:
Bonjour. Merci au président et aux membres du comité de nous avoir invités.
Je m'appelle Bob McCulloch. Je dirige un bureau indépendant d'experts-conseils à Toronto. Je suis aussi vice-président du conseil d'administration de l'Association canadienne des conseillers en management, l'ACCM. Je suis accompagné de Heather Osler, présidente et directrice générale de l'ACCM.
Merci de nous avoir invités à témoigner aujourd'hui. Nous aurions aimé avoir un peu plus de temps pour nous préparer, mais comme nous sommes des conseillers, nous avons toujours quelque chose à dire. C'est pour cela que nous sommes ici.
Avant de vous décrire la situation du domaine du conseil en gestion au Canada, il serait peut-être utile que je vous touche d'abord quelques mots de l'ACCM.
Le titre de consultant certifié en gestion, connu aussi sous l'acronyme anglais de CMC, est un titre professionnel protégé par la loi dans toutes les provinces du Canada. L'ACCM administre la désignation de CMC et en fait activement la promotion auprès des clients. Pour devenir consultant certifié en gestion, on doit détenir un baccalauréat dans une discipline pertinente et compter au moins trois ans d'expérience du conseil en gestion. Les candidats à ce titre acceptent de respecter un code de déontologie rigoureux et doivent réussir un examen exhaustif administré par l'ACCM.
Il y a actuellement 2 400 CMC qui pratiquent au Canada; 800 membres de l'ACCM ont aussi demandé cette désignation. Cela représente environ 13 p. 100 des quelque 25 000 consultants en gestion du Canada. La désignation de consultants certifiés en gestion est reconnue dans 43 pays et l'ACCM est affiliée à bon nombre des instituts qui accordent cette désignation à l'étranger. Nous sommes aussi membres fondateurs du International Council of Management Consulting Institutes, l'organisme international qui établit les normes de notre profession.
Je vous donnerai maintenant un aperçu de ce domaine au Canada. Ces informations proviennent en grande partie d'une étude de la profession de conseiller en gestion au Canada que vient de mener l'organisme américain Kennedy Information group.
Après quelques années difficiles au début de ce siècle, après le creux de vague qui a suivi l'arrivée de l'an 2000 et le 11 septembre, après la récession et les changements structurels qui sont intervenus dans l'environnement de l'entreprise, la consultation en gestion au Canada connaît de nouveau une forte croissance. En 2006, notre secteur a produit des revenus bruts d'environ 9,3 milliards de dollars et on s'attend à ce qu'ils atteignent 11,5 milliards de dollars d'ici 2010. En comparaison, les revenus de notre secteur étaient d'environ 25 millions de dollars il y a 40 ans. Il y a donc eu une hausse radicale depuis.
À des fins d'analyse et de description, la consultation en gestion au Canada est divisée en cinq grands éléments: stratégie; gestion des opérations; technologie de l'information; ressources humaines; et, un élément plus récent, les services consultatifs d'affaires, qui traitent surtout des questions financières et sont dispensées essentiellement par les grands cabinets comptables.
Il y a eu une solide croissance dans chacun de ces sous-secteurs au cours des dernières années, mais la palme revient, on ne s'en étonnera pas, aux services consultatifs d'affaires, qui sont liés aux grands bureaux de vérification, et la technologie de l'information. Le secteur public, qui comprend tous les paliers de gouvernement et les soins de santé financés par l'État, est le plus grand client des conseillers en gestion au Canada; il représente plus de 30 p. 100 de toutes les dépenses en consultation de gestion. Outre les dépenses directes en services conseils, les lois, politiques et initiatives gouvernementales constituent le moteur d'une grande part des conseils dispensés aux clients du secteur privé.
Le secteur de la consultation en gestion au Canada est ce que les économistes appellent un marché atomistique, c'est-à-dire un marché comptant de nombreux joueurs dont aucun n'est suffisamment important pour influer de façon appréciable sur les prix.
Cette structure est conforme à ce que ces mêmes économistes — peut-être vous, Glen, notamment — considèrent comme la concurrence parfaite.
Notre secteur se compose de quelques multinationales, surtout dans le domaine des ressources humaines et de la technologie de l'information, de plusieurs entreprises canadiennes ayant des ramifications à l'échelle mondiale, de quelques grandes entreprises nationales, de petits bureaux canadiens d'experts-conseils se limitant à un domaine ou à une région et de très nombreux petits bureaux et praticiens indépendants.
Grâce à sa structure atomistique, le secteur de la consultation en gestion au Canada est très souple et très concurrentiel. L'Ontario reste le plus grand marché pour les services d'experts-conseils en gestion de tout genre, et l'Alberta connaît la croissance la plus grande à l'heure actuelle.
Parmi les facteurs qui contribuent à la croissance du secteur, on compte une forte croissance économique des entreprises qui font appel aux experts-conseils en gestion; les tendances de la croissance économique, comme l'attention accrue accordée à la compétitivité internationale et l'augmentation des fusions et acquisitions, soit deux domaines d'importance pour ce qui est du recours aux conseillers en gestion; les efforts en vue d'améliorer l'efficacité et l'efficience dans l'énorme secteur des soins de santé; la pénurie croissante de personnel hautement qualifié provoquée par la croissance économique et le vieillissement de la population; le taux de change entre les dollars canadiens et américains qui amène les entreprises, surtout les fabricants, à accroître leurs efficiences et leur compétitivité, et l'intérêt et les investissements accrus de la part des gouvernements à tous les niveaux pour les projets d'infrastructure.
Les obstacles à l'entrée sur le marché des conseillers en gestion et des entreprises de consultation en gestion ne sont pas aussi élevés que pour d'autres secteurs. En fait, il suffit de se déclarer conseiller en gestion, car comme il y a moins de multinationales de consultation en gestion aux États-Unis, le marché canadien est un milieu très fertile pour les petites et moyennes entreprises qui peuvent s'établir au niveau local et prospérer.
Quels sont les défis? L'avenir de la consultation en gestion au Canada est très prometteur. C'est un fait, mais cela signifie aussi qu'il y aura des défis à relever. Entre autres, il n'y a actuellement aucune façon efficace d'empêcher qui que ce soit, y compris les charlatans — les petites célébrités et les experts douteux — d'accrocher une enseigne, de se prétendre conseiller en gestion et d'offrir ses services. L'ACCM et les instituts provinciaux font de leur mieux pour prévenir les clients éventuels des dangers qu'ils courent en faisant appel à ces personnes, et les encourager à ne recourir qu'à ceux qui peuvent faire la preuve de compétence, leur formation et leur expérience par leur appartenance à l'ACCM. Toutefois, ce n'est qu'une solution partielle et des clients continuent de vivre des expériences malheureuses sans aucun recours si le conseiller n'est pas un consultant certifié en gestion. Quand un client étranger présume, en toute bonne foi, qu'un Canadien qui se dit conseiller en gestion est compétent et qu'on lui dispense des services bâclés, cela jette le discrédit sur toute la profession et sur le pays tout entier.
La réglementation des professions est de compétence provinciale. Néanmoins, les membres de l'ACCM se conforment à un code de déontologie national et uniformisé, et les critères de certification sont les mêmes à l'échelle du pays, ce qui permet à ceux qui l'obtiennent de travailler dans l'une ou l'autre des provinces.
Hier, la commissaire à la concurrence a rendu public son rapport sur la réglementation des professions au Canada. Le rapport dresse une liste des questions problématiques, y compris l'entrée dans la pratique, la mobilité entre les provinces et territoires, le chevauchement des services et des champs de pratique, la réglementation de la publicité, les prix et la concurrence. Nous pouvons dire catégoriquement que les CMC ont droit à la réciprocité non seulement à l'échelle du pays, mais dans plus de 25 pays étrangers. Nous exigeons seulement des CMC qui entrent au Canada qu'ils réussissent un court examen sur le code de déontologie du Canada, et ce, pour nous assurer qu'ils respectent les normes culturelles pendant qu'ils pratiquent au Canada.
Sur le front provincial, l'Ontario a récemment reconnu la désignation de CMC dans les appels d'offres de services professionnels. Nous voulons encourager le gouvernement fédéral à inclure un libellé semblable dans ses politiques d'approvisionnement, comme il le fait pour les autres désignations qu'il reconnaît.
Voici le deuxième défi: les conseillers en gestion du Canada doivent fréquemment aller aux États-Unis pour le compte de clients américains ou pour travailler à des projets américains pour le compte de clients canadiens. Ils jouissent des privilèges d'autorisation de séjour temporaire réciproques aux termes de l'annexe 1603-D-1 de l'ALENA, mais sont trop souvent arrêtés ou détenus à la frontière pour des raisons que nous estimons plutôt frivoles.
La fréquence de ces irritants varie, mais elle est particulièrement élevée aux aéroports internationaux de Toronto et de Vancouver. Ces problèmes à la frontière ont une incidence disproportionnée sur les petites entreprises — je peux en témoigner personnellement — et surtout sur les praticiens indépendants qui n'ont souvent pas l'infrastructure ni les moyens de se retrouver dans le système de contrôle frontalier des États-Unis.
L'ACCM consacre un temps considérable à traiter avec les autorités canadiennes et américaines en vue de résoudre ces problèmes, mais n'a obtenu que très peu de succès jusqu'à présent. Elle a aussi eu des discussions avec les autorités canadiennes pour que la définition de conseiller en gestion prévue à l'ALENA et à l'AGCS soit conforme aux critères d'admissibilité au titre de consultant certifié en gestion qui est maintenant la norme internationale.
Troisièmement, nos membres se heurtent souvent à des obstacles non tarifaires quand ils sont en concurrence pour obtenir des contrats de consultation en gestion dans certains pays, surtout dans les pays en développement. L'ACCM estime que le Canada a un avantage concurrentiel et comparatif dans le domaine mondial de la consultation en gestion. Cela est attribuable à nos normes scolaires élevées, à nos secteurs avancés et diversifiés, à notre leadership en matière de certification, au multiculturalisme et au multilinguisme de notre société ainsi qu'à la prudence et à la probité dont font montre les professionnels canadiens dans leur travail. C'est pourquoi nous avons consacré tant de temps à faciliter la tâche de nos membres qui font des affaires à l'étranger en accélérant l'entrée de nos membres aux États-Unis à des fins professionnelles temporaires, en conciliant la définition de conseiller en gestion prévue à l'ALENA et à l'AGCS et celle de notre secteur et en tentant d'égaliser les chances pour l'obtention de contrats à l'étranger.
Je m'en voudrais de ne pas faire mention de nos relations actuelles avec deux programmes du gouvernement fédéral.
Au Canada, depuis déjà de nombreuses années, les membres CMC de notre association ont prodigué des conseils de gestion dans les domaines de la commercialisation, de la stratégie et des opérations à divers clients par l'entremise du programme d'aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada. Pour aider nos membres qui souhaitent travailler à l'extérieur des frontières canadiennes, nous avons pu compter sur le programme de développement des marchés d'exportation.
À quel niveau pourriez-vous nous aider? Quelle mesure pourriez-vous envisager ou prendre pour nous aider? Vous pourriez appuyer nos efforts en vue d'élargir l'application de notre code de déontologie à tous les conseillers en gestion du Canada, qu'ils travaillent au Canada ou à l'étranger, nous aider à faciliter l'entrée aux États-Unis de praticiens canadiens qualifiés qui doivent s'acquitter de tâches aux États-Unis, nous aider à informer les conseillers en gestion qualifiés du Canada sur ce qu'ils peuvent faire pour obtenir des contrats dans les pays où le Canada a une présence commerciale, et encourager les représentants du Canada dans ces pays à sensibiliser les gens d'affaires de l'endroit aux avantages de recourir à des conseillers en gestion qualifiés canadiens.
Merci de nous avoir permis de vous adresser la parole de matin. Nous serons heureux de répondre à vos questions et d'écouter vos observations.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous les membres du comité.
Je vais vous faire part d'une perspective un peu différente. Le Conference Board du Canada est le plus grand groupe de réflexion au pays. Nous produisons environ 200 études par année qui portent sur l'économie ou les ressources humaines. Je vous parlerai des résultats de deux ou trois études que nous avons faites ces dernières années sur le secteur des services.
Pour commencer, les services représentent environ 70 p. 100 de notre économie nationale à l'heure actuelle. Nous sommes encore souvent dans l'ancien paradigme qui veut que l'extraction des ressources, l'agriculture et la fabrication soient au coeur de notre économie. C'était peut-être vrai il y a 50 ans, mais ce ne l'est plus aujourd'hui.
Nous tous ici présents avons des prestataires de services. Personne ici ne fabrique quoi que ce soit. Nous ne récoltons pas de blé et ne scions pas de bois non plus. C'est là le visage de l'économie moderne. Dans votre réflexion sur le secteur des services, vous devrez vous rappeler que les services sont actuellement au coeur de l'économie canadienne. Il ne s'agit pas d'un petit secteur, mais bien l'essentiel de ce que fait le Canada dans le monde.
J'aborderai maintenant trois études que nous avons menées ces dernières années sur des aspects particuliers de l'économie de services. Un peu pour faire écho à ce qu'a dit Bob sur les obstacles à la mobilité nord-sud, je vous toucherai quelques mots des obstacles entre les provinces canadiennes qui empêchent notre secteur des services d'être aussi dynamique, efficient et concurrentiel qu'il pourrait l'être sans ces obstacles.
Pour la première étude, nous avons fait comme nous faisons depuis une douzaine d'année, un bulletin du Canada auquel nous avons donné un nouveau nom. Remontons à 2005-2006. À l'automne 2005, nous avons publié un rapport intitulé Rendement et potentiel dans lequel nous examinions les façons de rendre l'économie canadienne plus concurrentielle et efficace.
Nous avons notamment comparé la productivité par secteur des économies canadienne et américaine. Nous nous sommes fondés sur des travaux que nous avions menés avec Industrie Canada. Ces travaux avaient été dirigés par Someshwar Rao, du ministère de l'Industrie, un chef de file de la recherche depuis longtemps déjà et un excellent économiste.
Nous avons donc pour la première fois comparé la productivité de divers secteurs des économies canadienne et américaine. Nous avons découvert que, dans les secteurs de l'économie canadienne qui sont ouverts à la concurrence internationale — essentiellement les secteurs traditionnels tels que la forêt, l'automobile ou les mines — notre productivité est aussi bonne que celle des États-Unis, sinon meilleure. Mais là où l'économie est protégée — il s'agit essentiellement du secteur des services, notamment des services financiers, du commerce de détail, des télécommunications et, je dois l'avouer, des services-conseils — la productivité est inférieure à celle des États-Unis, souvent de beaucoup. Le secteur du détail, par exemple, qui est un secteur strictement de services, a une productivité par travailleur qui se situe sous les deux tiers du niveau américain.
C'est peut-être attribuable au fait que notre économie est plus petite, à la différence d'échelle, au fait que les entreprises américaines profitent de plus d'économies d'échelle, mais c'est peut-être aussi dû aux différents niveaux de compétitivité entre les deux économies.
Il est intéressant de noter les facteurs qui ont mené à l'augmentation plutôt lente des prix dans le récent débat sur la question de savoir si les détaillants canadiens devaient abaisser leurs prix à mesure que s'appréciait le dollar canadien. Ce sujet mérite certainement une étude approfondie, car le commerce au détail est un secteur des services qui nous touche tous. Était-ce simplement parce que les entreprises avaient des stocks qu'elles avaient achetés quand le dollar valait 85 ¢ ou 90 ¢ et qu'elles ont permis une augmentation progressive des prix, ou est-ce l'élément plus fondamental de notre économie nationale, est-ce le manque de véritable concurrence dans le commerce de détail qui explique ce phénomène?
Deuxièmement, dans une étude connexe, nous avons rendu public au printemps 2006 un rapport au titre merveilleux: « Death by a Thousand Paper Cuts » (Tué par mille coupures à la feuille de papier). On y passait en revue tous les obstacles réglementaires à la concurrence au Canada même, ce que les économistes appellent les obstacles non tarifaires, les obstacles autres que les prix. C'est ce dont parlait Bob: les pratiques réglementaires, les normes, la question de savoir s'il faut normaliser davantage les normes et s'il faut reconnaître les titres de compétence.
Nous avons examiné les barrières qui existent au sein de l'économie nationale, de l'est jusqu'à l'ouest, et nous nous sommes concentrés sur les très nombreux obstacles qui existent encore entre les provinces, ainsi que sur l'incohérence entre la réglementation fédérale et celle des provinces. Nous avons examiné les mêmes enjeux pour le Canada et les États-Unis. Nous nous sommes penchés sur les barrières non tarifaires qui existent, surtout dans les services, entre le Canada et les États-Unis, notamment celles dont on a déjà fait mention, les obstacles qui s'élèvent devant les prestataires de services à la frontière américaine. On ne peut tout simplement pas se rendre librement aux États-Unis pour dispenser des conseils en matière de gestion.
Notre étude a culminé en une analyse économétrique des répercussions de ces obstacles sur la productivité du Canada, la question étant de savoir si les obstacles non tarifaires étaient vraiment un facteur déterminant de l'écart de productivité dont nous avons déjà parlé. C'est une recherche très originale qui a eu un résultat positif: oui, effectivement, les obstacles non tarifaires, soit d'est en ouest, soit du nord au sud, contribuent au fait que, depuis peut-être 20 ans maintenant, le Canada recule dans le classement international en matière de production par travailleur. C'est une recherche intéressante que vous souhaiterez peut-être consulter.
La troisième étude, à laquelle je vais consacrer une ou deux minutes, vu que j'en suis un des auteurs, s'intitulait Opportunity Begins at Home et mettait notamment l'accent sur les exportations de services et sur ce que nous pouvons faire pour stimuler ces exportations au Canada.
Les faits datent à présent d'un ou deux ans, mais expliquent, selon moi, une tendance à long terme. Les exportations de service représentent 13 p. 100 environ des exportations du Canada, alors que le secteur des services représente 70 p. 100 de l'économie du pays. Comment le Canada se classe-t-il par rapport à d'autres pays? Et bien, pour le Royaume-Uni, les services représentent un tiers de toutes les exportations, 34 p. 100. Pour les États-Unis, ils représentent 28 p. 100 des exportations. Même pour une autre économie de ressources naturelles, comme l'Australie, que nous utilisons souvent comme point de référence, vu que c'est un pays de taille similaire au Canada ayant énormément de ressources naturelles, les services constituent 22 p. 100 des exportations. Autrement dit, l'exportation de services est de 50 p. 100 à 60 p. 100 plus élevée en Australie qu'au Canada.
Nous nous sommes efforcés de sonder les raisons du phénomène et, au bout du compte, avons identifié trois facteurs qui expliquent les résultats peu reluisants du Canada en matière d'exportation de services. Cela se rattache directement, Bob, à vos observations sur les services de gestion; mais cela pourrait aussi s'appliquer à tout un ensemble de choses, de la gestion des systèmes de soins de santé aux services financiers, en passant par la vente au détail.
Nous avons donc retenu trois facteurs. Le premier était le besoin criant d'une réforme interne. L'existence d'obstacles, la balkanisation de notre économie nationale et la mollesse du processus d'élimination des obstacles, malgré l'adoption de l'Accord sur le commerce intérieur, il y a maintenant 13 ans, inhibent véritablement nos exportations de services. Nous avons examiné la situation dans divers secteurs (secteur financier, éducation et transports) et constaté combien l'existence d'obstacles interprovinciaux nuit à la capacité des prestataires de services canadiens à atteindre une échelle idéale.
Le deuxième facteur se rattachait à la politique en matière d'échanges et au fait que la ronde de Doha a désormais échoué, qu'elle est au point mort. Les services représentaient une petite part de ces négociations. En fait, la communauté internationale des échanges commerciaux a beaucoup de mal à réduire les obstacles au commerce des services dans le monde. La tendance est de conclure des accords bilatéraux ou réciproques. Or ce n'est pas ainsi que nous procédons pour le libre-échange des produits. La mondialisation des échanges de services progresse donc à tout petits pas. Le Canada ne pouvant accéder à d'autres marchés, il n'est pas étonnant que nos exportations de services aient été entravées.
Le troisième facteur est lié à la promotion des échanges. Je pense que la stratégie mondiale annoncée par le gouvernement ces derniers mois est un pas dans la bonne direction. Mais la promotion des échanges est seulement un volet d'une stratégie qui devrait commencer par des réformes internes, au Canada, pour permettre à nos services d'atteindre une échelle qui soit compétitive au niveau international. C'est après cela seulement qu'on peut aller de l'avant, en combinaison avec l'accès aux marchés, qui est vraiment essentiel au succès dans l'exportation des services.
Messieurs et mesdames les membres du comité, vous avez ainsi une petite idée du type de travaux que nous avons menés sur l'économie des services et la façon dont le Canada pourrait être plus compétitif, tant dans les échanges de services que dans la prestation de services au pays.
:
C'est sur le plan politique que j'attaquerai d'abord la question. Certaines compétences, certaines entreprises et certains particuliers qui sont avantagés par la protection de leur propre marché. Ainsi, même si c'est un avantage pour l'économie du Canada en matière de productivité, même si c'est un avantage pour les consommateurs qui pourraient peut-être trouver des prix plus avantageux, c'est un de ces cas classiques où l'intérêt de quelques-uns nuit à l'intérêt plus modeste de la majorité.
C'est un aspect essentiel de ce que vous faites tous ici: essayer de décider comment parvenir à un juste équilibre, comprendre qu'il y aura des perdants et voir si vous êtes prêts à les indemniser, même si beaucoup d'entre nous avons tout à gagner à une réduction de ces obstacles.
Il y a eu un certain progrès. Les obstacles aux marchés publics ont été éliminés par l'AIT. Vous pouvez désormais acheter du vin de Colombie-Britannique dans un magasin des alcools de l'Ontario et du Québec, ce qui n'était pas le cas il y a 10 ans. Mais c'est sans doute autour des services professionnels qu'il existe le plus d'obstacles. Il y a encore dix normes différentes pour les titres de compétences professionnelles. On peut être amené à se poser des questions profondes sur les compétences d'une infirmière, qui suffisent en Colombie-Britannique, mais pas en Alberta, au Québec ou en Ontario.
Cela tient beaucoup à une volonté politique. Regardez l'accord conclu entre la Colombie-Britannique et l'Alberta, le TILMA. Il montre qu'il est possible de trouver la volonté politique, le courage de réaliser des progrès. J'ai observé avec beaucoup d'intérêt les efforts acharnés déployés par le premier ministre Campbell pour convaincre les autres premiers ministres des provinces, et leur peu de succès.
Ce n'est pourtant pas sorcier. On sait très bien comment réaliser des progrès dans ce domaine. Je suis particulièrement frappé par les progrès réalisés à pas de géant par les Européens, lors de la constitution de l'Union européenne. Ils ont élaboré une norme européenne commune sur tout, des fromages aux services d'experts-conseils. Pendant ce temps, le Canada en reste au modèle des années 1940 et 1950, avec une économie nationale balkanisée.
Pour les produits, on ne peut pas dire que les obstacles soient majeurs. On mentionne parfois le fait que la margarine du Québec doit être d'une couleur différente. Ce n'est pas grand chose. Par contre, quand on en arrive au transport des marchandises et qu'il faut décharger un camion d'une province et mettre les marchandises sur un autre camion dans une autre province, il y a de profondes irrationalités nuisant au fonctionnement efficace de l'économie de notre pays.
Mais c'est dans le domaine des services professionnels et des normes qu'existent les plus gros obstacles.
:
En fait, je vais publier dans le numéro de fin d'année du
Canadian Business Magazine un article à ce sujet.
En bref, nos prévisions pour l'économie canadienne pour la nouvelle année sont un peu plus positives, un peu plus optimistes que les autres, en raison de la très forte croissance du revenu que l'on constate au Canada, et qui dans une grande mesure compensera la perte de la croissance des exportations issue des problèmes que connaissent actuellement les États-Unis. Même dans les provinces du centre, nous estimons que l'Ontario et le Québec peuvent obtenir des taux de croissance qui pourraient atteindre 2,5 p. 100 en 2008. Mais ces taux de croissance ne sont pas aussi élevés qu'ils pourraient l'être. C'est mieux toutefois que ce que l'on a vu au cours de la dernière année ou des 18 derniers mois, et c'est grâce à une forte croissance du revenu réel et aux réductions d'impôt qui ont été appliquées partout, qui ont eu pour effet d'augmenter le pouvoir d'achat des consommateurs. Ce taux de croissance pourrait être un peu supérieur à ce que l'on verra ailleurs — plus fort dans les provinces de l'Ouest, plus faible dans les provinces de l'Atlantique, pour vous donner une idée.
Le tourisme est un secteur qui est triplement frappé par la hausse du dollar, le ralentissement de la consommation aux États-Unis et les questions de sécurité. Nous n'avons pas pu réaliser d'autres progrès dans le dossier de l'ouverture de la frontière. Les États-Unis augmentent constamment leurs exigences en matière de sécurité. Le secteur du tourisme est très durement touché par des mesures comme l'initiative de transport de l'hémisphère occidental.
La réduction dans l'accueil des touristes étrangers est légèrement compensée par une croissance assez forte du tourisme intérieur, mais le nombre des visiteurs étrangers a diminué de 20 p. 100 par rapport à ce qu'il était avant les événements du 11 septembre, et cela laisse un large manque à gagner, puisque le consommateur américain se sent actuellement un peu assiégé en raison de l'écroulement du marché de l'habitation. Il vient au Canada pour découvrir que les prix sont les mêmes que chez lui. Le tourisme traverse donc une période très difficile actuellement.
Il y a toutefois quelques lueurs d'espoir dans ce sombre tableau, puisque la population américaine vieillit et qu'en vieillissant, les touristes sont moins attirés par les endroits exotiques. Ils préféreront probablement visiter le Canada plutôt que les jungles du Brésil. Mais c'est le seul facteur positif dans la situation très difficile du tourisme.
Il en va à peu près de même dans le secteur forestier. L'année 2007-2008 a été très difficile pour les produits forestiers, les pâtes et papiers.
Il en va de même pour le secteur de l'automobile en raison d'une chute de la demande aux États-Unis jointe à la parité du dollar.
Nous faisons une analyse centrale. Nous faisons aussi des prévisions détaillées pour 16 secteurs, et j'ai choisi les trois ou quatre qui seront confrontés aux plus grandes difficultés en 2008.
:
Vous comparez des choses bien différentes.
L'avantage comparatif de la Chine, sur le marché mondial, est ce que j'appelle la main-d'oeuvre normalisée, les processus normalisé. En Chine, on peut trouver des gens qui savent lire et écrire, qui savent compter dans une certaine mesure, et on peut leur donner la formation pour des emplois de base du secteur manufacturier, comme on en trouvait au Canada il y a probablement 50 ans. Notre créneau, sur le marché international, se situe plutôt à mon avis dans la production très spécialisée, dans des créneaux commerciaux dans lesquels nous sommes en mesure d'ajouter énormément de valeur.
Différentes catégories d'emplois ont été transférés du Canada et des États-Unis vers l'Asie, au cours des 20 dernières années. Le secteur du vêtement au Québec en est un bon exemple. On voit ce qui se produit pour les ouvriers qui fabriquent des choses de base qui peuvent être reproduites très facilement en Chine — ces emplois ont disparus. Les entreprises qui ont réussi sont des sociétés comme Perlis ou les fabricants de vêtement spécialisés, qui ont trouvé un moyen de fabriquer des produits à forte valeur ajoutée au Canada.
J'irai même plus loin. Que s'est-il produit? En tant qu'économiste, j'ai eu une grande idée. Il y a cinq ans environ, j'ai lancé l'appellation de commerce intégratif. J'ai essayé d'expliquer que dans le monde moderne du commerce, on ne prend pas des produits dans le pays A pour les vendre dans le pays B. Le commerce est maintenant une activité intégrée qui rassemble des investissements, des importations, des exportations, des services et des ventes à partir de sociétés étrangères affiliées — le tout faisant partie de ce dont les entreprises ont besoin pour être concurrentielles sur le marché international.
De plus en plus, les fabricants de vêtement dont les bureaux sont encore à Montréal, par exemple, continueront de mener à Montréal leurs activités de recherche, de développement et de conception; leurs ventes, leur marketing — toutes les activités financières demeureront au Canada. Elles auront confié une petite partie de leurs opérations, c'est-à-dire la fabrication elle-même, à des usines étrangères qui se trouveront au Costa Rica, en République dominicaine ou en Chine.
C'est ce que l'on constate partout dans le commerce international. À l'heure actuelle, nous faisons une étude dans laquelle nous essayons de mesurer ce que nous appelons le commerce invisible du Canada avec l'Asie, puisque les statistiques officielles sur le commerce que nous obtenons de Statistique Canada ou d'Industrie Canada ne montrent qu'une petite partie de ce qui se fait vraiment, si l'on creuse un peu la question.
L'exemple le plus concret en est le iPod. Nos enfants achètent des iPods. Ces appareils se vendent pour 300 $ environ en magasin. Si vous démontez un iPod et essayez de voir où, dans les faits, tout le travail a été fait... La boîte du iPod porte la mention « Fabriqué en Chine », mais 2 p. 100 de la valeur du iPod vient de la Chine. Une autre part de 30 p. 100, 35 p. 100 ou 40 p. 100 vient d'autres pays d'Asie, là où ont été fabriquées les pièces qui ont été expédiées en Chine pour être assemblées, mais la moitié de la valeur vient en fait des États-Unis. C'est de là que vient toute la partie cérébrale, la conception, le progrès technologique, la publicité, et c'est là que son recueillis les bénéfices.
Votre comparaison entre le Canada et la Chine est donc un point de départ intéressant, mais nous en sommes à des étapes très différentes au sein de la chaîne de valeurs mondiales. Le défi, pour nous, est de voir comment nous pouvons orienter les ouvriers de la fabrication de base vers des fonctions situées plus haut dans cette chaîne — comment on peut en faire des experts-conseils en gestion, à vrai dire, car c'est là que l'argent se trouve.
Monsieur Hodgson, vous avez dit que vous êtes actuellement en train de travailler sur des propositions de réforme fiscale. Vous avez aussi dit que, selon vous, il est plus logique, du point de vue de la compétitivité et de l'économie, de fonder une assiette fiscale sur la consommation plutôt que d'imposer les recettes ou les revenus des particuliers ou des sociétés.
J'aimerais que vous nous donniez des conseils supplémentaires sur le type de réforme fiscale qu'il faut entreprendre au Canada. La dernière vraie réforme fiscale date de 1971, après la Commission Carter. Depuis ce temps, il n'y a pas vraiment eu de réforme fiscale significative, outre la création de la TPS.
D'autres pays, comme l'Irlande, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les Pays scandinaves, la Suède et les Pays-Bas, ont réalisé des réformes fiscales massives pour attirer davantage les capitaux et le talent, qui sont tous deux plus mobiles aujourd'hui qu'ils ne l'ont jamais été à l'échelle mondiale.
J'aimerais que vous nous parliez un peu plus du type de réforme fiscale que nous devrions envisager, de même que de la façon dont nous devrions procéder à l'écologisation de notre régime fiscal. Dans le milieu des affaires, un consensus mondial a été établi: peu importe que l'on soit d'accord ou non avec les données scientifiques entourant les changements climatiques, peu importe si on appuie Kyoto et son cadre de référence ou non, les pays vont attribuer un prix au carbone par le truchement de taxes sur le carbone et, peut-être, en imposant sur les importations des autres pays des tarifs douaniers sur le carbone.
Il s'agira donc d'une situation généralisée qui se fera sentir, et on a généralement l'impression que si on n'a pas une longueur d'avance du point de vue environnemental, on se fera distancer du point de vue économique une fois que le carbone aura son prix.
J'aimerais savoir ce que vous pensez au sujet d'une réforme fiscale, mais j'aimerais également savoir si nous devons procéder à l'écologisation de notre régime fiscal en prenant des mesures préventives et en attribuant un prix au carbone.
:
Nous n'avons pas terminé nos recherches, mais je peux vous parler de deux domaines précis avant de vous donner une réponse plus générale. Les deux éléments sur lesquels nous avons plus ou moins établis un consensus...
Des chercheurs de qualité travaillent au Conference Board, mais nous demandons également à des spécialistes reconnus de partout au pays de lire nos documents. Par exemple, nous avons établi une opinion au sujet des recettes des municipalités, ce dont on parle rarement sur la Colline parlementaire, toutefois, les municipalités constituent le partenaire manquant de la Constitution.
Nous pensons qu'il est temps de donner aux villes canadiennes accès à un genre de taxe pour la croissance, mais il faudra que cela soit différent d'une province à l'autre. Vous comprendrez notre point de vue, et vous verrez qu'il y a d'autres éléments, comme le transfert de différents services au niveau provincial ou fédéral, pour renverser la dévolution qui s'est produite pendant les années 90, lorsque nous tentions de régler le problème financier aux niveaux provincial et fédéral. Voilà la première chose.
Deuxièmement, je pense aussi qu'il faut trouver une façon de mettre un prix sur le carbone. Au cours des 40 ou 50 prochaines années, le défi consistera à établir ce que les économistes appellent la déséconomie externe; il faudra mettre un prix sur les effets négatifs liés à la création de la richesse. Nous avons oublié de mettre un prix sur les éléments négatifs.
Pour ce faire, nous n'avons que deux options. On peut établir des limites et des plafonds, puis permettre aux entreprises de s'échanger des permis afin de fixer le prix du carbone, ou encore adopter une taxe sur le carbone, une taxe écologique ou une combinaison des deux. En fait, selon la documentation, une partie du défi que devront relever les chercheurs consistera à trouver la meilleure façon de procéder.
J'espère que nous saurons mieux, au début de l'année prochaine, comment lier les plafonds et les échanges, en particulier pour les principaux émetteurs, de même que les taxes écologiques tous ensemble. Par la suite, il faudra bien entendu relever le défi politique: convaincre les Canadiens que ce sera une bonne chose à long terme.
Plus tôt, j'ai parlé de l'harmonisation des taxes de ventes. Je pense que nous aurons des idées à ce sujet et sur la façon d'établir des liens entre la recherche économique sur la productivité et l'assiette fiscale fondamentale, c'est-à-dire l'équilibre entre les impôts sur le revenu et les taxes à la consommation; nous pourrons également faire entrer l'impôt sur le revenu des sociétés dans l'équation.
:
Premièrement, nous croyons que les États-Unis vont éviter une récession de justesse. Selon nos prévisions concernant les États-Unis, ce pays connaîtra une croissance d'environ 2,3 p. 100 l'an prochain car les exportations des États-Unis vont vraiment bon train. Nous prévoyons qu'il y aura suffisamment d'investissements à l'appui des exportations pour éviter une récession.
En réalité, la grande question, c'est celle de la compétitivité des fournisseurs canadiens de services. Il aura tout un défi à relever. Nous venons de prendre un nouveau virage. En raison des prix des marchandises et du fait que la valeur de nos devises suit de tellement près les prix mondiaux de l'énergie ainsi que les prix des autres produits comme l'or par exemple, et toute une panoplie de choses, nous venons de prendre un nouveau virage.
La Chine n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres. L'exportation de nos services en Chine représentent probablement une part minime. Cela est l'un des éléments que nous essaierons de cerner moyennant une nouvelle recherche au sujet des lacunes dans notre commerce avec l'Asie.
Toutefois, votre question était d'un ordre plutôt général. En effet, les exportateurs de services ont des problèmes structurels parce qu'ils chiffrent leurs coûts en dollars canadiens. Nous nous payons en dollars canadiens, nous nous approvisionnons au Canada, et notre revenu arrive sous la forme de devises étrangères à un moment où notre devise est forte.
Alors vraiment c'est un changement fondamental, et je ne pense pas qu'il existe de solution magique. Les fournisseurs de service doivent s'interroger pour savoir comment améliorer leur efficacité, comment augmenter leur productivité, ou bien encore comment avoir un vrai pouvoir d'imposer les prix en se spécialisant dans certains domaines.
Tout compte fait, je crois qu'il s'agirait essentiellement de cesser d'accepter passivement les prix, de ne plus subir les fluctuations des prix mondiaux, car il faut maintenant développer des connaissances spéciales qui nous permettront d'imposer nos prix. On peut raisonnablement demander 300 $ de l'heure si on est en mesure de fournir un service très spécialisé.
:
Cela fait longtemps que nous menons des recherches sur l'environnement au Conference Board. Nous avons une série de réseaux où nous réunissons les experts pour parler des meilleures pratiques.
Notre point est le suivant, et je vais m'inspirer du mémoire que j'ai préparé au printemps pour nos membres.
Tout d'abord, le Conference Board n'appuie pas Kyoto sans réserve. Nous ne croyons pas que c'était une bonne entente parce qu'elle n'était pas inclusive. Elle n'incluait pas tous les producteurs des gaz à effet de serre dans le monde entier. Il y en avait qui s'en sortaient indemne. Les États-Unis n'ont pas ratifié le protocole, mais la Chine et l'Inde étaient également exclus. Le niveau de production de gaz à effet de serre de la Chine est actuellement presqu'aussi élevé que celui des États-Unis, et il va être encore plus élevé très bientôt. Or, une entente qui n'est pas globale et qui permet à certains de se défiler n'est pas particulièrement bénéfique.
Pendant ma carrière, j'ai eu l'occasion de négocier au nom du gouvernement du Canada une série d'ententes internationales sur des sujets très vastes. Je vois donc vraiment de très graves défauts dans l'entente de Kyoto, et je ne suis pas spécialement inquiet du fait que le Canada n'ait pas pris de mesures dans le sens de Kyoto.
Cela dit, de quoi avons-nous besoin? Nous avons maintenant besoin d'une entente globale. Il est clair que nous devons faire des progrès et que toutes les parties qui sont de grands émetteurs de gaz à effet de serre doivent être incluses dans une entente internationale.
Le deuxième élément est que nous avons besoin de cibles atteignables. Ça ne sert à rien de revenir à 1990. Nous devons regarder vers l'avenir. Je pense qu'il y a de plus en plus un consensus scientifique pour dire qu'il faut trouver le moyen de réduire émissions les gaz à effet de serre de 50 à 80 p. 100 d'ici 2050. Voilà donc l'état final. Ensuite il faut établir des balises tout au long de la route.
Je m'en remettrais à un organisme américain que je trouve très intéressant et qui s'appelle le United States Climate Action Partnership, ou USCAP. Il s'agit d'une organisation qui regroupe exclusivement le secteur privé et les groupes environnementaux aux États-Unis. Les sociétés radicales comme GE, GM et DuPont en sont membres, et elles travaillent maintenant avec le Congrès américain pour essayer de jeter les bases d'un plan américain pour pouvoir aller de l'avant.
Troisièmement — et M. Brison en a parlé — le prix du carbone doit être établi en fonction de ces cibles crédibles.