:
Merci, monsieur le président.
Nous sommes heureux de vous présenter notre rapport du printemps 2009, qui a été déposé à la Chambre des communes mardi dernier. Je suis accompagnée aujourd'hui de John Wiersema, sous-vérificateur général, de Doug Timmins et Wendy Loschiuk, vérificateurs généraux adjoints.
Notre mission consiste à fournir aux parlementaires, en toute indépendance, de l'information fiable, à savoir si le gouvernement fédéral gère et dépense bien l'argent des contribuables et s'il tient ses engagements en matière d'environnement et de développement durable.
Avant d'entrer dans le détail de chacune de nos vérifications, j'aimerais soulever une question qui influe sur tous nos travaux. Il s'agit de la méthode utilisée par le gouvernement pour documenter son analyse des initiatives stratégiques que lui soumettent les ministères et organismes.
[Français]
Les organismes centraux ont un rôle important à jouer. Ils doivent s'assurer que les politiques et les recommandations soumises au Cabinet ont été analysées à fond. Au cours d'une des vérifications présentées dans ce rapport, nous avons voulu savoir si cette analyse avait été faite. Nous ne voulions pas remettre en question les recommandations et les décisions prises, mais seulement constater qu'il y avait bel et bien eu une analyse.
On nous a dit qu'une analyse avait été faite, mais que les seules preuves à cet égard se trouvaient dans les recommandations au Conseil du Trésor et au Cabinet, documents que nous ne voyons pas et que nous ne souhaitons pas voir. Nous estimons que les documents d'analyse devraient être préparés de telle sorte qu'ils puissent être mis à notre disposition.
Je recommande vivement au gouvernement de veiller à ce que toute analyse pertinente soit documentée et conservée dans les systèmes d'information. Si cette analyse ne nous est pas fournie, j'en conclus forcément qu'elle n'a pas été effectuée.
Monsieur le président, passons maintenant à notre rapport de mardi dernier. Permettez-moi d'abord de vous présenter notre vérification de l'utilisation par le gouvernement de l'analyse comparative entre les sexes dans ses politiques et ses programmes.
[Traduction]
L'analyse comparative entre les sexes sert à évaluer comment les initiatives en matière de dépenses et les propositions de politiques peuvent avoir des effets différents sur les femmes et les hommes. En 1995, le gouvernement fédéral s'est engagé à instaurer l'analyse comparative entre les sexes dans tous ses ministères et organismes. Cependant, il ne l'a pas rendue obligatoire. Notre examen de sept ministères a montré que certains ministères et les organismes centraux s'efforcent de tenir compte des différences entre les sexes dans la conception de leurs programmes. Néanmoins, l'engagement pris en 1995 n'a toujours pas été mis en oeuvre.
Affaires indiennes et du Nord Canada est clairement un chef de file en la matière, car il est le seul ministère à avoir pleinement mis en oeuvre les éléments d'un solide cadre d'analyse comparative entre les sexes. Par contre, Transports Canada et Anciens Combattants Canada n'ont pas établi de cadre à cet égard.
[Français]
Notre examen nous a permis de constater que, parmi les ministères qui effectuent des analyses comparatives entre les sexes, très peu d'entre eux peuvent démontrer qu'ils tiennent réellement compte des résultats de ces analyses lors de la conception des politiques publiques. La présentation au Cabinet et au Conseil du Trésor renferme peu de renseignements sur les répercussions particulières des politiques sur les hommes et les femmes.
Le gouvernement a reconnu que ses décisions en matière de politique peuvent avoir des incidences différentes sur les hommes et les femmes, et il devrait respecter l'engagement pris il y a déjà longtemps de tenir compte de ces différences quand il conçoit des politiques et des programmes.
Passons maintenant à la gestion de la propriété intellectuelle du gouvernement du Canada. La propriété intellectuelle comprend les droits protégés par la loi, comme les brevets et les droits d'auteur, dans les domaines industriel, scientifique, littéraire ou artistique. La propriété intellectuelle résulte soit des activités que mène directement le gouvernement fédéral, soit de celles qu'il confie au secteur privé en vertu de contrats de biens ou de services.
La propriété intellectuelle est un actif de grande valeur qui peut procurer des avantages sociaux et économiques à la population canadienne. Par exemple, le Conseil national de recherches du Canada a mis au point un vaccin contre la méningite qui est utilisé au Canada et dans le monde entier. En plus de ses bienfaits pour la santé, ce vaccin a rapporté plus de 25 millions de dollars au conseil.
[Traduction]
Nous avons constaté que, malgré l'importance des sommes qu'ils consacrent aux sciences et à la technologie, Santé Canada et Pêches et Océans Canada ont reconnu très peu de propriété intellectuelle résultant du travail de leurs scientifiques et de leurs chercheurs. Aucune des organisations ayant fait l'objet de notre vérification ne repère ni ne signale adéquatement la possibilité que le travail effectué à contrat puisse produire une propriété intellectuelle.
De plus, la politique du gouvernement exige que, sauf certaines exceptions précises, les entrepreneurs conservent les droits sur la propriété intellectuelle qui résulte de leurs activités effectuées à contrat afin d'accroître les possibilités d'exploitation commerciale. Pourtant, dans plus de la moitié des contrats examinés pour lesquels des éléments de propriété intellectuelle avaient été signalés, Santé Canada et Pêches et Océans Canada ont gardé ces droits, souvent sans justification raisonnable.
Nous avons relevé quelques pratiques exemplaires au Conseil national de recherches que les autres ministères et organismes pourraient adopter pour améliorer leur propre gestion de la propriété intellectuelle.
[Français]
Le présent rapport examine également la façon dont le gouvernement fédéral protège la santé et assure la sécurité de ses employés qui travaillent dans les immeubles gérés par Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Le ministère administre plus de 1 400 immeubles dans toutes les régions du pays, et plus de 230 000 fonctionnaires y travaillent. Il revient à chaque ministère de veiller à la santé et à la sécurité des personnes qui travaillent dans ces immeubles.
Parmi les ministères fédéraux que nous avons vérifiés, nombreux sont ceux qui ne comprenaient pas bien leur rôle et responsabilités en ce qui a trait à la planification en matière de sécurité incendie. Bien que les ministères soient tenus de mener chaque année des exercices d'évacuation en cas d'incendie, ils n'ont pas pu prouver que de tels exercices avaient eu lieu dans 18 des 54 immeubles visés par notre vérification.
[Traduction]
Nous avons également constaté que, pour la plupart des immeubles visés par cette vérification, les ministères n'avaient pas soumis de plans de sécurité en cas d'incendie au Programme de travail de Ressources humaines et Développement des compétences Canada. Lors de la vérification et en réponse aux lettres que nous avions envoyées aux ministères pour leur signaler la gravité des lacunes que nous avions relevées, bon nombre d'entre eux ont pris des mesures correctives.
De plus, nous avons constaté que Travaux publics et Services gouvernementaux a établi des politiques claires pour gérer l'état des immeubles à bureaux qu'il administre. Toutefois, il n'a pu démontrer qu'il corrige systématiquement les défectuosités hautement prioritaires qui sont notées dans ces immeubles. Le gouvernement fédéral doit protéger la santé et la sécurité de ses employés. Il a adopté de bonnes politiques et il devrait voir à ce que les ministères les respectent.
[Français]
Retournons maintenant au chapitre 4. Il y a une question dont nous avons pris connaissance lors de nos vérifications des états financiers de l'Agence du revenu du Canada. Au cours des trois dernières années, l'agence a dépensé plus de 90 millions de dollars en frais d'intérêt évitables. Ces frais d'intérêt sont liés aux acomptes élevés qu'un certain nombre de sociétés laissent en dépôt à l'agence. L'agence doit s'assurer de ne pas payer des frais d'intérêt élevés, si elle peut éviter de le faire. Elle sait depuis des années que certaines sociétés peuvent laisser des soldes importants dans leur compte pour profiter de taux d'intérêt favorables.
[Traduction]
L'Agence du revenu du Canada doit se doter d'une politique administrative ferme pour gérer les acomptes versés et appliquer celle-ci de manière uniforme pour réduire les frais d'intérêt évitables.
Nous avons également examiné les méthodes de gestion financière du ministère de la Défense nationale. La Défense nationale dispose d'un budget annuel de 19 milliards de dollars et gère du matériel, des stocks et des biens immobiliers d'une valeur de plus de 33 milliards de dollars partout dans le monde.
Les décisions financières du ministère ont des répercussions à long terme, non seulement sur son organisation, mais aussi sur la sécurité nationale. Même si la Défense nationale a pris des mesures pour améliorer la gestion et le contrôle financiers, ses systèmes et ses méthodes ne permettent pas de prendre des décisions financières éclairées à moyen et à long terme. Le ministère a besoin de méthodes de gestion financière sophistiquées pour répondre à ses besoins, étant donné la complexité de ses opérations.
[Français]
Le ministère n'a pas de plan opérationnel qui met en rapport ses investissements, ses activités et la stratégie de défense « Le Canada d'abord ». De plus, nous n'avons trouvé aucune preuve que la haute direction est régulièrement informée de l'état des principaux risques. En plus de veiller à obtenir une information pertinente, la haute direction de la Défense nationale doit s'investir davantage dans la gestion financière. Il faudra un leadership et un engagement solides pour opérer les changements qui s'imposent.
[Traduction]
La prochaine question a été portée à notre attention en août 2006 par Ressources naturelles Canada. En réponse aux préoccupations soulevées par les vérificateurs internes du ministère, nous avons examiné cinq accords de contribution. Nous avons constaté qu'il existait un conflit d'intérêts grave. Un consultant qui avait collaboré avec le ministère à la création de deux programmes de contribution travaillait également pour le compte d'organismes qui recevaient un financement dans le cadre des mêmes programmes. Nous sommes très préoccupés par le fait que le ministère, alors qu'il était au courant de tous les éléments de la situation, a conclu des accords de contribution sans relever ce conflit d'intérêts évident.
[Français]
De plus, Ressources naturelles Canada a effectué des paiements de plus de 3,2 millions de dollars à un organisme dont ce même consultant était le président. Pourtant, il y avait des preuves que l'organisme en question était insolvable et qu'il ne payait pas ses sous-traitants. Il s'agit là d'une violation des modalités des accords de contribution. Ressources naturelles Canada doit élaborer des politiques et des directives sur les conflits d'intérêts pouvant résulter des accords de contribution, pour éviter que ce genre de situation ne se reproduise.
[Traduction]
Enfin, nous présentons également les points saillants des examens spéciaux de huit sociétés d'État que nous avons effectués en 2008. Nous avons noté plusieurs lacunes importantes pour trois de ces sociétés. Les sociétés d'État représentent une part importante de l'activité du gouvernement fédéral. Elles emploient environ 92 000 personnes et gèrent des actifs de plus de 185 milliards de dollars. Elles rendent compte au Parlement par l'entremise de leur ministre de tutelle. Les examens spéciaux sont pour elles des mécanismes redditionnels importants.
Le rapport qui a été déposé mardi dernier comprend deux chapitres du commissaire à l'environnement et au développement durable. Malheureusement, le commissaire ne peut pas être ici aujourd'hui. En son nom, j'aimerais prendre quelques minutes pour résumer les résultats de ces deux chapitres pour vous.
Je vais d'abord vous parler du chapitre intitulé « La protection de l'habitat du poisson ». Nous avons examiné le rôle que jouent deux ministères fédéraux, Pêches et Océans Canada et Environnement Canada, en matière de protection de l'habitat du poisson. L'habitat du poisson est une richesse nationale. En plus de nourrir la faune aquatique et de lui procurer un milieu de vie, il nous fournit l'eau que nous buvons. Nous avons constaté que les efforts déployés pour protéger l'habitat du poisson ont été inadéquats. La Politique de l'habitat est en place depuis 23 ans. Or, certains de ses volets n'ont pas été mis en oeuvre, et d'autres ne l'ont été que partiellement. Ces lacunes peuvent menacer l'habitat du poisson.
Nous avons constaté que les renseignements sur l'état de l'habitat du poisson au Canada sont limités. Pêches et Océans Canada ne sait pas si les mesures qu'il prend atteignent l'objectif de la Politique de l'habitat, c'est-à-dire de contribuer à un gain net relativement à l'habitat du poisson.
Environnement Canada n'a pas établi comment remplir toutes ses responsabilités aux termes de la Loi sur les pêches, notamment celles liées à l'interdiction de déverser des substances nocives, tels des polluants, dans les eaux où vivent des poissons. Nous avons constaté qu'Environnement Canada ne dispose pas d'une approche systématique qui lui permette de concentrer ses ressources là où des dommages importants sont le plus susceptibles de se produire.
[Français]
Enfin, nous avons constaté que lorsqu'il s'agit d'établir des priorités ou des critères communs pour protéger l'habitat du poisson, les deux ministères coordonnent peu leurs efforts de façon formelle.
La Loi sur les pêches compte parmi les plus importantes lois adoptées par le gouvernement fédéral pour promouvoir la protection et la conservation de l'environnement. Nous sommes inquiets de constater que bien des questions soulevées lors de notre vérification reviennent sur le tapis depuis plusieurs années. Pourtant, elles ne sont toujours pas réglées.
Passons maintenant au chapitre intitulé « La Loi de mise en oeuvre du Protocole de Kyoto ». Le Parlement a adopté cette loi en 2007. Elle oblige le gouvernement à établir chaque année un plan qui montre comment le Canada respectera ses obligations en vertu du Protocole de Kyoto d'ici à 2012. Elle impose aussi au commissaire de présenter au Parlement des rapports sur les progrès du Canada. Ce rapport est le premier de tous.
Le gouvernement a préparé deux plans concernant les changements climatiques. Ceux-ci fixent des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour la période sur laquelle s'étend le Protocole de Kyoto, soit de 2008 à 2012. Nous avons noté que ces plans ne contiennent pas certains renseignements exigés par la loi.
[Traduction]
Nous avons constaté que le gouvernement ne pourra mesurer les réductions d'émissions réalisées pour chacune des mesures prévues dans ses plans, alors que la loi l'exige. Sans un système pour faire le compte des réductions d'émissions résultant des mesures qu'il aura adoptées, le gouvernement ne pourra informer le Parlement sur leur efficacité. Nous avons aussi constaté qu'Environnement Canada a surestimé les réductions d'émissions de gaz à effet de serre attendues pour la période visée par le Protocole de Kyoto, soit de 2008 à 2012.
Environnement Canada a accepté la plupart de nos recommandations et s'est engagé à y donner suite dans les prochains plans sur les changements climatiques.
Merci, monsieur le président. Voilà qui conclut mes remarques, mais nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci encore de vous être déplacés aujourd'hui.
Je me propose de commencer par le chapitre 1. Celui-ci comporte deux parties. Je parlerai de la question de fond pour commencer, avant de passer éventuellement au processus.
Si je comprends bien ce qui s'est passé, le gouvernement fédéral s'était engagé, lors de la Quatrième Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes, en 1995, à instaurer une analyse comparative entre les sexes. Nous avons donc pris cet engagement en 2005.
Puis, en 2007 et 2008, nous avons produit des rapports et fait des comptes rendus au Comité des Nations Unies sur l'élimination de la discrimination faite aux femmes, dans lesquels nous nous sommes vantés que c'était là une des choses que notre gouvernement et notre pays étaient en train de faire pour aider les Canadiennes. Mais voilà que vous constatez qu'il y a très loin de la coupe aux lèvres et ici, c'est moi qui parle.
Nous nous sommes donc engagés en 1995. Nous nous sommes vantés d'avoir fait quelque chose en 2007 et en 2008. Pourtant, entre ces deux événements, rien ne s'est passé.
Je suis certain que nous allons nous pencher là-dessus, car je n'imagine pas que nous puissions laisser passer la chose sans en traiter dans une de nos séances.
Je suis un peu confus. C'est comme si tout avait bien commencé avec le ministère de la Justice. En lisant cela, je me suis dit que c'était sérieux. On avait mis en place la formation et tout le reste.
Puis, il y a eu dissolution et nous voilà de retour...
Pourriez-vous nous expliquer un peu ce qui s'est passé? Qu'ont-ils fait? Pourquoi est-ce que ça a fonctionné? Avez-vous une idée de la raison pour laquelle on a mis fin à cela?
Ont-ils remplacé par... évidemment pas, par quoi pensaient-ils remplacer cette structure qui faisait du bon travail?
:
Merci, monsieur le président.
Je souhaite moi aussi la bienvenue à nos invités. Comme toujours, vous confirmez l'utilité de votre fonction.
Nous aimons voir une telle diversité de constats qui prouve que le gouvernement fait bien certaines choses, mais qui montre aussi clairement qu'il y a lieu d'apporter des améliorations sur certains plans, qu'il soit question d'apporter de simples ajustements mineurs ou de réévaluer en profondeur la façon et la raison dont nous faisons les choses et où nous les faisons.
Merci beaucoup d'avoir répondu à notre invitation. Il est indéniable qu'après avoir reçu tous ces chapitres qui soulèvent certaines préoccupations, notre comité aura beaucoup de travail afin de formuler des recommandations et de suivre la voie que vous nous avez indiquée.
J'ai deux ou trois choses à dire, les unes bonnes, les autres peut-être moins. Je ne vais pas m'éterniser sur la question du conflit d'intérêts, mais celle-ci pose un véritable problème et j'y reviendrai à un moment donné. Ce qui me préoccupe davantage, c'est ce que vous avez déclaré à ce sujet, c'est-à-dire « Nous sommes très préoccupés par le fait que le ministère, alors qu'il était au courant de tous les éléments de la situation, a conclu ces accords de contribution... »
Si, sans égard au comportement éventuellement fautif d'employés, le ministère persiste sciemment à évoluer dans une direction, il s'agit alors d'une décision gouvernementale. J'espère, très honnêtement, que nous allons étudier cette question à un moment donné.
Merci de l'avoir soulevée. C'est un exemple classique de ce qu'il convient d'améliorer.
D'entrée de jeu, vous avez déclaré avoir constaté certaines pratiques exemplaires au Conseil national de recherches, pratiques que d'autres ministères et organismes pourraient adopter. Je trouve cela très important. Le recensement des problèmes est une chose, mais s'il y a des pratiques positives que l'on pourrait reproduire ou...
Je me demande si vous ne pourriez pas recenser quelques-unes de ces pratiques exemplaires. Seraient-elles transférables à certains ministères ou à tous les ministères grâce à l'application d'un gabarit ou d'un modèle?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
En sommes-nous à une série de cinq minutes, monsieur le président?
Quatre minutes? Oh là!
Bien. Je vais vous poser toutes mes questions et vous pourrez y répondre plus tard.
Mme Sheila Fraser: Oh oh! Quatre minutes de questions.
M. David Christopherson: Vous me connaissez, je parle beaucoup. C'est pour ça que je suis ici.
Parlons du chapitre 3 qui traite de la santé et de la sécurité dans les immeubles à bureaux fédéraux. Mon collègue, M. Kramp, a déjà abordé la question. Au vu des millions et même des milliards de dollars dont on parle, de la question des conflits d'intérêts, des budgets de la défense, de la planification de la guerre et de choses de ce genre, on pourrait très bien négliger cet aspect.
A priori, le fait que ces gens-là ne fassent pas d'exercices d'évacuation incendie paraît plutôt banal. Cependant, en cas de catastrophe et de victimes, la première chose qui serait mentionnée est qu'il n'y a pas eu d'exercices d'évacuation incendie.
Il faut admettre que notre grande priorité, par-delà les programmes que nous administrons, à deux ou trois exceptions près — comme les Forces armées, la GRC et le personnel d'intervention d'urgence — ainsi que notre première obligation envers les gens que nous embauchons pour mettre en oeuvre toutes ces politiques, c'est la santé et la sécurité du personnel. Des centaines de milliers de Canadiens travaillent dans les immeubles dont nous avons la responsabilité et il y a sans doute des millions de gens qui se soucient du sort de ces employés.
Cela étant posé, monsieur le président, je vous exhorte à trouver du temps pour... Ce n'est qu'une suggestion.
J'ai également apprécié les questions posées par M. Desnoyers au sujet de VIA, étant donné l'importance qu'il y aura, dans l'avenir, à assurer le déplacement des Canadiens dans notre grand pays, de même que l'importance que revêtiront les chemins de fer pour l'environnement. Or, ce rapport nous dit que nous sommes aux prises avec des problèmes majeurs.
Je vais recommander à mes collègues que nous consacrions éventuellement une heure à ce rapport, que nous choisissions un, deux ou trois aspects auxquels nous réserverons 45 minutes à une heure dans chaque cas.
Il y a un autre dossier dont je veux parler, c'est celui de l'Administration de pilotage des Grands Lacs et j'avoue, d'entrée de jeu, que je vais faire preuve d'un certain esprit de clocher. Les résidants d'Hamilton sont particulièrement touchés par tout cela, tout comme des dizaines de millions de Canadiens. À Hamilton, nous avons l'un des grands ports du système des Grands Lacs et de la voie maritime du Saint-Laurent, et la question de la qualification des pilotes et des navigateurs fait réellement problème.
Si je ne me trompe pas, il est recommandé que la navigation intérieure ne soit plus exemptée du processus de certification ou qu'elle ne soit plus exemptée de...
Aidez-moi à ce sujet. Il y a quelque chose que les navires doivent faire, mais ils en sont exemptés. Vous pourriez peut-être m'aider à ce sujet.
De toute façon, il y a quelque chose qu'ils devraient faire, mais en 2002, il a été recommandé de changer les choses.
Je fais partie des représentants des ports des Grands Lacs et, quand je pense à toutes les villes qui sont concernées par les ports, je me dis qu'il y a aussi une question de santé et de sécurité sur nos eaux... Je ne pense pas qu'il faudrait y passer deux heures, mais j'ai quand même l'impression qu'il faudrait en parler.
Il y a aussi la question des immeubles. Permettez-moi de revenir sur l'exemple que vous avez cité, celui du 66, rue Slater. Les gens qui nous regardent se disent « Vraiment, des plans d'évacuation en cas d'incendie...? »; il y a eu confusion entre les ministères qui ne savaient pas lequel d'entre eux était responsable. Soit dit en passant, l'un de ces ministères est le BCP. Voici ce que vous dites dans votre rapport:
C'est donc dire que les risques liés à la planification des secours-incendie n'ont pas été gérés dans l'immeuble pendant près de trois ans [...] menacé la santé et la sécurité des employés fédéraux travaillant au 66, rue Slater.
Voilà qui retentit à mes oreilles comme une sonnerie d'alarme et qui nous oblige à assurer un suivi.
Merci, monsieur le président.
Chers collègues, nous allons passer à d'autres travaux.
Il y a d'abord une motion qui a été déposée par M. Christopherson le dernier jour du délai normal de préavis. Pour ce qui est de la présidence, cette question est réglée et la réunion se déroulera le 26 mai, c'est-à-dire le premier mardi suivant notre retour. La greffière m'a demandé de vous indiquer que la témoin du Bureau du Conseil privé ne sera pas ici avant 16 heures, mais qu'elle viendra tout de même.
À la dernière réunion, nous avons été saisis d'une motion de Mme Ratansi et quelqu'un avait suggéré qu'elle était irrecevable. J'ai pris note des interventions des membres, de ceux qui étaient pour et de ceux qui étaient contre, et je suis prêt à rendre ma décision. Comme je l'ai un peu travaillée, je vais lire ce que j'ai écrit.
Comme je le disais, j'ai pris acte des positions des membres du comité, certains pour et d'autres contre, et je tiens à remercier tout le monde. J'ai demandé conseil auprès de la greffière et j'ai effectué mes propres recherches sur le bien-fondé de cette motion présentée au comité.
Chers collègues, les comités permanents reçoivent leur mandat de trois façons différentes, en vertu du Règlement, en vertu d'un ordre de renvoi de la Chambre ou en vertu de la loi. Voici d'ailleurs ce que dit le paragraphe 108(3)g) du Règlement de la Chambre des communes au sujet du mandat du Comité permanent des comptes publics:
(3) Les mandats respectifs des comités permanents mentionnés ci-après sont les suivants:
g) celui du Comité des comptes publics comprend notamment la revue des Comptes publics du Canada et de tous les rapports du Vérificateur général du Canada qui sont individuellement réputés renvoyés en permanence au Comité dès qu'ils sont déposés,
et la présentation de rapports à ces sujets.
Certains ont soutenu que notre rôle se cantonne à examiner le travail de la vérificatrice générale, ce qui nous interdit donc d'étudier d'autres questions ou préoccupations et de faire rapport à leur sujet. Ce n'est pas et ce n'a jamais été mon interprétation du mandat du comité. Notre mandat consiste à examiner les dépenses du gouvernement. Nos études et rapports concernent tout ce qui touche à l'économie, à l'efficacité, à la prudence et à la conformité. Nous ne devons pas nous mêler des questions relevant des politiques en place. Nous ne devons pas nous préoccuper du pourquoi, mais du comment des choses.
Cependant, de façon pratico-pratique, il faut dire que le comité n'a pas les moyens voulus sur les plans de la recherche et de la vérification et qu'il s'en remet exclusivement à ce que fait le Bureau du vérificateur général. Autrement dit, nous aurions énormément de difficultés — même si cela ne nous est pas interdit — à étudier les questions d'économie, d'efficacité, de prudence et de conformité, et à faire rapport à leur égard, si nous ne bénéficiions pas de l'aide professionnelle que nous donne quotidiennement le Bureau du vérificateur général avec son armée d'employés.
Je suis d'avis que, dès lors qu'une dépense a été effectuée, celle-ci devient un sujet d'intérêt pour le comité. Une fois que la dépense est engagée par le gouvernement du Canada ou par l'un de ses organismes, elle devient une affaire relevant des comptes publics, qu'elle ait été déclarée ou pas. Celle-ci apparaît dans les états comptables du ministère ou de l'organisme avant de se retrouver dans les états de compte consolidés préparés par le receveur général du Canada. Les états consolidés sont ensuite vérifiés par le Bureau du vérificateur général, puis déposés en tant qu'états vérifiés, généralement au mois d'octobre de chaque année.
Il n'y a pas de meilleur exemple, chers collègues, que le rapport dont nous venons juste d'être saisis et qui a été déposé au Parlement mardi de cette semaine. J'ai notamment soulevé la question du chapitre 6 intitulé « Certains accords de contribution — Ressources naturelles Canada », qui traite d'un certain nombre d'accords de contribution dont un est particulièrement troublant. Ce rapport fait état d'un conflit d'intérêts flagrant, de paiements qui n'ont pas été effectués conformément aux conditions de l'accord et d'une véritable gabegie de fonds publics.
Ce lièvre a été soulevé à la faveur d'une vérification interne et j'ai posé la question à la vérificatrice générale. M. Wiersema a répondu que n'importe quel parlementaire aurait pu repérer cette anomalie s'il avait lu ce rapport. La vérificatrice générale a eu la puce à l'oreille uniquement parce que le ministère ne s'est pas conformé aux recommandations de sa propre vérification interne.
Je m'en suis servi d'exemple. En ma qualité de président — et j'espère que les membres du comité seront d'accord avec moi —, je ne vois aucun problème à ce que le comité adopte une motion visant à saisir le Comité des comptes publics du contenu de la vérification interne de ce ministère qui, selon la vérificatrice générale et son adjoint, a été publié sur le site Web du ministère.
Je ne vois absolument aucun problème à convoquer ici le vérificateur interne, le président du comité de vérification indépendant, le sous-ministre et l'agent comptable pour leur demander ce qui se passe au sein de ce ministère. Le Parlement et les Canadiens auraient, quant à moi, été mieux servis si cela avait été fait il y a trois ans.
La motion dont nous sommes saisis est assez inhabituelle et c'est pour ça que j'ai voulu la prendre en délibéré. Il est question de demander au contrôleur général de faire rapport sur les dépenses — j'insiste sur le mot — effectuées en vertu du crédit 35.
Le crédit 35 est très inhabituel. Voici ce qu'il dit:
Crédit 35 — Initiatives d'exécution du budget.
Sous réserve de l'approbation du Conseil du Trésor et pour la période commençant le 1er avril 2009 et se terminant le 30 juin 2009, pour augmenter d'autres crédits et pour accorder des crédits aux ministres compétents afin de financer des initiatives annoncées dans le budget fédéral du 27 janvier 2009...
Il s'agit essentiellement d'un chèque en blanc rédigé à l'ordre du gouvernement qui avait besoin d'une affectation inhabituelle de crédits pour relancer très rapidement l'économie. Nous ne questionnons pas la nécessité du crédit 35, parce que, comme vous le savez tous, il a été approuvé par le Parlement.
La motion ne vise pas non plus à examiner les intentions de dépense ni à clarifier le processus d'examen des prévisions budgétaires. À la façon dont je lis cette motion, il est question de demander un compte rendu sur les dépenses effectives réalisées au titre du crédit 35 — autrement dit, sur les sommes dépensées. On peut espérer que personne ne s'opposera à ce que le comité soit saisi de ce genre d'information.
En temps normal, notre comité commettrait un abus de pouvoir s'il demandait à voir une liste permanente des dépenses concernant un crédit en particulier. Le crédit adopté à la faveur de l'examen des prévisions budgétaires est spécifique et les sommes doivent être dépensées en fonction de ce crédit particulier. Le comité n'aurait donc pas les outils nécessaires pour juger des questions d'économie, d'efficacité ou de probité. Cependant, étant donné la nature tout à fait inhabituelle du crédit 35, je ne juge pas approprié que ce comité soit destinataire d'une telle information.
L'exigence de produire des comptes rendus ne serait pas excessive dans ce cas, puisque le contrôleur général dispose déjà de ces informations. Cela relève de sa compétence et le crédit 35 expire dans 47 jours. Cette obligation serait donc de courte durée.
Je dois souligner que les « considérant » ne font pas partie de la motion. Je ne les ai pas examinés en détail et je ne me suis pas demandé si les faits énoncés sont exacts.
Toutefois, chers collègues, j'éprouve quelques problèmes avec la partie de la motion qui concerne le nombre d'emplois. Tout d'abord, il n'appartient pas au contrôleur général de contrôler le nombre d'emplois soi-disant créés, ni de faire rapport à leur sujet.
Deuxièmement, toute dépense effectuée en vertu du crédit 35 devant l'être en vertu des accords de financement conclus avec d'autres ordres de gouvernement ou d'autres entités, les chiffres que nous pourrions obtenir relativement à la création d'emplois seraient hautement spéculatifs, puisqu'ils seraient de deuxième voire de troisième main.
Troisièmement, nous tutoyons peut-être là les questions de politiques.
Pour toutes ces raisons, je suis prêt à déclarer irrecevable cette partie de la motion qui concerne le nombre d'emplois, ce qui veut dire qu'il faudrait supprimer la seconde partie de la phrase après le mot « crédit ». Le texte s'arrêterait donc après « crédit ».
En résumé, je ne me suis pas attardé sur les quatre premiers paragraphes pour déterminer la véracité des faits qu'ils énoncent et la résolution se terminerait avant la deuxième phrase, après le mot « crédit ». Tout le reste serait donc supprimé.
Telle est mon opinion, chers collègues.
Madame Ratansi, toute une partie de votre motion demeure admissible, et si vous désirez la maintenir, vous pouvez encore proposer cette motion.
Chers collègues, j'aimerais entendre la motionnaire pendant deux minutes, après quoi je serais disposé à entendre jusqu'à huit interventions d'une minute chacune, avant de revenir à et de passer au vote.
:
Merci, monsieur le président.
J'ai deux gros problèmes avec ça. Le premier est d'ordre politique et le second, selon moi, concerne l'objet même de notre comité.
Notre comité fonctionne très bien quand nous ne tombons pas dans la politique politicienne. Je fais respectueusement remarquer à tous mes collègues ici présents que cette motion obéit à des intentions éminemment partisanes. Pas un seul député autour de cette table ne prendra cette motion pour autre chose que ce qu'elle est, que ce à quoi elle est destinée.
L'une des choses que je trouve sans doute les plus perturbantes dans ma vie de député, c'est d'avoir à subir ce genre de... je ne qualifierai même pas cela.
Quoi qu'il en soit, monsieur le président, j'ai deux ou trois remarques à faire. Je dois dire certaines choses à ce sujet. Nous avons bien reçu la lettre qui vous était adressée, datée du 27 avril. C'est merveilleux, mais nous venons tout juste de la recevoir. Elle fournit la réponse que nous avions demandée des comptes publics, échéances à l'appui; en fait c'est la réponse du contrôleur général. C'est une réponse très claire qui fait suite à la demande du comité — elle est en décalage par rapport au crédit, mais elle correspond à la demande du... Dès lors, le contrôleur général n'est pas en train d'essayer de se défiler et de ne pas se conformer aux exigences de la reddition de comptes.
Dans vos remarques d'ouverture, monsieur le président, vous avez cité le paragraphe 108(3) de Marleau et Montpetit en précisant que le mandat du Comité permanent des comptes publics « comprend notamment ».
Eh bien, ce n'est pas ce que dit ce paragraphe, parce que « comprend notamment » n'apparaît pas dans la phrase. Il dit, en revanche, que le mandat du Comité permanent des comptes publics comprend « la revue de [...] et de tous les rapports ».
Je ne veux pas jouer sur les mots, mais je trouve très troublante la voie que nous semblons suivre. J'estime que c'est un abus éhonté des pouvoirs de ce comité... si, si, vraiment, surtout quand ce genre de compte rendu a déjà été fait à d'autres comités qui ont examiné la chose.
Nous venons d'entendre la vérificatrice générale de la façon habituelle: elle nous a présenté ses rapports aux fins d'évaluation afin que nous puissions... Nous avons une énorme quantité de travail à abattre.
Troisièmement, et ce sera sans doute ma dernière remarque, au titre de ce seul programme, je pense que nous avons reçu plus de 3 000 demandes pour l'Ontario seulement. Et vous allez nous dire que la production de tels comptes rendus ne représente pas grand-chose? Très franchement, nous devrions examiner des milliers et des milliers de rapports et de dépenses de programmes tous les sept jours pour donner suite à cette motion. C'est plus qu'exagéré. C'est ridicule et inutile.
Personne n'est en train de dissuader qui que ce soit d'essayer de savoir ce qui se passe. Ce qui se passe, nous le savons déjà par le truchement des budgets supplémentaires qui sont régulièrement déposés à la demande de tous les députés de l'opposition. Si nous devions faire ce qui nous est demandé ici, très franchement...
Monsieur le président, malgré tout le respect que je vous dois, je n'aurais d'autre choix que d'en appeler de la décision de présidence et de demander que cette question soit soumise au jugement du Président de la Chambre. Je ne veux pas que nous en venions là, monsieur le président.
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Deux ou trois choses. J'ai sans doute été l'un des premiers à demander si cela relevait effectivement de notre mandat et non pas par crainte d'une politisation du débat. Parlant de politisation, on pourrait toujours remonter à l'origine de ce crédit qui est hautement politique.
Je tiens également à indiquer à M. Saxton qu'il a employé l'expression « hautement inhabituelle » pour qualifier cette motion, mais c'est tout le processus entourant le crédit 35 qui est inhabituel. C'est pour ça qu'il est logique de faire une exception.
Ma seule question revenait à savoir si c'est notre comité, et pas un autre, qui doit effectivement s'intéresser à cet aspect. J'espérais qu'un autre comité s'en chargerait, car je me demande si nous sommes le bon. Quoi qu'il en soit, vous avez rendu votre décision que nous venons de confirmer.
Compte tenu de la nature extraordinaire de ce crédit, je me sens obligé d'appuyer cette motion, parce qu'il n'y a aucune raison de ne pas le faire. Elle est, certes, inhabituelle, mais tout le processus l'est également, comme la mise de côté de l'argent et la façon dont celui-ci est mis à disposition.
Je comprends que l'on puisse craindre une politisation du débat, mais hormis les habituels soubresauts politiciens, je ne détecte rien de particulier, ici, qui risquerait de déboucher sur une impasse. Il n'y a rien de cela.
C'est sûr que ce sera politisé, mais tout comme la façon dont les fonds fédéraux ont été mis de côté et sont dépensés. Je ne crains pas de manoeuvres politiciennes au-delà des habituelles tensions qui règnent de toute façon et je ne pense pas que cette motion soit suffisamment extraordinaire pour que nous ne l'adoptions pas. Nous en aurons très rapidement terminé avec ce qu'elle réclame. Après tout, c'est l'argent des Canadiens qui ont le droit de savoir comment celui-ci est dépensé.
Vous venez de décréter que cette motion est admissible, monsieur le président, et nous avons avalisé votre décision, si bien que je peux appuyer la motion. Je ne vois pas de bonne raison de ne pas le faire à ce stade.