:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonjour à tous les membres du comité. Je suis bien content d'être parmi vous aujourd'hui.
[Traduction]
Je m'appelle Richard Hardcacre. Comme l'a dit le président, je suis un acteur — c'est ma profession — et, en homme de métier, je vais m'assurer de me faire entendre.
Je suis Canadien. Je suis le président élu de l'ACTRA, le syndicat défendant les intérêts des interprètes dans le cinéma, la télévision, les enregistrements sonores, la radio et les nouveaux médias. Nous comptons 21 000 membres qui vivent et travaillent un peu partout au pays. Nous sommes des artistes anglophones dont les interprétations distraient, instruisent et informent la population canadienne et les audiences internationales, grâce aux médias les plus puissants et les plus efficaces qui existent actuellement.
Permettez-moi de faire une ou deux remarques pour mettre les choses en contexte, monsieur le président.
L'art au Canada est un secteur d'affaires majeur. Selon Statistique Canada, en 2002, la contribution des industries culturelles au PIB du pays a été de 40 milliards de dollars; ces industries ont employé plus d'un demi million de personnes. La contribution du secteur culturel à l'économie canadienne se chiffrait à environ 3,8 p. 100 du PIB canadien en 2002.
L'industrie du cinéma se place en troisième position au sein du secteur culturel, en termes de PIB; elle représente 9 p. 100 de la contribution de la culture à l'économie. Selon Profil 2007, le secteur de production du cinéma et de la télévision avait en 2006 un chiffre d'affaires de 4,8 milliards de dollars et employé plus de 125 000 personnes.
Selon les statistiques du recensement fédéral de 2001, les artistes, dont le revenu moyen est de 23 500 dollars se placent dans le quart inférieur des rémunérations, quand on compare tous les groupes professionnels. Du nombre de professions, plus de 500, suivies par Statistique Canada, les trois-quarts ont des revenus moyens plus importants que ceux des artistes.
On peut aussi dire des artistes qu'ils ont souvent fait des études poussées, que la majorité d'entre eux travaillent à leur compte et pour cette raison ils n'ont pas accès à des soutiens gouvernementaux telle que l'assurance-emploi; ajoutons que dans le secteur culturel, les femmes prédominent.
Si vous le permettez, je vais parler de l'industrie cinématographique. Il y a trois gros centres de production de cinéma et de télévision au pays: Toronto, Vancouver et Montréal. Mais le cinéma et la télévision sont actifs partout au pays. ACTRA compte en fait neuf sections, de Terre-Neuve-et-Labrador jusqu'à la Colombie-Britannique. Plus de la moitié de nos membres se trouvent dans la région de Toronto, ce qui y explique la forte activité. Plus de 25 p. 100 de nos membres sont, d'autre part, dans la région de Vancouver. Mais nous nous déplaçons beaucoup, travaillant ici et là au pays, quand nous avons la chance de travailler. Cela vous donne une idée des endroits qui comptent le plus de membres.
Le cinéma et la télévision sont un secteur d'affaires qu'appuie le gouvernement fédéral de plusieurs façons, dont vous avez nul doute conscience. Il y a des crédits d'impôt qui encouragent la production: soit canadienne, par exemple pour un feuilleton comme Corner Gas; soit tournée au Canada mais provenant essentiellement de Hollywood, ce qu'on appelle les « services de production » ou la « production étrangère ». C'est l'une des façons dont le gouvernement fédéral appuie notre secteur.
Le financement des institutions culturelles telles que Téléfilm et CBC/Radio-Canada est également essentiel. Citons enfin la contribution du gouvernement au Fonds canadien de télévision, qui est primordiale pour lancer la production de programmation télévisée canadienne.
L'aide du gouvernement au secteur du cinéma et de la télévision est cruciale. Pourquoi? Parce que nous vivons près de la culture la plus envahissante et la plus persistante du monde, celle des États-Unis. Autrement dit, les fonds du gouvernement vont non seulement à des emplois de haute qualité dans un secteur de pointe; il constitue aussi un investissement dans notre souveraineté culturelle, dans notre identité nationale.
Notre secteur doit relever quatre défis essentiels: la crise des dramatiques télévisées canadiennes, la menace d'une plus grande mainmise étrangère sur nos télédiffuseurs, les répercussions de l'appréciation du dollar canadien et les préoccupations que suscitent les pratiques d'immigration de HRSDC dans le secteur du cinéma et de la télévision.
Je vais commencer par la crise des dramatiques canadiennes. Il est urgent de travailler plus sur la question du contenu canadien des productions. Depuis 1999, nous assistons à un déclin vertigineux du nombre de productions canadiennes. Pour des raisons culturelles et économiques, il est essentiel de pouvoir raconter des histoires canadiennes par le biais de la télévision qui est le média le plus puissant. Il faut que le gouvernement fédéral fasse usage de l'autorité que lui confère la Loi sur la radiodiffusion, pour engager le CRTC à imposer aux télédiffuseurs canadiens des exigences en matière de contenu et de dépenses; après tout, ils utilisent des ondes hertziennes publiques pour engranger d'importants bénéfices privés. Selon nous, il faut qu'ils remontent les manches et produisent plus de dramatiques à la télévision aux heures de grande écoute quand les Canadiens sont devant leur poste.
Deuxièmement, la propriété étrangère est un défi. La notion même d'une propriété étrangère dans notre secteur hérisse de nombreux Canadiens et Canadiennes. ACTRA sait que, par le passé, votre comité s'est prononcé en faveur d'un assouplissement des règles gouvernant la propriété étrangère de nos sociétés de média. Laissez-moi affirmer sans ambages, monsieur le président, membres du comité, qu'ACTRA est fortement et expressément opposée à l'assouplissement des règles régissant le contenu étranger et la propriété étrangère.
Aussi, dans un témoignage en novembre, nous avons vigoureusement exhorté le CRTC à refuser la prise de contrôle de Alliance Atlantis Communications par CanWest Global, parce que cette opération est financée à 64 p. 100 par la banque d'investissement américaine Goldman Sachs. L'ACTRA et d'autres ont fait valoir au CRTC que cette entente était contraire aux lois canadiennes, vu qu'elles donnaient à une banque américaine le contrôle d'un télédiffuseur canadien.
D'autre part, l'ACTRA a organisé un événement à Calgary, juste la semaine dernière, avec nos collègues, un ou deux autres syndicats, dont le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, ainsi qu'avec les Friends of Canadian Broadcasting. Nous avons lancé une campagne pour défendre notre message à nous en tant que Canadiens: « Our Media is OUR Message: Keep it CANADIAN ». D'après un sondage Ipsos Reid que nous avions commandé la semaine dernière, 82 p. 100 des Canadiens et des Canadiennes estiment qu'il est important que le gouvernement maintienne et construise une culture et une identité distinctes de celles des États-Unis.
Enfin, dans quelques mois, nous participerons à l'examen de la politique de la concurrence lancé par Red Wilson et nous soumettrons un mémoire que vous pourrez consulter pour mieux connaître notre position.
Le troisième défi que doit relever notre secteur est celui de l'appréciation du dollar canadien. Le niveau actuel du dollar canadien menace sérieusement le secteur de la télévision, du cinéma, des nouveaux médias et de la production commerciale. En effet, la réalisation de productions canadiennes constitue environ la moitié du travail dans notre secteur; l'autre dépend de services de production pour des programmes, des longs métrages, des émissions télévisées et des publicités provenant essentiellement des États-Unis. Les répercussions de l'appréciation du dollar sur notre secteur sont évidentes. D'ailleurs, un rapport fait en 2004 sur le secteur signalait que des sept facteurs affectant la compétitivité du Canada comme lieu de tournage, la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain était le plus important. Plus notre dollar est bas, plus il se crée du travail; plus notre dollar est fort, moins il y a de travail.
Les choses se stabilisent. Nous savons que le dollar redescend des hauteurs où l'avaient projeté les courtiers en devises, peut-être. N'empêche que les pleines répercussions de la surévaluation du dollar canadien ne se feront pas sentir dans notre secteur avant le milieu ou la fin de 2008. Nous savons en effet que les gros studios comptent maintenir les projets déjà prévus; c'est ce qui se passe. Mais, du fait de la valeur du dollar, ils ne projettent aucune nouvelle production. On me dit que les 800 téléphones de nos bureaux partout au pays ont cessé de sonner.
Finalement, l'immigration est un autre problème, mais c'est un domaine dans lequel le gouvernement peut faire quelque chose. Quand les productions américaines viennent filmer au Canada, nous voulons bien sûr qu'elles utilisent le plus possible nos talents locaux, nos interprètes professionnels. Souvent, les producteurs américains insistent pour faire venir des acteurs américains, même pour les plus petits rôles dans leurs productions. Autrefois, Développement des ressources humaines Canada travaillait en étroite collaboration avec nos cadres supérieurs partout au pays, avec l'ACTRA et les autres syndicats, pour veiller à ce que les productions explorent d'abord à fond la possibilité d'embaucher des interprètes canadiens pour ces rôles et d'autres plus importants. Hélas, à l'heure où je vous parle, HRSDC a cessé de consulter l'ACTRA pour les permis d'immigration. Cela se traduit actuellement et depuis quelques temps par une répercussion directe et immédiate: la perte d'emplois pour des Canadiens et des Canadiennes ici au pays.
J'ai évoqué certains des défis que doit relever notre secteur de la télévision et du cinéma. Mais je ne voudrais pas jouer les prophètes de mauvais augure, en ce début de journée à Ottawa. Laissez-moi donc mentionner certains aspects positifs.
Et oui, je vais bientôt conclure, monsieur.
Nous avons connu des succès importants ces dernières années: le film de Sarah Polley, Away from Her — vous en avez peut-être entendu parler, avec, dans le rôle principal, un acteur de chez nous, Gordon Pinsent, a fait recette au Canada et aux États-Unis; côté télévision, mentionnons le succès de Bon Cop, Bad Cop et de Trailer Park Boys, ainsi que d'une émission dont nous sommes fiers, Corner Gas. Les réussites ne manquent pas.
Que peut faire le gouvernement? Que voudrions-nous dire au comité? Et bien cinq choses, en termes simples.
Premièrement, aider la production canadienne et la culture canadienne. Engager le CRTC à imposer des exigences de diffusion et de dépenses aux télédiffuseurs, afin qu'ils recommencent à investir dans du contenu canadien et qu'ils diffusent ce contenu aux heures de grande écoute des téléspectateurs.
Deuxièmement, introduire, pour les artistes, un étalement des revenus sur les années suivantes. L'imposition des artistes est inéquitable par rapport à d'autres contribuables parce que leur revenu varie. Nous sommes imposés à un taux anormalement élevé par rapport à notre revenu moyen. Dès que nous gagnons plus qu'un salaire de misère, les impôts peuvent être très élevés. Permettre l'étalement des revenus des artistes sur plusieurs années, afin que leur imposition soit plus équitable.
Troisièmement, élargir les crédits d'impôt pour le film et la télévision à la post-production et éliminer ce que nous appelons, dans notre secteur, la réduction, soit l'évaluation des crédits d'impôt fédéraux après les crédits d'impôt provinciaux, ce qui réduit en fait l'ensemble des crédits d'impôt.
Quatrièmement, en matière de propriété étrangère, ce que le gouvernement peut faire de mieux, c'est de s'abstenir d'agir. Laissez les limites existantes relatives à la propriété étrangère de nos sociétés de média, s'il vous plaît.
Bonjour. Je m'appelle Susan Dayus et je suis directrice générale de la Canadian Booksellers Association, la CBA. Je vous remercie de nous avoir invités à témoigner devant le comité ce matin.
La CBA est l'association commerciale des libraires. Nous représentons des magasins indépendants, des chaînes, des librairies spécialisées, des librairies de campus, ainsi que des librairies de deuxième main ou de livres anciens, dans les provinces et les territoires, dans de petites collectivités et dans de grandes villes, de Victoria à Yellowknife, en passant par St. John's et Montréal.
Je voudrais aujourd'hui faire le point sur la situation actuelle du secteur de la librairie. J'aborderai notamment les problèmes majeurs auxquels fait face notre secteur, compte tenu de l'appréciation du dollar canadien. Je profiterai également de l'occasion pour suggérer au gouvernement des mesures qui, selon CBA, bénéficieraient grandement à ce secteur fragile et important pour notre culture.
Il est important de se souvenir que, dans le secteur de la librairie, les petites et moyennes entreprises sont la norme. D'après une étude de rentabilité effectuée par la CBA et publiée cette année, les ventes se chiffrent à moins de un million de dollars dans 70 p. 100 des cas. Qui plus est, plus d'un quart des personnes ayant répondu au sondage faisaient état de ventes annuelles de moins de 200 000 $. Les petites librairies sont un atout pour les collectivités où elles se trouvent, car elles vendent plus de titres locaux et régionaux et plus de titres canadiens en pourcentage des titres totaux. Selon CBA, ce stock si distinctif est essentiel pour promouvoir la culture, le patrimoine et l'innovation au pays. Toutefois, les petites et moyennes entreprises sont généralement celles qui souffrent le plus en cas de changement de la situation économique, comme la fusion de grosses entreprises du secteur ou bien l'appréciation rapide de notre devise.
D'après notre étude de rentabilité de 2007, le revenu moyen des libraires ayant un chiffre annuel de moins de 200 000 $ témoignait d'une marge de bénéfice d'à peine plus de 1 p. 100. Ce groupe qui contribue d'une façon importante à notre patrimoine est donc particulièrement vulnérable. Hélas, entre 1998 et 2006, plus de 365 libraires indépendants canadiens ont fermé boutique; et, récemment, du fait de l'appréciation rapide du dollar canadien, bon nombre de nos membres font état d'un fléchissement marqué des ventes, à une période, celle des fêtes de Noël, où elles devraient atteindre leur sommet. Dans la pratique, en effet, de nombreux magasins indiquent qu'ils réalisent 30 p. 100 de leurs ventes en novembre et décembre.
Comme bien des détaillants, bien sûr, les libraires sont en butte aux critiques des consommateurs qui demandent toujours pourquoi le prix des livres n'est pas ajusté pour tenir compte de l'appréciation du dollar canadien. Ce qui rend la situation pire pour notre secteur que pour d'autres, c'est que le prix des livres est imprimé noir sur blanc sur la couverture, sous les yeux du client, ce qui rend l'écart des prix encore plus criant.
La CBA multiplie les efforts, ces derniers mois, pour amener les éditeurs à baisser leurs prix, vu que ce sont eux, et non pas les libraires, qui déterminent le prix sur la couverture des livres. Les consommateurs devraient également savoir que les prix sont souvent fixés six mois à l'avance, voire plus, et reflètent donc rarement le taux de change actuel. Grâce à nos efforts, les prix ont diminué et continueront à diminuer graduellement. Toutefois, vu de nombreuses caractéristiques spécifiques au marché canadien, les prix des livres au Canada n'égaleront sans doute jamais ceux des États-Unis.
Du fait de la hausse du dollar canadien, de plus en plus de Canadiens traversent la frontière pour acheter des livres ou les commandent en ligne au lieu de les acheter au Canada. C'est une perte importante pour les libraires canadiens, pour l'économie en général, mais aussi pour les recettes fiscales du gouvernement.
Les libraires canadiens sont prêts à affronter une saine concurrence. Nous estimons toutefois que l'économie canadienne n'a rien à gagner d'un laxisme dans l'application des limites de dépense lors de franchissement de frontière. Pour que nos dollars restent au Canada, la CBA recommande que soient plus strictement appliquées les règles imposant des taxes aux achats transfrontaliers dépassant la limite autorisée.
Notons que la CBA travaille avec le gouvernement à l'élaboration de solutions aux problèmes créés par la parité du dollar canadien avec le dollar américain. Le mois dernier, la CBA s'est entretenue de l'état actuel de notre secteur avec plusieurs députés des quatre partis, ainsi qu'avec le ministre Flaherty, lors d'une réunion productive.
Il est essentiel que la CBA poursuive sa collaboration avec les décideurs clés, dont les membres de votre comité, afin de s'efforcer de trouver une solution saine au problème, une solution qui satisfasse les consommateurs canadiens, sans mettre en danger la survie des petites entreprises du Canada. Dans l'attente de ces solutions, certains libraires ont du mal à se maintenir à flot et certains ont même choisi d'appliquer le prix en dollars américains sur la couverture, bien que les livres aient souvent été achetés à une époque où notre dollar valait moins cher et bien que cela réduise considérablement leur marge de profit.
Autre défi pour notre secteur: l'existence de libraires non autorisés au Canada, comme Amazon.com. Amazon.com préoccupe beaucoup les libraires d'un bout à l'autre du Canada. Il faut que vous sachiez, en tant que membres du comité, que le détaillant sur Internet américain, Amazon.com, fonctionne au Canada depuis l'été 2002. L'incursion de ce géant américain du commerce de détail sur le marché canadien est contraire à la Loi sur l'investissement au Canada et à la politique canadienne en matière de livres qui interdit à un non-Canadien de prendre le contrôle d'une entreprise canadienne de distribution de livres. Si Amazon est en mesure de contourner l'intention de ces règlements, c'est parce qu'ils ont été conçus avant l'introduction de Internet.
En effet, la Loi utilise deux critères clés pour définir un libraire: tout d'abord, l'emplacement géographique d'un magasin; et, deuxièmement, des employés. Vu qu'Amazon fonctionne avec des services sous contrat et sans présence géographique au Canada, il contourne les règles sur la pointe des pieds. Le ministère du Patrimoine a d'ailleurs conclu, erronément, selon nous, que les dispositions de la Loi sur l'investissement au Canada ne s'appliquaient pas au site canadien d'Amazon, qu'il n'avait donc pas à obtenir de permission avant de vendre des livres au pays.
D'après l'agence, la loi ne s'appliquait pas à Amazon, parce que le cyberdétaillant n'établissait pas de nouvelles entreprises basées au Canada et n'achetait pas non plus une entreprise existante. Je précise que cette loi s'efforce de suivre les répercussions de la mainmise étrangère sur les entreprises et jugées importantes pour le patrimoine culturel, notamment l'industrie de l'édition.
Enfin, la CBA se joint à 16 autres organismes qui partagent le même avis, pour exhorter le gouvernement à éliminer la TPS sur les livres. Avec la réduction de un pour cent de la TPS, annoncée dans le budget de 2006, les livres sont devenus un peu plus abordables; nous attendons avec impatience la seconde réduction de 1 p. 100, prévue pour janvier. La CBA demande à ce que la TPS soit entièrement éliminée pour les livres, car elle s'ajoute au prix des livres, les rendant moins abordables pour les Canadiens et les Canadiennes. Or, moins les gens achètent de livres, moins ils profitent des bienfaits de la lecture. Il est important d'y remédier, à une époque où 40 p. 100 des Canadiens et des Canadiennes n'ont pas les compétences requises pour lire et écrire comme il convient dans la vie quotidienne.
La lecture est essentielle pour notre économie et notre culture. C'est pourquoi les livres ne devraient pas être traités comme des objets de consommation. L'élimination de la TPS suscitera de l'intérêt pour les libraires indépendants de nos collectivités et les aidera.
Au nom des libraires canadiens que nous représentons, je vous remercie de votre attention aujourd'hui.
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Bonjour. Je m'appelle Chris Tabor. Je représente Campus Stores Canada et je suis également le gérant de la librairie du campus de Queen's University. Je voudrais remercier le Comité de l'industrie de me donner l'occasion d'intervenir aujourd'hui.
Campus Stores Canada est l'association commerciale nationale qui se veut le porte-parole des librairies de campus appartenant et administrées par des institutions postsecondaires canadiennes afin de les aider à servir le mieux possible ces institutions.
Campus Stores Canada a plus de 100 magasins membres de par le pays, si bien que l'étudiant, qui compte parmi le million d'étudiants canadiens du postsecondaire, est probablement desservi par l'un de nos membres.
Les librairies de campus font partie intégrale de la vie universitaire. Leur taille varie, comme celle des librairies ordinaires, mais elles constituent toujours un rond-point culturel vers lequel gravitent les étudiants, les anciens étudiants et les enseignants.
Monsieur le président, votre comité organise ses audiences pour effectuer un examen des problèmes propres au secteur des services du Canada. Or, aucun problème n'est plus pressant que les répercussions de la force du dollar canadien sur le prix des biens de consommation. Il y a toutefois des exemples de règlements gouvernementaux qui affectent négativement la disponibilité de livres plus abordables.
Comme vous le savez sans doute, notre secteur a très mauvaise presse en ce moment, du fait de l'inexplicable différence entre le prix d'un livre aux États-Unis et celui de ce même livre au Canada. Je suis sûr que bon nombre d'entre vous ont entendu ce type de question dans leur circonscription. Toutefois, bien des gens ignorent que de 10 p. 100 à 15 p. 100 du prix des livres est une redevance réglementaire aux maisons d'édition multinationales. Un livre qui coûte 50 $ pourrait coûter 5 $ ou 7 $ de moins si le gouvernement éliminait une protection réglementaire qui n'avantage ni les auteurs ni les consommateurs. On constaterait alors une diminution du prix des livres de 10 p. 100 à 15 p. 100 d'un jour à l'autre. Comment? Laissez-moi vous l'expliquer.
La Loi sur le droit d'auteur a une application très large à tous les domaines ayant trait à la protection et à la distribution de la propriété intellectuelle. Dans le cas de documents imprimés, la Loi permet aux éditeurs d'établir des monopoles d'importation sur les oeuvres d'artistes de partout au monde. Le a récemment cité en exemple les livres Harry Potter, de l'auteur J.K. Rowling, qui ont un prix différent aux États-Unis.
Laissez-moi expliquer un élément important de cette différence des coûts et la façon dont les magasins de campus, les autres libraires, les étudiants et les clients sont redevables aux éditeurs étrangers, appelés également distributeurs exclusifs.
Selon le paragraphe 27.1, il y a violation du droit d'auteur en cas d'importation de livres neufs provenant de toute source autre que le distributeur exclusif du livre, aussi longtemps que ce distributeur respecte le règlement promulgué avec la loi. Ce règlement stipule qu'un importateur peut facturer à un libraire le prix du livre dans le pays d'origine (dans ce cas, les États-Unis ou le Royaume-Uni), la différence du taux de change entre les deux pays, plus 10 p. 100 ou 15 p. 100, selon le pays d'origine. Cela veut dire que les éditeurs non canadiens peuvent ajouter 10 p. 100 ou 15 p. 100 de bénéfice intégral à leur produit avant de risquer de perdre la vente au profit d'un importateur parallèle.
Monsieur le président, ce bénéfice intégral est puisé à même la poche des étudiants canadiens, qui n'en retirent aucun avantage appréciable, pas plus que les artistes ou les auteurs ayant créé le livre en question. C'est un règlement qui date de 1999 et, comme vous l'imaginez, il y a eu depuis lors une évolution marquée des expéditions et des achats transfrontaliers.
Ce qui est ironique, c'est que, avec l'avènement de Internet, la clientèle canadienne peut à présent acheter, à meilleur prix qu'un revendeur canadien le peut, certains livres à l'étranger. Les libraires canadiens et les magasins de campus implantés dans vos collectivités ont en effet les mains liées par la Loi alors que de plus grosses entités non canadiennes s'en servent comme d'une arme pour se tailler des bénéfices plus juteux. Or, d'un coup de baguette magique, le Gouverneur en Conseil peut remédier à la situation en éliminant ce tarif. Son élimination n'a aucun effet négatif pour les Canadiens; elle leur donne en fait plus de choix quant à la façon de se procurer des livres.
Les protections garanties par le paragraphe 27.1 sont dépassées dans un monde où le dollar canadien est arrivé à parité ou l'a même dépassée. Les protections garanties par le tarif multiplient en fait les répercussions directes sur la bourse de chaque libraire et de chaque acheteur. L'élimination du prélèvement ne nuira pas à la fonction de base de la Loi sur le droit d'auteur: donner aux créateurs la capacité de protéger leur art et de tirer une redevance de sa production. Qui plus est, rien dans notre proposition ne nuirait aux droits de distribution exclusifs d'un éditeur au Canada, aussi longtemps qu'il ne facturerait pas l'ouvrage plus cher au Canada que dans son pays d'origine.
Pourquoi les étudiants canadiens devraient-ils payer davantage que leurs pairs au Royaume-Uni et aux États-Unis? Il ne faut pas être sorcier pour comprendre que ce n'est pas juste.
Les modifications qui ont été apportées en 1999 à la Loi sur le droit d'auteur et à son Règlement sur l'importation de livres constituaient une politique publique médiocre à l'époque. Elles sont encore moins justifiées aujourd'hui. Ces modifications ont été perçues comme des mesures de protection culturelle alors qu'elles constituaient en fait une réglementation commerciale.
Nous demandons respectueusement à votre comité et à d'autres qui ont de l'influence de prendre des mesures en vue de modifier la division 5(1)a)(iii)(A) du Règlement sur l'importation de livres en supprimant les mots « plus 10 p. 100 après conversion », et la division 5(1)a)(iii)(B) en supprimant « plus 15 p. 100 après la conversion du prix ».
Cela dit, je vous remercie de votre temps et de votre attention.
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Bonjour. Je m'appelle Samantha Sannella, je suis présidente et directrice générale de Design Exchange.
Le Design Exchange est le centre national du design au Canada pour la promotion et l'avancement du design dans toutes les disciplines. Nous présentons chaque année plus de 50 programmes — des ateliers, des conférences, des expositions et d'autres programmes du genre — pour apprendre aux gens l'importance du design et sa contribution à l'économie, à l'environnement et à notre qualité de vie.
La plupart des gens pensent que le design est un ajout stylistique, mais ce n'est pas le cas. Le design est en fait plus intéressant lorsqu'il est utilisé de façon stratégique au moment même de la création d'un produit, d'un environnement ou d'une idée. Le design constitue une résolution créative de problèmes et peut influencer les marchés économiques en créant de nouvelles idées.
Les concepteurs ont un rôle important à jouer au sein de la création de produits variés et de milieux environnants qui minimisent l'impact sur l'environnement; accroissent la qualité de vie des individus et des groupes; et contribuent à l'économie en étant la force motrice d'un secteur en aval, en augmentant la productivité des travailleurs, en attirant des touristes et en utilisant les services des entreprises et de la main-d'oeuvre.
Le design peut être à la fois un nom ou un verbe. Le design peut être le processus et le produit.
Même si les services de création spécialisés sont en plein essor, comme la conception de l'environnement, la création autochtone et la conception du vert, le Design Exchange (DX) considère, de façon formelle, huit discipline distinctes de design: l'architecture de bâtiments résidentiels et d'immeubles commerciaux; la création de mode, notamment des vêtements, des chaussures, des bijoux et des accessoires; l'infographie et les communications visuelles, notamment des interfaces de logiciels, de la signalisation et de l'infographie 3D, des choix de la marque, des dépliants, des sites Internet, de la mise en page de journaux et de revues; le dessin industriel des meubles, du montage de fixations, de l'équipement (consommateurs et entreprises); la décoration intérieure, notamment des bâtiments résidentiels et d'immeubles commerciaux, salles d'exposition, décoration de scènes; l'architecture paysagiste, résidentielle et commerciale (inclus les parcs d'amusement); le dessin textile, notamment les tissus, la composition et la technologie du textile; le design urbain, notamment les municipalités, les villes, les moyens de transport et les endroits publics urbains.
En ce moment, la collectivité des créateurs est composée de ce qui suit: graphistes, environ 51 p. 100 de tous les créateurs; designers d'intérieurs, environ 14 p.100; architectes, environ 13 p. 100; designers industriels, 11 p. 100 et autres designers, notamment les créateurs de mode et peut-être également les décorateurs et ensembliers de théâtre et les concepteurs de l'environnement — environ 9 p. 100.
Les architectes sont les mieux rémunérés avec un salaire moyen de 61 000 $. Les architectes paysagistes gagnent environ 47 000 $. Les designers industriels gagnent environ 48 000 $. Le salaire moyen d'un graphiste est de 35 000 $. Les designers d'intérieurs gagnent environ 33 000 $ et les autres designers environ 32 000 $.
Les designers sont par ailleurs parmi les gens les plus instruits au Canada. Leur niveau d'instruction moyen est au-dessus de la moyenne nationale au Canada.
Il faut noter qu'en raison d'une pénurie de main-d'oeuvre qui sévit présentement, les salaires ont augmenté dans l'ensemble de l'industrie du design et nous nous attendons à voir d'autres hausses de salaire qui seront illustrées dans de nouvelles études de Statistique Canada.
Le marché canadien du design a subi une poussée soudaine dans les médias et aussi grâce à la sophistication en pleine croissance de notre population très diversifiée — je suis certaine que vous avez tous regardé des émissions de design au cours des dernières années.
Selon un sondage mené par Statistique Canada en 2004 et qui portait sur les entreprises spécialisées en design, les créateurs ont généré des recettes de 2,4 milliards de dollars en produits d'exploitation en 2004, une hausse de 11 p. 100 par rapport à 2003 et presque le double de 1998.
L'Ontario a bien sûr obtenu la plus grande part des recettes du marché, suivi du Québec, de la Colombie-Britannique et de l'Alberta. Naturellement, l'Alberta a subi une hausse importante et se développe rapidement. On s'attend à ce que les nouvelles études qui seront publiées révéleront une croissance considérable en Alberta, car cette province a de la difficulté à trouver des architectes et des concepteurs pour construire tous les immeubles là-bas.
Selon Statistique Canada, le design architecture a presque doublé ses recettes d'exploitation qui sont passées de 1,54 milliard de dollars en 2001 à 2,1 milliards de dollars en 2005. De plus, la croissance des entreprises a été considérable, 344 cabinets d'architecture ont vu le jour entre 2001 et 2005.
Au cours des 10 dernières années, la main-d'oeuvre en design s'est accrue de 4,6 p. 100 par année, plus de quatre fois le taux de l'ensemble de la main-d'oeuvre. Vous pouvez donc constater que le design est un domaine qui croît rapidement.
La création est une culture visible et permanente. Et lorsque je parle du design à nos groupes et à nos auditoires, je peux facilement dire que le design a une présence visuelle et une présence visuelle à long terme qui ajoute à l'image du pays. C'est une force motrice importante de l'économie et un élément qui contribue à notre qualité de vie, dont je vais vous parler.
La création est la source ultime de différenciation au XXIe siècle, et ceux d'entre vous qui lisez des revues comme Business Week et Newsweek pouvez constater jusqu'à quel point le design est important pour l'économie.
En ce moment, le Canada affiche une culture solide et en pleine effervescence du point de vue du design. Toronto détient la troisième plus grande main-d'oeuvre en Amérique du Nord, Montréal la sixième et Vancouver la dix-septième. ce n'est pas une mince affaire que tant de designers travaillent au Canada si l'on considère que notre population est bien moindre que celle des États-Unis.
Les créateurs canadiens ont l'avantage ultime de travailler au sein de collectivités multiculturelles dynamiques qui leur donnent un avantage supplémentaire à l'étranger. Grâce au climat politique du Canada, les services offerts par les créateurs canadiens peuvent être exportés presque partout dans le monde. Les Canadiens sont aussi perçus comme étant des experts en design écologique ou durable, en design socialement responsable, en design autochtone, en design universel et pour leur facteur tendance, et la demande s'est accrue de façon considérable pour tous leurs services de design à l'étranger.
Les débuts du design canadien remontent à la ville de Québec en 1675. Aujourd'hui, près de 200 associations et d'écoles de design se consacrent au design à l'échelle locale, nationale et internationale. Ces organismes représentent plus de 100 000 designers au Canada. Des programmes éducatifs répondent à la demande du marché et continuent à prendre de l'expansion. Plusieurs d'entre eux ont ajouté des programmes d'études supérieures et de nouveaux programmes tels que l'aménagement du cadre de vie. Il y aura une hausse dans le nombre d'étudiants et de travailleurs dans ce domaine au Canada, et nous pouvons je pense nous attendre à ce qu'il y ait une hausse des revenus et des attentes, ce qui fera augmenter la qualité des services de design pour répondre à la demande du marché, alors que les universités changeront leurs programmes pour passer d'un programme au niveau du diplôme à des programmes au niveau de la maîtrise et du doctorat en design.
Comme je le dis toujours, le design a une influence sur trois facteurs de base: l'environnement, l'économie et notre qualité de vie.
En ce qui concerne l'économie, le design joue un rôle crucial à titre de force motrice de l'économie. Des produits récemment conçus et l'environnement servent à créer la demande sur le marché. Les créateurs sont novateurs et ils peuvent créer de nouvelles idées qui génèrent une valeur importante. Les avantages sont entre autres de servir de lien entre la recherche et la commercialisation, ce qu'on oublie souvent au pays; de créer des changements qui appuient l'innovation; d'accélérer le temps pour la mise en marché; de rendre les produits encore plus accessibles sur le marché; d'exiger des matériaux et de la technologie des plus novateurs; et de répondre aux besoins de l'économie en aval. Les designers travaillent dans presque tous les secteurs de l'économie, la plus grande proportion de designers oeuvrant dans des domaines professionnels, scientifiques et dans les services techniques — à 52 p. 100.
Le design étant la force motrice de l'économie, il affecte à peu près tous les secteurs de l'économie. J'ai inclus dans le mémoire que je vous ai remis un tableau qui illustre les secteurs de l'industrie au sein desquels le design a une influence direct. Il y a entre autres la machinerie, la menuiserie, les vitres et miroirs, les textiles, la pierre, le bois, les accessoires, les meubles, l'équipement, le papier, l'impression, les murs à cloison sèche, les planchers, l'énergie, les systèmes de plafond, les produits du bois, la mécanique, la technologie, l'ingénierie, etc. Le design se retrouve dans tous les secteurs.
Tous les services de design attirent des ventes internationales. Plusieurs de nos cabinets de design canadiens qui réussissent le mieux soutirent une grande partie de leur revenu de leurs clients à l'étranger. Je dis toujours que ce sont les Canadiens qui construisent Dubaï et ce sont les Canadiens qui construisent Shanghai.
Par exemple, l'un de nos décorateurs intérieurs qui a remporté le plus grand nombre de prix, Yabu Pushelberg, dont l'entreprise a son siège social à Toronto, travaille un peu partout dans le monde, y compris aux États-Unis, en Asie et aux Émirats arabes unis. Ce cabinet bien réputé est devenu célèbre pour son design de W Hotels, des hôtels Four Seasons et des magasins à rayons de Park Lane à Hong Kong, où, si vous êtes allés, vous n'aviez pas les moyens d'acheter quoi que ce soit, j'en suis certaine, comme moi.
Dans le même ordre d'idées, chaque secteur de création a sa propre histoire de réussite. Un de nos plus grands défis est de fournir des incitatifs afin de garder nos designers talentueux au Canada, car il y a un exode de nos talents canadiens vers les États-Unis. Il est important d'attirer les acheteurs, les manufacturiers, les promoteurs et les entrepreneurs afin de concevoir des services. Les pays qui ont des stratégies de design et une solide réputation sont des points chauds pour le développement économique et culturel.
Des études récentes ont indiqué qu'il était avantageux d'investir dans les services de design. Le British Design Council a dernièrement publié les résultats d'une étude menée pendant 10 ans et qui portait sur des compagnies chefs de file en design au Royaume-Uni. Il a analysé le rendement de ces compagnies, par rapport à d'autres, sur le marché boursier sur une période de 10 ans. La principale conclusion de cette étude révèle qu'un groupe de 63 compagnies ayant été identifiées comme des usagers efficaces de design ont eu un rendement 200 p. 100 plus élevé que leurs concurrents à l'index FTSE 100 pendant toute la période, que les marchés soient à la hausse ou à la baisse.
La Corée a mis sur pied un programme avec la Korean Institute for Design Promotion, l'équivalent du design Exchange, afin d'ajouter la valeur du produit de développement et d'améliorer la concurrence. Le programme a été élaboré en tant que moteur de croissance pour les petites et moyennes entreprises coréennes. Ce programme offre de l'aide financière pour la création d'un produit, le développement d'un produit, le choix de marque, l'emballage et les communications visuelles. Le programme d'aide est structuré de façon à encourager l'intégration du design tout au long du processus d'innovation. De 1994 à 2002, 7 932 projets ont été menés à bien avec un taux de commercialisation de 70 p. 100, ce qui est le double du taux moyen de commercialisation. Les avantages consistaient à rehausser les normes d'excellence pour le design coréen, le nouveau développement technologique et rehausser la réputation internationale de la Corée. LG et Hyundai sont naturellement deux exemples de réussite selon cette étude.
Le design Exchange collabore actuellement avec Industrie Canada à des travaux sur la conception de produits à partir de recherche élaborés par le conseil du design au Royaume-Uni. Nous sommes fiers de participer à cette étude. Pour la toute première fois, des entreprises canadiennes pourront comparer les résultats de leurs études à ceux de concurrents locaux et internationaux.
Nous partons du principe selon lequel la conception de produits englobe l'ensemble des activités menant à la création d'un produit ou d'un service. Cela comprend non seulement la conception du produit comme tel, mais aussi celle des nouvelles technologies utilisées dans les procédés de fabrication. On retrouve aussi les secteurs traditionnels de design qui offrent leurs services aux entreprises, mais aussi toute activité de conception de produits effectuée au sein même des entreprises. Cette recherche met en relief les activités de conception de produits dans divers secteurs au Canada par rapport à ce qui se fait chez nos voisins du sud. On effectue une comparaison entre les chefs de file et les traînards dans ce domaine. Au total, 86 sous-secteurs allant de l'électronique à l'aérospatiale en passant par les transports, les plastiques, l'industrie du vêtement et du mobilier font partie de cette recherche dont les résultats seront dévoilés en mars 2008.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais d'abord poursuivre sur la lancée de M. Simard au sujet de l'étalement du revenu. Une telle mesure est nécessaire dans tout régime fiscal équitable, surtout dans le cas des créateurs, qui vivent dans la précarité pendant des années. Ils ont une bonne année, puis trois mauvaises, des années de vaches grasses et des années de vaches maigres, et c'est aussi le cas des sportifs professionnels, des artistes, des comédiens et de tous ceux qui sont à leur propre compte.
Le jour où nous reviendrons à l'ancien système fiscal canadien, que nous avons aboli, nous aurons fait un pas décisif vers l'équité fiscale. Je ne sais pas si notre comité peut participer à un débat sur le sujet, mais j'aimerais que nous en discutions à un moment ou l'autre.
[Français]
Votre deuxième point, monsieur Simard, concernait la qualité de l'industrie culturelle québécoise.
C'est un mythe au Canada anglais. La culture québécoise, ou les producteurs culturels québécois, ont un avantage que tout le monde rêve d'avoir: ils ont un auditoire captif. Plus on réduit la qualité de l'enseignement de l'anglais, plus on érige autour du Québec des barrières qui empêchent les gens de savoir ce qui se passe ailleurs et qui empêchent la mobilité des gens à travers les frontières interprovinciales ou internationales.
De plus en plus, le public québécois se voit confiné à des productions artistiques de plus en plus médiocres et à une classe culturelle de plus en plus incestueuse.
On doit savoir que dans l'industrie du cinéma au Québec, il n'y a à peu près jamais d'auditions qui font appel au talent, mais seulement le recrutement d'amis dans des productions subventionnées. Il n'y a pas d'auditions dans le cinéma québécois, ou à peu près jamais. On a de plus en plus d'artistes subventionnés qui se promènent en Mercedes pendant que leur public n'a pas les moyens de s'en payer.
Un groupe de plus en plus restreint est très largement subventionné. Vous n'avez pas idée du nombre de productions d'une stupidité extraordinaire que les Québécois se font servir par les télévisions francophones privées et étatiques au Québec parce qu'ils n'ont pas le loisir de regarder ailleurs.
[Traduction]
Monsieur Hardacre, la politique culturelle canadienne a toujours comporté l'obligation d'offrir un contenu canadien. Est-ce ainsi parce que vous n'avez pas confiance que le public canadien va appuyer et regarder des émissions de qualité, ou parce qu'il est trop peu intelligent pour reconnaître la qualité, ou encore parce que vous ne vous croyez pas capable vous-même de produire une programmation de qualité susceptible d'être reconnue et soutenue? Comment se fait-il que vous ayez toujours besoin du grand frère qu'est le gouvernement pour forcer le public canadien à vous regarder?
En ce qui concerne l'étalement du revenu sur les années suivantes, je suis très fière qu'un grand nombre de mes électeurs travaillent dans le secteur des arts. Nous avons des musiciens, des peintres, des écrivains, des comédiens de théâtre, des acteurs et l'étalement du revenu est une mesure que j'appuie de longue date. Mais si nous avons des architectes, des artistes, des radiodiffuseurs, des réalisateurs qui connaissent beaucoup de succès, nous avons également de nombreuses personnes qui vivent dans la pauvreté et qui se trouvent, en fait, à subventionner les oeuvres artistiques qu'ils nous offrent.
J'ai, en fait, une motion sur l'étalement du revenu pour les artistes, parce que je considère que c'est une façon de les aider à composer avec l'irrégularité du revenu qu'ils touchent pendant certaines années.
Je tiens à parler de la question du contenu canadien, parce que même si quelqu'un a dit plus tôt que les États-Unis avaient un marché libre à cet égard, en fait, les États-Unis sont le pays qui exporte le plus de biens culturels au monde. Ils font preuve d'une concurrence féroce lorsqu'il s'agit de pénétrer des marchés et de s'assurer que leurs produits sont vendus dans des marchés étrangers. D'autres pays, qu'il s'agisse des pays européens ou autres, prennent également des mesures très dynamiques pour appuyer leurs collectivités culturelles. Il me semble que, contrairement à certains autres secteurs de l'économie, où la période de R et D est courte après quoi on passe à l'étape de la production, dans le secteur culturel, la recherche et le développement, c'est le développement du talent de l'acteur. La création comporte énormément de préparation, qu'il s'agisse de design ou d'écriture ou quel que soit le type de création... elle comporte énormément de recherche et de développement, et le produit qui en découle, qu'il s'agisse d'un film vidéo, d'un disque compact, d'une représentation, ou de quoi que ce soit d'autre, cela ne représente en fait qu'une infime fraction de la création en tant que telle de ce produit.
Il me semble qu'à moins que nous appuyions l'étape de cette R et D, cette création du produit canadien, et que nous la défendions farouchement, la concurrence avec les autres créateurs ou producteurs ne sera pas équitable, particulièrement avec les États-Unis.
J'aimerais que vous commentiez cette situation.