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Ces papiers sont tirés du site Web de Brussels Livestock, que j’ai consulté il y a deux ou trois jours. À la page 3, j’ai imprimé les prix des bovins à viande, et j’ai ajouté les prix qui figuraient dans les documents d’impôt sur le revenu de 1988 de ma grand-mère et mon grand-père.
Quand vous aurez les feuilles en main, vous observerez qu’en 1988, mes grands-parents ont vendu 18 bouvillons Simmental, pesant en moyenne 963 livres, qui leur ont rapporté 84 ¢ la livre. Selon ce même site Web la semaine dernière, les bouvillons de long engraissement, de qualité supérieure, pèsent aujourd’hui en moyenne de 900 à 1 000 livres et se vendent de 92 ¢ à 98 ¢ la livre, soit une légère augmentation. En 1988 encore, ma grand-mère et mon grand-père ont vendu 10 génisses croisées pesant en moyenne 963 livres, et ont obtenu 81 ¢ la livre. En 2010, des génisses de long engraissement de qualité supérieure rapportent en moyenne entre 84 ¢ et 97 ¢ la livre, une augmentation plutôt minime.
Tout ça montre simplement que le prix des bovins n’a pas beaucoup augmenté en 2010 par rapport à 1988. Par contre, les dépenses des agriculteurs ont grimpé en flèche. En 1988, ma grand-mère et mon grand-père ont dépensé 1 500 $ en carburant, gaz et pétrole, pour les besoins de la ferme. De nos jours, on peut dépenser jusqu’à 5 000 $ ou plus, en fonction de la situation.
Les engrais sont une autre dépense qu’il est intéressant d’analyser. En 1988, mes grands-parents les ont payés 321 $ la tonne; il y a quelques jours, ils coûtaient 644 $ la tonne. C’est une forte augmentation. En plus, les prix actuels sont assez bons par comparaison avec l’année dernière.
Je ne vois pas pourquoi un jeune agriculteur voudrait investir dans un emploi qui lui coûte de l’argent. Une entreprise n’est pas rentable si le revenu est très inférieur aux dépenses. C’est ce que je constate. Je vois peu de jeunes agriculteurs désireux de s’engager dans une entreprise qui les oblige à dépenser pour ne rien gagner.
Vous pouvez consulter ces renseignements sur les revenus si vous le souhaitez. Je peux le faire circuler. Il y en a deux, si ça vous intéresse.
C’est à peu près tout ce que j’avais à dire.
Pour commencer, je tiens à vous remercier profondément d'être venus dans cette circonscription pour tenir cette séance. Je vous suis aussi reconnaissant de m’accepter ici un peu à la dernière minute.
Je représente aujourd’hui la Canadian Forage and Grassland Association. Dans cette industrie, j’occupe des fonctions diverses rattachées au centre agricole à Markdale.
Je désignerai l’association par son sigle, CFGA. La CFGA regroupe des producteurs fourragers de tout le Canada. On trouve un nombre appréciable de ces producteurs ici même, dans la région de Grey Bruce.
Je sais que je dispose de très peu de temps — quatre minutes, si je vous ai bien compris, Larry. Vous m’avez dit que vous pourriez me faire passer si je pouvais m’en tenir à ça, et je vous en suis reconnaissant. Je me limitera à mes notes pour essayer de respecter les quatre minutes. Je suis conscient que beaucoup de temps est nécessaire.
Une délégation de la CFGA est tout juste de retour d’une mission d’information sur les plantes fourragères au Moyen-Orient, y compris à Dubaï et à Abou Dhabi, ainsi qu’à Riyad en Arabie saoudite.
La plupart des régions du Moyen-Orient que nous avons visitées sont en plein désert et connaissent une baisse grave de leur nappe phréatique. En conséquence, leur gouvernement impose une interdiction graduelle de l’irrigation des terres agricoles. Comme Abou Dhabi est déterminé à maintenir sa sécurité alimentaire, le pays a convenu de subventionner les importations fourragères nécessaires à l’élevage, qui comprend les bovins laitiers, la chèvre, le mouton, le chameau et le cheval. Nous avons d’ailleurs visité quelques-unes de ces fermes.
Cette année, leurs besoins en plantes fourragères sont évalués à près de 800 000 tonnes, et ce chiffre augmente rapidement. L’année dernière, les autorités alimentaires d’Abou Dhabi ont payé 250 millions de dollars rien qu’en subventions des importations fourragères. En fait, ces autorités subventionnent les producteurs pour faire venir des plantes fourragères, puisque l’irrigation est interdite. Cette interdiction est mise à exécution, et aboutira à une interdiction totale dans deux ou trois ans.
Selon les projections des experts dans notre industrie, le prochain appel d’offres en 2011 s’élèvera à 11,1 millions de tonnes. Par bonheur, le Canada est considéré comme un fournisseur de choix pour la plupart des biens, grâce à sa solide réputation mondiale de qualité et de service. Si ne serait-ce que 5 p. 100 de ces 11 millions de tonnes revenaient au Canada, cela représenterait une importante source de revenu d’exportation pour les producteurs canadiens.
Je donne un exemple. Si le Canada obtenait 550 000 tonnes, et si je prends le chiffre de 400 $ la tonne, on pourrait raisonnablement s’attendre à gagner 180 millions de dollars américains.
En fait, le gouvernement des Émirats arabes unis encourage les fournisseurs canadiens à collaborer avec d’autres pays pour lui garantir un approvisionnement de quatre à six ans. Ce gouvernement ne recherche pas des fournisseurs à court terme, mais des gens en mesure d'approvisionner le pays à long terme. Les arrangements d’une année, par exemple, ne l’intéressent pas. Ce qu’il veut, c’est établir une relation. C’était l’une des raisons de notre voyage — donner une image de marque du Canada et commencer à établir cette relation.
D'après les exportation à partir de l’Ouest canadien, les producteurs du Canada souffrent actuellement d’un désavantage de coût de l’ordre de 36 p. 100, attribuable aux coûts de transport plus élevés et à une pénurie de conteneurs.
Pour en revenir au thème principal de cette rencontre, soit comment attirer les jeunes agriculteurs dans l’industrie agricole, le secteur fourrager est un excellent exemple d’une industrie où ils peuvent s’engager si elle se révèle viable. Dans l’industrie laitière, par comparaison, les quotas sont extrêmement élevés et les jeunes ne peuvent s’y engager qu’avec la plus grande difficulté, à moins de commencer avec une exploitation familiale. Beaucoup d’autres types d’exploitation nécessitent des frais généraux énormes. L’industrie fourragère est sans doute à la portée de beaucoup de jeunes agriculteurs, mais il faut qu’elle soit profitable.
Comme l’a dit Dylan, qui donc voudrait s’y engager s’il est impossible de réaliser un profit? Aucune autre industrie ne fonctionnerait ainsi, et personne d’autre non plus.
Je sais que c’est tout le temps qui m’est imparti. Nous souhaitons présenter nos préoccupations et garder la porte ouverte pour des discussions plus approfondies dans un proche avenir.
Comme je souhaite terminer sur une note positive, notre mission d’information au Moyen-Orient a été on ne peut plus réussie. Nous revenons après y avoir reçu un accueil des plus chaleureux. Les possibilités d'affaires sont grandes lorsqu’on égalise les chances pour tous.
Je vous remercie très sincèrement d’être venus dans la région Grey-Bruce et d’avoir fourni la possibilité aux producteurs locaux d’exprimer leurs opinions. Je me ferai un plaisir, au nom de la CFGA, de vous rencontrer à la convenance de toutes les parties afin de discuter plus en détail de la situation.
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Bonjour. Je me nomme Greg Ardiel et je suis un agriculteur de quatrième génération, essentiellement dans l’industrie du fruit à chair tendre. Je cultive surtout la pomme, mais aussi le raisin et la poire. Je tiens à remercier chacun d’entre vous pour être venu écouter quelques-unes de nos préoccupations grandissantes.
Que les gens s'engagent dans ce secteur ou en sortent, comme un nombre croissant semble le faire, l’agriculture dans son ensemble fait face à de nombreux obstacles. C’est pour cela qu’il importe vraiment d’aider les jeunes à continuer dans cette voie et de créer les incitatifs nécessaires. Le gouvernement canadien commence à prendre les mesures voulues pour que l’agriculture redevienne une carrière et un mode de vie lucratifs et réussis. Bien des mesures peuvent être prises pour aider l’industrie agricole tout entière. Certaines de ces mesures coûtent davantage que d’autres, mais toute mesure prise a des conséquences utiles et directes sur l’agriculteur.
Les Canadiens prennent une conscience accrue des ingrédients dans leurs aliments, et aussi de la provenance de ces aliments. Ils souhaitent que les tablettes de leurs épiceries et de leurs garde-manger contiennent des aliments sains et sûrs. Le simple fait d’adopter des lois plus strictes sur l'étiquetage, pour qu'il explique clairement l’origine de la plupart des ingrédients principaux d’un produit, aiderait à augmenter le revenu des agriculteurs. Ce serait une portion de l’argent qui leur revient des détaillants. Une mesure aussi simple que la rédaction de lois sur l’étiquetage ne coûte pas une fortune au gouvernement. Par comparaison avec d’autres méthodes susceptibles d’être appliquées, il s’agit d’un projet de loi relativement petit.
Pour aider les jeunes à s’engager dans l’agriculture — qu’ils reprennent la ferme familiale ou qu’ils achètent leur propre ferme —, le plus gros problème est l’argent, purement et simplement. Il est très difficile de se lancer s’il faut se procurer à la fois de l’équipement, une maison, une remise à machinerie et un dortoir pour les travailleurs. Et c’est sans compter les frais d’exploitation, comme le carburant, les produits chimiques, la main-d’œuvre et l’outillage agricole. Si on combine tous ces coûts à un faible revenu net, c'est peu tentant — surtout pour les jeunes — de se lancer dans cette industrie.
La disparition de l’agriculture porterait un coup à l’économie, parce que l’agriculture constitue la deuxième en importance des industries de l’Ontario et qu’elle arrive en tête de liste des industries canadiennes, au même rang que l’industrie automobile.
L’âge moyen de l’agriculteur est de plus de 55 ans. Nous disposons donc de peu de temps pour préparer des plans de relève et des programmes de nature à protéger une industrie d’une telle importance, et à veiller ainsi à la santé future des Canadiens. Le gouvernement doit donc absolument créer des incitatifs pour les jeunes. Pour l’instant, les seuls jeunes qui s’engagent dans l’agriculture le font avec l’aide de leurs parents, sous forme soit de taux d’intérêt faibles ou nuls sur le matériel agricole, soit d’un partage de la main-d’œuvre. Mais les familles d’agriculteurs ne peuvent pas toutes adopter de telles méthodes, parce qu’elles leur coûtent trop cher. Il est plus facile de vendre la ferme et d’encourager les jeunes à adopter une carrière plus rémunératrice et moins stressante.
J’ai récemment acheté une ferme et j’essaie d’en faire mon gagne-pain. Un mois sur deux, je travaille aussi sur les navires de la Garde côtière canadienne, pour compenser les coûts d’exploitation agricole. Je fais des journées de 12 à 13 heures, 7 jours sur 7, pour avoir droit à un congé d’un mois — mais quand je reviens chez moi, c’est à peu près le même rythme de travail. Tout ça n’est pas trop attirant.
Sur la ferme, je loue aussi la résidence principale et deux des pièces du dortoir où je réside. Mon père et mon frère surveillent les choses en mon absence. Je n’y arriverais pas sans eux. Mais pour l’instant, je paie pour exploiter ma ferme. On est en droit de se demander pourquoi quelqu’un se mettrait dans une telle situation. J’imagine que la réponse est qu’on a été élevé sur une ferme et qu’on aime le style de vie et le travail agricole. Mais il faudra bien, et très vite, apporter des changements profonds pour attirer les jeunes, ou attirer n’importe qui.
Cela nous ramène à la question de l’argent pur et simple, dont j’ai déjà parlé. Un programme de prêts à long terme aux jeunes agriculteurs, peut-être sans intérêts les trois à cinq premières années de manière à payer uniquement le principal, nous aiderait beaucoup à bien nous établir et à prendre pied. Une autre possibilité consisterait à engager des spécialistes des plans de relève, aux frais du gouvernement, pour aider les familles à préparer leurs plans de relève. Il n’est pas juste qu’une personne travaille de longues heures toute sa vie pour ensuite plus ou moins donner la ferme aux enfants et conserver juste assez pour prendre sa retraite. Ces programmes peuvent aider nos jeunes, mais ces jeunes ont besoin d’argent, tout simplement.
Le gouvernement fédéral prescrit aussi que les agriculteurs dans leur première année d’exploitation n’ont pas droit à l’assurance-arbres, ce qui est ridicule. Une catastrophe naturelle, comme celle qui m’est arrivée cette année, ne choisit pas les arbres qui sont touchés. Le jeune agriculteur doit payer les arbres entièrement de sa poche, et il est aussi forcé de les replanter avec un revenu réduit par la superficie qu’il perd. Ce problème doit être réglé.
De plus, Financement agricole Canada existe depuis des années pour aider les agriculteurs. Quand je lui ai demandé ses taux d’intérêts et ses taux hypothécaires, on m’a dit que les jeunes agriculteurs ne pouvaient pas avoir de l’aide, parce que les jeunes n’ont pas les antécédents ou les biens en caution nécessaires. Mais la nature même de Financement agricole devrait l’inciter à aider les jeunes agriculteurs, parce que les agriculteurs âgés ne seront pas là encore longtemps.
L’industrie toute entière fait face à des difficultés qui entravent l’entrée des jeunes dans l’agriculture, et qu’il faut absolument régler. Entre autres, les frais de main-d’œuvre ont beaucoup augmenté depuis trois ans — dans certains cas jusqu’à 28 p. 100. Le coût des produits chimiques augmente sans cesse, et de nouveaux règlements interdisent nos produits chimiques usuels, qui sont remplacés par de nouveaux produits coûteux. Il y a aussi les importations, surtout de la Chine, et un manque de soutien des chaînes de magasins canadiennes. Il faudrait plus de bon sens et de modération pour améliorer la sécurité et la gestion du risque posé par les pesticides.
Le fond du problème, c’est que les coûts de production augmentent sans cesse, tandis que les profits stagnent. Je crois que Dylan et Ray en ont déjà parlé.
De façon générale, il me semble que la modération est la clé pour une agriculture prospère, et donc durable. Le gouvernement doit prendre du recul et faire une bonne analyse objective de la situation. Si on allège un peu la paperasserie et si les nouveaux règlements offrent plus de latitude, nous pourrons ensemble redonner vie à l’agriculture, améliorer les perspectives d’avenir de chacun de nous et appuyer une foule d’industries florissantes.
Merci encore de m’avoir accordé votre temps.
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Je veux remercier le comité de sa venue aujourd’hui dans notre région, que nous appelons parfois le paradis terrestre. Il fait bon vivre ici.
Quand Larry m’a appelé pour me dire qu’on allait parler des jeunes agriculteurs, je me suis dit qu’il s'adressait à la mauvaise personne. À 61 ans, je suis plus âgé que l’agriculteur moyen. Mais je vais vous décrire comment j’ai commencé et comment mes fils se débrouillent.
J’ai grandi sur une ferme mixte assez près d’ici. J’ai trois sœurs. Mon père est décédé quand j’avais 14 ans, et ma mère, qui était une ancienne enseignante, a repris alors son travail. Nous avons continué à exploiter la ferme, mais à échelle réduite. J’ai fréquenté l’université de Guelph, où j’ai obtenu mon baccalauréat en sciences agricoles en 1971. Je suis ensuite revenu exploiter la ferme.
Ma mère n’a pas été très contente de ma décision, parce que l’agriculture à la fin des années 1960 et dans les années 1970 était un peu comme aujourd’hui — elle ne rapportait rien. Tous mes collègues de classe ont reçu deux ou trois offres d’emploi de l’industrie. Mais j’ai fait un peu d’argent dans les années 1970 et je me suis constitué un avoir. Mes collègues de classe sont retournés sur la terre à la fin des années 1970 ou au début des années 1980, lorsque les choses semblaient aller mieux, mais certains n’ont pas survécu aux années 1980. Le choix du moment compte pour beaucoup dans l’agriculture.
À mon retour sur la ferme, j’ai commencé par conclure une entente de location-achat avec ma mère, puis nous nous sommes entendus dans les années 1970 pour que je lui rachète la ferme et qu’elle me donne une hypothèque.
Je suis marié, et ma femme Darlene et moi avons deux garçons. Kevin a 28 ans et vit encore chez nous. Il possède des bovins et un peu de machinerie, et il fait du travail sur commande. Le cadet, Scott, a 26 ans. Il est marié à Allison, et tous deux sont agriculteurs. Il y a deux ans, nous leur avons vendu une ferme de 100 acres que nous avions achetée, et qui contient une maison et une grange. Cette ferme avait été expertisée, mais nous l’avons cédée à prix moindre, pour qu’ils puissent posséder un avoir propre qui leur permettrait d’obtenir une hypothèque auprès d’une institution financière. L’exemption pour gains en capital nous a un peu aidés à cette époque, parce que nous n’avons pas eu à payer l’impôt sur les gains en capital.
Nous travaillons encore tous ensemble. Chacun est propriétaire de ses propres bovins. De même, les cultures sont plus ou moins séparées, mais nous partageons la main-d’œuvre et l’équipement. Ce genre d’arrangement est assez normal.
Les 190 acres originales étaient une ferme mixte. Nous possédons maintenant environ 600 bovins, nous cultivons de 1 000 à 1 100 acres, et 700 à 800 acres sont consacrées au foin et au pâturage. Si nous nous occupons de culture commerciale et de bovins, c’est parce que je n’aime pas mettre tous mes œufs dans le même panier.
Nous louons environ 1 400 acres de terres exploitables appartenant à 27 propriétaires. C’est dire que certaines de ces superficies sont très petites. Je dois tenir une liste de mes loyers, dont la moitié environ est versée à des veuves ou à des couples à la retraite qui veulent demeurer sur la ferme, mais que quelqu'un d'autre l'entretienne. Les loyers ne sont pas très élevés. Pour certains, nous tenons le chemin d’entrée ouvert et nous signons la remise d’impôt foncier. Mais nous nous occupons des terres comme si elles nous appartenaient, et c’est à cela que ces gens attachent de l’importance. J’ai encore consulté la liste ce matin. Vingt familles vivaient autrefois des terres que nous cultivons aujourd’hui — et ces vingt fermes ne nous rendent pas riches.
Je dirais que nous sommes une exploitation moyenne. Il en existe de plus petites, mais souvent leurs exploitants travaillent aussi à l’extérieur pour subvenir aux besoins de la ferme. Il y a aussi de grandes exploitations qui... J’ignore si elles sont profitables, mais elles ont des rentrées de fonds et elles semblent pouvoir fonctionner de cette manière pendant un certain temps.
Depuis 35 ans, je possède aussi une concession de maïs de semence en plus de la ferme, ce qui m’amène souvent à passer dans des fermes et parler à des agriculteurs. J’ai consulté cette liste. Il reste aujourd’hui un éleveur de porcs et une vingtaine d’exploitations laitières, avec un membre de la nouvelle génération dans sept ou huit de ces exploitations. Dans trois laiteries, deux fils sont en fait engagés dans l’exploitation, c’est-à-dire qu’une relève est assurée. Nous comptons environ 35 cultures commerciales et exploitations bovines. Ici encore, sept ou huit comptent une personne de deuxième génération, mais c’est le plus souvent un fils qui travaille hors de la ferme et aide son père à l’occasion.
Je qualifierais l’état d’esprit dans nos campagnes de cynique. Nous sommes tous devenus un peu cyniques. Nous avons affaire avec le consommateur, et ce qu’il veut, c’est une alimentation qui n'est pas chère. Tout le monde veut des aliments qui ne sont pas chers, mais je crois que ce qui nous agace vraiment, c'est que la portion du panier alimentaire qui revient à l’agriculteur ne fait que rétrécir. Quelqu’un d’autre s’empare de l’argent avant nous. Que nous achetions ou vendions, nous faisons affaire avec d’énormes multinationales. Certaines de ces entreprises nous ont imposé des prix exorbitants.
Je vais vous donner deux ou trois exemples. Pour le glyphosate ou le Roundup, nous payions auparavant 12 $ le litre. La dernière fois que j'en ai acheté — et je suis devenu membre de Farmers of North America, qui est une sorte de groupement d'achat —, nous avons payé 3,60 $ le litre.
Pour Ivomec... Celui-là m'est vraiment resté dans la tête. J'étais aux États-Unis il y a quelques années, et un vétérinaire nous a demandé si nous savions ce que voulait dire « Ivomec ». Nous n'en avions aucune idée. Il a dit que ça voulait dire « increased volume of money extracted from cattlemen », ce qui veut dire « soutirer de plus en plus d'argent aux éleveurs bovins ». C'était une blague à l'époque, et nous avons bien ri. Nous payions 450 $ pour cinq litres d'Ivomec, et j'en achetais des tonnes de contenants. La dernière fois, j'ai payé 90 $ le litre.
Pour ce qui est de l'engrais phosphaté, j'en ai acheté à l'automne 2008 à 1 425 $ la tonne, et à l'automne 2009, à 525 $ la tonne. Je sais que ces entreprises ont besoin d'argent pour la recherche, et nous ne leur reprochons pas; je le constate dans l'industrie des semences. Mais je connais le taux de rendement visé par ces entreprises, et il est environ 10 fois plus élevé que celui de l'agriculteur moyen — et nous voyons les PDG empocher des millions de dollars.
Et puis nous devons traiter avec le gouvernement. Nous sommes conscients que vous enregistrez tous des déficits — nous venons de traverser une récession assez grave. Mais on a rapidement injecté beaucoup d'argent dans l'industrie automobile pour tirer d'affaire certaines entreprises que nous pourrions soupçonner de mauvaise gestion. Nous ne voyons pas de tels investissements dans l'agriculture. Pour certains des programmes qui sont annoncés, nous découvrons parfois que 40 p. 100 des fonds servent à l'administration et ne reviennent pas aux agriculteurs.
Et puis nous devons composer avec la bureaucratie. J'ai commencé à faire la liste de certaines des choses et des personnes dont nous devons tenir compte. Il y a la protection des eaux de source, la gestion des éléments nutritifs, les plans environnementaux en agriculture, le programme de gestion des risques, il y a Agri-investissement, Agri-stabilité, ainsi que le PCSRA — mon préféré. Et puis nous avons un employé, donc nous devons tenir compte de l'indemnisation des accidents du travail et de la commission de la sécurité.
En règle générale, les agriculteurs vivent dans la pauvreté et meurent dans la richesse, mais la prochaine génération ne veut pas de cela, et je peux comprendre pourquoi. Si vous voulez attirer de nouveaux agriculteurs, c'est très simple: il faut qu'ils puissent faire de l'argent; il faut que ce soit rentable. Il doit y avoir de la concurrence sur le marché. Tout le pouvoir est réparti entre trop peu de gens à qui nous devons nous soumettre.
Nous avons besoin de programmes gouvernementaux fiables, et je crois que des plafonds doivent être fixés pour le financement dans certains cas. Par le terme fiable, je veux dire que les filets de sécurité... Les prix sont volatils aujourd'hui, mais ce n'était pas le cas quand j'étais un jeune agriculteur. Nous avons besoin de règles équitables pour tous, dans une certaine mesure. Nous sommes dans l'industrie bovine, donc nous sommes en concurrence avec l'Alberta, avec le Québec et avec les États-Unis. Je sais que ça relève peut-être de la compétence provinciale, mais je crois que le gouvernement fédéral pourrait aussi aider d'une certaine manière.
J'ai écrit ici sur ma liste « moins de bureaucratie ». Je sais que ça n'arrivera pas; je sais qu'il n'y aura pas moins de bureaucratie, mais il faut que les fonctionnaires aient l'obligation de rendre des comptes ou quelque chose comme ça. Beaucoup d'entre eux font du bon travail — ils viennent travailler sur le terrain — mais la bureaucratie a pris des proportions démesurées, et personne ne semble tenu de nous rendre des comptes, à nous. Ils ne rendent pas de comptes aux agriculteurs, et je ne sais même pas s'ils vous en rendent à vous. Je crois qu'il est temps qu'il se passe quelque chose.
Parmi les mesures que vous avez prises pour nous aider, l'exemption pour les gains en capital est utile, et le rajustement facultatif de l'inventaire dans la Loi de l'impôt sur le revenu nous aide. La Société des produits agricoles nous a apporté une aide financière. Et vous avez lancé d'autres bons programmes. Il y a Growing the Margins, et un autre programme dont j'ai oublié le nom, mais notre étable a passé au feu en 2003, et je n'étais pas certain de vouloir me remettre à l'élevage bovin. Mais un de vos programmes me permettait d'obtenir, pour 100 $, des services de consultation à domicile d'une valeur de 2 000 $. Nous avons eu recours à ce programme, et il a été utile. Il y a des choses comme ça que vous faites et qui peuvent nous aider.
En conclusion, je devrais probablement vous présenter mes excuses pour mes propos négatifs, mais nous nous tapons la tête sur les murs depuis déjà un bon bout de temps. Nous n'avons fait aucun profit dans l'industrie bovine depuis la crise de l'ESB.
J'ai été dans ça toute ma vie, et je sais que c'est cyclique, mais auparavant nous avions une ou deux bonnes années. Ça fait longtemps que nous attendons ces bonnes années. J'espère qu'elles reviendront un jour.
Nous avons besoin d'optimisme et d'enthousiasme, c'est pourquoi je suis heureux d'accueillir les jeunes. Ils peuvent apporter ça avec eux. Nous devons attirer des jeunes gens dans cette industrie.
Merci.
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Comme vous l'ont dit tous les témoins, je crois, l'agriculture est intergénérationnelle, elle se transmet d'une génération à l'autre. Mon grand-père a émigré au Canada en 1888. Il était agriculteur à ce moment, et il l'est resté. Mon grand-père a pratiqué l'agriculture toute sa vie. Mon père a commencé en 1936 avec six génisses, un attelage de chevaux, un cheval et une charrette, et il a loué une ferme.
En 1960, à ma sortie de l'école, j'ai décidé que je voulais me lancer en agriculture. Mon père m'a conseillé d'aller me trouver un emploi, car l'agriculture avait connu des hauts et des bas; il avait vécu ça et il avait l'impression que ça se poursuivrait.
Je pense souvent à ce conseil de mon père quand je travaille avec des agriculteurs aux prises avec des problèmes financiers. Je suis allé à Toronto et je me suis trouvé un emploi. J'ai fait mon chemin dans le domaine de la comptabilité agréée et je suis devenu comptable agréé. C'est ma profession, mais ma passion c'est l'agriculture. J'ai réussi à combiner les deux, parce que je me spécialise dans les comptes agricoles.
Les années 1960 et 1970 ont été une période d'augmentation de la production, où les garçons et les filles qui sortaient des collèges agricoles devaient produire pour la planète affamée. Il y avait tout un marché. Il y avait tant à faire pour nourrir le monde entier.
Mais ce n'est pas ce qui est arrivé. Il faut de l'argent pour acheter de la nourriture, et ces pays n'avaient pas d'argent.
Au début des années 1980, les taux d'intérêt élevés ont éliminé une partie de ces agriculteurs. Quand les taux d'intérêt sont redescendus et que nous avons commencé à reconstruire l'industrie, nous sommes entrés dans une ère de spécialisation, où plus c'était gros, mieux c'était. Nous en avons vu les résultats. Ça n'a tout simplement pas fonctionné.
Pour une entreprise intergénérationnelle, une bonne planification de la relève repose sur trois éléments: la préparation financière, la préparation administrative et la préparation en matière de communication. Je crois que la communauté agricole est bien positionnée en ce qui a trait à la préparation administrative. Je pense que les jeunes d'aujourd'hui possèdent une meilleure instruction et davantage de compétences dans tous les aspects de l'agriculture. Pour ce qui est de la communication, ça dépend de votre famille. Ce n'est pas nécessairement toujours facile, mais je crois que les programmes gouvernementaux en place ont réellement contribué à améliorer cet aspect. Quant à la préparation financière, je dis toujours qu'il est difficile de léguer des dettes. Voilà exactement où nous en sommes en ce qui concerne la planification de la relève. C'est difficile d'intégrer la nouvelle génération alors que ses prédécesseurs sont dans une situation financière désastreuse.
La Loi de l'impôt sur le revenu a accordé un traitement privilégié aux agriculteurs et à leur famille. C'est extrêmement avantageux pour la planification de la relève. L'exemption pour les gains en capital de 750 000 $ pour les propriétés agricoles admissibles permet aux parents de prendre leur retraite sans payer d'impôt sur leur fonds de pension. Keith a fait allusion à ça, au fait qu'ils... pourquoi ils y ont recours dans le transfert intergénérationnel. La plupart des agriculteurs puisent leur fonds de pension dans leur actif immobilier. L'exemption pour les gains en capital est extrêmement utile dans les transferts intergénérationnels.
Je crois que des pressions sont exercées à l'occasion en faveur d'une augmentation de cette exemption. Je ne pense pas qu'une augmentation soit nécessaire. Pour un couple, l'exemption totalise 1,5 million de dollars; de mon point de vue personnel, elle ne devrait pas servir d'abri fiscal, et j'estime qu'elle est tout à fait adéquate.
L'exemption pour les gains en capital devrait être étendue aux propriétés agricoles admissibles qui appartiennent à des sociétés agricoles familiales. Ces sociétés doivent vendre leurs parts. La plupart des agriculteurs divisent leur propriété entre les membres de leur famille, et ça les empêche de s'établir en société s'ils savent qu'ils devront la dissoudre au bout du compte, et qu'il n'existe aucun moyen de retirer la propriété de la société autrement qu'en la vendant à sa juste valeur marchande et en payant l'impôt sur les gains en capital réalisés.
L'impôt minimum de remplacement a une incidence négative quand on applique l'exonération de gains en capital. L'impôt minimum de remplacement ne devrait pas s'appliquer aux biens agricoles admissibles ni aux actions des petites entreprises. Je ne crois pas qu'on souhaitait que les biens agricoles admissibles soient touchés par l'impôt minimum de remplacement quand celui-ci a été instauré, mais c'est certainement ce qui se produit. Nous sommes constamment aux prises avec ce problème. Quand arrive l'heure de la retraite, tous les agriculteurs qui veulent vendre leur propriété sont aux prises avec l'impôt minimum de remplacement, même s'ils bénéficient de l'exonération de gains en capital.
Dans le même ordre d'idées, la disposition de récupération de la sécurité de la vieillesse ne devrait pas s'appliquer aux contribuables qui vendent des biens agricoles admissibles. Les agriculteurs de plus de 65 ans qui touchent une pension de sécurité de la vieillesse se voient tous retirer leurs prestations pour l'année de la vente, s'ils vendent leur ferme ou s'ils essaient de la transférer et qu'ils demandent l'exonération de gains en capital. C'est un problème persistant, parce que, pour la sécurité de la vieillesse, les années vont de juillet à juillet.
Il faudrait qu'on envisage de permettre aux sociétés d'exploitation agricole de transférer leurs biens immobiliers sans charge fiscale, quand ces biens sont transférés à la génération suivante à des fins d'exploitation agricole. Cela nous ramène à mon point précédent, mais dans une perspective légèrement différente.
Actuellement, il est impossible de transférer des biens agricoles admissibles à des frères, à des soeurs, à des nièces ou à des neveux sans d'abord effectuer une planification fiscale de grande envergure. Si une exploitation est transférée à des membres de la famille qui y poursuivront les activités agricoles, on devrait lever l'exigence de transfert à la juste valeur marchande.
La comptabilité de trésorerie représente un grand avantage pour les agriculteurs, et en particulier pour les jeunes, car le paiement de l'impôt sur le revenu peut être différé jusqu'à ce que les inventaires aient été vendus.
À mon sens, la Loi de l'impôt sur le revenu comporte un grand nombre de points positifs. J'ai beaucoup aimé m'occuper de questions d'impôt sur le revenu dans la communauté agricole. Il y a beaucoup d'aspects positifs.
Pour le reste, j'imagine que tous les témoins vous ont dit que la rentabilité, la sécurité financière et la stabilité financière à long terme sont les éléments les plus importants, si l'on veut inciter les jeunes de la nouvelle génération à devenir agriculteurs. Mais je vais tout de même le répéter. La rentabilité, la sécurité financière et la stabilité financière à long terme sont indispensables si nous voulons que la prochaine génération prenne la relève.
Le défi de la sécurité financière ne se pose pas uniquement pour les agriculteurs canadiens. Nous devons être compétitifs sur le marché mondial. La stabilité et la rentabilité future des activités agricoles ne peuvent pas être exclusivement tributaires des programmes gouvernementaux.
Des programmes comme le CSRN, le PCSRA, Agri-investissement, Agri-stabilité et les programmes de gestion du risque sont essentiels, mais ils ne rendent pas viables les activités agricoles et ils ne procurent pas la stabilité à long terme. Selon moi, le CSRN et le programme Agri-investissement ont été plus profitables aux jeunes agriculteurs et aux petits et moyens exploitants que le PCSRA et le programme Agri-stabilité.
Il ne faut pas simplement aider les agriculteurs à vendre ce qu'ils produisent; il faut faire davantage pour les aider à mettre leurs produits en marché. Je crois que la mise en marché a été la principale faiblesse des agriculteurs pendant des années, et c'est encore un problème aujourd'hui. Notre production est destinée à un marché incertain, et nous devons accepter le prix qui sera offert au moment de la vente.
Les objectifs relatifs à la qualité des produits ont été atteints, et la gestion financière continue de s'améliorer, mais la rentabilité des ventes sur le marché mondial constitue toujours un défi. La diversification des produits pourrait peut-être aider à stabiliser les choses.
Un revenu d'appoint, qu'il soit lié ou non à l'agriculture... Ces temps-ci, de grandes quantités d'argent provenant de fonds de retraite sont utilisées pour tenir à flot les exploitations agricoles. Pour assurer leur sécurité financière, les jeunes agriculteurs doivent avoir un autre emploi, à l'extérieur de la ferme, ils doivent s'engager dans d'autres entreprises commerciales, ou ils ont besoin de produits agricoles à valeur ajoutée. Je vous dirais que cette année, ceux qui ont bénéficié d'un revenu d'appoint, grâce à des travaux exécutés sur commande, à la vente de machinerie agricole ou à quoi que ce soit, sont les seuls... Nous avons utilisé beaucoup d'encre rouge, cette année, et ce sont ces personnes qui, de manière générale, s'en sont le mieux tirées, grâce à leur diversification.
Le succès des entreprises commerciales des zones rurales est tributaire de la rentabilité des entreprises agricoles qui les soutiennent, et les agriculteurs tirent profit à leur tour de la rentabilité des entreprises des localités rurales. Les incitatifs gouvernementaux en faveur des entreprises des milieux ruraux bénéficient indirectement aux agriculteurs, pour qui ces entreprises peuvent constituer une source de revenus à l'extérieur de la ferme.
Je tiens à vous remercier d'être venus nous rencontrer à Wiarton, au nord des portes. Je vous souhaite du succès dans vos travaux futurs, car l'âge moyen des agriculteurs ne cesse de croître. Je sais que mon fils — je crois qu'il est présent aujourd'hui — aimerait pratiquer l'agriculture. Son épouse et lui viennent tout juste d'acheter une petite ferme, mais ils doivent tous deux travailler à l'extérieur de celle-ci pour soutenir leur exploitation agricole.
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Merci à tous d'être venus nous rencontrer.
Nous sommes Harry et Leony Koelen, et nous vivons à Paisley avec nos cinq enfants. Nous avons émigré de la Hollande en 1991, sacs au dos, et avec 2000 $. Nous avons travaillé comme employés pendant quatre ans avant d'acheter notre première ferme, à Brussels. En 1999, nous avons vendu cette ferme et nous avons déménagé à Paisley, où les terres étaient moins chères, et nous y avons construit notre première porcherie de 2700 truies. Nous avons construit une seconde porcherie comptant le même nombre de bêtes en 2003, et nous avons accumulé 1100 acres de terres au fil des ans. En ce moment, 16 employés à temps plein travaillent pour nous, et nous avons quelques employés à temps partiel.
En tant que jeunes agriculteurs qui avons commencé au bas de l'échelle, nous pouvons vous parler de bon nombre des défis que doivent relever les jeunes agriculteurs d'aujourd'hui.
Le problème le plus important est l'accès à des capitaux. Il faut beaucoup de capitaux pour se lancer dans l'agriculture. C'est très difficile pour une personne qui doit se débrouiller seule, sans l'aide de sa famille. Et il est souvent très difficile de réussir même pour ceux qui sont épaulés par leur famille. Selon nous, il faudrait qu'un programme de démarrage soit mis en place pour aider les jeunes agriculteurs. Ce programme devrait prendre la forme de prêts approuvés par le gouvernement, dont les taux d'intérêt seraient nuls ou peu élevés, et dont les conditions seraient flexibles.
Les nouveaux agriculteurs qui souhaiteraient bénéficier de ce programme devraient soumettre un plan d'affaires, et leurs prévisions de trésorerie devraient être approuvées par un comité d'examen par les pairs. Il faudrait que ces programmes soient conçus de telle manière que seuls les nouveaux agriculteurs puissent en bénéficier, et qu'il n'y ait aucune faille qui permettrait à de grandes entreprises d'y recourir pour prendre de l'expansion. Personnellement, nous avons été très frustrés par le fait qu'il a été extrêmement difficile pour nous d'obtenir du financement, en dépit de nos grandes compétences dans le domaine de l'élevage du porc, alors que d'autres personnes autour de nous, qui disposaient d'avoirs considérables, obtenaient facilement des prêts avec lesquels ils bâtissaient des porcheries, bien que leur expérience dans le domaine ait été nulle. La majorité de ces gens n'ont plus leurs porcheries aujourd'hui.
Nous pourrions parler des conditions météorologiques, du dollar canadien ou de beaucoup d'autres questions qui ont une incidence sur les jeunes agriculteurs, mais sur lesquelles le gouvernement ne peut guère avoir d'emprise. Nous essayons simplement de cerner d'autres manières de nous prêter main-forte.
Pour revenir à ce que disait Leony, je crois qu'il y avait un programme en Ontario — ou c'était peut-être un programme fédéral — qui s'appelait FarmStart. Je ne sais pas si c'était dans les années 1980 ou au début des années 1990. En fait, je crois que ce programme était en vigueur avant notre arrivée au Canada. Certaines personnes m'ont raconté que c'est la seule aide dont elles ont bénéficié à l'époque, quand elles se sont lancées dans l'agriculture.
Nous constatons par ailleurs que les jeunes agriculteurs sont souvent exclus des programmes gouvernementaux de sécurité du revenu. Il faut beaucoup de temps pour accumuler suffisamment d'années de référence. En 2008, nous n'avons rien reçu pour notre ferme de Bruce, que ce soit au titre des programmes pour le boeuf, pour le porc ou pour les cultures. Pour être entièrement admissible aux prestations, il fallait être en affaires depuis l'an 2000. Nous avons commencé à vendre des porcs en 2004, alors nous n'avons guère pu en profiter. Il était pratiquement indispensable d'avoir été en affaires pendant les huit dernières années pour être entièrement admissible au programme. Cette situation est très préjudiciable aux jeunes agriculteurs. Les jeunes agriculteurs ont davantage besoin de ces programmes que les agriculteurs déjà établis. Les jeunes ont des avoirs moindres et, ce qui est pire, c'est que cela les place dans une situation vraiment défavorable, et qu'ils deviennent moins concurrentiels par rapport aux agriculteurs établis.
Les violentes fluctuations du prix des produits sont un autre problème avec lequel les agriculteurs doivent composer. Je sais que ce problème a déjà été mentionné, mais je tiens à dire que si ces fluctuations causent des maux de tête aux agriculteurs établis, elles peuvent être fatales pour les nouveaux agriculteurs, qui doivent composer avec une dette considérable. Un programme de gestion du risque pourrait s'avérer très utile, spécialement s'il est conçu en fonction des besoins des jeunes agriculteurs. Il faudrait que les agriculteurs y soient admissibles même s'ils n'y ont pas cotisé pendant un certain nombre d'années, et s'ils n'ont pas accumulé un nombre d'années minimum de référence.
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Il y a de nombreux autres défis auxquels doivent faire face non seulement les jeunes agriculteurs mais tous les agriculteurs au Canada. Je souhaite en dire un mot.
Comme on l'a mentionné plus tôt aujourd'hui, les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour tous les producteurs au Canada, il y a notamment des différences entre l'Ontario et certaines autres provinces. Le Québec a le pourcentage le plus élevé du troupeau de truies du pays, mais a également le plus faible pourcentage de participation au programme de rachat, grâce à son programme Assurance-stabilisation des revenus agricoles (ASRA). Ce programme garantit aux producteurs agricoles québécois leurs coûts de production. Comment pouvons-nous, en Ontario, concurrencer une telle mesure? C'est difficile de croire qu'il y a de telles différences au niveau du soutien dans un même pays.
En outre, il semble que nos règles d'exportation sont plus rigoureuses que nos normes d'importation. Pourtant, elles devraient être semblables. De nombreux produits quittent le pays après avoir été approuvés en vertu de règles très rigoureuses alors qu'un grand nombre de produits que nous importons ne respectent ni les normes de qualité ni les règlements en vigueur au Canada.
Si les États-Unis se permettent de mettre en oeuvre une loi sur l'étiquetage indiquant le pays d'origine, la COOL, pourquoi ne pourrions-nous pas faire de même? Nous savons que le gouvernement a contesté la loi COOL, mais il faudra des années avant que l'OMC ne prenne une décision. Entre-temps, nous pourrions peut-être adopter une loi canadienne COOL provisoire.
Nous devons aussi simplifier les règles et les règlements visant le commerce avec les États-Unis et les provinces. Il y a, au Canada, trop de paperasserie administrative par rapport aux États-Unis. Le processus d'approbation des nouveaux produits chimiques pharmaceutiques est beaucoup trop long au Canada par rapport à celui des États-Unis. Nous savons que ces produits doivent être vérifiés, mais ne pourrait-on pas accélérer un peu le processus?
Il faudrait peut-être aussi songer à appuyer la gestion de l'offre lors des négociations portant sur le libre-échange. On pourrait peut-être obtenir qu'elle soit exclue des accords de libre-échange visant d'autres produits agricoles. Pour sauver un secteur, nous nuisons à beaucoup d'autres. Il y aurait peut-être des compromis à faire à ce niveau.
Le gouvernement n'a pas à garantir un revenu à ses agriculteurs, mais il doit s'assurer d'adopter des lois et des politiques adéquates ainsi que des règles de jeu uniformes pour leur permettre de gagner leur vie.
Merci encore de me donner l'occasion de m'adresser à vous.
Tout d'abord, je veux remercier chacun d'entre vous d'être venu témoigner devant ce comité. Je sais que vous avez dû retrancher du temps précieux à votre horaire pour être ici alors que nous savons très bien que vous avez d'autres responsabilités qui vous attendent.
Nous avons voyagé partout au Canada, dans chacune des provinces de l'Ouest et, je dois le dire, ce voyage a été très instructif.
Vous êtes optimistes et je vous en félicite, mais d'après les témoignages que j'ai entendus, la situation n'a rien de réjouissant.
Nous, ici présents, avons entendu des témoins de l'Ouest dire que si nous ne réglons pas cette situation de façon efficace, rapide et responsable — beaucoup plus que de simples modifications à quelques programmes — que si nous ne procédons pas à un examen complet de nos lois et nos programmes en matière d'agriculture, des accords de libre-échange jusqu'au programme AgriStabilité en passant par chacune des autres initiatives, alors nous assisterons à la transformation de nos régions rurales en villes fantômes.
Keith, vous avez vraiment été trop poli; je vous remercie. Mais je crois que vous devez exiger davantage de nous en tant que membres du Parlement. Vous devez faire pression et demander plus. Vous avez droit à plus.
Greg, je comprends votre point de vue au sujet de l'étiquetage des aliments et cela m'énerve que la plupart des gens ne s'intéressent qu'au prix. Il y a une certaine partie de la population qui est toute disposée à acheter des produits canadiens. Malheureusement, la première chose dont on tient compte c'est le prix.
Selon les témoignages entendus partout dans la province et ceux d'aujourd'hui, il est surtout question de la nécessité de corriger nos programmes de gestion des risques de l'entreprise, de l'obstacle que représente le coût des terres et du manque d'harmonisation entre les règlements et les processus d'approbation. Harry a abordé ces aspects. Nous avons également parlé des lois sur la concurrence qui permettent à certains secteurs de notre industrie de se regrouper, qu'il s'agisse des fournisseurs d'intrants agricoles comme les engrais, des transformateurs, etc. En fait, il y a tellement d'éléments qui ne sont pas efficaces que seule une refonte totale pourra donner la vraie mesure de la gravité du problème.
J'aimerais parler des lois sur la concurrence. Au Canada, ces lois ne servent qu'à protéger contre la fixation des coûts. Elles ne permettent pas le fractionnement d'importantes entreprises, comme le font celles en vigueur aux États-Unis.
Est-ce qu'il y a parmi vous quelqu'un qui peut commenter la nécessité d'adopter une loi qui nous permettrait de s'attaquer à ces importantes entreprises regroupées qui nous obligent à accepter les prix fixés? Est-il nécessaire de corriger ces lois?
Est-ce que quelqu'un a des commentaires à faire sur le sujet?
Monsieur Ferris, vous avez parlé de trois choses concernant les fermes intergénérationnelles: le financement, les communications et la gestion. Je suis d'accord avec vous en ce qui a trait aux communications. Par contre, je ne suis pas d'accord avec M. Valeriote au sujet de l'étiquetage. Je crois que l'on devrait vraiment avoir un bon étiquetage.
Je parle du Québec, parce que je ne connais pas le domaine de l'agriculture en Ontario. Le gouvernement québécois fait une publicité ayant pour thème « Mettez le Québec dans votre assiette! ». Ce faisant, il encourage l'achat local. Il explique au gens que l'agriculture est importante. On parle souvent de souveraineté alimentaire. Depuis deux ou trois ans, le programme fonctionne. Les jeunes de la génération de mes filles lisent les étiquettes pour savoir ce que contient le produit. Beaucoup d'enfants ont des allergies. Nous ne voulons pas que les producteurs mettent leurs recettes sur les étiquettes, mais qu'ils y inscrivent la provenance du produit.
En ce qui concerne l'étiquetage, je suis d'accord avec vous, monsieur Jackson, il est nécessaire. Il y a en effet des gens qui s'arrêteront au prix du produit, mais d'autres regarderont surtout sa qualité. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet, monsieur Jackson.
J'ai fait le tour de mes fermes. Vous dites que vous n'avez pas eu beaucoup pour un boeuf. Une de mes amies a reçu un chèque de 2 ¢ pour avoir vendu sa vache. Elle a fait encadrer son chèque de 2 ¢ et l'a accroché au mur. Chaque fois que j'entre chez elle, à la ferme, et que je le vois, je trouve ça très drôle.
Selon vous, quel soutien supplémentaire votre gouvernement devrait-il vous apporter afin de vous permettre de survivre la tête en dehors de l'eau? Je ne m'adresse pas qu'à vous. Si quelqu'un d'autre a de bonnes suggestions, je suis très ouverte à ces suggestions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de votre présence ici. Nous avons eu une intéressante période de discussion.
Permettez-moi de dire pour commencer que je ne partage pas le point de vue de Francis. À en juger par les propos entendus autour de cette table aux différentes étapes de notre circuit, malgré certains sujets de préoccupation réels eu égard à l'agriculture, la vie rurale telle que nous la connaissons n'est pas au bord de l'extinction. Les agriculteurs auxquels nous avons parlé sont capables de rebondir, ils travaillent fort et ils gardent espoir.
Sans doute les temps ont-ils été vraiment difficiles pour certains produits. Le boeuf et le porc me viennent spontanément à l'esprit. Mais d'autres denrées n'ont connu que les hauts et les bas normaux d'un secteur donné; c'est le cas du grain et des oléagineux, par exemple.
En fait, j'ai été impressionné par certaines des mesures d'accroissement de la productivité qui ont été prises. Si les agriculteurs pensaient vraiment que c'est la fin de l'agriculture, ils n'investiraient pas dans la croissance ou dans l'augmentation de la productivité, dans la mise en oeuvre de nouvelles technologies et dans l'innovation axée sur une amélioration des pratiques agricoles.
Ce que vous dites en fait, Harry, c'est que, d'une certaine manière, vous appuyez ceux qui incitent leurs jeunes à pratiquer l'agriculture, ceux qui, loin de les décourager, les encouragent, au contraire.
Cela dit, nul doute que des mesures doivent être prises par le gouvernement, par les Canadiens dans leur ensemble et par les groupes agricoles, pour encourager les jeunes.
Ce qui nous ramène à ce que Wayne disait, je crois, à savoir que la stabilité financière et la rentabilité sont deux facteurs clés...
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En réalité, je ne saurais dire ce que font les autres groupes de producteurs; je sais que dans certains secteurs, par exemple celui des chèvres laitières, c'est fou. J'ai fait allusion plus tôt à quelqu'un qui se lançait dans la production laitière caprine. C'est un secteur qui connaît une énorme croissance. Ça semble fonctionner très bien. Il ne faut pas énormément d'argent pour commencer la production et il n'y a pas de quotas. C'est un marché en pleine expansion, et l'Ontario est probablement la province la mieux placée pour ça, étant donné les communautés ethniques situées dans la région du grand Toronto, à Brampton et à Mississauga. La plupart d'entre nous ferions partie de la vaste minorité là-bas. Ces gens étaient tous habitués à boire et à manger des produits caprins dans leur pays natal, alors je crois que ce marché est immense et qu'il est loin d'être exploité à son plein potentiel. Ce secteur est donc en croissance.
À titre d'exemple, nous organisons à chaque mois de janvier la semaine des agriculteurs de Grey Bruce. Le programme caprin dure maintenant une journée entière, et plus de 100 producteurs — et aspirants producteurs — y participent. La croissance a été fulgurante. Il y a trois ans à peine, lorsque nous avons proposé que le programme dure toute une journée, on nous a dit que ça ne fonctionnerait jamais, mais nous sommes quand même allés de l'avant avec ce projet et le succès a été colossal. Nous percevons donc une croissance dans ce secteur.
Je crois que l'industrie ovine — je suis certain qu'il y aura éventuellement ici quelqu'un de cette industrie — se porte relativement bien. Cette industrie pourrait probablement prendre de l'ampleur. J'entends constamment dire que l'approvisionnement en produits ovins n'est pas constant. Je sais qu'il y a quelqu'un à qui je parlerai tantôt — en fait, dans environ trois quarts d'heure — qui adorerait être ici pour vous en parler. Il a récemment été cité dans la presse et disait qu'il y avait un réel besoin pour ce type de chose.
La dernière chose dont je veux parler, en ce qui concerne les programmes gouvernementaux, c'est Cultivons l'avenir. Le ministère joue un rôle important dans ce programme. J'ai cependant certaines critiques à faire concernant la manière dont le programme a été créé. Il est toujours décalé de sept ou huit mois, et les retards ne cessent de s'accumuler. Nous devons envoyer notre formulaire pour une certaine date, mais il s'écoule de nombreux mois avant que nous recevions quelque chose. Les agriculteurs sont censés prévoir — et ils doivent le faire —, mais c'est difficile. Cette année, le financement a été réduit à un point tel que le tiers des producteurs de Grey County qui ont demandé le financement à frais partagés ont reçu hier une lettre leur disant qu'il ne restait plus d'argent et qu'ils n'obtiendraient pas de financement. Ces gens mettent 70 p. 100 et parfois 50 p. 100 de leur argent là-dedans, mais cet incitatif à frais partagés n'est pas là pour les aider à apporter des améliorations environnementales à leur ferme.
Je dois donc blâmer le gouvernement, qui a ainsi réduit le financement. Tout le monde trouvait son compte avec ce programme. C'était avantageux pour l'agriculteur, pour le consommateur, et aussi pour le gouvernement, qui en retirait beaucoup de publicité positive.
Je pense que le gouvernement a fait complètement fausse route cette fois en coupant ce financement. Normalement, le financement était suffisant, mais cette année, il a été réduit considérablement, et, comme je l'ai dit, dans Grey County seulement, le tiers des demandeurs, même s'ils ont envoyé leur demande dans les deux semaines suivant le début du programme, n'ont rien reçu parce qu'il ne restait plus d'argent — et c'était premier arrivé premier servi.
C'est assez difficile à avaler pour beaucoup de gens. Je sais qu'il y a des personnes dans cette salle qui ont aussi fait les frais de cette réduction.
Ce que j'ai aussi entendu au cours de la dernière semaine et ce que j'entends maintenant, c'est qu'il y a une réelle volonté de demeurer sur la ferme, un véritable amour de la vie agricole, mais que de nombreux agriculteurs sont incapables d'en vivre.
L'un des faits qui m'a réellement donné un coup la semaine dernière était que 65 p. 100 des agriculteurs de moins de 35 ans avaient quitté l'industrie au cours des 10 dernières années parce qu'ils ne pouvaient en vivre.
Je suis désolé de continuer à évoquer le côté sombre de tout cela, mais si nous minimisons ou nions les faits, je crois que nous allons découvrir, comme l'a dit un agriculteur la semaine dernière, que l'industrie est en plein déclin. Ça m'inquiète. Je ne veux pas qu'on pense qu'il faut seulement modifier quelques programmes pour que tout aille bien, parce que ce n'est pas le cas. En fait, l'un des intervenants a dit que nous ne serions pas en train de parcourir le pays pour nous pencher sur l'avenir de l'agriculture au Canada si nous n'étions pas en crise.
Wayne, j'ai vraiment aimé votre idée de permettre aux terres agricoles d'être exclues des sociétés d'exploitation agricole, afin qu'elles puissent être distribuées lors d'un départ à la retraite ou d'un décès. Quelqu'un a parlé la semaine dernière d'un programme de jumelage pour les agriculteurs retraités qui n'ont pas de famille et qui désirent participer aux activités d'exploitation agricole.
J'ai suivi cette piste un peu plus loin en suggérant que les mesures fiscales avantageuses qui existent pour la planification de la relève au sein des familles puissent peut-être s'étendre aux personnes qui ne font pas partie de la famille, ce qui pourrait contribuer à sauver nos fermes. Avez-vous un commentaire à faire là-dessus?
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins de la table ronde; c'est super d'être entouré d'un groupe de témoins brillants. Chaque groupe a fait des commentaires extrêmement positifs au sujet de l'agriculture, et c'est manifestement pour cette raison que nous avons une relève.
Nous savons aussi qu'il y a essentiellement deux sources de préoccupation. D'une part, on se demande comment optimiser les programmes, et de l'autre, on se questionne au sujet de la réglementation. Je peux vous dire que nous avons rencontré beaucoup d'agriculteurs agressifs — certains sont pourtant très prospères et réussissent à joindre les deux bouts — qui nous ont dit: « Mettez-nous tous sur un pied d'égalité et de notre côté, nous nous arrangerons ».
J'ai présenté, pour améliorer la situation, une motion concernant les raisons pour lesquelles nous importons d'autres pays des produits que nous n'avons pas homologués. Pourquoi ne pas délivrer le permis à des entreprises canadiennes? Mais la situation était légèrement plus complexe. La motion n'a pas reçu l'appui de tout le monde au gouvernement, mais elle a été adoptée, et nous tentons maintenant de mettre en place un processus approprié, parce qu'on nous répète continuellement que l'incompatibilité de notre réglementation et de notre production désavantage systématiquement nos producteurs sur le plan financier.
Nous discutons constamment des ententes de libre-échange et de la gestion de l'offre. De toute évidence, le gouvernement canadien préconise la gestion de l'offre et agit en ce sens. Nous avons intégré la gestion de l'offre aux huit ententes de libre-échange que nous avons conclues jusqu'à maintenant. Et les dispositions de ces ententes qui se rapportent à l'agriculture ont été très bénéfiques. Je crois que nous sommes conscients que le marché de l'Ontario — voire de tout le Canada —, tout particulièrement l'industrie laitière, est régi par la gestion de l'offre depuis 1965, qui a été instaurée à l'échelle nationale en 1973. Tous les pays avec qui nous faisons affaire le savent. Quand vient le temps de conclure des ententes de libre-échange, chaque pays a ses propres priorités, et l'une des priorités du Canada est la gestion de l'offre, alors que les autres pays souhaitent répondre à des enjeux culturels, sociaux et agricoles qui les touchent. Lorsque nous négocions ces ententes, nous n'avons pas les mains liées, comme certains le sous-entendent. Les autres pays savent exactement quelle est la position du Canada.
Je me demande comment nous pourrions nous y prendre pour que les provinces soient mieux adaptées à la situation. Vous avez mentionné que le Québec est doté d'un excellent programme, tout comme l'Alberta, mais que l'Ontario n'en a pas. Nous transférons des milliards de dollars aux provinces, qui ont la possibilité d'en faire ce qu'elles veulent. Je suppose que certaines provinces investissent davantage de ces fonds dans l'agriculture que d'autres.
Comment pourrions-nous faire pour que l'ensemble du pays soit mieux adapté à la situation? Avez-vous des changements à proposer?
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Je remercie le Comité de la Chambre des communes de siéger dans notre région aujourd'hui, ainsi que Larry Miller d'avoir organisé tout ça pour nous.
Je m'appelle Grant Caswell. Je suis un agriculteur de la troisième génération. Je travaille avec mon père et mon oncle dans une exploitation laitière et bovine, juste en dehors de Meaford. Depuis 10 ans, j'ai un emploi en dehors de la ferme comme technicien en machines agricoles.
Le fait d'avoir un emploi en dehors de la ferme me permet de me tenir au courant de toutes sortes de choses, de ce qui se passe dans les autres types d'exploitations agricoles, et de rencontrer des gens. Je vois également comment les prix du marché fluctuent, quel impact ça a sur eux et sur nous. Par exemple, s'ils n'ont pas d'argent, nous n'avons pas de commandes.
C'est mon père qui m'a conseillé de trouver un emploi en dehors de la ferme afin d'avoir une perspective différente sur la façon dont les choses fonctionnent, comme ça, quand je déciderai de revenir travailler à la ferme à plein temps, c'est moi qui l'aurai décidé et je ferai comme je l'entendrai. Je me demande quand même comment la ferme pourra générer suffisamment de revenus pour subvenir aux besoins d'une famille de plus.
La ferme, c'est un mode de vie, mais c'est aussi une entreprise. Et contrairement aux autres entreprises où la semaine de travail est de 40 heures, nous, nous travaillons de longues heures chaque jour pour nous occuper de nos bêtes et de nos cultures alors que nous ne savons pas à quel prix nous allons les vendre. Il n'y a pas une autre industrie qui pourrait absorber autant de pertes et continuer quand même de travailler. À l'heure actuelle, l'âge moyen des agriculteurs est de 60 ans. S'il n'y a pas de jeunes pour prendre leur place, la population générale devra payer plus cher pour son alimentation, et cela se traduira par des pertes d'emplois dans d'autres secteurs liés à l'agriculture.
Chaque dollar dépensé par un agriculteur passe par neuf personnes avant d'aboutir au consommateur final. À l'heure actuelle, l'agriculteur ne peut compter sur aucun programme d'aide fédéral-provincial. Et pourtant, nous aurions pratiquement besoin d'un plan quinquennal, en tout cas d'un plan tourné vers l'avenir et pas vers le passé.
Il est ridicule d'accorder des crédits aux industriels de la viande plutôt qu'aux agriculteurs, car ils ne sont que des intermédiaires, et ils nous donnent trois fois rien pour notre viande alors qu'ils la revendent aux consommateurs à des prix exorbitants. Les agriculteurs travaillent dur pour augmenter leurs revenus; ils essaient de trouver d'autres marchés pour vendre leurs produits, mais, au fur et à mesure que le coût des intrants augmente, il en reste de moins en moins dans les poches de l'agriculteur. Comme vous le savez, nous ne pouvons pas imposer un supplément pour le carburant des camions et le transport sur tous les produits que nous vendons. Si les agriculteurs pouvaient être payés en fonction de leurs coûts de production, nous serions tous riches.
En conclusion, je voudrais dire que nous sommes l'épine dorsale de la société et que nous faisons de notre mieux. Nous voulons simplement être reconnus pour tout ce que nous faisons. Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous, et j'espère que mon témoignage vous sera utile dans votre étude.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais vous souhaiter la bienvenue à tous dans le comté de Grey, tout près de celui de Bruce.
Je suis agriculteur à plein temps. Nous exploitons une ferme située au sud du comté de Bruce où nous avons des élevages de bovins et des parcs d'engraissement. Nous vendons chaque année à peu près 1 400 têtes de bétail. J'ai un diplôme de l'Université de Guelph, et j'essaie de gérer notre exploitation en appliquant de bons principes d'agronomie, de gestion et de comptabilité.
Je suis convaincu que l'agriculture a de l'avenir. Certes, ça ne sera pas facile, mais avec des règlements et des politiques adéquats, et avec le développement de nouveaux marchés, locaux et internationaux, l'agriculture devrait devenir un secteur très dynamique.
Les jeunes agriculteurs ont besoin d'un plan, et ce plan doit être fondé sur la rentabilité, des programmes financiers cohérents, des marchés — ils sont tous importants —, des règles égales pour tous, un programme d'assurance pour les éleveurs de bétail, des programmes financiers, des règlements harmonisés avec ceux de nos partenaires commerciaux, et une politique agroalimentaire.
Tous les facteurs que je viens de mentionner sont importants pour la rentabilité des opérations. Les jeunes agriculteurs investiront dans l'agriculture si l'industrie peut leur donner un bon retour sur leur investissement et sur leur travail.
Les programmes doivent être adaptés aux conditions et à l'évolution du marché. L'industrie a fait de nombreuses suggestions en ce qui concerne le CSA, mais le gouvernement tient à consulter l'industrie. Pourtant, ce sont des mesures qu'il nous faut, pas d'autres consultations.
Je recommande de financer le plan agricole environnemental à 100 p. 100. C'est un excellent programme d'intendance foncière, qui profite à l'ensemble de la société. Des pays comme la Suisse financent des programmes environnementaux, pas en fonction de la production.
En ce qui concerne le commerce — local, provincial, fédéral et international —, tous les marchés sont importants si l'on veut maximiser la valeur des produits agricoles. Tous les producteurs, qu'ils soient soumis à la gestion des approvisionnements ou pas, profitent d'un marché libre. L'industrie laitière, par exemple, vend des stocks de géniteurs, c'est-à-dire des vaches, sur le marché libre. Dans le comté de Bruce, nous avons des exploitations qui exportent des graines de soja pour consommation alimentaire dans plus de 20 pays. Ces cultures de qualité supérieure permettent aux jeunes agriculteurs d'augmenter leurs revenus.
Nous avons besoin de règles égales pour tous, d'un programme national. Dans l'industrie bovine, on a actuellement un agrégat de programmes. L'Alberta et la Saskatchewan ont, ou sont sur le point d'avoir, un programme d'assurance des prix. Agriculture Canada devrait orienter les prix et les programmes d'assurance en fonction de cela. Il faut que les produits importés soient assujettis aux mêmes normes que les produits domestiques.
On a permis aux éleveurs de bétail d'instaurer un programme d'assurance analogue à l'assurance-production, qui a été conçue pour le secteur des animaux d'élevage, et cette promesse remonte aux débuts du Cadre stratégique pour l'agriculture, en 2003. Jusqu'ici, aucune mesure notable n'a été prise en ce sens. Il est capital d'avoir une forme efficace et abordable d'assurance de base et d'assurance des prix pour les éleveurs de tout le pays.
En ce qui concerne les programmes financiers, il y a, en Ontario, des coopératives d'éleveurs et d'engraisseurs. Je sais qu'il y a d'autres programmes au Canada, dans d'autres provinces. Ce sont d'excellents programmes qui offrent des options intéressantes en dehors des institutions financières. En 2009, plus de 100 000 têtes de bétail ont été achetées par l'intermédiaire de ces coopératives en Ontario. Localement — essentiellement dans les comtés de Grey et de Bruce —, plus du quart des membres sont des producteurs de moins de 35 ans. Le programme d'avances de fonds fait actuellement l'objet d'une mise en défaut. Rien n'a vraiment changé au cours de la dernière année. Je connais bien ce programme, et je pense qu'il devrait être prolongé d'une autre année.
En ce qui concerne la réglementation, le gouvernement devrait harmoniser les règlements avec nos grands partenaires commerciaux. Les divergences entre le Canada et les États-Unis au sujet des MRS sont bien connues. Et pourtant, que faisons-nous ? Nous continuons de faire comme si de rien n'était et d'importer de la viande des États-Unis. Ça nous ramène au problème de l'harmonisation.
La valeur élevée du dollar canadien et toutes ces disparités réglementaires ne font qu'exacerber le problème et coûtent très cher aux producteurs.
Pour ce qui est de la politique agroalimentaire, le Canada veut-il des aliments produits au Canada? Dans l'affirmative, il faut donner aux producteurs une compensation équitable sur le marché. Une industrie agricole rentable attirera de jeunes agriculteurs. Les détaillants doivent reconnaître que l'inspection effectuée par les provinces équivaut à l'inspection effectuée par le fédéral. Cela permettra à un plus grand nombre de produits locaux canadiens de se retrouver sur nos étagères.
Merci.
J'exploite une ferme bovine dans la région, avec environ 600 têtes de bétail.
Je m'occupe du programme de financement des engraisseurs de l'Ontario depuis environ 16 ans, et, comme Steve vient de l'indiquer, c'est un bon programme, qui est très utile aux producteurs.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais c'est un programme qui s'adresse plus particulièrement aux jeunes agriculteurs. Nous ne prêtons pas seulement aux jeunes agriculteurs, mais ils peuvent s'adresser à nous avec une mise de fonds minime. Ils doivent avoir quelques connaissances sur la façon d'engraisser le bétail, mais ils n'ont pas besoin d'avoir des antécédents de crédit. Ils peuvent s'adresser à nous pour obtenir une coquette somme d'argent et commencer ainsi à exploiter une ferme.
C'est comme ça que j'ai rencontré pas mal de jeunes gens qui sont venus nous demander de l'argent dans le cadre de ce programme. Ce n'est pas toujours facile. Ils viennent vous voir les yeux pleins d'espoir, ils ont hâte d'avoir une exploitation agricole, mais l'industrie bovine étant ce qu'elle est, ces jeunes gens qui sont nouveaux dans le secteur arrivent parfois à très bien s'en sortir, mais parfois aussi, à la fin d'année, une fois qu'ils ont remboursé leurs prêts, il ne leur reste pas grand-chose en poche. Vous vous posez alors toutes sortes de questions. Comment se fait-il qu'ils ont dépensé autant d'argent et qu'à la fin de l'année, ils sortent de votre bureau avec très peu d'argent en poche pour nourrir leur famille? Ça peut être très décourageant.
À cause de tout cela, et des contacts que j'ai avec les jeunes agriculteurs, je me rends compte que, lorsqu'on commence dans le métier, l'obstacle principal... Personnellement, je constate que les agriculteurs plus âgés reçoivent des chèques de subvention assez conséquents, parfois. Par contre, quand ils ont commencé dans les années 1960, ces agriculteurs plus âgés n'avaient pas de programmes pour les aider. Il y avait bien un programme hypothécaire pour les jeunes agriculteurs, ainsi que des prêts d'aide aux améliorations agricoles, mais ce n'était pas grand-chose... le plus difficile, c'était de faire face à la concurrence sur les marchés. Vous avez des entreprises qui reçoivent des subventions du gouvernement pour se lancer dans l'agriculture.
Très franchement, ce sont des gens qui travaillent cinq mois de l'année, touchent des prestations d'assurance-emploi le reste du temps, et réussissent à gagner beaucoup plus d'argent qu'un jeune agriculteur, ce qui est vraiment très décourageant.
On a parlé tout à l'heure, pendant la première partie de la réunion, de la diversification. Dans l'industrie bovine, il est pratiquement impossible de se diversifier, car les bureaucrates ferment les petits abattoirs tous azimuts. De cette façon, il est pratiquement impossible aux exploitations, quelle que soit leur taille, d'obtenir plus pour leurs produits. Au lieu de commercialiser directement la viande de boeuf auprès des consommateurs, les bureaucrates ferment ces petits abattoirs et empêchent les éleveurs de vendre directement leurs produits.
Quand vous êtes jeune, vous pensez que vous prenez la bonne décision, vous vous lancez dans l'agriculture ou l'élevage, et puis vous voyez des amis ou des camarades de classe qui se sont trouvé de bons emplois ailleurs, alors vous vous demandez... Personnellement, quand je vois ces gens venir nous voir pour obtenir une aide financière, je me demande s'ils sont vraiment conscients de la situation de l'agriculture et de l'industrie bovine aujourd'hui.
Il y a en fait beaucoup de jeunes qui voudraient se lancer dans l'agriculture. Ils ont un emploi dans d'autres secteurs, mais ils ne sont pas satisfaits. Très souvent, ils ont grandi sur une ferme, ils savent ce que c'est, mais ils ne voient pas comment ils pourraient retourner à la terre. Et une fois qu'une génération a quitté la ferme, la suivante ne revient pas. Vous allez devoir faire ce qui a été proposé tout à l'heure: aller dans les villes pour essayer de convaincre les non-agriculteurs de retourner sur la ferme.
Vous êtes à la croisée des chemins. Il faut absolument faire quelque chose pour permettre à ces gens de rester sur la ferme, car une fois que vous avez laissé une génération partir et se trouver des emplois rémunérateurs à la ville, vous ne pouvez pas les faire revenir à la terre.
Ce que j'aimerais, pour les jeunes agriculteurs, c'est que les règles du jeu soient les mêmes pour tout le monde en ce qui concerne les programmes de subventions. Quelqu'un a dit tout à l'heure que certains de ces programmes ne sont pas accessibles aux jeunes agriculteurs. Ce n'est pas normal. Les budgets alloués à ces programmes devraient justement s'adresser aux jeunes. Il faudrait aussi plafonner ces subventions. Il est absolument ridicule que certaines personnes reçoivent des chèques de 500 000 ou de1,5 million de dollars. Ce sont des deniers publics, et il est temps que le gouvernement plafonne ce genre de subventions.
À mon avis, il faudrait fixer un maximum de 50 000 dollars, pour donner une chance aux jeunes. Essayez d'utiliser les deniers publics de façon plus constructive en aidant les jeunes agriculteurs. Les grandes entreprises n'ont pas besoin de cet argent. Si elles n'arrivent pas à faire des profits, laissez-les tomber et aidez les jeunes à faire le travail à leur place. Le gouvernement peut accomplir des choses. Le PPA est une bonne chose, avec les 100 000 dollars sans intérêts. On pourrait sans doute l'améliorer encore.
Le Crédit agricole devrait retourner à son mandat original, qui est de prêter de l'argent à des jeunes. D'après ce que j'ai pu constater au cours des dernières années, cet organisme semble plus intéressé à prêter à des grandes entreprises comme Cargills et machin truc, ce qui rend la situation encore plus difficile pour les jeunes qui veulent emprunter de l'argent. Ce n'est pas comme ça que ça devrait marcher. Le Crédit agricole avait un mandat au départ, et à mon avis, il ne s'en acquitte pas.
Il faudrait assouplir les règles pour les abattoirs locaux, afin que celui qui veut commercialiser directement son boeuf, par exemple, puisse s'adresser à un abattoir avant d'être acculé à la faillite. Encore une fois, il faut que les programmes du gouvernement s'adressent directement aux jeunes agriculteurs. Quand on commence, on n'a pas grand-chose. On ne commence pas avec 10 000 acres. Il faut donc leur offrir quelque chose pour les attirer. Ces jeunes familles méritent d'avoir un niveau de vie décent, en tout cas un niveau de vie comparable à celui de leurs amis qui travaillent dans d'autres secteurs.
Pour ce qui est du Programme de financement destiné aux éleveurs de bovins d'engraissement, il y a deux distributeurs du PPA en Ontario. Le programme de financement pouvait prêter 100 000 dollars sans intérêt, et quand cette somme était due, les gens venaient la rembourser. Il y a même des gens qui sont allés chez ACC à Guelph pour emprunter de l'argent, les 100 000 dollars sans intérêt, et qui ne l'ont pas remboursé. Ce n'est pas correct.
Nos organisations sont intervenues pour prêter cet argent, et les gens se sont débrouillés et ils ont remboursé. Ceux qui ont emprunté l'argent chez ACC n'ont pas eu besoin de rembourser. On a même entendu dire que des prêts avaient été radiés. Ce n'est pas correct. Quand on emprunte de l'argent, il faut le rembourser, d'une façon ou d'une autre. Si on ne peut pas le rembourser maintenant, on peut transformer le prêt en hypothèque ou quelque chose du genre, mais il faut que l'argent soit remboursé, par souci d'équité à l'égard des autres agriculteurs de l'Ontario et du Canada.
C'est tout ce que j'ai à dire. Je vous remercie d'être venus nous rencontrer pour nous écouter. Je suis très content d'avoir l'occasion de vous parler.
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Merci, Madame et Messieurs.
Êtes-vous un consommateur alimentaire passif ou actif? Êtes-vous personnellement engagé dans la production et la transformation des aliments que vous consommez, ou bien dépendez-vous totalement des choix que vous impose le système alimentaire industriel? Exercez-vous un contrôle sur ce que vous consommez? Quel rôle jouez-vous dans notre système alimentaire?
Depuis les années 1950, le système alimentaire nord-américain n'est pas guidé par la nature ou par les forces naturelles du marché libre. Il est guidé par les politiques gouvernementales qui ont été mises en place pour aider la structure alimentaire industrielle que nous appelons notre système alimentaire. Les politiques agricoles des gouvernements exercent sur les aliments que vous consommez une influence beaucoup plus grande que ce que vous pouvez imaginer. Ces politiques ont encouragé la production d'aliments dont la qualité n'a jamais été aussi médiocre, et ce, à cause de subventions qui ont encouragé les agriculteurs à produire les cultures requises par notre système alimentaire.
Pour pouvoir utiliser toute la production annuelle de ces denrées, et ne pas accumuler d'inventaires excessifs, il a fallu faire preuve d'innovation et intégrer des produits comme le maïs dans toutes les composantes du régime alimentaire nord-américain. D'aucuns prétendent que les êtres humains sont aujourd'hui des structures moléculaires ambulantes liées entre elles par le maïs sous de multiples formes.
De nombreuses conséquences se manifestent aujourd'hui, comme l'obésité, certains problèmes de santé, une espérance de vie raccourcie, des collectivités rurales appauvries, et un fossé qui n'a jamais été aussi grand entre les consommateurs et les producteurs de denrées alimentaires. Les problèmes de santé sont une conséquence évidente de la piètre qualité des aliments que les gens consomment. Le régime alimentaire des êtres humains a évolué au cours des deux millénaires, mais il atteint aujourd'hui un niveau de médiocrité inégalé, à en juger par ses conséquences sur la santé. Nous avons privilégié la quantité à la qualité, la durée de vie sur les étagères à la texture, et la malbouffe aux spécialités du terroir.
De nouvelles technologies sont aujourd'hui mises en place dans notre système alimentaire qui sont absolument inouïes. Jamais auparavant dans notre histoire nous n'avions constaté les effets irréversibles dont nous sommes témoins aujourd'hui. Jamais auparavant nous n'avions assisté à autant de dégradation morale de ce qui a été créé par notre Créateur. Le génie génétique va modifier, et il le fait déjà, la nature de nos semences. Une fois que ce sera fait, on ne pourra jamais revenir en arrière pour retrouver le produit original qui, pourtant, répondait jadis à nos besoins, et était durable et renouvelable. Cela ne sera plus possible, car une fois qu'il aura été modifié, nous serons obligés de subir les effets irréversibles qu'il aura eus sur notre pays.
Étant donné les subventions que les gouvernements versent aux agriculteurs et aux éleveurs, que ce soit aux États-Unis ou au Canada, les producteurs primaires se disent qu'ils n'ont pas besoin d'accroître la résilience de leur exploitation agricole, qu'il leur suffit de maintenir leur production au même niveau et avec les mêmes méthodes, et qu'ils n'ont pas besoin de se mettre en quête de nouveaux marchés. Traditionnellement, les subventions encouragent le maintien de production agricoles qui, sans cela, ne seraient pas rentables. Nous voyons maintenant comment des politiques gouvernementales, des méthodes de production insoutenables et des subventions ont abouti au système alimentaire que nous connaissons aujourd'hui.
Les grandes multinationales de l'agroalimentaire sont ravies que nous ayons ce type de système en Amérique du Nord, parce que cela leur garantit un approvisionnement continu en matières premières bon marché. Ça leur permet également d'avoir un approvisionnement captif, étant donné les grandes quantités qu'elles achètent, et étant donné que les gouvernements continuent de subventionner les producteurs au niveau de la ferme, si bien que ces derniers ne sont pas encouragés à produire des cultures stables comme le maïs, le blé, le soja et le coton. Dans ces conditions, les prix accordés aux agriculteurs restent en dessous de leur coût de production, d'où leur incapacité à avoir une exploitation rentable.
Pour que l'agriculture soit une entreprise viable au Canada, il faut mettre un terme à toutes les subventions liées à la production agricole. Nous ne pouvons pas nous permettre de protéger des agriculteurs du marché libre en leur versant des subventions proportionnelles au nombre de boisseaux par acre ou de livres par animal. Par contre, nous devons les aider en ce qui concerne la protection de l'environnement et l'amélioration des infrastructures, et envisager des incitatifs à la valeur ajoutée, des paiements dans les zones rurales défavorisées, de la création d'emplois dans les régions rurales et des crédits d'impôt pour l'agriculture viable. Tout cela permettrait de dynamiser les collectivités rurales sans promouvoir pour autant la surproduction de denrées alimentaires qui sont vendues ensuite à un prix inférieur au coût de production simplement pour laisser la place à la récolte de l'année suivante. Il nous faut également des politiques et des règlements sensés, qui ne contribuent pas à acculer des agriculteurs et des transformateurs à la faillite en autorisant l'importation de produits inférieurs aux normes.
Une fois qu'on comprend ce que coûtent vraiment les produits alimentaires, on se rend compte qu'une révolution alimentaire est inévitable si nous voulons avoir un jour une économie agricole dans notre pays.
Nous avons atteint pour la première fois un plateau. Rien que pour cette année, la Chine a annoncé un investissement de 55 milliards de dollars dans les infrastructures rurales, au niveau des exploitations agricoles. J'ai récemment discuté avec un dirigeant de Staples Business Depot qui me disait qu'ils avaient des difficultés à importer un grand nombre de produits car, après les fêtes du nouvel an chinois, environ 20 p. 100 de la population active ne retourne pas à la ville. Cette année, c'est 40 à 50 p. 100 de la population active qui n'est pas retournée à la ville en raison des investissements que le gouvernement chinois a consentis dans les infrastructures agricoles.
Nous importons des produits agricoles de ces pays à longueur d'année. Je travaille dans le domaine des exportations et des importations, et notre chiffre d'affaires tourne autour des 2 millions de dollars par an. À mon avis, notre principal handicap est le manque d'infrastructures et d'installations de transformation. Nous n'avons pas besoin d'un autre programme du gouvernement pour payer des gens à préparer des plans d'entreprise ou des brochures faisant la promotion du commerce local; nous avons besoin d'argent et de ressources sur le terrain, afin d'aider les agriculteurs à se doter des infrastructures dont ils ont besoin.
Je suis comme la plupart des autres témoins ici qui ont essayé de traiter avec le Crédit agricole. On a vraiment l'impression d'être sur une autre planète. C'est insupportable.
L'autre chose insupportable — et je ne critique pas seulement le Parti conservateur, même s'il est au pouvoir depuis deux mandats maintenant —, c'est qu'il y a eu bien d'autres gouvernements avant vous qui ont vraiment laissé tomber l'agriculture. Nous n'avons pas besoin d'un plan quinquennal en agriculture, comme l'a suggéré quelqu'un tout à l'heure. C'est un plan sur 50 ans qu'il nous faut, avec des plateaux tous les cinq ans pour l'actualiser. Pour l'instant, nous n'avons rien du tout, et c'est un problème énorme. Je ne vois pas comment on peut assurer la pérennité ou la viabilité d'un marché avec une vision à si court terme. Il faut une vision à long terme, et des mises à jour à intervalles réguliers. Mais il faut mettre en place une politique et un cadre de travail afin de partir de quelque chose, plutôt que de mettre en place un système au coup par coup.
La situation est telle qu'à l'heure actuelle, nous perdons des milliers d'agriculteurs. Le gros problème que nous avons, surtout en Ontario, concerne les valeurs foncières. C'est astronomique. Les agriculteurs doivent faire concurrence à ceux qui achètent ces exploitations agricoles, qui en font deux ou trois lots et qui s'imaginent que la communauté agricole va payer la même valeur pour ces propriétés.
Au Canada, les salaires, les normes de santé et de sécurité et les coûts de production sont parmi les plus élevés en Amérique du Nord. Les gens ne s'en aperçoivent peut-être pas, mais c'est la réalité. Je ne propose pas qu'on y renonce, car je suis content qu'il en soit ainsi, mais il faut que nous soyons conscients que certaines caractéristiques de notre économie nuisent à notre compétitivité.
Avec tous les règlements qui nous tombent dessus, je ne vois pas comment on pourrait être compétitifs sur les marchés. C'est bien beau que les gens pensent que nous le sommes, et qu'il soient fiers de ce qu'ils font, mais il faut être réaliste. Si nous étions aussi compétitifs que certains agriculteurs le prétendent, nous ne serions pas dans la situation économique que nous connaissons aujourd'hui.
Je vous ai fait part de quelques réflexions, et je suis prêt maintenant à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue dans les comtés de Grey et de Bruce et remercie votre comité de prendre la peine de venir nous rencontrer dans l'Ontario rural, pour écouter ce que nous avons à vous dire. J'aimerais également vous remercier d'avoir invité les Producteurs laitiers de l'Ontario à comparaître devant vous.
Ce n'est pas un programme qui est unique à l'Ontario. Il en existe des équivalents au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard. Il y en a peut-être aussi dans l'Ouest, mais je ne suis pas très au courant.
J'ai apporté un document qui vous sera distribué plus tard, lorsqu'il sera traduit.
Les Producteurs laitiers de l'Ontario permettent à 10 nouveaux arrivants, chaque année, de faire une demande pour utiliser jusqu'à 12 kg de quotas quotidiens. Les candidats retenus bénéficient de ce programme gratuitement, et cela leur permet d'accroître leur marge brute d'autofinancement au démarrage de leurs activités, si bien qu'ils ont plus de chances d'avoir une exploitation indépendante et viable à long terme.
Les candidats doivent avoir l'âge de la majorité et présenter un plan d'entreprise sur 10 ans, dont le potentiel de rentabilité a été certifié par un comptable. Il faut aussi, comme l'exige le plan d'entreprise, qu'un établissement financier soit prêt à leur prêter de l'argent. Ils doivent produire et commercialiser le lait sur une ferme qui leur appartient ou qu'ils louent, et ils ne doivent pas avoir déjà détenu un permis pour produire ou commercialiser du lait au Canada.
Le processus de sélection est le suivant. Chaque nouvel arrivant doit faire sa demande au début de l'année précédente, entre août et novembre. S'il y a plus de 10 candidats admissibles, une tierce partie indépendante en choisit 10 au hasard ou par tirage au sort. Pour l'année en cours, 65 candidats avaient présenté une demande en 2009, parmi lesquels 10 ont été choisis.
Les nouveaux arrivants doivent avoir un minimum de 12 kilos, jusqu'à un maximum de 23 kilos, avant de pouvoir utiliser les 12 kilos qui leur sont attribués par les Producteurs laitiers.
Les nouveaux arrivants peuvent recevoir un quota de leur famille, en acheter pour leurs opérations courantes ou en acheter à la bourse des quotas. S'ils achètent leur premier quota à la bourse, un nouvel arrivant par mois a la priorité pour que son offre soit acceptée en totalité.
Les nouveaux arrivants qui sont sélectionnés peuvent utiliser 12 kilos de quotas pendant cinq ans, et, à partir de la sixième année, ils rendent un kilo chaque année aux Producteurs laitiers, ce qui permet de redistribuer ces kilos aux nouveaux arrivants des années suivantes.
En plus du programme pour les nouveaux arrivants, les Producteurs laitiers accordent aussi un accès prioritaire aux nouveaux producteurs qui veulent produire et commercialiser leur lait sans aucune aide. Les Producteurs laitiers ont ainsi donné la priorité à la bourse des quotas à 22 nouveaux producteurs depuis le 1er août 2009, et 82 autres nouveaux producteurs potentiels leur ont soumis une demande à cette fin.
Merci.
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Merci, Larry, de me donner la possibilité de m'adresser à vous à la dernière minute.
Je veux vous parler parce que j'ai de bonnes nouvelles, et j'aimerais présenter peut-être un dernier point. J'ai également des réponses à certaines questions soulevées au cours de la première partie de la séance.
Il y a dix ans, presque jour pour jour, je suis devenue une nouvelle agricultrice de la région et j'ai fait l'élevage de moutons pendant six ans. Mais aujourd'hui je travaille pour l'organisation FarmStart. C'est une organisation sans but lucratif qui forme des agriculteurs partout en Ontario, en collaboration avec le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario et d'autres organisations. Nous sommes passés de deux à huit employés au cours de la dernière année, grâce à la Fondation Trillium, à l'AMI, à Metcalf, à l'OMIF et à d'autres.
Nous offrons de la formation à une nouvelle génération d'agriculteurs, comme nous les appelons. Pour vous décrire un peu cette génération, nous pourrions probablement dire que ces agriculteurs établissent eux-mêmes les prix. Nous essayons de promouvoir réellement l'idée d'un modèle d'affaires viable.
Nous avons également un programme qui s'appelle FarmLINK. Ce programme permet, comme nous l'avons déjà dit, d'aider de nouveaux agriculteurs à obtenir des terres et d'établir un partenariat entre ces agriculteurs et des mentors ou des agriculteurs qui ont beaucoup de connaissances qu'ils peuvent transmettre à la prochaine génération. Nous venons d'engager quelqu'un qui commencera à examiner la planification de la relève non fondée sur la famille. J'entends beaucoup de choses. Je suis allée au congrès de la Junior Farmers' Association. Nous entendons beaucoup parler de la planification de la relève agricole, mais il faut vraiment qu'il y ait un transfert des connaissances qui se fasse à l'extérieur des familles.
J'aimerais faire remarquer également, en ce qui a trait à l'acquisition d'exploitations agricoles, qu'il y a un article dans la revue Small Farm de ce mois-ci au sujet d'agriculteurs de Neustadt. Il s'agit de deux jeunes couples qui ont acheté des terres dans le comté de Grey. Ils racontent leur histoire et disent comment ils ont réussi à acheter une ferme et à se préparer à l'exploiter. C'est un très bon article.
Deux cours intitulés « Exploring Your New Farm Dream » se donnent actuellement à Toronto. Nous avions 38 places, et il y a eu 65 demandes. Je dirais, sans être absolument certaine, que 50 p. 100 des demandeurs sont des néo-Canadiens. Peut-être que les agriculteurs de demain seront des immigrants. Par exemple, je rencontre demain un homme de Dubaï qui souhaite se lancer dans l'agriculture ici. Il cultive des légumes sur 400 acres à Dubaï.
Le problème avec les nouveaux agriculteurs, c'est qu'ils ne sont pas admissibles au financement dans le cadre de l'atelier « Faites fructifier les profits de votre ferme ». Nous collaborons avec le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario pour établir un programme qui, espérons-le, permettra à ces nouveaux agriculteurs d'avoir accès au partage des coûts afin qu'ils puissent obtenir de la formation.
Les autres provinces scrutent ce que nous faisons. Il y en a déjà quatre qui veulent appliquer le programme FarmLINK, alors nous en ferons un programme à l'échelle nationale. Je suppose que nous sommes les cobayes. Les autres provinces espèrent lancer un programme similaire chez elles.
Merci encore.
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Je vous remercie tous de votre présence aujourd'hui. Je sais que vous avez un horaire chargé, en particulier sur la ferme, et que vous préféreriez probablement être là-bas en ce moment.
Comme vous le savez, nous visitons les différentes régions du pays. Le message, au moins dans mon cas et dans celui d'autres députés, commence à devenir de plus en plus uniforme.
Plus d'une personne a dit que le secteur agricole était en déclin constant, que l'âge moyen des agriculteurs était maintenant de près de 60 ans, contrairement aux autres secteurs. Au cours des 10 dernières années, 65 p. 100 des agriculteurs de moins de 35 ans ont quitté le secteur. Selon certains, si aucune mesure importante n'est prise, le Canada rural pourrait bientôt être déserté.
Cela me préoccupe. Ce n'est peut-être pas l'expérience que vous vivez, mais c'est ce que nous entendons. Ça ne veut pas dire que les gens ne veulent pas se lancer dans l'agriculture. Ils adhèrent au mode de vie; le problème, c'est quand il faut en faire un gagne-pain. Certains secteurs ont plus de facilité à survivre que d'autres, mais je suis très inquiet.
J'ai entendu aussi que ça ne suffit pas de modifier légèrement le programme de gestion des risques commerciaux ou un programme par-ci par-là. Nous devons avoir une politique agricole et alimentaire efficace; le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux doivent collaborer pour uniformiser les règles du jeu dans tout le pays. Je ne vois aucune autre option possible. Si on se contentait de moins, à mon avis, on minimiserait le problème; on vivrait dans le déni, en quelque sorte.
Cela dit, Steve, vous avez parlé des MRS. Nous avons visité une usine en Alberta, et le personnel nous a montré les MRS. Ça pesait environ 108 livres. Je vais vous expliquer ce qui m'a troublé. Les États-Unis et le Canada éliminent les MRS. Les États-Unis peuvent en utiliser la plus grande partie dans l'engrais ou les aliments des animaux, alors que nous ne le faisons pas. Aux États-Unis, il ne reste pratiquement rien des MRS, et ici on a toujours les 108 livres.
Ensuite, j'ai posé la question suivante: Notre position sur les MRS et notre réaction à la situation nous ont-elles permis d'ouvrir d'autres marchés pour les agriculteurs au Canada? On m'a répondu que non, qu'aucun nouveau marché n'avait été ouvert.
Je me demande comment vous régleriez ce problème et si vous apporteriez un changement.
N'importe qui peut répondre à cette question, mais je crois, Steve, que vous êtes celui qui l'a soulevée — soit vous ou Doug.
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Merci à tous. Je vous remercie d'avoir accepté de venir ici aujourd'hui pour nous faire part de votre expérience et de votre passion de l'agriculture, et nous faire profiter de votre expertise.
C'est intéressant de voir comment deux personnes peuvent comprendre deux choses complètement différentes; je sais que je ne comprends pas la même chose que mon collègue libéral, de l'autre côté. Ce que j'entends me semble plus positif — je ne dis pas qu'il n'y a rien qui doive être fait, ni que ce sera une mince affaire de garantir un avenir à l'agriculture, ni qu'il sera facile de faire de l'agriculture une industrie plus attirante pour les jeunes agriculteurs, mais je crois que le message que nous envoie nos jeunes agriculteurs de tout le pays est très positif.
Ils voient un avenir dans l'agriculture, et ils souhaitent travailler dans le domaine. Ils examinent la situation actuelle et comprennent qu'ils doivent s'occuper de leur exploitation agricole comme d'une entreprise et qu'ils doivent adopter une stratégie d'affaires. Ils souhaitent innover, diversifier leurs opérations, obtenir une valeur ajoutée, et faire tout ce qui est nécessaire pour que l'agriculture ait un avenir et pour qu'ils puissent avoir une entreprise rentable.
Je suis très encouragé par quelques-unes des choses qui ont été dites aujourd'hui, par exemple au sujet des coopératives de fournisseurs et du programme des producteurs laitiers. Je sais que l'entreprise Alberta Milk a quelque chose de similaire en Alberta, d'où je viens. Je n'avais jamais entendu parler de FarmStart avant aujourd'hui. Il s'agit de quelque chose qui doit être mis en oeuvre dans toutes les régions du pays.
Il s'agit là d'initiatives qui sont lancées par les agriculteurs, par les personnes qui travaillent sur les terres. Le gouvernement doit prendre des mesures, cela ne fait aucun doute, mais c'est vraiment encourageant de voir que des personnes prennent à bras-le-corps l'avenir de leur industrie. Ça m'encourage vraiment.
Bien entendu, il y a des choses que le gouvernement... et nous en avons entendu parler aujourd'hui. La situation n'est pas différente dans les autres provinces que nous avons visitées; il y a des choses comme le fardeau réglementaire écrasant auquel doivent se conformer les agriculteurs et comme, bien entendu, les programmes. Voilà l'idée que je souhaite le plus véhiculer au moyen de ma question.
J'ai entendu des suggestions à différents moments dans différentes régions du pays, et je les trouve intrigantes, je suppose. C'est probablement un peu controversé de parler de programmes de cette façon, mais des agriculteurs ont dit des choses, et je souhaite savoir ce que vous pensez de ces suggestions. C'est un amalgame de deux choses que j'ai entendues.
L'une de ces choses concerne les programmes. Je crois qu'il n'y a probablement aucun agriculteur qui souhaite gagner sa vie grâce à un programme gouvernemental ou aux chèques qu'il reçoit par la poste; les agriculteurs préfèrent de loin subvenir à leurs besoins grâce à leur exploitation agricole. La question qu'il faut se poser est, bien entendu: est-ce possible de le faire? Nous avons maintes fois entendu la suggestion selon laquelle les programmes d'assurance pourraient être les seuls programmes nécessaires; peut-être que nous devrions nous contenter de réfléchir à un programme d'assurance.
Nous avons également entendu à maintes reprises, et j'ai trouvé cela très intriguant, que nous devrions nous assurer d'offrir des programmes s'adressant tout spécialement aux agriculteurs débutants. Je parle d'« agriculteurs débutants », parce qu'ils ne sont pas toujours « jeunes »; ce sont plutôt des agriculteurs « débutants ».
Un amalgame de ces deux choses serait que nous pourrions réfléchir à des programmes qui s'adresseraient particulièrement aux jeunes agriculteurs, ou aux agriculteurs débutants, puis songer à mettre sur pied une programme d'assurance. Voyez-vous une façon d'aller de l'avant dans le domaine de l'agriculture en utilisant un système de ce genre, et dans l'affirmative, comment cela fonctionnerait-il? Je sais que ce n'est probablement pas une question à laquelle il est facile de répondre, comme ça, sur-le-champ, mais j'aimerais savoir quelles sont vos idées à ce sujet.
Avant de passer à la dernière série de questions, Steve, j'ai une seule chose à ajouter. Je crois que vous et moi en avons déjà parlé.
C'est la question qui touche des provinces comme l'Alberta, la Saskatchewan et le Québec. La seule façon pour le gouvernement fédéral de contribuer... Par exemple, s'il vous donne 100 $ par tête, en tant que gouvernement national il est tenu de faire de même en Alberta, bien que le gouvernement de l'Alberta donne déjà à ses éleveurs de bovins de boucherie 100 $ par tête. Si vous pouviez obtenir l'engagement du Québec, de l'Alberta et de la Saskatchewan de retirer leurs programmes et forcer le gouvernement à le faire, alors tout le monde serait traité de la même manière.
Mais le gouvernement fédéral n'a pas le mandat de leur dire de ne pas le faire; les provinces doivent le faire de leur plein gré. Bref, si le gouvernement fédéral donne à tout le monde un certain montant d'argent, qu'il s'agisse de l'industrie bovine, porcine, ovine ou peu importe, il doit donner la même chose au producteur, peu importe où il vit au Canada. Au bout du compte, à moins que les provinces ne cessent de faire ce qu'elles font, on se retrouve encore aux prises avec ces inégalités.
Je pratique l'agriculture en Ontario et vous aussi. J'ai toujours pensé, et vous m'avez déjà entendu le dire, que c'est pourquoi, au bout du compte, le seul organisme qui peut atténuer cette inégalité est la province, qui doit prendre les mesures qui s'imposent, à moins d'exiger que les autres provinces se retirent et que le programme soit exécuté à l'échelle nationale.
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Merci, monsieur le président.
Merci à chacun d'entre vous d'être des nôtres.
Vous avez tous parlé de l'importance de créer des règles du jeu égales pour tous dans notre premier groupe. Nous en avons parlé, alors je ne répéterai pas le besoin et la constante dont il a été question, surtout à propos de la réglementation.
L'une des choses dont nous avons parlé dans nos déplacement au Canada, c'est qu'il y a toujours une variation dans les programmes assortis de plafonds. Vous avez souligné, monsieur Hayes, que le plafond serait peut-être en fait de 50 000 $. Ce qu'on a toujours entendu, c'est que 20 p. 100 des agriculteurs produisent 80 p. 100 des produits agricoles. Cette donnée ne tient plus; il y a probablement 15 p. 100 des agriculteurs maintenant qui produisent peut-être 85 p. 100 ou plus des produits agricoles.
Dans ce contexte — et j'aimerais avoir vos commentaires — et sachant que le coût des intrants sont élevés en ce qui concerne les capitaux, l'équipement, la terre, la location, qui correspond en fait à l'une des parties contrôlables de la production, croyez-vous qu'il devrait y avoir un plafond? Ce plafond devrait-il être bas, même si nous savons que les chiffres relatifs à la production de nourriture se situent quelque part dans cette fourchette: 15 p. 100 produisent 85 p. 100 des produits agricoles?
Je lance la question. Peut-être Grant, Steve et Sean... Et Bruce, je ne sais pas si cela entre dans votre...
D'accord, Grant, allez-y rapidement.
Le temps est malheureusement écoulé. Ça ne semble jamais assez long.
Il y a une seule chose que je voulais aborder. Aujourd'hui, nous avons beaucoup entendu parler des plafonds, pour et contre. J'ai toujours appuyé les plafonds. Mais une chose qui est assez claire dans nos déplacements partout au pays, c'est que dans l'ensemble, les gens s'opposent beaucoup plus aux plafonds qu'ils ne les appuient. Je crois qu'il était juste de le souligner.
Sean, tout comme Doug vous avez parlé de certaines grandes sociétés. J'ai proposé un projet de loi d'initiative parlementaire qui a reçu l'appui général de tous les partis. Le projet de loi vise à empêcher les grandes sociétés ou les sociétés cotées en bourse à avoir accès aux mêmes programmes gouvernementaux auxquels chacun d'entre vous, en tant qu'agriculteur, a accès. Vous pouvez aller en ligne et obtenir des détails à ce sujet. J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet, négatifs ou positifs, parce que c'est une ébauche. Mais c'est le but visé.
Au Canada, il n'est pas illégal pour les abattoirs de posséder des bovins ou pour une entreprise d'aliments de posséder des porcs, des poulets, etc. C'est une façon de contourner le problème. Mais je suis très clair. Mon intention vise ceux-là afin qu'ils n'aient pas accès... La Saskatchewan Wheat Pool a pris 1,8 million de dollars, je crois, du PCSA il y a environ trois ou quatre ans, et à mon avis c'est inacceptable. Il peut obtenir ses marges sur le marché, tandis que le producteur sur le terrain ne peut pas toujours le faire.
Je vous remercie tous beaucoup d'avoir été des nôtres. Une belle journée comme aujourd'hui, je sais où vous préféreriez être, ou devriez être. Mais je vous remercie encore une fois. Nous sommes heureux de vous avoir accueillis.
Sur ce, la séance est levée.