:
Je déclare ouverte la 47
e séance du Comité permanent de l'Industrie, des sciences et de la technologie.
Chers collègues, avant d'écouter nos témoins, je vous propose cinq minutes de questions administratives. Une réunion de sous-comité s'est tenue hier soir, et nous avons convenu de trois choses. Je vais vous en faire part.
En outre, il faudrait que quelqu'un propose l'adoption de la demande de budget de déplacement pour que le comité se rende à Waterloo, à Toronto, à Montréal, à Sydney et, éventuellement, à Halifax, Boston et Washington dans le cadre de notre étude sur les sciences et la technologie. Vous devriez avoir un exemplaire du budget devant vous. Le sous-comité y a donné son accord. Il faudrait donc que quelqu'un le propose maintenant au Comité principal.
Je vais maintenant vous indiquer les trois sujets dont le sous-comité a convenu, à savoir que le Comité se rende à Toronto, à Waterloo, à Montréal, à Sydney, à Boston et à Washington; nous allons aussi essayer d'aller à Halifax, mais nous irons sans faute à Sydney. C'est prévu pour la période du 15 au 19 septembre 2008; nous visiterons différents sites et nous entendrons des témoignages dans le cadre de l'étude sur les sciences et la technologie au Canada.
Deuxièmement, il a été convenu que le Comité siégerait afin de recevoir des témoignages sur le les 7, 9 et 21 et 23 octobre 2008.
Troisièmement, il a été convenu que le Sous-comité sur le prix du pétrole et du gaz et des autres produits énergétiques siégerait le mercredi 27 août pour entendre deux groupes à raison de deux heures par groupe, et qu'on organise au besoin d'autres séances.
Le rapport du sous-comité est-il adopté?
(La motion est adoptée [Voir le Procès-verbal])
:
D'accord. Merci, chers collègues.
Nous passons maintenant à l'ordre du jour. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, il s'agit d'une étude sur l'état actuel de l'industrie touristique au Canada.
Nous accueillons aujourd'hui trois organismes, dont deux ont des représentants ici présents et un troisième que nous allons joindre par vidéoconférence. Tout d'abord, le Conseil des aéroports du Canada est représenté par son président et chef de la direction, M. Jim Facette, qui est accompagné du directeur des communications, M. Daniel-Robert Gooch. Deuxièmement, la Commission canadienne du tourisme est représentée par sa présidente-directrice générale, Mme Michele McKenzie, et par le président du conseil d'administration et du comité directeur, M. Steve Allan.
Est-ce que vous êtes à Vancouver?
:
Merci, monsieur le président, et bonjour à tous. Je vous remercie de nous permettre de nous adresser à vous aujourd'hui dans le cadre de votre étude sur l'état actuel de l'industrie touristique au Canada. Le temps nous est compté, et je serai bref.
Le Conseil des aéroports du Canada est le porte-parole des aéroports canadiens. Nos membres assurent 95 p. 100 du trafic passagers et 100 p. 100 du trafic marchandises. Vous comprenez donc que le tourisme est important pour les aéroports canadiens. En tant que porte d'accès aux collectivités qu'ils desservent, les aéroports canadiens jouent un rôle fondamental dans la promotion du tourisme au Canada. Nous sommes un élément clé de la chaîne des valeurs du tourisme au Canada. Nos aéroports sont la porte d'entrée au Canada et dans les collectivités desservies. Nous sommes un élément important de l'expérience touristique au Canada.
Pour que le Canada soit concurrentiel dans le domaine du tourisme, il faut que chaque maillon de la chaîne des valeurs soit concurrentiel, efficace et axé sur la clientèle. Dans le monde aéroportuaire, notre compétitivité dépend de trois éléments clés, à savoir la compétitivité au niveau des coûts, l'accès au transport aérien, et les services frontaliers. Les aéroports canadiens ont besoin d'un climat commercial compétitif pour faire face à la concurrence.
Ce matin, Air Canada a annoncé une réduction de 7 p. 100 de sa capacité de transport pour les mois d'hiver à venir. Air Canada signale qu'en plus des prix du carburant particulièrement élevés, les transporteurs canadiens doivent supporter des taxes d'accise fédérales et provinciales sur le carburant, des frais de sécurité et de lourdes charges aéroportuaires, qui résultent en grande partie d'une politique des loyers aéroportuaires dont l'utilité est révolue.
Pour fonctionner dans un climat commercial compétitif au niveau des coûts et pour offrir un produit compétitif, il nous faut un gouvernement fédéral qui considère l'aviation comme un moteur économique et non pas comme un secteur d'activité qu'il peut taxer à loisir. Les aéroports du Canada ont investi plus de 9,5 milliards de dollars pour mettre les infrastructures aéroportuaires à niveau depuis que les aéroports ont été cédés aux autorités locales qui en assurent l'exploitation. Nos membres payent près de 300 millions de dollars de loyer par an. Depuis le transfert, les loyers payés au gouvernement fédéral ont dépassé la valeur marchande initiale des aéroports, puisque les membres de notre conseil ont versé plus de 2,5 milliards de dollars de loyer. La formule de loyer remaniée en 2005 a réduit le loyer versé par neuf aéroports canadiens, mais elle n'est pas allée assez loin. Elle applique un pourcentage du revenu brut sur une échelle progressive, indépendamment de la taille de l'aéroport. Pour contextualiser la formule, l'autorité aéroportuaire du Grand Toronto doit verser 12 p. 100 de loyer sur chaque dollar de revenu au-delà de 250 millions de dollars. Son chiffre d'affaires est de 1,1 milliard de dollars. Faites le calcul.
L'élimination des loyers aéroportuaires profiterait à tout le monde. Des aéroports procurent des recettes au Trésor fédéral grâce à la création d'emplois directs et indirects, et ils attirent des touristes et des investissements. Les aéroports du Canada se sont engagés à faire bénéficier leurs usagers, c'est-à-dire les compagnies aériennes et les passagers, des économies résultant d'une diminution des loyers.
L'accès au transport aérien constitue un autre pilier important de la compétitivité. C'est une notion fort simple. Tout le monde souffre de l'impossibilité de se déplacer d'un point A à un point B. Pour les aéroports, cela signifie que le Canada a besoin de meilleurs accords de service aérien. Ces accords sont meilleurs s'ils sont de type ciel ouvert, ce qui signifie un accès illimité des transporteurs entre deux États. Les pourparlers actuels avec l'Union européenne sont essentiels à un élargissement de notre base touristique en Europe.
Rien de tel que les longues files d'attente aux services frontaliers pour laisser une mauvaise impression aux touristes. L'accueil aux services frontaliers et la disponibilité des douaniers sont des éléments essentiels. Actuellement, nous n'avons pas suffisamment d'agents pour répondre à la demande dans les aéroports canadiens. Que ce soit dans les petits aéroports ou à Toronto, le Canada a besoin d'un plus grand nombre d'agents dans les aéroports. Nous utilisons Nexus, qui a apporté une grande amélioration, mais les touristes ne sont pas tous membres des programmes destinés aux voyageurs de confiance. En obligeant les aéroports à payer pour les services rendus en dehors des heures de grand affluence, on ne fait qu'alourdir leurs coûts de fonctionnement.
Grâce à leur collaboration avec les secteurs locaux et provinciaux du tourisme, les aéroports canadiens assurent aujourd'hui une promotion active de leurs localités aux États-Unis et à l'étranger. Ils participent à des foires commerciales de transport aérien, ils rencontrent les transporteurs du monde entier et font la promotion du Canada en tant que destination touristique. Nous avons besoin de politiques fédérales qui motivent les touristes à venir en plus grand nombre, et non de mesures qui nuisent à notre compétitivité.
En conclusion, nous pressons votre comité de recommander l’élimination des loyers aéroportuaires, de préconiser les accords de services aériens de type « ciel ouvert » et de demander que l’on augmente le nombre des agents frontaliers dans les aéroports.
Monsieur le président, je vous remercie.
Le rôle de la Commission canadienne du tourisme est de promouvoir et `de vendre le Canada comme destination touristique dans neuf pays à travers le monde. En commercialisant le Canada d’une façon qui nous démarque de nos concurrents, la CCT vise à soutenir la compétitivité de l’industrie canadienne du tourisme.
Notre stratégie a pour objectif d’attirer des visiteurs internationaux et notre but ultime est de continuer d’accroître les recettes provenant des touristes étrangers au pays. Nous travaillons en collaboration avec des organismes de marketing provinciaux et territoriaux, l’industrie du tourisme et nos partenaires du gouvernement fédéral — par exemple, Parcs Canada et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international — sous une seule bannière, celle de la marque touristique canadienne. Nous pouvons ainsi concentrer nos efforts et faire en sorte que les touristes du monde entier aient un avant-goût uniforme et convaincant de ce qui les attend en vacances au Canada.
C’est uniquement en travaillant en collaboration les uns avec les autres que nous arriverons à surmonter le plus important obstacle auquel se heurte le Canada à titre de destination touristique: la concurrence internationale. Permettez-moi d’élaborer. Autrefois réservés à la classe privilégiée, les voyages en avion sont désormais un mode transport en commun utilisé par quatre milliards de passagers par année. L’accès au transport aérien a élargi l’éventail touristique et incité davantage de pays à participer au jeu du marketing des destinations. En 1950, la part du marché mondial des 15 principaux pays était à hauteur de 97 p. 100. Aujourd’hui, les 15 principaux pays n’en détiennent plus que 57 p. 100, et ce pourcentage ne cesse de diminuer. Le Canada, qui occupait autrefois la deuxième place mondiale pour les arrivées, ne figure même plus parmi les dix principaux pays.
Les prévisions ne sont pas beaucoup plus encourageantes pour les destinations traditionnelles internationales, parmi lesquelles figurent aussi le Canada. D’ici 2020, l’Europe et les Amériques atteindront à peine un milliard d’arrivées internationales. Ensemble, l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient atteindront 1,6 milliards de visiteurs. Mais ces chiffres ne nous affectent pas. Au contraire, ils stimulent nos ambitions.
Le Canada a dû livrer une lutte féroce pour décrocher sa part des 800 milliards de dollars que les consommateurs du monde entier ont dépensé en voyages l’an dernier. Cet effort a permis à l’industrie touristique canadienne d’encaisser 70,2 milliards de dollars de recettes en 2007. Près du quart de ces recettes, soit environ 16,6 milliards de dollars, provenaient de touristes internationaux qui, du coup, ont injecté de nouvelles sommes d’argent dans l’économie. Le Canada se retrouve ainsi au 11e rang pour ce qui est des dépenses totales des voyages internationaux effectuées dans notre pays.
Confronté à tant de pressions concurrentielles et à la complexité du marché, le Canada peut heureusement compter sur la Secrétaire d’État (Petite Entreprise et Tourisme) et sur un organisme national de commercialisation du tourisme. La décision du gouvernement de nommer une Secrétaire d’État (Petite Entreprise et Tourisme) illustre l’importance que revêt le secteur touristique pour le Canada et sa croissance économique. Cette nomination nous réjouit et nous l’apercevons comme un signe favorable pour l’avenir du tourisme canadien.
Nous avons récemment tenu une retraite du conseil d’administration afin de revoir la stratégie de marketing de la CCT. Nous en avons profité pour examiner les défis concurrentiels qu’il nous faut relever et pour discuter des reculs subis par certains de nos marchés internationaux. Comme en témoignent les résultats du rapport de l’AITC, le conseil d’administration a identifié la concurrence mondiale et l’accès au transport aérien comme étant des facteurs de risque.
Pour rester concurrentiels à l’échelle mondiale, il nous faut assurer une solide présence du Canada tout entier et être suffisamment alertes pour réagir aux constants changements de cet environnement. Nous sommes d’avis que la Commission canadienne du tourisme a adopté la bonne stratégie, non seulement pour veiller à ce que le Canada soit un concurrent à l’échelle mondiale, aujourd’hui et demain, mais aussi pour garantir que notre part actuelle de ce marché ne cesse d’augmenter. Nous veillons à ce que le Canada soit en phase avec les attentes de la clientèle et qu’il se distingue comme un endroit unique en son genre à visiter.
Notre objectif est d’obtenir le meilleur rendement possible des sommes que nous investissons en marketing. Nous concentrons nos efforts sur des pays qui représentent un vaste bassin de clients susceptibles de séjourner plus longtemps au Canada et d’y dépenser plus d’argent. Notre stratégie bénéficie du solide appui de nos partenaires, et certains indices nous portent à croire que cette approche collective fonctionne. Les recettes en provenance des marchés d’outre-mer ont augmenté de 200 millions de dollars pour se chiffrer à 7,1 milliards de dollars en 2007. Les dépenses par visiteur et par nuit ce sont chiffrées à 122,05 $ l’an dernier, en hausse par rapport au 113 $ de 2006. Et l’an dernier la CCT s’est classée parmi les dix meilleurs spécialistes du marketing au Canada.
En ce qui concerne le soutien des partenaires, nos programmes de marketing ont reçu les contributions maximales autorisées. Le montant total des contributions des partenaires s’est élevé à 89,6 millions de dollars.
Enfin, les arrivées de visiteurs sont en hausse dans sept des neuf marchés internationaux avec lesquels nous faisons affaire. Malheureusement, deux de nos principaux marchés éprouvent à l’heure actuelle des difficultés: le Japon et les États-Unis. L’an dernier, le volume des visiteurs japonais a chuté de 14,6 p. 100 pour s’établir à 310 400 visiteurs. Mais ce marché n’en reste pas moins notre marché outre-mer le plus rentable.
La CCT a adopté des mesures énergiques afin de modifier son approche et de susciter une reprise qui, je me permets de l'ajouter, échappe encore elle aussi à nos concurrents. Il est fort à prévoir qu'il nous faudra tous relever ce défi tant que la baisse du pouvoir d'achat du Japon continuera à inciter le marché à adopter des destinations moins éloignées, à l'avantage de pays comme la Thaïlande, qui a connu une hausse de près de 100 p. 100 des arrivées en provenance du Japon.
Aux États-Unis, la situation est beaucoup plus complexe, étant donné que les visiteurs peuvent entrer au Canada par avion ou en voiture. Les plus récentes statistiques de cette année indiquent que le marché américain est en baisse de 3,5 p. 100. L'an dernier, l'ensemble du marché affichait une baisse de 3,7 p. 100 en fin d'année. Nous reconnaissons que les temps sont difficiles pour les intervenants de notre industrie qui misent avant tout sur les visiteurs en provenance des États-Unis. Même si nous continuons à connaître de très bons résultats sur plusieurs autres marchés, les États-Unis demeurent notre marché international le plus important. Ils représentent environ 54 p. 100 des recettes touristiques que reçoit le Canada de tous les marchés internationaux.
Étant donné que nos partenaires des provinces et des territoires concentrent déjà leurs efforts de marketing sur les États longeant la frontière avec le Canada, la stratégie de la CCT vise à attirer des Américains plus fortunés qui arrivent généralement au Canada par avion. Sous cet angle, les dépenses associées aux voyages d'agrément effectués par les Américains au Canada ont en réalité augmentées depuis 1996, passant de 3,9 à 5,5 milliards de dollars l'an dernier. Ce chiffre atteint 7,1 milliards de dollars si l'on tient compte du rendement du marché des réunions d'affaires, des congrès et des voyages de motivation des Américains au Canada.
Le nombre de voyageurs qui se rendent au Canada en avion pour un voyage d'agrément d'une nuit ou plus a augmenté de presque 788 000 depuis 1996, alors que le nombre de voyage d'une nuit ou plus effectué en voiture a baissé de 398 000 pour cette même période. La baisse du nombre de touristes arrivant au Canada en voiture peut être attribuée à divers facteurs. Principalement au climat actuel d'incertitude économique qui a fait chuté la confiance des consommateurs à son plus bas niveau depuis 30 ans. Sans compter, bien entendu, la faiblesse du dollar américain, qui a certainement plus de répercussions sur les visiteurs américains arrivant au Canada en voiture.
:
J'en ai encore pour une minute environ.
Les autres causes de la diminution comprennent, évidemment, l'augmentation du prix de l'essence et la confusion qui persiste à l'égard des documents officiels requis pour rentrer aux États-Unis. Les passeports, l'incertitude économique, la hausse du prix de l'essence et la baisse du pouvoir d'achat sont tous des facteurs déterminant qui pourraient inciter les Américains à rester aux États-Unis plutôt que de venir au Canada en avion.
Les consommateurs américains ciblés par la CCT font moins attention à ces facteurs. La capacité aérienne est une source d'inquiétude pour tous les marchés, et pas uniquement pour le Japon ou les États-Unis. Pour une destination outre-mer comme le Canada, seul un bon vol au bon prix permettra d'affronter la concurrence. À cet égard, le Canada montre des signes de faiblesse. Par exemple, les vols directs entre la Corée du Sud et le Canada sont en pleine capacité en haute saison. En Australie, il nous faut maintenir le rythme avec la capacité aérienne garantie par nos concurrents. En dehors du Japon, le Canada constate que la disponibilité des sièges est plus limitée sur les vols directs pendant les mois achalandés du printemps et de l'été. Une fois encore, il s'agit d'un marché où la concurrence augmente sa capacité aérienne de façon agressive.
Pour conclure, j'aimerais ajouter que la Commission canadienne du tourisme possède la bonne stratégie et les bons partenaires pour commercialiser notre pays et le vendre dans neuf pays du monde entier. Il existe toutefois des questions de concurrence et de politique qui compliquent de plus en plus le défi de commercialisation du Canada dans le monde entier.
Si certains de ces problèmes étaient abordés, nous serions mieux en mesure d'affronter la concurrence à l'échelle mondiale. Ensemble, nous devons veiller à ce que la Commission canadienne du tourisme et l'industrie canadienne du tourisme soient dotées des bons outils pour affronter la concurrence mondiale actuelle.
Merci.
:
Merci, monsieur le président et honorables membres du comité.
Je suis accompagné de notre vice-président aux affaires publiques, Christopher Jones.
Tout d'abord, permettez-moi de remercier le Comité qui a bien voulu entendre nos vues sur l'état de l'industrie touristique au Canada. Vous le savez sans doute, l'AITC a publié un rapport sur la compétitivité du tourisme au Canada le 2 juin, et je crois qu'on vous a remis copie de notre rapport. Nous y affirmons que les difficultés qu'éprouve l'industrie sont très importantes et nécessitent une attention urgente, et c'est la raison pour laquelle nous sommes vivement reconnaissants au comité d'avoir accepté d'organiser cette rencontre et de se pencher sur ces difficultés sans tarder.
Globalement, le tourisme est un des principaux moteurs économiques, dépensant près de 800 milliards par an pour voyager partout dans le monde. Mais alors que le tourisme ailleurs dans le monde connaît une croissance annuelle d'environ 4 à 6 p. 100, le Canada est loin derrière, avec environ 2 à 3 p. 100. En outre, le déficit voyage du Canada — soit la différence entre ce que dépensent les visiteurs étrangers chez nous par rapport à ce que les Canadiens dépensent à l'étranger — a atteint un sommet historique de 10 milliards en manque à gagner pour 2007, situation qui s'est dégradée encore plus pendant le premier trimestre de 2008.
On assiste aussi à un déclin historique dans le nombre de visiteurs en provenance des États-Unis. Traditionnellement, plus de 80 p. 100 de nos visiteurs chaque année nous viennent des États-Unis, mais l'an dernier, le nombre d'Américains en visite a atteint son chiffre le plus bas depuis 35 ans que nous conservons ce genre de statistiques. On note aussi une stagnation dans le nombre de visiteurs nous venant d'autres pays, par exemple le Japon, alors que la croissance dans les autres pays a été modeste au mieux.
Alors que des difficultés externes, par exemple le 11 septembre, étouffent nos frontières, alors que la crainte d'une pandémie du genre SRAS perturbe les voyages à la surface de la planète, alors que la force du dollar canadien fait augmenter le prix de nos produits touristiques de 30 p. 100 en deux ans, ou alors que les prix des combustibles atteignent des sommets inégalés, il n'y a pas grand-chose que le gouvernement peut faire pour atténuer ce genre de phénomène.
Je vais vous expliquer franchement les difficultés que nous éprouvons. Le dollar canadien faible et le combustible bon marché masquaient par le passé bon nombre des difficultés structurelles qui minaient notre compétitivité comme destination mondiale. Le dollar plus élevé, le prix plus élevé du combustible et l'affaiblissement de l'économie américaine ont dévoilé les faiblesses de notre secteur. Je suis d'avis que l'attention excessive qu'on a portée à des événements médiatisés mais isolés n'ont fait que détourner notre attention des problèmes fondamentaux qui nuisent à notre industrie.
Le tourisme, c'est une industrie de 70 milliards de dollars au Canada, et 1,6 million de Canadiens en tirent leur gagne-pain, mais notre industrie a été traditionnellement négligée par les gouvernements. On a tendance à considérer le tourisme comme une source de recettes fiscales, mais on alourdit le fardeau de nos entreprises avec des coûts structurels et des mesures d'observation qui entravent sa compétitivité. Par exemple, on persiste à imposer des loyers aux aéroports, ainsi que des frais de sécurité, outre une taxe d'accise sur le carburant d'avion; et l'abolition brutale du Programme de remboursement aux visiteurs et son remplacement par l'onéreux Programme d'incitation pour congrès étrangers et voyages organisés illustre bien le problème. Rien que dans le secteur de l'aviation, nous estimons que le gouvernement fédéral impose au moins 800 millions de dollars par an en taxes punitives à cette industrie.
Dans notre rapport, nous signalons deux sources fondamentales de préoccupation: l'accès au Canada, et la visualisation des produits. Sous la rubrique accès au Canada, nous affirmons que les visiteurs doivent pouvoir atteindre le Canada aisément, traverser nos frontières sans difficulté et être ensuite en mesure de voyager au sein du Canada avec le plus d'aisance possible. Les visiteurs doivent également pouvoir repérer des options pour accéder au Canada et voyager dans le pays, qui sont bon marché et qui concurrencent d'autres destinations ailleurs dans le monde. Un bon exemple d'une concurrence inégale se trouve dans l'absence d'un accord sur le statut de destination approuvée avec la Chine, le marché étranger le plus prometteur du monde.
Outre l'amélioration de l'accès au Canada, il faut donner aux étrangers de bonnes raisons de venir chez nous. Il faut ici un effort concerté des secteurs privé et public pour faire en sorte que l'on présente de nouveaux produits, que les produits que nous offrons en ce moment soient de qualité mondiale. Il faut constamment améliorer ces produits afin de répondre aux tendances du marché et aux attentes de ces voyageurs modernes qui savent ce qu'ils veulent. Nous devons assurer davantage la visualisation des biens appartenant à l'État fédéral, par exemple le système de parcs nationaux et les musées, afin de les rendre attirants et dignes de visites répétées.
Les autres pays ont compris que le tourisme pouvait devenir un moteur incroyable de l'économie, et ils y investissent le temps, l'énergie et les crédits voulus pour faire en sorte que leur destination soit attrayante et inspirante. On ne peut plus tabler sur les avantages que nous donnaient un dollar plus faible, des prix avantageux pour le combustible et une économie américaine florissante, toutes choses qui masquaient nos problèmes plus profonds. Le Canada a une occasion sans pareille de profiter de son image positive dans le monde dans la mesure où il peut se présenter comme une destination propre et salubre, riche de sa diversité sociale et géographique. Malheureusement, nous n'avons pas su jusqu'à présent reconnaître les débouchés économiques que nous donne ce secteur essentiel, dont l'ampleur équivaut à celui des pêches, de l'agriculture et de la forêt ensemble.
Je vous invite à faire une lecture détaillée des sept idées que nous avons identifiées dans notre rapport et qui méritent une attention urgente. Les difficultés qu'éprouve le secteur touristique au Canada sont profondes, mais elles ne sont pas insurmontables. Cependant, si nous voulons que notre pays demeure une destination concurrentielle, les dirigeants des secteurs public et privé doivent concerter leurs efforts afin de remédier à ces problèmes maintenant, sans quoi, il sera trop tard.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos témoins d'être ici aujourd'hui. Je suis désolé pour la semaine dernière.
J'ai deux questions. La première s'adresse à l'association touristique.
J'ai pris part à quelques tables rondes un peu partout au pays, et j'ai entendu des griefs très semblables à ceux qui apparaissent dans votre rapport, surtout en ce qui concerne le problème de l'accès au transport aérien, les restrictions aux frontières, le statut de destination approuvée, et aussi la disponibilité de travailleurs étrangers et la commercialisation représentait un gros problème. Toutes ces difficultés relèvent de ministères différents. Il y a probablement quatre ou cinq ministères qui pourraient vous aider à surmonter vos difficultés. Il y a les transports, l'immigration, les affaires étrangères et l'industrie.
Est-ce qu'il serait bon que le gouvernement ou votre groupe rencontre les divers ministères dans une salle, et que l'on développe une approche multiministérielle ici, de telle sorte que la main gauche sache ce que fait la main droite? Souvent, on constate que ces ministères et ministres travaillent isolément. Particulièrement étant donné la situation maintenant et l'importance de votre industrie pour votre PIB, comme vous l'avez dit, et la pente glissante sur laquelle nous nous trouvons, faut-il considérer cette intervention maintenant?
S'il vous plaît, laissez-moi quelques minutes, parce que j'ai une autre question.
Ma deuxième question porte sur la situation dans les aéroports. Je vais vous donner un exemple. Lorsque nous étions à Vancouver, le grief le plus vif, ou ce qu'on entrevoyait, portait sur la comparaison entre Vancouver et Seattle. Quand on voit la situation, surtout les chiffres dans le rapport... et il y avait un article dans The Economist sur les économies émergentes, et on parlait du nombre croissant de touristes en provenance de l' Asie du Sud-Est, où se trouvent ces économies en pleine croissance, particulièrement la Chine.
Un jour, les voyageurs asiatiques voudront se rendre dans l'ouest de l'Amérique du Nord et ils vont se demander comment y aller et où aller, et ce qu'on nous a montré à Vancouver, c'est que, tout d'abord, il y a beaucoup plus de lignes aériennes qui vont à Seattle. On dirait que la porte est grande ouverte là-bas pour les vols d'Asie.
J'ai sous les yeux un autre rapport qui traite des taxes d'atterrissage. À Vancouver, pour un B747, c'est 2 400 $; à Seattle, c'est 1 700 $. Ma question est celle-ci, quand on voit ce genre de comparaison, si rien ne change, que va-t-il advenir de cette industrie touristique prometteuse dont nous pourrions tirer parti, si nous ne modifions pas notre stratégie aéroportuaire?
Ce n'est pas seulement là-bas. On voit probablement la même chose à l'aéroport de Toronto, avec des gens qui atterrissent à Buffalo. Je pense que c'est la même chose partout au pays. Comment cela va-t-il se traduire au cours des quelques prochaines années, si nous n'attirons pas de touristes américains et que nous perdons tous ces touristes qui pourraient nous venir de l'Asie?
:
Excellente question. Merci beaucoup.
Si notre gouvernement ne modifie pas ses façons de faire en ce qui concerne sa politique aéroportuaire, nous allons perdre une part de notre potentiel. La raison pour laquelle Seattle reçoit plus de vols internationaux en partance pour l'Asie ou ailleurs aux États-Unis, c'est parce que son aéroport a conclu 91 accords « ciel ouvert ». Cela comprend les pays de l'Union européenne. Le Canada a conclu cinq accords de ce genre. Si c'était un match, ce serait 91 à 5. Je ne sais pas si c'est un match de basket-ball ou quelque chose du genre, mais c'est un score élevé pour l'adversaire. C'est la première chose.
Deuxième chose, au sujet de la taxe d'atterrissage, le modèle de gestion des aéroports au Canada est très différent de celui des États-Unis, et c'est un cas unique dans le monde. Nous ne demandons donc pas au gouvernement de subventionner des choses comme les structures, les pistes d'atterrissage ou les immeubles, mais les aéroports aux États-Unis sont gérés par des gouvernements, et ils sont très subventionnés.
Les aéroports canadiens ont investi 9,5 milliards de leur propre argent dans leurs infrastructures. C'est un modèle de gestion tout à fait différent de celui des États-Unis comparé à ce qu'on voit au Canada. Si nous n'arrivons pas à conclure d'autres accords sur les services aériens et si nous ne faisons rien pour alléger les coûts des aéroports, nous allons perdre un potentiel immense.
Seattle est à une courte distance de Vancouver; ce n'est pas si loin que ça. Et il n'y a pas seulement Seattle. La distance n'est pas grande non plus entre Buffalo et Toronto. Et Montréal doit concurrencer nos amis des États-Unis aussi.
:
Bonjour, madame, messieurs. Merci d'être ici.
Ma première question s'adresse à M. Allan et à M. Williams. Je lisais dans les documents qui ont été soumis par vos groupes respectifs que le Canada occupait autrefois la deuxième place à l'échelle mondiale en ce qui a trait aux arrivées. Cependant, il ne figure plus que parmi les 10 principaux pays. Également, le Canada se retrouve au 11e rang en ce qui a trait aux dépenses totales des voyageurs internationaux effectuées dans notre pays. Donc, on voit qu'il y a des problèmes. Ce sont seulement deux éléments parmi plusieurs.
Par ailleurs, l'Association de l'industrie touristique du Canada disait que le gouvernement dit investir 400 millions de dollars par année au chapitre du tourisme, mais on voit que cela se fait en l'absence d'une stratégie et d'un cadre d'action global. Vous en avez parlé tout à l'heure avec le député précédent.
Vous nous dites que le gouvernement fédéral n'a que récemment reconnu l'importance du tourisme, en s'engageant à collaborer avec d'autres intervenants et à explorer de nombreuses possibilités de partenariats public-privé.
Vous nous dites que le gouvernement dit investir 400 millions de dollars. Est-ce qu'il les investit vraiment? On voit qu'il y a un manque de stratégie. Expliquez-moi en quoi consisteraient des partenariats public-privé. Comment peut-on se sortir de ces difficultés? On voit vraiment qu'il y a une régression énorme sur le plan du tourisme. Apportez-nous quelques suggestions, s'il vous plaît. Cela semble urgent.
:
Il est vrai que le rapport indique un investissement de 400 millions de dollars du gouvernement fédéral dans les activités liées au tourisme, et nous ne le contestons pas. Manifestement, si on investit de l'argent dans nos parcs nationaux et dans divers projets, dont les centres de congrès et les infrastructures dont profite le fonds Chantiers Canada et tout le reste, il est évident que c'est lié au tourisme.
Ce que nous devons faire, c'est être vraiment sérieux lorsqu'il s'agit d'investissements stratégiques. Ne parler que de l'argent qu'on investit, c'est s'éloigner de la vraie question. Comme Jim l'a dit, nous ne demandons l'aumône à personne. Nous ne demandons pas au gouvernement de nous donner de l'argent, comme on pourrait en obtenir d'autres secteurs. Nous vous demandons plutôt d'effectuer des investissements stratégiques, alors que maintenant, tout est fait à l'emporte-pièces ou au petit bonheur.
Nous aimerions voir émerger une stratégie à laquelle adhéreraient tous les ministères, où l'on utiliserait les crédits de manière plus stratégique et où l'on s'engagerait à vraiment comprendre ce que constitue un investissement dans le tourisme. Certaines de ces dépenses, par exemple le soutien à nos parcs, profitent évidemment au tourisme, mais nous ne préservons pas nos parcs exclusivement pour le tourisme. Les Canadiens s'attendent naturellement à ce qu'on fasse cela pour le bien public, que l'on conserve notre patrimoine naturel. Cela profite aussi évidemment aux Canadiens sur place.
Il faut être sérieux quand on parle des montants qu'on investit dans les secteurs stratégiques dont le tourisme a besoin, ce qui vaut mieux que de lancer des chiffres, et c'est à mon avis ce qu'on fait ici. Il y a une façon plus intelligente de faire les choses, au lieu de se contenter de dire: « Nous donnons déjà 400 millions de dollars au tourisme, alors disparaissez. » Ce n'est pas ce que nous voulons entendre. Nous voulons une réflexion beaucoup plus stratégique.
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue à nos témoins.
Tout d'abord, je dirai qu'il fait bon de parler d'une industrie qui me tient à coeur. Je suis ici aujourd'hui à titre de parlementaire, et je me fais de la situation un portrait global pour voir comment le gouvernement peut remédier à certains problèmes dont vous nous avez saisis aujourd'hui.
Une des premières choses — et ma question s'adresse à l'AITC, si je peux — c'est que lorsqu'on voit toutes ces statistiques dans notre industrie, en particulier, on cite des niveaux de croissance dans le tourisme d'environ 4,3 p. 100 en 2007, et au quatrième trimestre, c'était 1,4 p. 100 de plus. On voit d'autres indications dans cette industrie qui prouveraient en fait que cette culture ou ce climat de crise que vous décrivez dans votre rapport n'est pas nécessairement confirmé par les chiffres que nous voyons. On voit en fait une industrie en pleine croissance. Oui, il y a eu des changements, mais même les dépenses faites par les Canadiens ont augmenté de 6,5 p. 100 en 2007. Je viens de lire le rapport de Pannell Kerr Forster pour l'industrie hôtelière, et l'on y constate une croissance soutenue pour les tarifs moyens quotidiens pour les chambres d'hôtel et les niveaux d'occupation par exemple, et ça va même jusqu'en 2010.
Donc, lorsqu'on envisage cette situation et qu'on la compare à cet état de crise où nous sommes — et je comprends votre position, j'ai déjà été à votre place aussi — que pouvons-nous faire pour améliorer la position de l'industrie sans être obnubilés par le classement du Canada? Est-ce qu'il n'est pas plus important de se pencher sur le rendement de notre industrie sur le plan de la croissance des profits, de la croissance des dépenses, et de mesurer la part exacte que le tourisme occupe dans le PIB? Est-ce qu'on ne devrait pas en faire notre considération la plus importante quand on se penche sur ces problèmes?
:
Pardonnez-moi de vous interrompre, mais mon temps de parole est limité.
Essentiellement, ce que vous dites dans votre rapport, c'est que vous voulez qu'on allège les loyers aéroportuaires. Vous voulez qu'on travaille à l'obtention du SDA, et vous parlez d'une meilleure visualisation ou d'une meilleure commercialisation de certains produits touristiques. Ne faudrait-il pas avoir un portrait plus général de la situation pour ce qui est de savoir comment nous allons progresser?
Même si, hypothétiquement, on décidait d'effectuer les quelques changements que vous réclamez, est-ce que cela vous permettrait en soi de prédire la croissance de l'industrie touristique? Il faut voir comment le Canada se débrouille par ses propres moyens. Eh oui, je sais qu'il y a un déficit touristique, je suis au courant des classements, mais au bout du compte, le plus important, c'est que nous ayons ici un climat où le tourisme, comme les autres secteurs commerciaux, peut prospérer.
En fait, ce que je vois dans votre rapport, c'est un réquisitoire sur le rôle que le gouvernement a joué par le passé, mais en fait, nous avons une image contraire de l'industrie. Celle-ci a très bien réagi. En fait, la seule chose dont nous pouvons être sûrs, c'est qu'à l'avenir, les autres chocs géopolitiques et sociaux vont nous profiter. N'est-ce pas la meilleure façon de fortifier notre économie et notre climat commercial pour pouvoir attirer davantage d'investissements dans le tourisme et obtenir plus de débouchés?
:
Nous vous avons demandé de vous pencher sur sept secteurs stratégiques et les 53 initiatives dont notre rapport fait état. Certaines d'entre elles sont gouvernementales, certaines d'entre elles relèvent du secteur privé, et d'autres feront intervenir les secteurs public et privé. C'est un réquisitoire non seulement contre la façon dont le gouvernement a considéré le tourisme, mais aussi contre notre propre industrie, et nous disons ce que nous devons faire nous, comme secteur privé.
Mais le gouvernement est un intervenant ici, c'est un actionnaire du tourisme. Vous avez déjà des investissements. Le système des parcs, les musées, les nombreux sites historiques, tout cela appartient aux Canadiens. Nous disons qu'à l'avenir, dans les trois à cinq prochaines années, si vous n'investissez pas dans ces biens, ils ne dureront pas.
La pointe de l'iceberg aujourd'hui, ce sont les 2 000 personnes licenciées à Air Canada, avec Air Transat qui dit que ses profits sont à la baisse — c'est une des réussites du Canada — et avec Via Rail qui augmente ses prix de 5 p. 100. On entrevoit déjà le moment où la crise va nous frapper. On ne parle pas des cinq dernières années; on parle des deux à trois prochaines années.
Vous avez certes défini certaines grandes difficultés auxquelles le secteur touristique fait face.
Monsieur Williams, je ne me souviens pas si c'est vous qui l'avez dit lorsque vous avez témoigné devant notre comité, dans le cadre de notre étude sur le secteur des services, mais nous avons eu un témoin qui a décrit la situation dans le tourisme maintenant comme étant la catastrophe complète, où l'on se retrouve avec un dollar élevé, un pétrole cher et un ralentissement dans l'économie américaine. Je comprends ce que vous nous dites aujourd'hui, à savoir que, par le passé peut-être, nos avantages masquaient certaines difficultés structurelles qui nous confrontent maintenant.
Je crois avoir lu récemment que Paris demeure la première destination touristique au monde. Même si je crois pour ma part que ma ville natale de Toronto est formidable, ce n'est pas Paris. Mais le Canada dispose d'attractions extraordinaires qu'on ne retrouve dans aucun autre pays, et je ne parle pas seulement de nos attractions naturelles. Je crois sincèrement que Toronto, qui est la ville la plus diversifiée au monde, a ses propres attraits que nous devrions peut-être mieux faire connaître.
Ma question est celle-ci, dans quel genre d'attraits le Canada doit-il investir? Vous avez dit que nous devrions entretenir nos parcs de toute façon. On a investi aussi dans certaines attractions culturelles, du moins chez-nous. Mais quels sont les investissements qui se distinguent des autres et qui font qu'une destination est vraiment unique dans le monde? Quels conseils avez-vous à donner à notre comité pour que nous puissions recommander au gouvernement le genre d'investissements qui révélera vraiment le Canada au reste du monde?
:
Il est difficile de répondre à cette question avec précision, mais il est évident que des investissements comme ceux qu'on voit dans le Nord du Québec avec le projet le Massif sont très utiles. Blue Mountain, ce n'est pas Mont-Tremblant ou Whistler. Il est sûr que ce genre d'investissements nous aide. Il y a eu aussi des investissements dans le milieu artistique et culturel de la région de Toronto qui sont également utiles.
Cependant, nous devons vraiment investir dans nos gens et nos infrastructures pour faire en sorte qu'on attire des gens chez-nous — je parle des infrastructures frontalières, des transports et de nos gens — et il faut ainsi créer un climat où les entreprises pourront faire des bonnes affaires. Après ça on peut investir dans la valeur ajoutée, de telle sorte que nos visiteurs vivent dans notre pays des choses dont ils vont parler lorsqu'ils rentreront chez eux.
En ce moment, on s'occupe du client. Dans la plupart des cas, on se tire bien d'affaire. Mais est-ce qu'on les éblouit? Est-ce que nous nous distinguons des autres tellement que lorsqu'ils rentrent chez eux, ils disent du Canada que c'est un pays qu'il faut voir, un pays qui attire vraiment le monde?
Il y a aussi ces irritants mineurs, par exemple, il est difficile de se déplacer, ça coûte cher quand on arrive là-bas, l'alcool coûte trop cher, le transport aérien aussi, et en plus, le programme de remboursement aux visiteurs a été aboli. Et ça compte. Si le programme de remboursement aux visiteurs ne comptait pas, alors tous ces détaillants qui disent qu'on n'a pas à payer la TPS sur... Dites à ces gens qu'ils gaspillent leur argent à annoncer des ventes sur lesquelles il n'y a pas de TPS. Oui ça compte.
Je vais vous donner un...
:
Dans le domaine de l'aviation, on dit que si on est allé dans tel aéroport, on ne connaît pas les autres pour autant. Chaque aéroport est unique et différent des autres.
Qu'ils soient publics ou privés, les moyens de transport qui desservent un aéroport dépendent généralement du travail qui se fait entre l'aéroport et la municipalité. Certains parlent de faciliter l'accès du public aux aéroports par des transports en commun, que ce soit le train léger ou autre chose.
L'année prochaine, on va voir apparaître quelque chose d'extraordinaire à Vancouver avec l'inauguration de la Canada Line. L'aéroport de Vancouver paye 400 millions de dollars pour que cette voie de chemin de fer passe sur sa propriété. Personne d'autre ne doit payer un montant équivalent, ni la municipalité, ni qui que ce soit.
De façon générale, je pense qu'il faut de la coopération entre les différents niveaux de gouvernement pour améliorer les moyens de transport entre un aéroport et les destinations avoisinantes. Je vous dirai seulement, qu'en 2008, on peut sortir de l'aéroport Pearson beaucoup plus rapidement qu'il y a dix ans.
:
Sur ce point, je suis assez d'accord avec Mme Nash.
J'aimerais poser ma question à M. Williams ou à M. Allan, sinon à tous les deux. La semaine dernière, j'ai pris mon petit déjeuner avec des représentants de l'Office économique et culturel de Taiwan et, si je me souviens bien ils s'attendent, sauf erreur, à accueillir 3 000 visiteurs par semaine à Taiwan. La Chine et Taiwan étaient en guerre il y a quelques temps, et des missiles sont encore pointés de part et d'autre, mais il semble que les relations entre les deux pays se soient sensiblement dégelées.
Le tourisme américain ne reviendra pas au Canada de sitôt. Les difficultés structurelles de l'économie américaine vont empêcher les Américains de voyager à l'avenir, ce qui signifie essentiellement que si l'on veut que le tourisme progresse au Canada, il devra venir d'Asie, et nous ne sommes pas un joueur de premier plan pour les Chinois. Lorsque M. Emerson était libéral, il pensait que la partie était gagnée, mais il semble au contraire qu'elle soit maintenant totalement figée.
J'aimerais savoir, à votre avis, ce qui va permettre de débloquer l'accord sur les destinations approuvées de façon que notre industrie puisse recueillir les fruits de son labeur.
Nous avons travaillé très fort pour affronter la concurrence sur le marché chinois et nous avons bénéficié d'une certaine croissance. Jusqu'à l'année dernière, elle était de 15 à 20 p. 100 par an. Elle s'est ralentie quelque peu l'année dernière pour tomber à moins de 10 p. 100, et nous nous attendons à la même situation pour 2008.
Cette tendance est due à plusieurs facteurs, notamment au fait que le monde entier est en concurrence pour attirer les voyageurs provenant de Chine. Comme nous n'avons pas obtenu le statut de destination approuvée, nous ne pouvons pas faire de commercialisation sur le marché chinois. Nous pouvons faire des promotions spécifiques, notamment par l'intermédiaire d'autres partenaires, mais en tant que pays, nous n'avons pas la possibilité de faire de la commercialisation illimitée en Chine. Du point de vue de la CCT, le principal avantage du statut de destination approuvée, c'est la possibilité de vendre librement son produit sur le marché.
:
L’entente de 1992, au moment où la gestion des aéroports a été confiée aux administrations aéroportuaires locales, tenait au fait que le gouvernement fédéral n’avait pas l’argent voulu pour améliorer les installations, alors il avait décidé que ce serait aux administrations de s’en occuper, de faire les améliorations et d’en assumer les coûts en échange du privilège de gérer les aéroports: « Ah, soit dit en passant, vous allez nous verser des loyers aéroportuaires. » Les administrations aéroportuaires ont examiné la situation et elles se sont dit: nous avons le couteau à la gorge et ou bien nous acceptons les installations telles quelles et nous les améliorons, ou bien on ne nous les accordera pas et nous ne pourrons pas les gérer au nom de notre collectivité — et, soit dit en passant, vous devez nous payer un loyer.
Elles n’ont pas tardé à accepter l’entente de location, et le bail, le document juridique en vertu duquel l’administration aéroportuaire gère l’aéroport, lie l’administration et Transports Canada. Or, ce document juridique, ce bail, a changé. Dans le cas des quatre premiers aéroports qui ont été cédés — Vancouver, Calgary, Edmonton et Montréal —, il y avait ce qu’on appelait les baux des administrations aéroportuaires locales. Avec le temps, ces baux sont devenus des baux d’administrations aéroportuaires du Canada.
Le contexte commercial est en pleine évolution. À l’époque de la cession, les aéroports n’étaient pas du tout gérés comme ils le sont maintenant. Les administrations aéroportuaires gèrent une entreprise maintenant. Elles font la promotion de leur collectivité ni plus ni moins comme une attraction ou un emplacement touristique local. Croyez-le ou non, même au CAC, nous faisons la promotion du Canada.
:
Merci. Bonjour, tout le monde.
J'ai vérifié votre rapport sur l'industrie touristique. On va continuer sur le sujet des aéroports parce que c'est intéressant. C'est une des problématiques les plus flagrantes. En ce qui concerne les chiffres, on peut lire ceci: « Pour l'indice des taxes sur les billets de redevance d'aéroport, le Canada se classe au 122e rang sur 130 pays. » Ce sont des chiffres démontrant qu'on est assez loin derrière.
Je vois aussi que vous devez verser 300 millions de dollars annuellement en frais d'aéroport. De quelle façon peut-on aborder ces deux éléments: les frais d'aéroport et le fait que l'industrie du tourisme pourrait encourager les touristes à venir au Canada, en ne payant plus les 300 millions de dollars? De quelle autre façon peut-on y arriver? Je sais qu'il y a déjà, dans un mémoire du Comité permanent des finances de la Chambre des communes, deux choses: l'une propose l'élimination du loyer aéroportuaire, et la deuxième recommandation porte sur la taxe d'accise. On suggère de modifier la Loi sur l'accise pour autoriser l'achat des produits hors taxes à l'arrivée.
Pensez-vous que cette façon de faire pourrait nous permettre de réussir à stimuler le tourisme ici?
Ce doit être une période de grande incertitude pour les compagnies en cause, mais aussi pour leurs employés. Il y a un an de cela, personne n'avait prévu, bien sûr, à quel point les prix du pétrole et du gaz allaient monter en flèche. C'est une question sur laquelle notre comité se penchera au cours de l'été.
Mais, si nous nous retrouvons dans un scénario où les prix du pétrole demeurent élevés, sinon pour toujours, du moins pour l'avenir prévisible, faudra-t-il faire des changements structurels, d'après vous, pour éviter la crise qui semble se préparer? Vous avez formulé des recommandations bien précises sur le plan de la fiscalité et du commerce, mais c'est là un secteur très important de notre économie. Ce peut-il que nous l'ayons tenu pour acquis jusqu'à maintenant parce que nous avons tellement de merveilles naturelles au Canada, et peut-être que nous n'avons pas vraiment tenu compte de son importance en tant que moteur économique?
:
Merci, monsieur le président.
Michele, vous avez parlé de certains des marchés stratégiques vers lesquels vous vous tournez. L'industrie prend de l'ampleur, et il n'y a aucun doute de la valeur du produit que nous avons à offrir ici, au Canada, aux quatre coins de notre pays. Mais nous apprenons ensuite quels sont les chiffres. Je crois bien vous avoir entendu dire que Las Vegas dépense autant en promotion que le Canada; et l'Australie, qui a un PIB d'à peine les deux tiers du PIB du Canada, dépense plus que nous en promotion et en marketing.
J'ai donc une question à deux volets. Y a-t-il de nouveaux clients que nous pouvons aller chercher? Devrions-nous changer notre marketing? Faudrait-il plus d'argent pour le marketing, non pas seulement de la part du gouvernement, mais aussi des intervenants — par exemple les établissements café-couette qui verraient l'importance de mettre quelques dollars de plus dans la cagnotte, etc.?
Il me semble que les provinces ont chacune leur stratégie et que, bien souvent, elles cherchent les mêmes clients. Du point de vue du marketing, s'il y avait plus d'argent qui était versé par tous les intervenants, serions-nous en mesure d'assurer un marketing plus efficace? Devrions-nous repenser le marketing au Canada pour le XXIe siècle, en prenant peut-être un virage écologique? Le produit n'est pas le même que celui dont nous faisions la promotion auparavant.
:
Je vais essayer de répondre.
J'ai été nommé président du conseil d'administration du CCT il y a à peine trois mois et, à l'époque, je ne connaissais pas l'approche de marketing de CCT ni son efficacité comme organisation. Ces trois derniers mois m'ont certainement permis de constater que la CCT est une organisation de marketing de pointe, qui est très efficace, pour ce qui est de promouvoir le tourisme au Canada et aussi à l'échelle internationale.
En 2002, nous avions un budget de 100 millions de dollars, et ce budget a été graduellement réduit, si bien qu'il n'est plus que de 75 millions de dollars. Pour ma part, j'estime que si notre budget était accru, nous dépenserions cet argent à bon escient. Nous avons des mécanismes très sophistiqués pour analyser certains marchés en particulier et décider de l'argent qu'il convient d'y investir, et nous pouvons ensuite faire une évaluation pour mesurer l'efficacité de tel ou tel programme.
Je pense donc que, si nous avions un budget accru, cet argent supplémentaire serait bien dépensé.
Par ailleurs, j'ai pu constater depuis mon entrée en fonction à quel point la CCT travaille en partenariat efficace avec les organismes provinciaux de marketing. On s'entend généralement pour dire, et je crois que l'AITC en a parlé dans son rapport — qu'il est important que nous travaillons tous sous la même bannière, la bannière du Canada, surtout sur les marchés internationaux. Je pense que nous tirons assez bien notre épingle du jeu à ce chapitre. Nous pourrions être plus efficaces, mais nous ne pouvons pas y arriver par la contrainte. Le mieux que nous puissions faire, c'est de persuader nos partenaires que nous sommes efficaces lorsque nous agissons sur les marchés internationaux.
Pour ce qui est du produit, je crois qu'il en est question dans le rapport de l'AITC, sous la rubrique de l'animation, si je ne m'abuse. C'est certainement un sujet auquel nous devons nous attaquer nous aussi. Pour ma part, j'estime que, et si nous créons un climat propice au tourisme au Canada et si nous réglons certaines questions, comme l'accessibilité du transport aérien et les problèmes qu'ont soulevés les autres ici aujourd'hui, nous créerons un climat qui encouragera l'industrie à accroître, elle aussi, ses investissements au Canada.
:
Premièrement, il est important de remettre en place ce remboursement. Il n'y a pas eu de consultation. C'est une décision qui nous a tous pris par surprise. Évidemment, ce remboursement est important. Nous sommes l'un des seuls pays au monde avec une taxe sur la valeur ajoutée qui ne la rembourse pas a ses visiteurs.
Le tourisme est une industrie d'exportation. Pour les autres exportations, les utilisateurs finaux étrangers ne paient pas la TPS. Mais dans le secteur du tourisme, vous avez décidé de nous pénaliser au pire moment en demandant à nos étrangers de payer la TPS.
C'est une mauvaise décision. C'est un mauvais principe. C'est important.
J'ai parlé à un commerçant à Montréal qui vend des gravures inuites. Son chiffre chute dramatiquement, parce que les visiteurs étrangers ne viennent plus acheter ces produits parce qu'ils ne se feront pas rembourser la TPS.
Le gouvernement nous a redonné le remboursement sur le volume — les congrès — qui fonctionne parfaitement, et ça va. Nous félicitons le gouvernement de nous avoir entendu et d'au moins nous avons redonné le remboursement pour les congrès.
On nous a redonné le remboursement pour les organisateurs de voyage et les voyages organisés, mais le programme qui le gère est trop difficile, trop bureaucratique, trop administratif, donc la plupart des organisateurs de voyages perçoivent la TPS. Le Programme d'incitation pour congrès étrangers et voyages organisés, un programme du gouvernement, devrait agir comme incitatif, mais c'est un désincitatif pour les organisateurs de voyage étrangers. Il faut régler la situation, et est au courant de la situation, et s'est engagée à nous aider à la régler.
C'est un programme particulier. Il faut le réintroduire. On devrait penser à l'élargir. Il faut aller au-delà des produits et des hôtels. Faisons ce que d'autres pays font et étudions d'autres façons pour encourager les gens à venir au Canada.
Merci, monsieur Vincent.
Mesdames et messieurs, je dois maintenant vous quitter et comparaître devant le Comité de liaison au nom de notre comité. Je dois partir avec le greffier. Mme Brunelle pourrait présider cette séance pendant cinq minutes, mais nous n'aurions plus de greffier. Il est clair que ce sujet nous intéresse beaucoup, et le comité pourrait décider de tenir une deuxième ou troisième séance là-dessus.
Nous voulions vous remercier de votre présence ici aujourd'hui. Merci de vos exposés, et merci d'être à Toronto.
Monsieur Facette, vous vouliez fournir autre chose au comité. Si quiconque avait autre chose à rajouter, nous vous demanderions de le faire parvenir au greffier. Nous transmettrons ensuite les renseignements à tous les membres du comité.
Steve, je ne vous avais pas reconnu sans votre chapeau de cowboy blanc, mais nous vous souhaitons aussi la bienvenue.
Il était président du Stampede de Calgary, le deuxième meilleur rodéo au Canada après le rodéo Canadian Finals. Je plaisante.
Ce sera notre dernière réunion, je vous souhaite un excellent été. Nous nous revoyons en septembre. Merci.
La séance est levée.