:
Collègues, je vois que nous avons le quorum.
[Français]
J'ai l'honneur de présider la 35e séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Je remplace M. Rajotte, heureusement pour vous.
[Traduction]
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous faisons une étude des sciences et de la technologie au Canada. Nous entendrons aujourd’hui plusieurs témoins. De l’Association des universités et collèges du Canada, nous avons M. Robert Best, vice-président de la Direction des affaires nationales, et Mme Michelle Gauthier, directrice de recherche et analyste des politiques. De la Fondation canadienne pour l’innovation, nous avons Eliot Phillipson, président et directeur général,
[Français]
et Manon Harvey, vice-présidente, Finances et gestion; et de Génome Canada, nous recevons le président et chef de la direction, M. Martin Godbout.
[Traduction]
Du Biotron, nous avons Norm Hüner, directeur scientifique.
Les témoins de chaque organisation disposent de cinq minutes. J’essaierai de faire respecter ces temps de parole parce que nous avons beaucoup de questions à poser.
Je vous remercie d’être venus au comité.
Nous commencerons avec vous, monsieur Best.
:
Merci, monsieur le président. Je vous remercie de nous avoir permis de comparaître devant le comité aujourd'hui. Je suis accompagné de ma collègue Michelle Gauthier. Elle est directrice de recherche et analyste des politiques à l'AUCC.
Le niveau de vie des Canadiens dépend de plus en plus de notre compétitivité au sein de l'économie mondiale du savoir. Afin de maintenir et d’accroître le niveau de vie actuel des Canadiens, nous devons solidifier la position que nous occupons parmi les chefs de file mondiaux au chapitre de la recherche.
Au Canada, plus du tiers de toute la recherche effectuée à l’échelle nationale est attribuable aux universités, ce qui représente une proportion plus élevée que dans tout autre pays du G7. Comme la recherche universitaire au Canada est mieux distribuée géographiquement que celle qu’effectue le secteur privé ou le gouvernement, elle joue un rôle essentiel dans le développement socioéconomique de toutes les régions du pays. Les universités forment des chercheurs de premier ordre qui sont de plus en plus en demande dans tous les secteurs de l’économie. En outre, le secteur universitaire est le seul à effectuer de la recherche pour tous les autres secteurs.
La recherche universitaire est une véritable réussite canadienne, mais cela n’a pas toujours été le cas. Si le Canada ne court plus le risque de subir un exode des cerveaux et que, au contraire, il profite aujourd’hui d’un afflux de cerveaux, c’est grâce aux investissements réalisés au cours de la dernière décennie par les gouvernements fédéral et provinciaux de toutes allégeances et par les universités.
Mais bien qu’ils soient remarquables, les acquis du Canada en matière de recherche universitaire au cours des 10 dernières années demeurent vulnérables. Nos concurrents du G7, de même que nos concurrents émergents comme la Russie, la Chine et l’Inde, investissent massivement dans la recherche, y compris dans la recherche universitaire, afin d’augmenter leur capacité concurrentielle dans la course mondiale au talent, aux investissements et aux emplois bien rémunérés.
[Traduction]
Monsieur le président, le succès de la stratégie fédérale des sciences et de la technologie dépendra principalement des personnes, c’est-à-dire de la capacité de former, d’attirer et de retenir des chercheurs doués, possédant les compétences voulues pour réussir dans l’économie du savoir. Au cours de la prochaine décennie, l’économie du savoir devrait générer considérablement plus d’emplois pour les titulaires de diplômes des cycles supérieurs. De plus, les départs à la retraite de diplômés actuellement sur le marché du travail devraient créer une demande massive de renouvellement.
Au-delà des personnes, une approche équilibrée de la mise en œuvre des dimensions publiques-privées, ciblées et non ciblées, de la stratégie fédérale des sciences et de la technologie sera importante. Cette stratégie intensifie l’importance du soutien fédéral de la découverte et de la création, de la capacité de former, d’attirer et de retenir des chercheurs doués, de l’utilisation d’une infrastructure de pointe et des dépenses engagées par les établissements pour assurer un environnement de recherche adéquat. Des investissements accrus et équilibrés dans ces quatre éléments sont essentiels pour maintenir et renforcer notre compétitivité en recherche universitaire.
Tandis que la stratégie progresse, monsieur le président, je voudrais mentionner particulièrement le soutien des coûts institutionnels dits indirects de la recherche. Il s’agit des coûts d’exploitation et d’entretien des installations de recherche, de gestion des processus de recherche, de la préparation des propositions jusqu’au contrôle et aux rapports, de l’application des exigences réglementaires de sécurité, de la gestion de la propriété intellectuelle et de la promotion de la transmission du savoir.
De plus, la stratégie insiste beaucoup sur la nécessité de développer les capacités de recherche et de commercialisation du secteur privé, tout en maintenant le leadership du Canada dans le domaine des travaux de recherche-développement du secteur public, et de déterminer les domaines de recherche où le Canada peut constituer un chef de file mondial, tout en reconnaissant le besoin de maintenir les efforts en recherche fondamentale.
En ce qui concerne le secteur privé, il y a lieu de noter qu’au sein du G7, le Canada se classe premier au chapitre des investissements du secteur privé en recherche universitaire et deuxième pour ce qui est de la part de la recherche universitaire financée par le secteur privé. Depuis 2001, les investissements du secteur privé dans la recherche universitaire ont augmenté quatre fois plus vite que ses investissements dans ses propres travaux de recherche. Malgré cette évolution favorable, il demeure possible de renforcer les partenariats des universités avec le secteur privé ainsi qu’avec le secteur public et le secteur sans but lucratif, particulièrement dans le domaine de la transmission du savoir.
Les universités jouent un rôle de plus en plus important comme plateformes intersectorielles, tant par l’entremise de leurs programmes et de leurs recherches en général que grâce aux centres, aux instituts et aux parcs de recherche et d’innovation qui permettent aux chercheurs universitaires de collaborer avec les chercheurs et les professionnels d’autres secteurs spécialisés dans l’application des résultats de la recherche.
Monsieur le président, je voudrais aborder, en conclusion, la question de la responsabilité. Notre association est déterminée à augmenter la visibilité, la responsabilité et la transparence en matière d’investissements fédéraux dans la recherche universitaire. En 2005, nous avons publié En plein essor, notre premier bulletin public sur les effets de la recherche universitaire au Canada. Nous en publierons un autre numéro en octobre de cette année, dans le cadre de nombreux efforts destinés à sensibiliser les décideurs et le grand public à l’importance de la recherche universitaire et à sa contribution au bien-être économique et social du Canada.
Merci beaucoup.
:
Je vous remercie, monsieur le président, de m’avoir donné l’occasion de prendre la parole devant le comité permanent. Je suis accompagné de Manon Harvey, notre vice-présidente aux finances et à la gestion.
Je voudrais vous parler aujourd’hui du rôle que joue la Fondation canadienne pour l’innovation, en tant qu’important intervenant dans le domaine des sciences et de la technologie, grâce à ses investissements dans l’infrastructure de recherche des universités et collèges, des hôpitaux et des établissements de recherche du Canada.
Comme le mentionne la stratégie nationale des sciences et de la technologie, les investissements de la FCI jouent un rôle essentiel dans le renforcement de notre capacité d’innovation en augmentant la qualité et la portée de la recherche faite au Canada, en facilitant la formation d’un personnel hautement qualifié – c’est-à-dire de l’infrastructure humaine, qui constitue la ressource la plus importante dans une économie du savoir – et en favorisant le développement de grappes technologiques grâce à des programmes qui encouragent la collaboration entre les établissements publics de recherche et le secteur privé.
Depuis sa création en 1977, la FCI a engagé plus de 3,8 milliards de dollars à l’appui de plus de 5 700 projets réalisés par 128 établissements de recherche situés dans 64 municipalités du Canada. Ces projets couvraient toute une gamme de disciplines scientifiques, surtout dans les domaines prioritaires définis dans la stratégie des sciences et de la technologie: les sciences et technologies de l’environnement, les ressources naturelles et l’énergie, la santé et les sciences connexes de la vie ainsi que les technologies de l’information et des communications.
Les investissements de la FCI se fondent sur une évaluation rigoureuse de la valeur des projets. La Fondation se sert des normes internationales pour déterminer dans quelle mesure chaque projet peut renforcer la capacité des établissements canadiens de recherche de soutenir la concurrence internationale et de produire des connaissances pouvant profiter à l’ensemble des Canadiens.
Le budget 2007 et la stratégie fédérale des sciences et de la technologie ont confirmé le rôle de la FCI comme élément essentiel de l’effort national dans ce domaine et lui ont attribué un financement de 510 millions de dollars pour organiser un autre concours d’ici 2010. Après d’importantes consultations avec les intervenants, la FCI a récemment lancé ce grand concours de 510 millions qui permettra aux universités et collèges du Canada de continuer à jouer un rôle central dans la prospérité et la compétitivité futures du pays.
Cette prospérité dépendra de plus en plus de notre capacité d’innover, c’est-à-dire de créer du savoir et des idées pouvant aboutir à de nouveaux produits, services et politiques qui engendreront de la richesse économique, renforceront notre fondement social, protégeront notre environnement et amélioreront notre qualité de vie. Tous ces concepts sont au cœur de la stratégie des sciences et de la technologie du gouvernement du Canada.
Les investissements de la FCI dans l’infrastructure de la recherche s’ajoutent aux investissements faits dans les gens et dans les coûts directs et indirects de la recherche par les trois organismes fédéraux de financement de la recherche, par le programme des chaires de recherche du Canada, par Génome Canada et par d’autres programmes fédéraux. Ensemble, ces investissements ont profondément transformé l’effort canadien de recherche-développement. L’exode des cerveaux s’est maintenant inversé, le Canada étant devenu une destination très attrayante pour les chercheurs, et les établissements ont été en mesure de renforcer considérablement les domaines de recherche prioritaires définis dans leurs plans stratégiques.
Toutefois, l’environnement mondial des sciences et de la technologie poursuit son évolution rapide tandis que la concurrence internationale est plus intense que jamais. La stratégie des sciences et de la technologie est donc un document très opportun dans lequel le gouvernement précise ses priorités et ses politiques destinées à promouvoir les S et T au Canada et réaffirme son engagement à soutenir la compétitivité du pays grâce à des investissements dans la recherche universitaire.
Bref, la FCI s’acquitte avec succès de son mandat consistant à renforcer la capacité des établissements canadiens de recherche de réaliser des travaux de recherche-développement de calibre mondial au profit des Canadiens. Un effort durable et robuste dans le domaine de la recherche de pointe est essentiel au moment où l’économie canadienne fait la transition entre la dépendance par rapport aux ressources naturelles et des activités de plus en plus axées sur le savoir, la technologie et l’innovation. Pour assurer le succès de cette transition, le gouvernement du Canada devra maintenir son engagement envers l’effort national de recherche. La prospérité et la qualité de vie futures du pays en dépendent.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le vice-président et distingués députés du Parlement canadien.
[Traduction]
Génome Canada est une société sans but lucratif. Constituée en février 2000, elle a reçu du gouvernement du Canada le mandat d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie nationale pour financer des projets de recherche à grande échelle en génomique et en protéomique, au profit de tous les Canadiens et Canadiennes.
[Français]
Au cours des huit dernières années, les réalisations ont été nombreuses. Génome Canada a adopté une approche dynamique et systématique ciblant les activités exclusivement dans le domaine de la recherche en génomique et en protéomique axée sur l'obtention de résultats tangibles et mesurables. Cela a permis au Canada d'occuper une place de premier choix parmi les chefs de file mondiaux de la recherche en génomique et en protéomique dans les secteurs d'activité suivants: la santé humaine, l'environnement, l'agriculture, la foresterie, les pêches et le développement de nouvelles technologies.
De plus, Génome Canada continue de jouer un rôle de premier plan à l'échelle internationale dans le financement de projets de recherche étudiant les enjeux éthiques, environnementaux, économiques, légaux et sociaux reliés à la recherche en génomique et en protéomique.
[Traduction]
Depuis 2000, le gouvernement fédéral a investi 840 millions de dollars dans Génome Canada, auxquels se sont ajoutés près d’un milliard de dollars de cofinancement de différents partenaires et d’intérêts accumulés. Ces fonds additionnels ont été obtenus grâce au développement de partenariats et de collaborations avec le secteur privé, le secteur public et des organisations philanthropiques, tant au niveau national qu’international, pour le financement mixte de la recherche en génomique et en protéomique au Canada.
Grâce à ces investissements, Génome Canada a bâti une très solide organisation pour soutenir la recherche, ce qui a permis aux chercheurs canadiens en génomique de gagner un respect et une crédibilité bien mérités, tant sur la scène nationale qu’internationale, pour leurs travaux de recherche de pointe qui continueront à produire d’extraordinaires résultats pour notre société et le monde entier.
[Français]
Le modèle d'affaires novateur de Génome Canada est fondé sur le financement et la gestion de projets de recherche multidisciplinaires à grande échelle évalués par des comités de pairs internationaux. Ce modèle donne aussi accès à des plateformes scientifiques et technologiques d'avant-garde aux chercheurs de tous les secteurs d'activité énumérés précédemment. Le modèle comprend aussi la création de centres locaux d'expertise en recherche en génomique partout au Canada et le cofinancement de projets par des partenaires de recherche stratégique nationaux et internationaux.
[Traduction]
Génome Canada estime qu’il se doit de jouer le rôle de facilitateur et de rassembleur auprès de l’industrie, des gouvernements, des universités, des établissements de recherche hospitaliers et du public pour appuyer les projets de recherche à grande échelle qui ont une importance stratégique pour le Canada.
[Français]
Je serai heureux de répondre à toutes vos questions.
:
Je vous remercie de m’avoir invité et de m’avoir donné l’occasion de vous parler du Biotron, établissement financé par l’entremise de la FCI.
Le Biotron est un établissement international de recherche expérimentale pluridisciplinaire sur les changements climatiques créé sur le campus de l’Université Western Ontario pour étudier les répercussions du réchauffement de la planète et des environnements extrêmes sur les plantes, les insectes et les micro-organismes.
La recherche expérimentale sur les changements climatiques représente une nouvelle approche importante qui permettra à des chercheurs de quantifier l’aptitude ou l’inaptitude des organismes à s’adapter à de nouveaux environnements. Par conséquent, cette approche produira d’importantes connaissances quant aux effets des changements climatiques sur la biodiversité et la santé des écosystèmes et les moyens de préserver l’approvisionnement en aliments et en énergie dans les conditions climatiques défavorables de l’avenir.
Les principaux établissements qui ont participé à cette initiative comprennent l’Université Western Ontario, l’Université de Guelph et Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Les trois premiers objectifs des programmes de recherche que le Biotron permettra de réaliser seront les suivants: premièrement, accélérer la compréhension des réactions aux changements climatiques et de leurs répercussions sur les écosystèmes terrestres et aquatiques; deuxièmement, établir l’infrastructure de recherche nécessaire pour appuyer et encourager la transition des marchés de croissance vers ce qu’on appelle la bioéconomie dans les domaines de la médecine, de l’agriculture et des forêts; et troisièmement, fournir l’expertise et les installations analytiques nécessaires pour évaluer et quantifier les avantages et les risques environnementaux liés aux biotechnologies émergentes pour la biodiversité et la santé générale des écosystèmes.
Le Biotron permet à d’éminents scientifiques non seulement de comprendre les mécanismes utilisés par des organismes aussi divers que les plantes, les algues, les cyanobactéries, la microfaune du sol et les insectes pour ressentir les changements environnementaux et y réagir collectivement ainsi qu’à l’échelle des organismes et des molécules, mais aussi d’évaluer les répercussions des changements climatiques sur l’interaction de ces organismes avec les écosystèmes contrôlés.
Le financement du Biotron a été décidé en mars 2004. La FCI et le Fonds ontarien pour l’innovation ont versé chacun une contribution de 40 p. 100, les 20 p. 100 restants étant assumés par l’Université Western Ontario et le secteur privé. La construction de l’établissement a été terminée au cours de l’été 2007, et l’inauguration officielle est prévue pour septembre 2008.
Depuis 2000, le financement de la recherche scientifique a connu une croissance sans précédent grâce à la Fondation canadienne pour l’innovation et à des programmes tels que les Chaires de recherche du Canada. La vision privilégiée par ces programmes innovateurs a été reconnue par la communauté scientifique internationale et constitue un précieux atout quand il s’agit de recruter de nouveaux professeurs pour les universités et d’attirer des boursiers de recherches postdoctorales et des étudiants de troisième cycle hautement qualifiés.
En revanche, le maintien de la viabilité à long terme de la nouvelle infrastructure créée avec le soutien de la FCI demeure un défi de taille. Le déclin de l’appui accordé à ces grands projets de recherche qui ont vu le jour grâce à la FCI est inévitable à défaut d’un soutien public et privé à long terme de la recherche fondamentale faite dans les grands établissements tels que le Biotron. Il est donc essentiel pour la survie de ces établissements de trouver un juste équilibre entre le financement de la recherche ciblée et celui de la recherche axée sur la découverte.
Je vous remercie.
:
Il s’agit tout d’abord de savoir où le secteur privé fait faire sa recherche. Dans la plupart des cas où il finance la recherche universitaire, il le fait sur une base contractuelle. Quand je parle de commercialisation, ce n’est pas nécessairement la commercialisation des résultats de la recherche directement financée par contrat dans les universités. Je parle d’une façon plus générale de la vaste gamme de travaux de recherche universitaire, qui bénéficient le plus souvent d’un financement public, et de la façon dont les résultats sont mis en marché.
Je n’ai pas eu le temps de donner plus de détails en cinq minutes, mais je voudrais souligner que les relations entre les universités et le secteur privé sont devenues beaucoup plus complexes et plus étroites au cours de la dernière décennie. Ce que nous avons fini par comprendre se retrouve dans la stratégie des sciences et de la technologie: la commercialisation n’est plus ce que nous pensions qu’elle était, c’est-à-dire un mouvement à sens unique partant des universités. Aujourd’hui, elle implique de former des partenariats et des réseaux complexes à différents niveaux entre le secteur privé et les établissements.
Quand j’ai parlé de problèmes, je voulais dire que, oui, nous pouvons en faire davantage. Nous avons réalisé des progrès sensibles, notamment sur le plan des attitudes des deux côtés. Je crois cependant qu’il est possible de faire mieux. L’un des éléments du problème, c’est que notre secteur privé n’a souvent pas encore les capacités réceptrices nécessaires pour développer les découvertes qui ont un potentiel de commercialisation. Il y a donc du travail à faire pour constituer ces capacités dans le secteur privé.
Encore une fois, d’après la stratégie des sciences et de la technologie, notre secteur privé est mieux en mesure de comprendre l’importance et d’utiliser les gens ayant des diplômes supérieurs, qui peuvent établir ce lien essentiel. Cela fait partie du problème. Dans la mesure où le secteur privé charge les universités de faire des recherches, cette relation se renforce avec le temps.
:
Bonjour, mesdames et messieurs, et merci d'être présents.
Comme on sait qu'il n'y a pas de recherche sans chercheurs, j'aimerais poser ma première question à M. Best. Vous nous dites, dans votre mémoire, qu'il y aura, avec tous les diplômés sur le marché du travail qui prendront leur retraite, une demande massive de renouvellement. Par ailleurs, vous nous dites que l'OCDE indique que le Canada accuse un retard important par rapport aux autres pays en ce qui a trait aux titulaires d'un doctorat.
La question que je me pose est à savoir quelles sont vos solutions. Je demanderais également aux autres intervenants si cette situation a des répercussions dans leurs organisations. Doit-on, par exemple, aller chercher des chercheurs à l'étranger, ou en a-t-on suffisamment au Canada pour répondre à nos besoins?
:
Merci de la question. Ce qu'on doit faire est une combinaison de choses. Premièrement, on doit sans aucun doute produire plus de titulaires de doctorat ici, au Canada. Depuis au moins une vingtaine d'années, on s'est tournés vers l'extérieur pour trouver une proportion assez importante de titulaires de doctorat, des immigrants ayant un doctorat. Ces derniers vont demeurer une source importante de diplômés et il faut être capables de compétitionner mondialement pour les obtenir. Il y a une compétition mondiale pour cette sorte de talent et pour ces gens qui ont un doctorat.
En même temps, on doit cultiver plus de talents et former plus de docteurs ici. Il faut donc des investissements, comme des bourses, pour encourager plus de gens qui ont le talent et la capacité de compléter un doctorat à se lancer dans ce projet, souvent alors qu'ils sont dans la vingtaine, et à faire certains sacrifices pendant cette période assez cruciale de leur vie.
Les bourses sont une partie de la solution, mais il faut aussi que les universités aient la capacité de former ces gens. C'est une question fédérale et provinciale. C'est donc une combinaison de choses. En même temps, on doit faire ce que l'on peut pour attirer les immigrants.
:
Absolument. Dans le document que je vous ai fait parvenir, vous trouverez un tableau qui résume la gouvernance et la reddition de comptes. Génome Canada doit rendre des comptes régulièrement au gouvernement du Canada. Le ministère responsable est Industrie Canada.
Il y a plusieurs façon de le faire. On peut présenter un plan corporatif chaque année. Nous avons des réunions du conseil d'administration tous les trimestres. Un représentant du gouvernement siège au conseil d'administration de Génome Canada. Nous avons des politiques, nous avons une série de redditions de comptes, de rapports annuels, un plan stratégique et un plan corporatif.
Sur un autre plan, nous avons eu des vérifications, non pas des vérifications financières, mais des vérifications de complaisance. L'entente entre le gouvernement du Canada et Génome Canada est une entente contractuelle. C'est un contrat de services en bonne et due forme. Dans l'entente, il est indiqué que, régulièrement, le gouvernement du Canada peut, à sa demande, faire non pas seulement des vérifications financières, mais des vérifications de complaisance. L'entente est-elle conforme à ce que nous faisons? Il peut faire des vérifications d'évaluation. Il s'agit quand même de 840 millions de dollars. Avons-nous fait ce à quoi le gouvernement s'attendait? Ces vérifications, ces audits, se font de façon régulière tous les ans.
:
Très brièvement, il est clair qu’un certain nombre de nos établissements membres sont en cause, comme hôtes ou autrement. Beaucoup de ces installations reçoivent de l’aide de plusieurs établissements et organismes, y compris des partenaires du secteur privé, des gouvernements provinciaux, etc.
Je peux dire que je suis complètement d’accord avec M. Phillipson: les modèles varient beaucoup et sont conçus pour faire des choses assez différentes les unes des autres. Dans certains cas, les relations avec le secteur privé sont régies par des contrats en vertu desquels les entreprises peuvent faire faire leurs recherches dans une installation donnée. Je doute cependant qu’il soit souhaitable de demander au secteur privé de couvrir en permanence les frais d’exploitation d’une telle installation. Je ne crois pas que ce soit la meilleure façon de procéder, bien que cette formule puisse convenir dans certains cas. Je pense qu’il faut examiner chaque cas séparément.
Quoi qu’il en soit, j’estime qu’il est important de mettre en place un cadre, qui tienne bien sûr compte des différences, avant d’entreprendre d’autres projets de ce genre. À l’heure actuelle, il y a des gens qui les gèrent. Dans certains cas, ce sont des scientifiques qui passent beaucoup de temps à chercher des fonds pour assurer le fonctionnement de ces installations pendant un, deux ou trois ans, au lieu de consacrer leurs efforts à la recherche scientifique et à l’application des résultats.
:
Je suis heureux que vous ayez mentionné cet aspect. J’ai examiné la structure de gouvernance dans les conseils d’administration. On me dit qu’il est difficile d’obtenir des fonds privés. Toutefois, les conseils d’administration se composent tous d’universitaires. Sur le plan de l’établissement de contacts et de réseaux, il serait pour moi plus logique que ces conseils comptent parmi leurs membres des gens qui sont en relation avec le secteur privé.
Cela m’amène à ma question suivante. Je voulais vous en parler. Vous représentez l’Association des universités et collèges du Canada. Dans votre exposé préliminaire, vous n’avez parlé que des universités. À Oshawa, j’ai le Collège Durham et l’Institut de technologie de l’Université de l’Ontario. J’ai entendu dire qu’il y avait un préjugé réel au sujet de la recherche universitaire par rapport à celle que font les collèges, c’est-à-dire au sujet de la recherche théorique par opposition à la recherche appliquée.
Comme je l’ai dit, vous n’avez parlé dans votre exposé que des universités. Vous n’avez rien dit des collèges. Je me demande donc s’il n’y a pas un préjugé inhérent dans notre financement de la recherche. Ai-je raison de m’inquiéter? Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?
Je voudrais d’abord répondre à votre observation concernant mon exposé. Nous représentons les universités et les collèges de niveau universitaire. Cela explique peut-être le préjugé. Je ne peux pas parler au nom des collèges communautaires. Je sais que l’Association des collèges communautaires du Canada représente les collèges. Jim Knight a abordé la question ici. Je sais que les collèges font ce qu’ils considèrent comme étant d’importantes recherches appliquées, et ils en font de plus en plus. Toutefois, la recherche universitaire couvre tout l’éventail des activités, de la recherche fondamentale à la recherche appliquée, dans une foule de domaines.
Y a-t-il un préjugé dans le financement? Je dois dire que la recherche universitaire couvre tout l’éventail. On ne peut vraiment pas en dire autant de la recherche faite dans les collèges communautaires. Elle ne s’étend pas à toutes les activités, de la recherche fondamentale aux différents types de recherche appliquée.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous nos témoins. Je vous remercie de vos exposés.
Je voudrais vous poser à tous une question concernant l’équilibre à maintenir dans les investissements du gouvernement. La FCI offre de l’argent – celui des contribuables – qui permet ensuite de former des partenariats avec le secteur privé. Je suppose que beaucoup des projets retenus sont choisis, de toute évidence, à cause de leur potentiel de commercialisation, pour qu’il soit ensuite possible d’obtenir des fonds du secteur privé, ce qui est important pour l’avenir. Nous savons par ailleurs que la recherche fondamentale peut parfois mener à d’importantes découvertes et donner lieu à des possibilités souvent imprévues. Nous avons donc besoin d’en arriver à un certain équilibre.
Quel devrait être cet équilibre? Comment faudrait-il répartir le financement entre des organisations telles que la FCI, qui soutient des projets susceptibles d’être appuyés par le secteur privé, et les subventions de recherche aux universités et à d’autres établissements faisant de la recherche fondamentale dont on ne sait pas, au départ, si elle aboutira ou non à des applications commerciales?
Est-ce que l’un d’entre vous a quelque chose à dire à ce sujet? Vous pouvez tous répondre si vous le souhaitez.
:
Je serais heureux de commencer.
L’équilibre à trouver dépend dans une grande mesure du type de recherche à faire, entre la recherche fondamentale et la commercialisation. De toute évidence, le secteur privé n’a pas tendance à investir dans des recherches très théoriques. C’est le cas aussi bien au Canada que partout dans le monde. Il incombe essentiellement au gouvernement, c’est-à-dire au secteur public, d’investir dans les travaux de ce genre qui se situent tellement en amont qu’il est impossible d'en prévoir les applications commerciales possibles. Personne n’aurait pu prédire quels avantages commerciaux pouvaient découler de la recherche fondamentale d’Einstein. En même temps, personne ne peut nier aujourd’hui ces avantages, mais Einstein lui-même n’aurait pas pu le prévoir au départ. Par conséquent, le financement de la recherche fondamentale relève en général du secteur public.
Dans le domaine du développement technologique, où les collèges font un travail considérable, le financement est beaucoup plus équilibré. Ce secteur bénéficie d’un financement aussi bien public que privé. Lorsqu’une technologie est développée et qu’on est prêt à passer à l’étape de la mise en marché, le financement vient surtout du secteur privé. Dans ce cas, le rôle du gouvernement consiste principalement à faciliter la tâche des entreprises grâce à des mesures fiscales et autres.
:
Je crois que nous l’avons fait. Il y a eu beaucoup de rattrapage dans les huit à dix dernières années.
Je vais profiter de l’occasion pour répondre aux questions de M. Brison en même temps qu’à la vôtre. En effet, nous nous comparons toujours à la Silicon Valley. Quand je faisais moi-même de la recherche, j’ai eu l’occasion d’aller à Sorrento Valley, en Californie, dans le coin de San Diego. Trois ingrédients sont nécessaires: des scientifiques compétents, de bonnes connaissances scientifiques et de l’argent. Si l’un des ingrédients manque, on ne peut pas réussir.
Pour répondre aux questions de M. Brison ainsi qu’aux vôtres...
:
Non, non, les questions sont très liées. Il voulait connaître les ingrédients et vous vous interrogiez sur l’équilibre à réaliser. Il y a une certaine cuisine à faire ici.
La solution, c’est le temps. Il faut être patient. Nous ne pouvons pas comparer Sorrento Valley ou Silicon Valley à ce que nous faisons aujourd’hui. Nous pourrons peut-être le faire dans une dizaine d’années.
Avons-nous un équilibre adéquat? Je crois que oui. Le problème est d’arriver à survivre assez longtemps. Si le gouvernement investit 10 milliards de dollars dans des travaux de recherche, nous n’en verrons pas les résultats l’année prochaine. Dans le domaine des sciences de la vie, il faut attendre 10 à 15 ans.
À Génome Canada, nous devons demander à ceux qui cherchent à obtenir des fonds de nous convaincre que leurs recherches aboutiront à des résultats concrets dans les cinq ans. Ainsi, nous passons de 15 à 5 ans. Toutefois, nous n’essayons pas d’obtenir un rendement sur l’investissement. Cela prend du temps, beaucoup de temps.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais remercier les témoins d’être venus au comité ce matin.
J’aimerais revenir à une question soulevée par M. Carrie au sujet de ce que nous finançons et ne finançons pas. Dans beaucoup de cas, nous ne finançons pas les frais d’exploitation. À mon avis, cela nous fait souvent perdre les provinces comme partenaires. J’ai pu constater, lors des cérémonies d’inauguration de certaines de nos grandes installations de recherche, que les ministres provinciaux avaient une attitude très négative parce qu’ils savaient qu’ils seraient obligés de financer les frais d’exploitation pendant 10, 15 ou 20 ans.
Est-ce bien le cas? Les provinces constituent des partenaires très importants dans tout projet de recherche que nous réalisons.
:
Je vous remercie. Je comprends votre question.
Nos décisions se fondent, comme je l’ai dit, sur une évaluation rigoureuse de la valeur des propositions. Je n’irai pas dans les détails, mais nous chargeons d’abord des experts du domaine d’évaluer l’aspect scientifique. Ensuite, un comité de niveau élevé, composé d’universitaires, de fonctionnaires et de représentants du secteur privé, évalue les avantages globaux possibles pour le pays, après quoi la demande passe à un troisième niveau. Nos décisions se fondent en définitive sur la valeur des propositions, comme je l’ai brièvement expliqué.
Quand on examine la situation des établissements en fonction de leur taille, d’après le pourcentage de leurs demandes par rapport au nombre total, on constate que les collèges se classent légèrement devant les petites et les grandes universités. Ils sont suivis par les petites universités, ce qui fait que les grandes universités dont vous avez parlé se classent troisièmes d’après le pourcentage des demandes retenues. Bien sûr, il y a une différence dans la taille des projets parce que les grandes universités sont celles qui peuvent établir des propositions et des plans détaillés et entretenir des installations scientifiques de grande envergure.
Il ne faut pas non plus perdre de vue que quelques-unes des subventions les plus importantes vont au secteur médical et de la santé et que le Canada ne compte au total que 16 facultés de médecine. Par conséquent, les petits établissements dont vous avez parlé et qui n’ont pas de facultés de médecine ont quand même un bon pourcentage de succès lorsqu’elles nous présentent des demandes. Toutefois, leurs subventions sont plus petites parce que la plupart de leurs projets ne touchent pas au secteur médical qui exige d’énormes investissements.
J’avais prévu que cette question serait posée parce qu’elle a été soulevée auparavant. J’ai donc fait une petite recherche. Le fait est que la concentration n’est pas un nouveau phénomène. En 1997, 75 p. 100 de l’ensemble des fonds fédéraux consacrés à la recherche universitaire sont allés à 15 établissements. En 1991, les 15 premiers établissements en ont obtenu 74,5 p. 100 et, en 2004-2005, ce chiffre était de 76 p. 100. Les établissements du bas de cette liste de 15 peuvent changer, mais ce phénomène de concentration n’a rien de neuf. On peut également le constater dans d’autres pays.
Cela étant dit, nous sommes d’avis que l’excellence n’a pas une adresse particulière. Vous trouverez des poches d’excellence ou de potentiel d’excellence en recherche dans toutes sortes d’établissements, petits, moyens et grands. L’essentiel est de veiller à ce que ces établissements aient la capacité de soutenir la concurrence dans les examens nationaux par les pairs, sur la base de leurs propres compétences.
:
C’est une question très importante. L’environnement mondial évolue d’une façon un peu paradoxale. De plus en plus de recherches se font en collaboration entre différents pays, mais, dans le même temps, la concurrence est de plus en plus acharnée. Aujourd’hui, les résultats de la recherche sont communiqués à la vitesse de la lumière. Parallèlement, les pays, surtout ceux qui sont en développement comme la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie, qui n’avaient pas auparavant la capacité de concurrencer l’Ouest en sciences et en technologie, deviennent très rapidement nos concurrents.
C’était l’une des raisons – cela nous ramène à la question concernant les titulaires de doctorats – pour lesquelles le Canada était une destination de choix pour les titulaires de doctorats étrangers qui voulaient avancer dans leur carrière et cherchaient un pays où s’établir. Ces gens peuvent maintenant rentrer dans leur pays d’origine et y faire carrière avec un grand succès. Ainsi, nous ne pourrons plus beaucoup compter à l’avenir sur les titulaires de doctorats étrangers que nous avions auparavant.
L’environnement de la recherche est donc beaucoup plus concurrentiel. Le Canada s’est extrêmement bien débrouillé dans les 10 dernières années pour de nombreuses raisons, la principale étant l’énorme investissement fait par le gouvernement du Canada par l’entremise de tous les organismes dont les représentants comparaissent devant vous. Mais ce n’est pas une chose qu’on fait de façon ponctuelle. Autrement dit, nous ne pouvons pas dire qu’ayant beaucoup fait pour la recherche, nous pouvons maintenant passer à autre chose. C’est une exigence permanente, beaucoup comme l’éducation. On ne peut pas instruire un groupe d’enfants, puis passer à autre chose. Par conséquent, pour que le Canada garde sa position dans le monde des sciences et de la technologie, nous allons devoir maintenir les types et les niveaux d’investissement des dernières années. Nous n’avons pas nécessairement à augmenter constamment les fonds qui y sont consacrés, mais nous devons atteindre un niveau permettant de maintenir notre effort.
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Très bien. Merci, monsieur le président.
C’est une excellente réponse et un excellent exemple.
Je veux maintenant revenir au fait que nous représentons les Canadiens ici. On a parlé de la nécessité de faire en sorte que ces investissements profitent aux Canadiens sous forme d’une économie plus prospère et de meilleures possibilités de produire de la richesse. Pouvez-vous préciser, dans un langage simple, de quelle façon ces importants investissements dans la science peuvent assurer un meilleur avenir aux Canadiens?
M. Best, ou quelqu’un d’autre que je n’ai pas encore entendu, pourrait peut-être répondre.
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Je dirais que les Canadiens tirent trois avantages des investissements dans la recherche. Le premier, ce sont les gens qui font des études et vont ensuite renforcer la population active adaptable du pays. Notre rapport
En plein essor présentera quelques statistiques sur les effets d’un plus grand nombre de diplômés d’université qui ont étudié dans un environnement enrichi par la recherche et sur ce que cela représente pour la population active et la contribution à la société dans tous les secteurs.
Le deuxième avantage réside dans le savoir produit dans le pays. Le Canada représente 0,5 p. 100 de la population mondiale, mais produit plus de 4,5 p. 100 du savoir créé. Qu’est-ce que cela signifie sur le plan des découvertes partout dans le pays? Nous montrerons quelques-unes de ces découvertes clés dans des domaines de pointe ainsi que les contributions à ce que j’appelle la réserve stratégique. En réponse à la question que vous avez posée plus tôt au sujet de l’équilibre entre les priorités stratégiques et la réserve stratégique, je dirais qu’après les attentats du 11 septembre 2001, nous avons soudain eu besoin de trouver des gens qui comprenaient les différentes religions et qui connaissaient les langues nécessaires pour que nous puissions lutter contre le terrorisme. La veille du 11 septembre, nous ne savions pas que nous aurions besoin de ces gens. Toutefois, si nous n’avions pas maintenu cette réserve stratégique, nous n’aurions pas été en mesure de faire appel à eux.
Le troisième avantage réside dans l’application de ce savoir produit par les gens qui l’incarnent. Cela est lié à la façon dont les universités et la recherche alimentent l’innovation. Je crois que nous avons besoin d’un concept plus vaste à cet égard, qui englobe les innovations touchant les produits, les services et les procédés, mais aussi les innovations en matière de comportements et de politiques. Le concept s’étend donc à tout l’éventail de la recherche. Dans notre rapport, nous donnerons des exemples précis venant d’établissements. Je serais heureuse de vous en faire part plus tard.
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Merci, monsieur le président.
Nous allons poursuivre dans la même veine. Je trouvais cela intéressant quand Mme Gauthier parlait de la population éduquée, de l'application du savoir, etc.
À quel pourcentage de la population cela profite-t-il?
Ma deuxième question s'adresse à M. Phillipson. Je comprends que vous ne parliez pas d'avantages économiques, mais je pense que les Canadiens qui investissent autant d'argent dans vos différentes sphères d'application s'attendent à un certain rendement économique. Si c'est seulement pour former des universitaires, il y aura des questions à savoir si on investit au bon endroit ou si on fait de bons investissements.
J'aimerais obtenir quelques réponses.
Je vais vous revenir, monsieur Godbout, ne vous inquiétez pas. Je vous ai à l'oeil.
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Si vous voulez des chiffres précis – et vous avez parfaitement le droit d'en demander –, je vous dirai qu'ils sont difficiles à trouver. Toutefois, des études ont été et sont réalisées dans un certain nombre de pays sur le rendement de l’investissement dans la recherche. Dans l’ensemble, le rendement est en général de l’ordre de 700 p. 100. Autrement dit, pour chaque dollar investi dans la recherche, il y a, en bout de ligne, un avantage ou un rendement de l’ordre de sept dollars.
La difficulté, comme M. Godbout l’a mentionné, c’est que ce rendement n’est pas immédiat. Ce n’est pas une chaîne de montage dans laquelle la recherche entre à une extrémité tandis que les avantages économiques sortent par l’autre. Selon le domaine, il faut attendre 10 à 15 ans, parfois plus, et les résultats ne sont pas linéaires. Il est possible de tout expliquer en rétrospective, mais il est très difficile de prévoir les résultats futurs. L’histoire nous a cependant montré que ces résultats existent et qu’il y a un rendement économique.
De plus, si vous me permettez de prendre 30 secondes supplémentaires, ceux d’entre nous qui travaillent pour les organisations de financement de la recherche ne comptent pas sur les antécédents ou sur la foi pour prendre des décisions. Nous essayons de tout documenter. À la FCI, par exemple, nous sommes en train de terminer une étude sur les entreprises dérivées dont la création, dans des universités, s’est fondée dans une grande mesure sur l’infrastructure fournie par la FCI.
Il faut en même temps garder à l’esprit le fait que le plus gros de ces investissements n’a été fait que dans les cinq ou six dernières années. Il existe déjà 94 entreprises dérivées qui répondent à cette description et qui ont attiré, en recourant au capital de risque et à des placements initiaux de titres, des investissements de 1,1 milliard de dollars. Et nous n’en sommes qu’aux tout premiers stades. Autrement dit, ces avantages économiques découlent des investissements faits par la FCI dans les cinq, six ou sept dernières années. Je m’attends à ce que les répercussions soient beaucoup plus importantes, à mesure que nous poursuivrons nos efforts et nos études.
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Vous dites qu'il y a eu des retombées d'un milliard de dollars. Cependant, depuis 1997, vous avez dépensé 3,75 milliards de dollars. L'équation n'est peut-être pas égale.
Revenons à Génome Canada et au nouveau Biotron. J'ai entendu vos présentations, tous les deux, et je pense que vos recherches s'entrecroisent. En ce qui concerne Génome Canada, on parle d'agriculture, de recherche, de projets à grande échelle en agriculture, de protéines. On parle également d'environnement. Vous avez également financé des projets environnementaux. Avec Biotron, on parle de changements climatiques, des sciences de la terre, des plantes.
Est-ce que ces recherches peuvent s'entrecroiser? Sinon, sont-elles similaires? Je ne m'y connais pas beaucoup. Selon vos présentations, cela me paraît semblable. Est-ce complètement différent?
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Je remercie les témoins d’être venus au comité aujourd’hui. J’ai quelques questions à poser.
Pour moi, c’est un sujet vraiment passionnant. Vous faites un travail que je trouve fascinant. Je suppose que vos conversations, dans les milieux universitaires, sont du plus grand intérêt. Toutefois, comme parlementaire – relativement récent, dirai-je –, je me suis déjà posé des questions sur des domaines comme l’industrie forestière que nous avons laissé tomber. Vous hochez la tête. Je suppose que vous avez compris où je veux en venir. Voilà une industrie qui, pendant des années, a tiré parti du dollar à 65 ou 80 ¢. Ensuite, les Finlandais et les Suédois sont venus et créent aujourd’hui toute l’innovation que nous savons.
Nous venons d’établir ce que nous appelons un caucus du camionnage. L’industrie du camionnage est énorme au Canada. Elle livre tout ce que nous produisons et exportons. Elle a créé le camion écologique enviroTruck et nous en a parlé. Avez-vous raté cela? Ratons-nous ce genre de projets? Je le sais bien, quand nous parlons de ce qui arrivera dans 15 ans, il n’y a pas de doute que ce travail doit être fait. Mais il y a aussi les choses courantes, tout ce qui fait marcher notre économie. Faisons-nous abstraction des industries qui ont besoin d’aide? Les universités peuvent leur donner l’assistance dont elles ont besoin. Nous pouvons développer tout un nouveau secteur pour faire toutes les choses dont vous parlez.
Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?
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Je vais essayer de répondre très rapidement.
Dans ce contexte, ne perdons pas de vue, en parlant de propriété intellectuelle, que le Canada n’avait pas de loi sur les brevets il y a 20 ans. Dans le cas de la santé humaine, par exemple, il faut 15 ans pour commercialiser un produit, depuis le laboratoire jusqu’au patient. Nous entreprenons tout juste cette phase parce que cela ne fait que 20 ans que nous avons une loi sur les brevets.
Par conséquent, pour répondre à votre question, oui, nous nous soucions beaucoup de cela. Dans le cas de la génomique et de la protéomique, le nombre de demandes de brevets a considérablement augmenté. À qui appartiennent les résultats de la recherche? Je crois, dans notre cas, qu’ils devraient appartenir aux établissements et non au gouvernement du Canada.
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Encore une fois, cela dépend du domaine. Le Canada constitue un point de repère à bien des égards. Il n’y a pas de doute que des organisations comme la Fondation canadienne pour l’innovation et les Chaires de recherche du Canada servent de modèles à beaucoup de pays. Elles donnent le ton et sont uniques en leur genre.
Dans l’ensemble, quels sont les pays qui ont bien fait les choses? Les pays sont tellement différents les uns des autres que je ne sais pas si on peut faire des comparaisons directes. Chaque pays doit trouver sa propre voie. Toutefois, si vous voulez savoir quels pays ont eu le plus de succès, je vous dirai qu’en général, ce sont les petits pays d’Europe occidentale, comme la Suède, la Suisse, la Finlande et le Danemark, ainsi qu’Israël. Ce sont tous de petits pays avec des géographies très différentes. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons rien apprendre d’eux. Ce n’est pas vrai, mais je suis sûr que leur expérience n’est pas directement applicable au Canada.
Madame Nash, vous avez parlé à plus d’une reprise d’équilibre, mais l’équilibre doit exister dans un certain nombre de dimensions. Ce n’est pas comme une cible qu’on atteint une fois pour toutes, après quoi il suffit de rester là. Réaliser l’équilibre est un travail permanent. Nous avons besoin d’une approche équilibrée de la recherche ciblée par rapport à la recherche non ciblée. Nous avons besoin d’une approche équilibrée à l’égard de la recherche publique rapport à la recherche privée. Nous devons réaliser l’équilibre entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée visant la commercialisation. Ce serait un excellent thème, aussi pertinent qu'important, pour le comité.
Je manquerais à mon devoir envers nos membres si je ne mentionnais pas que les coûts institutionnels de la recherche, dont j’ai parlé dans mon exposé préliminaire, constituent une priorité particulière pour nous. C’est encore une question d’équilibre entre les différents types d’investissement faits par le gouvernement fédéral. C’est probablement le problème le moins compris et le moins visible, mais, du point de vue des universités, c’est probablement celui qu’il est très important de régler pour permettre aux établissements de maintenir un environnement enrichissant pour les chercheurs. Cela revient à dire que le gouvernement fédéral devrait, en finançant la recherche par l’intermédiaire des organismes subventionnaires et autrement, couvrir toute la gamme des coûts institutionnels. J’en ai parlé brièvement dans mon exposé préliminaire.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président. Je partagerai mon temps de parole.
J’aimerais poser immédiatement mes deux questions et demander aux témoins d'y répondre d’une façon très précise et très succincte.
La première concerne un projet réalisé à Winnipeg, au Manitoba, dans le cadre d’un partenariat d’Agriculture Canada. Le projet s’appelle NCARM, mais le nouveau gouvernement l’appelle CCARM. Il s’agit essentiellement de travaux de recherche sur les produits nutraceutiques, dans lesquels un ministère fédéral participe directement avec l’université et un établissement de recherche. Il y a une certaine rotation des scientifiques, de sorte qu’il peut y avoir du personnel scientifique d’Agriculture Canada au centre de recherche.
Je crois que c’est très innovateur et très créatif. Je me demande si c’est ce qui nous attend à l’avenir et si cela se fait ailleurs. C’était la première fois que j’en entendais parler. J’ai trouvé cela très intéressant.
[Français]
Ma deuxième question s'adresse à M. Godbout.
Vous avez dit avoir investi 840 millions de dollars et avoir profité, par ricochet, d'un milliard de dollars provenant du secteur privé ou d'autres partenaires. Il s'agit de projets de longue haleine.
Y a-t-il une possibilité de commercialisation? Est-il possible de partager les bénéfices à long terme dans le cas de projets de longue haleine comme ceux-là?
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On dit de Génome Canada qu'il gère son fonds comme un fonds de capital de risque. C'est bon ou mauvais, selon la personne à qui on parle. Lorsqu'on investit dans des projets de recherche à long terme, on s'assure qu'une application est possible à l'intérieur d'un délai de cinq ans. Je vais vous donner deux exemples. Le premier se situe à Terre-Neuve, où nous avons identifié les deux gènes responsables de l'arythmie cardio-vasculaire du ventricule droit. On parle ici de gens qui ont 22, 23, 24 ou 25 ans, qui ne souffrent d'aucun symptôme cardio-vasculaire, mais qui meurent subitement à un moment donné. Le gouvernement de Terre-Neuve a offert aux familles de faire gratuitement les tests de dépistage génétique. Lorsque le gène déficient est détecté chez une personne, on lui implante un pacemaker, et elle continue à vivre. Il y a donc un impact social et économique très important.
L'autre exemple se situe dans la ville de Québec, où le Dr Michel Bergeron, qui est chercheur, a mis au point un appareil dans lequel on peut introduire une goutte de sang ou de salive. Quand une personne se présente à l'urgence avec un enfant de deux ans qui fait de la fièvre, on ne sait pas s'il s'agit d'une grippe bactérienne ou virale. Dans le cas d'une grippe bactérienne, la personne peut en mourir. Les médecins prescrivent des antibiotiques pour éviter les risques. Or, on est maintenant en mesure de déterminer à l'intérieur de 45 minutes s'il s'agit d'une infection bactérienne et, le cas échéant, le type de bactérie en cause et le type d'antibiotique à administrer. La bonne nouvelle, sur le plan économique, est que la multinationale Becton Dickinson a annoncé un investissement de 300 millions de dollars dans le parc technologique de Québec en vue de manufacturer et développer ce produit.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais poursuivre dans la même veine que MM. Stanton et Vincent.
Le gouvernement du Canada a l'obligation d'investir dans la recherche scientifique, mais il a aussi celle de justifier ses actions auprès des citoyens. Vous avez donc l'obligation d'aider le gouvernement canadien à expliquer aux citoyens les avantages qu'ils reçoivent en échange des efforts financiers considérables qu'ils consentent en faveur d'universités où ils n'ont probablement aucune intention d'envoyer leurs enfants.
Quand on envoie des athlètes à grands frais aux Jeux Olympiques, il arrive qu'une médaille d'or revienne au pays. Ce n'est pas fréquent. La culture de médiocrité canadienne fait en sorte que très souvent, des athlètes s'étant classés vingtièmes aux Jeux Olympiques reviennent en disant qu'ils ont été très bons, ce qu'aucun contribuable ne devrait croire.
Dans le domaine de la recherche scientifique, si on regarde les choses du point de vue du simple contribuable et non de celui du professeur d'université très satisfait de lui-même, peut-on trouver un critère, un test auquel le simple citoyen peut recourir pour vérifier comment son argent, durement gagné, est utilisé par la communauté scientifique? Que seriez-vous prêt à faire pour que l'ouvrier qui paie des impôts à la sueur de son front soit tenu au courant des résultats? De cette façon, le simple citoyen ne serait pas en rogne contre son gouvernement du fait qu'il a accordé autant d'argent — pour maintenir la comparaison avec les Jeux Olympiques —, mais que si peu de prix Nobel ont été remportés.
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Pour avoir moi-même été membre de l'équipe nationale, je sais ce dont vous parlez. Vous êtes un expert en communications. Les chercheurs ont un énorme besoin de communiquer avec le public.
[Traduction]
Certains en sont capables, et d’autres pas.
[Français]
Vous êtes originaire de Québec. Le professeur Fernand Labrie a la possibilité et l'art de communiquer avec le public. Nous savons que ses travaux portent sur le cancer de la prostate, et qu'il y a des problèmes et des découvertes. Toutefois, tous les chercheurs n'ont pas cette aptitude à communiquer avec le public. La priorité est donc de communiquer au moyen des journaux, de la presse et de la télévision. Ce ne sont pas tous des Wayne Gretzky. Ceux qui financent la recherche ont donc également la responsabilité de communiquer avec le public et de l'informer du pour et du contre de la recherche. Chez Génome Canada, nous l'avons fait. Notre public cible est un public de 12 à 18 ans. C'est lui qui va décider s'il veut avoir une carrière scientifique ou pas. Nous voulons l'informer des possibilités de carrière.
Lorsque le contribuable se présente à l'hôpital avec son enfant, il ne s'en rend pas compte. L'enfant fait de la fièvre et la mère est en pleurs parce que l'enfant peut mourir. En 45 minutes, on sait s'il s'agit d'une grippe virale. Il prend de l'aspirine, s'en va chez lui, et en deux jours, c'est passé. S'il s'agit d'une infection bactérienne, il peut en mourir. Aujourd'hui, un chercheur du Canada a développé cette technologie.
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J'ai deux brefs commentaires à faire.
Premièrement, je suis d'accord que sur le plan des communications, nous devons faire davantage. C'est justement l'une des raisons qui ont motivé la publication, il y a trois ans, de notre document intitulé, en anglais, Momentum et, en français, En plein essor. Ce document va paraître à nouveau au mois d'octobre. Nous n'enverrons pas ce document d'une centaine de page dans les foyers de tous les Canadiens et Canadiennes au pays, mais nous songeons à d'autres moyens, par exemple à notre site Web, aux journaux, etc., pour communiquer les résultats des recherches et expliquer pourquoi les Canadiens et les Canadiennes devraient s'intéresser à la recherche.
Deuxièmement, nous avons eu l'occasion à deux reprises de former des groupes de discussion à cinq ou six endroits différents du pays, et ce fut fort intéressant pour nous. Je me disais que les personnes avec qui nous parlions n'apprécieraient ou ne comprendraient probablement pas la valeur de la recherche. J'ai été fort surprise de voir à quel point des gens qui n'avaient jamais mis les pieds sur un campus universitaire, jamais lu de résultats de recherches pouvaient expliquer à quel point la recherche universitaire était importante pour eux, et pas seulement dans le domaine de la valorisation. Avec le modérateur, nous leur avions dit que ce n'était important que si cela entraînait un essor économique. Ils ont répondu que non, que ce qui était important, c'était de comprendre leur culture et leur histoire, de promouvoir leur langue et de s'assurer qu'ils s'entendaient dans leur famille. Ils disaient que tout cela était fort important et que les chercheurs universitaires les aidaient à le faire.
Cela m'a beaucoup encouragée. Je ne dirai pas que le travail est fini, mais pour nous, c'est un signe que le peuple canadien comprend l'importance de ces contributions.
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Très bien. Merci beaucoup.
Tout d’abord, je conviens que les progrès réalisés dans les 10 dernières années ont été importants pour le Canada de même que pour la situation sociale, humaine et économique. J’estime que, s’il y a quelque chose à faire, c’est d’augmenter les investissements dans la recherche fondamentale.
J’ai demandé si les efforts étaient concentrés dans des secteurs particuliers des sciences de l’environnement parce que le succès de la collaboration, par exemple entre l’Université Stanford et Silicon Valley, tient partiellement aux ententes conclues au départ afin de concentrer les efforts pendant 5, 10 ou 15 ans sur les domaines considérés comme étant les plus prometteurs par le secteur de capital de risque. La collaboration ne commence pas au moment de la production de résultats. Elle commence lorsque les conseils subventionnaires et d’autres définissent des priorités en fonction des domaines auxquels ils attribuent le plus de valeur.
Des sociétés comme Kleiner Perkins Caufield & Byers ou Khosla Ventures prennent, par exemple, des décisions fondées sur les technologies propres. Elles concentrent leurs efforts sur l’énergie des vagues, les prochaines générations d’énergie solaire, la séquestration et le stockage du dioxyde de carbone ou les biocarburants cellulosiques. Leurs décisions se fondent sur les secteurs les plus prometteurs, comme l'épuration et la régénération de l’eau, le nettoyage des sites toxiques, etc.
Vous avez dit que la FCI n’a pas au départ des domaines de concentration et qu’elle se base essentiellement sur les demandes qu’elle reçoit et qu’elle juge intéressantes. Je dirais qu’il serait très sensé pour vous et pour le gouvernement d’envisager un léger changement d’approche pour dire que vous vous intéressez particulièrement à certains domaines dans lesquels le Canada peut devenir un chef de file. Il conviendrait en outre de prendre contact avec le secteur privé à ce stade, non pour faire une microgestion des projets, mais au moins pour leur imprimer une certaine orientation.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vous remercie d’avoir si bien présidé la réunion.
Je voudrais aussi vous remercier tous d’être venus aujourd’hui.
Je voudrais aborder une ou deux questions. J’ai trouvé tous les exposés très intéressants, mais je voudrais parler en particulier du mémoire de l’AUCC, qui explique très bien la mise en œuvre de la stratégie des sciences et de la technologie.
Vous parlez de quatre choses: le talent, pour lequel vous avez donné l’exemple des bourses Vanier, les frais directs de la recherche qui sont financés par les conseils subventionnaires, les frais institutionnels ou indirects de la recherche et l’infrastructure de recherche, dont la FCI constitue le meilleur exemple. Le problème pour n’importe quel gouvernement, c’est que les agences, les conseils et les autres viennent solliciter des fonds en s’appuyant sur des arguments très solides. Le gouvernement a donc des décisions très difficiles à prendre en matière de répartition. Je vais poser directement la question à l’AUCC, mais les autres peuvent répondre s’ils le souhaitent.
Supposons qu’au prochain budget, le gouvernement a – nous pouvons prendre n’importe quel chiffre, que ce soit 100 millions ou un milliard – mettons 100 millions de dollars à investir. Au stade actuel de nos activités de recherche-développement, comment répartiriez-vous ce montant entre le talent, les frais directs, les frais indirects et l’infrastructure de recherche?
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Merci, monsieur le président.
J’ai bien prévu la question, mais je n’ai pas de réponse toute prête. Je pense que vous n’en serez pas surpris.
C’est une question très importante. Je ne pourrais pas vous dire aujourd’hui que la répartition devrait être, par exemple, de 40-20-20. Nous travaillons sur ces chiffres. Je ne sais même pas si nous arriverons à en trouver. Je voudrais cependant insister sur deux points.
Tout d’abord, je ne crois pas qu’il soit possible de dissocier la répartition du niveau global de financement. Au départ, nous devons nous demander comment nous nous comparons à nos concurrents. Nous pourrons ensuite penser à la façon de répartir les investissements dont nous disposons de façon à rester compétitifs. Je sais que ce n’est pas ainsi que vous avez posé la question, mais les fonctionnaires me demandent souvent la même chose: si nous disposons d’un dollar supplémentaire, comment faut-il le répartir? Personnellement, je ne crois pas que ce soit là une conversation bien utile, et je sais que vous avez posé la question d’une façon différente. Mais je tiens à souligner que nous devons commencer par déterminer comment nous nous comparons à nos concurrents et au reste du monde.
Quant à l’équilibre relatif – et c’est l’autre point que je voulais mentionner –, je tiens à dire, comme je l’ai noté dans mon exposé, que la question des frais indirects est d’une importance extrême pour nos membres. Nous estimons qu’il est indispensable d’adopter à cet égard un taux de remboursement d’au moins 40 p. 100. Voilà donc notre priorité.
Je ne crois pas pouvoir aller plus loin pour ce qui est des chiffres et des pourcentages.
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Je vais peut-être m’aventurer à donner quelques chiffres.
Si nous examinons les sept ou huit premières années d’existence de la FCI, nous constatons que, comme il y avait un énorme déficit au chapitre de l’infrastructure dans les universités, le pourcentage de l’investissement fédéral total consacré à l’infrastructure s’est élevé en moyenne à 27 p. 100. Il y a deux ans, nous avons dit dans nos exposés qu’à notre avis, 20 p. 100 suffiraient maintenant pour maintenir les installations existantes à un niveau de pointe et pour en créer de nouvelles, parce qu’une bonne partie du rattrapage a déjà été faite.
Nous avons déterminé ce chiffre en examinant les besoins canadiens. Il est cependant intéressant de noter qu’il est très comparable aux chiffres correspondants des autres pays. Aux États-Unis, c’est 22 à 27 p. 100, en Australie 20 p. 100 et au Royaume-Uni 22 p. 100. Les autres pays ont donc un pourcentage de l’ordre de 20 p. 100.
Vous vous demandez peut-être comment nous sommes arrivés à ce chiffre. Sans aller dans les détails, je dirais que nous avons examiné les coûts, l’amortissement, la dépréciation du matériel et de l’infrastructure scientifique et ce qu’il faut dépenser chaque année pour continuer à avoir des installations de pointe. Cela nous a permis de déterminer les frais de maintien, auxquels nous avons ajouté les investissements prévus dans de nouveaux domaines émergents que nous n’avions pas financés auparavant.
C’est un calcul très approximatif, mais il permet de répondre d’une façon générale à votre question.