FAIT Réunion de comité
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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le jeudi 20 mars 2003
¿ | 0905 |
Le président (M. Bernard Patry (Pierrefonds—Dollard, Lib.)) |
L'hon. Susan Whelan (ministre de la Coopération internationale) |
¿ | 0910 |
¿ | 0915 |
¿ | 0920 |
Le président |
M. Deepak Obhrai (Calgary-Est, Alliance canadienne) |
¿ | 0925 |
Mme Susan Whelan |
M. Deepak Obhrai |
Mme Susan Whelan |
¿ | 0930 |
Le président |
M. Keith Martin (Esquimalt—Juan de Fuca, Alliance canadienne) |
Le président |
Mme Francine Lalonde (Mercier, BQ) |
¿ | 0935 |
Le président |
Mme Susan Whelan |
Mme Francine Lalonde |
Mme Susan Whelan |
¿ | 0940 |
Mme Francine Lalonde |
Mme Susan Whelan |
Le président |
M. Art Eggleton (York-Centre, Lib.) |
¿ | 0945 |
Mme Susan Whelan |
M. Art Eggleton |
¿ | 0950 |
Mme Susan Whelan |
Le vice-président (M. Stockwell Day (Okanagan—Coquihalla, Alliance canadienne)) |
Mme Alexa McDonough (Halifax, NPD) |
¿ | 0955 |
Mme Susan Whelan |
À | 1000 |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
Mme Susan Whelan |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
Mme Susan Whelan |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.) |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
À | 1005 |
Mme Susan Whelan |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
M. Bill Casey (Cumberland—Colchester, PC) |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
M. Bill Casey |
À | 1010 |
Mme Susan Whelan |
M. Bill Casey |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
Mme Susan Whelan |
M. Bill Casey |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
Mme Susan Whelan |
M. Bill Casey |
Mme Susan Whelan |
M. Bill Casey |
Mme Susan Whelan |
M. Bill Casey |
Mme Susan Whelan |
À | 1015 |
M. Bill Casey |
Mme Susan Whelan |
M. Bill Casey |
Mme Susan Whelan |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
M. André Harvey (Chicoutimi—Le Fjord, Lib.) |
Mme Susan Whelan |
À | 1020 |
M. André Harvey |
Mme Susan Whelan |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
M. Keith Martin |
Mme Susan Whelan |
À | 1025 |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
Mme Susan Whelan |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
Mme Karen Kraft Sloan (York-Nord, Lib.) |
À | 1030 |
Mme Susan Whelan |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
À | 1035 |
M. Yves Rocheleau (Trois-Rivières, BQ) |
Mme Susan Whelan |
À | 1040 |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
Mme Aileen Carroll (Barrie—Simcoe—Bradford, Lib.) |
Mme Susan Whelan |
Mme Aileen Carroll |
À | 1045 |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
M. Irwin Cotler (Mont-Royal, Lib.) |
Mme Susan Whelan |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
Le greffier du comité (M. Stephen Knowles) |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
M. Art Eggleton |
Le greffier |
Le vice-président (M. Stockwell Day) |
M. Irwin Cotler |
CANADA
Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international |
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l |
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l |
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TÉMOIGNAGES
Le jeudi 20 mars 2003
[Enregistrement électronique]
¿ (0905)
[Traduction]
Le président (M. Bernard Patry (Pierrefonds—Dollard, Lib.)): Bonjour à tous.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous étudions le nouvel énoncé de politique en faveur d'une aide internationale plus efficace de l'Agence canadienne du développement international. Nous accueillons ce matin l'honorable Susan Whelan, ministre de la Coopération internationale, et M. Len Good, président de l'Agence canadienne de développement international.
[Français]
Bienvenue à vous deux.
Madame la ministre, je crois que vous allez nous faire une introduction, et nous aurons par la suite un échange de questions et de réponses avec vous et M. Good.
[Traduction]
Madame Whelan, vous avez la parole.
[Français]
L'hon. Susan Whelan (ministre de la Coopération internationale): Merci de m'avoir invitée à vous parler aujourd'hui du renforcement de l'efficacité de l'aide canadienne, en cette Journée internationale de la Francophonie.
J'ai rendu public, en septembre dernier, un nouvel énoncé de politique intitulé Le Canada contribue à un monde meilleur. Cet énoncé de politique a vu le jour au terme de deux années de vastes consultations qui ont permis d'explorer à fond les mesures que nous pouvons prendre pour mieux nous acquitter de notre rôle. Les grands principes qui guideront nos efforts sont les suivants: l'appui à la prise en charge locale, l'amélioration de la coordination entre les donateurs, le déliement de l'aide et la concentration de l'aide canadienne.
Appuyer la prise en charge locale signifie adopter des stratégies de développement qui concordent avec les priorités des pays bénéficiaires, celles du gouvernement et de la population, plutôt qu'avec les priorités des donateurs. Il s'agit d'un élément essentiel pour assurer la viabilité des activités de développement et des changements que nous appuyons, et ainsi obtenir un effet durable. En fin de compte, notre but est d'amener nos partenaires des pays en développement à se passer de nous, en aidant nos partenaires dans ces pays à devenir autonomes. L'ACDI ne ménage aucun effort pour que ses partenaires des pays en développement prennent eux-mêmes en charge leur programme d'action.
De toute évidence, il est essentiel d'améliorer la coordination entre les donateurs pour éviter les chevauchements et accroître l'incidence globale de nos efforts. L'ACDI travaille en étroite collaboration avec les organisations multilatérales et collabore davantage avec les autres donateurs et les pays en développement pour mieux coordonner ses programmes bilatéraux.
Par exemple, en septembre dernier, à Windsor, j'ai été l'hôte de la première réunion de ministres du G-8 consacrée entièrement aux questions de développement et visant à mieux coordonner nos activités. Naturellement, nos discussions ont porté en grande partie sur l'Afrique, afin de faire progresser le Plan d'action pour l'Afrique adopté par le G-8 à Kananaskis, sous la gouverne du premier ministre Chrétien.
[Traduction]
Conformément à ces engagements, nous avons discuté de la responsabilité qui nous incombe de veiller à ce que nos programmes d'aide soient mis en oeuvre aussi efficacement que possible et d'obtenir des résultats concrets dans la réalisation des objectifs de développement qui ont été adoptés à l'échelle internationale. La réunion de Windsor a permis de jeter les bases sur lesquelles reposeront nos futures interventions.
¿ (0910)
L'élément suivant de l'amélioration de l'efficacité de l'aide internationale du Canada, c'est-à-dire le déliement de l'aide, comporte certains points de litige que les organismes de développement bilatéraux débattent depuis plusieurs dizaines d'années. Bien des gens estiment que la pratique voulant que les fonds d'aide servent à faire des achats dans les pays donateurs est le résultat d'une politique tout à fait incohérente.
Le Canada a mis en oeuvre une politique à trois volets en vue de délier son aide. Tout d'abord, cette politique simplifie la méthode employée pour mesurer le déliement de l'aide, faisant en sorte que nos définitions soient les mêmes que celles qui sont adoptées sur la scène internationale. Deuxièmement, de concert avec les autres donateurs, nous délions davantage d'aide à l'intention des pays les moins avancés. Troisièmement, nous veillons, au cas par cas, à ce que les pays les moins avancés et ceux de l'Afrique subsaharienne soient eux aussi autorisés à passer des marchés avec l'ACDI. Enfin, l'ACDI concentre une grande part des nouvelles ressources d'aide du Canada dans un nombre limité de pays, et dans un nombre limité de secteurs stratégiques, où nous pouvons être le plus efficace.
En décembre, à l'issue d'un examen approfondi effectué avec mes fonctionnaires et d'un exercice de consultation mené auprès du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, j'ai rendue publique une première liste de neuf pays à faible revenu dans lesquels le Canada fera des investissements supplémentaires de fonds d'aide. Ce sont le Bangladesh, la Bolivie, l'Éthiopie, le Ghana, le Honduras, le Mali, le Mozambique, le Sénégal et la Tanzanie. Ils se sont tous engagés à assurer une bonne gouvernance et à réduire la pauvreté et ils ont démontré qu'ils sont en mesure d'utiliser efficacement l'aide internationale.
Je tiens à souligner que la concentration de l'aide dans certains secteurs ne s'applique pas seulement à ces neuf pays. Elle vise tous nos programmes dans tous les pays avec lesquels nous collaborons.
L'agriculture est l'un de ces secteurs de concentration. Le Canada possède une expérience et un savoir-faire considérables dans le domaine. En outre, les recherches font de plus en plus ressortir l'incidence positive des investissements dans le développement agricole et rural des pays en développement. Environ les trois quarts des personnes de la planète vivant dans la pauvreté absolue se trouvent dans des régions rurales, et leurs moyens de subsistance sont le plus souvent liés à l'agriculture. Par ailleurs, l'agriculture a des répercussions importantes sur l'environnement et elle est associée de près à l'eau, à l'éducation, à la santé et à la nutrition. La communauté internationale considère de plus en plus l'agriculture comme un élément essentiel à l'atteinte des objectifs de développement du millénaire et comme l'une des solutions pour améliorer la sécurité alimentaire, réduire la pauvreté et protéger l'environnement de façon durable.
L'automne dernier, j'ai amorcé des consultations publiques en vue d'élaborer une nouvelle politique agricole. J'ai rencontré les représentants de plus de 150 organismes canadiens et étrangers. Nous avons eu des discussions fort intéressantes sur des sujets comme l'importance d'avoir une perspective à long terme, d'accroître la recherche sur le terrain et de tirer parti des compétences canadiennes dans nos activités de développement rural et agricole.
Je suis ravi d'annoncer que nous rendrons public très bientôt notre énoncé de politique sur l'agriculture, qui s'appuiera sur les nombreuses consultations que nous avons menées au Canada, à l'étranger et sur notre site Web, auprès d'organisations non gouvernementales, d'institutions, de particuliers, d'autres donateurs et de nos partenaires des pays en développement. La nouvelle politique précisera les principes qui guideront la mise en oeuvre de nos programmes. De plus, elle cernera les domaines prioritaires et établira des objectifs précis pour augmenter nos investissements en agriculture et dans le développement rural.
Le développement du secteur privé est un autre domaine où l'ACDI concentrera ses efforts. On reconnaît aujourd'hui que le développement du secteur privé dans les pays en développement joue un rôle primordial dans la réduction de la pauvreté. Un secteur privé dynamique crée des emplois, améliore la productivité, établit une assiette fiscale et favorise l'émergence de fournisseurs locaux qui peuvent répondre aux besoins des gens au sein même de leur collectivité.
En février, j'ai lancé Multiplier les possibilités, un document de consultation qui servira de fondement à l'élaboration de la nouvelle politique de l'ACDI en matière de développement du secteur privé dans les pays en développement. Nous tenons actuellement des discussions en ligne à ce sujet, et j'ai commencé à rencontrer, au début du mois, nos partenaires et d'autres parties intéressées un peu partout au pays.
J'aimerais d'ailleurs remercier M. Harvey d'avoir présidé en mon nom les séances de consultation dans les provinces de l'Atlantique et au Québec. Il a fait un travail remarquable. Aux termes du processus, cette politique sera conforme à notre énoncé en faveur d'une aide internationale plus efficace.
J'ai entrepris la série de consultations pour l'élaboration de cette politique auprès de nos partenaires au Bangladesh, qui est l'un des pays où l'ACDI concentrera son aide. En commençant ces consultations auprès de partenaires de pays en développement, l'ACDI appuie ainsi la prise en charge locale et le rôle directeur de ces pays. Au Bangladesh, j'ai pu constater par moi-même comment le micro-financement accordé grâce à l'ACDI, qui constitue l'une des nombreuses formes d'appui au développement du secteur privé, aide les gens, et surtout les femmes, à se sortir, eux et leur famille, de la pauvreté.
¿ (0915)
Nous rendrons publique l'été prochain la nouvelle politique de l'ACDI en matière de développement du secteur privé. Le plan d'action en faveur d'une aide internationale plus efficace est au coeur même de toutes les activités de l'ACDI. Le document, intitulé L'Énoncé de politique en faveur d'une aide internationale plus efficace, a été publié après deux ans de consultations. Il fera partie intégrante de nos efforts constants pour atteindre les quatre priorités de développement social que nous avons établies en 2000: l'appui à l'éducation de base, la promotion de la santé et de la nutrition, la lutte contre le VIH/sida et la protection des enfants vulnérables.
Sachez aussi que la promotion de l'égalité entre les sexes sous-tend toutes les activités de l'ACDI et que l'ACDI continue de se consacrer à ces priorités, qui sont toutes étroitement liées et sont essentielles au développement durable.
Nous savons tous qu'une personne en santé est plus productive, et que si elle est bien renseignée, elle est plus à même de faire des choix éclairés en ce qui concerne sa santé et le bien-être de ses enfants. En outre, l'éducation est une stratégie des plus importantes dans la lutte contre le VIH/sida. Il est donc très à propos que les premiers investissements stratégiques de l'ACDI dans un pays de concentration soient dans le domaine de l'éducation.
En novembre dernier, à la réunion du groupe de haut niveau sur l'éducation pour tous, qui a eu lieu à Abuja, j'ai annoncé que l'ACDI appuiera les priorités des gouvernements de la Tanzanie et du Mozambique en matière d'éducation. Le Canada, qui a déjà beaucoup d'expérience dans le domaine de l'éducation dans ces deux pays, accordera à chacun 10 millions de dollars par année au cours des cinq prochaines années. Soulignons que ce montant s'ajoute à nos investissements actuels.
Le Canada contribue vraiment à un monde meilleur. En Afrique seulement, nous avons aidé des dizaines de milliers de filles et de garçons à aller à l'école. Notre soutien à la recherche et à l'innovation en agriculture a permis d'améliorer l'état de santé de 15 millions d'Africains. Ces réalisations ont valu au Canada une reconnaissance internationale. Par exemple, l'UNICEF estime que, grâce à la contribution du Canada, 7 millions d'enfants dans le monde ont échappé à des troubles attribuables aux carences en iode qui portent atteinte aux aptitudes intellectuelles. Et l'automne dernier, j'ai eu le grand plaisir de recevoir un prix de l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, décerné à notre pays en reconnaissance du leadership qu'il a exercé dans la lutte contre la tuberculose. C'était la deuxième fois seulement que ce prix était accordé à un pays.
Il y a de quoi être fier de ces réalisations, mais il reste que nous devons mieux renseigner les Canadiens à ce sujet et les amener à jouer un rôle dans le développement international. Nous avons la responsabilité de montrer aux Canadiens que nos activités donnent des résultats concrets. Nous devons leur montrer que l'aide publique au développement porte fruit, qu'elle a vraiment une incidence sur les conditions de vie des pauvres et que le Canada assume ses responsabilités et respecte ses engagements internationaux.
Nous devons rendre notre aide plus efficace si nous voulons atteindre les objectifs de développement du millénaire, qui ont été adoptés à l'échelle internationale, et réaffirmés par les dirigeants de la planète à Monterrey en mars dernier, en vue de réduire la pauvreté. Le Canada joue un rôle prépondérant dans le soutien de la prise en charge locale dans le cadre du Plan d'action du G-8 pour l'Afrique, qui répond au nouveau partenariat pour le développement pour l'Afrique, le NEPAD.
Le Fonds canadien pour l'Afrique, qui a été instauré par le premier ministre à Kananaskis, met concrètement en oeuvre les engagements du Canada à cet égard, en menant des activités visant à favoriser la croissance économique, renforcer les institutions et la gouvernance et investir dans les populations et l'avenir de l'Afrique.
Le budget de 2003 donne suite à ces engagements importants. L'enveloppe de l'aide internationale du Canada reçoit une augmentation permanente de 8 p. 100 par année, dès cette année financière, et ce, jusqu'en 2004-2005, ce qui nous permettra de mener des exercices de planification à long terme. Grâce à cette hausse, nous sommes en bonne voie de doubler le budget de l'aide internationale du Canada d'ici 2010.
Et conformément aux engagements que nous avons pris dans le cadre du Plan d'action du G-8 pour l'Afrique et du NEPAD, au moins la moitié des nouvelles ressources seront consacrées à l'Afrique. Ces nouvelles ressources d'aide nous incitent maintenant à porter une attention particulière à la cohérence des politiques, qui est essentielle pour assurer une gestion efficace.
Je me suis entretenue dernièrement avec mes collègues du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et du ministère de la Défense nationale en vue de travailler en plus étroite collaboration. Nous visons à articuler nos interventions autour de ce que l'on appelle familièrement les «trois D»: la diplomatie, la défense et le développement.
¿ (0920)
Le ministre Graham a amorcé, en janvier dernier, un dialogue sur la politique étrangère, permettant ainsi aux Canadiens d'exprimer leur vision du rôle du Canada dans le monde. Mais ce n'est qu'un début. En tant que gouvernement, nous avons beaucoup de travail à faire pour mettre à jour notre cadre de politique étrangère selon l'évolution de la situation mondiale. Soyez-en convaincus, je ne manquerai pas de faire valoir les arguments voulus afin que la coopération pour le développement demeure un pilier central de notre politique étrangère. Mais cela ne devrait pas être une tâche difficile. Tous les sondages nous indiquent que les Canadiens veulent contribuer à corriger les inégalités flagrantes que l'on observe aujourd'hui à l'échelle mondiale.
Les Canadiens peuvent être fiers de notre travail. Plus tôt cette semaine, j'ai annoncé le plus important financement que l'ACDI ait jamais accordé à un pays. L'Afghanistan recevra de la part du Canada une nouvelle aide financière de 250 millions de dollars, qui sera répartie sur les deux prochaines années. Le Canada, en tant que membre de la communauté internationale, veille à répondre aux besoins humanitaires urgents et à donner suite à des priorités sociales dans ce pays, telles que l'éducation, la santé et la nutrition. Il participe aussi aux efforts de reconstruction en appuyant des activités de déminage, de promotion de la paix et de la sécurité, et en soutenant l'égalité entre les sexes, les droits de la personne et la bonne gouvernance.
Nous avons respecté les engagements que nous avons pris précédemment en ce qui concerne l'aide à l'Afghanistan, et nous sommes toujours déterminés à participer à la reconstruction du pays. Nous continuerons de faire fond sur nos engagements et d'appuyer la population afghane en ces temps difficiles.
Bien sûr, nous sommes tous au courant de la situation en Irak. Comme le premier ministre l'a indiqué, le Canada ne se joindra pas à une action militaire si elle est lancée en l'absence d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité. Mais si une guerre se déclare, le Canada fournira une aide humanitaire et participera à la reconstruction par l'entremise des Nations Unies. Les Nations Unies et les autres organismes internationaux d'aide humanitaire ont prévu des secours d'urgence à cet égard.
Je veux que les membres de ce comité sachent que le Canada travaille en étroite collaboration avec ces organismes. Le Canada a répondu à l'appel des Nations Unies en vue de contribuer aux efforts de préparation destinés à l'Irak et, s'il le faut, il est prêt, comme toujours, à appuyer les organismes des Nations Unies et d'autres institutions multilatérales pour répondre aux besoins humanitaires des civils irakiens.
L'ACDI n'a aucun programme d'aide en Irak. Elle accorde toutefois une aide humanitaire dans ce pays. Depuis 1990, le Canada a versé, par l'intermédiaire de l'ACDI, environ 40 millions de dollars en aide humanitaire aux Irakiens dans le besoin, aux personnes déplacées et aux Irakiens qui se sont réfugiés dans les pays voisins. Ces dons prenaient différentes formes, par exemple : des produits alimentaires et médicaux, des activités de sensibilisation aux mines terrestres et une aide assurée par l'entremise des organismes des Nations Unies, de la Croix-Rouge et d'autres organisations non gouvernementales.
Ceci dit, malgré les problèmes actuels, nous avons des visées à long terme. Le Canada et l'ACDI ont fait du bon travail en développement international. De toute évidence, nous avons quantité de points forts ainsi qu'un savoir-faire dans de nombreux domaines, et nous pouvons en tirer parti. Les changements que nous apportons maintenant pour appuyer la prise en charge locale, améliorer la coordination entre les donateurs, et délier et concentrer notre aide, ont tous pour objet de renforcer l'efficacité de l'aide internationale et de nous permettre de nous acquitter encore mieux de notre rôle.
Merci, monsieur le président. Mes représentants et moi-même nous ferons maintenant un plaisir de répondre à vos questions.
[Français]
Le président: Merci beaucoup, madame la ministre.
[Traduction]
Nous allons maintenant passer aux questions et réponses. Nous aurons des tours de 10 minutes puisque nous accueillons une ministre, et nous commençons par M. Obhrai.
Monsieur Obhrai, la parole est à vous.
M. Deepak Obhrai (Calgary-Est, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.
Merci, madame la ministre, d'être venue nous rencontrer. Nous avons naturellement beaucoup discuté de ce sujet, et comme nous ne sommes pas à la période des questions, j'espère que vous allez répondre à nos questions aujourd'hui.
Franchement, je suis étonné qu'un ministère comme l'ACDI, qui existe depuis si longtemps et a un tel savoir-faire, comme vous le dites, vienne ici en 2002 nous présenter un document parlant d'une aide plus efficace. Madame la ministre, votre gouvernement est au pouvoir depuis 1993, et j'imagine que vous avez largement eu le temps de vous occuper de cela.
Je sais que de nombreuses personnes et ONG qui s'occupent d'aide au développement demandent depuis des années une réorientation de l'ACDI, une nouvelle démarche pour fournir l'aide plus efficacement. Certains des changements que vous mentionnez aujourd'hui dans ce document ont déjà été annoncés auparavant. Je suis donc heureux de voir que vous suivez cette orientation, et je viendrai un peu plus tard aux détails de ces questions.
Mais ce qui m'a vraiment étonné, c'est qu'il ait fallu aussi longtemps pour y arriver. Est-ce que l'ACDI n'écoutait pas? Que s'est-il passé depuis neuf ans? Où allait tout cet argent? Nous sommes restés dans les mêmes ornières, alors pourquoi devrions-nous vous croire quand vous dites que vous allez suivre une nouvelle orientation?
¿ (0925)
Mme Susan Whelan: Monsieur Obhrai, je crois que nous savons tous que le Canada se heurtait chaque année à un déficit quand le gouvernement est arrivé au pouvoir en 1993 et qu'il a fallu prendre des décisions pour le remettre sur la bonne voie économique. Le budget confirme que le Canada est maintenant sur la bonne voie. Comme je l'ai dit, nous avons pris l'engagement d'accroître le financement de 8 p. 100 au cours des prochaines années et nous doublerons notre aide d'ici à 2010.
Il ne s'agit pas en fait simplement d'argent, mais d'utilisation plus efficace de cet argent. Les consultations qui se sont déroulées pendant deux ans ont abouti à un document très complet déposé en septembre dernier. Je suis devenue ministre en janvier l'an dernier et je suis très heureuse que nous ayons maintenant ce nouveau document sur l'efficacité de l'aide et que nous ayons pu mettre en place des nouvelles politiques. Dans certains cas, ce sont des changements très radicaux, pas seulement pour nous, mais aussi pour nos partenaires.
Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que la communauté des bailleurs de fonds fonctionne de façon beaucoup mieux coordonnée, ce qui va nous permettre d'utiliser l'argent de façon beaucoup plus efficace. Je l'ai déjà dit lors de ma première comparution à ce comité, et je vous répète que quand je suis devenue ministre en janvier dernier, j'ai été sidérée d'entendre parler de la nécessité de coordonner les bailleurs de fonds quand j'ai participé aux premiers entretiens sur l'Afghanistan. Il faut manifestement coordonner cette communauté des bailleurs de fonds pour que notre argent soit utilisé de manière efficace.
C'est ce qui est en train de se faire, notamment dans les neuf pays cibles que nous avons identifiés. Nous avons de bonnes relations de travail avec les autres pays donateurs, et les perspectives sont excellentes. C'est pour cela que nous sommes convaincus que les choses vont changer, parce qu'il y a une occasion de changement. Nous permettons aux pays de se prendre en charge et de choisir leurs orientations.
Je dois dire que nous sommes sur la bonne voie. Compte tenu des restrictions budgétaires du début des années 90, le ministère a bien réussi à progresser. Depuis que je suis devenue ministre, nous avons tracé de nouvelles orientations passionnantes et depuis 14 mois, les choses progressent très vite.
M. Deepak Obhrai: Parlons un peu de ces nouvelles orientations passionnantes que vous venez de mentionner. Je veux aborder des points bien précis. Je vais vous poser deux questions, l'une sur l'aide liée et l'autre sur votre zone de concentration géographique.
Vous dites que vous allez vous concentrer sur neuf pays, et je n'ai pas d'objection à cela. Pourtant, vous êtes toujours éparpillés sur plus de 100 pays. Nous en avons discuté tous les deux, nous avons parlé de l'aide à la Chine et à l'Inde. Vous demeurez très éparpillés—même si ces neuf pays vont bénéficier de fonds nouveaux, pas de l'aide ancienne, si je vous ai bien compris. Ce que je voudrais savoir, c'est dans quelle mesure vous avez réduit votre présence et si vous êtes toujours là dans ces 100 pays.
Ma deuxième question concerne l'aide liée. Je constate que vous voulez délier l'aide. Nous savons depuis longtemps que l'aide liée est la forme d'utilisation de notre argent la moins efficace—jusqu'à 35 p. 100, selon certaines études. J'aimerais savoir le montant exact de l'aide liée, et le montant du budget total de l'aide que vous allez délier. Si je me souviens bien, je crois que 70 p. 100 de notre aide demeure liée. Est-ce qu'on va réduire ce pourcentage, et jusqu'où?
Mme Susan Whelan: Permettez-moi d'abord de répondre au sujet des neufs pays. Je tiens à préciser que ces neuf pays ne représentent que le début de la liste des pays sur lesquels nous allons nous concentrer. Ce n'est pas la totalité. Nous avons l'intention d'ajouter progressivement d'autres pays à cette liste.
Vous avez raison de dire que ce sont de nouvelles ressources qui vont être utilisées, notamment pour ces neuf pays. Toutefois, nous avons essayé de bien préciser que non seulement nous allons restreindre le nombre de nos secteurs d'intervention dans ces neuf pays, mais nous avons l'intention de le faire aussi dans d'autres pays.
Certes, nous sommes présents dans de nombreux pays, mais nous pensons que nous pouvons être plus efficaces en réduisant les secteurs d'intervention. Par exemple, dans un pays comme la Chine, qui n'est pas un de ces neuf pays, nous allons resserrer nos secteurs d'intervention. Au lieu d'être présents dans cinq ou six secteurs, nous allons nous en tenir à deux ou trois. Nous allons énormément resserrer notre champ d'action.
Nous allons rechercher un maximum d'efficacité dans ces secteurs en nous appuyant sur ce qui a bien fonctionné dans le passé et en rationalisant notre action pour utiliser l'argent plus efficacement. Nous allons prendre des décisions pénibles qui ne vont pas toujours faire plaisir à nos partenaires. Il y a des gens qui ont l'habitude depuis longtemps d'être financés par l'ACDI qui ne vont pas être contents.
Lorsque nous allons par exemple décider de nous concentrer sur l'éducation mais pas sur la protection de l'enfance, il va y avoir des gens qui ne vont pas être contents. Quand nous allons dire que nous allons nous concentrer sur la protection de l'enfance et la santé dans un pays mais pas sur l'éducation, d'autres personnes vont être mécontentes. Ce sont des décisions difficiles que nous devons prendre. Nous les prenons dans le cadre de notre programmation-pays.
Il y a aussi des pays qui s'en sortent, et qui témoignent de la réussite de l'ACDI qui peut ainsi réduire le nombre de pays dans lesquels elle intervient. La Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie et la Pologne ont réussi à s'en sortir. Nous avons conclu avec eux une entente d'aide publique au développement pour les aider à mettre sur pied leurs programmes d'aide au développement.
Nous avons abordé cette période de transition avec eux en fonctionnant sur une base trilatérale. Le Canada a travaillé avec la Pologne et la Pologne travaille avec un pays voisin qui a encore besoin d'aide au développement, et nous l'aidons à mettre sur pied un dispositif d'aide au développement pour ce pays.
Nous pensons que quelques autres pays, comme la Thaïlande et la Malaisie, vont bientôt réussir leur transition. Donc, nous faisons des progrès et je crois que c'est quelque chose de merveilleux. Nous avons obtenu des succès et réussi à supprimer des pays de la liste. Nous ne les abandonnons pas, nous leur donnons leur diplôme.
Pour ce qui est de votre question sur l'aide liée, nous savons bien qu'on a accusé le Canada d'être probablement l'un des pays dont l'aide était le plus liée. C'est pour cela que nous avons annoncé ces changements à nos programmes. Nous allons au-delà des exigences du CAD en déliant l'aide, non seulement dans les pays les moins développés, mais dans toute l'Afrique subsaharienne. Nous examinons les possibilités dans tous les autres pays en développement.
Je ne peux pas vous donner de pourcentage aujourd'hui car je ne sais pas quel sera ce pourcentage. Nous avons modifié notre définition de l'aide liée et nous sommes en train d'élaborer ces décisions et ces changements. Encore une fois, nous devons prendre des décisions pénibles, mais en même temps nous ouvrirons des portes. Dans le passé, les Canadiens n'ont pas pu dans certains cas participer à des contrats internationaux à cause de notre aide liée, et ces portes vont maintenant s'ouvrir à l'expertise et aux services canadiens.
Je pense que cela sera immensément utile au monde en développement car on pourra faire appel à l'expertise canadienne dans des pays qui ne bénéficieront pas nécessairement d'un financement canadien, mais qui vont être financés par d'autres bailleurs. En même temps, nous allons encourager et utiliser cette capacité sud-sud que nous souhaitons vraiment voir se concrétiser.
¿ (0930)
Le président: Monsieur Martin, vous avez 30 secondes pour vos commentaires, mais pas pour des questions, vu la longueur de vos préambules.
M. Keith Martin (Esquimalt—Juan de Fuca, Alliance canadienne): Ce sont mes 30 secondes de gloire.
Le président: Elles sont écoulées.
Nous passons à Mme Lalonde.
[Français]
Mme Francine Lalonde (Mercier, BQ): Merci, madame Whelan, d'être là ce matin.
Vous savez sans doute que le 9 avril prochain, ça fera 34 ans que Lester B. Pearson a recommandé aux Nations Unies l'objectif de 0,7 p. 100 pour l'aide internationale. J'imagine que vous allez célébrer cet anniversaire au ministère, parce que Lester B. Pearson a fait honneur au Canada à cet égard et à bien d'autres.
Cependant, j'aimerais d'abord vous demander si vous êtes satisfaite de l'augmentation de 8 p. 100 au budget prévue par le gouvernement, qui vise à doubler l'aide d'ici 2010, dit-on.
Je vous rappelle que le CCCI, qui a fait une analyse de cette aide, évalue qu'en 2010, le ratio du Canada serait d'approximativement 0,31. En 2001, le Canada, qui est membre du G-7, est 19e sur 22 des pays donateurs, et en 2010, il risque d'être encore à la queue, puisque l'objectif que s'est fixé l'Union européenne pour tous ses pays est de 0,39, pour une moyenne de 0,36. Cela signifie que le Canada qui, je le reconnais, a des pratiques exemplaires à certains égards, reste à la traîne quant à la réalité de son aide, et je n'ai pas parlé de l'aide liée ni du 75 p. 100 qui revient, de toute manière, au Canada. Premièrement, êtes-vous satisfaite?
Deuxièmement, vous êtes certainement consciente que pour atteindre l'objectif des Nations Unies, pour atteindre les objectifs de développement du millénaire, il faudrait qu'entre 2010 et 2015, le Canada augmente son aide de 2,4 milliards de dollars chaque année. Est-ce que vous êtes décidée à mettre en oeuvre un plan d'action visant à atteindre l'objectif, comme l'avait recommandé le comité?
¿ (0935)
Le président: Madame Whelan
[Traduction]
Mme Susan Whelan: L'anniversaire de Lester Pearson arrive en avril et nous pouvons l'aborder en nous disant que nous sommes revenus sur la bonne voie. D'ici 2010, notre aide financière aura doublé et je pense que c'est l'objectif minimal que nous pouvons nous fixer pour cette échéance.
La stabilisation du financement est une très bonne nouvelle aux fins de la planification à long terme. Grâce à nos engagements internationaux dans le cadre de la coopération et de l'harmonisation entre pays donateurs, notre aide financière est désormais plus efficace. Comme nous travaillons avec des pays qui se sont engagés à assurer une bonne gouvernance, nous pouvons compter sur des progrès.
Est-ce que nous avons un plan d'action pour atteindre 0,7 p. 100? Nous y travaillons. C'est un objectif que nous considérons, mais je pense que le but ne concerne pas uniquement les montants en cause; il faut aussi voir comment ces montants vont être employés compte tenu du fait que nous sommes revenus sur la bonne voie et que nous allons atteindre cet objectif.
Je sais que l'Union européenne et divers autres pays ont un objectif différent. Nous aimerions pouvoir obtenir une meilleure position dans le classement, puisque nous étions 19e en 2001. Mais ne nous y trompons pas, nous avons obtenu des résultats positifs. Notre aide financière augmente et nous faisons preuve de leadership dans de nombreux domaines. Nous avons réussi à faire des investissements stratégiques qui ont déclenché d'autres investissements en faveur de certains pays. Nous sommes parmi les premiers à relever les défis, et nous incitons d'autres pays à nous emboîter le pas. Nous avons fait preuve d'un leadership remarquable dans les pays en développement et c'est pour nous l'occasion de faire des progrès.
Nous estimons que le ratio sera supérieur à 0,31 d'ici l'an 2010; il devrait s'établir à 0,33 ou 0,34, mais cela dépendra du taux de croissance économique au Canada. Nous savons que notre position par rapport aux autres pays dépend aussi de leur taux de croissance économique. Ce qui importe, c'est moins le chiffre visé à la fin de 2010 que le fait que notre aide financière va doubler, ce qui nous permettra de planifier des investissements stratégiques à long terme. Voilà de bonnes nouvelles pour les pays en développement, ainsi que pour ce qui est de l'efficacité de notre aide financière.
[Français]
Mme Francine Lalonde: Comment expliquez-vous que des pays comme la Norvège, la Suède, le Danemark et plusieurs autres aient, de façon permanente, une aide efficace et reconnue comme telle? La Norvège est un pays admiré pour sa façon de faire. C'est un pays de 4 millions d'habitants qui maintient l'objectif de 0,7 p. 100.
[Traduction]
Mme Susan Whelan: En fait, j'ai eu plusieurs entretiens avec mes collègues de ces pays. Quand j'ai rencontré mon homologue des Pays-Bas il y a quelques mois, elle m'a dit qu'avant de critiquer le Canada de ne pas atteindre les 0,7 p. 100, elle préférait dire qu'il était beaucoup plus important de modifier notre politique en matière d'aide liée.
Il faut voir tout ce que nous faisons et tous les changements que nous réalisons et bien comprendre que ce déliement de notre aide change radicalement notre façon de faire. Cela va nous permettre d'utiliser l'argent de façon plus efficace et, par conséquent, d'en avoir plus pour cet argent.
Nous savons bien que d'autres pays sont en avance sur nous. C'est effectivement le Canada qui a fixé l'objectif et nous souhaitons atteindre cet objectif. Il y a aussi d'autres pays qui sont derrière nous. Nous savons que les États-Unis n'en sont qu'à 0,1 p. 100 et vont passer à 0,13 p. 100 ou 0,14 p. 100 avec l'évolution du taux de change. Nous savons bien qu'il y a du travail à faire. Nous savons que l'Irlande a annoncé qu'elle allait renforcer très rapidement son programme d'aide, de même que la France.
Le Canada a déclaré qu'il allait au minimum continuer d'augmenter son aide de 8 p. 100 par an, et c'est une excellente nouvelle. Est-ce qu'on dépassera les 8 p. 100? Cela dépendra naturellement de la volonté des Canadiens et du gouvernement et de l'efficacité avec laquelle nous pourrons utiliser cet argent.
Ce qui est fondamental, c'est que je travaille avec mon agence à atteindre les résultats nécessaires pour pouvoir prouver à nos concitoyens que l'argent est bien utilisé là où il le faut sur le terrain. Nous devons donner cette justification aux Canadiens—je sais que c'est indispensable et qu'on peut le faire—pour qu'ils comprennent pourquoi nous devons augmenter le montant de notre aide. Je suis convaincue que ce montant va plus que doubler d'ici 2010.
¿ (0940)
[Français]
Mme Francine Lalonde: Quelle est votre volonté à vous? Vous avez parlé de la volonté du peuple et du gouvernement. Mais quelle est votre volonté? C'est vous, la ministre responsable.
[Traduction]
Mme Susan Whelan: Madame Lalonde, en tant que ministre, j'aimerais bien que le montant de notre aide continue d'augmenter. Je pense que le budget apporte d'excellentes nouvelles. Les gens ont beaucoup de mal à le voir sans tenir compte des chiffres bruts et des décisions que nous pouvons prendre.
Mais nous n'avions pas d'augmentation garantie de notre budget des services votés auparavant. Parler de budgets des services votés ne déchaîne pas les passions, mais la réalité, c'est que nous ne pouvions pas faire de planification à long terme avant. Maintenant, nous le pouvons, et c'est une nouveauté fantastique pour notre travail de développement, nos partenaires et tout ce que nous faisons.
Je serais évidemment heureuse que le montant de notre aide continue d'augmenter. J'espère que le Canada va continuer à être en mesure non seulement d'atteindre l'objectif de 8 p. 100, mais même de le dépasser. C'est ce que je souhaite, qu'on puisse dépasser ce montant. Mais nous devons veiller à le faire de façon efficace en nous assurant que les pays avec lesquels nous travaillons sont en mesure d'absorber l'aide que nous leur versons et les programmes sur lesquels nous collaborons avec eux, et que nous pouvons atteindre les objectifs de développement du millénaire et les cibles qui ont été fixées.
Le Canada a de multiples occasions d'intervention, d'investissement et de collaboration. Nous voulons prendre les bonnes décisions stratégiques et utiliser l'argent efficacement. Nous voulons doubler le montant de notre aide d'ici 2010 et nous aimerions bien atteindre aussi l'objectif du 0,7 p. 100.
Le président: Merci.
Monsieur Eggleton, vous avez la parole.
M. Art Eggleton (York-Centre, Lib.): Monsieur le président, tout d'abord je souhaite remercier la ministre pour son exposé et son aperçu d'ensemble des activités de l'ACDI.
J'ai deux questions. La première concerne l'Irak, qui est évidemment au premier plan de nos préoccupations ce matin. Depuis le lancement de l'intervention militaire hier soir, l'Irak est au bord d'une catastrophe humanitaire. D'après ce qu'on nous dit, environ 60 p. 100 de sa population, 16 millions de personnes, sont dépendantes du gouvernement pour leur apporter l'alimentation et les articles de première nécessité, à cause des sanctions qui ont été imposées.
Cette population dépend donc étroitement d'un gouvernement dont on se demande dans quelle mesure il est encore capable d'apporter cette aide à la population. Même si les gens réussissent à éviter les bombes et les missiles, ils risquent peut-être plus d'être victimes de la famine et de la maladie parce que des services essentiels vont être interrompus—l'approvisionnement en eau potable, par exemple.
Cette population menacée inclut aussi des millions d'enfants dont beaucoup sont sous-alimentés et souffrent. On peut donc penser que pour beaucoup de gens, des millions de gens, la situation va empirer avant de s'améliorer.
Or, vous avez dit que vous vouliez travailler avec d'autres organismes des Nations Unies pour apporter l'aide. J'imagine en effet que le Canada va s'occuper avec ces autres organismes de ces gens qui vont arriver dans des camps de réfugiés en dehors de l'Irak. Mais que vont devenir ceux qui vont rester bloquer dans la zone de guerre pendant une période prolongée? J'imagine qu'il n'y aura pas d'ONG pour leur distribuer des produits alimentaires, et qu'ils devront s'en remettre aux soldats des États-Unis, de la Grande-Bretagne et des autres pays de la coalition pour leur distribuer des aliments. Les États-Unis ont annoncé qu'ils allaient probablement faire la même chose qu'en Afghanistan où ils parachutaient des colis alimentaires, ce qui n'a pas été très efficace d'après tout ce qu'on a pu entendre.
Faisons-nous pression sur les États-Unis, la Grande-Bretagne et ces autres pays pour qu'ils s'occupent un peu plus sérieusement de la distribution d'aliments dans la zone de guerre? L'administration Bush a prévu plus de 12 milliards de dollars pour exterminer les gens, mais pratiquement rien pour préserver leur vie. Est-ce que nous faisons des efforts pour leur faire comprendre qu'il faudra s'occuper de ces gens bloqués dans la zone de guerre qui risquent de se trouver privés de l'aide qu'ils recevaient jusqu'à présent?
J'ai une autre question, monsieur le président, mais sur un autre sujet, et je vais donc laisser la ministre répondre à celle-ci pour commencer.
¿ (0945)
Mme Susan Whelan: Merci beaucoup, monsieur Eggleton.
Il faut être très clair sur ce point: le Canada se livre à ce que nous estimons être de la planification plus prudente. Il y a un effort constant de planification d'urgence à l'ONU et le Canada y participe. Nous consultons de très près les agences compétentes de l'ONU sur les efforts de préparation. L'appel de l'ONU pour les plans d'urgence était d'environ 120 millions de $US et le Canada y a contribué 5,6 millions.
Plus précisément, nous avons fourni 100 000 $ au Bureau de la coordination des affaires humanitaires. Nous avons versé 2,9 millions au Haut Commissariat pour les réfugiés pour fournir de l'aide et de la protection aux réfugiés et aux chercheurs d'asile. Nous avons fourni 1 million au Programme alimentaire mondial pour fournir de l'aide alimentaire d'urgence aux réfugiés et aux autres personnes vulnérables en Irak, dans la mesure où nous y avons accès. Nous avons fourni plus de 1 million de dollars à l'UNICEF pour soutenir des activités, dont certaines ont déjà eu lieu à l'intérieur du pays, pour apporter de l'aide aux groupes vulnérables.
Nous reconnaissons l'existence d'un problème et nous reconnaissons que ce sera très difficile pendant que la guerre fait rage d'apporter des vivres. Sachez toutefois que les États-Unis et le Royaume-Uni travaillent à un projet de résolution à soumettre au Conseil de sécurité de l'ONU pour voir comment nous pouvons travailler à l'intérieur du programme pétrole contre nourriture ou maintenir ce programme. Les efforts sont sans relâche car nous sommes très conscients de la gravité du problème.
La situation est très différente de celle du début des années 90. Je dis depuis plusieurs mois en réponse à de nombreuses questions qu'au début des années 90, le revenu moyen par habitant en Irak était d'environ 9 000 $. Aujourd'hui, il varie entre 1 000 et 3 000 $. Nous n'avons pas de bonne estimation du chiffre. Nous savons qu'ils sont dans une situation beaucoup plus précaire et que, comme vous l'avez dit, beaucoup reçoivent déjà de l'aide alimentaire à cause des sanctions, à cause de la situation difficile qui est la leur.
Donc, oui, nous voyons la nécessité. Nous y travaillons de très près et le Canada s'est engagé très fermement à apporter de l'assistance humanitaire et nous allons travailler avec nos collègues pour atteindre ces résultats.
M. Art Eggleton: Monsieur le président, je remercie la ministre pour sa réponse et pour les contributions qui sont faites au nom de l'ACDI. Mais permettez-moi de préciser que j'espère que vous, en tant que ministre responsable de la coopération internationale, de concert avec vos collègues du gouvernement, allez vous faire les porte-parole de ces gens en Irak qui sont au bord d'une catastrophe humanitaire et qui continuent de plaider auprès des forces de la coalition.
Le deuxième sujet sur lequel j'aimerais poser une question concerne ces neuf pays. J'ai noté que l'Éthiopie était là, mais pas l'Érythrée. J'ai tendance à penser aux deux en même temps, puisqu'ils sont voisins et qu'un conflit les a opposés il n'y a pas si longtemps que cela, et d'ailleurs le Canada a contribué à y mettre fin. En effet, nous avons envoyé des troupes là-bas. J'ai visité les deux pays à l'époque.
Une sécheresse sévit dans les deux pays. C'est quelque chose de plus que les deux pays ont en commun. Bien entendu, nous avons déjà entendu parler de la sécheresse qui a frappé l'Éthiopie. Nous avons tous vu des photographies terrifiantes de ce qui s'est passé là-bas il y a à peine quelques années. Apparemment, c'est la sécheresse de nouveau, sauf que cette fois-ci ils semblent être un petit peu mieux préparés.
Cela dit, je crois comprendre qu'en Érythrée, 70 p. 100 des 3,3 millions d'habitants sont désormais considérés comme étant vulnérables à la famine. Les Nations Unies ont demandé aux pays développés de débloquer 163 millions de dollars pour aider l'Érythrée à lutter contre la famine. Or, ces pays, dont le Canada fait partie, n'ont mobilisé que 4 millions de dollars jusqu'à présent, soit 2,5 p. 100 des fonds nécessaires pour s'attaquer à ce problème.
Vous avez annoncé que le Canada donnera une quarantaine de millions de dollars à l'Éthiopie, et environ 500 000 $ à l'Érythrée. Toutefois, des gens de la communauté érythréenne qui sont certainement préoccupés par ce qui se passe dans leur terre natale m'ont fait savoir que ce montant est très insuffisant compte tenu de l'ampleur du problème. J'ignore comment vous faites vos calculs, peut-être est-ce par le nombre d'habitants, mais il est clair que cette formule de calcul ne suffit pas pour mesurer la magnitude du problème et des besoins.
Vous serait-il possible d'envisager une aide supplémentaire au peuple érythréen, surtout que les Nations Unies ont dit qu'à peine 2,5 p. 100 des fonds requis pour lutter contre la famine ont été débloqués? Que pouvons-nous faire pour aider davantage l'Érythrée, et pourquoi ne figure-t-elle pas sur la liste des neuf pays puisqu'ils sont tous inextricablement liés?
¿ (0950)
Mme Susan Whelan: Tout d'abord, la liste des neuf pays provient des pays avec lesquels nous avons déjà des relations d'aide bilatérales. Or, ce n'est pas le cas avec l'Érythrée, c'est-à-dire que nous n'avons pas de programme permanent. L'idée n'est pas d'ajouter de nouveaux programmes, mais de centrer notre attention sur un nombre restreint de pays.
Ceci étant dit, nous travaillons avec l'Érythrée sur le front humanitaire, et il y a d'autres pays qui recevront de l'aide humanitaire sans pour autant figurer sur la liste des pays prioritaires ou qui bénéficient de ressources accrues dans le cadre d'un programme bilatéral.
Nous avons déjà débloqué un million de dollars cette année. Le montant initial de 500 000 $ a augmenté pour atteindre 1 million de dollars au titre de l'aide alimentaire et autre d'urgence pour l'Érythrée.
Nous explorons actuellement des possibilités de fournir de l'aide alimentaire et non alimentaire. Nous espérons être en mesure d'annoncer quelque chose bientôt, et j'entends une aide financière accrue, mais il faut garder à l'esprit la différence substantielle pour ce qui est du nombre d'habitants, et nous devons en outre amener les autres pays donateurs à aider l'Érythrée.
À notre avis, le Canada a donné l'exemple à ce chapitre dans l'ensemble de l'Afrique australe, puisqu'il a été le premier à annoncer en juin dernier son désir d'aider certains pays à se sortir de la sécheresse, pas seulement l'Éthiopie et l'Érythrée, mais l'ensemble de l'Afrique australe. Nous avons ainsi fourni plus de 35 millions de dollars dès le début de l'été dernier dans l'espoir de persuader les autres pays donateurs d'agir avec célérité pour que nous ne nous retrouvions pas face à la même situation où la famine sévit dans nombre de ces pays.
Il est clair que nous prenons la situation en Érythrée très au sérieux, et j'espère que nous serons en mesure de fournir sous peu une contribution supplémentaire pour alléger la souffrance du peuple érythréen.
Le vice-président (M. Stockwell Day (Okanagan—Coquihalla, Alliance canadienne)): Je vous remercie, madame la ministre. Vous avez terminé exactement au moment où les dix minutes de M. Eggleton se sont terminées.
La parole est à Mme McDonough.
Mme Alexa McDonough (Halifax, NPD): Je vous remercie, monsieur le président.
Madame la ministre, je sais que vous avez dit dans votre déclaration au comité aujourd'hui et dans votre rapport que l'un de vos objectifs est de montrer aux Canadiens que nous sommes à la hauteur de nos responsabilités et de nos obligations internationales. Les membres de ce comité ne s'entendent peut-être pas sur tout, mais je crois qu'il serait juste de dire que nous voulons tous vous aider dans cette tâche.
Je voudrais simplement revenir à une préoccupation déjà soulevée à cet égard, car il me semble—et je pense que c'est l'opinion de bien des gens—qu'il vous faudra déployer des efforts monumentaux, au nom de la communauté du développement international et des Canadiens qui veulent que nous soyons à la hauteur de nos obligations, pour que nous soyons nettement plus proactifs et dynamiques sur la question de l'accroissement du niveau d'APD. Selon certaines estimations, et je sais que vous avez parlé de doubler le montant d'aide au développement, il faudra attendre jusqu'à l'an 2040 avant que nous puissions atteindre le niveau d'aide publique au développement à laquelle nous nous sommes engagés. Je pense que c'est un peu cela que les gens essaient de vous dire.
J'ai deux questions, puis deux demandes à vous faire, puisqu'il est très difficile de se faire une idée complète en si peu de temps.
À la lumière des témoignages très convaincants qui ont été faits au comité au cours des cinq ou six dernières semaines, le Comité des affaires étrangères a voté une motion pour vous soumettre à vous, la ministre responsable de l'ACDI, et au ministre des Affaires étrangères, une demande très directe pour que vous interveniez pour accélérer la planification d'urgence pour fournir de l'aide humanitaire en Irak, étant donné ce qui s'y déroule maintenant. J'aimerais savoir si vous pouvez décrire au comité les mesures que vous avez prises à cet égard; peut-être pourriez-vous prendre un moment pour nous en parler. Je pense que ce que nous aimerions voir, c'est un rapport complet sur les actions prises à cet égard, car en dépit de tous nos espoirs et de nos craintes, la réalité nous frappe de plein fouet.
Par ailleurs, toujours dans le cadre des auditions de témoins, nous avons entendu un excellent témoignage sur ce que le Canada doit faire en matière de politique agricole, non pas pour régler les crises que traverse notre propre secteur agricole—et ce n'est pas ce qui manque—, mais je pense plutôt à ce que vous faites, vous qui êtes ministre responsable de l'ACDI, pour honorer vos obligations envers les pays les plus pauvres au chapitre de l'agriculture de subsistance.
Les engagements que nous avons pris à Doha font état de cinq points considérés comme des exigences minimales absolues. J'aimerais savoir si vous pouvez préciser au comité si ces cinq exigences ont été satisfaites dans le cadre de la nouvelle politique agricole. Je sais que vous avez mentionné que c'est pour bientôt.
Troisièmement, en ce qui concerne l'aide à l'Afghanistan, j'ai été fortement secouée par un compte rendu récent d'une personne très versée dans le développement international qui, à son retour d'Afghanistan, a dit essentiellement que le Canada ne faisait pratiquement rien là-bas. Il n'y a pas de véritable équipe, ni de véritables programmes. Pourriez-vous dire au comité quels résultats peut-on voir sur le terrain en Afghanistan des programmes canadiens et des efforts du personnel canadien?
Enfin, s'agissant du VIH/sida en Afrique, les gens qui se préoccupent de cette pandémie ont été littéralement choqués de voir à quel point la contribution du Canada au fonds mondial était infime. Pourriez-vous nous expliquer ce que le Canada entend faire pour honorer les obligations que vous, la ministre, avez qualifiées de véritables engagements, de sorte que nous puissions montrer au monde que nous prenons nos responsabilités? Qu'allons-nous faire à cet égard?
¿ (0955)
Mme Susan Whelan: Merci beaucoup, madame McDonough.
Monsieur le président, je vais m'efforcer de répondre promptement à toutes ces questions.
Tout d'abord, je suis reconnaissante au comité de s'être engagé à convaincre les Canadiens et à leur faire comprendre ce que nous devons faire et ce que nous pouvons faire en faveur des pays en développement. Très brièvement, je vous dirai que nous sommes convaincus de pouvoir intervenir, notamment par l'intermédiaire des jeunes Canadiens.
Nous avons ciblé différentes formes de programmes destinés à nos jeunes Canadiens. L'un d'entre eux fait partie d'une initiative scolaire mondiale dans le cadre de laquelle les professeurs de niveau secondaire vont assurer certains cours particuliers. Dans le cadre de l'initiative scolaire mondiale, nous fournissons du financement pour inciter les commissions scolaires à élaborer des cours qui vont renseigner nos jeunes Canadiens sur le monde en développement. Il y a aussi le concours Papillon 208, qui vise les élèves du secondaire; nous les invitons à consulter notre site Web, à se renseigner sur ce qu'ils peuvent faire pour le monde en développement et à rédiger un texte, à faire un dessin ou une composition musicale, ou à organiser des activités scolaires.
Nous pensons que les parlementaires ont la possibilité d'assurer la promotion de ces activités auprès de tous leurs électeurs. Nous devrions ainsi informer les Canadiens de ce qu'il faut faire dans le monde en développement. En retour, le ministère pourra intervenir et proposer dans bien des cas une aide supplémentaire.
Je sais que votre comité a adopté une motion qui demande une augmentation de l'aide humanitaire en Irak. Comme je l'ai dit, nous avons répondu à un appel de planification d'urgence de l'ONU en respectant le ratio qui avait été demandé au Canada. Nous envisageons les différentes options qui nous sont soumises. Vous remarquerez cependant qu'il n'y a eu aucune autre demande jusqu'à la dernière, qui provient du Comité international de la Croix-Rouge. Hier, notre organisme prévoyait pour aujourd'hui un appel-éclair.
De nombreux organismes attendent de voir comment la situation va évoluer en Irak afin de connaître les besoins des Irakiens avant de présenter une demande de financement. Nous sommes en train d'examiner tous ces appels au fur et à mesure qu'ils nous parviennent. Nous avons considéré les différentes options ainsi que ce dont nous disposons déjà sur le terrain.
Comme je l'ai dit dans mon exposé, nous n'avons pas de programme bilatéral en Irak. Techniquement, ce pays ne se qualifie pas pour l'obtention d'une aide au développement, à cause du niveau de revenu individuel et à cause de l'économie du pays, malgré les sanctions. Nous regardons par conséquent du côté de l'aide humanitaire, pour voir comment le Canada pourrait jouer un rôle plus décisif à ce niveau.
Pour ce qui est des engagements dans le domaine de l'agriculture, notre énoncé de politique devrait être publié d'ici deux semaines. Je ne connais pas exactement les cinq exigences dont vous parlez. S'il s'agit d'exigences énoncées à Doha dans le cadre des négociations commerciales, ou des exigences que vous souhaitez voir figurer dans notre document, je serais heureuse d'en assurer le suivi.
Je peux vous dire que je travaille en étroite collaboration avec Pierre Pettigrew, notre ministre du Commerce international, afin que les besoins des pays en développement soient pris en compte dans les négociations commerciales.
Notre politique considère très précisément les éléments que nous jugeons indispensables au développement agricole, à savoir l'engagement des pays où nous allons travailler, la recherche à effectuer et le plan de mise en oeuvre. Voilà ce que nous ciblons actuellement et qui devrait figurer dans notre énoncé de politique.
En ce qui concerne l'aide à l'Afghanistan, comme vous le savez tous, j'ai annoncé lundi que nous nous étions engagés à verser 250 millions de dollars à ce pays au cours des deux prochaines années. Je peux vous assurer que les 100 millions de dollars promis par le Canada—en fait, c'est plus de 100 millions de dollars; depuis le 1er septembre 2001, c'est 116 millions de dollars—ont donné des résultats extraordinaires sur le terrain.
Je me suis rendue en Afghanistan en juillet dernier pour constater les effets de cette aide financière, notamment le programme alimentaire pour les veuves de Kaboul. J'ai visité un point de service où nous fournissons des semences pour aider les Afghans à relancer leur production agricole. J'ai rencontré à plusieurs reprises le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Il a réussi à convaincre deux fois plus d'Afghans à retourner dans leur pays. Nous avons apporté dans le cadre de cette opération un financement direct qui permet aux Afghans d'obtenir directement des produits alimentaires et une aide matérielle à leur retour.
À (1000)
Par rapport aux prévisions initiales, il a fallu réduire l'aide accordée aux Afghans qui reviennent dans leur pays, car ils sont trop nombreux, mais de notre côté, l'aide que nous fournissons a doublé. Il faut savoir que nous avons ouvert sur place, à Kaboul, une unité de soutien aux projets d'assistance. Nous avons donc une présence physique sur place. Il y a des gens qui travaillent sur le terrain. Nous veillons évidemment à assurer une surveillance efficace de nos projets, compte tenu de la fragilité de la situation en Afghanistan.
Nous savons que nos soldats doivent retourner en Afghanistan cet été et nous nous efforçons de travailler en étroite collaboration avec la défense pour que notre aide financière soit employée efficacement.
Nous avons pris des engagements très sérieux envers les Afghanes. Nous avons accordé un financement direct au ministre afghan des Finances pour que ses collaborateurs organisent conjointement le ministère des Finances et le ministère du Développement rural. Nous avons des représentants qui s'y consacrent activement sur le terrain.
En ce qui concerne le VIH et le sida, on ne peut effectivement que déplorer la situation tragique observée particulièrement en Afrique. Mais nous savons aussi que le VIH et le sida sont en augmentation dans de nombreux autres pays comme la Russie, l'Inde et le Pakistan.
Conformément à notre engagement, nous avons prévu de verser 100 millions de dollars US au Fonds mondial de la santé, soit environ 150 ou 160 millions de dollars canadiens sur quatre ans. Le Fonds mondial de la santé ne s'occupe pas uniquement de VIH et de sida. Il s'occupe aussi du paludisme et de la tuberculose. Si vous avez entendu le président du Mozambique—il a pris plusieurs fois la parole pendant son séjour au Canada—, il a fait à chaque fois référence au VIH et au sida, mais aussi au paludisme et à la tuberculose. Et le Mozambique fait pourtant partie des neuf pays où la proportion des victimes du VIH et du sida est la plus élevée. Mais le président a reconnu que son pays connaît d'autres problèmes de santé. En plus de cela, nous avons prévu 50 millions de dollars pour la recherche de vaccins contre le VIH et le sida par l'intermédiaire du Fonds Canada-Afrique.
Au Canada, le programme de lutte contre le VIH et le sida a été étendu. Dans le cadre des priorités de développement social de l'an 2000, nous avons commencé avec un programme de 20 millions de dollars par an, qui doit atteindre 80 millions de dollars par an d'ici 2004, ce qui signifie que grâce à la programmation bilatérale, 270 millions de dollars seront consacrés spécifiquement au VIH et au sida.
Nous considérons également le lien entre l'éducation et la lutte contre le sida. La plupart de nos programmes éducatifs ont un volet consacré au VIH et au sida.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Madame la ministre, je vois que vous nous fournissez un luxe de détails. Pouvez-vous, s'il vous plaît, conclure votre réponse en 30 secondes? Nous avons dépassé les 10 minutes, et je vais ensuite donner la parole à M. Calder.
Mme Susan Whelan: Excusez-moi, monsieur le président.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Merci.
Mme Susan Whelan: Nous veillons à ce qu'au cours des six années de scolarité élémentaire que nous finançons également, les enfants soient sensibilisés au VIH et au sida, de façon que les jeunes d'Afrique et des autres pays comprennent les causes de cette maladie.
Merci.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Merci beaucoup, madame la ministre.
Nous passons maintenant à M. Calder.
M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue, madame la ministre. Nous avons eu une jolie petite conversation ce matin à propos des orientations. J'aimerais poursuivre en ce sens, mais dans une orientation légèrement différente.
Une des choses que nous devons, à mon avis, améliorer, ce sont les synergies entre l'aide et le commerce et aussi reconnaître le fait que le budget d'aide du Canada n'est pas illimité. Ces deux réserves faites, voici mes questions. Dans quelles régions pouvons-nous être le plus efficace et compléter le mieux la politique étrangère? Deuxièmement, devrions-nous aider en fonction du besoin ou en fonction des endroits où nous sommes le plus présents dans le monde?
De plus, dans votre exposé, vous avez parlé d'une politique agricole qui est censée être rendue publique dans deux semaines. J'aimerais savoir comment elle s'appliquera aux pays en développement et en quoi elle se distingue de la politique actuelle.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Madame la ministre, ce sont maintenant des tours de cinq minutes. Vous disposez donc d'environ quatre minutes pour répondre à ces deux excellentes questions. Merci.
À (1005)
Mme Susan Whelan: Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, il est certain que nous pouvons être efficaces en conjuguant nos politiques d'aide et de commerce, comme vous l'avez entendu dire par le premier ministre plusieurs fois. L'agriculture est un bon exemple. Les subventions agricoles qui existent dans le monde sont d'environ 300 milliards de dollars US par année, et les sommes consacrées à l'aide au développement dans le monde sont d'environ 50 milliards US en tout.
Il y a de toute évidence beaucoup de travail à faire, et le Canada est très dynamique sur ce front. Pierre Pettigrew, notre ministre du Commerce international, travaille très directement pour essayer de s'assurer que ces chiffres sont inversés, surtout pour que soient réduites les subventions agricoles.
Nous savons qu'il y a un défi immense, toutefois, entre ce qui se passe aux États-Unis et l'Union européenne et la définition de ce qu'est une subvention d'exportation par rapport à une subvention intérieure et comment cela affecte tout. Nous essayons d'être une voix, par contre, à la table, et je pense qu'il y a une synergie là, que nous pouvons aider les pays en développement.
Il faut être très clair, cependant. L'accès des pays en développement au marché mondial ne va pas résoudre leurs problèmes, sachant qu'il y a d'énormes marchés régionaux qui restent à développer. En Afrique, un pays comme le Nigéria a plus de 140 millions ou 170 millions d'habitants. Il a un énorme marché intérieur qui attend d'être développé. En Afrique australe, les différentes régions du monde, les Amériques, les diverses parties, il y a de toute évidence un énorme potentiel.
Devrions-nous contribuer en fonction du besoin ou des endroits où nous sommes le plus présents dans le monde? Il est certain que le mandat que j'ai est de réduire la pauvreté grâce au développement durable. Ensuite il faut regarder là où sont les chiffres les plus élevés et où la pauvreté existe et où nous pouvons être efficaces, et c'est un équilibre qu'il faut trouver.
Je regarde le fait qu'il y a environ 1,2 milliard de gens qui vivent avec moins de 1 $ par jour, et le double de ce nombre qui vivent avec moins de 2 $ par jour. Il y a donc un défi immense là.
Le Canada est à la recherche de partenaires, cependant, qui sont attachés à la bonne gouvernance, qui prennent l'engagement de changer, dont les politiques gouvernementales s'intéressent à prendre la direction et à être durables. Certainement, nous devons examiner les régions où le besoin est grand, mais où nous pouvons être efficaces aussi.
La politique agricole qui sera annoncée dans deux semaines sera plus stratégique, nous pensons, réduira notre concentration un peu dans le rôle de l'agriculture, nous permettra de réinvestir des ressources dans le secteur agricole.
Notez bien que l'agriculture est un secteur dont s'est retiré non seulement l'ACDI mais aussi beaucoup de pays développés, pourrait-on dire. C'est passé de plus de 10 p. 100 de notre budget à moins de 5 p. 100 de notre budget. Si vous regardez les États-Unis, le Royaume-Uni et les autres pays, vous verrez des parallèles. Les gens s'en sont distancés en se disant que ce n'était pas la solution—reconnaissant, par contre, aujourd'hui, que 75 p. 100 à 80 p. 100 des plus démunis de la planète vivent dans des régions rurales et que l'agriculture est leur principal mode de subsistance, qu'il y a un rôle et une place pour nous là.
Nous espérons voir des investissements très stratégiques là et des changements dans la façon dont nous menons nos activités, pour que nous puissions aussi examiner l'ensemble et pas seulement des éléments du puzzle et nous distancer—l'efficacité qui sera déterminée par la capacité pour nous d'avoir des engagements à long terme que nous pouvons aujourd'hui prendre à cause du budget de 2003.
Nous pourrons avoir une autre discussion sur les orientations une autre fois.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Merci, madame la ministre.
Monsieur Casey, le premier pour votre parti, vous aurez 10 minutes à partager entre vous et la ministre.
M. Bill Casey (Cumberland—Colchester, PC): Merci beaucoup. Je pensais qu'il me faudrait me battre pour ça.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Vous n'avez pas à tout prendre, évidemment.
M. Bill Casey: Tout d'abord, je suis ici en train de réfléchir. Je ne pense pas que quiconque d'entre nous devrait accepter que le Canada se trouve au 19e rang sur une liste de 22 pays donateurs. Personne d'entre nous ne devrait l'accepter; il faudrait corriger cela.
Cela dit, je pense que nos investissements sont très rentables. D'après mes observations, nos investissements et notre participation sont très appréciés, où qu'ils soient, et je pense que notre action est plus rentable que celle de la plupart des pays. Ce serait magnifique si nous pouvions augmenter ce budget.
Je veux ajouter quelque chose à ce qu'a dit Mme McDonough. Elle vous a demandé d'essayer d'obtenir plus d'argent pour le ministère. J'aimerais ajouter à cela. J'aimerais que votre ministère se dote d'une stratégie pour conscientiser la population au fait que cet argent est nécessaire et aux bienfaits qu'en retirent les citoyens, car trop peu d'entre eux le savent. Quand vous avez annoncé 250 millions de dollars pour l'Afghanistan, beaucoup de gens ont demandé pourquoi est-ce qu'on ne répare pas nos routes et ne crée-t-on pas plus de lits d'hôpitaux.
Je ne sais pas s'il y a une stratégie de sensibilisation sur les besoins et les bienfaits pour les Canadiens. Moi, je proposerais qu'il y en ait une. Ce serait très avantageux, surtout actuellement. On est sans doute plus ouverts à ces arguments aujourd'hui, vu les événements des dernières années.
Je voudrais passer à autre chose; ce n'était que des observations de ma part.
Vous avez dit que vous aviez 250 millions pour l'Afghanistan. Avez-vous une idée de ce qui sera nécessaire pour l'Irak, pour la reconstruction, ce que sera notre rôle et avec qui nous traiterons?
À (1010)
Mme Susan Whelan: Très rapidement, vous avez raison de dire que nous ne devrions pas accepter d'être le 19e sur 22. C'est une des raisons pour lesquelles vous avez observé une augmentation du budget de l'aide dans le budget et dans l'engagement du premier ministre, reconnaissant que le Canada a besoin de jouer un rôle beaucoup plus fort sur la scène du développement. Le Canada a une place beaucoup plus grande à occuper.
Oui, je suis en faveur d'un plus gros budget pour l'ACDI, et le fait que nous ayons pu réaliser ce que nous estimons être un grand succès dans le budget montre que nous travaillons ensemble. Nous essayons d'amener les Canadiens et nos partenaires à la table. Beaucoup d'ONG, beaucoup de nos partenaires, nous ont beaucoup aidés, tout comme le comité, et soutenu l'augmentation du budget.
Oui, nous avons une stratégie de sensibilisation. Elle vise d'abord les jeunes pour qu'ils comprennent les besoins du monde en développement. Les jeunes rentrent chez eux et expliquent à leurs parents ce qui se passe mieux que ne le fait le journal.
Les bonnes nouvelles ne font pas toujours vendre les journaux et il faut donc trouver une façon de transmettre l'information aux gens. C'est une responsabilité morale et sociale mais quand on parle de créer un monde plus sûr et plus prospère pour tous, c'est une des raisons pour lesquelles nous accordons de l'aide au développement. Ce sont les messages que nous devons transmettre beaucoup plus vigoureusement aux Canadiens. Je suis tout à fait d'accord avec vous.
Nous n'avons pas encore d'estimation pour la reconstruction en Irak. Il y a eu beaucoup de conjectures et de débats sur les chiffres et ce que cela supposera. Il est prématuré d'avancer un chiffre pour la reconstruction tant qu'on ne saura pas d'abord combien de temps la guerre va durer et quels seront les dégâts. Pour le moment, nous nous concentrons sur l'aide humanitaire immédiate. Comme je l'ai déjà dit, nous recevons de nos partenaires internationaux et des agences internationales avec lesquelles nous collaborons des appels pressants.
À ce jour, nous n'avons pas de chiffre en tête, mais nous collaborons étroitement avec nos collègues des Affaires étrangères et de la Défense ainsi qu'avec nos partenaires internationaux, le Conseil de sécurité de l'ONU, ainsi que les agences de l'ONU qui s'occupent des plans d'urgence.
M. Bill Casey: Pourriez-vous nous dire quels sont nos rapports avec les Palestiniens et les Israéliens? Que faisons-nous pour chaque camp et quels sont les investissements dans chacun d'eux?
Le vice-président (M. Stockwell Day): Il vous reste 30 secondes, madame la ministre.
Mme Susan Whelan: Dans les 30 secondes qui me restent?
M. Bill Casey: J'ai trois autres questions.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Oh, pardon. Oui, c'est vous qui disposez des 10 minutes.
Mme Susan Whelan: Je peux vous dire que ce que nous faisons est entièrement de l'aide humanitaire.
Je ne peux pas vous donner de chiffre, mais je pense que c'est 13 millions depuis janvier 2002 qui ont été consacrés à la santé d'urgence, la création d'emplois—ce que nous appelons l'éducation ou l'aide au redressement. Nous travaillons donc beaucoup à l'aide humanitaire, reconnaissant que nous faisons face à une situation très fragile et tragique. Nous essayons d'instaurer la paix. Nous passons par l'Université McGill et d'autres organisations de la société civile pour instaurer la paix.
Mais il est évident que c'est une situation très difficile.
M. Bill Casey: Avez-vous dit 13 millions?
Mme Susan Whelan: Depuis janvier 2002, oui.
M. Bill Casey: Où va l'argent? En totalité aux Palestiniens? Y en a-t-il pour les Israéliens? Avez-vous une ventilation?
Mme Susan Whelan: Eh bien, notre chiffre passe par les agences de l'ONU, au Comité international de la Croix-Rouge et aux ONG canadiennes. Nous le regardons comme la situation au Moyen-Orient. Les frontières ne sont pas exactement définies quant à l'endroit où vont nos dollars. Évidemment, les agences de l'ONU regardent là où le besoin est le plus grand, et nous leur fournissons les fonds.
M. Bill Casey: Vous avez dit que la Grande-Bretagne et les États-Unis rédigent une nouvelle résolution à l'ONU au sujet de l'aide immédiate. Qu'en savez-vous?
Mme Susan Whelan: Ce que je sais, c'est ce que j'entends. Plus tôt aujourd'hui, j'ai entendu une déclaration du ministre britannique Jack Straw. Il allait proposer une nouvelle résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies pour faire en sorte que le programme pétrole contre nourriture soit mis en oeuvre pour aider les gens sur le terrain à composer avec la crise humanitaire en Irak.
À l'heure actuelle, ce programme est suspendu. L'agence des Nations Unies qui s'en occupe a mis en suspens tous ses programmes. Nous savons qu'il y a encore des gens sur le terrain. Nous savons aussi qu'il y a encore des organisations sur le terrain, et nous essayons de voir si on peut faire quelque chose pour que l'aide puisse être fournie.
À (1015)
M. Bill Casey: Quand pensez-vous que cette résolution sera proposée? Avez-vous une idée?
Mme Susan Whelan: D'après les commentaires que j'ai entendus ce matin, je pense qu'ils ont l'intention de la proposer dans les prochains jours.
M. Bill Casey: S'il me reste encore du temps, j'aimerais poser une autre question. Vous avez indiqué dans vos remarques liminaires que vous aviez l'intention de mettre l'accent sur certains secteurs. Vous n'en avez évoqué que deux : l'agriculture et le développement du secteur privé. Est-ce là votre priorité?
Mme Susan Whelan: Non, en fait nous avons quatre priorités en matière de développement social que nous avons annoncées en 2000, à savoir l'éducation de base, la santé et la nutrition, la lutte contre le VIH et le sida et la protection des enfants. En plus de ces quatre priorités, nous allons mettre l'accent sur l'agriculture et le développement du secteur privé, en tenant compte du fait que l'environnement est un thème commun à tous ces secteurs. En effet, l'environnement est un dénominateur commun à tous ces secteurs. Par exemple, l'eau revêt une importance capitale en agriculture, et il en est de même pour l'environnement et la détérioration des sols. Par ailleurs, l'égalité entre les sexes est une constante dans tous les programmes de l'ACDI.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Merci, madame la ministre.
Monsieur Harvey, c'est à vous pour cinq minutes, s'il vous plaît.
[Français]
M. André Harvey (Chicoutimi—Le Fjord, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais remercier Mme la ministre et lui rendre hommage pour les augmentations budgétaires de 8 p. 100 par année qui ont été accordées.
Je sais que la question budgétaire est importante, mais contrairement à ma collègue du Bloc québécois, Mme Lalonde, je pense que ce n'est pas seulement une question budgétaire. Encore faudrait-il comparer des chiffres absolus avec ceux d'autres pays pour vérifier où on se situe. Ce qui compte surtout, et je pense que mon collègue M. Casey a touché un point extrêmement important, c'est la mobilisation de tous les Canadiens quant au rôle joué par l'Agence canadienne de développement international et tous les autres ministères. Je pense que c'est un peu la voie du succès. Il suffit de penser à toutes les consultations qui sont faites sous la responsabilité de la ministre, à toute la question du secteur agroalimentaire, et à la question de l'implication et du développement du secteur privé dans les pays bénéficiaires.
D'après moi, le plus urgent est que les gens puissent se nourrir partout sur la planète. Il n'y a pas de dossier plus urgent que celui de combattre la famine. J'aimerais que la ministre nous explique, en quelques minutes, comment elle voit le rôle du secteur privé canadien, particulièrement dans le secteur agroalimentaire, pour aider les pays en développement à faire face à l'immense défi de donner à manger à tous leurs jeunes enfants.
Monsieur le président, on ne peut pas continuer à accepter que 8 000 à 9 000 jeunes enfants meurent de faim tous les jours. Je pense que c'est là qu'est l'urgence. Avant de parler de high technology, il faut donner à manger à tout le monde sur la terre. J'aimerais savoir quel type de collaboration notre secteur privé pourrait offrir à ces pays.
[Traduction]
Mme Susan Whelan: Effectivement, monsieur Harvey, nous sommes conscients du fait que nous devons accorder notre attention aux enfants qui sont en train de mourir tous les jours et réfléchir à la manière de les nourrir. Nous avons espoir que les politiques en matière d'agriculture et de développement du secteur privé que nous allons annoncer aideront les gens à mieux gagner leur vie pour qu'ils puissent subvenir aux besoins de leurs familles.
Nous avons des liens avec des partenaires à l'heure actuelle. Ainsi, nous avons déjà travaillé par le passé et nous continuons de travailler en étroite collaboration avec le Programme alimentaire mondial. Nous avons collaboré dans certains pays dans le cadre de ce qui est communément appelé le Programme d'alimentation scolaire. Nous n'ignorons pas que la malnutrition atteint des niveaux graves dans certains pays.
Avec nos partenaires, nous fournissons notamment de l'aide alimentaire dans ces pays. Au nombre de nos partenaires, outre le Programme alimentaire mondial, il y a la Société Canadienne pour Nourrir les Enfants et la Fondation canadienne contre la faim. Nous collaborons aussi avec d'autres organismes comme la Banque de céréales vivrières du Canada, qui est un de nos partenaires canadiens et qui joue un rôle très actif dans la fourniture d'aide alimentaire dans le monde.
Certaines de nos politiques agricoles ne concernent pas uniquement l'agriculture de subsistance, mais elles renseignent aussi sur la manière d'accroître la productivité pour que les gens puissent hausser leur revenu en mettant sur le marché leurs produits. Au chapitre du développement du secteur privé, nos mécanismes de micro-crédit mettent à la disposition des gens oeuvrant souvent dans le secteur agroalimentaire des prêts très limités pour leur permettre d'accroître leurs ressources. Quand je dis des prêts très limités, j'entends des prêts de moins de 200 $. En réalité, ce sont des prêts de 80 $ ou de 100 $, ce qui peut représenter une somme substantielle dans certains de ces pays, ce qui permet aux gens d'acheter une unité de réfrigération ou un charrette supplémentaire pour être en mesure de vendre leurs produits et mieux subvenir aux besoins de leurs familles.
À (1020)
[Français]
M. André Harvey: J'aimerais que la ministre nous dise si elle a l'intention d'augmenter les ressources humaines directement dans les pays bénéficiaires, peut-être pour les aider à mieux définir leurs priorités, sachant que dans plusieurs pays, on n'a pas toujours les structures qu'il faut pour répondre à l'exigence minimale de définir les besoins les plus urgents.
Je tiens à répéter que ce n'est pas toujours une question budgétaire. Les Canadiens nous demandent d'être plus efficaces dans l'aide que nous donnons. J'aimerais vérifier si la ministre a l'intention de fournir davantage de ressources au profit des pays bénéficiaires.
[Traduction]
Mme Susan Whelan: Nous allons entre autres essayer d'ajouter dans ces pays, surtout dans les pays qui nous préoccupent plus particulièrement, ce que nous appelons des personnes recrutées sur place. Nous avons réussi à trouver sur place des gens qui comprennent le pays, qui en viennent et qui peuvent collaborer de façon très efficace avec notre personnel canadien. Nous savons que c'est nécessaire.
Nous savons également que bon nombre de ces pays ont des problèmes en matière de ressources humaines. Il faut dans certains cas donner de la formation et de l'enseignement. Nous travaillons en étroite collaboration avec d'autres dans ce domaine, sur un certain nombre de fronts. Par exemple, nous avons fourni du financement à l'Université virtuelle d'Afrique, qui travaille maintenant dans 17 pays à partir de 34 points afin de prodiguer de l'enseignement à distance, car nous savons à quel point la situation est difficile.
Il y a donc toutes sortes de mesures en cours, mais nous essayons de trouver des personnes sur place quand nous distribuons l'argent de l'ACDI, l'argent des contribuables canadiens.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Merci, monsieur Harvey.
Monsieur Martin.
M. Keith Martin: Merci d'être venue nous rencontrer aujourd'hui, madame la ministre. Cette réunion est très intéressante et il est dommage que nous n'ayons pas plus de temps à notre disposition.
J'ai une question à laquelle vous pouvez peut-être répondre et trois autres à laquelle vos fonctionnaires pourront répondre et pour lesquelles ils pourront déposer des documents auprès de notre comité d'ici la fin d'avril.
Madame la ministre, je soumets qu'il est peut-être plus important de savoir comment l'argent est dépensé que de savoir de combien on dispose. On a exprimé de graves préoccupations quant à l'utilisation de l'argent que nous consacrons à l'aide internationale et au processus long et onéreux du traitement des demandes par le ministère. Je ne crois pas que mes préoccupations puissent être bien résolues à l'interne, mais j'aimerais savoir si vous demanderez la tenue d'une vérification judiciaire des dépenses et des activités de l'ACDI.
Les trois questions auxquelles j'espère que vos fonctionnaires pourront répondre portent sur le pourcentage de notre budget d'APD qui est dépensé au Canada et sur le pourcentage qui est dépensé à l'étranger. J'aimerais savoir combien l'ACDI dépense en APD au Canada et combien à l'étranger.
Ma deuxième question porte sur le Fonds pour l'Afrique. L'argent de ce fonds a déjà été distribué, je crois. J'espère que votre ministère enverra à notre comité un rapport mentionnant qui a reçu cet argent, quelles sommes ont été distribuées, quels objectifs sont censés être atteints et comment on pourra mesurer que ces objectifs ont été atteints au moyen de ce financement.
Ma dernière question porte essentiellement sur l'Afrique, mais elle pourrait tout autant s'appliquer à la plupart des pays industrialisés. La corruption, les conflits et le manque de ressources sont les trois principaux obstacles au développement. Comme vous avez pu le constater dans vos périples dans cette terre d'abondance, l'Afrique, ce continent assiégé, est le lieu de la pire pauvreté au monde et, comme vous le savez, la population ne bénéficie pas de ces ressources. Ces ressources ne sont pas employées à cause de la corruption, des conflits ou du manque d'investissement dans des services primaires d'enseignement et de santé. Vous pourriez peut-être nous expliquer en gros quels programmes l'ACDI met en oeuvre pour prévenir la corruption et les conflits et pour investir dans des services primaires de santé et d'éducation en Afrique.
Merci.
Mme Susan Whelan: Merci beaucoup, monsieur Martin.
Depuis le début de la réunion, j'ai dit quelque chose de semblable, c'est-à-dire qu'il ne faut pas seulement voir à combien s'élève notre budget, mais aussi comment l'argent est dépensé. C'est pour cette raison que nous avons présenté le document intitulé Efficacité de l'aide internationale, et c'est pour cela aussi que nous modifions nos façons de fonctionner, afin de nous améliorer.
Le processus pose également certains problèmes, entre autres le délai nécessaire pour obtenir le financement et pour collaborer avec l'ACDI. Nous examinons tout cela. Parallèlement, nous devons aussi avoir une administration très transparente. Nous devons rendre des comptes. L'argent que nous dépensons est celui des contribuables canadiens. Nous voulons nous assurer que les ressources atteignent bien leurs destinataires.
Vous savez sans doute déjà que nous faisons des vérifications et des évaluations internes régulièrement à l'ACDI. En outre, la vérificatrice générale effectue des vérifications régulières. J'ai eu l'occasion de rencontrer la vérificatrice générale pour lui parler de la nouvelle orientation de l'ACDI, afin de m'assurer que nous étions dans la bonne voie et de lui expliquer les préoccupations qu'expriment nos partenaires, des préoccupations qui sont les mêmes que celles dont vous entendez parler—c'est-à-dire qu'il faut trop longtemps à l'ACDI pour approuver les contrats.
Devons-nous utiliser certains freins et contrepoids? Y a-t-il un certain double emploi? Est-il possible de rationaliser le processus tout en continuant d'appliquer les normes élevées qui s'imposent lorsqu'on dépense l'argent des contribuables canadiens? Il est bien difficile de trouver un juste milieu. Mais nous cherchons néanmoins des solutions et nous essayons de voir s'il est possible de raccourcir les délais.
Je dois vous avouer que cela a été une de mes frustrations, après avoir travaillé comme avocate et traité très rapidement des dossiers représentant plusieurs millions de dollars. C'est très frustrant parfois de voir combien de temps certains procédés exigent. Nous essayons donc de trouver des solutions.
À ce sujet toutefois, je vous signale qu'il existe actuellement un groupe de travail international qui examine ce qu'il est convenu d'appeler les normes internationales de vérification en vue d'alléger le fardeau imposé aux pays en développement et pour éviter que le Canada, l'Allemagne et le Royaume-Uni aient chacun des exigences différentes. Si nous réussissons à nous entendre sur un ensemble d'exigences en matière de vérification internationale pour les rapports que doivent présenter les pays en développement, cela leur sera très utile à eux, mais cela nous permettra peut-être aussi de rationaliser un peu nos méthodes. Nous reconnaissons en tout cas qu'il y a certains problèmes.
Je me ferai un plaisir de vous communiquer le pourcentage exact du budget de l'APD dépensé au Canada et à l'étranger. Notre objectif est de dépenser l'argent sur le terrain. Il y a bien sûr des coûts d'administration et des honoraires d'experts à payer, et une partie de la formation pour les pays en développement se donne au Canada. La ventilation de tous ces coûts doit tenir compte de ces chiffres.
Le Fonds canadien pour l'Afrique fonctionne très bien. À Kananaskis, le premier ministre avait annoncé qui seraient nos partenaires, qui recevrait environ 421 millions des 500 millions du fonds. Une petite partie de cet argent n'a pas encore été attribuée, et c'est ce que nous sommes en train de faire.
Certains des programmes sont déjà en application. Je suis prête à passer en revue avec vous maintenant qui sont les partenaires du fonds au Canada et en Afrique, sur le terrain.
À (1025)
Le vice-président (M. Stockwell Day): Il suffira de déposer la liste auprès du comité, madame la ministre. Merci.
Mme Susan Whelan: Enfin, pour répondre à votre dernière question au sujet de la corruption, des conflits et du manque d'investissement, je me ferai un plaisir de vous fournir des renseignements à ce sujet également. Nous avons de nombreux programmes de lutte contre la corruption. Nous faisons beaucoup de travail en matière de paix et de sécurité pour essayer de résoudre les conflits. L'ACDI possède sa propre unité de consolidation de la paix. Il en va de même du ministère des Affaires étrangères. Nous veillons à éviter le chevauchement et à faire des choses différentes, mais pour atteindre les mêmes objectifs.
Comme vous le savez peut-être, nous avons également accordé du financement à une conférence qui était organisée par un de vos collègues, M. Williams, de l'Alliance canadienne. Nous avons réuni au Canada des parlementaires de partout au monde pour discuter de la lutte contre la corruption internationale. Nous savons qu'il faut nous attaquer à ce problème.
Nous participons très activement à un certain nombre de programmes de lutte contre la corruption dans un certain nombre de pays; l'un de ces programmes a donné de très bons résultats en Tunisie et dans d'autres pays, par exemple. Nous essayons de maintenir notre appui dans ces pays lorsqu'ils tiennent des élections démocratiques afin d'éviter que la corruption se manifeste de nouveau.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Merci, madame la ministre.
Nous passons maintenant à Mme Kraft Sloan.
Mme Karen Kraft Sloan (York-Nord, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai trois courtes questions. La première est plus une demande qu'une question.
Vous avez évoqué la grande incertitude qui plane sur la situation en Irak. Le comité a entendu des témoignages troublants de témoins qui représentent des organisations d'aide humanitaire. Je m'inquiète tout particulièrement des enfants en Irak. War Child a comparu devant le comité et exprimé de graves inquiétudes concernant la santé psychologique des enfants irakiens, surtout à la veille de l'attaque annoncée et qui est survenue la nuit dernière.
J'espère qu'une partie de ce plan d'urgence pour l'après-conflit portera sur les besoins physiques des enfants irakiens mais aussi sur leurs besoins psychologiques. Comme nous le savons, les problèmes de santé psychologique dureront pendant des années et continueront de semer les germes du terrorisme.
Ma deuxième question porte sur la nouvelle politique concernant le secteur privé que vous êtes en train d'étudier. Si vous pouvez me répondre maintenant, je me demandais quels moyens l'ACDI y accordera. Quel pourcentage de votre budget peut-on s'attendre à voir consacré au développement du secteur privé? J'aimerais aussi savoir, si vous pouvez me le dire, quel rôle la biotechnologie jouera dans la politique agricole.
À (1030)
Mme Susan Whelan: Tout d'abord, madame Kraft Sloan, en ce qui concerne la situation en Irak, nous savons que les enfants sont les plus vulnérables et les plus innocents. Nous ignorons encore ce que seront les programmes après la guerre parce que nous ignorons encore ce que seront les besoins. Nous examinerons les situations passées et ferons une comparaison et nous avons déjà commencé. Même s'il est très difficile de savoir aujourd'hui ce que seront les besoins, nous savons que les enfants irakiens sont très vulnérables et nous ferons de notre mieux pour nous assurer que des ressources sont mises à leur disposition.
En ce qui concerne le pourcentage du budget alloué au développement du secteur privé, je veux être très claire sur ce point. La politique dont nous parlons dans les consultations porte sur le développement du secteur privé sur le terrain dans les pays en développement. Il ne s'agit pas d'un surcroît de ressources pour les entreprises canadiennes et le but n'est pas nécessairement de changer la politique des entreprises canadiennes; le but est de développer le secteur privé sur le terrain.
Je n'ai pas de pourcentage à vous donner aujourd'hui. Nous avons eu d'immenses succès en matière de micro-crédit et nous examinons certains des objectifs de ce programme et d'autres. Il serait prématuré pour moi de dire voici ce que nous allons faire parce que nous avons toujours un document de consultation qui circule qui est ouvert aux consultations, aux idées et aux discussions en direct d'ici au 24 mars. Si quelqu'un du comité a des idées ou des suggestions, c'est l'occasion de nous envoyer un message par courrier électronique ou de nous donner quelque chose par écrit d'ici à lundi. Ce serait magnifique.
Comme je l'ai dit, nous croyons que c'est la clé de voûte si nous voulons bâtir de nouvelles économies. Nous savons que cela peut aider à fournir une base fiscale, ce dont beaucoup de ces pays ont besoin s'ils veulent espérer un jour se financer de façon durable. Il leur faut une assiette fiscale sans quoi le Canada sera là pour les 50 ou 100 prochaines années à fournir de l'argent. Je ne cesse de dire que l'objectif de l'ACDI est de s'assurer de ne plus avoir de travail dans 25 ans. Certains trouvent cela très optimiste et déterminé, mais je pense que c'est ce que nous devrions essayer de faire. Quant à savoir si nous atteindrons l'objectif ou pas, il faudra attendre. Moi, je serai toujours ici dans 25 ans, sous une forme ou sous une autre, et je veux être certaine de remporter certains succès.
En ce qui concerne la biotechnologie, d'excellents travaux se font dans ce domaine. Par exemple, l'Institut de recherches sur l'agriculture tropicale a réalisé des travaux renversants sur le cassave, un aliment de base cultivé dans certains pays du Sud qui résiste à la sécheresse et qui peut contribuer à empêcher la famine. Il y a certains problèmes de maladie actuellement, et il se fait donc de l'excellent travail en biotechnologie.
Nous savons qu'il y a aussi des inquiétudes à propos de ce que j'appelle la troisième étape de modification génétique, qui exige de nous une très grande prudence pour l'avenir. Nous travaillons de très près sur ce que j'estime être de la recherche agricole de base. Nous examinons les variétés les plus résistantes afin de s'assurer que le type de maïs cultivé a la teneur protéinique nécessaire et, si c'est le cas, quels sont ses effets sur le bétail qui le concerne et qui produit le lait. Toute cette recherche doit être faite quand nous étudions le genre de plantes qui seront cultivées en Afrique pour les aider à obtenir un plus grand ratio de productivité pour qu'ils puissent se nourrir eux-mêmes, avoir des produits à vendre et avoir le bon dosage de programmation.
De fait, c'est quelque chose dont nous sommes très conscients. Nous avons d'excellentes installations de recherche sur le terrain, le GCRAI, le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale, à qui nous allons accorder des fonds supplémentaires par l'intermédiaire du fonds Canada-Afrique. Je pense que c'est un excellent pas en avant. Le groupe a été sous-financé pendant de nombreuses années et je pense que cela lui permettra d'avoir les moyens nécessaires pour effectuer une partie des travaux très importants reliés à la salubrité des fruits et légumes et la santé des citoyens.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Merci, madame la ministre.
[Français]
Monsieur Rocheleau, vous avez cinq minutes, s'il vous plaît.
[Traduction]
J'aimerais moi aussi vous interrompre un instant. Cette pièce est réservée pour 11 heures et Mme Carroll sera donc celle qui finira la première ronde de questions. Si le comité le veut bien, après les interventions de Mme Carroll, nous passerons à trois questions qui doivent être réglées par le comité.
Merci.
À (1035)
[Français]
M. Yves Rocheleau (Trois-Rivières, BQ): Merci, monsieur le président.
J'ai trois brèves questions. La première porte sur l'Irak.
On sait que le secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a fait un appel à la communauté internationale pour une aide humanitaire rapide de 123 millions de dollars américains. La Croix-Rouge, ce matin, aurait fait un appel pour 108 millions de dollars supplémentaires, et seulement 35 millions de dollars auraient été récoltés à l'heure où on se parle. Est-ce que le Canada compte répondre à cet appel?
Deuxièmement, dans votre document, vous parlez de l'aide déliée. Vous avez dit dans votre exposé que l'aide liée allait disparaître. J'aimerais que vous élaboriez sur le concept de l'aide déliée. Entre autres, on sait que 75 p. 100 de l'aide accordée revient, d'une façon ou d'une autre, dans l'économie du Canada, comme pays donateur. Si l'aide est déliée, est-ce cela va changer quelque chose à ce phénomène?
Troisièmement, la question du secteur privé est considérée comme primordiale dans votre document. En termes de collaboration avec les pays qui sont bénéficiaires de l'aide, est-ce que vous vous attendez à ce que des entreprises canadiennes soient parties prenantes avec les entreprises privées qui sont considérées? Quand vous parlez du microcrédit, est-ce que cela veut dire que vous allez vous attacher spécifiquement à l'économie sociale de ces pays plutôt qu'aux entreprises purement capitalistes, qui ne sont pas forcément préoccupées par la réduction de la pauvreté? Qu'en est-il, par ailleurs, de la concertation de l'ACDI avec les gouvernements en cause et les ONG qui peuvent oeuvrer dans ces différents pays par rapport à l'aide accordée au secteur privé?
[Traduction]
Mme Susan Whelan: Merci, monsieur Rocheleau.
D'abord, oui, nous sommes certainement conscients de la demande faite par Kofi Annan. Nous savons aussi, comme je l'ai dit plus tôt, que la Croix-Rouge a fait des appels internationaux pressants hier, et nous avons les chiffres de ce matin. Nous sommes en train de les étudier, bien entendu.
Je ne peux pas encore vous dire à combien se chiffrera la contribution du Canada, mais nous avons certainement l'intention d'offrir notre aide. Nous étudions très sérieusement ces appels et j'espère pouvoir y répondre dans les prochains jours. Nous présumons qu'il y aura d'autres appels semblables, avant longtemps.
Deuxièmement, au sujet de l'aide liée et de l'aide déliée, je pense qu'il faut être prudent quand on commence à citer des chiffres au sujet de ce qui revient au Canada. Il y a bien sûr des produits qui viennent du Canada, mais ils se retrouvent tout de même dans le pays en développement. Auparavant, la norme était moitié-moitié, c'est-à-dire que nous avions pour objectif 50 p. 100 d'aide liée et 50 p. 100 d'aide déliée, pour certains types de contrats. Autrement dit, certaines ressources devaient provenir du Canada, mais tout l'argent n'était pas en fait dépensé au Canada. Les ressources venaient du Canada, étaient livrées aux pays en développement, tout comme les services, destinés et rendus aux pays en développement.
J'essaie d'être un peu plus précise. Nous croyons qu'en changeant les exigences relatives à l'aide liée et à l'aide déliée, en respectant les engagements du CAD sur le déliement de l'aide, notamment, le Canada changera profondément les pourcentages de ce qui provient du Canada et de ce qui provient de l'extérieur.
Nous voulons développer la capacité dans des pays comme l'Afrique du Sud, et nous formons des vérificateurs et pourtant, quand il s'agit de procéder à une vérification, nous envoyons des Canadiens plutôt que d'envisager un recours à la capacité Sud-Sud, comme on l'appelle maintenant. Il nous faut réfléchir à cela. Qui avons-nous contribué à former? Qui est-ce qui est déjà là, disponible? Quelles ressources sont là? Peut-on trouver les aliments dans un pays voisin, au lieu de simplement envoyer de la nourriture d'ici? Voilà des choses que nous envisageons aussi.
Nous sommes encore à examiner notre politique de l'aide liée pour la nourriture et une chose doit être bien claire : Dans ce domaine, le déliement n'a pas encore eu lieu. Nous ne faisons qu'examiner la politique.
Pour ce qui est du développement du secteur privé, nous espérons certainement que les entreprises canadiennes y participeront. Nous espérons que les gens d'affaires canadiens investiront et qu'ils travailleront avec les entreprises sur le terrain et les aideront en offrant leurs compétences et leurs conseils. Nous savons qu'il y a ici beaucoup d'expatriés de nombreux pays en développement. Il y a donc d'excellentes occasions de partenariat accru entre les entreprises canadiennes et celles de ces pays.
Le micro-crédit est destiné aux pauvres. Nous voulons certainement trouver des façons d'aider les plus pauvres d'entre les pauvres. Je ne sais pas s'il s'agit d'une intention socialiste ou capitaliste. Quand on parle d'une économie en difficulté, où les moyens sont rares, le micro-crédit peut encourager l'entrepreneuriat.
Dans mes déplacements, de ma première visite en Tanzanie jusqu'à ma dernière, au Bangladesh, j'ai pu constater combien les programmes et objectifs du micro-crédit pouvaient changer la vie des gens. On peut voir les possibilités qui existent. Je pense notamment à des Tanzaniennes qui ont pu emprunter de petites sommes d'argent, créer un atelier, l'agrandir, augmenter le nombre de leurs produits et envoyer leurs enfants à l'école, et même, leur donner accès à l'éducation supérieure. Voilà ce qui fait la différence dans la vie de ces gens.
Nous nous penchons sur les façons de rendre le micro-crédit durable. Nous voulons savoir comment le maintenir, comment s'assurer que l'ACDI ne sera pas une simple vache à lait, dans certaines régions, et comment élargir et faire croître ces programmes. Nous avons songé à certains exemples canadiens, comme des institutions financières coopératives et des caisses de crédit. Y a-t-il des programmes canadiens dont nous pouvons tirer des leçons applicables au monde en développement?
À (1040)
Le vice-président (M. Stockwell Day): Merci, madame la ministre.
Madame Carroll, c'est votre tour.
Mme Aileen Carroll (Barrie—Simcoe—Bradford, Lib.): Merci d'être venue et de nous avoir présenté cette information, madame la ministre.
J'aimerais rapidement parler d'une question qui m'intéresse particulièrement, et dont je vous ai déjà parlé : la situation en Corée du Nord. Comme je vous le disais, j'y suis allée il y a deux ans, avec une très petite équipe, à la demande du ministre Axworthy. C'est difficile pour moi de l'imaginer, mais la situation que j'ai constatée s'est depuis incroyablement détériorée. À notre dernier entretien, vous avez fait une courte mise à jour et quelqu'un du ministère m'a envoyé des renseignements sur ce que le Canada fait là-bas.
Ce qui me préoccupe, c'est que tout en suivant de près la situation en Irak, beaucoup d'entre nous gardent un oeil sur la situation politique en Corée du Nord, qui se détériore gravement. Très bientôt, ce sera l'objet de toute notre attention. Je me demande ce que nous faisons en Corée du Nord, en attendant que la situation devienne critique?
J'ai aussi lu récemment que dans le cadre de l'Unicef...et j'ai lu à la page 5 de votre discours que l'Unicef estime que le Canada a sauvé 7 millions d'enfants dans le monde. Il y a donc une excellente relation de travail entre l'ACDI et l'UNICEF. Apparemment, l'UNICEF aurait fait une demande d'urgence pour la Corée du Nord, principalement pour les enfants et, plus précisément, au sujet de la malnutrition. Le seul pays qui a réagi, d'après les nouvelles, mais qui évoluent constamment, c'est la Norvège. Je me suis demandé si les programmes de l'ACDI nous permettraient d'intervenir nous aussi. Nous avons parlé de l'Érythrée et je me suis rappelée que lorsque j'étais en Corée du Nord, la malnutrition des enfants de deux à six ans était pire qu'en Érythrée, un record difficile à battre. Je pense que c'est une situation de crise, étant donné le parallèle politique qu'on peut établir.
Merci, madame la ministre.
Mme Susan Whelan: Madame Carroll, vous savez sans doute que de nombreuses agences formulent des demandes et que le Canada ne peut pas répondre à chacune d'entre elles. Mais au sujet de la Corée du Nord, permettez-moi de vous présenter certaines des interventions canadiennes.
L'an dernier, le Canada a été le cinquième donateur en importance du Programme alimentaire mondial en Corée du Nord. Cette année, notre contribution pour la Corée du Nord est de 7,1 millions de dollars, soit une augmentation par rapport à 2001-2002 où elle a été de 5,9 millions. Nous avons donc augmenté notre contribution à la Corée du Nord en 2002-2003. Nous n'offrons pas d'aide bilatérale à la Corée du Nord mais de l'aide humanitaire, et depuis longtemps nous aidons le programme alimentaire mondial des Nations Unies et d'autres organisations humanitaires, en Corée du Nord.
Vous avez toutefois mis le doigt sur la raison de notre intervention. Nous reconnaissons qu'il y a là l'un des pires taux de nutrition du monde. Les organismes d'aide poursuivent leur dialogue avec le gouvernement nord-coréen au sujet des restrictions qui sont imposées à leurs efforts. Nous savons qu'ils ont du mal à faire leur travail, mais le Canada a reconnu les taux de malnutrition élevés. Il y a un besoin auquel nous devons répondre et une raison pour notre intervention et nous sommes déterminés à essayer d'aider.
Depuis 1997, nous avons donné plus de 57 millions de dollars pour la Corée du Nord et nous continuerons de suivre ses efforts et de tenir compte des demandes qui sont faites. C'est un Canadien, Maurice Strong, qui a été nommé envoyé spécial des Nations Unies. De toute évidence, le Canada a cette situation à coeur et continuera de s'y intéresser.
Mme Aileen Carroll: Le PNUD a un bureau à Pyongyang; il y a donc un intermédiaire là si nous voulons apporter une contribution. Je songe à un virage qui pourrait refléter l'insistance que le Canada met pour ne pas établir de lien entre nos graves préoccupations de politique étrangère et l'assistance humanitaire. Nous ne mélangeons pas les deux. C'est ce que nous faisons et il faut que cela continue.
Enfin, je vous remercie de vos observations.
S'il me reste du temps, monsieur le président, mon collègue avait une courte question à poser.
À (1045)
Le vice-président (M. Stockwell Day): Il vous reste 72 secondes.
M. Irwin Cotler (Mont-Royal, Lib.): Madame la ministre, vous avez souvent souligné l'importance d'un bon gouvernement pour une assistance au développement efficace et vous l'avez répété ce matin. En ce qui concerne l'aide au développement pour le peuple palestinien, que j'appuie, ma question est : comment veillons-nous à ce que l'aide au développement ne soit pas compromise par la mauvaise gouvernance de l'autorité palestinienne? C'est un reproche qui a été repris par des représentants de l'autorité palestinienne ainsi que par des partisans des droits humains là-bas. Comment nous assurons-nous qu'elle ne disparaît pas dans le trou noir de la corruption, comme les représentants de la Communauté européenne l'ont signalé en ce qui concerne l'aide au développement qu'elle a apportée?
Mme Susan Whelan: Nous faisons de notre mieux, monsieur Cotler, pour nous assurer de travailler avec des organisations d'aide internationale réputées de l'ONU, des ONG réputées et des partenaires canadiens réputés sur le terrain, des gens avec qui nous avons de longs antécédents de bons rapports de travail. Nous ne pouvons garantir ce que nous faisons à 100 p. 100, mais nous allons l'envoyer là où elle a besoin d'aller et nous sommes convaincus d'avoir un bon ratio de succès.
Nous sommes dans un secteur risqué, par contre. N'oublions pas que le travail de développement est une activité risquée ou que l'aide humanitaire est une activité périlleuse. On le voit bien quand on regarde la situation en Irak aujourd'hui et la situation entre la Palestine et Israël.
Nous faisons de notre mieux pour nous assurer que l'argent aille là. Nous essayons de ne pas compromettre ces dollars non plus. Je tiens beaucoup à veiller à ce qu'il y ait de l'aide humanitaire et que les besoins de ces communautés soient satisfaits. Nous procédons constamment à l'évaluation de nos programmes, parfois une évaluation très rigoureuse, pour veiller à ce que cet argent soit livré là où il doit aller.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Merci, madame la ministre, à vous et à vos collaborateurs de vos réponses directes et de l'engagement que vous avez pris de nous faire parvenir l'information sur les points dont nous avons discuté. Nous vous en sommes très reconnaissants et anticipons avec plaisir l'échange continu d'information.
Je m'adresse maintenant à mes collègues. Deux points doivent être examinés, dont l'un exigera le huis clos pendant un bref instant. Il s'agit d'abord du budget et je vais demander au greffier de nous en parler.
Le greffier du comité (M. Stephen Knowles): Monsieur le président, il y a deux postes du budget pour certaines des études que le comité a décidé d'entreprendre. Pour chaque étude, un budget doit être voté. Le plus important est de 57 000 $ pour l'étude sur le monde islamique, et cela exclut les déplacements.
Pour ce qui est du dialogue sur la politique étrangère, nous avons déposé un budget qui couvre essentiellement les dépenses des témoins.
Il y a aussi ce que l'on appelle un budget de fonctionnement, le troisième qui est devant vous, monsieur le président. C'est celui qui couvre les séances consacrées à un seul sujet puisqu'il serait difficile de présenter une multitude de budgets différents.
Le Sous-comité des droits de la personne et du développement international a décidé de se pencher sur la question du Soudan; nous avons donc présenté un budget pour les témoins et l'impression d'un rapport, qui couvre la période se terminant le 31 décembre si besoin est.
Ces budgets ont été préparés par le personnel en fonction de ce que nous pensons être les coûts et ils seront transmis au Sous-comité du budget. Évidemment, s'il reste des fonds, ils retourneront à la cagnotte.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Monsieur Eggleton.
M. Art Eggleton: Pour l'étude sur le monde islamique, on a parlé de visites dans plusieurs pays. Or, il n'en est pas question ici, vous ne parlez pas de voyage. À quel moment en sera-t-il question? Est-ce que ce sera... ou est-ce que c'est exclu?
Le greffier: Si vous le permettez, le 20 février, le comité a adopté un budget de voyage qui a été soumis au Sous-comité du budget et adopté. Malheureusement, il n'a pas dépassé ce stade. Les leaders à la Chambre ne se sont pas encore prononcés.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Nous sommes d'accord?
Des voix: D'accord.
Le vice-président (M. Stockwell Day): Merci.
Je crois que M. Cotler a une motion concernant le travail du sous-comité.
M. Irwin Cotler: Je sais bien qu'en vertu de l'ordre de renvoi du 21 octobre 2002, un sous-comité ne peut pas siéger en même temps que le comité principal si les deux sont à Ottawa. J'aimerais néanmoins proposer que le Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international, compte tenu de son ordre de renvoi concernant le dialogue sur la politique étrangère du ministère des Affaires étrangères, invite le Sous-comité sur les droits de la personne et du développement international, compte tenu de son ordre de renvoi sur la catastrophe humanitaire en Afrique, dont a fait mention ce comité permanent, à une session conjointe le 1er avril 2003 pour entendre M. Stephen Lewis, l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies, nous parler du VIH/sida.
Des voix: Bravo!
(La motion est adoptée)
[Le comité poursuit ses travaux à huis clos.]