:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais présenter aux membres du comité M. Tony Porrello, vice-président-directeur et chef des opérations.
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent du patrimoine canadien, nous vous remercions de votre invitation et vous félicitons de la tenue de cette audience qui porte sur des enjeux majeurs qui auront un impact direct sur l'avenir de la télévision au Canada.
Nous comparaissons devant vous pour la première fois car Remstar Diffusion est devenue propriétaire véritable de TQS le 5 septembre 2008, après que ce réseau eut traversé une période de faillite technique qui avait débuté en décembre 2007.
Remstar Corporation a été créée il y a maintenant 12 ans par mon frère Julien et moi, avec une mission axée sur le financement, la production et la distribution de produits cinématographiques et télévisuels destinés aux marchés canadiens et internationaux. Nous sommes donc engagés dans la création et la distribution de contenus culturels d'ici et d'ailleurs depuis 1997.
En retraçant la filmographie de Remstar, vous constaterez notre volonté d'atteindre un équilibre entre des produits de divertissement et des thèmes porteurs.
La production de films comme Elles étaient cinq, Ma fille, mon ange, Battle in Seattle et plus récemment le film Polytechnique témoigne des risques que nous avons su assumer pour réaliser des produits culturels qui apportent une contribution sur des enjeux sociaux importants.
Le parcours de Remstar démontre notre passion pour l'industrie du divertissement, et c'est cette passion qui nous a conduit à vouloir relever le défi de relancer TQS.
Acheter TQS représente pour nous un investissement majeur et un risque important auquel nous avons beaucoup réfléchi, notamment au cours du processus long, complexe et parsemé d'embûches que nous avons dû franchir.
Nous avons vu dans l'acquisition de TQS l'occasion de poser un geste d'appui au développement de contenus culturels de qualité pour le public québécois.
TQS avait un bilan marqué par l'audace et l'innovation, mais aussi par de sérieuses difficultés financières qui ont forcé les anciens propriétaires à placer l'entreprise sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies le 18 décembre 2007. Avec des pertes annuelles qui s'élevaient à près de 18 millions de dollars, TQS ne pouvait plus remplir son mandat de télédiffuseur conventionnel sans apporter des corrections majeures. Ces corrections visaient notamment notre service d'information, hautement déficitaire, qui n'était plus en mesure de concurrencer Radio-Canada ou TVA, qui disposent de chaînes spécialisées de nouvelles continues pour répartir les coûts de leurs salles de nouvelles.
Les questions que vous soulevez dans cette audience sont donc au coeur des enjeux auxquels nous sommes confrontés.
TQS exploite cinq stations, à Montréal, Québec, Trois-Rivières, Saguenay et Sherbrooke, et son signal est retransmis par des stations affiliées à Gatineau, Rouyn-Noranda et Rivière-du-Loup.
TQS investit chaque année plus de 30 millions de dollars en développement et en acquisition de productions originales en français, qui contribuent au rayonnement de notre culture.
En plus de nos 200 employés, ces investissements assurent des emplois à près d'un millier d'artistes et d'artisans qui mettent à profit leur créativité, leur talent et leur énergie dans la réalisation de productions variées auxquelles le public s'identifie.
Notre nouveau positionnement vise un public plus jeune, des habitudes de vie et de consommation duquel nous devons tenir compte.
L'information dans le monde d'aujourd'hui circule plus rapidement et est plus accessible sur Internet ou sur téléphone mobile qu'à la télévision et dans tous les autres médias traditionnels.
La diversité des voix et le reflet de la réalité régionale sont des avenues qui répondent aux besoins des citoyens, mais qui représentent des coûts élevés pour les télédiffuseurs.
Quant au divertissement, la télévision constitue, malgré la multiplication des plateformes de diffusion, le véhicule privilégié pour produire et financer du contenu de qualité.
Tout comme le cinéma a besoin des salles pour lancer ses films et créer le buzz qui attire le public et assure le succès, les créateurs de contenu pour écran ont besoin de la télévision généraliste pour lancer des émissions de qualité qui attireront de larges auditoires et se répercuteront, d'une manière ou d'une autre, sur une foule d'autres plateformes.
Bien que l'auditoire soit aujourd'hui plus fragmenté, les grands rendez-vous télévisuels sont importants pour notre vie collective, qu'ils soient culturels, sportifs, sociaux ou politiques.
Le public québécois est friand de grandes séries dramatiques, humoristiques, de télé-réalité et d'émissions de divertissement de qualité.
Pour réussir sa relance, TQS entend proposer une programmation plus interactive et événementielle, miser sur une identité de marque forte, jeune et audacieuse, et considérer Internet et les réseaux sociaux comme des alliés potentiels.
Depuis septembre 2008, nous avons entrepris la relance de TQS, et nos efforts portent déjà des fruits, mais les principaux effets de notre plan se feront sentir à compter de septembre prochain.
Nous investissons dans notre programmation sur une base continue, et ce, malgré un contexte économique extrêmement difficile, et nous augmentons chaque jour nos parts de marché auprès de notre auditoire cible de 18 à 49 ans.
Déjà, entre les semaines du 9 mars et du 20 avril, nos parts de marché en soirée sont passées de 6,4 p. 100 à 10,6 p. 100, soit une augmentation de près de 66 p. 100. Au cours de la même période, la première chaîne de Radio-Canada voyait ses parts de marché en soirée glisser de 15 p. 100 à 12,5 p. 100. Ces résultats démontrent la pertinence et la valeur d'une deuxième proposition de contenu offerte par un télédiffuseur généraliste privé dans le marché québécois.
Les pertes financières majeures de TQS et la mise en oeuvre de son plan de relance ont clairement confirmé que les règles actuelles de financement de la télévision mettent en péril la survie des télédiffuseurs généralistes privés et compromettent leur capacité d'honorer leurs obligations. Le déséquilibre, qui doit aujourd'hui être corrigé, s'est créé, entre autres, par l'explosion de la câblodistribution et de la télévision par satellite, jumelée à la multiplication des chaînes de télévision spécialisées.
En obtenant un accès exclusif aux revenus provenant des tarifs de distribution et un accès croissant au marché publicitaire, les chaînes spécialisées ont pu profiter de cette double source de revenus pour se multiplier et augmenter leur rentabilité. Pendant ce temps, les télédiffuseurs généralistes, qui doivent offrir de la programmation locale, se heurtent à un marché publicitaire qui est en baisse continue à cause de la centralisation des décisions publicitaires qui découle de l'expansion des bannières nationales et internationales et de l'explosion d'Internet et des nouveaux médias.
En termes concrets, la marge bénéficiaire des généralistes privés a fondu de 14,5 p. 100 en 2003 à 0 p. 100 en 2008, tandis que celle des chaînes spécialisées a grimpé de 12,6 p. 100 à 23,6 p. 100 au cours de la même période. Cette réalité est d'autant plus paradoxale que les généralistes continuent d'investir 1,4 milliard de dollars, soit environ 30 p. 100 de plus en programmation et production canadiennes que les chaînes spécialisées. Or ces investissements sont essentiels pour que notre industrie de la télévision reflète les valeurs, la réalité, le talent, les aspirations et la créativité de notre société.
La diversité de la programmation et l'obligation de réaliser de la production locale entraînent des coûts élevés pour les télédiffuseurs généralistes privés qui n'ont que la publicité pour seule source de revenus. Cette situation ne peut se comparer à celle des télédiffuseurs publics qui reçoivent des contributions publiques majeures et assurées chaque année. L'avantage concurrentiel dont disposent les chaînes spécialisées et les réseaux publics est considérable et déséquilibre le marché publicitaire.
En effet, en période économique difficile, ces chaînes, qui disposent de revenus assurés, sont en mesure de vendre leur temps d'antenne publicitaire à des tarifs réduits pour maximiser leurs revenus au détriment des généralistes privés. De plus, lorsque des télédiffuseurs publics, qui jouissent d'un apport important de fonds publics, achètent et diffusent des séries américaines de divertissement, comme Desperate Housewives ou Lost, ils posent des gestes qui constituent des débordements de mandat qui touchent directement les généralistes privés et leur capacité d'offrir une programmation prisée par leur public.
Pour vous permettre de comprendre l'impact majeur de la répartition des tarifs de distribution, nous vous rappelons qu'en 2008, les redevances ont rapporté plus de 250 millions de dollars aux chaînes spécialisées au Québec seulement. Pour le groupe Astral Média, ce sont 107 millions de dollars de revenus de tarifs de distribution touchés avant les premiers dollars de revenus publicitaires. Leurs seuls revenus de redevances sont plus élevés que l'ensemble des revenus publicitaires de TQS pour la même année.
La télévision par câble ou satellite est devenue une réalité universelle pour presque tous les Canadiens. Prétendre, pour exclure les généralistes du partage des droits de distribution, que les distributeurs leur offrent un privilège équivaut à prétendre que le contenu télévisé est accessoire.
Il est donc essentiel de rétablir l'équilibre dans le partage des revenus de distribution entre tous les fournisseurs de contenu télévisuel et les distributeurs. C'est pour cette raison que nous formulons dans le mémoire une recommandation spécifique sur le nouveau partage des revenus de distribution qui doit être mis en oeuvre. Cette recommandation se lit comme suit:
Pour assurer la viabilité à long terme de l'industrie de la télévision généraliste et des investissements durables sur le plan de la télédiffusion locale, nous recommandons aux membres du Comité permanent du patrimoine canadien d'assurer aux télévisions généralistes une nouvelle source de revenus en leur donnant accès à des redevances associées à la distribution de leur signal.
Quant au Fonds pour l'amélioration de la programmation locale, l'initiative du CRTC est essentielle.
Par contre, il est important d'en connaître rapidement les règles et d'augmenter sensiblement les ressources qui y sont allouées. La crise structurelle que connaît notre industrie nous oblige à faire preuve de réalisme et à demander que ce fonds soit réservé aux télédiffuseurs généralistes privés et que les ressources allouées puissent être utilisées pour respecter les obligations de programmation actuelles, sans aller au-delà. Le seul respect des obligations actuelles de programmation régionale et locale représente un immense défi pour un télédiffuseur généraliste privé comme TQS, et ce fonds devrait nous aider à le relever.
Enfin, pour valoriser la production en région et l'information télévisée aux niveaux régional et local, nous proposons la mise en place d'un programme de crédits d'impôt pour les productions régionales et les travailleurs de l'information en région. Ce programme serait accessible aux télédiffuseurs et aux producteurs indépendants. L'adoption d'un tel programme aiderait à assurer la diversité des voix dans l'espace public, favoriserait la formation et le développement du talent et contribuerait à la qualité de la télévision locale. Plusieurs programmes développés pour soutenir l'industrie du cinéma ou d'autres formes de production télévisuelle pourraient servir de modèle.
Le passage à la diffusion numérique représentera aussi un défi important qui nécessitera des investissements majeurs de la part de TQS. L'acquisition des nouvelles antennes émettrices et les coûts associés à la transition de technologie pourraient atteindre 15 millions de dollars. Dans plusieurs régions, l'installation des antennes représente un investissement non rentable. C'est pourquoi nous proposons la création d'un programme semblable à l'initiative qu'a lancée le gouvernement fédéral pour offrir l'accès à Internet haute vitesse dans les régions éloignées du pays.
L'industrie de la télévision est en révolution, mais elle demeure un moteur essentiel pour la culture et la vitalité de notre pays. La production de contenu original québécois et canadien est la pierre angulaire de l'avenir de notre industrie et du maintien de notre identité nationale. L'industrie de la télévision est flexible et résiliente, et elle génère des retombées économiques importantes. Par contre, elle a besoin d'une masse critique d'activités pour maintenir son dynamisme et sa vitalité ainsi que de mesures ciblées pour favoriser sa présence dans toutes les régions du Québec et du Canada.
Au Canada, cette industrie a investi 2,5 milliards de dollars en programmation et production en 2008. Un nouveau partage des revenus de distribution entre tous les diffuseurs de contenu et les entreprises de distribution est devenu incontournable si on veut une industrie dynamique, composée de télédiffuseurs qui rivalisent par leur créativité et leur talent, sans distorsion règlementaire injustifiée. Nous souhaitons qu'à partir de votre travail, le gouvernement du Canada et le CRTC prennent les décisions appropriées pour assurer ce rééquilibrage nécessaire.
Je vous remercie.
:
Oui, certainement. Avec moi aujourd'hui, il y a Jean-Pierre Blais et Judith LaRocque de mon ministère. Ils m'accompagnaient quand je me suis présenté devant vous il y a quelques mois.
[Traduction]
Monsieur le président, je dois quitter à 17 h 30. J'étais là à 16 h 30. Je sais que vous avez commencé la séance en retard à cause des votes et en raison de la petite manifestation populaire, ou révolte populaire, mais je serais heureux de revenir devant le comité ultérieurement.
Puis-je procéder?
Le président: Allez-y monsieur.
L'hon. James Moore: Je tiens d'abord à remercier les membres du comité de m'avoir invité à participer à leur discussion sur l'avenir de la télévision et de la radiodiffusion au Canada. Compte tenu des changements structuraux que l'industrie connaît et du contexte économique mondial, cette étude vient à point nommé. J'apprécie les efforts que vous déployez pour approfondir cette question. Les répercussions de la situation actuelle sur l'industrie de la télévision, et d'ailleurs sur l'ensemble de l'industrie de la radiodiffusion, comptent certainement parmi mes principales préoccupations, et celles des Canadiens.
Les paramètres de l'étude entreprise révèlent l'immense complexité de la situation à laquelle fait face l'industrie canadienne de la radiodiffusion. Comme nous le savons tous, le système canadien de radiodiffusion est unique. Les défis engendrés par notre géographie, nos langues et la proximité du plus important exportateur culturel du monde ont façonné notre système. Nous diffusons dans les deux langues officielles, ainsi que dans bien d'autres langues minoritaires, et nous avons également une programmation qui répond aux besoins de notre population très diversifiée du point de vue culturel.
Les marchés français et anglais ont chacun leurs difficultés et leurs possibilités. Alors que les émissions canadiennes en anglais doivent affronter la concurrence féroce du marché intérieur, elles sont plus faciles à exporter. De l'autre côté, les émissions en français faites au pays connaissent beaucoup de succès et moins de concurrence étrangère, mais elles offrent moins de possibilités d'exportation.
[Français]
Le Canada bénéficie d'un système de radiodiffusion bien établi, qui apporte une contribution importante, tant à notre société qu'à notre économie.
Néanmoins, notre système connaît une période de transformation. Ces dernières années, le rythme des changements s'est accéléré. La technologie a changé à jamais la façon dont nous créons, obtenons et apprécions les oeuvres audiovisuelles. La technologie numérique donne aux Canadiens un choix sans précédent de moyens de s'informer et de se divertir, et ce, au moment qui leur convient.
Comme nous l'avons constaté au cours des dernières années, cette technologie nous a ouvert une fenêtre sur de nouveaux services et de nouvelles émissions. Toutefois, elle a aussi fermé la porte à certains produits et services, en plus de causer de l'instabilité au sein des entreprises de radiodiffusion traditionnelles.
[Traduction]
Les consommateurs ont fait bon accueil au nouvel environnement. Nous sommes devenus des habitués de nos enregistreurs numériques personnels, de la programmation sur demande et d'Internet. Les Canadiens s'attendent à plus et recherchent des expériences plus interactives. La création d'un contenu et l'accès à ce contenu deviennent de plus en plus enrichissants, significatifs et pertinents. Les néo-Canadiens utilisent les nouvelles plateformes pour raconter leurs histoires, communiquer avec leurs concitoyens et faciliter la compréhension entre les cultures.
Bref, la nouvelle technologie offre aux Canadiens de nouvelles façons de participer à la vie de la société. Les entreprises canadiennes s'adaptent à ces changements. Les concurrents d'hier établissent des partenariats ou fusionnent leurs activités. Ils explorent de nouveaux créneaux et de nouvelles stratégies commerciales. Nous avons vu la montée de la convergence chez les entreprises médiatiques qui offrent maintenant le téléphone, la câblodistribution, le service satellitaire, la radiodiffusion et l'accès à Internet. Pour les entreprises, l'entrée sur le marché est moins difficile, ce qui ouvre la voie à plus de concurrence et à de meilleurs services pour les Canadiens.
[Français]
La situation économique actuelle a bel et bien un effet sur l'industrie de la radiodiffusion. Comme votre étude le montre clairement, les télédiffuseurs traditionnels font face à des difficultés. Toutefois, d'autres acteurs comme les services spécialisés ou à la carte continuent à connaître une croissance de leurs activités, de leurs revenus et de leurs profits. De nos jours, les consommateurs veulent choisir leurs émissions. Ils veulent pouvoir choisir le moment et la plateforme pour les écouter.
Les entreprises sont en train de s'adapter à ce nouvel environnement d'affaires de consommation. Devant la transformation sans précédent de l'industrie de la radiodiffusion, notre gouvernement a joué et continuera à jouer un rôle important auprès d'une industrie en pleine évolution. Comme toujours, nous accordons toute l'importance aux Canadiens à titre de citoyens, de consommateurs et de créateurs.
[Traduction]
J'aimerais maintenant parler de l'appui que notre gouvernement apporte au système public de radiodiffusion. À titre de ministre du Patrimoine canadien, j'ai exprimé à plusieurs occasions mon soutien à un radiodiffuseur national puissant qui défend des intérêts des Canadiens.
[Français]
À titre de ministre des Langues officielles, je suis sensible à l'importance du rôle que joue la Société Radio-Canada auprès des francophones du pays. D'ailleurs, Radio-Canada exploite le seul réseau national de radio et de télévision en français qui dessert l'ensemble des communautés francophones du pays.
Je suis fier d'affirmer que CBC/Radio-Canada bénéficie des plus importants investissements de notre gouvernement. En accordant plus de 1 milliard de dollars à cette société d'État, le gouvernement du Canada finance notre radiodiffuseur public d'une manière qui souligne l'importance de cette société d'État pour le Canada.
[Traduction]
En outre, depuis 2001, la société d'État a reçu 60 millions de dollars de plus pour des émissions canadiennes, une aide financière qui a été renouvelée à plusieurs reprises, y compris au cours du présent exercice financier. Dans la tourmente économique que nous vivons, les entreprises publiques et privées, les petites entreprises et les familles ont dû prendre des décisions difficiles. La SRC n'est pas à l'abri de ces réalités économiques. Elle a dû prendre certaines décisions difficiles.
Le mois dernier, M. Hubert Lacroix, président-directeur général de la SRC, a annoncé les mesures prises pour faire face à la situation actuelle. Le gouvernement du Canada travaillera de près avec la SRC pour qu'elle demeure un radiodiffuseur national dynamique, en plus de refléter la diversité canadienne, de protéger nos langues officielles et de constituer une plateforme pour le contenu canadien.
[Français]
Notre gouvernement appuie les radiodiffuseurs parce nous comprenons qu'ils fournissent un service public aux Canadiens. Leurs émissions nous informent, nous éclairent et nous divertissent. Bien que la situation actuelle crée des difficultés, elle apporte aussi des possibilités pour notre industrie de la radiodiffusion. C'est particulièrement vrai pour ceux qui adoptent des démarches novatrices pour répondre aux besoins des consommateurs et aux conditions de la situation économique actuelle. Les radiodiffuseurs canadiens ont devant eux d'immenses possibilités de tirer profit des nouvelles tendances de la technologie numérique et de devenir plus novateurs, donc plus rentables.
Le rendement de la technologie numérique et les réductions de prix devraient ouvrir la porte à des solutions efficaces.
[Traduction]
Parallèlement, notre gouvernement a soutenu avec vigueur l'industrie et il continue à le faire. Par exemple, le mois dernier, j'ai annoncé l'établissement du Fonds des médias du Canada. Notre investissement annuel de 134,7 millions de dollars, combiné aux contributions des entreprises de distribution par câble et par satellite, portera le budget total du fonds à plus de 310 millions de dollars en 2010. Le nouveau fonds appuiera l'industrie, la production d'émissions canadiennes et les collectivités de langue officielle en situation minoritaire. Il aidera à produire les émissions que les Canadiens veulent regarder sur la plateforme de leur choix, qu'il s'agisse de la télévision, d'Internet ou d'appareils mobiles.
Notre gouvernement reconnaît également les bienfaits d'une industrie cinématographique forte, dynamique et prospère. C'est pourquoi nous avons investi plus de 300 millions de dollars dans la production audiovisuelle grâce au crédit d'impôt pour production cinématographique ou magnétoscopique canadienne et au crédit d'impôt pour services de production cinématographique ou magnétoscopique.
[Français]
De plus, en 2007-2008, nous avons versé près de 90 millions de dollars, par l'entremise du Fonds du long métrage du Canada, à la création, à la production, à la distribution et à la mise en marché des longs métrages canadiens. L'an dernier seulement, plus de 40 longs métrages ont bénéficié d'un soutien de ce fonds, ce qui a suscité des investissements de 153 millions de dollars provenant d'autres bailleurs de fonds publics et privés.
[Traduction]
Pour terminer, l'industrie canadienne de la radiodiffusion joue un rôle de premier plan en diffusant nos récits et en forgeant notre identité nationale, et elle continuera de le faire. Le gouvernement du Canada accorde un soutien important aux radiodiffuseurs publics et privés, et il demeurera un fervent partisan du système canadien de radiodiffusion.
[Français]
Nous croyons que l'industrie canadienne de la radiodiffusion a de belles possibilités devant elle. Songeons au succès d'entreprises comme RIM et Lionsgate. Il est évident que le Canada peut prendre les devants grâce à la nouvelle technologie. Les Canadiens méritent un vaste choix de services de qualité, faciles d'accès et à un juste prix. Ils doivent continuer à pouvoir apprécier le système canadien de radiodiffusion, un système qui les a si bien servis pendant de longues années.
[Traduction]
Quant aux parties intéressées de l'industrie, je suis certain que leurs efforts pour répondre aux besoins des Canadiens les pousseront à trouver des moyens novateurs de se positionner sur le marché et de gérer les transformations à long terme que nous connaissons actuellement. Les avancées technologiques sont toujours suivies d'une évolution du marché. C'est toujours vrai aujourd'hui. Dans l'avenir, le gouvernement continuera à faire ce qu'il a toujours fait. Nous allons protéger les intérêts des Canadiens à titre de citoyens, de consommateurs et de créateurs.
En terminant, j'aimerais remercier encore une fois les membres du comité de leur excellent travail. Je crois que les témoignages très diversifiés que vous aurez recueillis vous seront très utiles, car ils illustrent bien la complexité et la diversité de l'industrie. Je serai heureux de lire votre rapport, d'entendre ce que vous avez à dire et, pour le moment, de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre. Je suis très heureuse que vous soyez ici. Je veux simplement vous rappeler que, dans le cadre d'une motion particulière, on vous avait invité, lors de la dernière semaine de mars, à venir parler de Radio-Canada. Je vais essayer de vous psychanalyser, et j'aimerais que vous m'aidiez un peu. En effet, je n'ai que cinq minutes pour comprendre la différence entre ce que vous dites et ce que vous faites. Quand je dis « vous », je parle de votre gouvernement.
Est-ce le financement ou le mandat de Radio-Canada que vous désapprouvez? Il y a plusieurs choses que vous auriez dû faire pour Radio-Canada, mais que vous n'avez pas faites. Si vous aviez aimé votre diffuseur public, vous l'auriez soutenu pendant les moments difficiles. L'année passée, quand ce comité vous a remis un rapport dans lequel on vous demandait essentiellement trois choses, c'est-à-dire qu'il y ait un protocole d'entente assorti d'un financement stable sur sept ans, que les 60 millions de dollars fassent automatiquement partie du budget, et qu'un budget représentant 40 $ par habitant soit établi, vous auriez accueilli ces suggestions à bras ouverts et vous les auriez appliquées. Or vous ne l'avez pas fait.
M. Lacroix a écrit une lettre à votre premier ministre à la fin de février, mais il n'a reçu aucun accusé de réception. Pourtant, dans la semaine où les diffuseurs privés ont fait part de leurs difficultés financières, ils ont non seulement reçu une réponse favorable de votre part, à savoir qu'ils recevraient de l'aide, mais ils ont aussi été invités à souper par le premier ministre. En outre, ce qui a été dit a été fait.
Vous vous faites tirer l'oreille de toutes les façons possibles quand il s'agit d'aider Radio-Canada. Vous dites ne lui avoir jamais octroyé autant d'argent. Par contre, Radio-Canada dit avoir un manque à gagner de 400 millions de dollars, en dollars constants, depuis 1990.
On sent aussi le reproche de vos députés. En effet, quand on parle d'une éventuelle disparition de Radio-Canada à la Chambre, les députés conservateurs applaudissent. Plus tôt, quand M. Petit a interrogé le représentant de Remstar, il semblait désapprouver le milliard de dollars que vous accordiez à Radio-Canada, disant que c'était beaucoup d'argent. On sait pourtant qu'il ne s'agit pas du tout du même mandat.
Bref, y a-t-il quelque chose dans le mandat de Radio-Canada qui ne fait pas votre affaire?
:
Je crois que votre question contient six ou sept points.
Je sais que dans le passé, votre comité a souligné l'importance de cet investissement de 60 millions de dollars dans la programmation de Radio-Canada. Chacun de nos quatre budgets qui ont obtenu l'appui de la Chambre des communes incluait ces 60 millions de dollars, et ça comprend celui de cette année. Nous avons donc respecté l'avis de ce comité.
Comme je le disais à M. Rodriguez, nous avons promis, pendant la campagne électorale, de maintenir ou d'augmenter les budgets de la Société Radio-Canada. Nous avons respecté notre engagement chaque année, dans le cadre de chacun de nos budgets.
Je ne peux pas être responsable de l'horaire du premier ministre, comme vous ne pouvez l'être de celui de M. Duceppe. Le premier ministre a dit à plusieurs reprises en public que nous comprenions l'importance de la Société Radio-Canada, que ce soit pour la culture ou l'avenir de notre pays. Les gens de mon bureau et moi-même parlons très souvent de ces préoccupations avec M. Lacroix. Nous entretenons de bonnes relations et nous travaillons ensemble dans une perspective d'avenir.
Finalement, vous avez dit que certains députés du Parti conservateur ne tenaient pas à la survie de Radio-Canada. Je peux vous dire que c'est complètement faux. Chacun de nos députés a voté en faveur de notre budget, qui a augmenté chaque année les fonds destinés à la Société Radio-Canada. Je dois aussi souligner un fait important: le Parti libéral dit que dans le passé, il avait de la difficulté à équilibrer le budget fédéral. En réalité, le budget fédéral a été équilibré en 1997-1998. En 1998-1999, donc l'année suivante, le budget de la Société Radio-Canada était de 896 millions de dollars, mais bien que le budget ait été équilibré, les libéraux ont imposé à la société des réductions de 16 millions de dollars.
Pourtant, dans un contexte de crise économique mondiale et dans le cadre d'un budget anti-crise, nous avons continué à investir dans la Société Radio-Canada et nous avons même augmenté les fonds destinés à la radiodiffusion publique. Voilà la différence.
Vous vous associez au Parti libéral, à M. Rodriguez. Malgré votre document, et votre [Note de la rédaction: inaudible], il reste que ce sont les libéraux qui ont imposé des réductions à la Société Radio-Canada. Ils ont coupé 4 000 emplois et 400 millions de dollars à cet organisme; c'est nous qui avons appuyé la Société Radio-Canada.
:
Bien sûr, mais j'aimerais continuer à essayer de répondre à Charlie. Il préfère prolonger la période de questions, plutôt que d'avoir une réponse. Je serais ravi d'expliquer cette citation et d'expliquer la question du prêt, mais il préfère...
Des voix: [Inaudible — Éditeur]
L'hon. James Moore: Certainement, j'en serais ravi.
Monsieur le président, comme vous le savez, l'opposition a toujours pour tactique de prendre une citation, de la retirer de son contexte, de l'envoyer à la figure du gouvernement en disant: « Est-ce que ça s'est vraiment produit? » Je répondais à une question d'un journaliste au sujet d'une conversation complètement différente; cette citation a été retirée de son contexte, à la fois dans l'article de journal lui-même et, évidemment, dans la façon dont Charlie Angus s'en sert ici aujourd'hui.
Je comprends très bien la situation financière de CBC/Radio-Canada, et je comprends très bien la demande que la Société a faite au gouvernement. Nous avons une relation de travail saine et forte. À mon avis, la décision qui a été prise est dans l'intérêt des contribuables, de la Société, et de la réalité à long terme du secteur de la radiodiffusion.
Maintenant, en ce qui concerne le Fonds des médias du Canada, c'est une modernisation nécessaire. Lorsque l'on vit des changements cycliques dans l'économie, un ralentissement cyclique et des changements structuraux de tout un secteur industriel, je pense qu'il est responsable pour le gouvernement de s'assurer que ce type de fonds et de programme soit souple et capable de s'adapter aux réalités de l'avenir.
C'est l'objectif du Fonds des médias du Canada. Nous avons fusionné le Fonds canadien de télévision et le Fonds des nouveaux médias du Canada pour créer le Fonds des médias du Canada. Cet exercice permet de reconstruire le partenariat avec les radiodiffuseurs privés et d'octroyer plus d'argent, avec plus de souplesse, au cours du temps, pour la création de contenu canadien sur divers supports. C'est ce qui est nécessaire. J'ai fait cette annonce aux studios de Flashpoint, un programme de CTV diffusé en mode continu sur Internet. Vous pouvez également regarder cette émission le vendredi soir.
Je donne aussi toujours l'exemple de la CBC. Je crois vraiment que la CBC mérite des félicitations car elle ouvre vraiment la voie en multimédia et fournit du contenu multiplateforme. Je la cite sans cesse en exemple. Je ne sais pas si j'ai déjà écouté l'émission Q, avec Jian Ghomeshi, mais je la regarde tout le temps. Je télécharge ses vidéos balados et je ne rate jamais son émission, parce qu'ils la filment de façon à ce que l'on puisse consulter les vidéos, mais je n'ai jamais écouté l'émission. Je ne regarde presque jamais l'émission Politics de Don Newman, mais je l'écoute toujours, parce qu'elle est disponible en audio balado.
C'est la nouvelle réalité: les émissions de télévision traditionnelles sont accessibles en support multimédia, mais elles n'existent qu'en format audio et une émission de radio diffusée partout au pays est accessible en ligne en format vidéo. Donc, une émission de télévision ou une émission de radio, tout cela est complètement interchangeable, comme le sont, évidemment, les films, les fichiers balados, les émissions de radio. Tout cela devient ce que l'on appelait auparavant des « nouveaux médias », mais aujourd'hui, ce sont tout simplement des médias.
Nous avons donc mis à jour et amélioré le fonds. Nous avons fusionné le Fonds canadien des télévisions et le Fonds des nouveaux médias du Canada pour créer le Fonds des médias du Canada, pour permettre ce genre de productions. Ces fonds seront disponibles. Il y aura un montant réservé pour le contenu en langues officielles et minoritaires. Il y aura de l'argent réservé pour la production en français, pour s'assurer qu'il y a une distribution équitable dans les deux langues officielles.
Voilà ce qui répond à nos besoins: un gouvernement qui agit, qui modernise, qui améliore son investissement dans la création média, afin qu'elle soit accessible sur diverses plates-formes. La CBC a déjà ouvert la voie, et nous voulons encourager les radiodiffuseurs privés et les créateurs sur le terrain à accéder au financement nécessaire pour créer le genre de contenu que les Canadiens veulent regarder sur le support de leur choix.
Je remercie le ministre d'être venu nous rencontrer aujourd'hui.
Le ministre a prononcé un discours, mais j'aimerais revenir sur deux choses. Notre réunion porte sur l'avenir de la télévision au Canada, et il a parlé de numérisation et de son incidence sur l'avenir de la télévision, non seulement au Canada, mais dans le monde. Il a raison; cependant, en ce moment, la CBC n'arrive pas à diffuser jusqu'à Kamloops, alors imaginez dans le reste du monde. Elle n'arrive pas à atteindre Kamloops, car elle n'a pas l'infrastructure nécessaire, par exemple, pour convertir... La dernière fois que la CBC a eu de nouvelles infrastructures, c'était dans les années 1960. C'était il y a très longtemps. Il faut investir dans l'infrastructure de la CBC.
Je ne parle pas de la CBC pour créer un conflit. Il s'agit d'un radiodiffuseur public. Le gouvernement du Canada a la responsabilité de financer convenablement CBC/Radio-Canada.
J'aimerais parler de numérisation. La CBC n'a pas eu la portée numérique qu'elle aurait pu avoir et qu'ont les radiodiffuseurs privés. Lorsqu'on a permis à ces derniers d'augmenter leurs tarifs aux abonnés, ils ont pu entrer dans le monde numérique plus rapidement. CBC/Radio-Canada n'a pas cette possibilité. C'est un radiodiffuseur public. Elle dépend du gouvernement pour l'aider à diffuser, et elle ne peut atteindre Kamloops. C'est ma première question.
Voici ma deuxième question: La BBC, qui est un radiodiffuseur public, est passée au numérique depuis si longtemps qu'on parle uniquement de numérique. Nous avons laissé tomber notre radiodiffuseur public. Nous figurons au 16e rang sur 18 parmi les pays qui ont un radiodiffuseur public. Notre financement se situe au 16e rang. Si vous voulez réellement vous engager auprès du radiodiffuseur public, vous ne pouvez pas le mettre dans le même panier que les autres joueurs du secteur de la radiodiffusion. Vous devez permettre à notre radiodiffuseur public d'être entièrement numérique.
Deuxièmement, vous avez également dit que le nouveau Fonds des médias du Canada permettra à tout le monde de faire davantage de nouveaux films. Le problème, avec les films au Canada, si nous voulons les exporter à l'étranger, c'est qu'il nous faut absolument un modèle de distribution, et nous n'en avons pas. La BBC utilise son modèle numérique à des fins de distribution, et la CBC pourrait le faire également. Elle pourrait très bien diffuser les films canadiens dans le reste du monde. Aujourd'hui, elle ne peut le faire parce qu'elle n'a pas l'infrastructure numérique nécessaire.
Je parle de votre engagement envers le diffuseur public sur deux plans. Le premier, c'est la numérisation, de sorte que la CBC puisse toucher toutes les régions du Canada et du monde. Deuxièmement, en ce qui concerne la numérisation et votre nouveau Fonds des médias du Canada, j'aimerais savoir quel modèle de distribution vous envisagez pour la CBC, pour lui permettre de se comparer aux grands radiodiffuseurs publics du monde, comme la BBC?
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Merci, monsieur le président. J'aurai un bref commentaire à formuler et une brève question à poser, mais qui demandera peut-être de longs préliminaires,
Corrigez-moi si je me trompe. Je suis un francophone qui baigne un peu dans la culture anglophone, parce que je regarde la télévision en anglais de temps à autre, je lis un livre en anglais et je lis le Globe and Mail trois fois par année. Je baigne un peu dans la culture anglophone, mais je n'en fais pas véritablement partie.
J'ai la très nette impression que depuis 30 ou 40 ans, la culture canadienne est en train de disparaître. Tous les films que je vois en anglais sont de plus en plus américains et de moins en moins canadiens. Quant aux séries télévisées, elles sont presque toutes américaines. La musique est presque toute américaine. Les livres disponibles sont en grande partie des livres américains. Même si je ne connais pas bien la langue, il me semble qu'elle est de plus en plus yankee et de moins en moins british.
Il me semble que, dans son ensemble, le gouvernement canadien a de plus en plus de difficulté à faire survivre la culture canadienne. C'est mon feeling. Je parle du gouvernement et non pas du Parti conservateur. Si le Parti conservateur a sabré le budget de Radio-Canada, ce qui occasionnera la perte de 800 emplois, il n'en reste pas moins que les libéraux ont fait bien pire, et ce, en pleine croissance économique.
C'est vraiment le gouvernement canadien qui semble avoir ce problème, qui a de la difficulté à faire survivre la culture canadienne. Il ne semble pas y avoir un réel vouloir politique, à mon avis, de maintenir la culture, d'investir les fonds nécessaires. On est prêt à injecter des milliards de dollars dans l'armement, mais dès qu'il s'agit de donner 200 ou 300 millions de dollars à Radio-Canada, c'est très secondaire.
Même Margaret Atwood, qui n'est pas francophone, a dit que si elle devait voter pour le Parti libéral ou pour le Parti conservateur, elle voterait pour le Bloc. Ce n'est pas parce qu'on est plus fins que les autres, mais parce que le Québec semble attacher une importance à la culture, et à la culture en tant qu'industrie rentable. C'est quelque chose qui ne semble pas exister au Canada anglais.
Ma question est de nature politique. Si le gouvernement canadien n'est pas capable d'assurer la survie et la progression de sa propre culture, pourquoi les Québécois lui feraient-ils confiance pour ce qui est d'assurer la leur?