. Cela signifie qu'il peut y avoir, parfois, des rajustements onéreux au sein de l'économie canadienne qui pourraient nous ralentir pour un moment; toutefois, quand ils sont finis, nous remontons. Parfois, comme c'est le cas actuellement, nous nous attendons à ce qu'ils nous permettent d'accélérer, particulièrement dans les secteurs qui ont vécu des moments difficiles depuis que le dollar a commencé à prendre beaucoup de valeur à cause du prix du pétrole.
:
Eh bien, les éléments de preuve que nous avons présentement à notre disposition touchent principalement le secteur des exportations. Nous savons que les consommateurs, ceux qui ont des prêts hypothécaires à taux variables, profitent déjà de paiements moins élevés. C'est un élément important qui amortit le choc relatif au prix du pétrole. Ceux qui renouvellent leur hypothèque, qui n'ont pas de taux variables... ce groupe de personnes profite déjà de paiements hypothécaires plus bas.
Nous savons que les entreprises qui ont déjà des contrats en matière d'exportation profitent d'un accroissement important et immédiat de leur flux de trésorerie quand la valeur de la monnaie change comme elle l'a fait. Cet accroissement ne concerne pas uniquement le secteur des exportations non énergétiques; il touche tous les secteurs d'exportation. Dans le cas du pétrole, il fournit une compensation partielle aux faibles prix du pétrole, mais dans d'autres secteurs, où les prix sont demeurés stables, il a un impact énorme sur les flux de trésorerie, et puis, bien sûr, met les entreprises en bonne position pour avoir une offre plus concurrentielle dans le prochain cycle de marchés.
Les éléments de preuve dont nous disposons actuellement sont peu convaincants. Il s'agit d'un ensemble de principes de base qui, nous le croyons, existent, et, comme nous le disons dans le Rapport sur la politique monétaire, le risque le plus important est que quelqu'un nous surprenne. Par exemple, les consommateurs ont moins dépensé durant le premier trimestre — à cause du mauvais temps, selon nous. Toutefois, s'il s'avère qu'ils ont changé d'idée à propos de quelque chose, c'est un phénomène qui pourrait se poursuivre plus longtemps que prévu. C'est un risque.
Pour ce qui est des entreprises, les entreprises du secteur des exportations non énergétiques disent qu'elles sont prêtes à investir. Elles ont peut-être besoin d'un peu plus de temps, ou d'être un peu plus certaines de leur coup, et je crois que c'est ce que prouvent les chiffres.
Personne n'affirme que nous savons exactement ce qui se passe durant le premier ou le deuxième trimestre. C'est notre travail de continuer à surveiller toutes ces choses.
:
Monsieur le président, messieurs les vice-présidents, mesdames et messieurs membres du comité, je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant vous pour discuter des perspectives économiques et financières d'avril 2015.
Je suis accompagné aujourd'hui de M. Mostafa Askari, qui est directeur parlementaire adjoint du budget, de M. Chris Matier, qui est directeur principal, et de M. Scott Cameron, qui est analyste. Ils pourront aussi répondre à vos questions sur les perspectives que nous avons préparées ou sur nos analyses.
[Traduction]
Comme vous le savez, vu la date à laquelle le budget a été présenté cette année, nous avons remis au comité des perspectives prébudgétaires et financières. Ces perspectives reposent sur le statu quo et visaient à donner aux parlementaires un point de référence indépendant permettant d’évaluer les projections budgétaires ainsi que la portée des nouvelles mesures.
[Français]
Je commencerai par résumer certaines grandes constatations du rapport prébudgétaire.
Tout d'abord, nous avons élargi notre analyse du mois de janvier sur l’incidence de la baisse du cours du pétrole. Selon nos estimations fondées sur des résultats de simulation modélisée, le fléchissement du cours du pétrole sur l’économie canadienne a, au final, des conséquences négatives, quoique relativement faibles.
Lors de la préparation de nos perspectives prébudgétaires, nous avons supposé, en nous fondant sur l’évolution récente des prix à terme, que le cours du baril de pétrole West Texas Intermediate passerait graduellement de 50 $ US, au premier trimestre de 2015, à 66 $ US, à la fin de 2020.
Selon nos perspectives prébudgétaires, la croissance du PIB réel ralentirait pour s’établir à 2,0 % en 2015 et se situer ensuite à 1,8 % en moyenne pour les années 2016 à 2020, ce qui correspond à nos prévisions de croissance de l’économie canadienne.
Avant de prendre en compte les mesures budgétaires de 2015, nos perspectives financières indiquaient que le budget du gouvernement serait excédentaire en 2014-2015 et plus ou moins équilibré au cours des cinq exercices suivants.
[Traduction]
Nous avons mis à jour nos projections économiques et financières afin de tenir compte des mesures budgétaires de 2015 ainsi que des prévisions révisées des dépenses directes de programmes. J’aimerais attirer votre attention sur certaines différences notables entre les perspectives économiques et financières préparées par le directeur parlementaire du budget et les perspectives du Budget de 2015.
Le Budget de 2015 pose l’hypothèque que le cours du baril de pétrole WTI grimpera à 67 $ américains en 2016 et poursuivra sur sa lancée pour atteindre 78 $ américains en 2018. Vous avez le tableau et les commentaires que j'ai envoyés à la greffière avant la séance.
De son côté, le directeur parlementaire du budget pose en hypothèse que ce cours augmentera graduellement à 64 $ américains en 2019, ce qui correspond également aux tendances actuelles des cours des marchés à terme.
Les perspectives de croissance du produit intérieur brut réel à court terme sont comparables, mais les perspectives budgétaires pour 2017-2019 sont plutôt optimistes, la croissance annuelle du PIB réel en points de pourcentage, soit de 0,4 %, étant plus grande en moyenne.
Compte tenu des différences dans les hypothèses posées pour le cours du pétrole et dans les projections de croissance du PIB réel, les perspectives du Budget de 2015 relatives au PIB nominal sont supérieures de 20 milliards de dollars annuellement, en moyenne, pour 2017-2019, comparativement aux projections mises à jour du directeur parlementaire du budget.
La mise à jour des perspectives financières du directeur parlementaire du budget tenant compte des mesures du Budget de 2015 et des nouvelles dépenses directes de programmes prévues par le gouvernement prévoit des déficits budgétaires relativement légers entre 2017-2018 et 2019-2020.
[Français]
Dans l'ensemble, nous estimons que les perspectives économiques et financières présentées dans le Budget 2015 sont plutôt optimistes et qu'il existe un risque de baisse des perspectives à moyen terme pour la période 2017-2018 à 2019-2020.
[Traduction]
Avant de conclure, monsieur le président, comme vous le savez, le comité mixte de la Bibliothèque du Parlement a récemment adopté une motion soutenant l'accès du directeur parlementaire du budget à l'information gouvernementale. La motion ordonne au directeur parlementaire du budget de rendre des comptes à votre comité et à certains autres comités alors que je suis incapable d'obtenir les informations nécessaires des ministères. La motion traite aussi du pouvoir important du comité permanent d'exiger la production de documents et de dossiers.
Je me réjouis de l'intervention du Parlement, et j'attends avec impatience de travailler en collaboration avec votre comité.
Mes collègues et moi serons heureux de répondre à vos questions sur nos perspectives économiques et financières ou tout autre élément pertinent.
[Français]
Merci, monsieur le président.
:
Avec le temps. Donc, si on ajoute à cela la décision du gouvernement d'élargir le partage du revenu...
Encore une fois, nous sommes d'accord pour ce qui est des personnes âgées. Nous considérons que c'est équitable quand cela s'applique aux personnes âgées à faible revenu, à revenu moyen et à revenu élevé, mais, si le fractionnement du revenu est élargi, 85 % des Canadiens n'en retireront aucun avantage.
Ensuite, nous voyons également dans le budget du gouvernement que les conservateurs nous donnent un aperçu de ce qu'ils considèrent comme une famille typique. Ils font cela depuis plusieurs années. Fait intéressant, dans ce budget, on observe une inversion du revenu selon le sexe. Auparavant, dans une famille typique, selon les conservateurs, la femme gagne plus que l'homme, mais pas énormément, la différence de salaire étant de 14 000 à 20 000 $. Aujourd'hui, soudainement, dans une famille typique, dans le monde des conservateurs, le revenu de la femme est inférieur de près de 50 000 $, ce qui permet à la famille de tirer un avantage maximal du fractionnement du revenu. La femme doit donc accepter une baisse de salaire de 50 000 $ pour que sa famille puisse faire partie de la cohorte des 15 %. Voilà la famille typique selon les conservateurs.
Quelle sera l'incidence générale du fractionnement du revenu sur l'économie, et en quoi est-il équitable? Est-ce une mesure équitable à appliquer dans une économie qui ne crée pas d'emplois actuellement et qui est d'une injustice accablante?
:
D'accord, les politiques fiscales. Ce que j'aimerais vous demander, alors, au sujet de vos calculs, c'est... Si elles n'influencent pas le comportement... Il y a 11 millions de Canadiens dont le comportement a été influencé, et c'est pourquoi j'aimerais vous poser quelques questions sur l'analyse.
Je suis comptable agréée. Quand je travaillais pour Price Waterhouse et que nous devions mener une analyse, nous nous appliquions à faire l'analyse des deux côtés, pour le client. Je dirais que vous n'avez fait que la moitié du travail, et je serais ravie de connaître l'autre côté de l'analyse, étant donné que nous avons deux modèles fiscaux.
Les REER entraînent des coûts immédiats pour le Trésor. Prenons pour exemple une sympathique personne de 24 ans qui vient de terminer ses études. Si elle place 1 000 $ dans un instrument d'épargne qui s'appelle « Régime enregistré d'épargnes-retraite », il y a un coût immédiat pour le Trésor. En outre, étant donné la valeur de rendement de l'argent — vous pourrez vérifier les algorithmes, et il y en a plusieurs —, la réalité, c'est que, si vous reportez le paiement des impôts pendant sept ans, vous avez à peu près économisé ce montant d'impôt. Notre étudiant de 24 ans va déclarer ce qu'il va retirer dans son REER 40 ans plus tard, peut-être, ce qui fait que le report d'impôt, calculé en multiples de sept ans, représente un coût fiscal énorme — comme vous le diriez vous-même — pour le Trésor.
Comparons cela au compte d'épargne libre d'impôt. Le particulier a déjà payé de l'impôt sur ce placement. Il n'a reçu aucun avantage du gouvernement. Il a payé le montant total de son impôt — ce qui n'a rien coûté au Trésor — et a placé ses 1 000 $ dans un compte d'épargne libre d'impôt. Voilà la différence fondamentale.
Le troisième morceau manquant de votre travail d'analyse qui me fait très peur... Vous vous préoccupez beaucoup des pertes qui se seront accumulées d'ici 2080, mais, à mesure que le temps passe, le jeune homme qui avait fait un investissement à 24 ans va en fait contribuer à une réserve de capitaux. Que l'argent soit placé dans des fonds communs de placement, dans différents instruments d'investissement, dans le marché des actions ou le marché des obligations, ce sera une réserve de capitaux dans laquelle les entrepreneurs de demain pourront puiser et dont ils pourront se servir pour investir, ce qui consolidera l'économie. Voilà l'élément qui manque à votre analyse, je crois, monsieur. Pourriez-vous s'il vous plaît faire un commentaire?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Fréchette, pour Mme Bateman et pour les membres du comité, il serait intéressant que vous nous transmettiez les études touchant les CELI qui ont été faites ici et dans le monde. Plusieurs études ont été faites à ce sujet et j'ai eu l'occasion de les consulter. Ce serait pertinent que le gouvernement y ait également accès. Ce serait apprécié.
M. Saxton a parlé du fractionnement du revenu en disant que c'était une mesure pour renverser une discrimination. Je dirais plutôt que, lorsque l'un des conjoints — généralement l'homme — gagne 80 000 $ par année, l'autre conjoint a le choix de travailler ou non lorsque le couple a deux ou trois enfants. Par contre, si un couple a trois ou quatre enfants et qu'un des conjoints gagne 40 000 $ par année, il est quasiment nécessaire que l'autre conjoint travaille également pour que la famille puisse parvenir à joindre les deux bouts.
Au sujet de la discrimination, vous ne vouliez pas faire de commentaires et je ne vous demanderai pas de répondre. C'est un élément qui contredit l'argumentation du gouvernement selon laquelle il s'agit d'éliminer une discrimination qui existe dans le système fiscal. De plus, les couples font des économies d'échelle comparativement aux individus qui, eux, ne bénéficieront pas du fractionnement du revenu, et ce, même s'ils sont à la tête d'une famille monoparentale. Cela avait été soulevé à l'époque par la Commission Carter.
J'aimerais reprendre ce que M. Cullen a mentionné au sujet du rapport du vérificateur général, que je trouve très intéressant. Ce rapport mentionne que le gouvernement ne donne pas l'information appropriée aux parlementaires sur les dépenses fiscales. Les parlementaires ne peuvent alors pas déterminer ce que les dépenses fiscales coûteront finalement au gouvernement en revenus perdus. Le rapport parle aussi de l'impossibilité d'avoir une description ou un suivi adéquat de la part du ministère des Finances.
Ma première question est la suivante. À l'époque, M. Harper avait dit, dans un discours prononcé devant l'ONU, qu'il était impossible de bien gérer si on ne pouvait pas mesurer les données. Selon le rapport du vérificateur général, on ne peut pas mesurer de façon adéquate les dépenses fiscales.
Feriez-vous un parallèle entre la situation relevée par le vérificateur général et le fait que le gouvernement accélère la gestion par les budgets des dépenses et rend extrêmement difficile l'étude en comité des différents budgets des dépenses des ministères et l'évaluation finale de ces questions en corrélation avec le budget?
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre présence, ainsi que du travail que vous faites. Je sais que c'est une tâche difficile que de veiller, d'un côté — je commence à parler comme un économiste —, à garder le gouvernement à l'oeil et, de l'autre côté, à présenter une analyse équilibrée et éclairée de notre avenir économique. Je comprends également le défi que vous avez à relever à cet égard.
Ce qui me pose problème, cependant... et il ne s'agit pas d'une critique, c'est quelque chose que je trouve quelque peu troublant. Lorsque vous créez votre analyse — monsieur Cameron, peut-être que vous pourrez approfondir cette question dans une minute, vous aussi —, vous semblez faire ce que Harry Truman souhaitait que ses économistes fassent: au lieu de dire « d'un côté » et « d'un autre côté », vous tranchez.
J'avancerais que la partie la plus importante de l'analyse tient à votre perception du marché à terme du pétrole. Force est d'admettre qu'il y a un certain nombre d'enjeux et de forces extérieures, géopolitiques, et tout simplement un éventail de choses différentes qui pourraient changer complètement votre analyse.
En fait, notre gouverneur nous a présenté un excellent diagramme ce matin, et nous avons vu la montée rapide des prix du pétrole. Je ne sais pas si quelqu'un... Eh bien, peut-être qu'il y en a eu. Bien des gens se disaient qu'il s'agissait d'un « pic pétrolier », à l'époque. Nous n'entendons plus trop ce terme, à présent. Je suis dans le camp de ceux qui pensent que les prix du pétrole vont changer. Toutes choses étant égales par ailleurs, absolument, nous observerions probablement cette augmentation graduelle.
Je pose la question en toute sincérité. Ne serait-il pas prudent, peut-être, dans ce cas, de faire partie des économistes qui disent que, d'un côté, les prévisions du gouvernement sont comme ceci et nous pensons cela, mais que, de l'autre côté, nous pourrions être agréablement surpris par quelque chose qui viendrait changer la donne?
:
Merci, monsieur le président.
Le premier ministre a déjà dit à l'ONU que si on ne ne mesure pas, on ne peut pas gérer. Il s'agissait d'un commentaire juste et, nous l'espérons, véridique. Pourtant, selon le rapport du vérificateur général, le gouvernement, en plus de ne pas mesurer les conséquences de ses dépenses fiscales, ne fournit pas aux parlementaires les renseignements qui leur permettraient de comprendre quelles ont été les conséquences. Examinons-en quelques-unes tout de suite... Alors on travaille à l'aveuglette et on joue à la politique.
La Banque TD a signalé que, pour chaque dollar investi dans l'éducation des enfants, dans la garde d'enfants, l'économie canadienne récolte de 1,50 $ à 2,78 $. Pour n'importe quel économiste ou banquier, il s'agit d'un bon investissement et d'un bon rendement.
Vous avez mentionné, au sujet des changements apportés par le gouvernement aux prestations à l'enfance versées aux Canadiens, que les conséquences sur la création de places dans les services de garde et sur l'éducation des enfants seraient négligeables. Est-ce vrai?
Je suis justement en train de regarder vos perspectives économiques fiscales d'octobre 2013, et il me semble que, pour 2014, vous aviez prévu 100 $, et il s'agit du WTI; pour 2015, 90 $; pour 2016, 85 $ et pour 2017, plus de 80 $.
En juillet 2014, c'était plus de 100 $; en octobre 2014, 85 $; en janvier 2015, 50 $; et en avril 2015, 57 $.
Je pense que nous mettons presque trop... C'est presque comme demander qui va gagner la Coupe Stanley. Plus on s'en rapproche, bien sûr, mieux on peut le prévoir, mais je ne sais pas si nous devrions nous fier à une prévision du prix du pétrole allant au-delà de deux jours, honnêtement. C'est très difficile.
Selon moi, peut-être que ce qu'un certain nombre d'entre vous disiez, c'était qu'il ne faut pas être trop critique à l'égard des chiffres du budget et à l'égard de vos chiffres. Il y a deux ensembles de chiffres; prenez-les pour ce qu'ils sont. Il s'agit de deux points de données, et utilisons-les comme des renseignements. Mais, de là à dire: « oui, en 2017, le prix du pétrole sera ceci », je n'ai entendu personne prédire que le prix du pétrole chuterait de 100 à 50 $ le baril. Je n'ai entendu personne le prévoir. Je sais que, à présent, tout le monde prétend avoir vu venir la chute, mais...