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Il est 15 h 15 et je suis absolument ravi que tout le monde soit ici; je vous souhaite à tous la bienvenue.
Cette séance du Comité permanent des comptes publics a lieu conformément au Règlement de la Chambre; le point à l'ordre du jour concerne les Comptes publics du Canada 2008.
Nous sommes heureux d'accueillir aujourd'hui, du Bureau du vérificateur général du Canada, John Wiersema, sous-vérificateur général. Soyez le bienvenu John. John a comparu devant le Comité à plusieurs reprises déjà. Il est accompagné de Doug Timmins, vérificateur général adjoint, et de Tammy Squires, directrice principale. Bienvenue à tous.
Nous accueillons également, du Secrétariat du Conseil du Trésor, M. Rod Monette, contrôleur général du Canada qui, lui aussi, a témoigné devant notre comité à de nombreuses occasions; John Morgan, contrôleur général adjoint, Secteur de la gestion financière et de l'analyse; et Bill Matthews, directeur exécutif, Comptabilité gouvernementale, Politique et Rapport. MM. Morgan et Matthews n'en sont pas non plus à leur première expérience ici.
Chers collègues, je tiens également à vous signaler que nous avons parmi nous Mme Cheryl McMullin, coordonnatrice de la politique fiscale au ministère des Finances. Le fonctionnaire du ministère des Finances qui vient habituellement n'est pas ici aujourd'hui. Mme McMullin n'est pas tant venue pour répondre à nos questions que pour prendre les questions en délibéré et nous envoyer les réponses plus tard par écrit.
Avant d'aller plus loin, mesdames et messieurs les témoins, au nom du Comité, j'aimerais vous remercier tous beaucoup de votre présence et de vous être préparés malgré un préavis si court. Le Comité n'a été constitué que mardi. Je sais que vous avez eu très peu de temps de préparation. Vous avez quand même accepté de comparaître aujourd'hui, et nous vous en sommes tous reconnaissants.
Chers collègues, avant de demander à M. Wiersema de nous livrer son allocution d'ouverture, j'aimerais faire quelques remarques. Ceci est une réunion annuelle du Comité des comptes publics et vous conviendrez avec moi que c'est probablement la plus importante. Ce n'est pas la plus controversée. Nous allons nous pencher sur les comptes publics consolidés du Canada pour l'exercice se terminant le 31 mars 2008. Normalement, cette réunion se tient en octobre ou novembre de l'année courante. Nous accusons trois mois de retard pour les raisons que tout le monde connaît.
Ceci représente la dernière étape du cycle budgétaire et comptable du gouvernement qui a commencé avec le budget, a été suivi par le budget des dépenses, puis le budget supplémentaire des dépenses, les rapports ministériels sur les plans et priorités, les rapports ministériels sur le rendement et, bien sûr, le document final: l'état financier vérifié des opérations gouvernementales, qui fait état d'environ 242 milliards de dollars de revenus et à peu près autant de dépenses.
Ceci dit, je cède maintenant la parole à M. Wiersema.
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Bonjour, monsieur le président, et merci pour votre invitation.
Monsieur le président, en raison du dépôt plus tôt aujourd'hui du rapport de décembre 2008, la vérificatrice générale a été dans l'impossibilité de se libérer pour assister à cette séance. En son nom, je vous félicite tous d'avoir été élus au sein de cette 40e législature, particulièrement vous, monsieur le président, qui avez été reconduit à la tête du Comité. Nous nous réjouissons à l'idée de travailler avec chacun de vous au cours des semaines et mois à venir.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour présenter aux membres du Comité le Rapport de la vérificatrice générale sur les états financiers vérifiés du gouvernement du Canada pour l'exercice 2007-2008. Je suis accompagné de M. Doug Timmins, vérificateur général adjoint, et de Mme Tammy Squires, directrice principale, qui sont tous deux responsables de la vérification de ces états financiers.
[Français]
Nous sommes heureux que le comité tienne cette audience sur les comptes publics, car il s'agit d'un rapport redditionnel essentiel du gouvernement. Le contrôleur général expliquera au comité les principaux éléments des états financiers du gouvernement. Quant à moi, j'exposerai les grandes lignes de l'opinion de vérification et de nos observations.
Le rapport de la vérificatrice générale sur les états financiers de 2007-2008 se trouve à la page 2.4 du volume I des Comptes publics. L'opinion donne au Parlement l'assurance que les états financiers du gouvernement sont présentés fidèlement, selon les conventions comptables énoncées par le gouvernement. Celles-ci sont conformes aux principes comptables généralement reconnus au Canada. Cette opinion peut être qualifiée d'opinion « sans réserve ». Notre bureau a été en mesure de donner une telle opinion pour chacun des dix derniers exercices.
[Traduction]
Nous félicitons le gouvernement d'avoir produit des états financiers qui donnent une image fidèle de la situation, conformément aux principes comptables généralement reconnus au Canada. À notre avis, le Canada continue de montrer la voie en matière de communication de l'information financière au niveau national.
J'aimerais maintenant aborder plusieurs questions que nous avons présentées dans nos observations et que l'on retrouve aux pages 2.34 à 2.41 du volume 1 des Comptes publics du Canada.
Premièrement, un projet d'élaboration d'une nouvelle méthode pour estimer la provision pour créances douteuses du gouvernement relative aux impôts à recevoir a été entrepris à l'automne 2006. L'établissement de l'estimation de l'exercice de cette année a été retardé, et nous croyons que des améliorations sont encore nécessaires pour que le gouvernement dispose d'une méthode fiable pour estimer sa provision pour créances douteuses relative aux impôts à recevoir. Nous avons reçu du gouvernement un plan détaillé qui traite de ces questions et nous espérons qu'il sera en mesure de respecter ces engagements.
Deuxièmement, en mars 2008, le Comité a demandé que la méthode d'estimation des revenus fiscaux soit modifiée. Il s'agit de l'estimation la plus importante des états financiers du gouvernement du Canada à être faite par la direction. En réponse à sa demande, des changements ont été apportés à la méthode pour établir les revenus fiscaux au 31 mars 2008. L'incidence de ces changements sur l'exactitude des revenus fiscaux déclarés ne sera connue que lorsque les cotisations fiscales auront été établies. Il est primordial que le gouvernement continue de vérifier régulièrement la fiabilité de cette estimation et de chercher des moyens de l'améliorer en temps voulu.
Troisièmement, au sujet des états financiers ministériels, le projet de réforme de la gestion dans le secteur public annoncé par le gouvernement en 2004 comprenait des mesures visant à renforcer la fonction de contrôleur et la surveillance. Dans le cadre de ce projet, on proposait de vérifier les états financiers annuels de tous les ministères. La stratégie du Bureau du contrôleur général quant à la mise en oeuvre de cette initiative vise tout d'abord les 22 grands ministères.
Comme nous l'avons indiqué l'an dernier, dès que les ministères seront prêts pour la vérification, le Bureau sera heureux de participer à ce processus. Nous sommes toujours d'avis que la plupart des ministères ont beaucoup de travail à faire pour être prêts à faire vérifier leurs états financiers de manière efficiente.
Parmi nos observations, mentionnons la question de l'établissement du budget et de l'affectation des crédits selon la méthode de la comptabilité d'exercice par les ministères et les organismes. Le gouvernement a exposé un plan de mise en oeuvre par étapes de la méthode de la comptabilité d'exercice pour la préparation des budgets. Le plan de mise en oeuvre commencera par un projet pilote de deux ans auquel participeront 10 ministères.
Nous sommes déçus qu'après avoir étudié cette question pendant plusieurs années, le gouvernement ait proposé des modèles qui ont tous une perspective annuelle et qui n'incluent pas l'établissement de budget pour les actifs et les passifs à long terme. Nous sommes aussi déçus que le gouvernement n'ait pas pris d'engagement quant à la date de mise en oeuvre de l'affectation des crédits selon la méthode de la comptabilité d'exercice.
[Français]
D'autres questions sont décrites de manière détaillée dans nos observations qui se trouvent à la page 2.34 du volume I des Comptes publics. Ces observations contiennent également un compte rendu des points que nous avons soulevés au cours des exercices précédents.
En conclusion, nous aimerions remercier le personnel du Bureau du contrôleur général et tous les ministères qui ont participé à ces travaux. La préparation de ces comptes représente un grand nombre d'heures de travail acharné.
Monsieur le président, c'est avec plaisir que nous répondrons à toutes les questions du comité.
Chers membres du Comité, veuillez maintenant prendre le document bleu intitulé « Comptes publics du Canada 2007-2008 » et vous rendre à la page 2 pour avoir un aperçu de la présentation. J'ai pensé qu'il serait utile de vous fournir des informations au sujet du processus que nous suivons en matière de comptes publics et de vous parler un peu des résultats pour l'exercice 2007-2008 et des observations de la vérificatrice générale.
La page 3 du document porte sur le processus de reddition de comptes en matière de finances, dont il convient de mentionner quelques-unes des étapes. La première est qu'avant le début d'un exercice, évidemment, on établit un budget. Aujourd'hui, nous parlons bien sûr de l'exercice 2007-2008, qui a commencé en avril 2007 et s'est terminé en mars 2008. Le budget est donc préparé avec quelques mois d'avance; ainsi, le budget actuel se rapporte à l'exercice à venir.
Ensuite, à un moment donné de l'exercice, le gouvernement prépare toujours un énoncé économique. Celui-ci peut également avoir une influence sur le cours des choses.
Durant l'année, il y a évidemment le budget principal des dépenses sur lequel vous votez. Ce budget principal est déposé un peu avant le début de l'exercice pour bien commencer l'année.
Ensuite, il y a le budget supplémentaire des dépenses, qui est déposé durant l'année également, pour faire face à des dépenses imprévues.
Quant au budget pour l'exercice 2008, qui date en fait de février 2007... même s'il se concentre sur l'année à venir, il contient parfois des éléments qui concernent les deux derniers mois. C'était d'ailleurs le cas l'an dernier également.
Ensuite, comme l'a dit M. Murphy, pour finir le cycle, on s'active à préparer certaines choses. Premièrement, le ministère des Finances dépose son rapport financier annuel. C'est généralement à cette occasion que l'on sait s'il y aura un excédent ou un déficit. Par exemple, cette année, ce rapport a été déposé au mois de septembre. C'est à ce moment-là qu'on connaît le montant de l'excédent pour l'exercice précédent.
Monsieur le président, est-ce que j'entre trop dans le détail? Non? D'accord.
[Français]
La quatrième diapositive est une description des trois parties des Comptes publics du Canada. Il y a le volume I, dans lequel on retrouve les états financiers du gouvernement, les rapports et observations du vérificateur général, ainsi que les analyses des états financiers et une discussion.
[Traduction]
Vous avez devant vous le volume 1. Il y a un chiffre dans le coin, au bas de chaque page. Si vous allez à la page 2.4, par exemple, vous verrez le début du rapport de la vérificatrice générale. Chaque page contient d'abord un numéro de section puis un numéro de page; le document contient plusieurs sections. Voilà donc le genre de gros rapport consolidé pour l'ensemble du gouvernement.
[Français]
Le volume II contient les comparaisons entre les dépenses réelles par ministère et les prévisions budgétaires.
[Traduction]
Ceci est un document beaucoup plus gros parce qu'il contient toutes les informations d'un ministère à l'autre. La table des matières du début donne la liste de tous les ministères. Par exemple, si vous allez au tableau de la section 2, vous verrez toutes les informations et les détails concernant Agriculture et Agroalimentaire Canada. Et c'est la même chose pour chaque ministère.
[Français]
Le volume III comprend les états financiers des fonds renouvelables. Il contient de l'information spéciale, par exemple de l'information exigée par la Loi sur la gestion des finances publiques.
[Traduction]
Il renferme des informations spéciales comme, par exemple, si cela vous intéresse, les acquisitions en matière de biens immobiliers. Tout ce qui concerne les terrains, les immeubles et les grands travaux est répertorié là-dedans; y figurent aussi les données concernant le service de la dette publique et les paiements de transfert. C'est donc véritablement une source d'information supplémentaire à l'appui des autres documents.
La page 5 de la présentation porte sur les résultats financiers pour 2007-2008. On y indique que l'opinion à l'égard des résultats financiers est favorable pour la dixième année d'affilée. Bien sûr, étant donné que le dernier exercice s'est terminé le 31 mars 2008, il y a eu un excédent de 9,6 milliards de dollars; c'était la onzième année de suite que l'on enregistrait un excédent. On y indique également que le déficit a reculé de 105 milliards de dollars par rapport au sommet atteint en 1996-1997.
À la diapositive numéro six, vous pouvez voir une comparaison des dépenses réelles par rapport aux prévisions budgétaires. Vous constaterez qu'il y a quelques différences. La plus significative est probablement celle qui s'applique aux revenus. Les prévisions budgétaires concernant les revenus s'établissaient à environ 236,7 milliards de dollars, mais les revenus réels ont tourné autour de 242 milliards de dollars. C'est probablement ce qui explique pourquoi l'excédent est légèrement supérieur à ce que révèlent les documents sur le budget.
À la page 7, on fait une comparaison entre les résultats financiers de l'exercice précédent et de l'exercice courant, c'est-à-dire entre 2006-2007 et 2007-2008. Cela donne certains chiffres. D'un côté, si vous regardez le total des dépenses de programme, vous verrez qu'en 2006-2007, il était d'environ 188 milliards de dollars, et que l'année suivante, soit en 2007-2008, il s'établissait autour de 199 milliards de dollars. Cela représente donc une augmentation de 11 milliards de dollars, ce qui est probablement le changement le plus marquant.
Si vous regardez au milieu de la page, là où il y a un excédent, vous constaterez que celui de l'année 2006-2007 se chiffrait à environ 13,8 milliards de dollars, et bien sûr, en 2007-2008, il atteignait les 9,6 milliards de dollars.
La page 8 fait état de tous les revenus et de leur origine. Ce qui est intéressant, dans ce tableau, c'est qu'une très grande partie des revenus proviennent des particuliers. Cela représente environ 46 ou 47 p. 100 des revenus fiscaux. Ce pourcentage a été relativement constant au fil des ans. Vous voyez la répartition selon les différentes sources, et tout en bas, vous pouvez lire que le total des revenus s'élève à environ 242 milliards de dollars.
La page 9 neuf présente les résultats financiers au chapitre des dépenses. Ce qui est intéressant, dans ce tableau, si vous regardez au milieu, sous la rubrique « total des transferts », c'est que plus de la moitié de nos dépenses sont consacrées aux transferts. Ainsi, 56 p. 100 des dépenses, ou 131 milliards de dollars, concernent les transferts pour les pensions de vieillesse, l'assurance-emploi, les prestations pour enfants, les transferts à d'autres ordres de gouvernement, etc. Au bas du tableau, vous voyez que le total des dépenses s'établit à 232 milliards de dollars.
La page 10 présente les résultats financiers du point de vue de la dette. Le chiffre qui est probablement le plus significatif, c'est celui correspondant à la dette non échue. Il s'élève à 390 milliards de dollars, comparativement à 414 milliards pour l'exercice 2006-2007. Tout en bas de la page, vous voyez les statistiques. Celle qui est intéressante concerne le pourcentage de la dette détenue par des non-résidants, qui s'élève à environ 12 p. 100.
[Français]
La onzième diapositive comporte les observations de la vérificatrice générale. Et la première observation porte sur l'estimation de la direction quant à la provision pour créances douteuses.
Comme l'a indiqué mon collègue, nous avons un projet afin d'améliorer le processus pour établir la provision. Nous avons donné un plan à la vérificatrice générale, et nous avons un engagement quant de ce plan pour améliorer la provision sur les créances douteuses.
[Traduction]
La page 12 porte sur les revenus fiscaux et le scénario que nous avons tenté de mettre en oeuvre pour améliorer les résultats d'une année à l'autre. Bien sûr, le montant des revenus fiscaux est très élevé. Beaucoup des améliorations sont attribuables à une analyse statistique de la situation passée que nous avons extrapolée et à partir de laquelle nous avons émis des projections. Nous allons examiner les changements effectués au cours des trois dernières années et, espérons-le, nous continuerons d'enregistrer des résultats toujours meilleurs.
La page 13 concerne les états financiers ministériels vérifiés. Nous avons ici les plans pour tous les grands ministères. Bien que, comme l'a souligné mon collègue, il faille encore beaucoup travailler sur la documentation et les systèmes, nous sommes très satisfaits d'avoir pu obtenir des fonds, dans le budget de cette année, pour améliorer quelques-uns de nos systèmes. Je pense que ce sera très utile une fois que nous aurons accompli des progrès à ce chapitre.
La page 14 concerne les budgets et crédits fondés sur la comptabilité d'exercice. Cela s'appliquera pour commencer aux documents relatifs au budget des dépenses, qui devraient être déposés d'ici un mois environ. Au départ, cinq ministères se prêteront à l'exercice, dont plusieurs gros. Je pense que le ministère des Travaux publics en fait partie; donc, là aussi, nous allons de l'avant. J'ai un avis tout personnel sur les questions entourant les crédits fondés sur la comptabilité d'exercice et je serais ravi de vous en faire part.
La page 15 concerne les normes internationales d'information financière. Le comité sera présidé par mon collègue, M. Wiersema, du Conseil sur la comptabilité dans le secteur public, dans environ deux mois. Ce groupe décide de la façon dont ces normes devraient être appliquées. Nous avons actuellement des discussions sur leur mise en oeuvre pour nous assurer qu'elles sont adaptées aux sociétés d'État; d'ailleurs, ces dernières nous aident dans ce travail.
Monsieur le président, j'espère que je n'ai pas abusé de votre temps. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur Christopherson.
Avant d'entreprendre la deuxième série de questions, il y a une chose sur laquelle j'aimerais avoir l'opinion de M. Monette et peut-être aussi de M. Morgan et de M. Matthews.
Ce matin, nous avons reçu le rapport de la vérificatrice générale. Je suis certain que vous êtes au courant des fiducies du gouvernement, des 37 milliards de dollars transférés depuis quatre ou cinq ans. D'après ce qu'on dit au Parlement, cet argent est envoyé aux provinces à des fins bien précises.
À titre d'exemple, il y a l'écoFiducie Canada pour la qualité de l'air et les changements climatiques, qui représente 1,5 milliard de dollars. Comme vous le savez, quand cet argent parvient aux provinces, il n'y a plus aucune obligation de reddition de comptes. Elles ne sont pas tenues de le dépenser de cette manière et dans certains cas, probablement dans la plupart des cas, elles le dépensent autrement. Cet argent part d'Ottawa pour une raison, mais sert à autre chose dans la province. Il n'y a pas d'harmonisation entre les 10 provinces.
En tant que député, je me sens extrêmement troublé. J'ai l'impression que le Parlement se fait leurrer, que le public canadien se fait leurrer sérieusement sur ce qui se passe. C'est contraire aux principes de la responsabilité. Je pense que c'est aussi contraire aux principes fondamentaux de la comptabilité. Il n'y a pas de règle commune. Les états financiers ne reflètent pas bien la nature économique sous-jacente des transactions effectuées.
Je sais que c'est en partie parce que nous suivons les normes du Conseil sur la comptabilité dans le secteur public, mais en ma qualité de député, je n'aime pas du tout ces normes. J'ai l'impression que ce sont les agents financiers supérieurs des provinces qui ont la mainmise sur ce conseil.
Ces normes vous posent-elles problème, monsieur Monette, monsieur Morgan ou monsieur Matthews? Partagez-vous mes inquiétudes?
Je remercie les représentants du Bureau du vérificateur général et du Secrétariat du Conseil Trésor d'être ici. Je suis heureuse de vous rencontrer pour la première fois.
En fait, j'ai été élue à la Chambre des communes pour la première fois en octobre dernier, et c'est ma deuxième séance de comité. Je suis très impressionnée par la procédure, et je remercie mes collègues de leur indulgence. Vous avez déjà eu une très grosse journée.
Je tiens à préciser que je suis titulaire d'un MBA, mais que je ne suis pas comptable, donc là encore, je vais vous demander de faire preuve d'indulgence.
J'aimerais mieux comprendre le fonctionnement des rapports financiers. Je vais attirer votre attention sur les faits saillants qu'on trouve à la page 1.3 du volume 1 des comptes publics.
J'ai l'impression que le gouvernement sous-estime ses revenus. Bien sûr, dans ma circonscription de Mississauga—Streetsville, nous nous inquiétons du financement des programmes. Par exemple, on voit qu'entre les revenus prévus et les revenus réels de 2007-2008, il semble y avoir un écart de 6,5 milliards de dollars. Est-ce que cela signifie que nous aurions pu investir 6,5 milliards de plus dans des programmes sociaux pour les personnes vulnérables, par exemple, dans l'infrastructure des villes — je pense en particulier à ma ville, Mississauga, qui aurait grand besoin d'investissements en infrastructure et qui a un fort déficit — ou encore dans l'Agence de santé publique du Canada, le logement abordable ou le transport?
Que représente cet écart?
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Merci beaucoup, monsieur Kramp, de me donner l'occasion d'aborder la question.
Je commence à croire que nous sommes en train de bâtir un système qui est tellement complexe que les gens ne le comprennent tout simplement pas. J'ai l'impression que nous, les comptables, établissons un système excellent sur papier, toute la théorie y est, et c'est un bon système pour toutes ces raisons, mais il demeure très difficile pour les gens de le comprendre. Je ne dis pas que je suis contre, mais par exemple, pour ce qui est de l'affectation de crédits suivant la comptabilité d'exercice — et je connais votre bagage, je sais que vous avez étudié ce dossier avec le Comité des opérations gouvernementales et que vous connaissez très bien le sujet —, quand on parle de niveau de dépréciation, même moi, en tant que comptable, je dois me demander ce que cela signifie exactement. Je me demande constamment s'il existe un moyen d'atteindre le même objectif, c'est-à-dire une communication de l'information et une meilleure gestion, sans mettre en place un système tellement complexe que très peu de personnes, outre les comptables, pourront l'utiliser.
On peut regarder ce qui se passe ailleurs dans le monde. Par exemple, en Australie, le responsable du ministère des Finances vient tout juste d'affirmer que s'ils avaient su jadis ce qu'ils savent aujourd'hui, ils n'auraient probablement pas poussé l'enveloppe de la comptabilité d'exercice aussi loin. Je n'ai absolument rien contre la comptabilité d'exercice; je crois que c'est une méthode de budgétisation excellente.
Je suis conscient que nous avons l'air de faire les choses lentement, mais honnêtement, j'estime que c'est quelque chose avec laquelle il faut être extrêmement prudent. C'est vrai que j'ai des réserves, mais ce n'est pas à moi que revient la décision. Je ne fais que donner mon avis. Mon point de vue, si on me le demandait, c'est qu'il faut être très prudent avant d'appliquer la comptabilité d'exercice aux crédits parlementaires.
Je crois également — et je suis désolé de m'éterniser sur le sujet — qu'il existe d'autres façons pour recueillir des données exactes et utiles pour la prise de décisions, des façons plus simples. Je crois que certains ministères, comme le ministère de la Défense nationale, le font déjà.
La vérificatrice générale a déposé un rapport sur les frais d'utilisation il y a environ neuf mois. Je le sais parce que j'ai témoigné devant ce comité à ce sujet.
Mes collègues pourront m'interrompre si je n'ai pas le droit d'en parler, mais la vérificatrice générale a constaté que certains ministères, comme Parcs Canada, font en fait de l'excellent travail pour gérer les frais d'utilisation. Par contre, il y a d'autres ministères, comme le Bureau des passeports, et je crois aussi que c'est le cas pour le ministère des Affaires étrangères — pour les droits consulaires —, qui éprouvaient certaines difficultés.
Ce qui a entre autres posé problème, c'est que la Loi sur les frais d'utilisation exige maintenant que toute augmentation aux frais d'utilisation soit soumise au Parlement et qu'elle fasse l'objet d'un examen avant d'être appliquée, mais ce n'est pas tout le monde qui se conforme à cette exigence. Nous devons les encourager à le faire. En fait, ce qui se passe dans bien des cas, c'est que les coûts ont augmenté, mais les frais sont demeurés les mêmes. Je crois que c'est une situation généralisée. Donc, dans la plupart des cas en ce moment, mais pas partout, les coûts sont en fait plus élevés que les frais. Je crois qu'une fois que les frais commencent à augmenter, on peut arriver à un certain équilibre.
Maintenant, en ce qui a trait à votre commentaire sur les systèmes, vous avez tout à fait raison: certains de ces systèmes ne permettent pas d'établir les coûts efficacement. Encore là, ce problème est engendré par le fait que les systèmes ne peuvent pas communiquer entre eux ni échanger de l'information, ce dont nous avons parlé avec M. Christopherson. C'est une lacune que nous tentons de corriger, et je crois que nous verrons des améliorations dans le dossier des frais d'utilisation au cours de la prochaine année ou des deux prochaines années, je dirais, au fur et à mesure que les systèmes seront rajustés.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais aussi remercier les témoins de leur présence aujourd'hui. Vos exposés étaient très intéressants, et ils nous seront certainement très utiles pour notre première présence au sein de ce comité.
J'ai tout d'abord une question à vous poser. Je vous réfère aux pages 7 et 9 de la présentation que nous avons reçue. On y donne les dépenses totales pour les programmes en 2006-2007 et 2007-2008. Dans les faits, ces dépenses ont grimpé de 11,2 milliards de dollars. Si vous examinez la page 9, vous verrez que les transferts aux autres ordres de gouvernement ont été plus importants en 2006-2007 qu'en 2007-2008.
Je remercie notre président, M. Murphy, d'avoir soulevé cette très importante question. Pourriez-vous d'abord nous parler du transfert de ces dépenses, considérant les inquiétudes entourant les fonds fiduciaires dans lesquels la plupart des fonds ont été versés. Dans le budget de 2009, nous avons privilégié l'affectation de crédits particuliers, plutôt que les fonds fiduciaires, pour assurer le transfert des fonds.
Je vous avouerai que j'ai trouvé les termes employés quelque peu trompeurs à ma première lecture. Lorsqu'il est question de « fonds fiduciaire », on est portés à croire que les fonds sont confiés à un fiduciaire qui en sera comptable. Mais la réalité est tout autre. Je vous prierais donc de me faire part de vos impressions à ce sujet.
Aussi, j'aimerais revenir aux propos que vous avez tenus, monsieur Monette, concernant l'établissement de systèmes extrêmement complexes. Qui a eu l'idée de mettre en place des systèmes aussi compliqués? Dans la vie de tous les jours, nous, les députés, devons pouvoir comprendre un tant soit peu comment le processus de comptabilité fonctionne pour pouvoir l'expliquer à nos concitoyens. Si les comptables eux-mêmes ne peuvent l'expliquer, je me demande bien pourquoi nous...? Beaucoup d'entreprises emploient des méthodes de comptabilité d'exercice qui font l'objet de vérifications par l'ARC et qui sont bien acceptées et faciles à comprendre. Pourquoi donc nous entêtons-nous à mettre en place des systèmes qui sont si compliqués que personne ne les comprend vraiment? Si vous-même avez de la difficulté à les assimiler, eh bien je crois que vous venez d'écarter 98 p. 100 des gens qui sont néanmoins qualifiés dans ce domaine.
Je me demande simplement comment nous pouvons faire fi de cette situation, car on nous reprochera d'avoir érigé une bureaucratie inutilement dense et complexe. C'est à ça que l'on s'expose. Les gens croiront que nous avons délibérément compliqué les choses pour que personne, sauf nous, ne les comprenne. Nous avons besoin de votre aide pour nous distancer de cette façon de faire, dans notre intérêt et le vôtre. Comment pouvons-nous remédier à la situation?
En fait, ce sont des renseignements qu'a préparés le ministère des Finances. Encore une fois, je vais vous parler selon le souvenir que j'ai de la présentation qu'a faite le sous-ministre des Finances. Je demanderais à mes collègues de clarifier cela après cette réunion, et de vous dire si je me suis trompé. À ce que je me souvienne, notre ratio dette/PIB était de 22 p. 100. Il me semble me souvenir de ce chiffre. Sur les deux prochaines années, si je me souviens bien, il devait augmenter à quelque chose comme 29 ou 30 p. 100, mais après cinq ans, parce que l'économie reprendra de la vigueur, il devrait revenir à ce niveau approximatif.
C'est ce que j'ai compris. Il augmentera pendant deux ans. Quelques économistes prévoient que dans quelques années, la situation s'améliorera et se rétablira, et le ratio se resserrera de nouveau.
Je pense qu'il convient de le souligner, et encore, d'après ce que j'ai compris, que si on regarde les années 1990, quand le ratio était très, très élevé — je n'ai pas les chiffres — et qu'on le compare à maintenant, la principale raison pour laquelle il a diminué, ça a été l'essor de l'économie. Il y a eu une certaine réduction de la dette, mais la croissance de l'économie a été un facteur important. Je crois qu'elle jouera encore un rôle important.
Je vais laisser la parole à mes collègues, au cas où ils aient d'autres chiffres sur le sujet.
:
Merci, monsieur le président.
Peut-être puis-je revenir brièvement sur mes observations préliminaires.
Une fois encore, je félicite le gouvernement pour la qualité de ses documents comptables. Cela fait dix années successives de bonnes opinions du Bureau du vérificateur général.
Nous encourageons le gouvernement à continuer de travailler sur les chiffres des revenus. Ces chiffres sont les plus importantes estimations et les plus difficiles à établir clairement pour les comptes publics, tant au plan des estimations du total des revenus que des méthodologies d'estimation du total des revenus, de même que des provisions pour créances douteuses. Ce sont des chiffres importants sur lesquels nous encourageons le gouvernement à continuer de travailler.
Au sujet des états financiers des ministères, nos progrès sont lents. Nous encourageons le gouvernement à continuer de pousser les ministères à progresser au titre des états financiers vérifiés, non seulement parce que nous pensons que ce sont des renseignements plus utiles pour le Parlement, mais parce qu'ils favoriseront l'amélioration des contrôles, des systèmes et de l'information pour la gestion continue du ministère.
Enfin, en ce qui concerne l'affectation de crédits suivant la comptabilité d'exercice, avec tout le respect que je dois à mes collègues ici, la question est à l'étude depuis longtemps. Je crois que c'est la vérificatrice générale qui l'a soulevée la première fois, comme l'a dit M. Kramp, en 2004. Nous sommes maintenant en 2009. Nous n'avons toujours pas encore tout à fait déterminé la marche à suivre. Je comprends la mise en garde du contrôleur général, qui dit que nous devons avancer avec prudence et méthode, mais à notre avis, ce ne devrait pas prendre aussi longtemps.
La dernière chose, monsieur le président, si vous permettez, M. Timmins est en charge de la vérification des comptes publics du Canada depuis quatre ou cinq ans maintenant. Il a annoncé son intention de prendre sa retraite cet été, alors l'année prochaine, il ne sera pas ici pour représenter le Bureau, au sujet de la vérification des comptes publics. Au nom du Bureau, je tiens à le remercier pour tout l'excellent travail qu'il a fait relativement à cette vérification...
Des voix: Bravo, bravo!
M. John Wiersema: ... ainsi que pour toutes les autres vérifications dont il s'occupe au Bureau.