:
Je déclare la séance ouverte.
Je souhaite la bienvenue à tout le monde.
Chers collègues, cette séance a été convoquée conformément à l'ordre du jour concernant le chapitre 4, « Programme des services à l'enfance et à la famille des Premières nations — Affaires indiennes et du Nord Canada » du Rapport de mai 2008 de la vérificatrice générale du Canada.
Nous accueillons la vérificatrice générale, Sheila Fraser, qui est accompagnée du vérificateur général adjoint, Ronnie Campbell, et du directeur principal, Jérôme Berthelette. Nous accueillons aussi l'administrateur des comptes du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, Michael Wernick. Il est accompagné de Christine Cram, sous-ministre adjointe, Secteur des programmes et des partenariats en matière d'éducation et de développement social, de Mary Quinn, directrice générale, Direction générale de la politique sociale et des programmes, et d'Odette Johnston, directrice, Direction de la réforme des programmes sociaux.
Au nom de tous les membres du comité, je vous souhaite la bienvenue.
Nous débutons avec quelques minutes de retard et nous vous prions de nous en excuser, mais nous avons dû voter en chambre.
Nous allons tout de suite passer à vos remarques liminaires en commençant par vous, madame Fraser.
:
Merci, monsieur le président.
Nous vous remercions de nous donner l'occasion de discuter du chapitre 4 de notre rapport de mai 2008 qui porte sur le Programme des services à l'enfance et à la famille des Premières nations.
Nous avons terminé les travaux de vérification pour ce chapitre en novembre 2007 et nous n'avons pas effectué d'autres travaux depuis.
Comme vous le disiez, je suis aujourd'hui accompagnée de Ronnie Campbell, vérificateur général adjoint, et de Jérôme Berthelette, directeur principal, qui se sont chargés de cette vérification.
Dans le cadre de cette vérification, nous avons examiné la façon dont Affaires indiennes et du Nord Canada gère son Programme de services à l'enfance et à la famille des Premières nations. Mon collègue, Joyn Doyle, vérificateur général de la Colombie-Britannique, a conduit une vérification simultanée qui portait sur les services d'aide à l'enfance pour les Autochtones en Colombie-Britannique.
[Français]
Monsieur le président, au Canada, certains des enfants les plus vulnérables sont des enfants des premières nations. À la fin de mars 2007, environ 8 300 enfants résidant dans des réserves étaient pris en charge, ce qui correspond à plus de 5 p. 100 de tous les enfants qui vivent dans des réserves. Ce pourcentage est environ huit fois plus élevé que celui des enfants vivant à l'extérieur des réserves qui sont pris en charge.
Une étude réalisée en 2003 a révélé que l'incidence élevée de cas de négligence envers les enfants dans les réserves est attribuable en grande partie à la pauvreté, au logement inadéquat et à l'abus d'alcool et de drogues chez les personnes qui s'occupent des enfants. Cela montre que les problèmes qui conduisent à la prise en charge des enfants ne peuvent être entièrement résolus par des services d'aide à l'enfance.
En 1990, le gouvernement fédéral a adopté une politique en vertu de laquelle les services fournis aux enfants des premières nations vivant dans des réserves doivent respecter les exigences suivantes: être conformes aux normes provinciales; être raisonnablement comparables aux services offerts aux enfants vivant à l'extérieur des réserves; être adaptés aux particularités culturelles.
En 2007, Affaires indiennes et du Nord Canada a versé 180 millions de dollars à 108 organismes des premières nations pour couvrir les coûts de fonctionnement et d'administration. Ces agences fournissent un éventail de services d'aide à l'enfance à environ 442 premières nations. Cette somme comprend également le coût des services fournis dans les réserves par les provinces.
La même année, le ministère a dépensé 270 millions de dollars pour les coûts directs liés à la prise en charge d'enfants par les organismes des premières nations et les provinces.
[Traduction]
Monsieur le président, lors de notre vérification, nous avons constaté que le ministère ne savait pas si les services offerts étaient raisonnablement comparables et adaptés aux particularités culturelles, puisqu'il n'avait pas défini ces termes essentiels de la politique.
De plus, le ministère ne tient pas suffisamment compte des normes provinciales et des autres exigences de la politique quand il établit les niveaux de financement pour les organismes des Premières nations qui assurent la prestation des services d'aide à l'enfance dans les réserves. La formule de financement, qui date de 1988, n'a pas été substantiellement modifiée pour tenir compte des différences entre les lois provinciales ni de l'évolution des services d'aide à l'enfance.
De plus, la formule de financement donne lieu à des iniquités dans le financement des organismes, car elle suppose que tous les organismes des Premières nations prennent en charge le même pourcentage d'enfants, soit 6 p. 100, et que les enfants ont tous des besoins semblables. En réalité, le pourcentage d'enfants pris en charge ainsi que leurs besoins varient grandement. Cela a pour résultat que certains enfants et certaines familles ne reçoivent pas les services dont ils ont besoin.
[Français]
Monsieur le président, en 2007, grâce à une collaboration entre le gouvernement fédéral, la province et les premières nations, la formule de financement a été modifiée en Alberta. Cette modification a permis de lier le financement fourni aux organismes des premières nations en Alberta à la loi de cette province. Quand la formule aura été complètement mise en oeuvre, en 2010, le financement accordé aux organismes pour le fonctionnement et les services de prévention aura augmenté de 74 p. 100.
Bien que ce changement soit encourageant, nous avons constaté que la nouvelle formule ne règle pas le problème des iniquités attribuables à la formule actuelle. En effet, on présume toujours qu'un pourcentage fixe d'enfants et de familles ont besoin de services d'aide à l'enfance. Les organismes dont le pourcentage d'enfants pris en charge est supérieur à 6 p. 100 continueront d'éprouver des difficultés à fournir des services de protection tout en travaillant à établir les services d'aide aux familles.
[Traduction]
Nous estimons que la formule de financement ne doit pas simplement être un moyen de répartir l'enveloppe budgétaire du programme; elle devrait aussi tenir compte des besoins variables des enfants et des collectivités des Premières nations.
Certes, le financement n'est pas le seul problème qui se pose. Pour assurer la protection et le bien-être des enfants, le MAINC, les provinces et les organismes des Premières nations doivent bien comprendre leurs responsabilités. Il est essentiel qu'ils s'appuient sur des accords à jour. Nous avons constaté qu'Affaires indiennes et du Nord Canada n'avait signé aucun accord sur les services à l'enfance avec trois des cinq provinces que nous avons examinées dans le cadre de cette vérification. De plus, même lorsque de tels accords ont été signés, Affaires indiennes et du Nord Canada n'avait qu'une assurance limitée que les services d'aide à l'enfance offerts dans les réserves par les organismes des Premières nations étaient conformes aux lois et aux normes provinciales.
Enfin, nous avons aussi observé qu'Affaires indiennes et du Nord Canada a peu de données sur les retombées de son financement en ce qui concerne la sécurité, la protection et le bien-être des enfants vivant dans les réserves. Par conséquent, le ministère ne sait pas si le programme a des effets positifs dans la vie des enfants ni dans quelle mesure ces effets se font sentir.
Compte tenu du fort pourcentage d'enfants des Premières nations qui sont pris en charge, il faut que tous les intervenants du système d'aide à l'enfance, y compris les Premières nations et les provinces, trouvent une meilleure façon de répondre aux besoins de ces enfants. Il faut aussi une meilleure coordination des programmes au sein du ministère, et entre les programmes d'AINC et ceux des autres ministères fédéraux.
Le fait qu'Affaires indiennes et du Nord Canada ait accepté nos recommandations nous encourage. Dans certaines de ses réponses, le ministère a décrit les mesures qu'il comptait prendre. Je suis heureuse que vous ayez invité les représentants du ministère et j'espère qu'ils pourront vous donner plus d'information sur les progrès réalisés et leurs plans futurs.
Voilà, monsieur le président, qui met un terme à ma déclaration d'ouverture. Mes collègues et moi seront à présent heureux de répondre aux questions des députés membres du comité.
Merci.
:
Merci, monsieur le président. Merci de m'avoir invité à me présenter devant le comité.
Vous avez déjà présenté mes collègues qui travaillent dans ce domaine. Vous avez devant vous une sous-ministre adjointe, une directrice générale et une directrice qui m'aideront à répondre aux questions du comité.
[Français]
J'apprécie l'occasion qui m'est offerte de faire le point sur les efforts que nous déployons pour améliorer les services à l'enfance et aux familles des premières nations vivant dans les réserves.
Depuis la parution du rapport de la vérificatrice générale en mai 2008, nous collaborons avec les provinces et les premières nations à l'amélioration des services à l'enfance et aux familles des enfants des premières nations. Je peux affirmer au comité que nous avons conscience de la gravité des points soulevés dans son rapport. Nous avons la ferme volonté d'obtenir que les familles des premières nations soient en santé et plus fortes. La sécurité et le bien-être des enfants des premières nations nous tiennent particulièrement à coeur.
[Traduction]
S'agissant de ce rapport, permettez-moi de faire un bref rappel du fonctionnement du Programme des services à l'enfance et à la famille des Premières nations. Mon ministère ne travaille pas seul, puisque les provinces ont compétence en matière de bien-être des enfants dans les réserves et hors des réserves. Il est arrivé que les provinces délèguent ce pouvoir à des services de protection de l'enfance des Premières nations et à leur personnel.
Mon ministère verse aux Premières nations, à leurs organismes de protection de l'enfance et aux provinces des fonds pour les services offerts dans les réserves, y compris des fonds de prise en charge des enfants. Le budget de ce programme a plus que doublé, passant de 193 millions de dollars en 1996-1997 à environ 465 millions de dollars en 2007-2008.
Le budget de 2006 a apporté 98 millions de dollars de plus, échelonnés sur cinq ans, pour la mise en application de la nouvelle méthode améliorée, axée sur la prévention, en Alberta. Le budget de 2008 a ajouté une somme de 115 millions de dollars sur cinq ans pour mettre en oeuvre la nouvelle méthode en Nouvelle-Écosse et en Saskatchewan. Les investissements en Alberta, en Nouvelle-Écosse et en Saskatchewan revêtent une importance toute particulière, puisque ces provinces abritent 36 p. 100 des enfants des Premières nations vivant dans des réserves qui sont pris en charge par le Programme des services à l'enfance et à la famille des Premières nations. Pour maintenir cet élan, le budget de 2009 a annoncé des travaux de 20 millions de dollars sur deux ans en vue de mettre en application la méthode de prévention améliorée dans d'autres provinces. D'autres initiatives seront lancées d'ici la fin de la présente année.
Ces investissements fédéraux récents ont permis de conclure plusieurs ententes-cadres tripartites. Quand nous parlons de tripartite, cela englobe le ministère, le gouvernement de la province et les organismes de Premières nations. En juin 2007, une telle entente tripartite a été conclue avec le gouvernement de l'Alberta et avec des Premières nations signataires d'un traité. Par la suite, en juillet 2008, des ententes-cadres tripartites ont été conclues avec la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan, et avec des Premières nations ainsi que le gouvernement du Canada. Pour le Programme des services à l'enfance et à la famille des Premières nations, ces ententes permettront de mieux définir les exigences en matière de politiques ainsi que les responsabilités que cela sous-entend, puisque les organismes concernés élaborent des plans d'activité décrivant la mise en oeuvre de ces ententes.
La rénovation des programmes et le mouvement vers une approche améliorée, axée sur la prévention, sont donc bien engagés — mais parallèlement, nous poursuivons une autre voie qui consiste à renforcer la gestion du programme et la reddition de comptes. La seule façon d'aller de l'avant consiste à conclure des partenariats avec des partenaires enthousiastes, avec les provinces et les Premières nations qui visent tous un même but: renforcer les services de protection de l'enfance.
Pour vous décrire brièvement où nous en sommes, sachez que nous avons jusqu'ici: revu les autorisations du programme en 2007; mis à jour le Guide national de présentation des rapports des Premières nations de manière à exiger que les organismes adhérant au nouveau modèle de prévention produisent des plans d'activité; révisé les exigences de déclaration du programme et élaboré des indicateurs de rendement dont nous discutons avec nos partenaires; collaboré étroitement avec les provinces pour veiller à ce que les organismes se conforment aux lois provinciales; et intensifié les activités de conformité cette année.
Je tiens à préciser que le processus de vérification interne du ministère prévoit un cycle de rapports de suivi des plans d'action semestriels et de fin d'exercice qui relève de mon autorité. Comme M. Campbell le sait, puisqu'il a assisté aux travaux de notre comité de vérification en qualité d'observateur, nous intégrons nos conclusions de la vérification interne ainsi que toutes les conclusions du chapitre du rapport de la vérificatrice générale nous concernant dans un rapport de suivi.
Le prochain rapport de suivi, qui portera sur la réponse à ce chapitre, sera présenté à la réunion d'avril du comité de vérification, composé de membres externes, soit un peu moins d'un an après le dépôt du rapport de la vérificatrice générale. Je me ferai alors un plaisir de communiquer à votre comité les résultats du rapport de suivi, si cela devait vous intéresser. De toute façon, j'en discuterai avec le Bureau du vérificateur général et avec les membres de mon comité de vérification externe avant d'y apporter une touche finale.
Nous voulons faire en sorte que tout changement que nous apportons réponde aux besoins véritables des enfants des Premières nations pris en charge et de leurs familles. La protection des enfants exige une participation active de tous les partenaires: la famille, la Première nation, les organismes de protection de l'enfance à l'intérieur et à l'extérieur des réserves, ainsi que les gouvernements fédéral, provinciaux et territorial.
[Français]
Dans le même ordre d'idées, les membres présents à la dernière session parlementaire sauront que M-296, la motion sur le principe de Jordan présentée par Mme Jean Crowder, a été adoptée par la Chambre des communes, avec le soutien unanime de tous les partis, en décembre 2007. Le gouvernement fédéral applique ces principes de concert avec les provinces afin que les besoins des enfants passent avant tout.
[Traduction]
Seule une approche fondée sur le partenariat permettra à AINC d'appuyer des services comparables à ceux offerts par une province, adaptés à la culture, conformes aux besoins des communautés et accordant la priorité aux enfants.
Je répondrai maintenant avec plaisir à toutes vos questions sur ce que nous avons fait et ce que nous avons l'intention de faire.
Merci, monsieur le président.
:
Merci à tous deux pour vos exposés.
Il y a quelque chose de tragique dans cette vérification, parce qu'elle concerne les plus vulnérables de notre société, soit les enfants autochtones et pas simplement des enfants, et qu'elle montre à quel point nous sommes loin de répondre à leurs besoins.
Bien que nous ayons, comme vous l'avez indiqué, dépensé 465 millions de dollars, le programme semble être sous-financé. Pourtant, on dirait que ce sont davantage les contrôles et la reddition de comptes qui font défaut — reddition de comptes relative à la façon dont les fonds sont dépensés — et nous le savons bien.
Je passe à mes questions et je vais commencer par vous interroger au sujet de la formule de financement qui, comme nous le savons, remonte à 1988 et n'a pas vraiment été modifiée depuis. Nous n'avons pas l'assurance que les fonds consacrés à ce programme ont été équitablement répartis. Cette formule est fondée sur l'hypothèse désuète voulant que 6 p. 100 des enfants vivant dans les réserves sont pris en charge par les organismes, mais cela n'exclut pas la possibilité d'énormes écarts; il pourrait y avoir d'énormes variations à l'échelle nationale quant au nombre d'enfants pris en charge.
Ma première question sera donc la suivante. Pourquoi cette formule n'a-t-elle pas été modifiée depuis 1988?
Deuxièmement, pourquoi le financement n'est-il pas fondé sur des besoins estimés ou sur les coûts de fonctionnement réels?
Pourquoi ce financement n'est-il pas conforme aux normes législatives provinciales, de sorte que nous pourrions mieux connaître ce que sont les besoins?
Quatrièmement, la formule statistique est-elle appropriée pour déterminer les niveaux de financement?
Enfin, en quoi ce financement se compare-t-il avec celui accordé aux organismes de services à la famille qui s'occupent d'enfants non autochtones?
:
Je ne suis pas certain d'avoir pris en note toutes les questions, mais nous pourrons revenir sur celles que j'ai ratées.
Je laisserai le soin à Mme Cram de répondre à votre question sur la formule de financement.
Je tiens à préciser rapidement une chose. Avant 2006, le programme présentait un défaut fondamental sur le plan de la politique, puisque celle-ci misait a priori sur la prise en charge.
La formule n'est pas, selon moi, le problème le plus important. Avant, le système consistait à financer les frais de prise en charge des enfants. Cela étant, être financés, il fallait que les organismes de service prennent de plus en plus d'enfants en charge. Ils n'avaient alors pas recours à tout l'éventail des instruments actuels, soit la garde par la parenté, la garde en foyer nourricier, le placement, la déjudiciarisation, les services de prévention et ainsi de suite.
Les nouvelles ententes de partenariat visent à financer les organismes au titre des frais de fonctionnement et d'entretien — c'est-à-dire essentiellement pour répondre aux besoins des enfants — de même qu'au titre des services de prévention, et visent à leur permettre de passer plus facilement d'un type de service à l'autre. Nous voulons, désormais, que les organismes cherchent à prendre soin des enfants. Nous voulons qu'ils déterminent, au sein de chaque collectivité, ce qui ira dans le meilleur intérêt de l'enfant. C'est pour cela que nous insistons sur le volet prévention. Nous nous efforçons de refondre la politique et de la débarrasser du travers systémique qu'elle présentait auparavant.
Si les coûts ont tellement augmenté dans les années 1990, c'est que le système était axé sur la prise en charge des enfants, ce qui constitue l'élément le plus coûteux de tout le système, puisqu'il peut représenter 90 000 à 100 000 $ par an et par enfant. Si l'on intègre les enfants plus tôt dans le système, cela revient moins cher et va davantage dans leur intérêt.
Je ne suis pas en train de nier l'importance de toute la question de la formule du financement, à propos de laquelle Mme Cram vous répondra, mais je tenais à vous signaler que nous essayons d'outiller les organismes sur le terrain pour leur permettre de gérer plus efficacement les cas qui leur sont confiés.
:
Nous appliquons actuellement deux formules. Dans le cas des provinces, nous ne sommes pas passés au nouveau modèle et nous remboursons tous les frais afférents à la prise en charge des enfants. C'est pour cette raison que les coûts ont tellement augmenté dans le temps.
Il a été dit que l'ancienne formule ne permettait pas de financer les organismes pour la mise en oeuvre des services de prévention. Cette critique est effectivement justifiée pour ce qui est de l'ancienne formule.
En vertu de la nouvelle formule, comme le sous-ministre vient de vous le dire, nous appliquons désormais trois catégories de financement: le financement au titre du fonctionnement, le financement des services de prévention, et le financement au chapitre de l'entretien. Chaque cas obéit à des critères différents.
La formule de 6 p. 100 correspond à une partie du financement du fonctionnement. Je sais que la vérificatrice générale s'est demandé si ces 6 p. 100 étaient suffisants.
Il y a également le financement accordé au titre de la prévention. En fait, je pense que le sous-ministre vous a dit qu'une fois le nouveau mode de financement mis en place en Alberta, le budget à ce chapitre sera augmenté de 74 p. 100 environ.
Pour ce qui est du budget d'entretien, nous déterminons les sommes ayant été versées l'année précédente. Dans le cas de l'Alberta, où nous appliquons la nouvelle formule, nous calculons le pourcentage de financement qui était consacré à l'entretien des enfants pris en charge et nous l'appliquons pour la nouvelle année.
Nous voulons voir ce que cela va donner en Alberta où nous avons négocié à trois en essayant de nous aligner sur ce que fait la province et à collaborer avec les Premières nations. Nous envisageons d'évaluer ce projet pilote en 2010-2011, après l'avoir laissé fonctionner un certain temps. Si nous concluons que la nouvelle formule ne donne pas satisfaction, nous y apporterons évidemment les changements nécessaires.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins pour leurs exposés.
Je ne m'occupe pas beaucoup de ces questions dans ma circonscription et je n'en ai pas eu une grande expérience dans ma carrière au municipal ou au provincial. C'est à ce comité que j'en ai appris le plus à ce sujet. Cela fait presque cinq ans maintenant que je siège au comité et certains des rapports les plus cinglants que nous avons vus passer concernaient précisément ce ministère. Il n'y a rien de différent aujourd'hui et j'en suis personnellement arrivé au stade où je me dis que, si quelque chose de fondamental ne se produit pas, nous devrons peut-être adopter des mesures plus sérieuses. Je ne sais pas à quoi cela est dû. Nous avons tout essayé, comme des commissions royales et tout ce à quoi l'on peut penser, mais les résultats sont toujours horribles, épouvantables. Les réponses du ministère ne sont pas particulièrement utiles.
Je rappelle que ce comité a été saisi de sept rapports, et j'en ai vu passer la plupart, qui étaient tous horribles, terribles. Celui-ci n'est pas mieux.
J'ai déjà indiqué aux députés que nous devons nous intéresser davantage aux rapports de rendement des ministères. Nous sommes en présence d'un cas qui relève directement de notre mandat. Il y a des choses qui me mettent hors de moi, d'autant que rien ne change. On peut lire en page 21 du rapport sur le rendement de ce ministère qu'au chapitre du développement social
AINC a respecté tous les engagements énoncés dans le Rapport sur les plans et priorités de 2007-2008. Il a, par exemple, répondu aux besoins essentiels et aux besoins particuliers des membres et des familles des Premières nations et a fourni aux enfants et aux familles en détresse un accès à des soins de qualité.
Puis, à la page 8, on nous présente un tableau exposant notamment les résultats stratégiques que le ministère a atteints à la rubrique « gens ». On peut y lire qu'il a partiellement atteint ses objectifs. Les auteurs du rapport ont conclu que la tournure « objectifs partiellement atteints » revient à dire que le ministère « a respecté tous les engagements énoncés ». Voilà le genre de problèmes auxquels nous sommes confrontés.
Nous ne traitons pas de ce rapport en particulier et je ne poserai pas de questions à son sujet, mais comme j'ai soulevé ce lièvre, si vous avez envie de réagir, ne vous gênez pas.
Je commencerai par dire à quel point il est décevant de continuer de recevoir des rapports de cette nature qui disent aux Canadiens à quel point le ministère fait un travail inadéquat, à la limite de l'incompétence. Je ne veux pas parler ici des employés, mais bien du travail de ce ministère qui ne répond pas aux besoins des Canadiens. Malgré toutes les tentatives déployées, rien ne semble avoir changé.
Je vais vous poser deux ou trois questions directes. Premièrement, la vérification a conclu que le ministère n'a pas analysé les services à l'enfance offerts dans les réserves et qu'il ne les a pas comparés à ceux offerts par des collectivités avoisinantes, hors réserves. Dites-moi si vous l'avez fait depuis et ce que vous en avez conclu ou encore si vous envisagez de le faire et quand.
Par ailleurs, vous n'aviez pas défini le sens de « services adaptés aux particularités culturelles », et j'aimerais savoir si vous l'avez fait depuis.
Monsieur le sous-ministre, compte tenu de tous les problèmes qui ont été mis au jour dans la vérification, je dois vous dire que j'ai été très déçu par votre liste apparaissant à la page 5 de votre exposé. Je suis ici pour apprendre, mais je ne vois pas...
Prenez n'importe lequel de ces points, comme le dernier où vous dites que vous avez « intensifié les activités de conformité cette année ». Quelle modestie! Vous ne vous êtes pas encore tout à fait conformés, mais il y a du mieux.
Et puis c'est tout? Cinq points et pas plus? Au regard de tout ce document, vous ne trouvez à vous vanter que de cinq réalisations? Personnellement, je ne trouve pas qu'il y ait de quoi fanfaronner.
Voilà, vous avez de tout, des questions précises et des questions générales.
Je vous laisse maintenant le soin d'y répondre, monsieur. Je suis tout ouïe.
:
Le problème que nous avons avec le programme d'aide à l'enfance, c'est que nous ne disposons pas des instruments susceptibles de nous permettre d'atteindre le genre de résultats souhaités par le Parlement.
Nous cherchons à mettre en place une nouvelle méthode améliorée, axée sur la prévention, ce que les provinces ont essayé de faire dans les années 1990. Comme je vous le disais, monsieur, c'est ce que nous avons fait en Alberta, en Saskatchewan et en Nouvelle-Écosse, et nous aimerions appliquer cette approche axée sur la prévention dans les autres provinces.
L'intensification des activités de conformité se veut une réponse aux critiques soulevées dans notre propre vérification interne et dans celle du BVG. Nous n'effectuions en partant aucune activité de conformité et nous avons donc considérablement augmenté nos interventions à ce titre. J'aurais espéré que vous soyez satisfait de nous voir faire ce qu'il faut.
Ce n'est pas moi, fonctionnaire caucasien à Ottawa, qui vais définir pour les organismes de Premières nations qui évoluent au sein des différentes collectivités ce qu'il faut entendre par services adaptés aux particularités culturelles. Dans le chapitre qu'elle consacre au ministère, la vérificatrice générale recommande que nous adoptions un point de vue à cet égard, ce que nous acceptons et ce que nous faisons, et elle nous demande de faire appel à nos partenaires pour essayer de définir ce qu'il faut entendre par là.
La définition pourra être différente selon qu'il s'agit d'Haidas, des Six Nations, d'Inuits ou d'autres. Au bout du compte, la protection de l'enfance consiste à protéger les enfants au mieux de leurs intérêts et l'un des aspects qui portent à la controverse dans le cas d'enfants de Premières nations et d'enfants inuits, c'est l'ouverture aux besoins de la communauté, soit la langue, la culture, la séparation de leur famille et ainsi de suite. Vous savez bien ce qui s'est passé dans le cas des pensionnats pour Indiens, des adoptions à la pelle dans les années 1960 et de tout le reste.
C'est pour cela que les organismes de Premières nations ont été mis sur pied dans les années 1990 et c'est pour cela aussi que nous estimons très important de nous aligner sur les pratiques de la plupart des provinces, pratiques axées sur la prévention. Nous essayons de rejoindre le concert des provinces qui offrent des services comparables. C'est comme dans d'autres domaines, comme l'éducation et l'aide au revenu pour lesquels — ce n'est un secret pour personne et nous n'avons cessé de le répéter — nous n'avons pas les instruments dont disposent les gouvernements provinciaux pour intervenir dans ces secteurs.
Comme vous siégez à ce comité depuis longtemps, je vous recommande de lire le rapport qu'a produit Mme Fraser à l'été 2006, rapport qui se veut un recueil de tout ce qui nous permettrait de changer la politique autochtone. Je suis tout à fait d'accord avec ses conclusions à ce chapitre.
:
Les excuses faites à la Chambre des communes ont été très émouvantes. Je suis certain que vous en conviendrez. Je les ai suivies à la télévision et j'ai présidé un événement au ministère. Des gens ont pleuré et ont été très émus par tout cela.
J'estime que ces excuses ont permis de renforcer deux ou trois choses. D'abord, elles ont donné la possibilité au reste du Canada, à condition de bien vouloir enfoncer la porte qui venait d'être entrouverte, d'entamer une nouvelle relation ou une phase de réconciliation avec les peuples autochtones du Canada. À mes yeux, cela constitue un défi pour nous tous.
De plus, pour faire le lien avec une question de M. Christopherson, cet événement a amené chacun à redoubler d'engagement envers les enfants et les adolescents de sorte à ne pas répéter les travers de l'épisode des pensionnats indiens où des enfants ont notamment été séparés de leur famille, isolés et coupés de leurs racines historiques.
Il y a énormément d'enfants autochtones au Canada, puisqu'on assiste même à un phénomène de baby boom dans cette partie de la population. Il est très important d'améliorer les services de protection de l'enfance, d'aide à l'enfance et les services d'éducation de base qui leur sont offerts. Je dirai que ces excuses ont donné lieu à toutes sortes d'engagements par les différentes parties intéressées.
Je ne veux pas m'éterniser à ce sujet, monsieur le président, mais je conclurai en disant que les partenariats sont à présent envisageables: on voit s'évanouir les vieilles querelles de compétence et de répartition des responsabilités, parce que les gens veulent à présent mettre la priorité sur les enfants.
:
Merci, monsieur Saxton.
Avant d'entamer un deuxième tour de table, je voudrais obtenir des clarifications de la part de M. Wernick ou de Mme Cram.
J'ai l'impression que nous avons affaire à un symptôme selon lequel 5 p. 100 des enfants autochtones se retrouvent confiés aux services de protection de la jeunesse, soit huit fois plus que dans la population non autochtone. Tout cela est très troublant, à la fois pour le député et pour le Canadien que je suis. C'est très certainement un problème de conscience. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une question politicienne, mais elle est pour le moins troublante et vous êtes aux prises avec un cadre élaboré, très byzantin. Il s'agit d'un domaine de compétence provinciale, financé par le fédéral et d'une situation où la plupart des grandes bandes sont administrées localement. J'imagine donc qu'il est très difficile de composer avec tout cela.
J'ai, sous les yeux, une note qui me rappelle qu'au cours des cinq dernières semaines, cinq adolescents d'une petite collectivité autochtone sur la côte Est, Eskasoni, et un homme d'une collectivité autochtone voisine se sont suicidés. Toutes ces morts sont dues à la consommation de drogue. On estime ici qu'environ la moitié des moins de 30 ans vivant dans les réserves sont des toxicomanes. J'ai l'impression que c'est la preuve d'un formidable échec du point de vue des politiques, d'un échec de proportion monumentale.
Monsieur Wernick, cela fait maintenant deux ans et demi que vous occupez ce poste et je vous en félicite. Vous êtes sans doute le sous-ministre qui, depuis 25 ans, compte les plus longs états de service dans ce poste au ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien.
Voyez-vous quoi que ce soit là-dedans, une politique quelconque, une amorce de mouvement qui pourrait nous permettre, à nous députés, d'espérer une amélioration? Je ne vois rien de cela.
:
Il est très difficile d'être objectif ou scientifique à ce sujet. Ce n'est pas non plus toujours tout rose pour les enfants de familles non autochtones au Canada et, comme je le disais, il est très difficile d'administrer un organisme de protection de la jeunesse, pas plus au centre-ville de Hamilton qu'au sein d'une collectivité de Première nation. Dans la plupart des communautés de Premières nations, ces organismes sont confrontés à un milieu très pauvre et à des conditions socio-économiques très difficiles. Cependant, si je m'attarde trop sur ce genre d'explications, quelqu'un au comité va m'accuser de rejeter le blâme sur les victimes et sur les communautés autochtones.
Comme le souligne le chapitre 4, on constate, dans de nombreuses communautés autochtones, des conditions sociales particulièrement difficiles qui débouchent sur des problèmes dans le cas des familles et dans celui des enfants. Dans certains cas, il va falloir adopter une méthode beaucoup plus systémique pour s'attaquer à la pauvreté et mettre en oeuvre des instruments de politique publique dont beaucoup, je le concède, relèvent de mon ministère, mais dont l'application exigera une coordination avec les autres instruments de la politique gouvernementale. Ce sont sans doute le développement économique et la participation au marché du travail qui permettront le plus de changer les choses. Plus nous compterons d'adolescents terminant leurs études secondaires et d'Autochtones trouvant un travail et participant à la vie économique du Canada, et plus les choses s'amélioreront. On peut faire la comparaison entre deux communautés distantes d'une centaine de milles et je pourrais d'ailleurs vous donner deux ou trois exemples dans votre propre région où l'on voit une communauté qui s'en sort relativement bien et l'autre pas, tout cela principalement à cause des débouchés économiques existants dans un cas et inexistants dans l'autre, de la mobilisation des autorités locales...
J'en reviens encore une fois au rapport de Mme Fraser à ce sujet qui est, selon moi, l'un des meilleurs ouvrages sur le sujet. Je ne suis pas en train de flatter la vérificatrice générale tout simplement parce qu'elle est assise à côté de moi. Je pense vraiment qu'elle a posé là un excellent diagnostic.
La récession économique m'inquiète, parce que nous étions en train d'assister à de véritables progrès en matière de participation et de développement des ressources, de projets miniers et ainsi de suite. Sans être partisan, je vous dirais qu'il s'agissait là d'instruments, de compétences, ainsi que de programmes d'apprentissage et de formation très utiles. L'intégration des peuples autochtones au marché du travail commençait à donner de véritables résultats, mais la crise économique va mettre un frein à tout cela.
Je suis certain que nous pouvons réaliser des progrès. Il faut en fait fractionner le problème en petits morceaux. Aujourd'hui, nous parlons de la protection de l'enfance. J'attends, d'un jour à l'autre, les réactions du directeur parlementaire du budget dans le dossier de l'éducation. Au Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord, nous avons parlé d'eau et d'autres dossiers.
Tout ce que je peux faire en ma qualité d'administrateur général, c'est de m'attaquer à chacun de ces problèmes sous la gouverne des députés que vous êtes et des ministres. Je suis optimiste — sans quoi je n'occuperais pas ce poste — et je crois que nous allons pouvoir réaliser des progrès. Il est des problèmes auxquels nous pouvons nous attaquer, et je ne cherche pas à fuir mes responsabilités en vous disant qu'un seul ministère ne peut pas agir isolément. Cependant, nous avons besoin du secteur privé, nous avons besoin des provinces et nous avons particulièrement besoin de la participation et de la mobilisation des gens à l'échelon local. La dernière chose que je ferais en qualité de haut fonctionnaire du ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada à Ottawa, c'est de me présenter à un comité en affirmant que nous avons trouvé la solution. Comme dans n'importe quel domaine du développement économique, social ou communautaire, le leadership doit venir de la collectivité.
Excusez-moi d'avoir été aussi long, mais c'est ce que vous vouliez savoir.
Comme nous avons peu de temps, je vais vous poser très rapidement mes questions et vous demander de les prendre en note.
Il a été dit que le MAINC a reçu un crédit parlementaire de 5 milliards de dollars et qu'il en a utilisé 0,5 milliard pour effectuer une analyse des programmes qui nous était destinée. Qu'est-il advenu des autres 4,5 milliards de dollars?
Deuxièmement, les mauvaises conditions socio-économiques des collectivités autochtones ne datent pas d'hier. Certaines études établissent un lien entre, d'une part, la pauvreté, l'inadéquation des logements et la consommation de drogues ou d'alcool par les parents substituts et, d'autre part, l'incidence accrue du nombre d'enfants victimes de négligence dans les communautés autochtones. Quelles mesures le MAINC a-t-il entreprises pour atténuer la pauvreté et la consommation de drogues ou d'alcool, et pour fournir des logements sociaux adaptés? Une étude de l'Université de la Colombie-Britannique a établi un lien entre un champignon microscopique et les problèmes de santé constatés chez les Premières nations. C'est là un élément essentiel du dossier dans le cas de la bande d'Eskasoni.
Je me suis laissé dire que Santé Canada fournit gratuitement des médicaments de prescription sans contrôle, ce qui aurait occasionné un problème de toxicomanie médicamenteuse. Comment cela est-il possible? Qu'avez-vous fait, en liaison avec Santé Canada, pour gérer cette situation?
Je m'arrête ici, parce que j'aurai d'autres questions.
:
J'espère pouvoir vous répondre assez rapidement.
Cette année, le ministère dépensera quelque 7 milliards de dollars à divers titres. Le rapport sur les plans et priorités et le rapport sur le rendement, dont M. Christopherson parlait tout à l'heure, précisent tout cela. Si vous voulez que nous poursuivions sur ce chapitre, je serai heureux de le faire.
Les principaux coûts du programme dont Mme Cram est responsable sont ceux qui concernent l'enseignement de la maternelle à la 12e, l'éducation postsecondaire, l'aide au revenu, la protection de l'enfance et ce que nous appelons les infrastructures communautaires et que d'autres désignent comme étant les immobilisations communautaires. Les autres grands postes budgétaires sont les négociations et le règlement des revendications foncières. Nous offrons divers services aux peuples de Premières nations, comme l'enregistrement foncier, les services démographiques et des choses de ce genre.
Je serai heureux de répondre à d'autres questions à ce sujet.
Pour ce qui est de votre dernière question, je ne cherche pas à l'éluder, mais sachez qu'il s'agit d'un programme administré par Santé Canada et que c'est à l'administrateur des comptes de ce ministère que vous devriez poser la question des contrôles.
:
Il y a un cloisonnement entre les différents intervenants et c'est là, je crois, notre principal problème. En tant que membres du Comité des comptes publics, nous nous retrouvons autour de cette table à nous gratter la tête , à nous arracher les cheveux, comme le faisait M. Christopherson, en nous disant que nous sommes tous responsables et en nous demandant ce que nous pouvons faire.
Parlons d'optimisation des ressources. Quand vous me fournissez ce genre de réponses, étant donné que j'ai investi 7 milliards de dollars d'argent des contribuables, je suis un peu inquiète. Qui est responsable? Qui s'esquive? Que fait-on pour oeuvrer au service des plus vulnérables?
Dans son rapport, la vérificatrice générale fait état d'une demi-douzaine de problèmes. Les mesures que vous avez adoptées ne font rien pour les corriger. Vous n'avez pas d'indicateurs de résultats. Le ministère n'a pas vraiment la certitude que les services offerts par les Premières nations sont conformes aux dispositions des lois provinciales. Il ne sait pas si les programmes qu'il administre changent quoi que ce soit dans la vie des enfants autochtones. Les rôles et les responsabilités des uns et des autres ne sont pas définis. En entendant votre réponse, je me suis dit que vous ne... Je suis experte-conseil de profession et je suis inquiète, parce que nous ne pouvons pas nous permettre de nous asseoir ici et de ne pas savoir ce que nous allons faire en suite. Nous ne sommes pas en train de rejeter le blâme sur les fonctionnaires, mais nous nous devons de travailler ensemble.
Selon vous, que rapportent les 7 milliards de dollars d'investissement du gouvernement? Malgré l'ampleur de ces sommes, pourquoi sommes-nous encore aux prises avec les mêmes problèmes?
:
Je vais essayer de répondre à la première partie de votre question et je laisserai ensuite le soin à Mme Fraser de vous faire part de ses commentaires.
Le Parlement accorde aux ministères des crédits dont les ministres et les administrateurs de comptes sont responsables, et pour lesquels ils doivent rendre des comptes. Quand plus d'un ministère intervient dans un secteur donné, qu'il s'agisse de développement rural, d'affaires autochtones, de science ou de questions internationales, cela donne inévitablement lieu à des problèmes. La reddition de comptes constitue un véritable problème et Mme Fraser a beaucoup plus d'expérience que moi à ce sujet.
Personnellement, je dois rendre des comptes sur ce que fait le MAINC et je réponds à mon ministre. Nous nous efforçons de travailler avec nos partenaires. Il incombe en fait aux organismes centraux du gouvernement, au Cabinet, au Conseil du trésor et aux autres, d'entretenir une vision globale sur ce qui se fait et de tenter d'obtenir des rapports sur les résultats à l'échelle du gouvernement.
Les plus importants joueurs dans le domaine de la politique autochtone sont le MAINC, Santé Canada — qui s'occupe des questions de santé —, la SCHL — qui s'occupe de logement —, et RHDSC qui s'occupe de compétences et d'emploi. Cependant, on compte 30 autres ministères fédéraux qui administrent des politiques ou des programmes concernant les Autochtones. Il est là le problème, et je suis tout à fait d'accord.
Je me demande si je pourrais ajouter quoi que ce soit pour vous aider.
C'est la SCHL qui s'occupe essentiellement des questions concernant le logement social. Nous effectuons grosso modo la moitié du travail, qui consiste essentiellement à viabiliser les lotissements, c'est-à-dire les brancher aux réseaux d'aqueduc et d'égout, et nous administrons certains programmes de logement, mais tout cela se fait de plus en plus au niveau de la SCHL. Sur le terrain, dans toutes les régions du pays, nous collaborons avec la SCHL pour faire en sorte que nos programmes respectifs soient harmonisés au niveau des collectivités et nous allons faire la même chose avec les mesures de relance économique annoncées dans le budget.
Santé Canada est parfaitement au courant du problème de consommation d'alcool et de drogues et il agit en conséquence. Toutefois, si j'essayais d'aller plus loin dans mes remarques, je sortirais des limites de ma compétence et parlerait de ce que je ne connais pas.
:
Très bien, merci. Je comprends ce que vous voulez dire.
Pour vous dire la vérité, je partage les frustrations et même la colère de certains de mes collègues autour de cette table, et même de tous les Canadiens, en voyant que nous ne parvenons apparemment pas à trouver de solutions à long terme pour ce secteur désavantagé de notre société. Nous creusons, creusons et creusons encore, mais nous ne parvenons pas à voir la lumière au bout du tunnel, soit un semblant de réponse bien définie.
Bien sûr, ce n'est pas facile. Nous savons tous que ce n'est pas facile. Tout le monde protège son pré carré, ce qui est regrettable, c'est-à-dire les provinces, les conseils de bande et les ministères.
Il est très décevant de constater que nous n'accomplissons pas de véritables progrès. Est-ce une question de budget? Est-ce une question de politique? Où se situe le véritable problème? Est-il attribuable au fait que nous ne parvenons pas à communiquer effectivement avec les autres ou que nous n'investissons pas suffisamment d'argent?
Si vous deviez trouver la panacée, par quoi commenceriez-vous pour régler ce problème?
:
Un peu comme mes collègues, je trouve désastreux plusieurs éléments de ce rapport. J'ai quelques questions à cet égard.
Il est question de 8 300 enfants pris en charge. On mentionne que des enquêtes progressent de façon régulière sur 297 personnes, pour être précis, ce qui touche plus de 103 000 personnes à l'intérieur. A-t-on défini le coût de ces enquêtes? Cela fait-il partie ou non du montant de 270 millions de dollars lié à ce programme?
On constate que le taux de natalité chez les peuples autochtones progresse beaucoup plus rapidement que celui du Canada, de façon générale. La formule de financement s'appuie sur la donnée selon laquelle 6,6 p. 100 des enfants vivent dans des réserves, alors que le chiffre réel pourrait être aussi élevé que 28 p. 100. Les budgets en question risquent donc de nécessiter des ajustements importants.
D'autres choses me chicotent à ce sujet. On dit qu'on a pris des fonds destinés aux infrastructures communautaires et au logement pour les affecter au programme de prise en charge des enfants. C'est significatif, alors même que tout le programme actuel n'est soumis à aucun contrôle ni à presque aucune reddition de comptes. Quand on examine ce programme, on constate que c'est un genre de free-for-all. Quelles en sont les conséquences pour les enfants, finalement?
Aucune analyse ne nous donne de chiffres précis ou ne nous informe des conséquences pour les enfants. Comme on l'a mentionné, il n'existe pas non plus d'indicateurs d'évaluation. C'est inquiétant. Beaucoup d'argent est en jeu, alors qu'en retour, on ne reçoit que peu d'information du ministère.
En dernier lieu, j'aimerais aborder le lien existant entre Santé Canada et vous. Cela semble causer des différends importants et avoir des répercussions importantes sur les enfants. J'aimerais avoir des exemples des répercussions de ce genre de problèmes qui surviennent. Si un différend ou une procédure perdure pendant plusieurs années, que peut-il advenir de la santé des enfants? Tout l'aspect de la gouvernance entre Santé Canada et vous, en matière de santé, demeure une question majeure.
Je vous ai posé là plusieurs questions en même temps.
:
J'aimerais utiliser le microphone de M. Shipley, s'il vous plaît.
[Traduction]
Merci, madame Fraser, pour votre rapport qui, bien qu'ambitieux et soulignant de nombreuses lacunes, laisse passer une lueur d'espoir.
Les problèmes constatés sont très frustrants, monsieur Wernick. Ils sont d'ordre constitutionnel, d'ordre démographique, d'ordre financier et d'ordre administratif. J'ai signé un rapport sur la question de l'autonomie gouvernementale pour le compte de l'Association du Barreau canadien. J'ai représenté les peuples autochtones devant les tribunaux. J'ignorais que 38 ministères administrent des dossiers intéressant les Autochtones. C'est incroyable.
J'entrevois trois débouchés intéressants. Personnellement, je crois tout d'abord que dans 50 à 100 ans d'ici, la question de l'autonomie gouvernementale des Premières nations constituera le dossier constitutionnel le plus important au Canada, ce qui concerne donc tous les Canadiens. Deuxièmement, il est question d'enfants qui sont l'avenir du Canada. N'a-t-on pas dit qu'il faut un village pour élever un enfant? Eh bien, tous les parents canadiens doivent se sentir interpellés par votre rapport et par le fait que tous les enfants dont vous parlez dans ce document sont les plus vulnérables. Troisièmement, dans la circonscription que j'ai l'honneur de représenter, on compte trois Premières nations: les Sliammons, les Sechelts et les Squamishs qui sont tous aux prises avec des problèmes différents. Je consulte régulièrement les Sliammons qui ont des problèmes avec leurs traités; les Sechelts qui sont aux prises avec des problèmes d'affectation des recettes provenant des ressources naturelles, et je consulte aussi les Squamishs qui, eux, ont des difficultés d'accès au crédit.
Vous avez signalé de nombreuses lacunes qui sautent aux yeux, mais je pense qu'il convient de souligner que nous avons réalisé certaines choses. Vous en avez également parlé. Notre gouvernement a effectué d'importants investissements dans des domaines prioritaires comme l'éducation, les femmes, les enfants, les familles, l'eau et le logement. Tout cela a été annoncé dans le budget de 2008 et dans les budgets de 2007 et de 2006. Puis, dans le budget de 2009, nous avons prévu 1,4 milliard de dollars sur trois ans au titre des questions prioritaires concernant les Autochtones, notamment les écoles, les programmes de santé, l'eau potable, le logement, les services communautaires et la formation.
Vous faites remarquer que nous avons réalisé des progrès dans différentes provinces, y compris au Nouveau-Brunswick, au Manitoba, en Colombie-Britannique et en Alberta. Sur le plan du logement, le gouvernement a également réalisé d'importants investissements — se chiffrant à plus d'un milliard de dollars — dans le secteur de logement, dans les réserves et hors réserves, dans le Nord. Puis, comme l'a dit M. Saxton, il y a eu les excuses très emblématiques que nous avons faites dans le dossier des écoles résidentielles.
J'en viens à ma question.
[Français]
Voici ma première question, monsieur Wernick.
Vous avez dit que les vieilles batailles concernant les compétences sont de moins en moins pertinentes, compte tenu du fait que ce sont les provinces qui ont la compétence dans certains domaines pertinents de la fourniture de soins.
Pouvez-vous clarifier la division des pouvoirs entre les deux niveaux de gouvernement: fédéral et provincial?
:
Merci pour la question.
[Traduction]
Il y a une réponse longue, mais le président ne me laissera pas vous la donner.
Pour vous répondre brièvement sur la question de la protection de l'enfance, sachez que nous obéissons à ce que je définirais comme étant deux axes de responsabilisation. Le premier consiste à rendre compte aux ministères et aux ministres provinciaux chargés de la protection de la jeunesse et il s'agit d'autorisations déléguées qui peuvent être retirées n'importe quand. Les organismes sont régis par la loi provinciale qui encadre les services à la famille.
Et puis, les organismes de service doivent — et c'est normal — vous rendre des comptes, à vous députés fédéraux, pour les budgets fédéraux qui servent à les financer. Vous avez donc tout à fait raison de demander qu'on vous renseigne sur les résultats obtenus grâce aux contributions fédérales. Nous sommes donc en présence d'un double système de reddition de comptes.
Pour ce qui est de la première partie de votre question — et vous devrez me rappeler celle du milieu —, sachez que de nombreux ministères et organismes offrent des services et des programmes aux peuples autochtones. Je ne pense pas qu'il soit néfaste que des spécialistes dans un domaine donné s'intéressent à ce qui se passe dans les communautés autochtones.
Je conseillerais aux députés de ne pas chercher à saucissonner les spécialités au sein d'un énorme ministère comme le MAINC qui compte 10 000 employés. Mieux vaut que des employés de RHDSC, qui connaissent tout ce qui concerne les compétences et la formation, s'intéressent aux questions concernant la main-d'oeuvre autochtone. Mieux vaut que des employés de Sécurité publique, qui connaissent le travail de maintien de l'ordre, s'intéressent à l'activité policière dans les communautés autochtones. Et mieux vaut que les gens de Santé Canada, qui savent tout des problèmes d'abus de substances psychoactives, qu'on retrouve dans la société en général, interviennent dans les communautés autochtones. Ce n'est pas une mauvaise chose.
En revanche, la question est de savoir à quoi servent les fonds destinés à tout cela, question que la plupart d'entre vous avez soulevée. Comment assurer un suivi de tous ces éléments et quel est le résultat final? Il est là le vrai problème. J'aimerais, encore une fois, que Mme Fraser intervienne à ce sujet, parce que j'estime que la répartition des responsabilités entre les différents ministères dans des dossiers complexes est une question fondamentale.
J'ai raté le milieu de votre question. Pourriez-vous me rappeler ce dont il s'agit?
:
C'est cela, la journée n'est pas terminée, n'est-ce pas?
Mon autre question découle du paragraphe 16, que je cite: « Enfin, nous avons constaté qu'Affaires indiennes et du Nord Canada a peu de données sur les retombées de son financement en ce qui concerne la sécurité, la protection et le bien-être des enfants » — je pense me souvenir qu'on vous a posé une question à ce sujet plus tôt, mais j'aimerais entendre une réponse plus complète — « vivant dans les réserves. Par conséquent, il ne sait pas si le programme a des effets positifs dans la vie des enfants ni dans quelle mesure les effets se font sentir. »
Troisièmement, dans vos remarques liminaires, vous avez fait allusion au principe de Jordan en disant que « le gouvernement fédéral applique ce principe de concert avec les provinces, afin que les besoins des enfants passent avant tout ».
Pourtant, à la page 17 de la pièce 4.3, qui est le rapport de la vérificatrice générale, on peut lire ceci au sujet du principe de Jordan, à la dernière phrase :
À notre avis, un mécanisme de résolution de conflits ne fonctionnera pas en cas de différends irréconciliables et sans un changement dans les autorités de financement. De tels problèmes doivent être réglés avant qu’on puisse offrir, en temps opportun, de meilleurs services aux enfants des Premières nations.
Vous dites que c'est mis en oeuvre par le gouvernement, mais la vérificatrice générale parle d'obstacle. Comment vous en sortez-vous par rapport à cet obstacle?
Par ailleurs, vous nous avez proposé de nous remettre une copie du compte rendu de votre réunion prévue en avril. Je le souhaite effectivement, mais j'aimerais également que vous nous fassiez parvenir le compte rendu de la réunion de l'année dernière. Si j'ai bien compris, vous avez indiqué que vous vous réunissez deux fois par an et que vous produisez un compte rendu à chaque fois. Vous vous êtes proposé pour nous envoyer le prochain compte rendu et je me demandais si vous ne pourriez pas nous envoyer également le dernier, celui que vous n'avez pas proposé?
J'ai d'autres questions à vous poser, mais je manque de temps et je vais donc m'arrêter ici, monsieur le président, et m'en remettre aux réponses du sous-ministre.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Wernick, de vous être déplacé et merci également à votre personnel.
Bien sûr, je remercie également la vérificatrice générale.
Le budget a augmenté de deux cent cinquante pour cent au cours des 10 ou 11 dernières années, après l'ajout de 20 millions de dollars, mais je crois que sa destination a un peu changé. Ce budget a-t-il progressé de façon proportionnelle au cours des 10 ou 11 dernières années? On dirait que les 20 millions de dollars supplémentaires... il faut environ 10 millions de dollars pour mettre en oeuvre la nouvelle méthode de prévention améliorée. Si je comprends bien, tout cela a débuté en 2007, mais je ne pense pas que tout ne soit qu'un problème d'argent.
Deuxièmement, pourriez-vous me donner une idée — et vous avez peut-être répondu à ce genre de question plus tôt, mais comme je suis arrivé un peu tard, j'aurai raté votre réponse, ce dont je vous prie de m'excuser — du moment où vous saurez dans quelle mesure la mise en oeuvre de cette nouvelle méthode fonctionne?
Troisièmement, vous traitez avec des provinces qui sont disposées à signer de tels accords. Est-ce que les autres provinces, celles qui n'ont pas adhéré au programme, sont prêtes à le faire et à l'adopter?
Quatrièmement, je tiens à revenir sur la question des pensionnats pour Indiens. Je m'inspire de ce qui est dit dans le rapport de la vérificatrice générale. Il en est sorti quelque chose de bon, mais nous avons également dû faire face à certains mauvais résultats. Il semble que l'argent versé à des gens qui n'ont pas l'habitude d'en avoir peut entraîner chez eux des problèmes d'ordre social, comme la consommation de drogues et d'alcool.
Je me demande donc si nous ne pourrions pas nous faire aider sur ce plan. Ne devrions-nous pas faire quelque chose de plus quand on nous demande de verser de l'argent, parce que nous ne voulons certainement pas occasionner davantage de problèmes en faisant ce que nous croyons être juste, ce que nous croyons être nécessaire? C'est préoccupant.
Enfin, s'agissant de l'argent transféré aux provinces au chapitre de l'administration — la mise en oeuvre étant confiée aux bandes — existe-t-il une certaine discrétion dans la façon de le dépenser?
Merci.
:
Cela fait l'objet d'un accord. Les fonds doivent servir à des fins données. Il s'agit d'un accord classique de partage de coûts ou de financement entre le fédéral et une province, accord que nous serons heureux de vous communiquer si cela vous intéresse.
Pour ce qui est des écoles résidentielles, il s'agit peut-être là d'une question que vous pourriez explorer plus tard. Il s'agit de paiements d'expérience commune effectués à quelque 79 000 personnes en vertu d'une procédure de règlement des demandes. Il faut attribuer à la nature humaine le fait que ces versements ont des effets indésirables dans certains cas.
Je me propose de contacter certains collègues qui, soit dit en passant, témoignaient devant le Comité des affaires autochtones sur ce même sujet, à 10 heures ce matin... En collaboration avec les communautés, les organismes de services sociaux, la GRC et les institutions financières, nous avons essayé de réduire ou d'atténuer les effets négatifs de ces paiements. Nous ne sommes pas à l'abri d'une erreur. Il faut s'attendre à ce qu'il y ait des problèmes et cette question a retenu l'attention de tout le monde. Toutes les parties à l'accord avaient cette question en point de mire et ont essayé de faire de la prévention, mais il y aura toujours des cas de ce genre. Je pense que, dans l'ensemble, l'expérience est positive, mais nous pourrions en reparler, si vous le désirez.
Pour ce qui est de la position des autres provinces, dès que nous avons conclu notre premier accord avec l'Alberta, nous avons communiqué avec les autres gouvernements provinciaux. Notre ministre a parlé avec ses homologues et nous avons pu dire à nos correspondants que nous avions peut-être quelque chose d'intéressant à leur proposer. C'est ainsi que nous avons découvert des partenaires potentiels en Saskatchewan et en Nouvelle-Écosse. Nous savons que d'autres provinces aimeraient conclure de tels accords.
Le problème des accords tripartites tient au fait qu'il s'agit d'une danse à trois. Il faut que la province soit prête, que les organismes de Premières nations soient prêts et il faut s'entendre sur la reddition de comptes. Cela représente beaucoup de travail. Nous pensons que deux ou trois autres provinces devraient se joindre aux premières.
:
Je vais poser deux questions, l'une qui s'adressera à la vérificatrice générale et l'autre à M. Wernick.
Madame Fraser, dans votre rapport de vérification, vous dites que, lorsque le MAINC est « informé de lacunes en ce qui concerne la conformité à la législation et aux normes provinciales des services d'aide à l'enfance, il devrait effectuer un suivi pour s'assurer que des mesures correctives sont rapidement prises ». Comment le MAINC s'assure-t-il que la législation et les normes provinciales en matière de services d'aide à l'enfance sont respectées? Si vous le voulez bien, je vous invite à mettre cette question de côté pour l'instant.
M. Wernick, avez-vous élaboré un plan d'action assorti de calendriers et précisant les rôles et les responsabilités de chacun afin de vous attaquer aux questions soulevées dans cette vérification? D'après ce qui est dit à la page 13 du document de la vérificatrice générale, il semble que le MAINC ne sait pas ce qu'il fait. Vous n'avez pas analysé les services et vous ne les avez pas comparés. Il y a des variations dans les services offerts. Le ministère ne sait pas combien d'enfants sont pris en charge à l'échelle nationale, et ainsi de suite.
Je ne veux pas redire tout ce qui s'est passé. Je veux simplement savoir. Le seul indicateur sur lequel vous vous appuyez est un indicateur de rendement ou un indicateur concernant les retombées, soit que 82 organismes de Premières nations sont financés. C'est plutôt vague. N'auriez-vous pas quelque chose de plus concret, de plus précis à nous mettre sous la dent? Vous pourriez éventuellement l'envoyer au comité.
:
Merci, monsieur le président, et si vous me le permettez, j'aimerais tirer une chose au clair dans ma conclusion.
Le gouvernement fédéral est responsable de payer pour les services offerts aux enfants vivant dans les réserves. Ces services à l'enfance et à la famille peuvent être offerts de deux façons: soit par l'intermédiaire des gouvernements provinciaux, soit par l'intermédiaire des organismes de Premières nations. Dans notre rapport, nous faisons remarquer que des accords ont été signés avec les provinces et que le gouvernement fédéral rembourse celles-ci pour les coûts associés à la prestation des services.
À la suite d'un passage progressif à des services de prévention, le gouvernement fédéral rembourse les provinces à ce titre. La formule de financement, elle, concerne les accords conclus avec les organismes de Premières nations. Comme nous l'avons dit, celle-ci n'a pas été modifiée en 20 ans. Elle favorise largement la prise en charge des enfants et, comme le sous-ministre l'a indiqué, elle ne permet pas vraiment de payer pour les services de prévention.
M. Wernick vous a parlé d'un rapport que nous avions produit en 2006, si je ne m'abuse, au sujet des problèmes de fond. Nous avions notamment constaté qu'il y avait un problème sur le plan du suivi accordé à la gestion des programmes. Très honnêtement, il y a lieu de se demander pourquoi on continue d'administrer un programme pendant 20 ans, tandis que tout change autour, pourquoi la formule de financement demeure la même, pourquoi les services de prévention ne sont pas financés et pourquoi nombre d'enfants sont pris en charge.
Il y a lieu d'être optimiste quand on songe au modèle appliqué en Alberta, car force est de reconnaître que les services ont changé et que le financement destiné à ce genre de modèle va augmenter considérablement. Tout ce que je peux dire, c'est que j'espère que les autres provinces vont agir rapidement pour que les enfants qui ont vraiment besoin de tels services puissent en bénéficier dans les plus brefs délais et que les formules de financement seront modifiées en conséquence.
:
Merci, monsieur le président. Merci pour votre décision.
Je dois vous dire que le libellé que d'autres m'avaient suggéré était beaucoup plus radical que celui-ci dans sa façon de prendre position au sujet des questions à traiter, ce dont M. Saxton a parlé dans ses remarques.
Si je fais cette proposition, c'est que personne d'autre ne l'a faite. Nous avons un directeur parlementaire du budget qui croit relever d'un mandat et être régi par un ensemble de règles, tandis que d'autres, qui sont en position de responsabilité, affirment autre chose. Personne n'est là pour trancher. Tout ce que je veux, c'est proposer une façon de régler le problème.
Nous ne sommes sans doute pas le comité le mieux placé pour régler cette question, mais je tiens à dire, en ma qualité de député, et de façon non partisane, que les choses ont assez duré. C'est de la folie. Il faut que quelqu'un se charge d'aller au fond des choses afin de les tirer au clair, de sorte que nous puissions récolter les fruits du travail accompli jusqu'ici.
Étant donné que personne d'autre ne s'est proposé... j'en suis au point, monsieur le président, où je serais prêt à accepter et à appuyer une motion, surtout si des députés du côté gouvernemental ou des députés de l'opposition m'indiquent qu'un autre comité va se charger de cette étude. Je vais simplement mettre ma motion en veilleuse, mais je serai prêt à la raviver au besoin et, si elle devait être remplacée par une autre motion allant dans le même sens, je serai alors disposé à la retirer.
Je ne suis pas prêt à argumenter sur ce qu'il convient de faire ou de ne pas faire ni à parler des paramètres à établir. Tout ce que je dis à mes collègues du côté gouvernemental, c'est que je ne peux plus supporter cette situation. Elle est intenable et je ne vois personne qui soit disposé à la régler.
Tout ce que j'espérais, c'est que cette motion serve de déclencheur, qu'elle fasse boule de neige — vous choisirez la métaphore qui vous convient. Je trouvais inapproprié que nous restions les bras croisés à ne rien faire tandis que les médias et d'autres demandent « Qu'allez-vous faire à ce sujet? » alors que nous restons silencieux.
C'est ce que j'avais à dire.
:
Je vais vous faire une suggestion, chers collègues.
J'ai parlé à différentes personnes au sujet de cette motion, et comme je l'ai dit à M. Saxton, j'estime que nous ne sommes pas le comité approprié pour cela. Le comité qui devrait se charger de cette question est celui de la Bibliothèque du Parlement. La difficulté, c'est qu'il a fallu du temps pour le constituer, mais c'est fait. Un certain nombre d'autres intervenants dans ce dossier sont ouverts à cette démarche.
M. Christopherson a tout à fait raison, le Parlement doit s'attaquer à cette question. Le Parlement doit affirmer son obligation de rendre des comptes à la population, et sur ce sujet en particulier, il doit le faire sans tarder.
Dans la foulée de la déclaration de M. Christopherson, je recommande que quelqu'un formule une motion qui sera déposée dans deux ou trois semaines d'ici pour permettre à la Bibliothèque du Parlement de faire ce qu'elle a à faire, faute de quoi nous aborderions la chose sous un angle différent.
Seriez-vous prêt à accepter cela, monsieur Christopherson?