:
La séance est ouverte. Bienvenue à tous.
J'aimerais d'emblée faire quelques observations.
Je signale à tous nos collèges que notre réunion d'aujourd'hui diffère de nos réunions habituelles. Nous avons invité des hauts fonctionnaires qui s'occupent de la gestion des dépenses au gouvernement, de la préparation des états financiers des ministères, d'organismes et de l'ensemble de l'administration publique. Ces états financiers sont déposés devant le Parlement et, ils font bien entendu l'objet d'une vérification: vérification de gestion, vérification financière et rapports divers présentés au Parlement sur la gestion des dépenses.
Aujourd'hui, le comité est heureux d'accueillir Mme Sheila Fraser, la vérificatrice générale du Canada. Elle est accompagnée de M. John Wiersema, sous-vérificateur général. Nous entendrons également le secrétaire du Conseil du Trésor, M. Wayne Wouters, accompagné de M. Rod Monette, le contrôleur général. Sont aussi présents M. Alister Smith, secrétaire adjoint de la gestion des dépenses, et M. Frank Desrosiers, secrétaire adjoint des Priorités et planification.
J'aimerais ajouter quelque chose avant de leur donner la parole.
Je suis très heureux d'accueillir le secrétaire du Conseil du Trésor. Comme tous les membres du comité le savent, le Conseil du Trésor est chargé d'établir des politiques et de superviser l'administration du pouvoir exécutif. À certains égards, son rôle vis-à-vis du pouvoir exécutif occupe celui du comité des Comptes publics vis-à-vis du pouvoir législatif. Nous avons tous pour mandat de garantir le caractère économique, qui a probité et le respect des règles dans les dépenses publiques.
Le Bureau du contrôleur général a été rétabli en 2004 afin d'insister davantage sur l'importance de la gestion financière, de la reddition de comptes et des principaux systèmes de contrôle, comme la vérification interne, particulièrement sous le nouveau régime auquel tous les ministères et organismes étaient censés s'être conformés au 1er avril dernier.
Le Comité des comptes publics a amorcé ses travaux en janvier, c'est-à-dire il y a trois mois. Nous avons cru bon de marquer un temps d'arrêt pour entendre l'avis de certains hauts fonctionnaires sur cette question.
Nous sommes ravis que vous ayez tous pu être des nôtres. Je rappelle que le comité a décidé de déroger à la règle des cinq minutes accordées aux exposés. Prenez tout le temps que vous voudrez.
Vous pouvez parler le premier, monsieur Wouters, et nous entendrons ensuite la vérificatrice générale.
:
Nous nous assurons qu'il est dépensé, en quelque sorte.
Merci, monsieur le président.
Je remercie le comité de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui. Je vous remercie d'avoir déjà présenté mes collègues.
[Français]
Si le comité le veut bien, au lieu d'une allocution d'ouverture, nous vous présenterons un bref exposé sur le Programme de gestion du gouvernement et le rôle qu'assume le Secrétariat du Conseil du Trésor.
[Traduction]
Je vous ai remis un document que je passerai en revue avec vous. Rod Monette le commentera également. Je parlerai surtout du programme de gestion et des efforts qui sont déployés pour améliorer l'efficacité du gouvernement pour les Canadiens et les Canadiennes.
Je donnerai les grandes lignes de l'approche stratégique que nous adoptons dans les quatre domaines figurant sur cette diapositive: financer les bonnes priorités, gérer le rendement de manière à favoriser l'innovation, moderniser la gestion des ressources humaines et renforcer les systèmes pour accroître l'efficacité des opérations.
Rod décrira ensuite les innovations en gestion financière, dont celles que le président a déjà mentionnées, notre politique de vérification interne. Son bureau a un rôle crucial à jouer pour aider les administrateurs généraux à passer à une culture de gestion davantage fondée sur les principes, sensible aux risques et axée sur les résultats.
En guise de conclusion, j'évoquerai certains des défis que nous aurons à relever pour mettre en œuvre ce programme.
[Français]
Sachez également que nous avons fourni en annexe certains renseignements additionnels concernant trois domaines au sujet desquels vous avez exprimé un intérêt particulier, notamment le processus d'établissement du budget des dépenses, le renouvellement de l'ensemble des politiques et le Cadre de responsabilisation de gestion.
[Traduction]
Globalement, un gouvernement plus efficace doit faire plusieurs choses: premièrement cibler ses dépenses sur les bonnes priorités politiques, ainsi que sur les bons programmes; deuxièmement, renforcer sa capacité de donner suite aux changements et de relever les défis qui touchent la population canadienne, qui vivent en ce moment une période particulièrement difficile; et troisièmement, créer un milieu de travail doté des ressources humaines et des outils nécessaires pour fournir des services de grande qualité.
Améliorer l'efficacité du gouvernement pour les Canadiens et les Canadiennes nécessitera un régime de gestion ayant les caractéristiques suivantes. Premièrement, ce régime doit être fondé sur les principes, sans être caractérisé par des règles excessives et inefficaces qui insistent davantage sur le processus que sur le rendement. Deuxièmement, nous devons être plus sensibles aux risques, pour que les règles que nous adoptons soient proportionnelles aux risques qu'elles visent à atténuer et qu'elles ne paralysent pas l'innovation et la créativité. Et enfin, nous avons besoin de régimes de gestion plus axés sur les résultats.
Nous devons miser sur cet avantage canadien. Nous estimons que dans le domaine de la gestion de l'administration publique, le Canada est un chef de file mondial qui utilise systématiquement l'information axée sur les résultats pour prendre les décisions concernant l'affectation des ressources, afin de s'assurer que ces dernières sont harmonisées à des programmes très performants ou prioritaires.
Quelle est notre approche stratégique globale? Fondamentalement, la gestion consiste à orienter les ressources humaines et autres vers un but commun: assurer aux Canadiens et aux Canadiennes les meilleurs résultats, avec efficience et efficacité.
[Français]
Notre programme de gestion s'appuie sur quatre composantes qui permettent d'affecter nos ressources en fonction d'objectifs consistant à accroître l'efficacité du gouvernement pour les Canadiens et les Canadiennes.
[Traduction]
Plus précisément, il y a quatre secteurs cruciaux.
Premièrement, nous devons financer les bonnes priorités. Il faut adopter une approche à la fois plus rigoureuse et plus générale, et c'est ce que nous avons commencé à faire.
Deuxièmement, il faut gérer les rendements de manière à favoriser l'innovation. Nous estimons que la supervision et le contrôle sont actuellement trop centralisés et trop fastidieux, ce qui nuit à l'exercice de discernement, à la latitude et à l'innovation.
Troisièmement, sur le plan des ressources humaines, nos efforts pour positionner la fonction publique comme un milieu de travail de choix sont sapés par notre difficulté à attirer et à maintenir en poste des éléments talentueux et à donner aux travailleurs les moyens et la motivation nécessaires à un bon rendement.
Enfin, nous avons besoin de systèmes permettant d'accroître l'efficacité de nos opérations. Nos services internes et externes reposent sur des processus et des plateformes de TI complexes et désuets.
Comme vous pouvez le constater, ces défis obligent le Conseil du Trésor à jouer ces trois rôles d'organisme central, de bureau de gestion, de bureau de budget et d'employeur.
Nous avons pris des mesures pour accroître la capacité du gouvernement d'identifier les priorités et d'établir les plans de dépenses dans les limites financières fixées par le budget. En fait, nous avons renouvelé notre système de gestion des dépenses. Depuis quelques années, nous avons un nouveau système de gestion des dépenses qui comporte trois volets importants.
Premièrement, une gestion axée sur les résultats pour toutes les dépenses. Pour obtenir les meilleurs résultats pour les Canadiens et les Canadiennes, tous les programmes et toutes les dépenses doivent être assortis d'indicateurs de rendement clairs montrant comment les résultats seront atteints et le succès mesuré. Il est parfois plus difficile d'établir ces résultats ou produits dans le cas des programmes gouvernementaux, mais je crois que nous avons fait des pas de géant sur ce plan. Nous poursuivons notre collaboration avec les ministères pour développer notre capacité de définir et de mesurer les résultats de programmes. Ces renseignements axés sur les résultats sont essentiels pour permettre aux ministères de développer leur plein potentiel de déploiement des ressources en vue d'obtenir des résultats clairement définis.
Le deuxième volet est une discipline initiale pour les nouvelles dépenses.
[Français]
Nous nous employons à assurer une plus grande rigueur concernant les nouvelles propositions de dépenses. Les nouvelles propositions de dépenses seront corrélées aux priorités du gouvernement et évaluées en fonction des programmes et des résultats existants.
[Traduction]
Les démarches dans ce domaine bénéficient de l'abondance des données financières et non financières désormais générées grâce à la mesure du rendement, à l'évaluation, aux évaluations de la capacité de gestion, qui se fait grâce à un outil appelé Cadre de responsabilisation de gestion, et aux examens stratégiques.
Ce qui m'amène au troisième volet, à notre troisième façon d'améliorer la gestion des dépenses: des examens stratégiques des dépenses actuelles. Comment donner plus de rigueur à la gestion des nouvelles dépenses? Et des dépenses actuelles? Chaque année, nous examinons de 20 à 25 p. 100 des dépenses de programmes pour veiller à ce qu'elles soient compatibles avec les priorités du gouvernement et pour vérifier leur efficacité et leur efficience ainsi que l'optimisation des ressources. Chaque ministère doit examiner chacun de ses programmes — c'est le critère d'intégralité — et repérer ceux qui ne sont peut-être plus pertinents et dont les fonds pouvaient être réaffectés à d'autres priorités. Comme l'indiquait le budget de 2009, les économies décelées dans la dernière ronde de notre examen pour cette année, pour 2008, totaliseront 586 millions de dollars d'ici 2011-2012, ce qui permettra de réaffecter les fonds dégagés à d'autres priorités gouvernementales.
La sixième diapositive a pour thème Gérer le rendement de manière à favoriser l'innovation. C'est le deuxième pilier de notre programme de gestion. Permettez-moi de décrire certaines des mesures que nous avons prises pour donner aux fonctionnaires la chance de trouver les solutions novatrices afin de répondre aux besoins de la population.
Le labyrinthe des règles est un exemple des buts de réglementation gouvernementale. Pour y remédier, nous tâchons d'éliminer les règles inefficaces et inutiles, d'alléger le fardeau des rapports, dont nous avons parlé la dernière fois que j'ai comparu devant votre comité, et de moderniser les processus et les systèmes administratifs.
Dans l'encadré, on voit certaines initiatives qui ont été menées par le SCT et les ministères dans le cadre d'un effort vraiment pangouvernemental. Bien sûr, nous aurons toujours besoin de règles. Le gouvernement fonctionne, du reste, sur la base de ces règles, mais il faut avoir des règles judicieuses qui permettent de s'attaquer aux bons problèmes et de contrer les bons risques.
Un élément clé de l'initiative visant à alléger le fardeau réglementaire est le renouvellement des politiques et du Conseil du Trésor. Nous avons repensé toute la gamme des instruments stratégiques pour préciser les rôles et simplifier les exigences. Nous avons déjà commencé à simplifier et à renforcer les règles, à réduire le nombre de politiques que nous avons ramené de 180 à 44; ce travail devrait être terminé à 90 p. 100 d'ici la fin de l'exercice.
À la page 7, on voit qu'alléger le fardeau réglementaire est une condition nécessaire mais non suffisante pour mettre en place un régime de gestion propice à l'innovation.
Il faut repenser la surveillance et faire en sorte qu'un régime des gestions des risques soit en place pour favoriser la prise de risque calculé et l'innovation.
Dans un environnement dynamique et complexe, les risques calculés jouent un rôle important dans le renforcement de la capacité gouvernementale de reconnaître les nouveaux défis et les nouvelles possibilités, d'en tenir compte et d'en tirer parti. Si votre organisation est assujettie à trop de règles, vous ne vous trouvez pas à gérer le risque, mais à éviter tous les risques. Et cela nous semble excessif.
[Français]
Nous changeons la façon dont le CT fait affaire avec les ministères, afin de lui permettre de concentrer ses activités de surveillance principalement sur les domaines où les risques sont les plus élevés.
[Traduction]
Les ministères auront plus de capacité et d'autonomie pour rénover et prendre des risques, ce qui est indispensable pour assurer à la population canadienne un gouvernement efficace pendant une conjoncture économique exigeante et en pleine effervescence. Ce ministère détermine ou nous indique qu'il a la capacité de gestion dans certains domaines, par exemple l'approvisionnement, il recevra plus de pouvoirs délégués et devra moins souvent présenter des demandes d'autorisation au Conseil du Trésor.
Il faut également formuler les attentes et les normes de gestion et savoir évaluer les capacités pour promouvoir une culture de prise de risques calculés.
Parallèlement, le Cadre de responsabilisation de gestion permet au gouvernement d'identifier les secteurs où la gestion est déficiente ou excellente. Nous procédons à cette évaluation depuis six ans. Nous disposons désormais d'un outil très perfectionné permettant d'évaluer des tendances au chapitre du rendement des cadres au fil des ans dans l'ensemble du gouvernement et à l'intérieur de ministères précis.
Cela contribue à l'établissement d'un programme de gestion plus sensible et mieux adapté à des capacités et des besoins variés. De nombreux pays viennent maintenant au Canada pour prendre connaissance de cet outil d'évaluation globale de rendement.
La diapositive 8 porte sur la gestion des ressource humaines.
[Français]
Le troisième pilier de notre programme de gestion est la modernisation de la gestion des ressources humaines.
[Traduction]
Je sais que vous ne souhaitiez pas qu'on parle spécifiquement de ressources humaines à cette réunion et c'est pourquoi, pour gagner du temps, je n'entrerai pas dans les détails. Vous savez sans doute que Michelle d'Auray vient d'être nommée au nouveau poste de dirigeante principale des ressources humaines au Secrétariat. Elle pourra peut-être venir vous parler de la gestion des ressources humaines à une réunion future.
La 9e diapositive porte sur le renforcement des systèmes afin d'accroître l'efficacité des opérations. Un gouvernement efficace a besoin d'un environnement fonctionnel qui aide les fonctionnaires à réaliser leur potentiel, au lieu de leur nuire et qui garantit que l'attention et les ressources consacrées obtiennent des résultats pour la population canadienne.
À l'heure actuelle, nous sommes accablés de technologie, de processus et de systèmes disparates et désuets. Chaque ministère a monté ses propres systèmes et processus. Je sais que votre comité parle beaucoup de mise en commun des services, et nous croyons que c'est là la solution. Au lieu de moderniser et d'acheter des systèmes informatiques ministère par ministère, comment pouvons-nous nous regrouper pour le faire?
Nous sommes à mettre au point une stratégie de service pangouvernemental comportant des options pour moderniser la prestation de services dans tous les domaines de gestion. Nous étudions les approches novatrices pour regrouper les ministères ou offrir davantage de services centraux partagés, en ayant recours à l'impartition à divers degrés, une option déjà choisie par beaucoup de provinces. Nous croyons, du reste, pouvoir faire davantage à cet égard. Nous envisageons aussi des possibilités accrues de partenariats publics-privés.
Nous prenons également certaines mesures qui peuvent être mises en oeuvre assez rapidement, entre autres la modernisation de la paye — sujet dont, si je ne m'abuse, votre comité a déjà discuté. Nous analysons aussi les services de bureautique. Nous avons tellement d'ordinateurs: serait-il possible de les gérer collectivement dans toute l'administration publique?
Voilà en gros ce que je voulais vous dire.
Je cède maintenant la parole au contrôleur général qui parlera de la gestion financière.
:
Merci, monsieur le président.
Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de donner une séance d'information au comité sur le travail du Bureau de la vérificatrice générale. Comme vous l'avez dit, je suis accompagnée de John Wiersema, sous-vérificateur général.
Je crois que vous avez tous reçu la présentation. La deuxième diapositive vous donne un aperçu de l'exposé que je vais parcourir aujourd'hui. La troisième diapo énonce notre mandat et le cadre législatif.
J'aimerais vous faire un bref historique du bureau et de la façon dont le mandat a évolué avec le temps. Le premier poste de vérificateur général indépendant a été établi en 1878; nous sommes là donc depuis très longtemps. Il est intéressant selon moi de noter qu'il y avait un vérificateur général au moment de la Confédération, mais le vérificateur général était en même temps aussi sous-ministre des Finances. Il y avait donc là un petit problème d'indépendance et d'objectivité, mais j'ai entendu dire que certains sous-ministres des Finances regrettent le jour où ces deux postes ont été séparés.
Le bureau du premier vérificateur général indépendant a donc été créé en 1878. En 1977, le bureau a reçu le mandat précis de procéder à des vérifications de gestion. En 1995, on a créé le poste de commissaire à l'environnement et au développement durable au sein du Bureau du vérificateur général. En 2005, notre mandat a été élargi encore une fois, nous donnant le droit de vérifier l'utilisation des fonds transférés, prêtés ou accordés à certains organismes. Cette mesure visait surtout à mettre fin aux préoccupations que nous avions soulevées au fil des ans concernant la responsabilité des fondations. Au début, cette mesure visait les fondations qui recevaient plus de 100 millions de dollars. Ce montant a par la suite été réduit à 1 million sur cinq ans. Dans le cadre de cet amendement, nous avons également été nommés vérificateurs et covérificateurs de toutes les sociétés d'État sauf deux, soit la Banque du Canada et l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada.
À la quatrième diapositive, vous pouvez voir les liens hiérarchiques. Notre rôle est évidemment d'offrir aux parlementaires l'information et l'assurance dont ils ont besoin pour tenir le gouvernement responsable.
[Français]
Pour bien remplir notre mandat, il est absolument essentiel d'être perçu comme un organisme indépendant du gouvernement. En fait, notre crédibilité repose sur notre indépendance. Plusieurs mesures ont été mises en place à cette fin, lesquelles figurent à la cinquième diapositive. Entre autres, le vérificateur général est nommé pour un mandat non renouvelable de 10 ans. Nous déposons nos rapports directement au Parlement par l'entremise du Président de la Chambre, et non par celle d'un ministre. Nous sommes un employeur distinct et nous avons donc le droit d'engager notre propre personnel. Nous avons nos propres systèmes de classification et nous avons aussi le droit d'obtenir toutes les informations dont nous avons besoin pour remplir notre mandat.
À la sixième diapositive, nous mentionnons que notre budget est d'environ 88 millions de dollars. La plupart de notre personnel travaille ici, à Ottawa, mais nous avons aussi des bureaux régionaux à Vancouver, qui sont responsables de notre travail au Yukon. Edmonton est surtout responsable du travail que nous effectuons dans les Territoires du Nord-Ouest. Les bureaux de Montréal s'occupent de vérifications de sociétés d'État. Quant à nos bureaux de Halifax, ils exécutent une variété de tâches, qu'il s'agisse d'une société d'État ou du ministère des Anciens Combattants, par exemple.
Nous avons 625 employés au total, dont un peu plus de 400 sont des professionnels de la vérification. Les professionnels de la vérification doivent avoir un titre comptable ou une maîtrise. Environ 200 de ces personnes sont des comptables. Nous avons des gens qui proviennent de plusieurs domaines, que ce soit les sciences environnementales, l'ingénierie, la sociologie ou l'administration publique.
Nous avons essentiellement quatre gammes de produits, que je vais décrire brièvement.
Les vérifications d'états financiers, qui figurent à la huitième diapositive, ressemblent beaucoup aux vérifications effectuées dans le secteur privé. Toutefois, nous portons plus d'attention à la conformité aux lois et aux règlements. Nous devons même donner une opinion, dans plusieurs cas, sur le respect des lois et des règlements. Nous effectuons environ 130 vérifications financières chaque année, dont la plus importante est la vérification des comptes publics. Avec des revenus et dépenses de plus de 200 milliards de dollars, cette vérification nécessite environ 50 000 heures de travail. Je suis sûre que cette vérification est la plus importante au pays.
Comme je l'ai mentionné, nous effectuons la vérification ou nous sommes les covérificateurs de presque toutes les sociétés d'État. Par exemple, nous vérifions Postes Canada, Radio-Canada, VIA Rail, la Banque de développement, et ainsi de suite. Sur les trois territoires, nous vérifions une trentaine d'agences territoriales.
Nous sommes aussi les vérificateurs d'une agence des Nations Unies: l'Organisation internationale du travail. Pour cette dernière vérification, nous facturons des honoraires qui permettent de recouvrer nos coûts.
[Traduction]
Bien que les vérifications des états financiers ressemblent beaucoup à ce qui se fait au secteur privé, les vérifications de gestion sont assez uniques aux vérificateurs législatifs. Nous couvrons toute une gamme de sujets dans nos vérifications de gestion, soit à peu près tout ce que le gouvernement fait, comme le comité doit le savoir. Il peut s'agir de services aux enfants et à la famille aux Affaires indiennes et du Nord, de la protection du saumon, des acquisitions pour la défense, et j'en passe.
Notre processus est très rigoureux. Nous avons un guide pour nous aider à faire nos vérifications de gestion. Ce guide est affiché sur notre site Web, si vous voulez savoir de quoi il s'agit réellement. Essentiellement, au début, nous établissons des critères ou des attentes en matière de gestion. Ils sont surtout fondés sur les règles et les politiques administratives du gouvernement. Avant de commencer la vérification, nous convenons de ces critères ou attentes avec les ministères. Puis, nous procédons à la vérification pour voir si ces pratiques sont réellement adoptées.
Nous faisons ensuite rapport sur les conclusions de notre vérification. Il est essentiel pour nous d'avoir de vraiment bonnes communications avec les ministères, et beaucoup d'efforts sont déployés dans un sens et dans l'autre pour confirmer les faits. À la fin de la vérification, nous demandons au chef du ministère ou de l'organisme de confirmer qu'ils sont en accord sur les faits. Ils peuvent évidemment être en désaccord avec nos conclusions, mais les conclusions sont les nôtres, et nous indiquerons dans notre rapport s'il y a eu des accords de la part du ministère ou de l'organisme qui fait l'objet de la vérification, soit sur les faits ou les conclusions, le cas échéant.
Nous avons un autre produit, soit les examens spéciaux des sociétés d'État. Ces examens sont également uniques au gouvernement fédéral. Nous devons donner notre avis sur la gestion de la société dans l'ensemble et indiquer si les systèmes et les pratiques en place, le cas échéant, assurent la protection des actifs et que le fonctionnement se fait de façon économique et efficace. Les rapports sont remis aux conseils d'administration des sociétés. Jusqu'à très récemment, les sociétés d'État devaient faire l'objet d'un examen tous les cinq ans. La fréquence est récemment passée à 10 ans, un changement que nous appuyons. Nous estimons que de nombreuses sociétés — de très petites sociétés, en fait — faisaient l'objet de vérifications beaucoup plus souvent que certains des principaux ministères.
Les conseils d'administration doivent aussi désormais soumettre ces rapports au ministre, au président du Conseil du Trésor, et les rendre publics dans les 60 jours suivant leur réception.
Ces deux dernières années, nous avons également commencé à publier un rapport des sommaires de ces examens spéciaux. Nos prochains rapports seront publiés le 12 mai et présenteront les sommaires de huit examens spéciaux menés l'année dernière.
Dernier produit de notre série: les vérifications environnementales. Je suis fière de dire que notre bureau est un chef de file mondial à cet égard. Le commissaire à l'environnement a une équipe d'environ 40 à 45 personnes qui travaillent exclusivement sur des questions liées à l'environnement et au développement durable. Le commissaire a deux responsabilités prévues par la loi. La première est d'évaluer les stratégies du gouvernement en matière de développement durable, et l'autre, d'administrer le processus de pétitions environnementales. Si vous êtes intéressés, nous pouvons certainement vous fournir davantage d'information à ce sujet.
[Français]
Plusieurs personnes nous demandent comment nous choisissons les sujets de nos vérifications de gestion. Il s'agit d'un processus basé sur une analyse de risques. Nous tenons aussi compte de l'intérêt que représentent les différents sujets pour les parlementaires. Nous consacrons plusieurs heures à discuter avec des gestionnaires du ministère ou d'autres personnes intéressées par cette question, comme des parlementaires, afin de décider quels sont les sujets les plus importants et les plus appropriés pour une vérification.
Parfois, il peut y avoir des questions de politiques, mais nous ne faisons pas de commentaires sur les politiques. Il serait donc inapproprié que nous fassions une vérification sur un tel sujet. Il faut aussi que nous ayons les compétences nécessaires pour traiter des différents sujets, comme la gestion des ressources humaines ou les technologies d'information. Nous établissons un plan de vérification pour trois à cinq ans, Celui-ci est mis à jour au fur et à mesure qu'il y a des développements.
Nous accordons une attention particulière aux demandes des comités parlementaires, mais nous ne sommes pas tenus de faire les vérifications demandées. Nous ne répondons pas aux demandes du public ni aux parlementaires individuellement.
Il est essentiel que nous assurions la qualité de toutes nos vérifications. Nous avons adopté plusieurs mesures pour assurer cette qualité. Nous respectons les normes professionnelles de vérification établies par l'Institut canadien des comptables agréés. Comme je l'ai mentionné, nos professionnels sont hautement qualifiés et notre système de gestion de la qualité est vérifié soit par une revue interne ou externe.
Lors de chacune de nos vérifications, des comités aviseurs formés de trois à quatre experts, comme des fonctionnaires à la retraite ou des experts d'autres pays, nous aident à nous assurer que les sujets soient pertinents et que nos conclusions soient justes.
D'autres comités externes me conseillent. Un des plus importants est le groupe de conseillers principaux que nous rencontrons deux fois par année, surtout pour discuter de questions stratégiques ou problématique auxquelles nous faisons face. Nous sommes vraiment privilégiés de pouvoir compter sur des personnes comme le très honorable Joe Clark, M. Broadbent, M. Gordon Ritchie, M. David Brown et M. George Erasmus, qui font tous partie de ce comité.
Il y a aussi un comité sur les enjeux des premières nations, qui nous aide à comprendre les réalités et les difficultés auxquelles ces nations font face. Le comité consultatif indépendant traite surtout de questions techniques. Il est principalement formé de représentants des grands cabinets de comptables agréés qui nous aident à l'égard de l'interprétation des normes de comptabilité.
[Traduction]
Passons à la seizième diapositive. Les gens me demandent souvent qui vérifie le vérificateur général et à qui nous devons rendre des comptes. Nous rendons évidemment des comptes à votre comité. Nous allons comparaître encore une fois jeudi pour discuter de notre rapport des plans et priorités pour cette année et de notre rapport de gestion pour l'année se terminant en mars 2008. Nous comparaissons donc devant le comité pour discuter de l'estimation de nos dépenses.
On a également créé le Groupe consultatif sur le financement et la surveillance des hauts fonctionnaires du Parlement. J'imagine que ce groupe a été créé pour donner davantage d'indépendance à la question du financement des hauts fonctionnaires du Parlement. Comme tout ministère, nous devons passer par le Secrétariat du Conseil du Trésor et nous soumettre au processus d'analyse de nos budgets, et nous estimions que c'était peut-être un peu inapproprié, compte tenu que nous faisons souvent subir des vérifications au Secrétariat du Conseil du Trésor. Le groupe a donc été créé, et nous comparaissons devant celui-ci avec le Secrétariat du Conseil du Trésor pour discuter des demandes de financement. Je crois en fait que cela a très bien été. Il y a eu une évaluation, laquelle a été très positive à l'égard du groupe.
Nous avons un vérificateur externe qui est nommé par le Conseil du Trésor chaque année pour vérifier nos états financiers. Mais la partie qui est peut-être la plus importante, voir la diapositive 18, est l'examen indépendant externe par les pairs. La première a été effectuée en 1999, et l'un des principaux cabinets comptables a examiné notre système de gestion de la qualité des vérifications financières annuelles. En 2003, un groupe international de collègues a examiné nos pratiques de vérification de gestion. L'équipe était composée de représentants de bureaux de vérification nationale de la France, de la Norvège, des Pays-Bas, groupe dirigé par la Grande-Bretagne. C'était en fait la première fois qu'un tel exercice avait lieu à l'échelle internationale.
Depuis, nombre de nos collègues ont adopté ce processus, et nous avons, par exemple, mené l'examen de l'organisme fédéral américain de reddition de comptes de l'administration publique par deux fois maintenant. Nous avons participé à des examens. Nous avons mené l'examen de la Cour des comptes européenne et nous avons participé à des examens au Danemark, au Mexique et en Nouvelle-Zélande. Plusieurs autres pays ont fait la même chose, alors c'est en train de devenir une tendance dans la communauté internationale de la vérification. Jusqu'à présent, nos examens étaient axés sur des lignes de produits en particulier. Nous avons maintenant demandé un examen de tous les produits et services du bureau. Cet examen commencera plus tard cette année et sera dirigé par le vérificateur général de l'Australie.
Pour ce qui est de notre incidence, vous verrez dans nos discussions de jeudi que nous donnons des statistiques sur la mise en oeuvre de nos recommandations, lesquelles sont, selon moi, positives. L'un des rapports les plus importants pour nous est le rapport Le Point, dans lequel nous effectuons un suivi pour voir si le gouvernement a donné suite aux recommandations que nous avons faites par le passé. Depuis la publication de notre premier rapport Le Point en 2002, la majorité de nos vérifications de suivi ont été positives. En fait, vous vous rappellerez probablement le plus récent de ces rapports qui a été déposé le 31 mars, et dans lequel cinq des sept ministères visés avaient fait des progrès satisfaisants.
En conclusion, monsieur le président, ce fut un grand honneur pour nous d'aider le Parlement dans ses responsabilités de surveillance, et nous sommes très heureux de l'excellente relation que nous entretenons avec votre comité. Sans votre examen de nos rapports de vérification, je suis convaincue que nous n'aurions pas l'impact que nous avons, alors je vous remercie.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie tous de vos exposés aujourd'hui.
Je suis député depuis presque cinq ans et je siège à ce comité depuis. Lors des deux dernières législatures, je me suis fait une priorité de dire à mon chef que je désirais siéger à ce comité. C'est un travail qui me plaît.
J'aimerais simplement dire au peule canadien, alors que les caméras sont braquées sur nous, à quel point les Canadiens sont bien servis par la grande qualité, l'intégrité et le professionnalisme de votre travail. Vous pourriez tous gagner beaucoup plus d'argent et avoir un poste plus élevé si vous alliez ailleurs; toutefois vous restez ici pour servir les Canadiens. Je vous en remercie. Vous faites un excellent travail, et nous vous en remercions.
Des voix: Bravo, bravo!
M. David Christopherson: Cela dit…
Des voix: Oh, oh!
M. David Christopherson: Il y a seulement quelques petites choses — vraiment petites — que j'ai remarquées. Vous n'avez même pas à faire de commentaire.
Nous avons trois exposés devant nous, et seulement un des trois est recto-verso. Comme l'environnement fait partie… et c'est l'exposé de la vérificatrice générale qui est recto-verso. Elle fait bonne figure.
Ce qui m'amène à une autre question. Ça m'a fait penser à tous les agents de blanchiment que le gouvernement utilise toujours pour blanchir le papier. À un moment donné, il va vraiment falloir prendre des mesures fondamentales si nous voulons faire une différence importante.
Dans tous les cas, j'aimerais vous parler d'un article du Globe and Mail qui fait état d'une enquête sur les vérificateurs de Revenu Canada et qui découle d'une enquête sur la mafia. C'est une histoire qui se poursuit. On dit que deux employés, de Revenu Canada je crois, qui sont des chefs d'équipe, qui supervisent d'autres enquêteurs, auraient fait preuve d'inconduite, je dirais, et la seule raison pour laquelle on l'a su, c'est que la GRC procédait à une enquête sur la mafia à Montréal, enquête appelée Projet Colisée. C'est un peu par hasard que la GRC est tombée sur le deuxième cas.
Comme nous accueillons aujourd'hui la vérificatrice générale, des représentants du Conseil du Trésor et le contrôleur général, et que la salle est bondée d'assistants et de vérificateurs, j'en profite pour vous demander pourquoi il a fallu la GRC — c'est comme s'il avait fallu des vérificateurs pour attraper Al Capone — pour attraper les vérificateurs?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous avons quatre minutes. Je vais vous poser quelques questions et vous aurez le reste du temps pour y répondre de votre mieux.
Madame la vérificatrice générale, vous venez de parler de l'indépendance des bureaux de vérification. Je sais que vous vous exprimez en langage diplomatique, ce que je respecte parfaitement, mais vous êtes responsable devant notre comité. J'aimerais savoir ce que vous pensez de l'indépendance du directeur parlementaire du budget? Ne trouvez-vous pas… Vous souriez, mais c'est une préoccupation en ce moment. Vous êtes notre experte attitrée, et votre opinion compte.
Je vous demanderais cependant d'attendre que j'aie posé les autres questions, ce qui vous donnera l'occasion de réfléchir à votre réponse. Du reste, j'aimerais aussi savoir ce que vous pensez de la création, à titre d'agent du Parlement, de la fonction de commissaire à l'environnement, par rapport au thème de l'indépendance des bureaux de vérification. Je vous laisse un peu de temps pour y réfléchir.
Monsieur Wouters, j'ai pris note des 3 milliards de dollars et j'en comprends la raison. Le ministre des Finances a l'air d'un pompier; il a un sceau rempli à la main et il s'apprête à lancer l'eau pour éteindre le feu. Comme il se dépêche, il va sans doute renverser un peu d'eau, et nous n'y pouvons rien.
Nous savons que les Américains sont partis pour l'Irak dans le même état d'esprit et à ma connaissance, ils leur manquent des milliards de dollars. Ils y ont envoyé de pleines cargaisons de liasses de billets, des milliards de dollars en espèces, mais trop pressés d"éteindre le feu, ils ont échappé quelques billets. Et aujourd'hui, avec le recul, certains commencent à dire: « Un instant! Le compte n'y est pas. Où est passé tout cet argent? »
Je m'interroge sur ce que nous sommes en train de mettre en place. A part ce que j'ai déjà entendu, y a-t-il quelque chose qui pourrait me convaincre que toute cette eau va tout de même être bien comptabilisée? Madame la vérificatrice générale, est-ce que vous envisagez une vérification, une étude ou une procédure spéciale de contrôle, étant donné qu'on met la charrue avant les bœufs?
Ma dernière question ressemble à celle de mon ami, M. Kramp, qui portait sur le risque. Je vais relire un extrait: « Il faudra tolérer les erreurs éventuelles et être capables d'en tirer des leçons, ce qui sera largement compensé… »
Je comprends. Il faut une certaine latitude, de la créativité et du jugement. C'est toujours ce qu'on dit. Il s'agit d'aller le plus loin possible dans les décisions. C'est en quelque sorte le contraire du taylorisme.
En agissant ainsi face à un problème, nous sommes un cas isolé. On ne considère qu'une décision, sans tenir compte des pressions du moment. Pouvez-vous nous donner des outils qui nous permettront de savoir quand il faut faire preuve de tolérance, compte tenu des avantages recherchés, afin que ces gens-là ne prennent pas un coup sur la tête à chaque fois qu'ils sortent de leur coquille? Je sais que je télescope terriblement les métaphores, mais chaque fois qu'on les frappe pour cela, on est perdant. Voilà ce que je veux dire.
En revanche, il ne faut pas tout laisser aller, en particulier lorsque des cadres grassement rémunérés, investis de responsabilités importantes, ne se comportent pas dans l'intérêt public. Nous les frapperons durement, et c'est à nous de le faire, ou nous remettons les système en cause, en quelque sorte. C'est une question de jugement.
Aidez-moi à comprendre. Je suis ici depuis près d'une demi-décennie. Est-ce que vous pouvez nous en parler? Pouvez-vous nous donner des lignes directrices qui nous permettront de voir la différence entre le fait de serrer la vis alors qu'on espère de la créativité et de l'initiative, et le fait de permettre des prises de décisions manifestement mauvaises qu'un peu de diligence raisonnable aurait permis d'éviter?