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Bonjour tout le monde. Bonjour à tous.
Membres distingués du comité, je vous remercie tout d'abord de me donner l'occasion de comparaître devant vous pour discuter de l'abolition du Bureau du conseiller national des sciences.
Je tiens en premier lieu à souligner que les mots que je vous adresse sont exclusivement le reflet de ma propre expérience, de mon engagement et à titre de porte-parole des sciences et de la technologie, de ma conviction de l'importance d'un processus consultatif indépendant, équitable et libre de toute influence partisane, auprès des plus hautes instances du gouvernement et du Parlement.
Je soupçonne que vous savez sûrement que ce n'est jamais chose facile que de conseiller les décideurs en matière scientifique. J'aimerais vous citer une traduction libre de quelque chose qu'a dit Alan Bromley, un Canadien qui a été conseiller scientifique auprès de George W. Bush Senior : « Il y a peu de choses en ce monde qui soient moins utiles que des conseils qui ne sont pas sollicités ». En d'autres mots, seul le récepteur attentif qui peut les prendre en charge est garant de l'efficacité des avis et recommandations émis.
[Français]
En second lieu, un conseiller des sciences doit non seulement avoir de solides connaissances et une forte appréciation des sciences dans un très large spectre de domaines, mais également être armé de patience et de grains de sagesse lui permettant de distiller l'information provenant de plusieurs points de vue différents.
[Traduction]
Aucun conseiller scientifique ne peut être expert en tout. Il lui faut inévitablement le soutien du bon vouloir, des conseils et de l'appui d'un grand nombre de personnes et de collectivités qui s'intéressent aux questions scientifiques du jour. Son objectif ultime est de fournir des conseils et des avis bien fondés et impartiaux de manière intégrée, rigoureuse et équitable sur la manière dont les sciences, la technologie le savoir et l'innovation peuvent accroître la prospérité sociale et économique du pays.
Au Canada, l'annonce de l'abolition de mon bureau a suscité un débat qui, on l'espère, sera l'amorce d'une approche plus holistique et intuitive en matière d'offre de conseils scientifiques au gouvernement. Voici quelques réflexions sur les enseignements tirés de mon expérience à titre de conseiller national des sciences du pays depuis 2004.
Tout d'abord, il importe de souligner qu'au cours de la dernière décennie, le milieu des sciences et de la technologie a beaucoup évolué au Canada, pour le plus grand bien du Canada et des Canadiens. La recherche et la création du savoir ont bénéficié durant cette décennie d'un financement par reconduction de plus de 15 milliards de dollars, et cette politique a fait du Canada un chef de file dans bien des domaines. Ainsi, nous nous hissons au premier rang du groupe du G-8 qui rassemble les pays développés, en termes d'investissements dans la recherche universitaire en fonction du PIB. Nous avons conçu des modèles novateurs de financement et de gouvernance, notamment celui de la Fondation canadienne pour l'innovation, les Chaires de recherche du Canada, Génome Canada et les réseaux de Centres d'excellence.
Ces modèle ont remporté un tel succès que d'autres, dans le monde entier, s'en s'inspirent. Des instituts de recherche voués à l'avancement des sciences fondamentales, notamment le Perimeter Institute for Theoretical Physics, fruit d'un partenariat public-privé qui est partiellement subventionnées par des mécènes, ont capté l'attention mondiale et le centre de recherche MaRS, le district de la découverte des sciences médicales et sciences connexes, au coeur de Toronto, qui est un point de rassemblement, un catalyseur et un accélérateur de l'innovation, représente un modèle novateur porteur pour le transfert de la technologie et sa commercialisation.
Je dirais aussi que l'apport du Canada dépasse sa mesure dans de nombreuses activités internationales de recherche et l'excellence de la contribution canadienne à de grands projets scientifiques, notamment en astronomie, en sciences océaniques, en physique nucléaire, en sciences de la lumière synchrotron, en physique des particules et génomique structurelle, et reconnue à l'échelle mondiale.
C'est avec grand orgueil que je souligne ma participation à ces activités, en ma qualité de conseiller national des sciences, et avant cela. Malgré ces victoires cependant, le Canada doit continuer d'investir à un haut niveau pour préserver son avantage compétitif. Il serait tellement facile, après nous être hissés au sommet, de chuter de l'autre côté de la montagne.
[Français]
Force est de constater, en jetant un regard sur bien d'autres pays, qu'un système de recherche et d'innovation solide exige beaucoup plus que d'excellents réseaux de recherche et de financement. Toute approche des sciences et de la technologie doit être confortée par un engagement et un leadership vital, dans un cadre efficace et stable qui sollicite au plus haut niveau les conseils et qui stimule un dialogue public sur le développement scientifique pour le bénéfice de la société.
[Traduction]
Maintenant je parle de stabilité parce que le démantèlement fréquent de nos organismes scientifiques consultatifs dans le passé nous a laissé d'autre choix que de constamment repartir à zéro en n'ayant tiré que peu d'enseignement de l'expérience.
Le processus consultatif doit également être démocratique. Je crois fermement que pour que les Canadiens apprécient pleinement les espoirs et les risques qu'engendrent les sciences et la technologie, pour que notre culture et nos connaissances scientifiques s'enrichissent, le débat sur les choix de politique pour nos orientations futures doit se faire au grand jour, à l'image de l'activité de ce comité permanent.
C'est pourquoi je suis consterné et déçu de voir disparaître le Bureau du conseiller national des sciences. J'ai appris en octobre qu'en vertu de l'évolution d'une nouvelle stratégie en matière de sciences et de technologie, le Bureau et le poste de conseiller national des sciences allaient être abolis au début de l'année 2008. Alors je tiens à exprimer clairement et sans ambigüité que c'est bel et bien après avoir appris cette nouvelle que j'ai décidé de quitter la fonction publique.
Malgré le financement inadéquat du bureau et son manque de ressources humaines — à part mon propre poste, le bureau ne comptait aucun employé permanent et il a fallu attendre jusqu'en 2006 pour qu'un poste d'adjointe exécutive soit débloqué —, j'estime que nous pouvons être fiers du cumul des réalisations, avec nos ressources limitées. En voici des exemples.
Le Bureau du conseiller national des sciences a été l'un des grands promoteurs auprès des plus hautes instances en faveur de la création et du financement des Académies canadiennes des sciences. L'annonce en a été faite en réponse au discours du Trône par le premier ministre en octobre 2004 et s'inscrit au budget de l'exercice financier 2005. Cet organisme a été rebaptisé le Conseil des académies canadiennes, il est doté d'un octroi de 30 millions de dollars pour entreprendre des évaluations expertes de questions scientifiques qui sous-tendent des enjeux qui ont des répercussions sur les politiques publiques.
Notre bureau a été un ardent promoteur de l'établissement d'un secrétariat national et a multiplié les interventions en faveur du déblocage, par le gouvernement, d'un fonds de 150 millions de dollars pour l'Année polaire internationale, un projet mondial qui rassemblait une soixantaine de pays.
En collaboration avec les dirigeants des conseils et des agences de recherche, nous avons piloté une consultation nationale sur le développement d'un cadre de financement, d'évaluation et de gestion des investissements majeurs du Canada en matière de sciences et d'infrastructure, un cadre qui, selon moi, est encore essentiel et indispensable.
[Français]
De concert avec l'ancien Conseil consultatif des sciences et de la technologie et appuyé par un comité d'experts internationaux que j'ai rassemblés, nous avons ébauché, en 2005, une stratégie nationale pour les nanotechnologies.
[Traduction]
Avec le soutien de nos agences d'aide et d'autres ministères, nous avons élaboré un plan d'action ayant pour objectif la mobilisation de nos activités de R et D en réponse aux besoins des pays en voie de développement. Je suis heureux de voir que dans l'annonce du budget de 2008 s'inscrit un fonds d'innovation à développement qui répond, du moins en partie, à ces objectifs.
Le conseiller national des sciences et notre bureau ont oeuvré étroitement avec le MAECI pour élaborer le programme de partenariats internationaux en S et D et pour en obtenir le financement. Ce programme contribue maintenant de 20 millions de dollars au rehaussement de partenariat avec Israël, l'Inde, le Brésil et la Chine.
Afin que le Canada tire parti de nouvelles possibilités en matière de recherche et d'innovation avec d'importants partenaires commerciaux, j'ai été le promoteur de l'établissement d'un partenariat stratégique entre le Canada et la Californie en matière d'innovation et par de nombreuses visites et présentations dans les pays membres du G8 comme l'Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et la France, j'ai rehaussé l'image du Canada en matière de sciences et de technologie.
Depuis juin 2004, j'ai représenté le Canada aux réunions semi-annuelles du groupe Carnegie des pays membres du G8, qui rassemble les ministres des sciences et les conseillers nationaux des sciences. Ce groupe constitue une tribune unique en son genre de discussions et d'échanges d'information entre les principaux partenaires, dans un cadre informel, sur des préoccupations communes de portée mondiale. J'ai eu le plaisir, d'être l'hôte de la réunion qui a eu lieu en 2005 au Canada.
Notre bureau a également oeuvré étroitement avec d'autres organismes et conseils afin de délimiter le nouveau cadre de gouvernance pour notre mécanisme de consultation en sciences. Nous avons également fait effectuer une étude qui a démontré le bon fonctionnement de pays avec une solide combinaison de conseils scientifiques de haut niveau, fournis par un conseiller des sciences, avec de l'apport d'un conseil consultatif des sciences.
[Français]
Une autre réalisation de notre bureau au cours des quatre dernières années fut l'adjonction d'une capacité à effectuer des activités de réflexion prospective en sciences et technologie
[Traduction]
— c'est-à-dire de réflexion prospective en technologie —
[Français]
unique en son genre au Canada, soit l'identification de futures possibilités et de futurs enjeux par l'analyse prospective.
[Traduction]
Je pourrais vous donner de nombreux exemples d'occasions auxquelles mon bureau a apporté sa contribution, mais ceci devra suffire.
Vers le milieu de l'année 2006, notre bureau, qui relevait du BCP, a été transféré sous l'autorité d'Industrie Canada et le rôle de conseiller national des sciences relève dorénavant du ministre de l'Industrie. Le mandat émis par le ministre de l'Industrie précédent nous astreignait à trois domaines d'activités. L'ampleur de notre mandat étant largement réduite, la portée de nos efforts amoindrie, notre bureau sera de plus en plus marginalisé, et en dépit de l'intérêt que nous avons manifesté pour apporter notre contribution, nous n'avons, à toutes fins pratiques, eu qu'un rôle minime dans l'élaboration de la stratégie en S et T et n'avons pas été invités à participer aux discussions pancanadiennes.
Tout cela a été terriblement frustrant, parce qu'alors que mon bureau a un vaste fonds de connaissances et de conseils à offrir, nous avons rarement été appelés à jouer un rôle important et à contribuer à quoi que ce soit à titre de partenaires réels. Je me suis néanmoins efforcé de maintenir une politique de professionnalisme, d'engagement du public et de partenariat avec tous les principaux intervenants, tant au niveau national que mondial.
Au cours des quatre dernières années, nous avons cumulé plus de 300 présentations, discours, allocutions, et nous avons signé plusieurs articles sur d'importants enjeux scientifiques et sur le rôle avantageux de la recherche et de l'innovation au Canada. Nous avons par surcroît accueilli d'innombrables délégations et visiteurs étrangers à l'affût d'informations sur les modèles et les réussites du Canada, et j'ajouterais qu'ils ont aussi sollicité nos avis sur d'importants enjeux.
Il n'y a aucun doute dans mon esprit que l'incidence qu'ont les sciences et la technologie sur la société dépasse l'imagination des futuristes les plus audacieux d'il n'y a même pas plus d'une décennie. Pratiquement toute question à l'ordre du jour du gouvernement comporte un aspect scientifique et technologique et notre prospérité économique ainsi que la croissance de notre société en dépendent de plus en plus lourdement. Autrement dit, jamais auparavant, la science et l'innovation n'ont été appelées à jouer un rôle plus important et les avis scientifiques n'ont jamais été aussi essentiels au processus décisionnel.
[Français]
Je suis fermement convaincu qu'il n'a jamais été aussi important de fournir des conseils justes et indépendants au gouvernement sur des questions nationales et mondiales et sur l'évolution des connaissances.
[Traduction]
Des pays développés et d'autres en voie de développement sont sensibles à ce besoin et ont implanté au coeur de leur gouvernement une solide capacité consultative en sciences avec un conseiller des sciences ou un expert scientifique.
J'ai reçu de nombreux appels, courriels, lettres d'intervenants intéressés qui ont été déçus d'apprendre la décision d'abolir notre bureau. Je tiens à remercier publiquement ces partenaires, du Canada et de l'étranger, de leur soutien. Ils s'entendent tous sur le fait que cette décision risque de porter ombrage à l'image de marque du Canada de chef de file en sciences et technologie. Ces nombreux témoignages de soutien nous rappellent la nécessité d'examiner de près notre système de gouvernance scientifique puisque les défis qui s'annoncent continueront à solliciter l'expertise scientifique.
Nous pouvons apprendre des autres sans perdre de vue les particularités de notre propres pays, et surtout, cette recherche doit se faire ouvertement, en consultation avec tous.
Je vous remercie de votre intérêt.
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Permettez-moi de rappeler, tout d'abord, que j'ai dit l'importance d'avoir à la fois un conseiller des sciences et un conseil.
Je pourrais dire plusieurs choses du CNS. Tout d'abord, il est composé, notamment, d'éminents membres du milieu de la recherche — trois chaires de recherche du Canada, quatre présidents d'universités et de collèges, des présidents de sociétés du secteur privé, et trois sous-ministres du gouvernement fédéral. Alors au total, cela fait un groupe assez impressionnant. Le CNS vient seulement d'entamer ses travaux, alors nous devrons réserver notre jugement sur son efficacité jusqu'à ce que nous puissions voir des résultats, mais c'est un organe remarquable, c'est certain.
Comme je l'ai dit, dans bien des pays développés, la capacité de fournir des conseils indépendants et impartiaux est constituée par un conseiller des sciences — un scientifique en chef — et un conseil. Je voudrais aussi souligner que le conseiller des sciences devrait avoir l'oreille du premier ministre et du président et peut être appelé à fournir avis et conseils au pied levé, ou à entreprendre des recherches et des études sur tout un éventail de questions fondamentales — l'ESB, la grippe aviaire, les pandémies, etc., ou même les changements climatiques.
Alors à mon avis, et pour répondre à votre question, il est peu probable que le CNS sera en mesure de répondre à tous les besoins de conseils, que ce soit dans l'immédiat ou à long terme, de manière indépendante et transparente, pour les raisons qui suivent. Tout d'abord, ce n'est pas vraiment un organe indépendant; trois de ses membres sont des sous-ministres. Cela peut avoir du bon, parce que la perspective du gouvernement y est représentée, mais il est certain que cela fait planer le doute sur son indépendance réelle.
Le CNS ne rend pas de comptes au public. Ses rapports, à ce que je sache, ne seront pas publics, et ils pourraient même ne pas être accessibles au Parlement.
Les membres du CNS, comme dans tous les conseils consultatifs, sont à temps partiel. Le conseiller national des sciences et son bureau sont des employés à temps plein. Alors c'est un peu différent.
Je dirais aussi que le modus operandi du CNS, qui est l'étude de sujets choisis qui présentent, évidemment, un intérêt pour le gouvernement, et la présentation de rapports au ministre et au Cabinet, est remarquablement similaire à la manière dont fonctionnait l'ancien Conseil consultatif des sciences et de la technologie qui, en fin de compte, n'a pas été un succès retentissant.
Ce ne sont que quelques caractéristiques — positives et négatives, du CNS.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Carty, je tiens à vous offrir des excuses au nom du comité. Nous avons voté pour que vous comparaissiez devant le comité dans le but de déterminer quelle est la meilleure direction à prendre quant au rôle du conseiller national des sciences et ses liens éventuels avec le Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation et comment, en général, tout cela s'inscrit dans une stratégie scientifique globale pour le Canada.
Vous avez occupé des postes supérieurs dans le milieu universitaire pendant 27 ans et vous avez dirigé le CNRC pendant 10 ans. À titre de conseiller national des sciences, toute l'information que vous avez, vos connaissances, votre expertise et votre point de vue nous sont utiles.
Certains parmi nous voulaient entendre ce point de vue et en tirer profit. D'autres députés — qui ont des dépenses qui, dans la plupart des cas, excèdent les vôtres, et qui, dans tous les cas, ne montrent pas le même niveau de transparence à l'égard de leurs dépenses de déplacement ou de représentation ou le même besoin de les divulguer, comme vous l'avez fait à titre de fonctionnaire — se sont cachés derrière ce voile et cette hypocrisie pour vous attaquer inutilement et injustement.
Je vous présente donc des excuses, monsieur Carty. Il est difficile de recruter et de garder en poste des gens de qualité dans la fonction publique, et les parlementaires ont la responsabilité de ne pas déprécier davantage les fonctionnaires. Lorsqu'ils veulent donner un bon conseil à un comité, un bon conseil fondé sur la science au premier ministre, nous devrions les encourager. Nous ne devons pas attaquer nos institutions, parce que nous empêchons ainsi le gouvernement et la fonction publique de travailler ensemble pour le mieux-être de tous les Canadiens.
Monsieur Carty, concernant le rôle que doit jouer, selon vous, le conseiller national des sciences dans le cadre de la stratégie du gouvernement et le Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation, vous avez dit qu'il devait y avoir une synergie entre les deux. Vous avez mentionné que d'autres pays favorisent, en fait, ce genre de rôle.
Croyez-vous que la recherche et le développement et la commercialisation, par exemple, des technologies favorisant une énergie et un environnement propres peuvent avoir une valeur commerciale pour le Canada? Certains, dont des experts, ont laissé entendre, sur la scène internationale et au Canada, que ce domaine pourrait être un des plus prometteurs de l'économie du 21e siècle. Le comité se doit d'essayer de comprendre le rôle entre la recherche et le développement, la commercialisation et la compétitivité.
Croyez-vous qu'il s'agit d'un domaine sur lequel le Canada devrait se concentrer et qu'il devrait essayer de se positionner dans tout le domaine de la technologie propre — les technologies environnementales et l'énergie propre?
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Pour répondre à la première question, je suis totalement d'accord avec vous qu'il faut investir massivement. J'ajouterais également que les programmes qui ont été mis sur pied, comme le Programme des chaires de recherche du Canada, ont non seulement attiré des Canadiens de haut niveau et retenu des jeunes stars en devenir, mais nous ont permis de recruter beaucoup de chercheurs de renommée mondiale dans diverses disciplines. En fait, grâce au Programme des chaires de recherche du Canada, nous avons recruté plus de 500 spécialistes à l'étranger.
Notre capacité a augmenté, et l'aptitude du Canada de mener de la recherche et du développement a augmenté d'autant plus. Le danger est le suivant: comment retenir ces personnes, les jeunes stars en devenir comme les chercheurs établis? C'est le grand défi. Il y a d'autres pays qui seraient très contents de mettre la grappin dessus. En ce moment, le Canada a beaucoup de mérite pour avoir réussi à les attirer, mais la bataille n'est pas finie.
Bref, pour soutenir le système et le renforcer, il faut effectivement investir davantage, parce que la demande va continuer de croître. Bien sûr, le besoin de ressources humaines hautement qualifiées est un enjeu majeur au XXIe siècle, et la concurrence entre les pays promet d'être féroce pour attirer les meilleurs cerveaux. Oui, tout à fait, il faut investir davantage en sciences et en technologie.
Pour ce qui est des femmes dans le domaine, vous avez bien raison de dire que comme bien d'autres pays, nous avons un problème, parce que nous n'utilisons pas au maximum tout le talent qu'on trouve chez les femmes. Comment se fait-il qu'environ 50 p. 100 des inscriptions dans les universités viennent de femmes, alors que le nombre de femmes dans nos facultés est bien inférieur, tout comme le nombre de femmes qui font de la recherche? Nous devons indubitablement faire quelque chose.
C'est l'une des choses que je n'ai pas mentionnées. J'ai présidé un comité sur les femmes en sciences, qui se penchait... C'était avec Miriam Stewart des IRSC, qui au nom des IRSC s'intéressait beaucoup à la question. Elle était directrice de l'Institut des IRSC de la santé des femmes et des hommes. Nous présidions ce comité et avons formulé quelques recommandations pour améliorer le sort des jeunes femmes recrutées dans les universités; autrement dit, nous avons recommandé des mesures comme des congés de maternité prolongés, pour que les femmes puissent revenir après leur congé de maternité et redevenir concurrentielles dans le système.
Comme vous le savez, c'est toujours la course contre la montre dans les universités, et quiconque prend congé pour avoir un bébé, par exemple, est désavantagé. Je pense qu'il faut nous attaquer à la qualité de l'environnement pour nous adapter à cette réalité. Nous nous sommes penchés sur la question et avons formulé une série de recommandations, que nous avons adressées aux conseils subventionnaires. Il y aura un suivi que je sois là ou non.
J'appuie vivement l'idée d'établir un réseau des femmes en sciences. En principe, c'est un avantage concurrentiel de pouvoir utiliser le talent de toutes ces femmes qui s'instruisent à l'université et de veiller à ce qu'elles soient très présentes en sciences et en technologie.
L'un des grands sujets d'inquiétude de nos jours, c'est le petit nombre de femmes en informatique. C'est un grand problème, un grand problème pour le pays, parce que nous avons un grand secteur des TIC.