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Je déclare ouverte la 29
e séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie.
Conformément à l'article 108(2)du Règlement, nous poursuivons notre étude de la vente proposée d'une partie de MacDonald, Dettwiler and Associates à Alliant Techsystems.
Nous recevons aujourd'hui deux groupes de témoins, pour une heure chaque. Dans le premier panel, nous avons des représentants des Travailleurs canadiens de l'automobile, soit le Syndicat national de l'automobile, de l'aérospatiale, du transport et des autres travailleurs et travailleuses du Canada, en la personne de quatre responsables de l'organisation : Dawn Cartwright, directrice nationale de l'aérospatiale, Carol Phillips, adjointe du président, Steven Shrybman, conseiller juridique, et M. Roland Kiehne, président de la Section 112 de TCA.
Nous sommes censés avoir également une professeure de l'Institut de droit aérien et spatial de l'Université McGill, Mme Lucy Stojak. J'espère qu'elle ne tardera pas.
Puis nous avons M. Alain Royer, de l'Université de Sherbrooke, professeur et chercheur membre du CARTEL, le Centre d'application et de recherche en télédétection — du Département de géomatique appliquée de la Faculté des lettres et sciences humaines.
Vous avez tous été informés que vous disposez de cinq minutes pour une déclaration liminaire.
Nous allons commencer avec TCA, puis nous entendrons le professeur Royer, et j'espère ensuite que la professeure Stojak se joindra à nous.
Mme Cartwright, faites-vous l'exposé au nom de TCA?
Nous apprécions cette invitation à venir vous parler d'un enjeu qui nous paraît d'importance primordiale pour l'avenir de notre pays, et ce pour différentes raisons que nous allons expliquer. Vous constaterez que nous vous avons remis un mémoire écrit. Je vais faire ce matin une présentation verbale. Je suis accompagnée d'autres représentants qui pourront eux aussi répondre à vos questions.
Notre syndicat compte 260 000 membres, dont environ 11 000 dans le secteur aérospatial. Nous nous sommes réunis en conseil la semaine dernière et je peux vous dire que la vente de MDA y a été considérée comme de la plus haute importance pour notre syndicat, qui est représentatif des citoyens du pays. Un grand nombre d'intervenants se sont dits préoccupés par les implications de cette vente.
Nombre d'entre vous aurez reçu un document juridique que nous vous avons envoyé par la poste. Il est aux mains du greffier qui le fait traduire. Nous considérons que cette vente ne peut avoir lieu, sur la foi de cet avis juridique qui étoffe notre opposition.
En outre, pour répondre aux affirmations faites au début de la semaine par MDA sur la question de savoir qui, des États-Unis ou du Canada, contrôle l'obturateur, nous avons ici aujourd'hui Steve Shrybman, notre conseiller juridique, qui pourra répondre à vos questions sur l'avis que nous exprimons à ce sujet, soit que la loi américaine aura préséance.
Nous sommes ici aujourd'hui pour plusieurs raisons. En tant que syndicat social, nous sommes préoccupés par tout ce qui menace le bien-être des travailleurs canadiens dans leur ensemble. Cette vente menace non seulement nos membres employés chez MDA et leur avenir, mais représente également un danger pour notre pays.
En tant que syndicat, on nous parle souvent de la sécurité d'emploi. C'est une préoccupation majeure des travailleurs de l'industrie en général à l'heure actuelle dans notre pays. Chez MDA, ces jours-ci, et surtout à la division de robotique de Brampton, la société fait tout pour alimenter les craintes, disant que la vente à ATK est nécessaire pour préserver les emplois.
Vous avez entendu au début de la semaine le PDG Freidmann dire, en substance, que le ciel leur tombe sur la tête. Nous sommes venus dire aujourd'hui que le problème chez MDA exige non pas de trouver un acheteur étranger, mais que l'Agence spatiale canadienne octroie des fonds pour poursuivre le travail de développement.
Andrew Eddy, d'Athena Global, ancien membre de l'Agence spatiale canadienne, a écrit que MDA possède quantité de possibilités contractuelles et que, de fait, la société n'était pas intéressée à vendre jusqu'à ce qu'ATK présente une offre de 1,325 milliard de dollars, offre qui tout d'un coup a éveillé son intérêt.
MDA a affiché une augmentation de 37 p. 100 au dernier trimestre de ses bénéfices d'ensemble, anticipait un avenir radieux mais avait grand besoin d'une injection de fonds de l'Agence spatiale canadienne pour mettre au point la génération suivante. C'est une réalité dans cette industrie qu'il importe de bien comprendre. Il faut sans cesse travailler à la mise au point de la génération technologique suivante. La société a donc grandement besoin de ces fonds pour mettre au point la génération suivante de robots et du RADARSAT-2, afin d'améliorer un produit déjà excellent.
Il s'agit de savoir pourquoi ATK veut acheter MDA, pour en faire quoi, et nous espérons que vous obtiendrez aujourd'hui une réponse réelle — une vraie réponse, et non pas une réponse de relations publiques — quant à ses intentions réelles pour MDA.
Le marché de l'aérospatiale dans le monde représente environ 200 milliards de dollars. Une partie seulement de ce débouché, une partie seulement des clients potentiels, se trouve aux États-Unis. La concurrence est féroce dans le monde. Les États-Unis prennent du retard. Vous pourrez trouver des clients. Nous savons qu'il y a des clients prêts à acheter ce produit, et il y en aura à l'avenir.
À notre avis, ATK veut mettre la main sur les droits de propriété intellectuelle et c'est précisément la raison pour laquelle, à notre avis, il faut bloquer cette vente.
Nous abordons la troisième génération, l'imagerie tridimensionnelle de RADARSAT, qui offrira une haute précision. Demandez-leur, je vous en prie, quelles sont leurs intentions pour l'avenir de la division robotique de Brampton. Quelqu'un dans cette salle croit-il sérieusement aux assurances de préservation des emplois par ATK une fois la vente effectuée? Nous ne les croyons certainement pas, et nous serions très surpris si vous le faisiez.
En conclusion, la vente proposée du premier fournisseur canadien portera atteinte à la souveraineté nationale du Canada, notamment dans l'Arctique. Elle est contraire à la législation canadienne en vigueur. Elle va transférer la propriété et le contrôle d'une technologie et de données vitales à un pays étranger, contrairement à nos intérêts de sécurité nationale. Elle anéantira les perspectives futures du Canada d'améliorer son savoir-faire dans le domaine de la technologie spatiale. Et les entreprises de sous-traitance qui soutiennent le programme spatial canadien vont encore une fois, comme nous l'avons déjà vu avec l'Avro Arrow, être décimées par l'exode vers les États-Unis d'innombrables ingénieurs et techniciens de l'aéronautique hautement qualifiés, sans qu'existe aucune garantie du maintien des niveaux d'emploi au Canada.
Nous vous demandons de bloquer cette vente.
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Bonjour. Je vais concentrer mon intervention sur RADARSAT, le satellite d'observation de la Terre développé par MDA et l'Agence spatiale canadienne. Si vous me le permettez, je vais m'exprimer en français. Ainsi, je serai plus à l'aise pour défendre ce fleuron de la technologie canadienne pour l'observation de la Terre.
Je vais me concentrer sur cinq éléments d'inquiétude face à la vente et à la perte du contrôle des satellites RADARSAT-1 et RADARSAT-2.
Le premier élément d'inquiétude concerne la capacité de surveillance de l'environnement avec RADARSAT. Ce satellite est tout à fait particulier et extrêmement efficace pour surveiller les inondations, l'étendue des glaces et l'étendue de nappes de pétrole. Qui va maintenant décider de l'acquisition de ces images? Qui va décider du contrôle du satellite en cas de catastrophe ou de conflit? Imaginez une situation — que je ne souhaite pas — : deux inondations simultanées, l'une aux États-Unis et l'autre ici. Qui doit décider des priorités d'intervention? C'est un élément d'inquiétude. La perte du contrôle du satellite pourrait nuire à la surveillance de l'environnement. C'est un des éléments majeurs.
Au deuxième point, j'aimerais souligner la participation du Canada à la Charte internationale Espace et catastrophes majeures. En 2001, le Canada a fait office de pionnier en instaurant, avec les agences spatiales européenne (ESA) et française (CNES), la création de cette charte, dans laquelle les signataires s'engagent à mettre à disposition les moyens d'observation de la Terre partout au monde pour le suivi et l'aide à la gestion des catastrophes naturelles. Si on perd le satellite, que va offrir le Canada dans le cadre de cette charte dans laquelle le Canada a été un pionnier et à laquelle RADARSAT contribue actuellement de façon extrêmement significative par l'apport de ces images et de sa capacité d'observation accrue?
Le troisième point concerne les applications et les innovations qui dérivent de l'utilisation de ces images. Actuellement, MDA et tout un ensemble d'entreprises de partout au Canada ont développé une expertise et font de la recherche et développement pour l'utilisation et l'exploitation de ces images. Cette technologie est extrêmement évoluée, mais n'est pas encore complètement assimilée. Il reste énormément de choses à faire pour améliorer l'interprétation et l'analyse de ces images. RADARSAT-2, en particulier, a des capacités polarimétriques qui augmentent significativement l'information incluse, mais il y a encore beaucoup de recherche à faire là-dessus.
Que vont devenir ces industries si elles n'ont plus accès, comme avant, à ces images? L'Agence spatiale canadienne avait tout un programme de diffusion et de promotion de ces images pour développer cette expertise au sein des PME canadiennes. Ces compagnies de service transformaient le produit brut en un produit utilisable pour les gardes côtiers, le Service canadien des glaces, la foresterie, le suivi des coupes forestières, le suivi agricole, etc. Il y a des tas d'applications où la technologie radar est en plein développement. Je suis un peu inquiet de savoir comment elles vont survivre. Quel risque peut découler de la perte du contrôle des images?
L'autre point important concerne les projets internationaux dans lesquels le Canada est impliqué. Ces projets sont financés par l'Agence spatiale canadienne ou par des agences comme l'ACDI ou le CRDI. Les projets auxquels l'université était associée sont des projets de recherche et de développement qui incluent des projets-pilotes de démonstration. On avait accès à des images radar pour promouvoir cette technologie. Je suis inquiet de la perte d'indépendance qu'aurait le Canada pour mener ces projets-pilotes. Il y a eu, par exemple, le projet sur les inondations, Mekong From Space, dans lequel les images radar ont été utilisées et ont apporté une contribution précieuse.
Dans ce cas, les intérêts canadiens ne vont-ils pas entrer en conflit avec des intérêts étrangers?
Mon dernier point est celui qui nous concerne plus directement. Je parle ici du sentiment d'inquiétude que nous éprouvons pour ce qui est de la recherche. Présentement, des programmes sont mis en oeuvre par l'Agence spatiale canadienne pour que des images soient mises à la disposition des universitaires et des centres de recherche, précisément pour augmenter le potentiel d'analyse de ces données. Aurons-nous encore accès à ces données? Pourrons-nous continuer à développer cette expertise, qui, en fin de compte, va peut-être servir d'autres intérêts que les intérêts canadiens?
Je vous remercie de m'avoir permis de faire cette intervention.
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Merci, monsieur le président, membres du comité permanent, de votre invitation à comparaître.
Je dois apporter un rectificatif. Je ne possède pas le titre de professeure. Je suis docteure — c'est un titre que j'ai mérité et pour lequel j'ai travaillé — et je suis consultante. Mes liens contractuels avec l'Institut de droit aérien et spatial ont récemment pris fin. Je voulais juste faire cette mise au point afin qu'il n'y ait pas de malentendu quant à mon affiliation et mon titre.
J'aimerais mettre en lumière plusieurs points ce matin.
Le Canada a une histoire très longue et glorieuse dans l'industrie spatiale et je pense qu'il est bon parfois de remonter le temps et de se souvenir de ce qu'étaient les moteurs de la politique gouvernementale lorsque la décision a été prise de mettre au point le RADARSAT-1.
Les trois principaux moteurs étaient de permettre au Canada de gérer ses ressources, d'asseoir sa souveraineté sur les régions septentrionales du Canada et d'autoriser le suivi environnemental. Ces trois enjeux ont gagné en importance ces dernières années. Chaque gouvernement au cours des dix dernières années — et tout dernièrement dans le discours du Trône prononcé en 2007 — a fait du renforcement de la souveraineté canadienne une priorité claire.
Au cours des 10 à 15 prochaines années, le passage du Nord-Ouest risque d'être ouvert routinièrement à la circulation maritime. Le Canada doit veiller à posséder la capacité de surveiller les allées et venues dans l'Arctique. Les outils basés dans l'espace tels que le RADARSAT-2 sont... En matière de SAR, la technologie radar est réellement le joyau de la couronne et RADARSAT est le satellite commercial le plus disponible sur le marché aujourd'hui pour conduire ces opérations.
L'autre point que j'aimerais souligner concerne ce que font les autres pays du monde. Lorsque le Canada s'est lancé dans ce domaine, il n'existait qu'une poignée de pays actifs dans l'espace. Aujourd'hui, la concurrence est beaucoup plus féroce. Des pays, même de petits pays comme le Nigeria, par exemple, s'associent à des sociétés britanniques pour lancer leurs propres satellites de télédétection. Évidemment, ces derniers ne possèdent pas la résolution et la quantité d'images précieuses et bien définies qu'offre un SAR de trois mètres, mais la tendance, si vous regardez dans le monde, est de plus en plus à l'acquisition par les pays de leurs systèmes de télédétection propres. Ils le font pour ne pas être excessivement dépendants de ces pays qui traditionnellement, au cours des 30 ou 40 dernières années, se sont taillés une grosse part de ce marché. Je pense qu'il y a là des leçons précieuses à apprendre. Il faudrait à tout le moins se demander pourquoi nous semblons aller dans la direction opposée.
Un autre point que j'aimerais soulever est l'impératif, dans un avenir très proche si ce n'est aujourd'hui ou demain, que ce gouvernement songe réellement à formuler une politique spatiale cohérente. Les États-Unis, pour leur part, ont adopté une nouvelle politique en 2006. L'Union européenne s'est dotée d'une politique pour la première fois en 2007. Bien que les intérêts et les moteurs ne soient pas les mêmes — parce que les intérêts nationaux sont importants et qu'ils sont variables — tous conviendront qu'il s'agit là d'une décision stratégique.
Il est important pour le développement de l'industrie de rester compétitif. C'est extrêmement important pour la recherche et le développement et la formation future de scientifiques et d'ingénieurs. Il y a les avantages socio-économiques, qui ont déjà été chiffrés, qui ne pourront qu'augmenter avec l'arrivée des technologies futures. Le recours par les pouvoirs publics et les citoyens aux technologies basées dans l'espace a énormément augmenté et cette tendance ne va pas s'arrêter, elle ne fera que s'accentuer au fil du temps.
Mon collègue a mentionné que le Canada a aussi des obligations internationales à remplir, telles que fournir certaines images aux termes d'accords internationaux comme la Charte des Nations Unies, par exemple, et je voudrais aussi soulever toute la question de l'intérêt public.
La technologie que MDA a mise au point pour RADARSAT-2 n'est pas l'équivalent d'une technologie permettant de fabriquer un nouveau gadget ou une nouvelle agrafe. C'est une technologie extrêmement précieuse sur le plan de la sécurité nationale. Les contribuables canadiens y ont investi des millions de dollars. L'industrie spatiale exige des délais de mise au point extrêmement longs, et donc pour créer quelque chose comme le RADARSAT-2 ou tenter de reproduire... Si vous perdez la propriété intellectuelle, vous perdez la plate-forme initiale sur laquelle construire la génération future. Vous devez alors repartir de zéro et le délai de production est extrêmement long, se situant entre sept et dix ans. C'est une entreprise à haut risque, qui exige de lourds investissements, et il faut rassembler divers intervenants pour aboutir.
Je considère qu'il faut apporter une réponse très claire à certains de ces points.
Enfin, et ce n'est pas la moindre interrogation, j'aimerais soulever une question.
La Loi sur les systèmes de télédétection spatiale canadienne, qui a pris effet en 2005, et le règlement d'application promulgué en mars 2007, sont clairement inspirés de la législation américaine. Les États-Unis ont de loin le plus gros enjeu. Leur législation a la portée la plus large et c'est normal car ce pays possède la plus grosse flotte de satellites et possède les plus gros enjeux.
Je ne connais pas la réponse et je soumets cela simplement à votre attention. Mais lorsque vous lisez les règlements qui s'appliquent aux exploitants américains de systèmes de télédétection spatiaux, la définition de « personne » dans cette loi amène à s'interroger. La loi s'applique à « toute personne sujette à la juridiction ou au contrôle des États-Unis qui exploite ou propose d'exploiter un système de télédétection privé, soit directement soit par l'intermédiaire d'une filiale ».
Et je crois savoir, du moins d'après ce que j'ai lu dans la presse, que la vente de MDA à ATK ferait de MDA une filiale. Je porte ce point à votre attention.
Je vous remercie de votre attention.
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Je veux revenir sur les remarques de Mme Stojak concernant la législation sécuritaire américaine et la genèse de RADARSAT-2 au Canada et les objectifs poursuivis.
RADARSAT-2 a été mis au point par le gouvernement canadien en partie pour renforcer notre faculté de protéger la souveraineté arctique. Les Américains ne reconnaissent pas les droits revendiqués par le Canada sur le passage du Nord-Ouest et, encore en décembre 2005, il s'est produit une affaire avec la présence d'un sous-marin américain dans le passage du Nord-Ouest. Il paraît indéfendable d'investir 445 millions de dollars de fonds publics canadiens dans un satellite pour défendre notre souveraineté et de laisser ce satellite tomber ensuite aux mains des Américains, qui pourront s'en servir au détriment de la souveraineté canadienne dans un conflit sur le passage du Nord-Ouest.
J'aimerais que vous nous répétiez le texte de la loi sécuritaire américaine, la disposition précise concernant les filiales.
Enfin, j'aimerais avoir votre opinion, ou celle de l'un ou l'autre des experts ici, sur la question de savoir s'il y a moyen pour le gouvernement canadien de protéger une société canadienne contre la législation sécuritaire américaine. Si cette transaction se fait, existe-t-il un moyen légal de mettre la technologie RADARSAT-2 absolument, totalement, à l'abri de cette loi?
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Je pense que les deux ministères ont un rôle crucial à jouer, bien que leurs mandats légaux soient sensiblement différents.
MDA doit conserver le contrôle de la licence du satellite et le contrôle de son satellite à moins de demander le transfert de la licence à une autre société, et cette demande de transfert doit être approuvée par le ministre des Affaires étrangères. Dans l'exercice de son pouvoir en vertu de la loi, le ministre doit tenir compte — et je cite la Loi sur les systèmes de télédétection spatiale « de la sécurité nationale, la défense du Canada, la sécurité des forces canadiennes, la conduite des relations internationales du Canada, les obligations internationales du Canada » et certains « facteurs réglementaires ». Deux facteurs réglementaires relatifs au développement économique sont prescrits par le règlement d'application de la loi. Ce sont des critères assez explicites et, à moins qu'ils soient remplis, le ministre ne peut autoriser le transfert de la licence de MDA à une autre société.
Notre avis juridique est qu'il n'existe aucun fondement raisonnable permettant au ministre d'approuver cette vente, étant donné que la loi américaine s'appliquera à ce satellite et étant donné les critères explicites de la loi canadienne.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour aux témoins.
Je veux revenir sur la question de l'application de la législation américaine au cas où cette vente se fasse. Je m'adresse à ceux qui émettent les avis juridiques.
Si je comprends bien, le règlement d'application de la U.S. Land Remote Sensing Policy Act de 1992, la licence d'exploitation est assortie de conditions qui s'appliquent de la même façon que la licence soit détenue au Canada ou aux États-Unis. Je cite ce règlement :
Le titulaire de la licence doit assurer à tout moment le contrôle opérationnel à partir d'un lieu situé aux États-Unis, et notamment la possibilité de contourner tous les ordres émis par des centres ou stations opérationnels.
C'est ce que l'on appelle le droit au contrôle de l'obturateur du gouvernement américain.
Plus loin, le règlement stipule :
Le titulaire de la licence peut être tenu par le secrétaire de limiter la collecte et/ou distribution de données dans la mesure où cela est jugé nécessaire pour remplir des objectifs majeurs de sécurité nationale ou de politique étrangère ou les obligations internationales des États-Unis...
Sachant que les objectifs de politique étrangère ou de sécurité nationale ne sont pas définis, cela peut être une contrainte très large. Cela m'amène à penser, en dépit des assurances catégoriques que le contrôle appartiendra au Canada et que la loi canadienne s'appliquera, que tel ne sera pas le cas une fois que MDA sera vendue à ATK.
Quelqu'un peut-il réagir à cela?
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Je pense que votre lecture de la réglementation américaine — et j'en ai fait état tout à l'heure — est tout à fait juste.
Il est concevable que la législation canadienne s'applique également à ce satellite. Je pense que c'est peu probable, mais possible. Dans la mesure où le Canada peut revendiquer la juridiction en droit canadien si la filiale opère au Canada et est basée au Canada, on pourrait arguer que la législation canadienne s'appliquerait également.
Il ne fait aucun doute que la loi américaine s'applique, et il est donc concevable qu'ATK reçoive des instructions contradictoires des autorités réglementaires américaines et canadiennes. Je pense qu'elle n'aura guère de difficulté, étant un grand fournisseur de l'industrie de défense américaine, à décider quelles instructions elle va suivre. Je pense donc que le Canada va céder sa juridiction pour ce qui est de ses propres contraintes réglementaires.
Nous n'avons pas connaissance de la licence, me semble-t-il, ni des modifications que l'on propose d'y apporter. Ces dernières pourraient rendre cela très apparent. Mais il ne fait aucun doute que la législation et la réglementation américaine s'appliqueront à une filiale d'ATK, qu'elle soit basée aux États-Unis ou au Canada, et en particulier la stipulation imposant à la société de contrôler le fonctionnement des systèmes du satellite à partir des États-Unis.
Je souligne qu'il existe manifestement une possibilité que la loi canadienne continue de s'appliquer. Mais en ce qui concerne l'application extraterritoriale de la législation américaine, il existe des exemples, en dehors de ces règles, à des sociétés commerciales et de télédétection. Il suffit de songer à l'ITAR et au fait que cette dernière ne s'applique pas seulement à une technologie donnée. Si vous lisez bien l'ITAR, elle s'applique à des éléments tels que les services de défense, les données et les connaissances. Si je me fie à ce que j'ai lu dans la presse il y a quelques années, il s'est déjà produit quelques frictions lorsque, par exemple, une société canadienne travaillant sur un projet à forte participation américaine employait une personne ayant une double nationalité. Des objections ont déjà été formulées du côté américain concernant le personnel travaillant sur le projet concerné.
Donc, l'application extraterritoriale de la législation américaine a déjà posé des problèmes dans certains cas et a constitué une source de frictions — si je puis exprimer les choses ainsi — dans d'autres pays actifs dans le domaine spatial.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
Pour commencer, quelqu'un a mentionné la perte de la propriété intellectuelle. À mon point de vue, c'est probablement la considération la plus importante ici. Si vous regardez l'annulation de l'Avro Arrow, nous avons souffert pendant 50 ans à cause de cette décision.
En ce qui concerne MDA, son PDG nous a assuré l'autre jour qu'il s'agit du joyau de la couronne. L'un de nos problèmes est que nous n'avons absolument rien d'autre qui puisse rivaliser en importance avec ces technologies. Nous parlons là du Canadarm, nous parlons du Dextre. Si vous demandez aux Canadiens ce qui fait notre réputation dans l'industrie aérospatiale, ils citeraient probablement ces deux choses-là.
Mais si nous vendons notre propriété intellectuelle à une société américaine — il n'existe aucun autre candidat à l'achat — quelles en seront les conséquences? Quelqu'un a dit qu'il fallait compter dix ans pour mettre cela au point en partant de zéro. Il n'existe pas une autre société ayant la moitié de l'envergure de MDA qui puisse reprendre le flambeau, en quelque sorte, pour le Canada.
Que cela signifiera-t-il pour le Canada au cours des 10, 20 ou 30 prochaines années?
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Permettez-moi de clarifier. Ce que nous avons entendu hier — et M. Friedmann a été très clair — est que la société MDA/ATK, quel que soit son propriétaire, fournira des services à d'autres pays du monde. Et ces services font l'objet de contrats avec ces pays, sous licence de ces pays. En fin de compte, ces dispositifs seront contrôlés par ces pays tout comme RADARSAT-2 a été construit par le Canada pour le Canada et est contrôlé et restera contrôlé par le Canada.
Voilà la distinction que je voulais établir. Cela nous a été dit très clairement.
Je m'adresse maintenant à Mme Stojak. Sur ce même point de droit... Des questions très pointues ont été posées hier sur la distinction entre la propriété et l'application du droit. On nous a dit, par exemple, que lorsque MDA était une filiale d'Orbital, par exemple, qui est une société à 100 p. 100 américaine, elle était néanmoins assujettie aux lois du Canada.
Avez-vous vu quelque chose ici qui l'emporterait sur le droit canadien, particulièrement la Loi sur les systèmes de télédétection spatiale, relativement à un contrat et un projet tel que RADARSAT-2, construit sous licence du Canada? Y a-t-il moyen qu'une loi étrangère ait préséance à cet égard?
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Permettez-moi de faire juste quelques remarques en réponse à cette question. J'ai également lu dans la presse le rappel, souvent répété, que MDA était dans le passé une filiale d'une société américaine appelée Orbital Sciences.
La question que je pose, et je ne me souviens pas de la réponse, est dans quel bloc de cinq années cela a été le cas? C'est important parce que la MDA dont nous parlons aujourd'hui n'a pas les mêmes capacités technologiques que la MDA qui était une filiale d'Orbital Sciences. Je crois que la technologie qu'il a fallu mettre au point pour construire RADARSAT-2 est intervenue un peu plus tard dans le courant de cette relation.
Pour donner un autre exemple, en 1999 les États-Unis ont resserré les règles ITAR, suite à ce que l'on a appelé le rapport Cox. Le Congrès était alors terrifié à l'idée que la Chine avait mis la main sur des technologies avancées. Il en a résulté la conséquence suivante — et encore une fois, il importe de replacer ces choses dans leur contexte historique. Jusqu'alors, les ITAR étaient réglementées par le ministère du Commerce américain. Celui-ci avait, tout comme Industrie Canada ou Affaires étrangères et Commerce international, comme objectif de promouvoir l'industrie, de façon à retirer des avantages et des revenus — et c'est normal. Une fois que les ITAR ont été resserrées, leur administration a été confiée au Département d'État, et l'on peut arguer que c'est alors que les considérations de sécurité nationale, d'obligations étrangères, etc. sont intervenues.
Donc, la vente de MDA aujourd'hui est celle d'une compagnie différente possédant une technologie différente. Peut-être le facteur clé à mentionner est-il que, depuis décembre 2007, RADARSAT-2 n'est pas seulement l'aboutissement d'un ensemble de technologies mises au point chez nous, mais qu'il produit des images et que ces images peuvent être achetées.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue. Mes deux questions s'adressent à tous. La première concerne les pertes possibles d'emplois. À à la suite de la vente de MDA à ATK, L'ITAR et le Patriot Act seront les premiers éléments invoqués en matière de droit international. Quel impact cette vente aura-t-elle sur les travailleurs? On sait très bien qu'ATK réalise 90 p. 100 de son chiffre d'affaires avec la défense nationale américaine. Les travailleurs canadiens seront assujettis à l'ITAR et au Patriot Act.
Ma deuxième question a trait au contrat de services que le Canada a conclu avec MDA. En vertu de ce contrat, MDA transférera 445 millions de dollars à ATK pour obtenir des images satellites. Or, on sait très bien que c'est le gouvernement américain qui décidera quelles images seront transmises.
Dans ce cas, croyez-vous qu'on en aura pour notre argent, ou si on se fera avoir, en fin de compte?
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Eh bien, nous n'avons pas vu les contrats que le Canada a passés avec MDA. Mais en droit canadien, le Canada a le droit, tout comme les États-Unis, d'exiger l'accès prioritaire à certains renseignements.
Il faut bien savoir qu'à l'heure actuelle, en droit canadien — et le droit américain est très similaire à cet égard — le Canada a le droit de déterminer quelles images sont recueillies et à qui elles sont communiquées. La loi comporte certaines dispositions précises concernant la communication d'information à d'autres gouvernements.
La même chose existe en droit américain, mais bien sûr, les objectifs de la revendication de l'accès prioritaire seront très différents, tout comme les contraintes que nos gouvernements respectifs pourraient choisir d'imposer à la collecte et à la communication de données commerciales. Le problème est que, une fois la vente effectuée, la loi américaine va s'appliquer à ATK et à sa filiale, la société n'ayant réellement d'autre choix que de se conformer à ces règlements.
Donc, ces règlements peuvent l'emporter sur tout accord contractuel que les sociétés ont pu conclure avec le Canada prévoyant l'accès du Canada à des renseignements que les États-Unis pourraient vouloir nous refuser, ou des renseignements qui ne seront tout simplement pas disponibles parce que les États-Unis auront imposé leurs priorités et que la société aura eu l'ordre de recueillir des renseignements sur les forces américaines en Irak et la situation sur le terrain là-bas, plutôt que des renseignements importants pour nos Forces canadiennes en Afghanistan.
Les priorités seront tout simplement différentes. Voilà le problème.
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Je vais juste traiter de la question de l'emploi, puisque vous avez traité de l'ITAR et des autres règlements.
Pour ce qui est du travail effectué — et je parle là du site de Brampton — le travail que font nos membres et d'autres à Brampton est réellement très avancé, à la pointe de l'art.
La vente à ATK permettrait d'établir une distinction entre le travail classifié et non classifié. Le travail classifié, bien entendu, est le travail de pointe le plus novateur, d'importance cruciale pour nos membres.
Le travail non classifié — en fait les opérations mineures d'assemblage — pourrait bien être maintenu au Canada à court terme après la vente. Mais si l'on se fie à la tendance et à la façon dont ATK a contrôlé et réparti son travail dans le passé — il ne fait aucun doute que le travail non classifié pourrait continuer ici et le travail classifié, celui qui génère les profits pour MDA, partir aux États-Unis.
Merci à vous tous d'avoir été des nôtres aujourd'hui. Je m'excuse de la courte durée de notre rencontre, mais nous ne disposons aujourd'hui que de deux heures, et il nous faut entendre les deux groupes de témoins.
Nous tenons à vous remercier tous et chacun de votre contribution. Nous tâcherons de faire traduire aussi rapidement que possible l'avis juridique.
Si l'un quelconque d'entre vous a d'autres commentaires ou questions pour le comité, je vous invite à les communiquer à la greffière ou à moi-même. Nous ferons le nécessaire pour qu'ils soient transmis à tous les membres du comité.
Collègues, nous allons suspendre pendant deux minutes nos travaux, après quoi nous inviterons à la table le groupe de témoins suivant.
Merci.
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Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité.
J'ai aujourd'hui l'extrême privilège, au nom des 17 000 employés de Alliant Techsystems, de témoigner devant vous au sujet de l'acquisition prévue par ATK des activités de MacDonald, Dettwiler and Associates liées aux systèmes d'information et aux services géospatiaux.
Cette acquisition constitue la plus importante transaction exécutée par ATK au cours de son histoire. Elle fait écho à la détermination de Dan Murphy, notre chef de la direction, et du conseil d'administration d'ATK d'axer la stratégie de croissance de notre société sur les systèmes spatiaux et les marchés internationaux. L'union d'ATK et de MDA en une équipe complémentaire favorisera notre croissance et notre succès collectifs.
Grâce à l'audience d'aujourd'hui, ATK a, pour la première fois, l'occasion de se présenter officiellement devant le comité et le Parlement et d'expliquer ses intentions, sa stratégie et ses engagements relativement à l'acquisition de MDA. Même si de nombreux éléments demeurent assujettis aux exigences réglementaires relevant de la Loi concernant l'investissement au Canada, je vais m'efforcer aujourd'hui de rendre compte des éléments qui sont de notre ressort.
Depuis l'annonce de la transaction le 7 janvier 2008, des équipes fonctionnelles et commerciales d'ATK et de MDA ont mis l'accent sur trois priorités immédiates : unir ces deux compagnies importantes et bien établies; répondre aux besoins et aux intérêts de tous leurs employés et de leurs familles; se conformer aux procédures réglementaires du Canada et des États-Unis. Inutile de dire que nous avons beaucoup appris ensemble et que chaque étape du processus n'a fait qu'accroître notre intérêt pour les technologies, la culture et l'innovation qui caractérisent l'autre société. Nous nous rendons rapidement compte qu'ensemble nous allons former une entreprise remarquable et unique en son genre.
Au début de la semaine, Dan Friedmann, président-directeur général de MDA, a témoigné devant ce même comité et exposé le point de vue de la société sur la transaction et sur les incidences qu'elle aura sur l'entreprise et ses employés. Je me propose d'aborder bon nombre des mêmes sujets sous l'angle d'ATK et d'exposer comment notre équipe entend miser sur les réussites accomplies par les femmes et les hommes qui forment MDA.
D'abord et avant tout, ATK s'efforce d'acquérir ce segment de MDA en raison des prouesses réalisées par les employés de cette société dans les domaines de la technique, de l'ingénierie et de la fabrication. La valeur de l'entreprise repose sur les personnes, les partenaires industriels et les relations avec la collectivité qui ont fait de MDA ce qu'elle est aujourd'hui. ATK a l'intention de miser sur ces assises aux quatre principaux emplacements canadiens, en Colombie-Britannique, en Nouvelle-Écosse, au Québec et en Ontario, qui deviendront le point d'ancrage international d'ATK Space Systems.
L'absence de redondance ou de chevauchement substantiel des activités actuelles des deux sociétés constitue l'atout le plus important. La réussite de l'intégration de ces deux sociétés ne repose pas sur la réduction des effectifs techniques ou opérationnels, ni sur la fusion des fonctions de fabrication ou d'ingénierie. La réussite viendra de la mise à profit des capacités et des talents respectifs de notre capital humain et de notre capital physique qui, ensemble, constitueront une force nouvelle et puissante sur le marché. Ce jumelage des capacités nous permet, de fait, d'entrevoir une croissance importante de nos activités dans le domaine spatial.
En février, le Financial Post a publié une lettre de Dan Murphy dans laquelle le chef de la direction d'ATK soulignait les capacités exceptionnelles de la société MDA, qui en font le porte-étendard du Canada au plan international dans les domaines scientifique et spatial. Comme Dan l'a précisé dans sa lettre, la transaction ne modifiera ni ne réduira en rien le profil et le leadership du Canada en ce qui concerne les télémanipulateurs de la navette spatiale, RADARSAT et le nouveau manipulateur agile spécialisé Dextre, qui vient d'être déployé à la Station spatiale internationale. Ces systèmes sont canadiens et ils resteront canadiens; de plus, la prochaine génération de ces systèmes sera mise au point et fabriquée au Canada et livrée à partir du Canada.
La stratégie prévue par ATK pour accroître les activités liées aux systèmes d'information et aux services géospatiaux actuellement exercées par MDA consistera principalement à présenter ces capacités à un plus vaste éventail de clients internationaux. Les possibilités d'affaires que nous rechercherons et trouverons ensemble reposeront en grande partie sur l'estime et l'intérêt suscités à l'échelle internationale par les technologies et les produits de MDA. Ce marché international inclut le gouvernement des États-Unis.
Nous croyons que les relations solides et de longue date qu'ATK entretient avec des organismes clés des États-Unis, notamment la NASA, le département de la Défense, la NOAA et le département de la Sécurité intérieure, nous aideront à étendre et à accélérer les occasions d'affaires du groupe des systèmes spatiaux d'ATK au Canada.
Cette stratégie ne prévoit aucunement de déplacer la production, l'ingénierie ou la conception des systèmes actuellement produits au Canada vers les installations d'ATK situées aux États-Unis. Ces technologies, élaborées au Canada par MDA, bien souvent avec le soutien et le financement du gouvernement du Canada, continueront d'être fabriquées au Canada et régies par la législation canadienne sur les permis d'exportation et la propriété intellectuelle.
MDA et ATK possèdent toutes deux d'excellents états de services à titre de fournisseurs d'organismes canadiens et américains voués à la sécurité nationale, à la défense intérieure et à l'application de la loi. Nous entendons bien poursuivre cette remarquable offre de services au Canada et aux États-Unis et nous avons l'intention d'investir en vue d'accroître les capacités des deux sociétés nouvellement combinées. Les résultats de ces investissements ne serviront pas uniquement à alimenter les marchés directs dans les deux pays d'origine, mais contribueront à accroître notre offre sur les marchés internationaux.
Avant de conclure mon exposé de cet après-midi, j'aimerais revenir sur la vaste couverture médiatique dont l'acquisition prévue de MDA a fait l'objet et traiter de la question qui continue de préoccuper le plus les gens. En ce qui concerne RADARSAT-2, ATK donnera suite et se conformera aux exigences contractuelles qui existent actuellement entre le gouvernement du Canada et MDA. La structure d'Alliant Techsystems Canada sera celle d'une filiale canadienne en propriété exclusive. Il s'agira d'une entreprise canadienne, dont le siège social se trouvera au Canada et qui sera dirigée par des Canadiens. ATK n'a aucunement l'intention d'affaiblir ou de modifier le régime de contrôle actuellement exercé par le gouvernement du Canada sur RADARSAT-2.
Lorsque, il y a plus d'une décennie, MDA appartenait à une autre compagnie installée aux États-Unis, les gouvernements du Canada et des États-Unis avaient conclu un accord intergouvernemental sur la gestion et le contrôle de RADARSAT-2. Nous entendons respecter cet accord et nous conformer entièrement aux conditions établies entre les deux pays.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous suis très reconnaissant d'avoir donné à ATK la possibilité d'avoir cette conversation et de prendre part à cette très importante audience d'aujourd'hui. Nous tous à ATK nous réjouissons de pouvoir collaborer étroitement avec le comité et avec la Chambre des communes au cours des jours et des années à venir. Nous sommes enthousiasmés par les perspectives et le brillant avenir qui s'annoncent, alors que nous avancerons ensemble, renforçant la technologie, la capacité et la main-d'oeuvre ici au Canada.
Merci beaucoup.
Merci, messieurs. J'aimerais vous souhaiter la bienvenue au Canada. D'après ce que je comprends, vous êtes tous les deux citoyen américain, alors merci d'être venus comparaître devant le comité.
Dans le même ordre d'idées que les remarques de mon collègue, j'imagine que, pour exporter quoi que ce soit en dehors du contrôle du Canada, avec ou sans permis d'exportation, il vous faudrait une autorisation d'un genre ou d'un autre. Je vais exposer le problème comme ceci: juste avant l'annonce de la vente de MDA, MDA a en vérité acheté Alliance Spacesystems aux États-Unis. L'entreprise offre des solutions de technologie avancées ainsi que des structures mécaniques robotiques. La déclaration faite par le vice-président revenait, en gros, à dire ceci: « Cette acquisition augmente sensiblement notre présence américaine et offrira un conduit qui permettra d'assurer un effet multiplicateur et d'offrir aux marchés aérospatiaux civils et militaires américains notre robotique spatiale et nos solutions de surveillance de l'espace qui sont de calibre mondial ».
Comment ce conduit interviendra-t-il, maintenant qu'il y a une filiale MDA aux États-Unis? Vous avez donc ici votre compagnie, et il y a déjà cette autre entité qui a été créée juste avant l'annonce de la vente.
Monsieur, vous avez plusieurs fois dit que la technologie demeurera au Canada. Votre directeur des finances dit que la technologie va être transférée aux États-Unis, va être déménagée aux États-Unis pour l'activité spatiale américaine et pour chercher à saisir le marché classifié américain en pleine croissance.
Si cette technologie non seulement est aux mains d'une entreprise à propriété américaine — qu'il s'agisse d'une filiale, nationale ou étrangère, peu importe — et si la technologie est transférée aux États-Unis, il est très clair qu'en vertu de la loi américaine, et j'en ai le texte ici, le gouvernement américain contrôlera les images et la technologie. À moins que vous ne cherchiez à recourir à quelque amendement ou mécanisme législatif relevant du Congrès, je ne pense pas que vous puissiez offrir en la matière d'autre défense.
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Je vais vous dire une chose qui va être toute une surprise pour vous. Saviez-vous qu'au Canada une campagne électorale moyenne coûte environ 85 000 $? D'après ce que je sais, dans le cas des membres du Congrès, le coût moyen se situe sans doute aux environs de 1,2 million de dollars.
Pourquoi soulever cela? Nous n'autorisons aucune contribution de la part d'entreprises. Seuls les particuliers peuvent contribuer à une campagne. Je pense que la dernière fois, mon frère et mon ami, parce qu'ils m'aiment, m'ont donné 1 000 $. Dans le cas de toutes les autres contributions, elles n'ont été que de 100 $. La raison à cela est qu'en bout de ligne cela veille à ce que je ne doive rien à personne, sauf aux bons citoyens de Chatham-Kent — Essex. C'est une bonne façon de faire affaire.
C'est pourquoi cela me fâche lorsque je vois que l'on n'écoute pas le personnel à la base, car, en bout de ligne, si la boîte ferme, s'en va, ce sont eux qui vont se retrouver sans emploi. Ce sont eux qui doivent nourrir leur famille.
Toutes mes questions aujourd'hui ont porté là-dessus, et je suis inquiet. Excusez-nous, nous sommes un pays formidable, nous sommes un pays brillant, mais nous sommes un petit pays. Vous, vous êtes une superpuissance. Cette société est l'une de nos petites entreprises qui sont en train de se faire absorber... peut-être pas par une multinationale, mais par une entreprise énorme. Il y a donc peut-être un certain élément de détresse. Nous sommes simplement un peu mal à l'aise face à toute cette affaire.
On vous a posé une question. Je vais vous la reposer, car je ne pense pas avoir eu de réponse.
Il me faut mettre mes lunettes car, vous savez, dès que l'on entame la cinquantaine, la vue commence à baisser.
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Merci, monsieur le président, et merci à mes collègues de m'autoriser à poser une question aujourd'hui.
Je me penche sur cette vente depuis quelques mois maintenant, depuis son annonce — et, soit dit en passant, messieurs, je suis heureux de vous revoir —, et je ne suis pas convaincu d'y voir forcément quelque chose de mauvais. J'y vois une porte nouvelle, un cheminement nouveau pour l'industrie spatiale canadienne. La société COM DEV, qui compte 1 100 employés, est implantée dans ma circonscription et je pense que plus de 80 p. 100 des satellites dans l'espace ont à leur bord du matériel et des logiciels de COM DEV.
Voici quelle est mon inquiétude. La Land Remote Sensing Policy Act américaine a été rédigée en 1992, et il est donc clair que le gouvernement en place à l'époque, en 1998, c'est-à-dire les prédécesseurs de nos amis libéraux d'en face, avait négocié pour accorder plus ou moins 400 millions de dollars à MDA pour construire un satellite, mais sans entrevoir les problèmes auxquels nous nous trouvons aujourd'hui confrontés. De fait, je me hasarderais à dire qu'aucun d'entre nous ne serait ici aujourd'hui si ces 400 millions de dollars, versés par les contribuables, avaient été mieux gérés au départ. Nous voici ainsi aujourd'hui sans assurances quant à certains des aspects de cette vente, et je vais donc vous poser une question très directe.
Premièrement, je suis de plus en plus convaincu que nous allons récupérer nos 400 millions de dollars en matière d'imagerie au cours des sept prochaines années. Inutile de dire que lorsque les Canadiens investissent dans l'espace, nous obtenons en général 8 $ pour chaque dollar que nous dépensons, alors je ne sais pas si l'arrangement est génial, mais au moins nous récupérons notre argent...
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Merci, monsieur Marchetto. Merci, madame Nash.
C'est moi qui ai ici le dernier créneau conservateur.
J'aimerais simplement poursuivre au sujet d'une question que beaucoup d'autres membres du comité ont soulevée. Et M. Simard m'a vraiment rafraîchi la mémoire lorsqu'il a dit « pas à ma connaissance », car nous avons entendu ce même bout de phrase aujourd'hui et mardi.
Ma grosse préoccupation est que nous avons ces déclarations selon lesquelles tout continuera de relever du contrôle canadien et que les lois canadiennes s'appliqueront, mais on nous a aujourd'hui livré un avis juridique sensiblement différent. Je ne saurais dire, spontanément, quelle opinion est la bonne.
Mais M. Friedmann a fait valoir mardi qu'il n'y a pas suffisamment de travail au Canada pour MDA; MDA a donc besoin d'un partenaire américain, ATK, pour accéder à des contrats américains.
Mardi, il a déclaré ceci: « Le contrôle du satellite et son accès sont soumis aux lois canadiennes, et on ne peut s'y soustraire. L'entreprise appartient à une société américaine mais elle est régie par la législation canadienne... ». Il a mentionné l'approbation de licences d'exportation canadiennes.
Mais cela n'entravera-t-il pas MDA, en tant que filiale d'ATK, pour ce qui est de l'accès à des marchés américains, si l'entreprise est perçue comme étant une entité qui relève entièrement des lois canadiennes? Si la position d'ATK et de MDA est que cette Loi sur la télédétection spatiale s'applique en bout de ligne, le gouvernement américain, ou quiconque souhaite passer des marchés, ne sera-t-il pas moins porté à signer des contrats s'il pense qu'il y a toujours une possibilité que le gouvernement canadien dise non en bout de ligne?