Je m'appelle Christie Young et je suis la directrice générale de FarmStart. Il s'agit d'un organisme sans but lucratif mis sur pied pour aider une nouvelle génération d'agriculteurs.
En Ontario, au cours des cinq dernières années, nous avons mis sur pied des programmes souples qui permettent d'offrir aux nouveaux agriculteurs issus de tous les milieux, les ressources, les outils et le soutien nécessaires pour démarrer leur entreprise et prospérer.
Nous offrons un programme d'incubation des exploitations agricoles ainsi que de petites subventions de démarrage. Au cours des trois dernières années, nous avons aidé directement plus de 40 nouveaux agriculteurs à mettre sur pied leur entreprise.
Nous offrons un éventail de cours et de ressources pour les personnes qui souhaitent se lancer en agriculture, planifier, mettre sur pied ou réorienter leur entreprise. Quelque 1 500 personnes ont suivi nos cours et ateliers au cours des trois dernières années.
Nous avons également instauré le programme FarmLINK qui aide les agriculteurs en puissance à communiquer avec des propriétaires de ferme et des agriculteurs souhaitant prendre leur retraite. Notre site Web farmlink.net qui n'existe que depuis deux ans compte déjà 600 profils. Nous organisons des activités d'accueil qui permettent à ces propriétaires agricoles et aux personnes souhaitant acquérir une ferme de faire connaissance, et les salles sont toujours pleines à craquer. Nous lançons aussi un programme d'encadrement de la relève pour les fermes non traditionnelles.
Nous constatons un vif regain d'intérêt pour les aliments santé et l'agriculture saine; de plus en plus de jeunes issus de milieux agricoles et non agricoles, de nouveaux immigrants et de personnes qui veulent se lancer dans l'agriculture comme deuxième carrière optent pour un avenir en agriculture. Ils veulent mettre sur pied des entreprises agricoles viables sur le plan économique et sur le plan écologique. S'ils doivent faire face à de nombreux obstacles, ils ont également accès à beaucoup de possibilités; leurs compétences, relations et passions sont de nature à favoriser l'innovation et le renouvellement.
Je viens de vous décrire ce que nous observons, chez FarmStart, avec le vieillissement du secteur agricole, de même que l'origine des nouveaux candidats à l'agriculture et leur évolution. Aujourd'hui, j'aimerais vous décrire en plus de détails le type d'agriculture et le système de production alimentaire auxquels ils veulent participer.
À mon avis, le sujet qu'on nous a proposé pour aujourd'hui, soit comment assurer la viabilité et la réussite de la biotechnologie dans le domaine de l'agriculture, ne devrait pas être le point de départ. Toute technologie devrait être évaluée, mise au point et adoptée ou rejetée en fonction de l'objectif qu'elle peut servir ou du tort qu'elle risque de causer. Avant d'adopter une nouvelle technologie, nous devons avoir une idée beaucoup plus claire de l'orientation souhaitée. Quel système de production alimentaire souhaitons-nous pour aujourd'hui et pour les générations futures?
Voilà 10 000 ans que nous adoptons, mettons à l'essai, délaissons ou exploitons des technologies qui nous aident à mieux cultiver, à produire davantage, à travailler moins fort, et ainsi de suite. Les méthodes et techniques fondées sur les réalités biologiques contribuent depuis presque toujours à cette évolution de l'agriculture. Ce en quoi certaines des biotechnologies actuelles diffèrent — et tout particulièrement les organismes génétiquement modifiés —, c'est qu'elles sont devenues un moyen qui finit par déterminer le but, car ces technologies peuvent éliminer d'autres options possibles une fois que leurs produits sont rejetés dans l'environnement, par suite de contamination, de mutations génétiques, de croisements et ainsi de suite. Cela ressort très clairement du débat sur la luzerne transgénique et les systèmes de culture biologique et dans le débat sur le saumon transgénique et ses effets sur les populations de saumon sauvage.
À la lumière de l'expérience des 15 dernières années, il semblerait que le recours aux cultures transgéniques soit en train de dicter la mise en place d'un système de monocultures fortement dépendantes de produits chimiques, à grande consommation énergétique et à grande surface, système essentiellement contrôlé par les sociétés agro-industrielles. Et même si la production a augmenté, il n'en va pas nécessairement de même de la viabilité des entreprises agricoles.
Au moment d'évaluer des technologies agricoles déterministes et imprévisibles, dont les effets peuvent être considérables, il faut adopter le principe de précaution en matière de réglementation et d'homologation. Autrement dit, investir dans les recherches publiques et les études soumises à l'examen par des pairs, des essais de répétition et la preuve d'une absence de tort pour les générations futures tenant compte des répercussions sur l'environnement, sur l'économie et sur la santé humaine.
Cela dit, il vaudrait mieux aujourd'hui nous demander comment nous choisissons les buts que nous nous fixons. Un moyen ne doit pas déterminer une fin. Nous ne devons plus permettre que la simple existence ou la possibilité d'une technologie précise dicte le type d'agriculture que nous aurons. Par conséquent, ceux qui participent à la création de biotechnologies et qui en tirent profit ne devraient pas viser ce but.
Quel système alimentaire voulons-nous et nous faut-il, en tant que société en plein essor, innovatrice et créative, pour survivre sur cette planète aux ressources limitées? Nous souhaitons tous une agriculture durable qui sera aussi productive, voire plus, dans l'avenir; nous voulons des aliments sains et sans danger ainsi que des exploitations agricoles viables partout au monde.
J'ai pris connaissance de certains des résultats de l'initiative appelée New Vision for Agriculture préparés par McKinsey & Company pour le Forum de développement économique de Davos. Ce rapport a été subventionné et produit par des entreprises qui font la promotion des ONG et des aliments-camelotes, les mêmes entreprises qui proclament à présent leur volonté de résoudre la crise alimentaire mondiale grâce à leur savoir-faire et à leur technologie. Parmi les 17 entreprises mondiales qui ont mené cette initiative figurent Archer Daniels Midland, Monsanto, Unilever, Syngenta, Walmart et DuPont.
Avant de donner suite à leur demande, il faudrait examiner avec soin leurs antécédents et plus particulièrement la concentration de leur pouvoir, l'utilisation de plus en plus grande de produits chimiques agricoles — en particulier, les herbicides — et la perte de souveraineté de l'agriculteur sur les semences.
Cette poignée de compagnies ne sont toutefois pas les seules à proposer des voies pour l'avenir. Il existe beaucoup d'autres sources — entre autres des études soumises à un comité d'examen composé de pairs, qui peuvent nous aider à décider des technologies à utiliser pour avancer vers un avenir agricole productif et durable.
Le rapport mondial de l'Évaluation internationale des connaissances, des sciences et des technologies agricoles pour le développement est une source valable: plus de 2 000 scientifiques et presque tous les organismes agricoles internationaux du monde y ont participé. Tous les pays, à l'exception notable du Canada, des États-Unis et de l'Australie y ont souscrit. Ce rapport décrit clairement le consensus croissant au sujet de la nécessité d'adopter des systèmes de production et de distribution équitables, écologiques, résistants, localisés et qui favorisent la biodiversité de même que la souveraineté sur les ressources génétiques.
Je pourrais vous en décrire les recommandations précises un peu plus tard. Toutefois, une des principales recommandations consiste à mettre en place des systèmes agricoles plus sains, plus productifs et plus résistants, à commencer par le sol. Les agriculteurs du monde entier et ceux avec lesquels je travaille comprennent qu'il est essentiel d'investir dans la structure du sol, la matière organique et la vie biologique pour améliorer à la fois la santé de leurs cultures et leurs bénéfices nets.
Par exemple, l'Institut Rodale a effectué des études comparatives de systèmes d'exploitation agricole depuis plus de 27 ans aux États-Unis; on compare les systèmes d'agriculture biologique avec ce qu'on appelle désormais « l'agriculture conventionnelle ». Les essais réalisés ont révélé que sur une période de 27 ans, l'agriculture biologique a entraîné une augmentation de 30 p. 100 de la matière organique dans le sol et de 15 p. 100 de l'azote dans le sol. Pendant les bonnes années, la production ou le rendement des fermes biologiques était systématiquement égal à celui des fermes conventionnelles, mais pendant les années de sécheresse, les récoltes de maïs et de soya biologiques dépassaient de 28 à 75 p. 100 les récoltes conventionnelles.
En plus d'accroître la résistance des cultures, ces systèmes agricoles ont plusieurs autres bienfaits essentiels. En ce qui concerne la consommation énergétique, cet essai a révélé que l'agriculture diversifiée alliée à des cultures de couverture, réduit de 33 à 50 p. 100 la consommation de carburants fossiles par rapport à l'agriculture conventionnelle.
En matière de séquestration de carbone, la comparaison de méthodes écologiques et conventionnelles de culture du maïs et du soya a montré que les champs biologiques séquestrent systématiquement plus de 1 000 kilogrammes de carbone par hectare par année, ce qui équivaut à la capture de plus de 3 500 kilogrammes de dioxyde de carbone par hectare et par année.
Les chercheurs de l'Université du Maryland ont analysé la viabilité économique de ces systèmes agricoles: les rendements de l'agriculture biologique étaient comparables à ceux de l'agriculture conventionnelle, sans même tenir compte du prix plus élevé des produits biologiques, qui se vendent à l'heure actuelle de 35 à 240 p. 100 de plus que les denrées conventionnelles.
Il y a par ailleurs beaucoup d'exemples de technologies utiles, comme le rouleau à lames monté à l'avant du tracteur, qui améliore la nutrition et réduit le besoin de préparer ou de labourer le sol. Il permet aux agriculteurs de coucher et tuer une culture d'orge de couverture tout en épandant leurs semis ou semences, sans avoir recours à des semences transgéniques ou à des herbicides.
Certaines des technologies de précision comme le désherbage thermique permettent aux agriculteurs biologiques de cultiver avec succès de grandes surfaces. Des inoculants qui aident des cultures de couverture fixatrices d'azote à retirer l'azote de l'atmosphère pour les transmettre aux plantes sont aussi très importants. Nous devons mieux comprendre le rôle de la bactérie rhizobium qui s'attache aux racines de nos cultures afin de fixer l'azote ainsi que le recours à la lutte biologique antiparasitaire dans la culture en serre.
Et ce ne sont là que quelques exemples de technologies fort utiles, ce qui m'amène à vous soumettre ma recommandation.
Le gouvernement fédéral doit subventionner des recherches appropriées. Ces recherches doivent s'adapter aux besoins des agriculteurs et aux nouveaux débouchés, tout en garantissant la protection durable de nos ressources essentielles: le sol, l'air, l'eau et les écosystèmes.
En guise d'introduction et de contexte, j'aimerais vous parler un peu de mon expérience, car je pense que cela vous permettra de mieux comprendre l'information que je vais vous présenter aujourd'hui.
Je travaille au Conseil national de recherches depuis trois ans environ. Avant cela, j'ai travaillé pour Genome Prairie, un organisme financé par le gouvernement fédéral, puis j'ai passé neuf ans dans le secteur privé au sein d'une société de produits de santé naturels, l'une des plus grandes entreprises agricoles à valeur ajoutée de la Saskatchewan, qui s'est développée en utilisant les cultures régionales. Le principal marché pour ces cultures était celui des produits de santé naturels et des aliments biologiques. Avant cela, j'ai été enseignant, agriculteur et directeur de la recherche.
J'ai donc de nombreuses perspectives et je pense que l'une des choses qui me donnent une perspective unique c'est qu'au moment où je travaillais pour une entreprise du secteur privé j'ai mis au point une protéine de lin biologique pour le marché du produit biologique tout en dirigeant la mise au point de plantes génétiquement modifiées pour produire des huiles de poisson.
Je connais donc les deux points de vue. J'ai participé activement aux deux secteurs et je crois fermement que les deux peuvent coexister pacifiquement. Je pense que nous devons nous efforcer d'exclure l'émotion et nous concentrer sur ce que nous essayons de réaliser.
Notre objectif — et notre besoin — est de multiplier par deux l'approvisionnement alimentaire mondial d'ici 2050, d'après la plupart des estimations. Nous devons travailler ensemble pour y parvenir. Voilà la grande question; voilà la solution.
Le Canada est particulièrement bien placé pour jouer un rôle prépondérant pour répondre à ce besoin. Voyez ce que le Canada peut faire. Il y a environ un an, nous célébrions le fait que le podium était à nous aux Jeux olympiques. Eh bien, je crois que nourrir le monde c'est un objectif plus grand et beaucoup plus important. Je crois qu'en travaillant ensemble pour trouver une approche raisonnable et rationnelle à la science et à la technologie le podium en agriculture sera à nous.
Voilà ce que je voulais dire en guise d'introduction et voilà pour mon expérience.
Permettez-moi de dire quelques mots. J'ai une présentation PowerPoint et vous en recevrez des copies. J'aimerais vous présenter quelques-uns des outils qui sont considérés comme étant des outils de biotechnologie agricole.
Je sais que lors de séances antérieures des phytogénéticiens et des scientifiques vous ont fait des présentations sur la biotechnologie comme une trousse d'outils. Entre autres choses ils vous ont dit que la biotechnologie n'est pas la même chose que le génie génétique; c'est une option pour utiliser la biotechnologie mais ce n'est pas synonyme de biotechnologie. Je crois que bon nombre des outils dont je vous parlerai un peu pourraient également être utilisés pour améliorer la productivité des systèmes de production biologique. Les deux ne s'excluent pas mutuellement et je pense que nous devons chercher des synergies et des moyens de travailler ensemble pour régler la grande question.
Permettez-moi de vous dire quelques mots au sujet des avantages de l'agro-biotechnologie.
La première page montre — et je ne vais pas présenter tout cela, puisque vous l'avez, mais j'aimerais simplement souligner les points saillants — que 90 p. 100 des agriculteurs à l'échelle mondiale qui ont tiré des avantages de la biotechnologie sont de petits agriculteurs pauvres en ressources des pays en voie de développement.
:
Nous allons veiller à ce que vous receviez une copie; je pense qu'on y travaille.
M. Bev Shipley: Merci.
M. Jerome Konecsni: Nous avons éliminé 10 millions de tonnes métriques de gaz à effet de serre grâce à des économies de combustible et nous avons économisé 1,8 million de dollars en carburant diésel en réduisant le travail du sol et les labours.
Voici un autre fait qui illustre un peu l'équilibre et montre qui gagne à utiliser la biotechnologie: le revenu net des agriculteurs qui utilisent des solutions biotechnologiques a augmenté de 44 millions de dollars.
Voilà quelques faits au sujet des avantages générés au cours de 13 années d'utilisation de ce qu'on appelle la « technologie de la modification génétique ». Mais parlons maintenant de la grande question — c'est-à-dire quels sont les défis au niveau international?
À l'heure actuelle, 10 p. 100 des terres disponibles sur la planète sont arables — des terres cultivables permanentes. Nous allons devoir utiliser un minimum de ressources pour produire beaucoup plus de nourriture pour une population croissante, tout en réduisant notre empreinte écologique. Une mise à jour de la FAO indique que nous allons devoir augmenter l'approvisionnement en aliments de l'ordre de 70 p. 100 d'ici 2050. D'autres estimations et études proposent que nous devrons doubler l'approvisionnement actuel. Vingt pour cent de cette augmentation devra être produite sur des terres inutilisées. Les pays en voie de développement vont augmenter leurs importations de céréales de 157 p. 100 d'ici 2030 et la contribution des oléagineux à la consommation mondiale de calories augmentera de 125 p. 100 d'ici 2030.
Voilà le contexte dans lequel nous fonctionnons et voilà les défis auxquels nous faisons face à l'échelle planétaire. Je crois que ces défis sont une occasion en or pour le Canada grâce à notre infrastructure agricole, la capacité de nos terres et l'excellence de nos agriculteurs.
Permettez-moi de parler un peu du Conseil national de recherches. Le CNRC a joué un rôle unique dans l'agriculture canadienne en mettant l'accent sur la technologie. Nous n'employons pas de phytogénéticiens, mais nous appuyons les efforts de ce secteur. L'une de nos plus grandes contributions à l'économie canadienne a peut-être été de contribuer à la mise au point du canola, dont la valeur au cours des deux à trois dernières années est estimée entre 14 milliards et 16 milliards de dollars. Nous avons joué un rôle important là-dedans. Presque toutes les variétés de canola génétiquement modifiées l'ont été au moyen de notre technologie au cours des 15 dernières années. C'est une contribution majeure au canola.
La technologie des modifications génétiques n'est pas la seule approche que nous ayons adoptée. Nous voulons travailler avec le secteur des légumineuses et mettre au point des ressources génomiques pour lui. C'est un secteur sans OGM. Leur marché n'accepte pas les OGM et il n'en produit donc pas et nous utilisons donc nos technologies pour l'aider à améliorer sa productivité, son rendement et la salubrité de ses produits, sans avoir recours aux modifications génétiques. Nous faisons la même chose pour le blé et également pour le lin.
L'Institut de biotechnologie des plantes du Conseil national de recherches où je travaille a deux principaux programmes. Le premier vise l'amélioration des récoltes et l'autre concerne la valeur ajoutée des produits de l'agriculture et des plantes.
Le programme de la génomique des cultures vise l'amélioration de la production. Encore une fois, les priorités, le genre de technologie et les approches sont déterminés par les besoins et les exigences du marché. Pour le canola, nous utilisons les modifications génétiques mais également des approches sans OGM. Pour le blé, le lin et les légumineuses, comme je l'ai déjà mentionné, nous utilisons une approche sans OGM.
Dans l'autre programme, celui qui porte sur les produits à valeur ajoutée, nous cherchons à mettre au point des coproduits du lin. Le lin a de nombreuses composantes intéressantes. J'ai déjà mentionné que j'ai travaillé à isoler la protéine du lin, qui a une propriété incroyable et une valeur aussi grande que celle de la protéine de soja.
Nous avons également participé à la mise au point de produits utilisés dans les vaccins contre la malaria et d'autres produits provenant de végétaux qui pourraient être utilisés comme adjuvants dans les vaccins sans avoir recours aux OGM.
Cela vous donne un peu le contexte de ce que nous faisons. Tous ces programmes s'appuient sur un certain nombre de technologies et de capacités dans lesquelles le CNRC a investi et mis au point au cours des 15 à 20 dernières années.
Nous avons une relation étroite avec Agriculture Canada et nous nous rapprochons sans cesse d'année en année. Nous collaborons beaucoup dans de nombreux secteurs au Canada. En Saskatchewan, Agriculture Canada et le CNRC travaillent ensemble très étroitement.
Bien sûr, vous êtes allés à l'Île-du-Prince-Édouard et vous avez vu l'installation du CNRC et d'Agriculture Canada. Voilà un autre bon exemple de deux laboratoires et organismes fédéraux qui travaillent à développer leurs forces.
Comme le directeur scientifique d'Agriculture Canada à Saskatoon l'a dit, le ministère a établi des liens avec les producteurs, le CRNC en a établi avec l'industrie et le secteur de la technologie et ensemble ils rejoignent tous les éléments de la chaîne de valeur. Nous constatons que cette relation et ce partenariat ne font que se développer.
Permettez-moi de dire quelques mots au sujet des technologies particulières. Dans l'exposé vous verrez que nous donnons une définition technique de certaines de ces technologies, mais ce qui est plus important, nous expliquons de quelle manière cette technologie peut être utilisée. Par exemple, l'une des technologies de base est la génomique et le séquençage de l'ADN. Ce sont les éléments constitutifs de base de chaque plante et de chaque organisme biologique. Générer des ressources génétiques — comprendre tous les gènes et les rôles qu'ils jouent — est l'un des moyens incroyables de produire de meilleures plantes et de meilleures cultures, que ce soit en améliorant le rendement, la résistance à la sécheresse ou l'efficacité des éléments nutritifs. Ces données sont fondamentales.
Nous avons, au CNRC, ce que nous appelons la capacité de séquençage de prochaine génération, qui a mis au point des ressources pour plus de 30 cultures différentes produites au Canada.
Les marqueurs moléculaires sont des outils très intéressants qui s'appuient sur cette capacité génomique. Pour vous donner une petite idée, nous identifions les gènes ou les séquences de gènes associées à une caractéristique particulière d'une plante. Lorsque le phytogénéticien essaie d'identifier une plante particulière ayant un trait donné, que ce soit la tolérance à la sécheresse ou un rendement plus élevé, il peut l'identifier plus rapidement en utilisant l'ADN, ce qui lui évite d'avoir à faire pousser la plante. Par conséquent, on peut réduire de 30 à 50 p. 100 le temps nécessaire pour la mise au point du produit.
Les gens d'affaires parmi vous savent qu'en réduisant de 30 à 50 p. 100 le temps nécessaire pour la mise au point d'un produit, on réduit énormément les coûts, le délai de commercialisation et tous les autres facteurs qui font qu'une entreprise est rentable et qu'une culture est viable. Nous travaillons avec le secteur des légumineuses à grains, celui du blé, du canola et du lin pour créer ces marqueurs afin de donner aux phytogénéticiens la possibilité de créer plus rapidement de nouvelles variétés.
Il existe de nombreuses technologies sans OGM. Je vais en mentionner quelques-unes rapidement. L'une d'elles est le procédé de mutagénèse appelé TILLING, un procédé qui sert à produire des mutations qui peuvent ensuite être sélectionnées lorsqu'elles présentent des traits uniques qu'on mettrait une éternité à trouver dans la nature.
Il y a également une technologie intéressante qui s'appelle la phénomique des plantes ou détermination du phénotype. La valeur de toute culture dépend en fait du phénotype. Cela veut dire que le produit physique a les propriétés ou les qualités recherchées. Il y a une technologie intéressante utilisée en Australie où on a construit une installation de 50 millions de dollars pour aider les phytogénéticiens à évaluer les caractéristiques.
Mon dernier commentaire concerne les possibilités du blé. Si vous parlez aux agriculteurs du Canada, ils vous diront que ce secteur subit de nombreuses pressions. C'est le chaînon faible de la rotation des cultures. La rentabilité du blé est contestée depuis quelques années. Alors, avec nos partenaires, nous cherchons à améliorer la rentabilité, le rendement et la qualité des variétés de blé utilisées au Canada.
Nous travaillons avec Agriculture Canada, les universités et les groupes de producteurs pour mettre au point de nouvelles variétés. En ce qui concerne la compétitivité du Canada, parmi les cinq principaux exportateurs de blé, le Canada est celui dont les gains de productivité sont les plus faibles. Nous avons réalisé un gain de productivité inférieur à 1 p. 100 par année sur une période de 50 ans. La France se place au premier rang avec un gain de 2 p. 100. Le Canada à 0,87 p. 100. L'Australie arrive en quatrième avec 0,92 p. 100 et cela malgré 10 ans de grave sécheresse en Australie. C'est pourquoi la compétitivité du Canada dans le secteur du blé est contestée.
Nous travaillons fort avec nos partenaires pour renverser cette tendance et faire du blé une culture de rotation rentable. Notre objectif est de fournir une variété de produits afin que les agriculteurs aient un grand nombre de choix pour que toutes leurs rotations soient rentables. Il n'est pas possible de survivre avec une seule culture rentable dans la rotation. Nous voyons ce qui arrive. Comme le canola est la seule culture qui permet aux agriculteurs de gagner de l'argent, ceux-ci ont pris l'habitude de cultiver trop de canola et cela commence à créer des problèmes de maladies. Il faut changer cette situation en donnant aux agriculteurs d'autres options pour leurs rotations qui seront tout aussi rentables que le canola.
Mesdames et messieurs, être parmi vous aujourd'hui est pour moi un grand plaisir.
[Traduction]
Je m'appelle Penny Park, je suis la directrice exécutive du Centre canadien science et médias. Je suis accompagnée de Suzanne Corbeil qui est la présidente fondatrice du CCSM. Notre témoignage aujourd'hui vise à vous informer du rôle que pourrait jouer le CCSM dans la formulation de politiques publiques.
L'idée de créer le Centre canadien science et médias est venue en partie du fait que nous avions des problèmes à communiquer la biotechnologie au grand public, que c'était un défi. Il y a environ 10 ans, le comité spécial des sciences et de la technologie de la Chambre des lords britannique a publié son rapport qui, dans une large mesure, était en réponse aux gros titres dans les tabloïdes au sujet des aliments « Frankenstein » c'est-à-dire les aliments génétiquement modifiés, et la controverse dans les médias au sujet de l'ESB et du vaccin ROR. Cette couverture dans les médias, comme vous le savez j'en suis certaine, a eu énormément de conséquences sur les politiques au Royaume-Uni.
Dans son rapport, le comité spécial disait qu'il y avait au sein de la communauté scientifique un sentiment de crise face à l'émergence de groupes ennemis de la science. Le comité a donc demandé des suggestions quant à la façon de relever ce défi. C'est parce que c'est dans les médias que la population va chercher ces renseignements scientifiques. C'est donc ainsi qu'est né le Centre science et médias au Royaume-Uni. Et l'idée a fait son chemin. Il y a maintenant un Centre science et médias en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon, et un sera créé à l'automne au Danemark.
Nous avons ouvert nos portes à la fin du mois de septembre dernier. Nous sommes un organisme caritatif à but non lucratif qui a été mis sur pied pour aider les journalistes à couvrir les questions scientifiques lorsqu'elles font les manchettes. Notre but ultime est de rehausser le niveau du discours au Canada sur les questions de nature scientifique en aidant les journalistes à avoir accès, en temps opportun, à des recherches de bonne qualité fondées sur des données probantes. Nous sommes d'avis que si la couverture de la science dans les médias est plus éclairée, plus précise et incisive, elle renforcera l'engagement du public, ce qui profitera également non seulement aux scientifiques et aux journalistes, mais aux décisionnaires et aussi au public.
Lorsque nous parlons de la science, nous englobons tous les domaines: la nature, les sciences sociales, l'ingénierie, la science biomédicale — tous les aspects de la science. Comme vous le savez également, ces articles ont un effet profond. Ils soulignent les grands problèmes auxquels nous devons faire face en tant que société — la biotechnologie étant l'un d'entre eux. Et la biotechnologie, bien sûr, a des ramifications financières incroyables pour les agriculteurs, une incidence économique pour le pays et des conséquences environnementales locales et mondiales.
J'ai des statistiques d'un rapport qui a été publié et qui s'intitule Making Sense of Emerging Technologies, qui a été préparé par l'équipe du projet Genome Prairies GELS à l'Université de Calgary en septembre 2005. Je pense que ces statistiques sont particulièrement intéressantes. Alors que 69 p. 100 des Canadiens croient que la biotechnologie sera avantageuse, moins de 25 p. 100 croient spécifiquement que les aliments génétiquement modifiés amélioreront leur vie. La majorité des Canadiens croient que leur gouvernement ne fait sans doute pas suffisamment pour étudier et gérer les risque liés à la biotechnologie, et 85 p. 100 des Canadiens sont d'avis que le gouvernement devrait réduire le recours à la biotechnologie tant que les risques ne seront pas mieux connus. Il semblerait qu'il y a encore beaucoup de choses à discuter au sujet de la biotechnologie: en quoi elle consiste, et quels sont les risques et les avantages qui y sont liés.
Nous devons avoir ce débat. Nous reconnaissons que c'est dans les médias que la plupart des Canadiens vont chercher leurs informations scientifiques, mais en même temps les médias subissent énormément de pression. La structure d'affaires financière subit une implosion. De moins en moins de journalistes spécialistes connaissent bien toute la complexité de la science, et aujourd'hui les journalistes doivent produire davantage d'articles, et ce, plus rapidement que jamais auparavant.
C'est là où le Centre canadien science et médias intervient. Nous offrons ce genre de services. Deux fois par semaine nous envoyons une alerte aux médias, un résumé des articles importants et qui seront publiés dans les grands journaux. C'est publié dans les nouvelles sur la recherche canadienne, on en parle au cours des conférences et des événements qui pourraient intéresser les journalistes inscrits au pays. Nous fournissons ce service en français et en anglais. Nous offrons un service rapide. Dans notre bureau, nous répondons aux appels à toute heure, 24 heures sur 24, 7 jours par semaine.
Les journalistes peuvent nous appeler s'ils préparent un article et nous les mettront en contact avec des experts, comme ceux que vous connaissez, je suis certaine. Je pense notamment à David Waltner-Toews et Andrew Potter. Comme je l'ai dit, nous répondons en tout temps aux journalistes. Ces experts sont accrédités non seulement en raison de leur crédibilité scientifique mais aussi de leur capacité de communiquer effectivement avec les médias.
Nous organisons des webinaires, des séances d'information en ligne sur des sujets scientifiques qui pourraient être particulièrement complexes, le tout sur Internet. Nous avons des experts, un panel de quatre spécialistes, à l'Île-du-Prince-Édouard, Victoria, Québec et Ottawa, et les journalistes peuvent appeler et écouter les exposés des experts et aussi leur poser des questions.
Nous organisons aussi des ateliers pour les scientifiques, afin de les aider à comprendre comment les médias pensent et fonctionnent. Nous venons tout juste de tenir le premier de ces ateliers il y a quelques semaines au Waterloo Institute for Nanotechnology.
Nous offrons aussi des ateliers d'introduction aux journalistes — nous y travaillons à l'heure actuelle — portant sur des sujets comme la manipulation des chiffres, la lecture d'études scientifiques et ce genre de choses.
On trouve beaucoup d'articles complexes aux bulletins de nouvelles. Nous avons aussi commencé à créer une base de données de documents d'information qui ont été approuvés et qui sont plus détaillés. Par exemple, nous en avons eu un récemment qui portait sur les isotopes médicaux.
En ce qui concerne notre situation actuelle, plus de 120 organisations du secteur privé, public et des milieux d'affaires ont donné 5 000 $ pour devenir membres à charte, et un certain nombre de donateurs ayant versé une cotisation à plusieurs reprises nous ont permis d'ouvrir nos portes.
Nous employons deux agents responsables des médias: un à Montréal et un à Ottawa, qui dispensent nos services, comme je l'ai dit, en anglais et en français.
À ce jour, plus de 185 journalistes se sont inscrits au CCSM. L'inscription est obligatoire parce que l'information que nous envoyons fait fréquemment l'objet d'un embargo et les journalistes doivent déclarer qu'ils respecteront les embargos. Ces journalistes travaillent pour la CBC ou Radio-Canada, La Presse, le Calgary Herald, TVO, et les principaux médias. Il y en a de plus en plus au fur et à mesure que nous gagnons en popularité.
Nous disposons d'une base de données d'experts clés, et on a enregistré plus de 5 000 visites sur notre site Web en raison des commentaires affichés en ligne par ces experts.
Comme je l'ai dit, nous tenons des webinaires. Nous en avons organisé quatre, qui ont donné lieu à plus de 60 articles.
L'information que nous fournissons est disséminée à l'échelle internationale. Des chercheurs canadiens ont déjà été cités au Royaume-Uni et en Australie créant, du fait, une tribune plus importante pour les scientifiques canadiens.
Tous ces services sont offerts gratuitement. À l'heure actuelle, nous nous axons sur une campagne de financement de démarrage de 2,5 millions de dollars pour établir une base financière solide. Nonobstant les coûts de démarrage initiaux, nous estimons nos coûts d'exploitation annuels à environ 700 000 $. Parce que nous sommes une organisation journalistique, aucune source ne versera plus de 10 p. 100 du budget d'exploitation.
Les scientifiques représentent l'autre partie de l'équation. Nous croyons fermement que les scientifiques doivent passer à l'action et participer à la discussion. Ce sont des experts, et les Canadiens ont besoin de connaître leur recherche pour prendre des décisions éclairées. C'est ce que nous essayons de faire au CCSM. Nous ne sommes pas ici pour défendre un point de vue particulier. Nous voulons veiller à ce que des preuves scientifiques probantes soient présentées pour que nous ayons une discussion ouverte et transparente avec le public afin que celui-ci soit informé par rapport aux questions qui motivent les politiques gouvernementales et qu'il y prenne part. Nous pensons que les scientifiques n'ont rien à craindre et que tout le monde gagne à faire preuve d'ouverture, même lorsqu'il y a des désaccords et de l'incertitude.
L'une des citations les plus mémorables figure dans un rapport qui a été publié l'an dernier au Royaume-Uni et qui porte sur les sciences dans les médias. On y mentionne que « les journalistes s'emballent lorsqu'ils aperçoivent une cheville, mais pas du tout lorsqu'ils ont droit au plein effeuillage ». Cela signifie, bien sûr, que si vous êtes ouvert, vous attirez davantage de publicité.
Les médias détestent le vide, et lorsque les experts ne sont pas à leur disposition, ils remplissent le vide par des informations qui ne sont pas fiables.
Les scientifiques du gouvernement peuvent participer de façon importante au débat. En restreignant leurs interventions publiques par des échéanciers irréalistes, des filtres et des obstacles liés aux approbations, nous empêchons les Canadiens d'élargir leurs connaissances et leur savoir. Nous espérons que les questions liées à l'agriculture et à l'agroalimentaire feront l'objet de discussions profondes grâce au CCSM et que ce secteur continuera d'appuyer activement le démarrage de notre organisme.
L'ouverture aux questions et controverses scientifiques ne peut que mener à un débat public éclairé sur des dossiers en particulier. Les débats publics éclairés à leur tour alimentent des politiques améliorées sur des questions scientifiques. L'information scientifique fondée sur des faits est un élément, même un pilier, des politiques. Il est essentiel de discourir de façon animée et ouverte au Canada si l'on veut une démocratie saine. Je suis certain que votre tâche en sera facilitée.
:
Je pense que l'augmentation du financement octroyé à notre institut a été constante au cours des 10 dernières années. Nous établissons des partenariats. Le Conseil national de recherches croit fermement à la prospérité nationale, entre autres, et l'appuie vigoureusement. C'est l'une des choses que nous étudions. Quels sont les avantages de la recherche pour le Canada? Voilà l'important. Nous n'existons pas pour générer des avantages pour le CNRC. Nous existons pour créer de la valeur pour le Canada. Dans le cadre de nos programmes, les avantages pour les producteurs constituent l'un des objectifs principaux.
Pour ce faire, nous avons créé ce que nous appelons un consortium de la chaîne de valeur au chapitre de ces différentes productions. Les légumineuses à grain en sont un bon exemple. L'industrie des légumineuses à grain en Saskatchewan est très productive et très prospère. Elle a crû de 400 p. 100 au cours des cinq à dix dernières années. Les joueurs travaillent en étroite collaboration avec l'Université de la Saskatchewan. Ils ont atteint un plateau en ce qui concerne leur capacité technologique et ils disposent d'un plan d'approbation efficace, donc, ils disposent de ressources. Ils nous ont octroyé du financement parce qu'ils souhaitent commencer à appliquer certaines de nos technologies en vue d'accélérer et d'améliorer leurs programmes de sélection et les porter à de nouveaux niveaux grâce à la technologie. Voilà un exemple de source de financement.
Nous collaborons aussi avec les gouvernements provinciaux qui sont prêts à nous appuyer parce que nos priorités cadrent avec les leurs. Les petites entreprises et les groupes de producteurs investissent aussi.
Le consortium comprend des entreprises technologiques, des PME, des producteurs d'aliments, des utilisateurs finaux et des gouvernements provinciaux. Nous créons une chaîne de valeur. À mon avis, ce modèle nous montre que la recherche est davantage ciblée et appliquée. Tous les partenaires qui sont nécessaires pour que les recherches soient pertinentes et utilisées, et qu'elles se retrouvent sur le marché... C'est le modèle que nous défendons. Ainsi, nous avons été capables de maintenir notre financement.
Si vous demandez, à moi ou à tout autre chercheur, si nous aimerions avoir davantage d'argent, vous obtiendrez sans doute la réponse à laquelle vous vous attendiez. Mais comme je l'ai dit, on constate au sein même de notre institut, de notre organisation, un intérêt réel et un changement des priorités. Nous avons fait du bon travail et avons financé nos efforts par le passé. Nous estimons devoir trouver des façons de réaffecter nos ressources afin que nos priorités et nos capacités profitent à tous les Canadiens.
:
D'emblée, je dirais qu'il n'y a pas de solution miracle à mon avis. La science et la technologie nous offrent nombre d'options et toutes ces options devraient être évaluées. En fonction des dangers qu'elles présentent, de leur caractère adapté au marché, de leur capacité d'accroître la qualité et de ce dont les gens ont vraiment besoin, soit des aliments sains et salubres.
Alors, lorsque je songe à... Permettez-moi de vous citer en exemple la Chine et l'Inde, deux pays avec lesquels nous travaillons en étroite collaboration dans le cadre de nos recherches. La Chine a augmenté sa production de colza — connu ici sous le nom de canola — de 100 p. 100 depuis la fin des années 1970. Elle n'a pas employé de technologies de modification génétique, mais estime qu'elle a atteint sa limite. La Chine cherche maintenant à augmenter sa production de pétrole de 70 p. 100 au cours des 20 prochaines années, mais continue d'importer du pétrole. Elle ne peut en produire suffisamment pour répondre à sa propre demande. En Inde, c'est le même cas de figure. Les deux pays étudient les technologies de modifications génétiques tout simplement en raison de l'urgence.
L'important, c'est de choisir la bonne technologie compte tenu du temps qui nous est imparti pour produire. Comme je l'ai dit, certains technologies de modification génétique accéléreront la production. Parfois, vous pouvez adopter des approches qui ne sont pas centrées sur la modification génétique. Je pense que grâce aux améliorations dans la variété du blé, d'importants gains peuvent être effectués sans l'utilisation de ces technologies qui, par ailleurs, pourraient ajouter un autre niveau. Il faut vraiment tenir compte du temps, et le temps n'est pas de notre côté lorsqu'on examine les demandes et les pressions qui s'exercent sur l'offre mondiale de nourriture.
C'est une question complexe. En Inde, il ne s'agit pas seulement de la production par acre; la clé, c'est le gaspillage après la récolte. L'Inde a d'autres problèmes à régler. Elle cherche aussi à accroître sa productivité. Je pense que c'est en constatant que des pays comme la Chine et l'Inde ont profité de l'avantage de toutes les technologies et outils traditionnels de sélection tout en continuant d'envisager l'utilisation de technologies de modification génétique que vous obtenez votre réponse.
Considérez notre situation en prenant l'exemple des producteurs de légumineuses à grains et d'autres producteurs qui sont très prospères. Le marché de ces légumineuses a crû, mais pas la productivité. Les producteurs utilisent des méthodes de sélection traditionnelles très efficaces, mais ils doivent aller plus loin, alors ils utiliseront les biotechnologies. Ils n'ont pas encore adopté de technologies de modification génétique, mais à mon avis, encore une fois, cela dépend de la demande et du temps que vous avez pour y répondre. Par conséquent, je ne mettrais pas de côté un outil très important sans comprendre l'incidence de mes gestes et le temps nécessaire. Les productions génétiquement modifiées existent depuis 13 ans, et il y a beaucoup plus d'exemples de réussite que d'échecs. Prenez en compte les avantages économiques et sociaux obtenus en Chine et en Inde. L'impact environnemental — la réduction des produits chimiques utilisés dans ces pays — est phénoménale, et ce, grâce à l'utilisation des techniques de modification génétique.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais encore une fois remercier tous nos témoins d'être venus ici ce matin.
Vous savez, M. Valeriote et moi-même avons convenu qu'il fallait effectuer une étude sur les biotechnologies, tout simplement qu'il y a tellement d'idées erronées à ce sujet quant à ce en quoi ces technologies consistent. Si vous lisez les témoignages précédents, vous allez constater que la première chose que nombre de nos témoins veulent faire c'est parler des OGM. Ils semblent penser qu'il s'agit d'une biotechnologie. Pour quelque raison que ce soit, ils semblent penser que la biotechnologie est associée aux organismes génétiquement modifiés.
C'est ce que j'essayais de vous expliquer, madame Young. Je ne voulais pas vous manquer de respect. C'est seulement que lorsque l'on étudie les biotechnologies, c'est ce qu'on doit faire à mon avis. Je ne m'attends pas à ce qu'on aborde seulement une petite partie des biotechnologies, mais à ce qu'on étudie l'ensemble de la question. C'est un gros dossier.
Je pense que je vais vous poser une question, madame Park, parce que j'aime vraiment ce que vous avez dit en ce qui concerne le Centre canadien science et médias. L'un des problèmes, en Europe, c'est qu'il y a des rumeurs et des idées erronées qui circulent, même de véritables mensonges, qui sont publiés pour vendre un journal ou susciter une controverse. Personne ne fournit d'information scientifique adéquate, pertinente et équilibrée.
J'ai une préoccupation en lien avec votre organisation... Et c'est seulement une préoccupation; je n'en sais pas suffisamment à son sujet pour dire si elle est bonne ou mauvaise. Comment obtenez-vous de l'information pertinente et exacte qui fait l'objet d'un examen par les pairs qui, lui aussi, est exact et pertinent, et fondé sur des faits scientifiques, sans que l'un de vos conseillers ait un intérêt personnel en jeu? Ensuite, comment communiquez-vous cette information au journaliste et comment garantissez-vous que celui-ci respecte ces normes lorsqu'il rédige son article?
Avez-vous des remarques à formuler?
:
J'aimerais remercier tous nos témoins d'être venus ici aujourd'hui.
Penny, je voulais vous remercier, vous et votre organisation, pour avoir élevé le niveau de la conversation. Vous pourrez nous dire à un moment donné comment s'inscrire ou avoir un meilleur accès à cette source d'information. C'est très important. Mais mes questions s'adressent à Jerome et Christie.
Je rejoins Jerome, qui a affirmé qu'il n'y avait pas de solution miracle pour nourrir le monde; nous devrons trouver une combinaison d'un certain nombre de choses. Nous avons entamé l'étude sur l'industrie de la biotechnologie parce que nous voulons aider ce secteur autant que nous le pouvons. Ce qui est important pour moi, ce sont surtout les produits agricoles non alimentaires, tels le biodiesel et les plastiques, et Dieu sait ce qui sera produit à l'avenir.
On a fait grand cas de la menace pour la biodiversité lorsque nous parlions des OGM. Je pense que les OGM ont leur place, surtout compte tenu des changements environnementaux en cours et du réchauffement climatique. Mais je pense aussi que les productions biologiques et les plantes non génétiquement modifiées ont le droit d'exister. À maintes reprises, j'ai entendu des gens parler de la menace que posent les OGM à ce droit d'exister, même s'il n'y a pas d'OGM. J'aimerais savoir si vous estimez qu'il y a des solutions.
Je proviens d'un monde juridique où les juges me disaient: « Monsieur Valeriote, vous allez être capable de trouver vos propres solutions de façon bien plus efficace et respectueuse de vos points sensibles qu'un tribunal ». Je pense que c'est le cas en ce qui concerne les règlements régissant les biotechnologies, surtout les OGM. Il est préférable de trouver ses propres solutions.
J'aimerais que vous me parliez tous deux de ce que sont ces solutions, à votre avis. Pensez-vous qu'il est possible de s'entendre?
:
Je sais que vous allez vous montrer tout aussi généreux avec moi.
Le président: Bien entendu.
M. Bev Shipley: Merci, monsieur le président.
J'aimerais revenir à une question que mon collègue a posée à propos de ce qu'est la biotechnologie, lorsque nous avons entrepris cette étude... Aujourd'hui, nous pouvons voir à quel point cela peut être difficile à saisir pour le public en général. Nous avons un groupe de témoins qui sont au courant de ce qui se passe. Vous-même, madame Park, bien que vous soyez journaliste, vous avez eu du mal à répondre à cette question.
Honnêtement, nous avons constaté jusqu'à présent, dans toutes nos réunions, qu'il semblerait que tout ce qui n'est pas biologique est mauvais. Je trouve cela malheureux. Je pense qu'il est important d'entendre les deux côtés de la médaille afin d'avoir une approche équilibrée. Je connais d'excellents agriculteurs biologiques. J'en connais également d'autres, qui sont excellents et qui réussissent bien, mais qui sont des agriculteurs traditionnels. Nous n'avons même pas encore parlé du bétail. Aujourd'hui, nous allons mettre l'accent sur les récoltes.
J'aimerais tout d'abord poser une question à Mme Park. Je dois vous dire que je suis ravi qu'il existe un organisme appelé le Centre canadien science et médias. J'ai bien compris qui vous finance et je comprends où les fonds du CNRC... et j'aimerais demander à Mme Young où elle obtiendrait son financement si elle pouvait aider.
Cela me préoccupe. On n'arrête pas de parler de l'importance de nourrir la planète. Je ne voudrais pas que cette responsabilité repose entièrement sur les épaules des agriculteurs. On ne peut pas le faire sans parler de la corruption des gouvernements ou des politiques des autres gouvernements, ou encore du gaspillage de la nourriture quand elle est envoyée dans ces pays — ils ne savent pas comment l'entreposer. Il y a même des gouvernements qui ne veulent pas distribuer de la nourriture. Ils ont leurs raisons — notamment le marché noir.
L'autre soir... en fait, c'était il y a deux ou trois semaines. Il y avait toute cette question au sujet du Canada, du fait que nous avions un milliard de personnes de plus — c'est ce que mon collègue disait, je pense — qui ont faim dans le monde. Comment peut-on envoyer un message? Comment peut-on aider l'industrie agricole à envoyer un message aux consommateurs sans que nous ayons à en assumer la responsabilité?
Quand je suis rentré à la maison ce soir-là et que j'ai mis le téléviseur en marche, et qu'on y parlait des gens affamés dans le monde, quelle est la première image que j'ai vue? J'ai vu une moissonneuse-batteuse dans un champ qui remplissait une remorque à grains. Je peux vous dire qu'il est possible qu'aucun citadin ne sache ce qu'est une moissonneuse-batteuse ou encore une remorque à grains, mais ils savent que c'est un agriculteur. On ne parlait pas de gens comme Galen Weston, ni de l'industrie du camionnage, ni de la distribution. Il s'agissait simplement d'une image d'une exploitation agricole.
J'aimerais que vous nous aidiez, comme industrie, lorsque vous participez à la politique publique, afin que l'industrie agricole soit reconnue comme étant une industrie qui procure des aliments et qui n'est pas la cause de la faim dans le monde.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je pense que la discussion que nous avons en ce moment au sujet de la biotechnologie — et Christie a mentionné le principe de précaution qui devrait s'appliquer à la biotechnologie — correspond à ce que nous sommes en train d'étudier. Certains témoins entendus par notre comité préconisent l'imposition d'un moratoire, certainement sur les OGM et peut-être même sur de nombreuses activités biotechnologiques. En revanche, d'autres ont affirmé fermement qu'il faut les encourager.
Je pense que nous sommes à mi-chemin. Nous ne pouvons pas interdire toute activité biotechnologique, et je ne crois pas que nous voulons le faire. Toutefois, il faut aussi éviter un développement anarchique. Nous sommes quelque part entre les deux, et une partie du travail du comité est de déterminer quels processus nous devrions mettre en place. Notre comité a effectué une tournée d'étude du secteur biotechnologique, à l'occasion de laquelle nous avons entendu diverses organisations nous affirmer qu'un processus fondé sur les forces du marché libre limite en quelque sorte jusqu'où peut aller la biotechnologie. Cela nous ramène à mon avis aux chiffres dont nous parlait Jerome.
Si l'on veut développer un caractère génétique particulier d'une plante, cela coûte entre 100 et 150 millions de dollars et nécessite de 7 à 15 ans pour aboutir à quelque chose de commercialisable. Par conséquent, les compagnies se consacrant à la recherche doivent travailler très fort, car elles tiennent à rester en étroite communication avec les agriculteurs, qui seront les acheteurs de leur produit. En effet, si ces derniers ne l'achètent pas, pourquoi faire cet investissement et courir ce risque?
Toutefois, il y a aussi une autre démarche, fondée sur les processus et les règlements, et que nous examinons.
Jerome, vous avez dit qu'à votre avis, l'agriculture biotechnologique fait l'objet d'un examen très poussé. J'aimerais que vous nous en parliez un peu plus, car cela abordera peut-être une des préoccupations de Christie, à savoir qu'il n'y a peut-être pas de surveillance appropriée. Pour ma part, je n'essaye pas d'insinuer qu'il y en a assez ou trop. J'aimerais simplement entendre votre avis, compte tenu de ce que vous avez observé et de ce que vous avez affirmé plus tôt.