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Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, je déclare ouverte la 45
e réunion du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie qui a pour objet de poursuivre l'étude des sciences et de la technologie au Canada.
Avant de commencer, je m'excuse auprès des témoins du retard du comité, mais il y avait un vote à la Chambre. Aujourd'hui, nous allons entendre quatre organismes.
Ainsi, nous accueillons, de chez Advanced Foods and Materials Network, le directeur scientifique, M. Rickey Yada.
Ensuite, de AUTO21, nous accueillons un porte-parole qui est déjà venu témoigner devant le comité, soit le directeur général et directeur scientifique, M. Peter Frise.
Nous entendrons ensuite, de la Fondation de recherche sur le diabète juvénile, le président et chef de la direction, Andrew McKee, et un membre du conseil, M. Robert Hindle.
Enfin, nous accueillons également des porte-parole de Recherche Canada: Une alliance pour la recherche en santé, soit la présidente et directrice générale, Deborah Gordon-Bihbety, et le président du conseil, Michael Julius.
Chaque organisme a cinq minutes pour faire sa déclaration, et nous les entendrons dans l'ordre dans lequel je les ai présentés.
Le premier organisme dont nous entendrons le témoignage est Advanced Foods and Materials Network.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les membres du comité de nous avoir invités à lui décrire certains travaux de recherche que nous faisons dans le cadre des réseaux de centres d'excellence ou RCE, si vous préférez.
Simplement à titre de rappel, je signale que les réseaux de centres d'excellence sont un programme qui date d'une vingtaine d'années. Il s'agit d'une initiative subventionnée par le gouvernement fédéral et appuyée par les trois conseils subventionnaires, soit le CRSNG, les IRSC, et le CRSH. Ils ont pour mission de mobiliser les talents de recherche canadiens du monde universitaire, de l'entreprise privée et du secteur public et de les appliquer à l'élaboration du développement de l'économie et à l'amélioration de la qualité de vie des Canadiens. C'est donc la lourde tâche qui nous a été confiée en tant que RCE.
L'AMFNet, c'est-à-dire l'Advanced Foods and Materials Network, seul réseau national qui s'intéresse aux aliments et aux biomatériaux, est unique dans le monde, son expertise allant des aliments à la physique et à la nutrition en passant par l'éthique et l'attitude des consommateurs. Son activité est centrée en réalité sur les aliments et la santé, ce dont je vais vous parler tout à l'heure.
Actuellement, nous sommes financés à raison de 5,4 millions de dollars par année, fonds qui servent à appuyer la recherche menée dans 25 universités par 75 chercheurs. Une de nos plus grandes applications est la formation d'étudiants. Nous en formons 150 à peu près. Nous finançons 25 projets de recherche pluridisciplinaires, et comme tout autre réseau de centres d'excellence, nous sommes chargés de créer un effet de levier et de faire de la recherche supplémentaire au moyen d'un dialogue actif avec le secteur industriel et avec le gouvernement en vue de mieux définir le programme de recherche.
Le réseau transforme les problèmes en débouchés et, durant ma brève déclaration, avec un peu de chance, je vais vous parler des défis et des débouchés que nous voyons en tant que réseau. Je me réjouis de la présence de mon collègue Peter, d'AUTO21. Je suis sûr qu'il vous transmettra le même message.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous sommes chargés de faire de la recherche en matière d'aliments et de santé. Nous estimons qu'il faut aider les Canadiens à prendre eux-mêmes en charge la gestion de leur santé. AMFNet appuie la recherche essentielle à cette fin, en plus de travailler à préserver la santé au Canada et à prévenir une demande écrasante de soins de santé en faisant la promotion de la prévention. Je crois comprendre que des membres du comité ont visité l'installation de St. Boniface et ont pu observer sur place certains des travaux menés sur le lin, de sorte que je n'en parlerai pas davantage. Cependant, nous étudions des maladies chroniques comme le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires, qui ont atteint des proportions épidémiques. Nous espérons utiliser les aliments comme moyen de prévention afin de maintenir en santé les Canadiens.
Un des défis à relever dans le programme de recherche est la commercialisation. Comme vous le savez peut-être, il est difficile, dans le milieu universitaire, de faire passer une idée du banc d'essai à la mise au point d'un produit ou d'une technologie. Nous avons travaillé en étroite collaboration, sur ce plan, avec l'industrie et le gouvernement en vue de repérer les travaux de recherche à faire, mais nous avons également appuyé nos chercheurs en finançant la « preuve de concept » ou POC, dans le jargon.
Nos discussions avec l'industrie ont révélé qu'il est très difficile pour celle-ci de participer aux travaux qui précèdent la commercialisation. Nous estimions qu'en tant que réseau, il nous fallait appuyer ces travaux, et un point vraiment fort de notre réseau, c'est que l'industrie peut prendre une option sur les produits et la technologie. Notre rôle consiste en réalité à permettre l'acquisition du savoir et le transfert technologique. Nos étudiants peuvent aussi de la sorte avoir un aperçu de la réalité du monde des affaires, ce qui les prépare à faire la transition à la fin de leurs études.
Le régime de réglementation canadien nous pose également un problème, qui n'est pas dû à un manque de collaboration de la part des Instituts de recherche en santé du Canada, de Santé Canada ou d'Agriculture Canada. Nous travaillons en très étroite collaboration avec nos collègues de ces organismes en vue de repérer les améliorations à apporter au régime de réglementation en matière de sciences et de technologie. L'AFMNet est un bassin d'expertises et de connaissances en la matière.
Pour ce qui est des communications, un des problèmes du milieu universitaire, c'est la difficulté d'expliquer les sciences et la recherche en termes que le grand public et le consommateur peuvent comprendre. Nous croyons avoir fait d'énormes progrès sur ce plan. Dans la documentation qui leur a été distribuée, les membres du comité ont un exemplaire de la revue Advance. Elle décrit en termes simples que le grand public et le consommateur peuvent comprendre les recherches que nous faisons dans le cadre de nos réseaux . La revue est fantastique parce qu'elle a aussi permis d'offrir à nos étudiants une formation en rédaction scientifique. La revue est entièrement produite par les étudiants du réseau. Si l'on avait confié la tâche à des professeurs, je ne crois pas que le produit aurait été aussi bon.
Enfin, pour ce qui est de la formation, nous nous sommes fermement engagés à former nos étudiants. Ils représentent toute la gamme, allant des étudiants de premier cycle aux boursiers de perfectionnement postdoctoral. Il s'agit en réalité de former la relève dans le domaine de la recherche scientifique et de la réglementation. Nous leur offrons une expérience de formation pluridisciplinaire en les déplaçant aux quatre coins du pays pour travailler dans diverses disciplines. Il n'est pas inhabituel pour un étudiant de physique ou de science alimentaire de faire un stage dans un laboratoire d'économie ou d'éthique.
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Je vous remercie beaucoup.
Je ne vais pas vous décrire à nouveau la mission d'un programme de RCE. Je vais simplement aller droit au but.
AUTO21 doit relever les mêmes défis que le secteur automobile du Canada. Il nous faut trouver un moyen de maximiser l'innovation au moyen des fonds disponibles de manière à préserver la compétitivité de notre pays et de conserver les emplois dans ce secteur et il nous faut trouver un moyen de le faire assez vite pour nous adapter à des forces de marché et à une conjoncture en très rapide évolution.
À cette fin, AUTO21 s'efforce le plus possible, en collaboration avec l'industrie et ses ONG partenaires, de répondre aux besoins de recherche et d'y appliquer les meilleures ressources humaines possibles pour que les entreprises puissent continuer de faire des progrès et de créer des produits à plus grande valeur ajoutée le plus rapidement possible de manière à répondre aux besoins du marché mondial. C'est là la mission d'un RCE, et nous faisons de notre mieux pour nous en acquitter.
Le besoin d'innover au Canada est fort bien connu. Une des grandes faiblesses de l'économie canadienne et du tableau économique global est le sous-investissement dans l'innovation par l'entreprise privée. Selon moi, une des choses les plus importantes que peut faire le secteur public canadien est de créer les conditions grâce auxquelles les investissements de l'entreprise privée sont censés et peuvent favoriser la recherche au Canada.
Il faut aussi dire que ce travail n'est jamais terminé et qu'il faut maintenir un effort constant. Nous devons déterminer quels sont les secteurs les plus stratégiques pour le Canada et les soutenir résolument, parce que c'est ce que font les États auxquels nous livrons concurrence.
Dans ma déclaration d'aujourd'hui, je vais vous décrire comment AUTO21 contribue à ces trois grands axes de la stratégie canadienne de l'innovation.
Pour préserver notre atout en matière de connaissances, nous offrons de l'appui à 54 projets distincts dans le cadre de notre programme actuel. Ces projets sont tous le reflet des besoins d'innovation du secteur automobile dans tous les domaines de la technologie et de la pratique. Nos projets sont choisis et jugés en fonction d'une série de priorités ou de vecteurs qui poussent l'industrie de l'automobile partout dans le monde à mettre au point de nouveaux produits.
Il faut continuellement faire progresser les dossiers de la santé et de la sécurité, de sorte que le premier vecteur est la sécurité.
Il faut aussi continuellement faire progresser la réduction de l'empreinte énergétique de l'automobile, non seulement lors de son utilisation sur la route, mais également à l'étape de sa création, de sa construction et de sa destruction.
Le vecteur suivant est celui des valeurs, qui est un peu plus subtil. Il est trop facile de dire que le Canada doit abaisser les coûts — ce serait d'ailleurs inexact. Nous ne sommes tout simplement pas un pays à faible coût, et je ne crois pas que nous souhaitions vraiment l'être parce que cela laisserait sous-entendre une nette détérioration de notre tissu social. Nous devons chercher à créer plus de valeur ajoutée — la valeur étant le ratio du rendement divisé par le coût. Nous devons continuer de chercher à abaisser nos coûts, mais nous devons aussi accroître le rendement de nos produits pour qu'ils puissent commander un prix plus élevé sur le marché.
Enfin, il faut que le contexte de la production au Canada soit plus souple. C'est vrai pour presque tous les produits qui sont fabriqués au Canada, pas seulement l'automobile. Le marché mondial est en train de devenir très fragmenté. Tout bien de production doit être le plus flexible possible de manière à pouvoir déboucher sur la plus grande gamme possible de produits et de passer rapidement de l'un à l'autre selon le jeu des forces du marché.
Simplement à titre d'exemple, je signale qu'il y a 10 ou 15 ans, il y avait entre 80 et 100 modèles d'autos sur le marché. Il y en a actuellement quelque 400, et le chiffre d'affaires n'a pas augmenté tant que cela. Le nombre d'autos d'un genre particulier vendues sur le marché a régressé de 300 000 ou 400 000 unités par véhicule à 40 000 à 80 000 unités par véhicule. Cela signifie qu'il faut développer de nouveaux genres de matériaux, de nouveaux procédés de production et de nouvelles méthodes de conception, de sorte que nous pouvons créer les produits souhaités plus rapidement à coût plus faible et les monter dans nos usines à plus faible coût de manière à demeurer rentables en ayant moins de lots de fabrication.
Cette approche souple et rapide dirigée par l'industrie et dictée par les besoins est ce qui a fait une telle réussite d'AUTO21 — et cette opinion ne vient pas seulement du Canada. Le comité consultatif scientifique international a affirmé qu'AUTO21 est un excellent exemple de la manière de lancer, de faciliter, de gérer et de coordonner un réseau de recherche très étendu et pluridisciplinaire qui peut mettre en contact des chercheurs, des industriels et des partenaires à fort impact. À notre avis, il s'agit là d'une caractéristique très importante du réseau, et nous félicitons le comité consultatif scientifique international de l'avoir souligné. Nous lui en sommes très reconnaissants.
En guise de conclusion, j'aimerais simplement vous toucher quelques mots de la manière dont le Canada peut améliorer son rendement. L'essentiel selon moi, c'est de trouver un juste équilibre entre la recherche dictée par la curiosité et celle qui est dictée par les besoins. Les RCE fournissent cet équilibre essentiel, et il est important selon moi qu'ils soient soutenus et soient le plus forts possible.
Je peux vous fournir certaines données statistiques. AUTO21 est financé à raison de 5,8 millions de dollars par année. Nous réussissons à aller chercher quelque 6 millions de dollars par année dans l'industrie de l'automobile. C'est là un ratio élevé, selon moi, surtout étant donné les difficultés que connaît actuellement cette industrie. Actuellement, nous avons 315 chercheurs répartis dans 43 universités. Nous sommes également en train de former quelque 500 étudiants. Nous avons formé 1 200 étudiants environ jusqu'ici. Nous avons plus de 240 partenaires industriels.
Voilà qui met fin à mon exposé.
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Monsieur le président et membres du comité, au nom de la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile du Canada, je désire vous remercier de nous entendre aujourd'hui dans le cadre de vos consultations sur l'importance des sciences et de la technologie au Canada. La FRDJ vous félicite d'avoir entrepris cette étude à point nommé.
Je suis particulièrement heureux de m'adresser à vous sur le thème des partenariats et des réseaux, la FRDJ étant en train d'essayer d'établir un réseau d'essai clinique pour le diabète de type 1 qui inspirerait l'innovation scientifique sur une plate-forme pancanadienne. Le réseau d'essai clinique serait formé par l'entremise d'un partenariat avec les Instituts de recherche en santé du Canada.
Notre tradition d'excellence de la recherche fait en sorte que la FRDJ est particulièrement bien placée pour commenter l'importance des partenariats et ce qu'ils peuvent faire pour faire progresser les sciences de la santé au Canada. Nous recommandons que le gouvernement du Canada finance un partenariat stratégique d'une durée de 10 ans entre la FRDJ et les IRSC. Le partenariat de financement serait appliqué graduellement sur une période de cinq ans, dans le but de créer un réseau d'essai clinique des IRSC et de la FRDJ à titre de premier projet.
Je fais remarquer que les politiques de gestion de la recherche de la FRDJ sont fondées sur un modèle de fonctionnement solide qui offre un savoir-faire qui ne se trouve pas ailleurs dans le monde. Le modèle de fonctionnement exige des évaluations régulières, et il y a une proposition détaillée qui démontrera un rendement tangible et mesurable du capital investi pour le gouvernement du Canada.
L'expression « réseau d'essai clinique » est utilisée habituellement pour décrire un vaste éventail de secteurs où la recherche évolue entre le stade de la découverte en recherche fondamentale et celui de la commercialisation d'une thérapie. Ce réseau attirera et conservera des chercheurs de calibre mondial au Canada et fera également progresser la recherche dans les hôpitaux et les universités du Canada en convainquant les institutions de devenir des partenaires de la FRDJ et des IRSC pour tirer profit des investissements du gouvernement.
La Fondation de la recherche sur le diabète juvénile est le principal bailleur de fonds philanthropique et défenseur de la recherche sur le diabète de type 1 dans le monde. Cette année, la FRDJ a surpassé le gouvernement des États-Unis pour le financement de la recherche sur le diabète. La mission de la FRDJ est simple: trouver un moyen de guérir le diabète et ses complications par le soutien de la recherche.
Le diabète de type 1, une maladie auto-immune qui est la forme la plus sévère de diabète, s'attaque aux nourrissons, aux enfants et aux jeunes adultes et les oblige à prendre de l'insuline toute leur vie. Il est différent du diabète de type 2, qu'on appelle habituellement le diabète de vieillesse, parce qu'il se développe plus tard dans la vie et qu'il est souvent possible de le contrôler au moyen d'un régime alimentaire convenable et de l'exercice.
Les partenariats sont un élément clé de l'approche de la FRDJ en matière de recherche. S'appuyant sur une découverte de scientifiques financée par elle en matière de recherche fondamentale, la FRDJ a conclu en septembre 2006 un partenariat avec Transition Therapeutics Inc. en vue d'élaborer un produit régénérateur des cellules bêta. En novembre 2007, la FRDJ a conclu sa première entente de partenariat pharmaceutique avec Eli Lilly and Company, en vertu de laquelle cette entreprise devenait partenaire du financement de la recherche pour établir les biomarqueurs des cellules bêta. En mars 2008, la FRDJ a annoncé le nouveaux partenariat qu'elle a établi en vue de la commercialisation d'un médicament, la gastrine, réunissant la FRDJ, Transition Therapeutics et Eli Lilly.
Ce marché représente l'investissement thérapeutique le plus important au Canada dans la recherche scientifique commercialisée sur le diabète, où les droits de propriété intellectuelle de la recherche et du développement demeurent au Canada. Le partenariat entre la FRDJ, Transition Therapeutics et Eli Lilly est un exemple clair et concret de ce qui constituerait un rendement mesurable du capital investi par le gouvernement.
L'une des principales forces du Canada en matière de recherche est dans le domaine du diabète. Qu'il s'agisse de la découverte de l'insuline il y a presque 90 ans ou du Protocole d'Edmonton de 2000, les chercheurs canadiens ont été des leaders mondiaux de la lutte contre cette maladie. La recherche sur le diabète a fait ses preuves et elle est une pierre angulaire de l'excellence de la recherche canadienne.
Nous ne demandons pas du financement direct du gouvernement. Nous voulons plutôt devenir partenaires du gouvernement et combiner notre savoir-faire mutuel pour faire progresser la recherche scientifique. Nous avons négocié dernièrement une entente de principe entre la FRDJ et les IRSC en vue de la création d'un réseau d'essai clinique pour le diabète de type 1. Ce partenariat favoriserait l'excellence de la recherche de calibre mondial sur le diabète de type 1 centrée sur la santé des enfants et ferait de l'amélioration de la vie des Canadiens une priorité.
Il nécessitera des investissements de la part du gouvernement, et nous chercherons à convaincre le comité de faire une recommandation en ce sens. L'appui au sein du gouvernement en faveur du réseau d'essai clinique que nous essayons de créer est palpable. Ainsi, on peut lire dans le rapport prébudgétaire 2008 du comité des finances la recommande numéro trois qui dit:
La création par le gouvernement fédéral d'un fonds consacré à la recherche médicale pour la santé des enfants. À cet égard, il faudrait accorder la priorité à l'établissement d'un partenariat avec la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile du Canada.
En outre, le rapport Vers de nouveaux sommets — Rapport de la conseillère en santé des enfants et des jeunes de la docteure Kellie Leitch incluait des recommandations relatives aux enfants et au diabète. La FRDJ est très heureuse de ces recommandations et continue de repérer les points de synergie avec le gouvernement fédéral.
Si les gouvernements peuvent faire beaucoup, ils ne peuvent pas tout faire. Compte tenu des pressions exercées sur les budgets gouvernementaux, il est de plus en plus important d'établir des partenariats avec les entreprises du secteur privé et les organismes non gouvernementaux qui peuvent fournir le financement, les ressources et le savoir-faire nécessaires pour entreprendre de la recherche qui améliorera la vie des Canadiens.
À la FRDJ, nous croyons au partenariat stratégique comme moyen de tirer le meilleur profit possible du secteur privé et du secteur public. Nous avons indiqué les détails du partenariat proposé avec les IRSC et ce que nous demandons au gouvernement dans un mémoire présenté au comité. Je ne m'y attarderai donc pas. Je dirai toutefois que le partenariat proposé entre la FRDJ et les IRSC est conforme à la stratégie des sciences et de la technologie du gouvernement du Canada, qui encourage les partenariats. En fait, la proposition est conforme aux quatre principes de la stratégie des sciences et de la technologie, soit promouvoir la recherche de calibre mondial, se concentrer sur les priorités, encourager les partenariats et améliorer l'obligation de rendre compte.
Le diabète de type 1 est l'une des maladies chroniques les plus dévastatrices qui touche les enfants et les jeunes. La recherche est la seule voie pour venir à bout de cette maladie. Nous demandons par conséquent avec respect au Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie de soutenir le partenariat proposé entre la FRDJ et les IRSC et la création d'un réseau d'essai clinique pour le diabète de type 1.
Je vous remercie de votre attention.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président et messieurs, dames du comité.
Je m'appelle Michael Julius et j'assume la présidence de Recherche Canada et la vice-présidence de la recherche au Sunnybrook Health Science Centre à Toronto, en Ontario. C'est avec plaisir que Deborah Gordon-El-Bihbety, présidente et directrice générale de Recherche Canada, et moi venons témoigner aujourd'hui.
Je vais commencer par vous toucher quelques mots au sujet de notre organisme. Nous sommes une alliance créée pour faire des découvertes en matière de santé et, en tant qu'organisme national bénévole sans but lucratif, nos membres se consacrent à faire progresser la recherche en matière de santé au Canada et à faire en sorte que l'innovation canadienne en matière de santé réalise son plein potentiel sur la scène mondiale.
Nous représentons une base très étendue d'intéressés dans le domaine: des hôpitaux de recherche, des universités, des organismes de santé, des organismes de bienfaisance dans le domaine de la santé, des autorités régionales de santé, des associations professionnelles et, point peut-être le plus important, l'industrie. En tant que tel, nous jouons un rôle unique et essentiel dans la recherche canadienne en matière de santé. Nous parlons d'une seule voix au nom de toute une gamme d'organismes intéressés de manière à transmettre un seul message au gouvernement.
Notre philosophie est simple. La recherche en matière de santé produit des avantages communs et sous-entend des responsabilités communes. Tous les Canadiens en sont les intendants. Par conséquent, nous sommes au service de tous les Canadiens dans nos efforts en vue d'améliorer leur santé et leur prospérité en faisant du Canada un leader mondial en recherche dans le domaine de la santé.
Recherche Canada a applaudi le lancement par l'actuel gouvernement de la stratégie en matière de sciences et de technologie. Celle-ci a fourni une assise rationnelle qui vise une approche bien alignée et fondée sur des systèmes pour renforcer l'économie du savoir canadienne grâce à l'innovation et à la commercialisation.
La stratégie reconnaît que le système d'innovation canadien est...
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Notre président est si strict. J'ai l'impression qu'il va utiliser un crochet pour me retirer de la scène d'une minute à l'autre.
Nous sommes un système déséquilibré qui ne capitalise pas sur l'avantage lié à l'innovation que procurent les investissements du fédéral dans la recherche de calibre mondial, dans les gens et dans les installations. En fait, ces investissements ont été importants, et nous n'avons pas tiré parti de leurs fruits. Notre système d'innovation n'est pas intégré. Nous faisons des choix sélectifs; nous retenons certains morceaux plutôt que d'appuyer le continuum d'innovation, de l'impulsion créative et de la réponse à un besoin du marché à la commercialisation des produits.
En voici quelques exemples: Comment avons-nous réagi au SRAS, et comment ferons-nous face au prochain fléau? En fait, ce virus a d'abord été séquencé au Canada; mais nous avons jeté l'éponge. Le Canada n'était pas prêt à capitaliser sur les produits du projet sur le génome humain; nous faisons du rattrapage. Le Canada pourrait-il, en l'absence d'une approche intégrée, appuyer le développement du prochain Silicon Valley?
Notre mémoire soumis à ce comité représente le point culminant d'une consultation nationale approfondie et une réponse aux quatre thèmes majeurs précisés dans l'étude de ce comité sur les sciences et technologies canadiennes. Nous proposons un modèle de système d'innovation intégré et fonctionnel, un cadre fournissant une feuille de route pour l'investissement stratégique, qui nous permettra de tirer profit de nos investissements dans la recherche en matière de santé. Le modèle tient compte de toute la mesure de la fonction d'un système d'innovation, en soulignant les facteurs de réussite essentiels qui permettent de traduire la découverte et les concepts en impacts sur la santé et l'économie.
L'élément fondamental pour sa réussite est l'atteinte d'un équilibre essentiel en matière d'activité à chaque étape du cycle d'innovation, et entre les étapes de ce cycle. Pour le dire simplement, tandis qu'il est ancré dans le marché, le succès d'un système d'innovation fonctionnel repose sur l'engagement du gouvernement d'appuyer l'excellence en matière de création du savoir; les moyens efficaces de traduire le savoir; la réduction des risques assumés par le secteur privé pour ce qui est des investissements en R et D; et la création de politiques et de cadres stratégiques appropriés qui garantissent la disponibilité des nouvelles technologies pour les Canadiens et, en fait, pour le monde entier.
Le modèle trace la trajectoire des activités allant de l'impulsion créatrice et de la découverte à la livraison des produits. Essentiellement, le modèle repose sur l'équilibre entre l'offre de création du savoir et la promotion d'un environnement qui permet de concrétiser la demande d'innovation, qu'il s'agisse — et c'est important — non seulement d'un nouveau produit ou gadget, mais aussi d'une pratique médicale améliorée ou d'une réforme stratégique du système de santé. Chaque étape du cycle est définie par des conditions préalables en matière d'équilibre entre l'offre et la demande, et par des méthodes de mesure de réussite individualisées.
Qui plus est, comme nous le soulignons dans le modèle, cela suppose des contributions complémentaires de chacun des intervenants qui participent à cette entreprise — et qui font partie d'un groupe comprenant l'université, l'industrie et les organisations non gouvernementales ou le secteur privé —, en plus de tenir compte de la manière dont les contributions de chacun des membres du groupe diffèrent au cours du cycle d'innovation.
En tant qu'outil en évolution, le modèle vise à fournir un cadre qui orientera les investissements stratégiques à long terme et qui, au moyen de cette feuille de route d'investissement, fournira un instrument de politique dynamique pouvant être adapté à l'ensemble du continuum de l'innovation canadienne. C'est une vision à long terme qui pourrait positionner le Canada en tant que leader mondial en matière de sciences et de technologie. Bien que notre système d'innovation se porte assez bien, il a surtout échoué à donner les résultats qu'il vous faut, et dont le pays a besoin.
Par conséquent, au nom de Recherche Canada, nous formulons les deux recommandations suivantes à ce comité: que le gouvernement du Canada mette en oeuvre une approche systémique à l'innovation canadienne au moyen de l'adoption d'un cadre complet et intégré qui soutient les principaux facteurs de réussite permettant de traduire la découverte en impacts sur la santé et l'économie; et qu'il le fasse en collaboration avec tous les intervenants — les milieux universitaire et bénévole, le secteur privé et bien sûr, les gouvernements provinciaux.
En tant que pays, nous pouvons faire un bond en avant prodigieux sur le plan de la compréhension, de la conception et de l'exécution d'un système d'innovation qui apportera certainement une certaine souplesse afin d'exploiter de nouveaux débouchés et d'avoir une compétitivité accrue à l'échelle internationale.
Merci.
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C'est évidemment une excellente question. Afin de gérer vos attentes, je précise que l'objectif de ce modèle prévoit précisément la réalisation de cet exercice, qui n'a pas été complété.
Actuellement, le modèle est descriptif, et notre objectif est de le rendre prescriptif — et c'est précisément cette recherche qui doit être faite. Donc, nous n'en sommes pas tout à fait là pour le moment. Mais le but est avant tout de créer un catalogue de tous les organismes de financement au Canada qui appuient le programme de recherche en santé, et de comprendre comment ils interagissent les uns avec les autres et interviennent dans le cadre du continuum de découverte et d'exécution, jusqu'à la livraison d'un produit sur le marché.
Nous avons déjà pu voir que d'autres pays dans le monde ont participé au cycle, comme nous l'avons décrit, à des stades bien différents, et ont obtenu d'énormes succès dans divers quadrants de ce cycle. Par exemple, l'Irlande s'est concentrée principalement sur les deuxième et troisième quadrants, et s'est attachée à devenir le pays qui facilite la production et l'exécution des découvertes industrielles offertes à la planète. L'Irlande a obtenu un succès incroyable au chapitre de la transformation de son économie, et avec cette transformation sont venues les retombées économiques. De manière assez intéressante, on utilise maintenant ces retombées économiques pour rendre ce cycle complet. On commence donc maintenant à investir, si l'on veut, dans le volet découverte et, à un moment donné, on investira également dans l'aspect politique.
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Eh bien, je pense qu'il y a un certain nombre de causes. Premièrement, l'industrie canadienne n'a tout simplement pas l'envergure de celle de nombreux autres grands pays. Mais cet argument commence à s'écrouler quand on entreprend d'examiner des cas comme celui de la Suède, par exemple, qui est un pays bien plus petit que le Canada, mais dont les entreprises investissent habituellement de manière bien plus importante dans la recherche et le développement que les nôtres.
D'après mon expérience acquise à voyager dans le monde, et à discuter avec des collègues d'autres pays, je crois qu'il s'agit réellement de l'environnement dans lequel on effectue la recherche dans ces autres pays. Les entreprises en activité là-bas perçoivent la réalisation de la recherche comme une activité à valeur élevée, et utilisent les ressources du secteur public, les universités, pour tirer profit de leurs propres ressources et efforts. Je crois que le Canada a l'habitude de commencer et d'arrêter les choses trop rapidement avant qu'elles ne puissent réellement bien prendre racine. Je pense que parfois, nous omettons de fixer nos priorités et de nous y tenir. Donc, j'estime qu'il y a tout un nombre de facteurs qui ont contribué à cette situation.
Je me rappelle toujours le président d'une grande entreprise canadienne de pièces d'automobile qui avait un jour affirmé, à une réunion du Conseil du partenariat pour le secteur canadien de l'automobile, que son entreprise allouait un budget annuel d'environ 24 millions de dollars à la recherche et au développement, et qu'une bonne partie de ce montant était dépensé en Allemagne, car les institutions allemandes pouvaient accomplir le travail.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, madame, messieurs. Merci de votre présence à ce comité.
Le secteur de l'automobile, qui relève de vous, nous intéresse beaucoup. On parle beaucoup de vous présentement à cause principalement du prix de l'essence, qui nous interpelle, et du licenciement massif chez GM.
De plus, en matière de sciences et technologie, le génie et la recherche automobile ne sont pas ici des secteurs de recherche prioritaires. On s'aperçoit que l'Europe, entre autres, s'est beaucoup mieux adaptée que le Canada: ça fait longtemps qu'on y a de petites voitures. En ce qui concerne le développement de la voiture électrique ou à l'hydrogène, c'est vraiment très long. Il me semble que la recherche prend du temps. Alors, vous voyez peut-être un peu venir ma question.
Est-ce qu'on manque de vision au Canada? Est-ce qu'on investit trop peu dans la recherche automobile? Est-ce que l'industrie bloque le développement de tout nouveau produit?
Par ailleurs, vous nous avez dit tout à l'heure qu'il y avait 400 modèles de voitures différents. Comment se fait-il que la recherche ne soit pas suffisamment développée pour que nous ayons de petites voitures et, surtout, pour les voir imposées à la population canadienne? Avez-vous une part de travail à accomplir ou une responsabilité en matière de recherche automobile?
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Merci beaucoup de cette question.
Oui, effectivement, nous travaillons à des solutions écoénergétiques dans le domaine automobile. L'un des moyens les plus importants de diminuer la consommation énergétique d'une automobile est d'alléger le poids du véhicule. AUTO21 compte à son actif énormément de travaux sur les matériaux légers. Une bonne partie de ce travail est en fait réalisé au Québec. Donc, nous travaillons beaucoup sur ce genre de choses.
Je ne vais pas commenter les événements actuels dans l'industrie automobile — ce n'est vraiment pas le rôle d'une organisation de recherche, à mon avis — mais ce qu'on doit comprendre, c'est que le secteur automobile est une très vaste industrie mondiale intégrée. Il importe de se rendre compte que le Canada n'est pas une région où un ensemble de règles différentes s'appliquent. Tout d'abord, notre pays n'est pas un consommateur d'automobiles suffisamment important pour faire une telle chose. Le Canada produit entre 2,3 et 2,8 millions d'automobiles par année. Nous en achetons environ 1,6 million annuellement. Donc, en fait, nous produisons bien plus de véhicules et de pièces ici que nous n'en consommons.
De plus, environ 85 p. 100 de ce que nous fabriquons est exporté. Un grande partie des automobiles achetées ici ne sont pas fabriquées au Canada, et un grand nombre de véhicules faits au Canada sont exportés, principalement aux États-Unis.
Le marché de l'automobile est fortement intégré. Ce que nous avons essayé de faire, à AUTO21, c'est de travailler avec nos partenaires de l'industrie pour trouver aux chercheurs canadiens des mandats en R et D permettant de mettre nos compétences et capacités au service de leurs besoins. Nos efforts à cet égard ont été couronnés de réussite. Certains types de recherches ne seront probablement jamais effectuées au Canada — si elles sont réalisées ailleurs, un dédoublement n'est pas logique — mais les produits de ces activités de recherche arriveront sur le marché canadien lorsque le marché l'exigera.
L'autre chose qu'on doit comprendre à propos de l'industrie automobile, je dirais, c'est qu'une bonne partie des forces du marché qu'on voit aujourd'hui résultent de changements extrêmement rapides. Pour vous mettre en contexte, lorsque nous avons élaboré la proposition d'AUTO21 à l'automne 2000, le prix de l'essence était de 21 $ le baril. Lors des événements du 11 septembre, il était à 23 $. Mais le prix est maintenant de 135 $ par baril. C'est six fois plus élevé. Il s'agit là d'une augmentation majeure. En fait, le prix de l'essence a connu une hausse de 60 p. 100 en quelques mois seulement.
Je ne me porte pas à sa défense, mais il n'y a aucune façon pour l'industrie automobile de réagir utilement à un changement aussi rapide. Ce n'est tout simplement pas faisable. Il en coûte plusieurs milliards de dollars pour mettre au point un nouveau type d'automobile, alors la capacité de production et les genres de véhicules fabriqués accuseront toujours un retard en cas de changement important et rapide comme celui-là.
J'espère avoir répondu à votre question.
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Oui, vous avez très bien répondu. Votre point de vue est très intéressant. Évidemment, ce n'est pas qu'on manque de vision, c'est que ça évolue beaucoup trop rapidement.
Monsieur Julius, vous aurez la chance de parler, et tranquillement. Ce sera bien. Dans votre mémoire, vous parlez de déploiement plus efficace des ressources en soins de santé. Vous dites, à juste titre, qu'il serait étonnant que le coût des soins de santé puissent décroître. À cela s'ajoute le vieillissement de la population, évidemment. On aura de plus en plus de demandes. Les besoins sont nombreux, que ce soit en personnel médical ou en nouvelles technologies pour diminuer la durée des hospitalisations. Vous en parlez. Vous dites que les nouvelles technologies devraient permettre de pouvoir mieux utiliser nos ressources rares, de réduire les jours d'hospitalisation, de s'administrer soi-même des soins, etc.
Je trouve ce point de vue crucial. Il me semble qu'on en parle depuis plusieurs années. On s'aperçoit qu'il y a de plus en plus d'opérations chirurgicales d'un jour, et la situation semble s'améliorer.
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Pour l'instant, je ne recommanderais pas d'investir davantage d'argent en l'absence d'un programme ou d'un cadre à cet effet. Je crois que c'est la difficulté que nous avons vécue au cours de la dernière décennie.
Les investissements dans l'entreprise de recherche en santé au cours des 15 dernières années, au Canada, ont été de l'ordre de dizaines de milliards de dollars, et nous ont menés à un point de déséquilibre. Nous avons tant des facultés que des esprits parmi les plus brillants au monde qui travaillent dans notre entreprise de recherche, ainsi qu'une partie des meilleures infrastructures de la planète pour pouvoir réaliser notre recherche. Sans vouloir faire une analogie avec les voitures, nous participons à ces entreprises de recherche admirables et nous conduisons tous des Ferrari, mais lorsque nous arrivons à la station-service, il n'y a pas de carburant. Le budget de fonctionnement est essentiel.
J'aimerais profiter de l'occasion pour souligner un autre point. Lorsque nous lisons bien des documents provenant du gouvernement du Canada, qui traitent des investissements dans la recherche et du développement en matière d'entreprises de recherche en santé, on parle des universités où l'enseignement et la recherche finissent par avoir lieu. Je crois qu'il est important que ce comité comprenne que près de 80 p. 100 de la recherche en santé est en fait réalisée dans des entreprises de recherche en milieu hospitalier. Pratiquement la totalité de l'éducation en recherche clinique se fait dans des hôpitaux fortement axés sur la recherche, et environ 80 p. 100 de ceux qui font des études universitaires aux cycles supérieurs en recherche sur la santé — la recherche de demain — sont formés dans des hôpitaux fortement axés sur la recherche.
Les scientifiques...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Ma question d'aujourd'hui s'adresse à M. Frise.
Je tiens à vous exprimer à quel point je suis content de vous avoir parmi nous aujourd'hui. Compte tenu de tout le travail que j'ai effectué dans le dossier de l'industrie automobile ces quatre dernières années, j'ai été très impressionné par AUTO21 et votre leadership à cet égard. Nous entendons beaucoup parler de commercialisation et d'innovation, mais d'après les statistiques que j'ai sur le nombre de projets de recherche que vous effectuez ainsi que les droits d'auteur et brevets que vous avez déposés, vous faites en réalité ces activités. En agissant en tant qu'exemple pour les autres institutions, vous faites le nécessaire.
À votre avis, comment le Canada pourrait-il développer une culture d'innovation? Lorsque vous me répondrez, j'aimerais que vous preniez en considération quelques aspects. Nous avons entendu parler de la propriété intellectuelle. Pourriez-vous parler du cas des scientifiques fédéraux qui travaillent dans des laboratoires du gouvernement fédéral? S'ils font de la recherche et arrivent avec un projet innovateur, qui devrait contrôler la PI? Parfois, la part est de 100 p. 100 pour le gouvernement, d'autres fois, de 100 pour les scientifiques, ou encore, il peut s'agir d'une proportion de 50/50.
Dans notre dernier budget, nous avons versé 250 millions de dollars dans le Fonds d'innovation pour le secteur de l'automobile. Sommes-nous sur la bonne voie? Vous avez mentionné la manière dont les autres pays d'Europe pouvaient y arriver. Pourriez-vous nous en parler? Nous voulons réellement instaurer des politiques qui permettront de faire ce qui doit être fait encore mieux qu'actuellement.
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Merci beaucoup, monsieur Carrie.
En gros, quand nous avons créé AUTO21, nous avons opté pour une philosophie assez simple. Je suis ingénieur. Je crois aux modèles simples parce que ce sont généralement ceux qui fonctionnent le mieux. Notre groupe, qui comptait beaucoup de membres de l'industrie, dont des représentants de General Motors et d'autres équipementiers, des grandes entreprises et des universités du Canada les plus dynamiques, avons décidé dès le départ que le rôle d'une université consiste à créer du savoir et à éduquer les gens. Les universités ne fabriquent pas de voitures. Elles ne fabriquent pas de pièces de voitures. Pas plus que le Conseil national de recherches ou les autres organisations scientifiques du gouvernement. Le rôle de l'industrie consiste à utiliser ce nouveau savoir et à lui donner une forme concrète afin de créer des emplois et de la richesse au pays.
Au Canada anglais, on a une expression, s'accrocher à son tricot, qui signifie que vous faites le travail pour lequel vous êtes là et que je fais le travail pour lequel je suis là, soit tout le monde s'occupe de ses oignons pour que toute l'entreprise puisse avancer. Bien honnêtement, c'est ce que j'observe dans les pays où le système d'innovation est le plus fructueux.
C'est la norme absolue au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, en Suède, en Norvège, au Danemark et dans d'autres pays du genre, de sorte que les universitaires mènent des projets appliqués avec des partenaires de l'industrie. Ce n'est que la norme, ce n'est pas dans toutes les disciplines ni tout le temps, mais dans la plupart des cas, ils suivent ce principe. Ils savent donc qu'ils consacrent leurs énergies aux bonnes choses, que le savoir qu'ils sont en train de créer va faire son chemin jusque sur le marché. Chez AUTO21, c'est ce qu'on appelle un récepteur du savoir. Ils savent que les étudiants qui graduent de ces programmes ont de fortes chances de se trouver un emploi parce qu'ils ont déjà travaillé à résoudre des problèmes pertinents dans l'industrie et que ce sont eux qui détiennent le savoir.
C'est ainsi que notre modèle fonctionne, nous intégrons des récepteurs du savoir aux projets dès le tout début de la proposition.
Le Globe and Mail a publié un article la semaine dernière sur une grande conférence des sciences sociales et humaines qui s'est tenue à Vancouver sur les façons de rendre le travail dans ces disciplines plus pertinent. AUTO21 emploi beaucoup de chercheurs du CRSH, et nous sommes très fiers de leur travail. Les récepteurs du savoir de notre projet de lutte contre les crimes impliquant un véhicule étaient la force policière de Winnipeg et la GRC, et notre projet de recherche a fait diminuer le vol de voitures à Winnipeg de près de 50 p. 100, si je ne me trompe pas, pendant l'année 2007.
Il s'en dégage que la recherche universitaire et gouvernementale peut être très utile et d'une importance hautement stratégique pour le pays si tout le monde collabore à la conception d'un bon modèle.
Qui détient les droits de propriété intellectuelle? AUTO21 ne se prétend pas détenteur des droits de PI. Nous n'en sommes pas les détenteurs exclusifs. Il y a assez de personnes qui se battent déjà pour ces droits. Ce sont les inventeurs qui devraient détenir les droits de PI, mais il ne faut pas oublier que peu importe qui les détient, l'important, c'est qui utilise la PI, dans quelles circonstances et selon quelles modalités. Nous nous dégageons donc beaucoup de la génération de la PI. Les universités s'organisent avec leurs partenaires de l'industrie, et cela ne crée aucun problème depuis sept ans et demi. Nous n'avons jamais dépensé un sou pour payer un avocat spécialisé en propriété intellectuelle, et je pense que c'est la meilleure façon de faire.
Comme vous l'avez souligné, nous avons enregistré 39 brevets, un certain nombre de négociations en vue de l'obtention d'une licence sont en cours et l'on nous a accordé un certain nombre de licences déjà. Je viens tout juste de recevoir un courriel, en m'en venant ici, de l'un de nos chercheurs de UBC qui m'a dit que son partenaire de l'industrie venait d'injecter 200 000 $ de plus dans son projet. C'est donc que le modèle fonctionne.
En ce qui concerne le fonds de 250 millions de dollars, il est difficile pour moi de prendre position à ce sujet, parce que c'est le fonds qui sera distribué à l'industrie pendant cinq ans. Je pense que c'est un très bon départ. C'est le genre de choses qu'il faut privilégier, parce qu'elles aident nos usines à acquérir une plus grande souplesse, à diminuer leur consommation d'énergie et j'espère, à améliorer leurs normes de sécurité en milieu de travail, pas qu'elles ne sont pas sûres en ce moment, mais parce que les usines de construction d'automobiles sont un excellent lieu de travail de nos jours. Ces fonds serviront aussi à évaluer la proposition de valeur. Ils toucheront donc les quatre vecteurs qu'il faut toucher à mon avis.
J'aimerais aussi vous remercier de votre contribution à notre travail. Vous avez beaucoup aidé AUTO21. Nous apprécions beaucoup d'avoir une personne si érudite et engagée que vous au gouvernement pour nous aider. Merci infiniment.
Je remercie tous les témoins de leurs exposés.
Monsieur Frise, j'aimerais continuer avec vous. Vous avez décrit la nature mondiale de l'industrie automobile, ce qui est tout à fait vrai. La production se fait partout dans le monde. J'aimerais que vous nous parliez un peu de la R et D en milieu industriel. Il y a beaucoup de fabricants de pièces d'autos au Canada, mais toutes les grandes sociétés automobiles, à l'exception de ZENN, ont leur centre à l'extérieur du Canada. Les grandes décisions d'affaires sont donc prises à Séoul, au Japon, à Detroit ou ailleurs.
À votre avis, le fait que ces entreprises aient leur centre ailleurs a-t-il une incidence sur la recherche en milieu industriel, qu'on pense au rendement du carburant ou nouveaux procédés de fabrication?
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C'est tout un défi, madame Nash.
Nous essayons de trouver des débouchés pour nos chercheurs. Comme vous le savez, la première passion des chercheurs, c'est la recherche. En toute honnêteté, certains d'entre eux ne pourraient pas reconnaître une bonne idée si elle les frappait en plein front. Ils ont vraiment besoin de nous pour voir les débouchés. Une personne peut faire de la bonne recherche fondamentale, mais je pense qu'il faut avoir un but en tête. Même si l'on ne peut pas cibler de but précis, tant qu'on avance vers ce but, je pense qu'on peut appuyer de bonnes recherches fondamentales.
Je pense que la pire chose à faire dans les réseaux de centres d'excellence — et Peter, j'ai bien entendu ce que vous avez dit — c'est d'appuyer la recherche motivée surtout par la curiosité, la science pour le simple plaisir de la science. Il y a des organismes de financement qui appuient ce type de projet. Les réseaux des centres d'excellence n'ont pas le même objectif. Ils ont l'objectif ambitieux de trouver des applications concrètes.
Je pense que c'est ce que je privilégierais. Nous essayons de tenir des ateliers avec nos étudiants et nos chercheurs pour trouver des débouchés et discuter d'enjeux comme la propriété intellectuelle, de tout ce qu'il faut faire quand on démarre une entreprise, etc.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie d'être ici cet après-midi.
Monsieur le président, l'un des sujets qui ressort, c'est le fait que le Canada a une économie d'usines annexes. Je ne sais pas trop s'il y a des témoins ici qui peuvent nous en parler, mais il pourrait être intéressant de nous demander quel effet cela a sur nos programmes d'innovation et de recherche.
Monsieur Frise et monsieur Julius, je pense que vous avez tous les deux parlé de la faiblesse du Canada au chapitre des investissements et de l'innovation.
Monsieur Julius, vous avez dit que nous devions nous doter d'une nouvelle stratégie de recherche. Certains témoins nous ont recommandé de choisir six ou sept secteurs gagnants, si l'on veut, de nous concentrer sur eux et de les appuyer d'un bout à l'autre.
Je me demande si vous aimez cette idée. Dans l'affirmative, que ferait-on des numéros huit et neuf?
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Je vous remercie beaucoup de la question, monsieur Simard.
Je vais dire quelque chose d'un peu controversé qui va sans doute m'exposer à des critiques: je ne suis pas sûr qu'il faille investir davantage dans notre système d'innovation; je pense qu'il faut surtout cibler davantage nos efforts.
Essentiellement, le système d'innovation du Canada est un système réactif. C'est assez familier comme façon de l'exprimer, mais on attend simplement qu'une proposition soit faite, puis on évalue la proposition. Si elle reçoit un examen par les pairs favorable, elle peut être financée.
Dans d'autres pays, les gens s'assoient ensemble et se demandent: qu'est-ce qui est important pour notre pays? Qu'est-ce qui compte vraiment? D'où viennent nos emplois? D'où vient notre richesse? Comment notre pays se débrouille-t-il dans le monde? J'appelle cette technique la méthode des diagrammes circulaires. Je simplifie les choses et je le reconnais, mais ils font un diagramme des domaines d'emploi et des domaines qui contribuent au PIB du pays. Ensuite, ils superposent ce diagramme à leur système d'innovation.
Sans vouloir manquer de respect à quiconque, nos diagrammes ne correspondent pas très bien. Je pense que si le secteur privé canadien n'investit pas davantage dans l'innovation, c'est en partie parce qu'il ne reçoit pas l'aide voulue. C'est l'une des raisons pour lesquelles notre pays...
Prenons la stratégie des S-T, il est écrit à la page 25 que le Canada fait assez mauvaise figure dans le domaine des brevets de grande qualité, de l'investissement dans la machinerie et l'équipement, etc., tous des sujets qui concernent ce comité. L'année dernière, vous avez mené une grande étude sur l'industrie manufacturière. Je pense que c'est...
M. Julius a parlé plus tôt de société du savoir. Comment peut-on garder nos bons étudiants et éviter l'exode de ces cerveaux? Comment pourrait-on les intéresser à rester au Canada? Avez-vous une solution?
D'après un article publié dans le Journal de Montréal, les bourses et salaires pour étudier aux États-Unis sont de 75 000 $US par année — billet d'avion gratuit pour revenir à la maison, équipement de recherche à la fine pointe de la technologie, livraison de repas dans les chambres 24 heures sur 24 et bien d'autres avantages.
Comment peut-on inciter les gens à continuer d'étudier et à faire des recherches au Canada, et éviter qu'ils ne partent aux États-Unis ou dans le reste du monde?
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À l'heure actuelle, nous n'avons pas de projet particulier concernant les camions lourds, mais bon nombre de nos chercheurs font beaucoup de travaux touchant l'industrie du camionnage.
Une bonne partie du travail du groupe de recherche de Windsor sur le moteur diesel que vous avez mentionné tout à l'heure est financé par International Truck and Engine. Il y a beaucoup de chevauchements entre les travaux concernant les camions lourds et les véhicules légers pour ce qui est du diesel et des technologies hybrides, notamment.
L'industrie du camion lourd diffère grandement de celle de l'automobile de par la complexité des cycles de production. Fabriquer 5 000 camions, c'est un travail considérable, alors qu'il faut trois jours à peine pour produire 5 000 autos. Ce n'est rien du tout. Il y a donc des différences, mais je m'attends à ce que nous menions certaines recherches visant l'industrie du camion lourd au cours des prochaines années.
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Merci, monsieur le président.
J'ai une seule question.
Peter, j'ai beaucoup apprécié ma visite de vos installations et j'ai été très impressionné par le travail accompli par AUTO21.
Nous voyons de plus en plus les fabricants d'automobiles collaborer entre eux. Ainsi, l'un d'eux peut mettre l'accent sur un mode de propulsion alors qu'un autre se concentrera, par exemple, sur les modèles hybrides pendant que d'autres chercheront à produire un moteur diesel plus propre. Nous assisterons inévitablement à un accroissement de ce type de pollinisation croisée et de coopération au sein du secteur de l'automobile, parallèlement à la croissance de l'industrie de la technologie propre avec le capital de risque que cela exige. À votre avis, serait-il possible que, disons, General Motors, Chrysler et Ford conjuguent leurs efforts pour créer une nouvelle entité qui se consacrerait entièrement à la recherche sur les modes de propulsion et financerait ses activités à l'externe par la mise en marché de produits technologiques propres.
En dernière analyse, il faut qu'il y ait beaucoup de collaboration. Il me semble que ces entreprises pourraient ainsi travailler avec des centres comme le vôtre tout en finançant ces recherches sans avoir à puiser dans leur propre budget. Croyez-vous que les fabricants d'automobiles pourraient s'intéresser à une telle possibilité? Il y a énormément d'investisseurs privés qui sont prêts à injecter des fonds dans la technologie propre, mais il y en a très peu qui souhaitent investir dans le secteur nord-américain de l'automobile actuellement. Il me semble donc que ce soit une façon intéressante de repositionner l'industrie.
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C'est une très bonne question.
Je dois vous dire que les fabricants d'automobiles considèrent généralement le groupe motopropulseur comme une technologie de base qui leur permet de se démarquer de la concurrence. Les entreprises ne collaborent donc pas beaucoup sur cet aspect, mais elles le font énormément pour les transmissions et les systèmes de propulsion hybrides.
L'un des partenariats les plus intéressants et les plus surprenants est celui qui unit actuellement General Motors, Chrysler, BMW et Mercedes. Ces entreprises travaillent au développement de ce qu'on appelle une transmission hybride bimode pour les véhicules à propulsion arrière. Je crois que le centre de recherche et développement est situé à Troy, au Michigan, et qu'il est divisé en quatre sections distinctes, une pour chaque entreprise. Il y a des espaces communs où les chercheurs se rencontrent pour effectuer des essais et discuter, et d'autres lieux dont l'accès est interdit aux gens des autres entreprises.
Une voix: Un peu comme le Parlement.
M. Peter Frise: Je n'oserais pas me prononcer à ce sujet.
J'estime donc qu'il y a certains aspects au sujet desquels il y aura collaboration et d'autres où cela sera impossible. Je crois que si les conditions étaient favorables à la participation canadienne à quelques-unes de ces activités... nous travaillons déjà séparément avec toutes ces entreprises dans de nombreux dossiers, mais il n'est pas facile de les réunir autour d'une même table parce qu'elles se font concurrence sur le marché.
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Merci, monsieur Brison.
Je veux remercier tous nos témoins pour leurs exposés, leurs mémoires et leurs réponses aux questions du comité. Nous vous en sommes très reconnaissants. Si vous avez d'autres informations à soumettre au comité, n'hésitez pas à le faire par mon entremise ou par celle de la greffière. Nous verrons à ce que tous les membres en obtiennent copie.
Chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pendant une minute ou deux avant de reprendre nos discussions à huis clos en vue de l'adoption du rapport sur le secteur des services.
[La séance se poursuit à huis clos]