:
Je vais maintenant déclarer la séance ouverte. Au nom du comité, je tiens à vous souhaiter une cordiale bienvenue à tous. Bienvenue à tous.
Mesdames et messieurs, cette séance du Comité des comptes publics a été convoquée, conformément au Règlement, pour étudier le chapitre 5, « La surveillance des maladies infectieuses — Agence de la santé publique du Canada », du rapport de mai 2008 de la vérificatrice générale du Canada.
Le comité a le grand plaisir d'accueillir aujourd'hui les représentants du Bureau du vérificateur général qui sont le vérificateur général adjoint, M. Neil Maxwell, accompagné de Mme Luise Dubé, directrice principale.
Les représentants de l'Agence de la santé publique du Canada sont le Dr David Butler-Jones, qui est l'agent comptable et l'administrateur en chef de la santé publique. Il est accompagné de Gregory Taylor, directeur général du Bureau de la pratique en santé publique et de Danielle Grondin, sous-ministre adjointe intérimaire, Direction générale des maladies infectieuses et des mesures d'urgence.
Encore une fois, je tiens à vous souhaiter à tous une cordiale bienvenue et à vous remercier pour votre présence ici.
Nous allons entendre M. Maxwell.
Monsieur Maxwell, vous pouvez faire votre déclaration préliminaire.
:
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats de notre vérification portant sur la surveillance des maladies infectieuses à l'Agence de la santé publique du Canada qui ont été publiés dans notre rapport de mai 2008.
Comme vous l'avez mentionné, je suis accompagné aujourd'hui de Louise Dubé, directrice principale chargée des vérifications de l'Agence de la santé publique du Canada.
Il est important de souligner que les travaux de cette vérification ont été achevés en octobre 2007 et que nous n'avons pas vérifié les mesures prises par l'Agence depuis cette date.
Les responsables de la santé publique doivent savoir quand et où surviennent des éclosions de maladies infectieuses afin d'en atténuer les conséquences sur la santé des Canadiens. L'Agence de la santé publique du Canada, créée en 2004, est l'organisme fédéral responsable de la surveillance des maladies infectieuses. Elle travaille de pair avec d'autres ministères et organismes fédéraux et les autres ordres de gouvernement. Elle travaille également avec des professionnels de la santé, des hôpitaux et des laboratoires à l'échelle du pays.
Nous avons notamment vérifié si l'Agence et ses partenaires avaient recueilli, analysé et diffusé les données dont ont besoin les responsables de la santé publique au Canada et à l'étranger pour prévoir et prévenir les menaces que représentent les maladies infectieuses et pour y réagir.
Nous avons aussi effectué un suivi de certaines préoccupations graves que nous avions soulevées dans nos rapports de vérification de 1999 et de 2002, alors que la surveillance des maladies infectieuses était la responsabilité de Santé Canada.
[Français]
Nous avons constaté que les faiblesses fondamentales que nous avions relevées dans nos rapports de vérification de 1999 et de 2002 subsistent. Malgré le fait que des mesures importantes aient été prises, on n'a pas donné suite de façon adéquate à nos préoccupations concernant les orientations stratégiques, la qualité des données, la mesure des résultats et le partage des données.
De plus, afin d'obtenir continuellement des données de surveillance, l'agence comptait sur la bonne volonté des provinces et des territoires pour la communication de données utiles et complètes. La communication de ces données n'a pas toujours été assurée et leur transmission a parfois été interrompue. Après deux années de négociations, l'agence a signé, en septembre 2007, un accord général pour le partage de données avec une province, l'Ontario.
Nous nous inquiétons du fait que l'adoption d'une approche nationale normalisée en matière de déclaration des cas de maladies infectieuses prendra encore plusieurs années.
[Traduction]
Un bon partage des données est particulièrement essentiel advenant une situation d'urgence en matière de santé publique. Les responsables de la santé publique locaux ou provinciaux seront très probablement les premiers à déceler une telle urgence. En tant que centre de liaison national, l'Agence doit être tenue informée des événements, car selon le Règlement sanitaire international de 2005 modifié, elle ne dispose que de 48 heures pour évaluer tous les événements urgents déclarés afin de déterminer s'il s'agit d'une urgence en matière de santé publique de portée internationale. L'Agence doit aviser l'Organisation mondiale de la Santé dans les 24 heures suivant cette évaluation.
L'Agence a fait les préparatifs nécessaires pour le partage des données essentielles advenant une situation d'urgence. Toutefois, elle doit encore en préciser les principales dispositions. Par exemple, les responsables de la santé publique à tous les niveaux doivent connaître les procédures pour informer les autres parties et savoir quels sont les renseignements personnels qu'ils peuvent et devraient divulguer, afin d'intervenir adéquatement en cas d'éclosion de maladie et ultimement, pour sauver des vies.
[Français]
Par conséquent, si une menace pour la santé publique risquait de toucher d'autres pays, l'agence pourrait, en l'absence d'ententes de partage de données, être incapable d'aviser l'Organisation mondiale de la Santé dans les délais prescrits par le Règlement sanitaire international et de la tenir au courant de l'évolution de la situation.
Nous sommes heureux que l'Agence de la santé publique du Canada souscrive à nos recommandations et qu'elle ait publié un plan d'action et un calendrier de mise en oeuvre sur son site Web. De nombreuses mesures mentionnées dans ce plan sont urgentes. Ainsi, pour que l'agence respecte ses obligations au titre du Règlement sanitaire international, la capacité de surveillance aux niveaux local, provincial et national doit être évaluée d'ici le 15 juin 2009, et des mécanismes pour assurer l'échange de données complètes et actuelles sur les urgences en matière de santé publique entre l'agence, les provinces et territoires doivent être en place d'ici juin 2012.
Monsieur le président, étant donné l'importance cruciale de ces questions pour les Canadiens, le comité voudra peut-être demander aux responsables de l'agence quels sont les résultats concrets qu'ils ont obtenus depuis le dépôt de notre rapport, en mai 2008. Comme bon nombre des recommandations du rapport ont aussi été faites en 1999 et en 2002, le comité voudra peut-être aussi obtenir de l'Agence de la santé publique du Canada qu'elle s'engage à mettre en oeuvre nos recommandations et à lui soumettre des rapports périodiques.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serions heureux de répondre aux questions du comité. Merci.
:
Monsieur le président, je remercie le Comité des comptes publics de me permettre d'être ici aujourd'hui.
[Français]
J'ai écouté avec intérêt les observations de M. Neil Maxwell, du Bureau du vérificateur général du Canada.
[Traduction]
En 2003, notre pays a été le témoin direct des répercussions d'une maladie infectieuse inconnue, le syndrome respiratoire aigu sévère ou SRAS. L'éclosion a eu des conséquences sur notre santé, causant 44 décès, et sur notre économie, entraînant des pertes estimées à plusieurs milliards de dollars. À la suite de l'éclosion, le Dr David Naylor a déposé le rapport « Leçons de la crise du SRAS - Renouvellement de la santé publique au Canada ». Il y recommandait notamment la création d'une agence fédérale de la santé publique afin de fournir un leadership national et de coordonner les questions de santé publique pour le pays. C'est le poste que j'ai le privilège d'occuper.
[Français]
En 2004, le gouvernement du Canada a donc créé l'Agence de la santé publique du Canada, qui a pour mission de « promouvoir et protéger la santé des Canadiens grâce au leadership, aux partenariats, à l'innovation et aux interventions en matière de santé publique ».
[Traduction]
Dans son rapport de 2008, la vérificatrice générale a cerné, pour l'agence, des secteurs où il faut améliorer la surveillance, notamment en ce qui concerne les maladies infectieuses. Je me réjouis de son support continu dans le but de renforcer ces mesures.
La surveillance est une simple collection, mais méthodique, de données sur la santé afin de pouvoir ensuite les utiliser pour identifier les tendances et les événements en matière de santé. Le tout permet ensuite à l'agence de promouvoir et d'établir l'orientation des activités en matière de santé publique à travers le Canada. En support à cette surveillance, nous avons développé en 2007, un plan stratégique de surveillance, un plan quinquennal qui donne les grandes lignes sur les priorités et les objectifs de ce plan.
[Français]
L'agence a créé le poste de conseiller principal en surveillance. Le titulaire de ce poste, Dr Greg Taylor, me conseille et m'informe des progrès que nous avons faits pour mener à bien les recommandations de la vérificatrice générale. Il me donne aussi des mises à jour et m'avise sur l'état des activités de surveillance menées dans toute l'agence.
[Traduction]
J'aimerais également vous parler de l'échange d'information, en particulier avec les provinces et les territoires. Notre défi repose en partie sur la nécessité d'avoir un système de surveillance solide, qui doit tenir compte de la nature même de notre système de soins de santé, c'est-à-dire, que les provinces et les territoires offrent les services de soins de santé et possèdent les données connexes. De plus, lorsque le gouvernement fédéral tente d'obtenir rapidement les données les plus fiables, il fait face à des contraintes relatives aux lois en vigueur et à la protection des renseignements personnels.
Tous nos partenaires sont conscients du besoin d'obtenir des données rapides et précises afin de maintenir un meilleur contrôle des maladies infectieuses au Canada, surtout dans l'éventualité d'une urgence en santé publique. En ce sens, un protocole d'entente sur l'échange d'information pendant une urgence en matière de santé publique a été approuvé par les ministres provinciaux, fédéraux et territoriaux de la santé en septembre 2008. Le Réseau pancanadien de santé publique a créé un groupe de travail fédéral-provincial-territorial — dont l'Agence est l'un des membres principaux — qui collabore avec les provinces et les territoires à l'élaboration d'ententes multilatérales d'échanges d'information. Nous avons bon espoir que le nouveau groupe de travail offrira une nouvelle avenue pour les relations fédérales-provinciales-territoriales dans le domaine de la surveillance de la santé publique et de l'échange d'information.
Également, lorsque nous passerons aux questions, vous verrez le contraste entre la façon dont nous avons fait face aux événements de ces quatre dernières années et ce qui s'est passé pendant la crise du SRAS. Cela prouve que notre pays est capable de réagir rapidement et efficacement.
Je suis déterminé à réaliser les recommandations de la vérificatrice générale et d'ailleurs, l'agence a déjà fait des progrès dans bien des domaines. Je suis également conscient qu'il nous reste du travail à accomplir afin d'assurer une surveillance efficace pour protéger la santé et le bien-être de tous les Canadiens.
Merci beaucoup.
:
Merci à vous tous d'être venus ici.
Ma question porte sur une comparaison entre le plan d'action que vous avez présenté et les remarques de la vérificatrice générale. En mai 2008, la vérificatrice générale a examiné si l'Agence de la santé publique avait obtenu, analysé et diffusé l'information nécessaire pour répondre aux menaces. Le rapport de vérification mentionnait que les rôles et les responsabilités n'étaient pas clairement définis. Le Bureau de la vérificatrice générale vient de dire que ce sont là des faiblesses depuis 1999. Je peux comprendre qu'à l'époque cela visait Santé Canada et que l'Agence a été créée par la suite.
Pourquoi ce plan d'action n'est-il pas suffisamment énergique pour s'attaquer à certains des problèmes que la vérificatrice générale a soulevés? Par exemple, vous dites que vous avez nommé un conseiller principal en surveillance. En quoi cela gère-t-il le risque dont parle la vérificatrice générale? Par exemple, comment le conseiller principal en surveillance obtient-il l'information, d'où l'obtient-il, comment l'analyse-t-il, comment la diffuse-t-il, comment travaille-t-il avec ses partenaires des provinces, des territoires et des municipalités? Comment sont répartis les rôles et les responsabilités?
Je sais que je pose beaucoup de questions en même temps, mais elles s'adressent à l'Agence de la santé publique. Si le Bureau de la vérificatrice générale me dit dans sa réponse que ces dispositions sont suffisamment solides, je l'accepterai.
Merci.
:
Merci beaucoup pour ces questions.
Il y a un certain nombre d'activités interreliées. Le conseiller principal en surveillance est simplement là pour qu'il y ait un centre de responsabilité bien clair. Ce n'est pas vraiment pour exercer la surveillance, mais pour veiller à ce que nous ayons les systèmes voulus en place. Nous avons examiné tous nos systèmes de surveillance et pas seulement pour les maladies infectieuses. Également, au sein du réseau de santé publique par lequel nous assurons l'administration du système conjointement avec les provinces et les territoires, nous avons des comités d'experts et autres qui font rapport à la conférence des sous-ministres à laquelle je siège, ainsi qu'à la conférence des ministres pour faire la planification conjointe nécessaire.
De plus, en ce qui concerne les rôles, nous avons travaillé dans le cadre de protocoles d'entente et de lettres d'accord. Par exemple, pour ce qui est de l'ACIA, nous avons le protocole d'entente avec les provinces qui définit les rôles de chacun. Nous avons des plans qui définissent l'attribution des responsabilités relativement à nos relations avec les provinces, non seulement sur le plan de la surveillance, mais également pour faire face aux problèmes au fur et à mesure qu'ils surgissent.
Deuxièmement, nous surveillons la situation quotidiennement. Nous gérons le RMISP, le Réseau mondial d'information en santé publique. L'OMS nous dit qu'entre 40 p. 100 et 60 p. 100 de toutes les éclosions dans le monde leur sont d'abord signalées par nous et non pas par le pays touché. Nous gérons ce système pour l'ensemble de la planète. Chaque jour, nous examinons la situation. Chaque matin, les fonctionnaires de l'agence se réunissent avec les autres personnes compétentes pour examiner les risques qui existent autour du monde. Ils me rencontrent ensuite généralement vers 9 heures ou 9 h 30 et nous décidons de la suite à donner, de ce qu'il faut faire et de toutes les mesures à prendre. Si une situation exige la collaboration des provinces, nous organisons, le jour même, un appel-conférence avec les médecins-hygiénistes en chef de tout le pays. C'est comme cela que nous procédons.
Ce ne sont là que quelque uns des systèmes que nous avons en place. Nous surveillons la situation quotidiennement, 24 heures sur 24.
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Merci, monsieur le président.
Il y a là plusieurs éléments à considérer.
J'aurais peut-être d'abord plusieurs choses à dire en réponse à votre question quant à savoir si le système est suffisamment robuste. Premièrement, nous n'avons pas vérifié le plan d'action. Nous n'avons pas eu l'occasion d'examiner le genre de progrès que l'agence déclare avoir faits pour voir ce qui a été vraiment réalisé.
Deuxièmement, je dirais que c'est un travail très compliqué. Quand j'examine le plan d'action, je vois des mesures prises sur un grand nombre de fronts et dont certaines se situent à l'arrière-plan. Les conseillers en surveillance jouent sans doute un rôle important sur le plan de la gouvernance et pour veiller à ce que l'information soit fournie. Je ne nie pas l'importance de chaque élément, mais j'en reviendrais à une chose que j'ai dite dans ma déclaration préliminaire. La valeur d'un plan d'action se mesure à sa capacité et à la capacité de l'agence d'obtenir des résultats concrets.
En examinant le plan d'action, je constate qu'un certain nombre d'améliorations ont été apportées au système. Je pense donc qu'en fin de compte, il est peut-être nécessaire de voir quels sont les résultats concrets obtenus sur un certain nombre d'années. On ne s'attend pas à voir beaucoup de résultats à très court terme, mais je pense qu'en réalité c'est là l'essentiel.
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Il y a un certain nombre de choses. J'ai mentionné le GEF et le Réseau mondial d'information en santé publique que nous gérons. Je dois dire qu'avant que le système ne soit vraiment opérationnel, il a quand même permis de détecter le SRAS, en novembre, des mois avant que l'épidémie n'éclate en Chine. Maintenant, nous avertissons l'OMS et le pays touché et ils peuvent alors intervenir plus rapidement. De plus, l'ajout du règlement sanitaire internationale obligeant les pays à contenir l'éclosion à l'intérieur de leurs frontières devrait permettre de limiter l'épidémie à des dizaines ou des centaines de cas plutôt qu'à des milliers ou dizaines de milliers de cas.
Deuxièmement, nous avons une capacité d'intervention, par exemple pour l'Ebola, au Congo. Nous avons un service de laboratoire mobile qu'aucun autre pays au monde ne possède et nous l'avons envoyé au Vietnam et au Congo. Il était aux Jeux olympiques de Pékin et il sera aux Jeux olympiques au Canada. Il a la capacité de diagnostiquer sur le terrain certaines des maladies les pires et les plus difficiles afin qu'on sache à quoi on a affaire. Nous avons des équipes que nous envoyons dans ces régions du monde pour appuyer l'OMS et les autres organismes qui travaillent dans ce domaine.
Il y a également le développement du réseau de santé publique. Avant, il y avait de nombreux comités consultatifs au niveau FTP, etc. Maintenant, tout est regroupé au même endroit et les plans de travail, la planification, etc., sont établis conjointement avec les provinces et les territoires. Nous examinons où se trouvent les lacunes. Nous pouvons faire le genre de planification qui s'impose. S'il y a des questions de nature politique à soumettre au ministre et au ministre, nous avons le moyen de le faire. Tout est relié, y compris les rôles et les responsabilités en cas d'éclosion, le rôle du médecin-hygiéniste en chef et le rôle du ministre. Nous planifions des scénarios et nous procédons à des tests, par exemple, pour les cas de pandémie.
Le Canada a été le premier pays à se doter d'un plan national en cas de pandémie pour le secteur de la santé. D'autres pays l'ont copié et s'en ont inspirés. Nous avons d'autres moyens tels que des contrats de vaccins, les antiviraux, etc., pour atténuer les effets. C'est une approche multirisque, car notre travail ne se limite pas à nous préparer pour une maladie, par exemple une pandémie de grippe. Et si une nouvelle épidémie de SRAS survenait? Il y a de nombreux exemples, mais je vais vous en donner un qui date de mai dernier.
Un vendredi matin, nous avons été avertis qu'il y avait, dans le nord de l'Ontario, un train dans lequel un certain nombre de touristes asiatiques étaient malades. L'un d'eux était mort et avait été évacué par avion. Quelques minutes plus tard, notre centre d'opérations entrait en fonction. Nous avons communiqué avec la province, le bureau de santé publique local, le service d'incendie, d'autres services, VIA Rail, d'autres ministères du gouvernement fédéral et, en l'espace de quelques heures, nous avons pu établir exactement ce qui se passait. Heureusement, il s'agissait d'une série de coïncidences malheureuses: il s'agissait de touristes australiens, ils avaient des rhumes et la femme était morte d'une embolie pulmonaire. Ce n'était pas le SRAS. Mais si cela avait été le SRAS, tout se serait passé exactement comme j'espère que cela se passerait.
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais d'abord vous remercier d'être venus témoigner sur cette question de santé publique passablement importante. Je vais poser une série de questions qui touchent davantage les mécanismes de surveillance. Vous savez certainement que la surveillance continue de la population est une fonction essentielle, en matière de santé publique.
Dans le passé, j'ai travaillé dans le domaine de l'immigration internationale. Je pense qu'au sein du gouvernemental, les échanges avec divers ministères ou agences causent problème quand il s'agit d'obtenir des renseignements sur leurs activités, leurs opérations, leurs objectifs, leurs méthodes pour détecter les maladies, et ainsi de suite. Je vais vous donner un exemple. Dans le processus d'immigration, un examen médical est toujours requis et un processus d'exclusion est prévu dans le cas de personnes représentant une charge pour la société québécoise et canadienne.
Parmi les défis que vous avez à relever, le partage de renseignements avec les différents ministères en est-il un qui pose problème?
[Français]
Je regrette. Je n'avais pas compris la question. Je pensais qu'il s'agissait de collaboration, et ainsi de suite. Pour ce qui est des défis, on parle d'équipement électronique, de la capacité de comprendre toutes les maladies. Une chose très importante pour nous est la
[Traduction]
surveillance syndromique. C'est comme les maladies respiratoires, mais pas spécifiques pour une maladie particulière. Cela en fait donc partie.
[Français]
Il s'agit ici de gens qui ont les compétences, les connaissances,
[Traduction]
la formation. Il y a une pénurie de personnel dans le domaine de la santé publique au Canada. Il est difficile de se doter de cette capacité à tous les niveaux.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie pour votre exposé et votre présence ici aujourd'hui.
J'ai déjà travaillé avec le médecin-hygiéniste en chef lorsque j'étais conseiller régional, en tant que président du Comité de la santé et des services sociaux. Bien entendu, ce médecin me faisait son rapport et j'ai donc travaillé dans ce domaine.
Je vous ai également vu parler en public de certaines questions et j'ai été très impressionné. Connaissant votre rôle, j'ai beaucoup apprécié le message que vous portiez et ce que vous disiez aux citoyens canadiens. J'ai été très impressionné. Je voulais commencer par ce compliment, car c'est le dernier que vous allez entendre.
Des voix: Oh, oh!
M. David Christopherson: Oui. Savourez-le.
C'est à propos de la surveillance des maladies infectieuses. Étant donné que notre pays a connu la crise du SRAS, c'est une question importante pour nous. Je dois vous dire qu'étant donné la nature de ce rapport, c'est assez effrayant. Il n'y a pas là de quoi être bien fier de la surveillance et de ce qui a été fait.
C'est un des cas dont j'ai déjà parlé, pour la gouverne des nouveaux membres du comité. Une des choses qui me rend furieux, de même qu'un grand nombre des autres membres du comité, est qu'un rapport de vérification signale un problème, qu'il est suivi d'un autre rapport de vérification indiquant que le problème n'a pas été réglé, puis d'un troisième rapport disant que le premier rapport n'a pas eu de suite, pas plus que le deuxième. Telle est la situation devant laquelle nous nous trouvons.
Le problème n'a pas été réglé. Certaines de ces questions se posent toujours. Il ne semble pas qu'on cherche à les régler.
Dans le rapport de la vérificatrice, je peux lire par exemple: « Des normes de surveillance générales doivent être mises au point ». Ou encore: « Elles sont essentielles pour obtenir rapidement des données exactes sur l'apparition d'une éclosion… ». Par conséquent, il ne s'agit pas d'une fonction accessoire. C'est essentiel pour permettre à ce ministère de protéger la santé des Canadiens.
Que dit la suite? On peut lire: « Sans normes approuvées, les cas de maladies infectieuses peuvent être déclarés au moyen de différents tests diagnostiques ou symptomatologies. » On peut lire également: « Depuis 2002, l’Agence travaille, de concert avec les provinces et les territoires, dans le but de mettre à jour la liste… ». Cette liste est parue en 2006, dit-on, mais le travail n'est pas terminé.
En 2002, la vérificatrice a recommandé « que Santé Canada s'emploie, en collaboration avec les provinces et les territoires, à établir des normes communes, ce que le ministère avait convenu de faire ». « Le travail d'établissement de normes est en cours, mais selon nous, les progrès accomplis à cet égard sont insatisfaisants », ajoute-t-on.
« En 2002, Santé Canada a amorcé la mise en oeuvre d'un cadre d'assurance de la qualité des données sur la santé publique pour donner suite à l'une de nos recommandations » dit le rapport. Plus loin, il est dit: « Nous concluons ainsi que les progrès réalisés à l'égard de notre recommandation de 2002 sont insatisfaisants ».
On peut lire dans le rapport « En 1999, nous avions signalé que Santé Canada avait effectué peu d'évaluations et n'avait aucun plan officiel pour évaluer ses systèmes de surveillance. »
Également, on peut lire que: « En 2002, nous avions constaté que le ministère en était toujours à élaborer ses mesures du rendement et que ses rapports au Parlement laissaient toujours à désirer. » Et on ajoute « selon nous, les progrès réalisés à l'égard de ces recommandations sont insatisfaisants ».
Ensuite, à la page suivante, à propos des quatre maladies infectieuses, la conclusion est la suivante: « Selon nous, les progrès réalisés à cet égard sont insatisfaisants. »
Et pourtant, voici ce que nous obtenons du ministère — et je l'ai déjà mentionné à mes collègues — et du rapport ministériel sur le rendement. Voilà le genre de problèmes auxquels nous sommes confrontés. Voici ce que dit la vérificatrice générale dans trois rapports de vérification différents, mais les problèmes qu'elle soulève ne sont abordés qu'à la page 24 d'un rapport de 31 pages, dans un petit paragraphe. Aujourd'hui, docteur, vous nous dites: « Je suis également conscient qu'il nous reste du travail à accomplir afin d'assurer une surveillance efficace pour protéger la santé et le bien-être de tous les Canadiens. »
Étant donné que vous ne semblez pas trouver la situation urgente, d'après votre déclaration, je voudrais savoir pourquoi vos promesses d'aujourd'hui seraient plus crédibles et plus fiables que celles que nous avons déjà entendues, docteur. Il nous faut des réponses. Il nous faut de l'action. Commencez à me dire des choses qui dissiperont mes inquiétudes au sujet de ce rapport, car d'après ce que j'ai entendu, cela fait maintenant 10 ans que ces problèmes ont été mis en lumière.
Vous ne prenez pas la situation suffisamment au sérieux, docteur, et j'ai besoin d'en entendre davantage. Je veux plus.
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Je vous remercie pour cette question et pour vos paroles aimables du début.
Je ne peux pas parler de ce qui s'est passé avant mon entrée en fonction et des deux rapports de vérification précédents si ce n'est pour dire que depuis la création de l'agence, nous avons pris les choses très au sérieux, et nous avons effectué une restructuration de nos fonctions et du système en collaboration avec nos partenaires des provinces et des territoires, en réglant les questions au fur et à mesure.
Nous prenons cela très au sérieux. Le fait que nous avons élaboré un plan stratégique pour décrire comment nous allons atteindre nos objectifs pour les années à venir en témoigne, je crois.
En ce qui concerne les définitions, les définitions des cas, etc., comme nous travaillons en collaboration avec nos partenaires, nous devons le faire conjointement. L'agence fédérale ne peut pas dire: « Voici votre définition ». C'est une chose que nous devons négocier avec les provinces et les territoires. Le travail se fait et d'ici…
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Nous sommes en train de voir ce que nous devons faire pour y arriver. Nous nous attendons à pouvoir procéder aux définitions de cas cette année.
Également, d'ici 2011, nous aurons financé, par l'entremise de l'Inforoute Santé du Canada, l'élaboration de Panorama, qui permettra à l'ensemble des provinces et territoires participants d'apporter des données par voie électronique afin que nous puissions disposer de données immédiates sur les cas qui se présentent n'importe où dans le pays.
J'ai déjà souligné un certain nombre des choses que nous avons accomplies, et nous allons continuer à travailler à la longue liste de choses qu'il nous reste à faire, comme nous le faisons depuis quatre ans. Comme je l'ai dit au départ, notre situation s'améliore d'un mois à l'autre. Nous n'avons pas encore atteint le but, mais nous nous attendons à ce que d'ici deux ans… Si, d'ici deux ans, vous ne constatez pas des progrès importants, je serais tout à fait prêt à accepter vos critiques.
La surveillance joue un rôle fondamental pour la santé publique. Il est essentiel que nous disposions de bonnes données. Nous avons commencé avec ce que nous avions. La crise du SRAS nous a permis de reconnaître qu'au Canada, la santé publique avait été négligée pendant 20 ans pendant que notre attention était centrée sur un élément très important, c'est-à-dire le financement du système de soins de santé. Toutefois, la santé publique n'était pas une priorité pour les gouvernements et le SRAS nous a vite ramenés à la réalité, tout comme Walkerton et North Battleford. Des agences sont maintenant mises en place: nous avons l'agence fédérale, des agences provinciales et des ministres à la « vie saine ». Il y a cinq ans, quand le ministre fédéral rencontrait ses homologues des provinces, la santé publique n'était presque jamais à l'ordre du jour. Quand les sous-ministres se réunissaient, elle n'était presque jamais à l'ordre du jour. Elle est maintenant inscrite dans tous les ordres du jour et souvent, elle en occupe la moitié. C'est un énorme changement, mais comme Neil l'a dit tout à l'heure, cela ne se produit pas du jour au lendemain, mais nous réalisons des progrès, d'année en année et de mois en mois.
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Je voudrais remercier M. Maxwell pour son exposé de tout à l'heure.
Et je voudrais vous remercier, docteur Butler-Jones, d'avoir fourni au comité autant de renseignements sur votre plan d'action et les progrès que vous avez réalisés jusqu'ici. Cela ne fait pas très longtemps que je siège à ce comité, mais c'est la première fois, je l'avoue, que je vois des renseignements aussi détaillés et je vous félicite d'avoir agi rapidement pour suivre les recommandations de ce rapport. Je tiens surtout à vous remercier pour le résumé de votre plan d'action que vous nous avez envoyé.
Si j'ai bien compris, cette nouvelle agence a été créée en 2004. En faisant des recherches pour la séance d'aujourd'hui, j'ai constaté avec plaisir que votre agence a publié un plan d'action immédiatement après la publication de ce rapport. Je pense que c'est un bon exemple à suivre pour les autres agences.
Ma première question s'adresse à M. Maxwell. En tant que parlementaire, je trouve ce plan d'action et les renseignements fournis très utiles. Le Bureau du vérificateur général est-il satisfait, dans l'ensemble, de l'information fournie jusqu'ici?
L'information que l'agence a fournie, la mise à jour concernant ce qu'elle a accompli, est certainement très détaillée.
Je pourrais peut-être en profiter pour revenir un peu sur certaines des observations précédentes. Ce sont là des questions vraiment importantes pour les Canadiens, sans aucun doute. Nous le comprenons tous. Je crois aussi que c'est un domaine complexe. Lorsque nous avons parlé, dans notre rapport, des progrès réalisés, nous avons conclu qu'ils n'étaient pas satisfaisants. Nous ne portons jamais ce jugement à la légère et cela reflète la gravité de ce genre de questions.
Je ne dirais pas que le plan d'action ne témoigne pas d'un sérieux désir d'agir. Ce que nous voyons dans ce plan d'action représente, je crois, un très sérieux effort visant à améliorer la surveillance. Votre question et les questions précédentes cherchaient surtout à établir si le rythme des progrès est suffisant, compte tenu de la gravité de la situation.
Merci.
Comme le Dr Butler-Jones l'a dit, l'agence a hérité d'un certain nombre de systèmes de surveillance individuels, des systèmes qui étaient gérés au niveau des programmes.
La stratégie de surveillance relie tous ces systèmes afin qu'ils soient tous gérés par l'agence. À l'heure actuelle, nous surveillons plus d'une cinquantaine de maladies qui, pour la plupart, faisaient l'objet d'un système de surveillance individuel. En les réunissant et en leur donnant une orientation stratégique dans le but de nous doter de la meilleure source de données et du meilleur système de surveillance au monde, nous pouvons voir les choses d'un point de vue organisationnel.
Le rôle du conseiller principal en surveillance est très particulier au sein de l'agence en ce sens que tout le système de surveillance a directement accès à l'administrateur en chef de la santé publique, et cela quotidiennement, pour que nous soyons certains que tout va dans la bonne direction. Cela nous permet d'évaluer simultanément tous les systèmes. Cela nous permet d'examiner les normes simultanément pour tous nos systèmes au lieu de le faire séparément. Cela nous permet d'interagir avec tous nos partenaires des provinces et des territoires au lieu de le faire individuellement. Cela nous permet d'appliquer nos ententes de partage de l'information pour tous les systèmes de surveillance en même temps. Cela nous donne une vision globale pour l'ensemble de l'organisation au lieu des programmes individuels du passé qui fonctionnaient de façon relativement indépendante et dont l'agence a hérité.
Cela met fin au premier tour.
J'ai une ou deux questions que je voudrais vous poser, docteur Butler-Jones.
La première concerne les rapports sur le rendement de votre ministère. Vous dirigez une agence qui n'a pas la tâche facile et qui est nouvelle, comme vous l'avez mentionné. Si nous remontons six ans en arrière, ce n'était pas une priorité pour le gouvernement fédéral ou les 10 gouvernements provinciaux. C'en est une maintenant et vous avez un vaste mandat.
Comme l'a dit M. Christopherson, la vérification est assez critique; ce n'est pas une vérification positive. Les Canadiens ont tout lieu de s'inquiéter. Les députés devraient s'en inquiéter.
J'ai lu votre rapport ministériel sur le rendement. Il a été publié longtemps après la vérification. Il porte la signature du nouveau ministre. J'avoue que cela m'a inquiété davantage que la vérification. J'ai lu ce rapport de rendement et nulle part il n'y est fait mention des défis et des risques. Tout est très positif. Chaque objectif prioritaire est atteint, que ce soit sur le plan des communications, du renforcement de la santé publique au Canada et sur la scène internationale, du renforcement de la capacité de la santé publique au Canada grâce à l'augmentation des effectifs de la santé publique, de même qu'au niveau des systèmes d'information sur la santé publique. C'est tellement positif que vous-même et tout votre personnel pourriez prendre neuf mois de congé. Vous n'avez aucun défi, aucun risque et aucun problème.
Votre agence n'est pas la seule à faire ce genre de choses. Je trouve vraiment irritant de voir les ministères et les agences d'Ottawa écrire de tels rapports à l'intention des députés, car c'est de la pure fiction. Vous avez de nombreux défis à relever. Vous dirigez un ministère difficile. Je sympathise avec vous. Vous n'avez pas une tâche facile.
Néanmoins, je me demande pourquoi, quand vous préparez ces rapports et que vous les déposez au Parlement par l'entremise de votre ministre, le ministre de la Santé, vous n'indiquez pas les défis, les risques et les problèmes auxquels vous êtes confrontés et ce que vous faites pour y remédier. J'aimerais avoir un dialogue honnête à ce sujet avec les 88 agences et 22 ministères. Ce n'est pas ce qui se passe. Si je compare votre rapport de rendement avec le document que le Bureau du vérificateur général a préparé, je ne demande s'il y a deux agences de la santé publique au Canada. Mais je sais qu'il n'y en a qu'une.
Je vous demande quel dialogue a eu lieu avant la préparation de ce rapport? S'il vous plaît, ne dites pas qu'il est exact. Quelle conversation avez-vous eue avant de préparer ce rapport? A-t-il été préparé sous votre supervision et y a-t-il une raison pour laquelle vous n'avez pas essayé de mettre en lumière les risques, les problèmes et les défis auxquels vous êtes confronté et qui sont des risques bien réels?
Ce ne sont pas des critiques excessives. Quand vous lancez une agence aussi grosse que la vôtre, avec de tels défis, vous avez des problèmes réels. Ce n'est pas une critique. Mais pourquoi n'en faites-vous pas mention ici, au lieu de prétendre que tout va pour le mieux?
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C'est relativement parlant, par rapport à la situation qui était la nôtre au départ, compte tenu des efforts et du travail qui ont été investis et des processus qui ont été mis en place pour résoudre les problèmes.
Pour ce qui est de la santé publique — comme Neil l'a dit, c'est un domaine très complexe et multisectoriel — nous estimons, y compris moi-même qui possède une longue expérience de la chose, qu'il faut juger sur pièces. Nous travaillons pour obtenir des ententes officielles et mettre en place certains de ces éléments, nous continuons à le faire, mais ce n'est pas facile. Le secret et l'important, c'est de voir si nous pouvons réagir efficacement.
Pour revenir à votre question, monsieur Christopherson, je compare la situation actuelle de l'agence, et les événements auxquels nous avons été confrontés et là où nous en sommes aujourd'hui par rapport à ce qu'était la situation pendant le SRAS ou avant cette crise. Il y a eu l'identification de cas de poliomyélite, l'identification de la grippe aviaire dans des fermes et l'engagement de la FCI et d'autres organismes. Nous avons découvert le H2N2 qui aurait pu causer la prochaine pandémie et nous avons pu travailler sur ce dossier avec les Américains, entre autres, parce qu'ils sont allés dépister la maladie un peu partout dans le monde. Et il y a eu l'éclosion de listeria. Cela représente de nombreux défis, mais du point de vue de la surveillance, il y a eu, pendant l'éclosion, cinq cas supplémentaires par semaine au Canada alors que plus de 20 000 Canadiens présentaient chaque jour ces symptômes. Nous avons pu établir non seulement qu'il y avait une éclosion, mais d'où elle venait. C'est très différent. Cela n'aurait jamais été possible il y a cinq ans.
Et pour revenir au RMR…
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C'est une responsabilité partagée, car les soins de santé relèvent surtout des provinces et des territoires tandis que la santé publique relève des autorités locales. Une éclosion peut se produire dans un millier de localités en même temps, mais cela reste un événement local. C'est pourquoi vous avez des structures locales avec des médecins, des inspecteurs et des infirmières de santé publique qui sont reliés au secteur hospitalier, etc.
La législation est presque entièrement provinciale. Elle soutient les médecins-hygiénistes locaux et nous, nous soutenons les provinces et les médecins-hygiénistes locaux, parfois suite à une demande, mais il est évident que les responsabilités sont partagées. Nous jouons le rôle de gardien, si vous voulez, avec un plan national en cas de pandémie et d'autres plans, des pratiques exemplaires, des lignes directrices, etc. Nous conservons également des stocks. Nous avons la réserve nationale de secours. Nous avons aussi un stock conjoint d'antiviraux que nous gardons avec les provinces pour faire face à une pandémie de grippe et dans notre réserve nationale de secours, nous avons tout un éventail de matériel, de médicaments, etc. La planification des besoins a lieu à deux niveaux. Au niveau local pour ce qui est des besoins, et au niveau provincial où les décisions sont prises et nous participons à la coordination générale de ces activités.
En ce qui concerne le partage de l'information, là encore, cela dépend du niveau. S'il s'agit d'une éclosion locale dans un foyer de soins, en général, c'est le médecin-hygiéniste local qui s'en occupe. Si cela touche plusieurs niveaux ou qu'on a besoin d'aide, nous envoyons des épidémiologistes sur le terrain et d'autres spécialistes pour participer à l'enquête. Nous avons également le laboratoire de référence et nous faisons les tests les plus complexes pour les maladies peu communes.
Le président: Monsieur Kramp.
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Merci monsieur le président.
J'ai les mêmes préoccupations que plusieurs de mes collègues, autant le président que mon collègue du NPD, quant au rapport de la vérificatrice générale dans lequel elle soulève plusieurs problèmes importants. Ces derniers n'ont pas été traités rapidement, ou comme ils auraient dû l'être. D'ailleurs, M. Neil dit dans son rapport:
« Nous nous inquiétons du fait que l'adoption d'une approche nationale normalisée en matière de déclaration des cas de maladies infectieuses prendra encore plusieurs années. »
On parle donc ici des ententes. C'est inquiétant. Il y a peut-être un autre moyen pour arriver à activer cette démarche. Il est important de savoir ce qui se passe d'un bout à l'autre du pays lorsqu'il est question de maladies infectieuses.
Vous avez dit qu'il n'y a pas de problèmes du côté de la communication et de la collaboration. Je suis entièrement d'accord avec mes confrères qui ne croient pas que ce soit le cas, surtout quand on examine les protocoles d'entente, la question de l'OMS soulevée par Mme Crombie, et tout le cadre législatif qui ne vous apporte aucun soutien. Ma première question concerne les moyens d'activer le processus de signature des protocoles d'entente pour que plus rapidement, vous ayez accès à ces informations.
Vous avez également soumis un plan d'action qui se veut important et qui, selon moi, nécessite une très rapide mise en oeuvre. Cela risque peut-être d'occasionner des dépenses supplémentaires. Je ne sais pas si vous avez prévu cette éventualité ou si vous avez fait des demandes en ce sens. Sinon, il faudrait peut-être y songer ou le faire rapidement afin de protéger les Canadiens et les Canadiennes de façon adéquate. Cela touche la formation, les équipements et les laboratoires.
Êtes-vous en mesure de me dire où, au Canada, sont situés les laboratoires où l'on peut analyser une situation de façon rapide dans le but de répondre sans délai aux différents besoins en matière de maladies infectieuses? Vous en avez mentionné quelques-unes plus tôt: le virus du Nil, la grippe aviaire et le SRAS, qui a été dévastateur. J'aimerais avoir des réponses à ces questions que j'ai posées.
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D'une certaine façon, c'est une question de degré. Nous n'avons pas de problème. Nous recevons l'entière collaboration des provinces. Nous obtenons tous les renseignements que nous demandons. Ce n'est pas un problème. C'est la même chose pour ce qui est de nos rapports avec l'OMS.
Ce que la vérificatrice générale demande, je pense, c'est comment nous pouvons en être sûrs tant que des protocoles d'entente ne sont pas signés. Le problème est que les protocoles d'entente prennent du temps à cause des questions juridiques et autres. S'il y a quelque chose de nouveau, si nous recevons un appel ce jour-là, les médecins-hygiénistes en chef vont commencer à faire des rapports. Cela n'a pas posé de problème depuis quatre ans et demi que l'agence existe.
Le mot clé est qu'il « pourrait » y avoir un problème. On signale un risque potentiel ce qui est, je pense, parfaitement légitime. C'est en partie la raison pour laquelle nous cherchons à conclure tous ces accords le plus rapidement possible. Encore une fois, ils doivent rendre les choses plus claires et plus formelles et nous permettre d'être sur la même longueur d'onde dans toute la mesure du possible. Entre-temps, nous n'avons pas eu de difficulté. Nous avons dû résoudre de nombreux problèmes, et nous l'avons fait avec succès avec nos partenaires.
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Dans les budgets précédents, l'agence a reçu des fonds pour la préparation et la planification d'une pandémie, etc. Cela nous a beaucoup aidés pour progresser sur le plan de la surveillance et prendre toutes sortes de mesures pour nous préparer à faire face à une pandémie.
Le laboratoire national, qui se trouve à Winnipeg, est le laboratoire de référence. Là encore, il y a eu une bonne collaboration avec les laboratoires de tout le pays, tant les laboratoires provinciaux que les autres. Nous faisons les tests de référence afin qu'ils puissent mener leurs tests jusqu'à un certain point, après quoi nous les poursuivons.
Il reste encore beaucoup de travail à faire. Je ne veux pas faire preuve de naïveté, car nous trouvons toujours quelque chose de nouveau. Chaque année, il y a des nouvelles maladies qui sont découvertes et des nouveaux moyens que nous pouvons utiliser, mais nous continuons à réaliser des progrès.
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Merci, monsieur le président.
Ces dernières semaines, nous avons examiné les transferts interprovinciaux ainsi que les transferts entre le gouvernement fédéral et les provinces et les champs de compétence fédéral et provinciaux.
Je tiens à vous remercier, docteur Butler-Jones et monsieur Maxwell, de parler avec nous des maladies infectieuses.
Je voudrais faire suite aux questions de Mme Crombie concernant la situation internationale. Le livre le plus terrifiant que je me souviens d'avoir lu est La variété andromède. Les microbes ne connaissent pas de frontières. J'ai l'impression que le SRAS est venu de Chine; le virus du Nil occidental, d'Afrique, le SIDA d'Afrique et la fièvre Ebola du Congo, je crois. Le problème est double en ce sens que vous n'avez aucun contrôle sur la façon dont les autres pays réagissent et que si quelqu'un décidait de se servir d'une arme bactériologique, vous ne pourriez rien faire pour l'éviter.
Dans ce contexte pessimiste, j'ai trois questions à vous poser.
Une bonne partie de ce que j'ai lu dans le chapitre 5 du Rapport de la vérificatrice générale concernait l'Organisation mondiale de la santé. Comme première question, ne serait-il pas souhaitable d'allonger la liste des pays qui font partie de l'OMS? Pour des raisons que je ne comprends pas, Taiwan a été exclu. Ne serait-il pas souhaitable que Taiwan en fasse partie, ainsi que d'autres pays?
Ma deuxième question porte sur la façon dont vous faites face à la situation. Vous avez dit, je pense, que d'autres pays s'adressent à vous pour obtenir des rapports, ce qui semble être un excellent compliment à l'égard de ce que nous faisons dans ce domaine, mais comment faites-vous avec ces différents niveaux de compétence?
Troisièmement, je voudrais savoir si vous avez tiré certaines leçons de votre participation au niveau international.
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Je vous remercie pour ces questions.
Une des conséquences du SRAS a été la mise en place de règlements internationaux sur la santé qui confèrent certaines responsabilités aux gouvernements.
Nous gérons le système de surveillance international et, je le répète, l'OMS dit que nous lui signalons de 40 p. 100 à 60 p. 100 des notifications qu'elle reçoit. Avant, c'était 80 p. 100. Par conséquent, la situation évolue. Les pays exercent une surveillance plus serrée, en partie parce qu'ils préfèrent que les problèmes soient découverts par eux plutôt que par nous.
Pour ce qui est de l'Organisation mondiale de la santé, l'adhésion à cet organisme est une question politique. Je préfère l'éviter, mais nous travaillons avec Taiwan, d'autres pays en font autant ainsi que l'OMS. Taiwan siège aux comités, etc. et fait partie de la communauté mondiale. Comme vous l'avez dit, du point de vue de la santé publique, nous faisons un partage d'information, un échange de technologie, ce genre de choses, avec divers pays, dont certains sont plus stratégiques que d'autres. Comme je l'ai déjà dit, nous avons un agent établi à Pékin à cause du risque de nouvelles maladies émergentes en provenance de cette région du monde.
Pour ce qui est des leçons à en tirer, la SRAS nous a tous réveillés. Nous ne pourrons jamais éliminer complètement les risques. La nature est fondamentalement inventive; il y aura toujours des surprises. Pendant et avant la crise du SRAS, le SRAS était une pneumonie atypique. À l'époque, lorsque les gens présentaient une pneumonie atypique, dans 60 p. 100 des cas, nous n'avions aucune idée de la nature du microbe, mais pour le SRAS, nous l'avons découvert grâce à un effort concerté de la part de notre laboratoire et d'autres laboratoires. Mais il y a beaucoup d'autres maladies sur la planète. Il y aura toujours des surprises, mais c'est pourquoi nous faisons cette préparation générale, cette planification, etc., afin de pouvoir contrer la maladie qui se présentera.
En plus du fait qu'il y aura toujours des surprises, il y a la question de la connectivité. Les personnes qui sont mortes du SRAS sont, dans l'ensemble, celles qui souffraient d'une maladie chronique sous-jacente. Par conséquent, si nous n'améliorons pas la santé de base de la population, nous ne lutterons jamais efficacement contre les maladies infectieuses.
Depuis le SRAS, il y a un certain niveau de… Nous n'avons pas encore atteint notre but et je ne veux pas minimiser les difficultés que présente le travail intergouvernemental, etc., mais je n'ai jamais vu, depuis 25 ans, autant de bonne volonté pour collaborer et travailler ensemble entre pays et à l'intérieur des pays et dans notre cas, au sein de notre fédération. Cela ne veut pas dire qu'il ne reste pas du travail à faire, mais cela me donne espoir quant à la bonne volonté et même la transparence relative des autres pays si nous comparons la situation actuelle avec celle d'il y a cinq ans. Le fait qu'ils soient prêts à parler de leurs échecs et pas seulement de leurs succès est également un signe encourageant.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais, pour mon second tour, revenir sur ce que vous avez dit tout à l'heure. Quand vous avez parlé des protocoles d'entente, des autres normes et des dispositions qui ne sont pas encore en place, vous m'avez donné l'impression que nous n'avons pas besoin d'un Dr David Butler-Jones ou d'un bureaucrate de haut niveau pour administrer ces questions. Ce dont nous avons besoin c'est d'un général Patton américain qui laissera tomber tout le fatras inutile et qui s'attaquera au coeur du problème. Personne ne manquera une échéance et le travail sera fait.
Il y a deux façons d'envisager la situation. D'une part, il est absolument vrai qu'il y a beaucoup de paperasserie inutile inventée par les bureaucrates qui veulent se créer du travail. D'autre part, il y a le fait que les mécanismes de rapport, les ententes, les normes et autres dispositions sont peut-être importants pour protéger la santé des Canadiens.
Dans son rapport, la vérificatrice générale dit, en choisissant bien ses mots:
Ces normes permettent de définir, de déclarer et de documenter de façon uniforme les cas de maladies infectieuses au pays. Elles sont essentielles pour obtenir rapidement des données exactes sur l'apparition d'une éclosion, connaître les tendances à l'échelle nationale ainsi que pour planifier et évaluer les mesures de contrôle de façon uniforme.
Elle emploie délibérément le mot « essentielles ». Vous avez employé délibérément les mots « non essentielles » — je n'ai pas le libellé exact, mais je m'en remettrai au hansard — quand vous avez dit que le but ultime est d'obtenir l'information nécessaire et qu'il s'agit de voir si toutes ces choses ont été faites.
Je suis troublé par le contraste entre la vérificatrice générale qui dit que c'est essentiel et vous qui dites que ce n'est pas essentiel — ce sont vos paroles — car je me demande si vous comprenez notre point de vue ou si vous allez simplement faire une croix sur la journée d'aujourd'hui et continuez comme vous avez l'habitude de le faire.
Pour défendre sa position, la vérificatrice générale déclare au paragraphe 5.86: « Dans sa forme actuelle, l'accord est principalement un énoncé de principe, ce qui n'est pas suffisant pour assurer le partage rapide de données complètes entre l'agence et les provinces et les territoires relativement aux risques et aux urgences. »
Et elle ajoute, au paragraphe 5.99:
En cas d'urgence en santé publique, l'agence risque de ne pas être en mesure d'obtenir les données nécessaires pour évaluer la situation dans les 48 heures et d'aviser l'Organisation mondiale de la santé dans les 24 heures ainsi que de la tenir informée de l'évolution de la situation si aucun accord de partage des données n'est signé avec les provinces et les territoires.
La vérificatrice générale dit au Comité des comptes publics que c'est essentiel. Vous êtes venu nous dire, en tant qu'administrateur en chef de la santé publique, que ce n'est pas essentiel. Où est la vérité, docteur?
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Elle se trouve entre les deux. Si ce n'était pas clair quand je l'ai dit, la chose la plus essentielle est d'obtenir l'information et non pas l'entente.
L'agence a commencé par s'assurer d'avoir de bonnes relations avec les provinces et les territoires ainsi que tous nos autres collègues afin qu'il suffise de faire un appel téléphonique pour résoudre un problème. Sinon, vous aurez beau avoir une réglementation en place, un protocole d'entente et des échéanciers, vous devrez attendre 48 heures pour qu'on vous envoie l'information au lieu de passer un simple coup de fil.
Nous avons des définitions de cas normalisées . Vous mélangez un certain nombre de choses à propos de cette déclaration. Nous avons des définitions de cas normalisées. Nous faisons tous rapport des mêmes choses. Le problème est qu'il faut du temps pour conclure des protocoles d'entente. N'importe quel accord FPT prend du temps. Nous prenons cela très au sérieux. Nous voulons que ces accords soient mis en place. Nous sommes d'accord avec la vérificatrice générale. Nous l'avons dit. Je parle seulement de la réalité.
Aux États-Unis, il y a le Surgeon General — et je suis l'équivalent du Surgeon General et chef du CDC — qui n'a aucun pouvoir sur les États pour leur ordonner de faire quoi que ce soit.
Il faut s'assurer que le système fonctionne et nous allons conclure ces accords pour le renforcer. Une spécificité plus grande est absolument essentielle. Je suis entièrement d'accord sur ce point. En réalité, je veux m'assurer d'obtenir tous les renseignements nécessaires, un point c'est tout. Nous allons travailler sur les protocoles, mais je ne vais pas y consacrer mon temps avant d'obtenir l'information requise.
Je veux simplement dire que j'apprécie de pouvoir vous rencontrer ici aujourd'hui et de vous écouter. Bien entendu, cela inquiète un certain nombre de gens. Il est question de la santé publique; c'est toujours un sujet de préoccupations pour nous tous. Vous avez dit qu'il y aura toujours des surprises. À cause des voyages, à cause du commerce mondial, je suppose que les surprises seront plus fréquentes. À cause de la pauvreté et de certaines choses qui se passent dans le monde et qui ne sont pas aussi courantes au Canada, je suppose que ces surprises ne seront pas toujours faciles à détecter, et je le comprends.
La vérificatrice générale parle notamment au paragraphe 5.17, à la page 8 des maladies à déclaration obligatoire au niveau national. Les 60 principales maladies constituaient la liste mise à jour publiée en octobre 2006 et les provinces et territoires ont accepté de déclarer volontairement ces maladies à l'agence. Comment cette liste est-elle surveillée? Est-elle continuellement mise à jour? Certaines de ces maladies suscitent-elles des inquiétudes? Lorsque nous n'arrivons pas à détecter une maladie, c'est toujours préoccupant. Craignez-vous de réagir trop vite face à une situation qui n'est pas vraiment problématique, mais qui pourrait devenir un sujet d'inquiétude au niveau national?
Je vais en rester là pour le moment.
J'ai quelques brèves questions.
Il ressort de la vérification que la surveillance nationale était toujours faible, que de nombreux systèmes ne comprenaient pas d'information à jour, précise et complète sur les maladies infectieuses et qu'en 2004, depuis la création de l'Agence de la santé publique, l'agence n'a signé qu'un accord, en 2007, avec l'Ontario, pour adopter une approche normalisée à l'échelle nationale pour la déclaration des maladies.
Vous avez donné un exemple de ce qui s'est passé dans le nord de l'Ontario où vous avez pu trouver la source du problème, la personne en question. Pourriez-vous me dire si c'était une question de bonne volonté ou de chance ou parce que les systèmes étaient en place? Le rapport de vérification mentionne que vous vous êtes fiés aux renseignements obtenus de la province, ce qui se basait sur la bonne volonté.
Quelle stratégie nationale avons-nous? Quels sont les systèmes en place? Je suppose que tout le monde en parle, mais nous ne voyons rien de tangible. Vous avez pu résoudre des problèmes, mais après le SRAS, nous n'avons toujours pas de stratégie nationale ou d'approche normalisée pour recueillir et diffuser l'information, pour essayer d'informer immédiatement tous les intervenants de ce que pourrait être la nature du problème.
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Merci. Je commençais à me sentir un peu délaissé.
Des voix: Oh, oh!
M. Neil Maxwell: Merci pour cette question.
Plusieurs questions ont été posées qui nous ramènent, je pense, à la question suivante: quelle est l'importance de tous ces accords? Nous disons dans le rapport qu'ils sont essentiels et ils le sont. Ce qui est vraiment important, je pense, ce sont tous les contacts directs, les relations et les réseaux qui ont été créés. D'importants réseaux sont en place et c'est là une réalisation importante de la part de l'agence, mais cela ne suffit pas. C'est important, mais ces accords sont également importants.
Ce qui nous a préoccupés au cours de notre vérification — je vous remercie d'avoir mentionné ce cas particulier — c'est qu'en ce qui concerne la collecte régulière de données de surveillance en dehors de situations d'urgence comme le SRAS, l'accord conclu avec l'Ontario est le seul qui existe. Il a été signé au bout de deux années de tractations très difficiles pendant lesquelles la Province de l'Ontario s'inquiétait de la capacité de l'agence à protéger les renseignements personnels. À cause de ces préoccupations, la Province de l'Ontario ne fournissait plus des renseignements aussi détaillés qu'avant et il y a donc eu des interruptions.
Pour ce qui est des urgences, comme l'a dit le Dr Butler-Jones, le fait d'avoir conclu un protocole d'entente avec tous les niveaux de gouvernement au sujet du règlement sanitaire international est une réalisation importante. Nous y avons vu une première étape positive, mais comme vous le savez, ce sont les détails qui comptent. Il est important de mettre en place des protocoles qui guideront l'intervention dans une situation d'urgence.
Enfin, toujours pour souligner l'importance des accords, je me souviens du rapport que David Naylor a présenté au lendemain de la crise du SRAS. Naylor a notamment conclu que ces accords étaient très importants et qu'un grand nombre des problèmes du SRAS étaient dus, en fait, à l'absence de protocoles et d'accords et au fait qu'on comptait trop sur la bonne volonté.
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En ce qui concerne les indicateurs de rendement, c'est une question sur laquelle je reviendrai.
Il y a d'abord l'interconnexion. C'est l'OMS. Lorsque nous obtenons des renseignements sur un pays, nous les envoyons à l'OMS, qui travaille ensuite avec ce pays.
De plus, un autre avantage dont nous disposons depuis le SRAS est la création de l'Association internationale d'agences nationales de santé publique, les CDC de la planète, les agences du monde dans les pays en développement et industrialisés. La plupart de ces pays en font maintenant partie.
La Gates Foundation apporte un financement pour permettre aux pays en développement d'y avoir accès. Il s'agit de renforcer la capacité de santé publique et l'expertise dans ce domaine, mais c'est aussi une question d'échange d'information. J'ai dans le monde des homologues que je connais et à qui je peux téléphoner directement, au lieu de passer par leur gouvernement, pour leur demander ce qui se passe vraiment. C'est utile. Je sais que cela ne garantit rien, mais c'est certainement une source d'information supplémentaire.
Pour ce qui est des indicateurs de rendement, cela va être fait cette année.
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Merci, monsieur le président.
Docteur Butler-Jones, j'ai écouté très attentivement ce que vous avez dit et j'ai lu vos rapports. Je pense que certains de mes collègues du comité s'inquiètent du fait que ces rapports portent uniquement sur le processus, de même que vos observations et que vous vous occupez surtout des communications. Bien entendu, ce qui nous intéresse et ce qui intéresse le public ce sont les résultats de ces processus.
Je vais revenir sur certains sujets que mes collègues ont abordés en partie et si vous pouviez me donner une réponse détaillée, je l'apprécierais vivement.
Vous avez dit une chose qui m'a vraiment impressionné. Vous avez dit qu'il faut juger sur pièces. Ensuite, et j'aimerais que ce soit dans le rapport, car si c'était le cas il nous aurait donné meilleure impression, vous avez dit: « Les médecins-hygiénistes en chef me téléphonent pour me dire qu'ils ont un problème ».
J'ai fait beaucoup de recherche sur la sécurité des médicaments prescrits sur ordonnance et je sais que lorsque quelqu'un tombe malade ou meurt après avoir pris un médicament, personne n'appelle qui que ce soit. Je sais donc que lorsque le médecin-hygiéniste en chef vous appelle, c'est vraiment important, mais je voudrais savoir ce qui se passe ensuite. Je crois que vous jouez surtout un rôle au niveau des communications, mais qu'arrive-t-il ensuite? En cas d'épidémie comme celle du SRAS, que feriez-vous et que se passerait-il, étape par étape, après avoir reçu un appel d'un médecin-hygiéniste en chef? Ensuite, je voudrais savoir quel résultat cela donnerait cette fois-ci. La dernière fois, 44 personnes sont mortes. Quarante-quatre familles ont perdu un être cher. Pouvez-vous dire qu'il y aurait beaucoup moins de décès? Quel serait maintenant le résultat dans une situation similaire? Cela nous donnerait une idée des progrès que vous avez réalisés.
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Je vous remercie pour cette question sur un sujet autre que les maladies infectieuses, car le mandat de l'agence couvre la santé publique dans son ensemble.
Nous avons des ententes avec les provinces et les territoires. Nous accordons un financement pour la vie saine. Nous avons une entente FTP sur une stratégie de vie saine ainsi que des objectifs. Les ministres ont convenu de cibler des plans d'activité physique pour les enfants et les adultes. Nous sommes en train d'élaborer des plans avec nos homologues pour atteindre nos objectifs.
Vous m'avez peut-être déjà entendu le dire, mais compte tenu des tendances de ces 20 dernières années et du phénomène de l'obésité, surtout chez les enfants, un des énormes défis à relever est que la génération d'enfants actuels risque d'être la première à ne pas vivre aussi longtemps ou en aussi bonne santé que ses parents. Cela représente un défi énorme. En fait, c'est très simple: la différence entre une canette de boisson gazeuse de 10 onces et une autre de 20 onces, c'est 10 ou 15 livres de plus par année. Les choses sont très simples à ce niveau-là, mais les problèmes sous-jacents sont beaucoup plus complexes. En fait, c'est un problème qui touche l'ensemble de la société et pas seulement une question de santé publique.
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Ma prochaine requête vise à nous aider à comprendre le rôle des provinces et celui du gouvernement fédéral. Vous avez dit un peu plus tôt que vous avez conclu des ententes.
Pourriez-vous dresser la liste des ententes conclues avec les provinces et celles qui sont en voie de l'être, ou encore nous indiquer s'il y a d'autres domaines dans lesquels il y a des ententes spécifiques?
Un des vos défis sera justement la capacité de vous adapter, parce que le contexte des maladies est en constante évolution. Par conséquent, les données dont vous avez besoin aujourd'hui ne seront peut-être pas nécessairement les mêmes dans l'avenir.
Pourriez-vous nous faire parvenir un exemple de protocole d'entente qui précise le rôle des provinces et l'entente concernant la gestion des renseignements, pour déterminer votre flexibilité en cette matière?
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J'aurais une ou deux choses à dire.
En ce qui concerne le Réseau de santé publique qui est un réseau fédéral-provincial, il y a des documents qui précisent le rôle du réseau, le genre de comités, la façon de procéder, la façon de prendre des décisions, qui est responsable.
De plus, nous avons divers protocoles d'entente concernant la vie saine et autres sujets avec les provinces, car nous cofinançons ces programmes. Par exemple, au Québec, nous nous mettons d'accord sur les projets que nous allons financer. Nous faisons la même chose avec d'autres provinces ou territoires. C'est donc assez varié d'un domaine à l'autre.
Une des choses que nous avons faite lorsque nous avons créé l'agence est que nous avons reconnu le rôle essentiel des provinces et des territoires. Quelle est la valeur ajoutée que nous apportons au système? C'est sur le plan de l'expertise, de la coordination, des pratiques exemplaires, afin que chacun n'ait pas à tout découvrir de son côté. Nous déployons des capacités spécialisées et nous travaillons pour faire en sorte que l'ensemble du système soit le plus efficace possible et que nous soyons en mesure de déceler les lacunes, par exemple.
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Je pourrais vous donner une très longue réponse, mais en deux mots, nous prenons la situation au sérieux. Nous avons perdu 20 ans. Pour remédier à ce problème, il ne faut pas nécessairement dépenser beaucoup d'argent, mais réfléchir à la façon dont nous investissons, à la façon dont nous prenons nos décisions, à ce que nous faisons, aux choses qui aident les enfants à être actifs, qui les aident à faire des choix plus sains dans les écoles, etc. C'est à tous les niveaux du système qu'il faut y réfléchir.
Si vous demandez aux enfants — un sondage a été publié récemment — ce qu'ils font après l'école et ce qu'ils veulent faire après l'école, en réalité, ils voudraient être beaucoup plus actifs, mais ils n'ont pas d'endroits accessibles et sûrs pour le faire, par exemple. Si vous vivez dans un quartier où il y a des espaces verts, vous êtes en meilleure santé que ceux qui vivent là où il n'y en a pas. Un point c'est tout.
Cela dépend donc de la façon dont nous planifions nos villes, dont nous investissons. Avons-nous des endroits accessibles et sûrs pour permettre aux gens de marcher ou de faire de la bicyclette? Quand vous allez à l'école, les frites avec de la sauce coûtent-elles moins cher qu'une pomme?
J'en resterai là, car il y a toutes sortes de petites choses à faire. Il faut être conscient de tous ces liens.
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Nous pourrions poursuivre pendant deux heures de plus, si nous le voulions. C'est une question très importante.
Quoi qu'il en soit, chers collègues, au nom de tous les membres du comité, je tiens à vous remercier tous pour votre présence ici aujourd'hui.
Docteur Butler-Jones, vous avez certainement un travail très difficile et très important. C'est un travail qui intéresse énormément tous les Canadiens. Encore une fois, je tiens à vous remercier infiniment.
Il nous reste quelques minutes et avant de lever la séance je voudrais demander à M. Maxwell ou au Dr Butler-Jones s'ils ont quelque chose à dire en guise de conclusion.
Monsieur Maxwell, vous pouvez commencer.
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Merci, monsieur le président. Sachant qu'il vous reste quelques minutes, je vais en profiter.
Nous avons été très satisfaits des questions et de l'intérêt que le comité manifeste. J'aimerais souligner certaines choses.
Je crois que la discussion a surtout porté, à juste titre, sur le plan d'action et les mesures qui sont prises. Comme cette vérification est maintenant terminée depuis presque un an, c'était sans doute les bonnes questions à poser.
Un des membres du comité a mentionné, je crois, qu'il faudrait voir où en sont les choses dans deux ans. Étant donné l'importance du sujet, il serait sans doute souhaitable, je pense, d'obtenir de l'agence des mises à jour périodiques. Il est inévitable qu'au début on agisse surtout au niveau des systèmes et des processus. Certaines des améliorations qui ont été apportées devraient générer le genre de renseignements qui devrait commencer à donner des résultats quand les évaluations des programmes seront faites.
Je pense que votre comité devrait pouvoir obtenir bientôt de l'agence une idée très concrète des résultats obtenus.
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Je remercie beaucoup le comité et je vous remercie pour vos questions précises. Je les prends au sérieux. Comme je l'ai dit au départ, ce sont des choses importantes pour nous et nous y travaillons.
J'essaie de parler du point de vue pratique, mais notre détermination et nos efforts sont tout aussi importants. Je me ferais un grand plaisir de revenir dans un an, si vous le désirez, ou de vous fournir quelque chose par écrit pour aider le comité.
Comme Neil l'a dit, j'apprécie beaucoup l'intérêt que le comité porte à cette question. C'est important pour nous.
Je travaille dans le domaine de la santé publique depuis plus de 25 ans et je dois dire que le simple fait qu'on prenne ces questions au sérieux augure bien pour la santé et le bien-être du public, même si nous ne sommes pas d'accord sur chaque aspect. Je l'apprécie vraiment.