:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Cela me fait plaisir d'être ici ce matin pour vous fournir de l'information sur le processus suivi par le ministère lors de l'octroi de subventions et de contributions dans le domaine des arts et de la culture. Je suis accompagné de mon collègue, Pablo Sobrino.
[Traduction]
Pablo est sous-ministre adjoint de la Planification et des affaires ministérielles; il a donc une vue d'ensemble de toutes les subventions et contributions accordées par le ministère.
Pour ma part, je m'occupe des programmes de financement des arts et de la culture du ministère — pas tous, mais la plupart d'entre eux.
Je crois que, à deux, nous pourrons répondre à la plupart de vos questions.
Vous avez sous les yeux un document de neuf pages. Je sais que le temps est limité et je me contenterai donc de vous résumer ces documents.
[Français]
pour permettre le plus de questions possible. Pour aller plus rapidement, monsieur le président, je peux passer à la page 2.
Puisque vous êtes membres de ce comité, je présume que vous connaissez déjà l'importance de la culture pour le développement du Canada sur les plans social et économique, ainsi que les divers outils. Je vais donc tout de suite passer la parole à M. Sobrino.
J'aimerais dire, tout d'abord, que les subventions et contributions sont la responsabilité de notre ministère. On distribue près de 1,1 milliard de dollars par année en subventions et contributions.
[Traduction]
Le ministère administre 39 programmes distincts comptant 43 sous-volets; ces programmes vont des arts et de la culture au patrimoine, aux jeunes Autochtones et aux sports. En tout, 7 800 subventions et contributions ont été approuvées en 2008-2009, le dernier exercice, et plus de 4 000 d'entre elles ont été approuvées par le ministre du Patrimoine canadien ou les ministres d'État responsables des programmes.
Nous administrons aussi d'autres programmes, comme le programme Le Canada en fête. Les subventions et contributions accordées au titre de ce programme sont de moins de 3 000 $. Quelque 1 400 demandes ont été traitées. Il s'agit de demandes de subventions pour les célébrations de la Fête du Canada.
Notre directeur général des sports s'occupent du programme d'aide aux athlètes dans le cadre duquel on accorde des contributions aux athlètes, aux athlètes brevetés et aux athlètes de haut niveau. Nous avons approuvé environ 2 300 de ces demandes.
Dans notre gestion de ces programmes, nous cherchons l'équilibre entre la prestation de programmes permettant d'atteindre les objectifs du gouvernement et une bonne reddition de comptes, la diligence raisonnable et une bonne gestion des risques.
Passons maintenant à la page 4. Voici un bref aperçu du cadre de fonctionnement du ministère qui compte trois éléments. Il y a d'abord le cadre législatif, qui comprend les lois qui régissent la reddition de comptes que nous avons mis en place.
Il y aussi un cadre politique qui a été établi par le Secrétariat du Conseil du Trésor. Dans le cas des subventions et des contributions, la politique la plus importante est celle du Conseil du Trésor sur les paiements de transfert, qui régit la gestion des paiements de transfert pour les divers programmes.
Enfin, il y a un cadre de gestion du risque qui nous indique comment gérer les risques dans le traitement de chaque demande de subvention ou de contribution.
La plupart des changements qui ont été apportés dans les subventions et les contributions font suite aux recommandations du Groupe d'experts indépendants sur les programmes de subventions et de contributions qui s'est réuni en 2007. Le groupe a remis au gouvernement un rapport que celui-ci a mis en œuvre en 2008 au moyen d'un plan d'action. Patrimoine canadien est l'un des six ministères d'avant-garde qui ont été chargés de diriger la mise en œuvre du plan d'action.
Essentiellement, notre plan d'action — il compte 21 initiatives que je peux vous décrire en plus de détails, si vous le souhaitez — est centré sur une meilleure communication avec nos clients, la gestion du risque et l'amélioration du cheminement des dossiers au sein de notre système.
En matière de communication, on a souvent évoqué les normes de service, le temps qui s'écoule entre la réception de la demande et le premier versement. Le 1er avril 2010, nous comptons afficher sur notre site Web les normes de service de tous nos programmes afin que notre rendement puisse être évalué en fonction de ces normes.
Je vous renvoie à la page 6 et je cède la parole à Jean-Pierre qui vous parlera des programmes artistiques et culturels.
:
Comme mon collègue l'a mentionné, nous appuyons une vaste diversité d'activités, de programmes, d'individus et d'associations récipiendaires partout au ministère, et c'est particulièrement le cas dans le domaine des arts et de la culture.
[Traduction]
Nos clients sont variés et vont des petits organismes à but non lucratif et d'organisations oeuvrant pour le patrimoine à de grandes entreprises à but lucratif dans les secteurs de la culture, des livres, des périodiques et de la musique. Notre clientèle est donc très vaste et variée.
Les organisations qui sont nos clients prennent toutes sortes de formes. Elles vont des petits organismes qui ont parfois un bénévole pour demander les subventions et les contributions aux grandes sociétés qui ont une importante capacité interne.
Compte tenu de la diversité des objectifs de nos programmes et de nos clients, nous avons conçu nos programmes pour, d'une part, répondre aux besoins de nos clients et, d'autre part, assurer la reddition de comptes et une bonne gestion des fonds.
[Français]
On pensait qu'il serait utile de traiter de deux cas d'espèce pour montrer sur le plan pratique ce que cela veut dire, sur le terrain, lorsqu'on doit créer une structure pour des programmes qui tentent d'atteindre plusieurs objectifs.
Le premier que je vais mentionner est
[Traduction]
Le Fonds du Canada pour la présentation des arts a été créé en 2001 pour donner aux Canadiens un accès direct à un vaste ensemble d'expériences artistiques professionnelles dans leurs collectivités. Ce programme assure un financement aux organismes canadiens à but non lucratif qui montent des festivals ou des séries de spectacles ainsi qu'aux organismes qu'elles appuient. Nous leur accordons des subventions et des contributions.
Permettez-moi de faire une parenthèse pour que tous comprennent bien la différence entre une subvention et une contribution.
Les contributions s'accompagnent de plus de formalités administratives. Il s'agit en fait d'un contrat. C'est un contrat détaillé signé, d'une part, par la Couronne ou le gouvernement fédéral et, d'autre part, par celui qui reçoit des fonds. Ce contrat prévoit un calendrier de paiements détaillé. Ce contrat prévoit aussi le dépôt de rapports, parfois chaque mois, et la comptabilité. On exige souvent aussi des états financiers vérifiés. C'est un système très complexe.
L'octroi d'une contribution est indiqué dans certains cas, mais pas dans tous les cas. Dans ces autres cas, nous accordons des subventions. Les subventions nécessitent beaucoup moins de formalités administratives. Il s'agit d'une lettre accordant une somme d'argent. On remet un chèque habituellement pour une somme forfaitaire plutôt que de prévoir une série de versements en échange de rapports. Un rapport de nature générale est toutefois exigé à la fin.
Pablo a évoqué plus tôt l'analyse fondée sur les risques. Dans certains cas, s'il s'agit d'un client de longue date ou d'une somme d'argent moins importante, en nous fondant sur l'analyse des risques, nous privilégions l'octroi d'une subvention plutôt que d'une contribution. Dans d'autres cas, en raison de l'envergure, de la complexité, de la nature du programme ou des antécédents du client, nous préférons conclure un accord prévoyant l'octroi d'une contribution plus importante, un processus administratif plus complexe. Les deux formes de financement sont bonnes, il s'agit simplement de choisir celle qui est la mieux indiquée.
Du point de vue du client, il est beaucoup plus facile de recevoir des subventions.
[Français]
La subvention est beaucoup plus simple. Le processus d'analyse est semblable, mais au bout du compte, le client reçoit son argent plus rapidement. Le fardeau de produire des rapports est moins grand pour lui.
En ce qui concerne le Fonds du Canada pour la présentation des arts, notre aide est distribuée de la façon suivante: 46 p. 100 aux festivals, 38 p. 100 aux présentateurs, 11 p. 100 à un mélange des deux. En général, on couvre environ 12 p. 100 des frais admissibles.
[Traduction]
En moyenne, la somme demandée est d'environ 49 000 $ et la somme médiane accordée est d'environ 25 000 $. Comme vous pouvez le constatez, c'est une somme d'argent relativement modeste pour la plupart.
Sur nos 550 clients environ, 60 p. 100 reçoivent une subvention, même si cela ne représente que 20 p. 100 de notre budget total. C'est plus facile pour les clients parce que la somme est moins élevée. Quant à nous, c'est une façon appropriée de gérer le risque.
Nous accordons environ 240 contributions à nos 549 clients. Cela représente environ 40 p. 100 du volume, mais 80 p. 100 de notre budget total.
D'année en année, nous tentons d'améliorer la proportion des subventions par rapport aux contributions. Ainsi, en 2006-2007, le Fonds du Canada pour la présentation des arts a versé 40 p. 100 de ces sommes en subvention. En 2008, cette proportion est passée à près de 60 p. 100. Nous nous attendons à ce que ce pourcentage augmente encore l'an prochain. Nous savons que les contributions entraînent un fardeau administratif pour nos clients.
Pour mieux répondre aux besoins de nos clients, nous avons aussi adopté des contrats pluriannuels. Même quand nous décidons d'octroyer une contribution, cela peut se faire sur plusieurs années et le client ne traite alors avec nous qu'une seule fois, au moment où nous analysons sa demande.
[Français]
Par la suite, on conclut une entente de contribution pluriannuelle. Cela aussi diminue le fardeau.
À la page 8, on parle du Fonds du livre du Canada — l'ancien PADIE —, qui est doté d'un budget d'environ 37 millions de dollars.
[Traduction]
Surtout, cette structure a permis de promouvoir un secteur canadien fort offrant des livres canadiens de classe mondiale aux lecteurs du pays et du reste du monde.
Ce programme compte trois mécanismes de prestation. Environ 66 p. 100 des montants sont versés en fonction d'une méthode de financement fondée sur les ventes de l'année précédente. Un calcul permet de déterminer quelle somme d'argent sera versée. Il faut un certain temps pour faire ce calcul pour toute l'industrie, mais une fois qu'on dispose de toutes les informations, le calcul est assez facile à faire. Cela fonctionne bien, parce que le groupe ainsi subventionné est homogène, parce que ce programme récompense le succès et parce qu'il est prévisible. Les bénéficiaires ont une bonne idée de ce qu'ils recevront comme financement.
Dans ce programme de 37 millions de dollars, on finance aussi des projets ciblés. Pour ce faire, on procède à une sélection. Les intéressés présentent un projet de mise en marché, par exemple, de perfectionnement professionnel ou d'amélioration technologique. Bien sûr, nous procédons ensuite à une analyse pour nous assurer de verser nos fonds, qui ne sont pas illimités, aux projets les plus méritoires.
La troisième forme de financement est celle du financement administré par un tiers. Nous faisons appel à l'Association pour l'exportation du livre canadien, un groupe d'experts qui, depuis de nombreuses années, s'occupe de mise en marché des livres sur la scène internationale. Nous accordons du financement par l'entremise de ce programme très efficace et hautement spécialisé.
Comme l'a indiqué Pablo plus tôt, nous tentons de trouver le juste équilibre entre une prestation efficiente, d'une part, et une bonne gestion, d'autre part, et, pour ce faire, nous adaptons les divers mécanismes de prestation à nos clients. Nous tentons constamment d'améliorer le service aux clients.
[Français]
Je cède la parole à M. Sobrino.
:
Merci, monsieur le président.
Merci d'être venu. Vous avez présenté un excellent exposé. Il est encourageant d'apprendre que vous avez adopté le financement pluriannuel; la stabilité est certainement essentielle pour les organismes de diffusion artistique.
Ce qui me préoccupe, toutefois, s'agissant de votre plan d'action, c'est qu'il faut déterminer où se trouvent les goulots d'étranglement, ce qui ne semble pas avoir été fait. Plusieurs fois, vous avez dit que 40 ou 60 p. 100 des demandes n'étaient pas complètes. Je peux concevoir que cela se produise parfois, mais moi, je connais les organismes de diffusion artistique et je sais que ce sont des professionnels; je vois donc mal comment il se fait qu'ils présentent tant de demandes incomplètes.
Votre cadre de gestion des subventions et contributions comprend un volet législatif, la Loi fédérale sur la responsabilité, la Loi sur la gestion des finances publiques et la Loi sur le vérificateur général, ainsi que la politique du Conseil du Trésor et un cadre de gestion du risque. Manifestement, les demandes doivent franchir bien des étapes.
Je ne vois toutefois pas le bureau du ministre. Combien de projets sont évalués personnellement par le ministre? Quelle est la répartition de ces demandes entre les subventions et les contributions? Passe-t-il en revue chacune des demandes avant qu'elle soit approuvée? Y a-t-il un pourcentage? Comment cela fonctionne-t-il?
:
Patrimoine canadien a été choisi pour faire partie des six ministères d'avant-garde, c'est ainsi qu'ils sont nommés, à cause du volume élevé de subventions et de contributions et de la vaste gamme de programmes que nous avons.
Comme Jean-Pierre l'a mentionné, de la petite organisation à but non lucratif à la grande entreprise du domaine culturel, cette diversité explique pourquoi on nous a choisis. On a aussi demandé à Affaires indiennes, Transports Canada, Ressources humaines et Développement des compétences Canada, Agriculture et Agroalimentaire Canada, et j'essaie de me rappeler du dernier ministère. Ces six ministères ont été choisis pour cette raison, et ils ont été choisis pour examiner les processus.
Lorsque les membres du groupe d'experts ont voyagé au pays, ils ont entendu de nombreux témoins qui ont soulevé exactement les mêmes préoccupations que vous, concernant les retards pour le traitement des subventions et des contributions, les difficultés auxquelles les clients font face pour produire les rapports et le processus non normalisé de demande. Ainsi, une organisation qui soumettrait une demande à trois différents types de programmes devrait remplir trois formulaires complètement différents et satisfaire à des critères totalement différents.
Le groupe d'experts a proposé un certain nombre de recommandations, qui consistaient à simplement mieux communiquer, à s'éloigner de la culture de la peur du risque dans le traitement des dossiers, de façon que vous ne gérez que les risques, et à simplifier les processus.
On a soulevé, par exemple, la question des erreurs dans les demandes. Un des projets en cours consiste à permettre la présentation des demandes de subventions et de contributions en ligne. Voici un exemple. Présentement, lorsque vous remplissez votre demande de passeport, le système s'assure que vos renseignements sont bien entrés. Eh bien, en gros, voilà le même type de service que nous voulons offrir à nos clients pour qu'ils entrent les bons renseignements dès le début. De même, pour les clients qui ont déjà présenté une demande, nous détenons déjà beaucoup de renseignements à leur sujet, alors on pourra les réutiliser et les faire vérifier par le client lors des futures demandes.
Voilà donc l'aspect initial, s'assurer que les renseignements sont exacts. Puis, il y a la question des normes de service, à savoir faire connaître à nos clients le déroulement du processus. Et en ce qui concerne la gestion du risque, il faut poser les questions nécessaires pour gérer directement le risque, plutôt que d'essayer d'en arriver à une tolérance zéro du risque.
Le groupe d'experts a examiné en particulier ce changement de culture dans tous les ministères.
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Nous nous attendons à ce que tout accélère parce qu'il y aura moins d'erreurs avec les demandes en ligne. Cela ne sera pas terminé en 2010, mais c'est la direction que nous prenons: chercher les erreurs dès le départ pour que les clients les corrigent tout de suite.
Et l'outil de gestion du risque sert à accélérer le processus suivi par l'agent, dans son évaluation du risque, et le rend en partie automatique. Cela accélérera également le processus. Alors, nous nous attendons à voir des améliorations.
Passer à des accords pluriannuels sera perçu par les clients comme une amélioration, et l'utilisation des subventions, que nous essayons d'augmenter, réduira le fardeau de production de rapports.
Je ne peux pas vous dire combien de dossiers seront touchés, mais il y en aura suffisamment pour voir un important changement. Si vous n'avez pas terminé le rapport sur l'utilisation des ressources que vous avez faite l'année dernière, nous ne pouvons pas vous donner plus d'argent jusqu'à ce que nous ayons le rapport sur vos résultats de l'année précédente. Voilà un aspect de la gestion du risque.
Les accords de contribution exigent beaucoup de rapports. Les accords de subvention n'en exigent pas. Cela permet de réduire le fardeau. En fait, un des commentaires les plus importants entendus par le groupe d'experts — qui, je veux le préciser, était pangouvernemental et parrainé par le président du Conseil du Trésor — concernait le fardeau de la production des rapports imposé aux clients, qui ralentit tout.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Parlons des étapes d'une demande de financement — pour des programmes — de la part d'un organisme sans but lucratif qui organise des festivals ou autres. Après avoir rempli le formulaire de la demande, l'organisme envoie sa demande. Ensuite, l'agent des programmes la reçoit et renvoie à l'organisme l'accusé de réception.
Toutefois, il y a un délai entre l'accusé de réception et la réponse finale, positive ou négative. Lorsque c'est positif, on n'a habituellement pas de problèmes; lorsque c'est négatif, les gens nous demandent souvent pourquoi ils n'ont pas réussi à passer au travers du processus, car personne ne leur a téléphoné pour leur dire où, dans leur demande, cela accrochait.
Lorsque l'agent reçoit la demande, s'il trouve que quelque chose cloche, communique-t-il automatiquement avec cet organisme? Ou met-il cela de côté pour analyser les autres demandes et peut-être faire les appels téléphoniques après coup? Ou encore fait-il les appels un peu plus tard dans le processus?
Admettons qu'un agent mette un organisme de côté. Il arrive souvent que le refus parvienne à l'organisme un mois seulement avant la tenue de l'événement. En attendant une réponse, les responsables de l'organisme se demandent s'ils vont avoir ou non l'argent. Pourquoi, dans le cas d'un refus, ce refus n'est-il pas donné plus rapidement? Ainsi, ces gens pourraient tenter de retrouver un certain équilibre ou encore faire leur programmation en fonction du refus.