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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Travis Toews. Ma famille et moi possédons un ranch à l'ouest de Grande Prairie, en Alberta, et je suis actuellement président de la Canadian Cattlemen's Association.
La question des jeunes agriculteurs et éleveurs et de l'avenir de l'agriculture est très importante pour moi. J'ai trois adolescents qui aiment l'agriculture et qui réfléchissent à leurs études futures et à leur choix de carrière.
Il est bon de se demander ce que nous devons faire pour encourager les jeunes à choisir une carrière en agriculture, mais je crois que nous compliquons souvent les choses inutilement. Je pense qu'une carrière en agriculture, et surtout une carrière dans l'industrie bovine, serait le premier choix de beaucoup de jeunes Canadiens talentueux et motivés, mais ils doivent d'abord être certains qu'il serait possible pour eux de faire des profits si l'entreprise est bien gérée.
Même si je ne crois pas que le gouvernement ou plutôt les contribuables de ce pays se doivent de nous donner le droit de gagner notre vie en agriculture, je pense que le gouvernement a un rôle essentiel à jouer pour s'assurer que les producteurs aient toutes les chances de réussir. L'industrie bovine dépend de l'exportation; il nous faut soutenir la concurrence dans un environnement nord-américain et mondial. Pour réussir, nous devons faire en sorte d'instaurer un climat propice à la concurrence pour notre industrie.
Pour le secteur canadien de l'élevage bovin, je définis la compétitivité comme: un accès concurrentiel aux marchés dans les principaux pays importateurs de boeuf; le cadre réglementaire le plus efficient et rentable possible; et la mise en oeuvre de recherches et de technologies de pointe.
Nous avons encore un accès limité ou inexistant aux importants marchés asiatiques du Japon, de la Corée, de la Chine et de Taïwan pour les produits du boeuf canadien. Notre accès est également limité au Mexique, et la loi sur l'étiquetage indiquant le pays d'origine qui a été adoptée aux États-Unis a fait diminuer la demande américaine pour les bovins sur pied canadiens.
Nous sommes heureux que le gouvernement du Canada ait pris des mesures à l'OMC avec la Corée et les États-Unis, et que le ministre continue de faire de l'accès aux marchés une priorité en se rendant dans ces pays et en exerçant des pressions. Même si nous avons fait des progrès dans certains marchés, il reste que nous sommes encore en position de désavantage concurrentiel en ce qui a trait à l'accès aux marchés.
Nos attentes sont élevées à l'égard du Secrétariat à l'accès aux marchés, et nous nous réjouissons que le ministre ait pris en considération cette recommandation importante. Toutefois, le secrétariat demeure en cours d'élaboration et nécessitera d'autres ajustements et un mandat pour répondre aux attentes de l'industrie, qui souhaite que le Canada ait le meilleur pouvoir de négociation.
Nous avons aussi de grandes attentes en ce qui concerne les négociations de libre-échange avec l'UE. Nous avons commandé une étude pour évaluer les débouchés possibles que l'accès en franchise de droits au marché de l'UE créerait pour l'industrie canadienne du boeuf. Même si l'étude n'est pas encore achevée, à première vue, il semble qu'il y aura d'importants débouchés.
Toutefois, les négociations doivent permettre un accès très important aux marchés en franchise de droits et également permettre la résolution des problèmes d'ordre technique qui nuisent actuellement à notre accès. Si les négociations sont un succès, cela encouragera un segment de notre industrie à adopter les protocoles de production requis et à produire expressément pour ce marché. Je crois que les petites et les moyennes entreprises auraient avantage à se conformer à ces protocoles.
Notre cadre règlementaire joue un rôle très important pour déterminer notre compétitivité sur les marchés mondiaux et, en fin de compte, notre rentabilité. Je vous ai parlé récemment des effets du renforcement de l'interdiction frappant les aliments du bétail et de ses répercussions économiques sur notre compétitivité, mais ce n'est pas le seul problème touchant la réglementation.
Bien que la Direction des médicaments vétérinaires ait fait beaucoup de progrès dans le traitement rapide des nouvelles demandes d'autorisation de produits, nous avons toujours un accès plus limité que nos concurrents aux produits qui servent à l'alimentation des animaux destinés à la consommation humaine, et nous payons également davantage pour les produits auxquels nous avons accès. La réglementation doit être améliorée et simplifiée afin d'encourager les entreprises à demander que les produits entrant dans la composition des aliments pour animaux soient approuvés au Canada.
Il nous faut également améliorer notre approche règlementaire relativement à l'enregistrement de nouvelles variétés de céréales fourragères. Il nous faut un processus d'enregistrement propice au développement de nouvelles variétés de semences, ce qui est aussi un élément essentiel de la compétitivité globale de toute l'industrie.
Il y a beaucoup d'autres petits coûts liés à la réglementation qui sont prélevés aux niveaux municipal, provincial et fédéral et ils ont tous, petit à petit, des conséquences négatives sur notre compétitivité.
Afin d'assurer sa compétitivité à long terme, le secteur canadien de l'élevage bovin doit aussi avoir accès à une technologie de pointe. La productivité sera essentielle pour soutenir la concurrence des autres pays exportateurs de boeuf de qualité supérieure.
Les investissements en recherche et développement doivent se poursuivre, et nous avons besoin d'un processus afin d'établir adéquatement l'ordre de priorité des projets et de les coordonner. À cette fin, nous sommes heureux de la création du groupe scientifique pour le boeuf, mais nous devons nous assurer qu'il reste, dans ce contexte de resserrement budgétaire, suffisamment de financement pour la recherche essentielle.
CCA a également lancé le projet d'échange d'informations sur le boeuf, qui permettra aux participants à la chaîne d'approvisionnement de se communiquer des renseignements sur la production dans les deux sens de la chaîne d'approvisionnement. Nous croyons que cette infrastructure permettra aux producteurs primaires et aux producteurs d'animaux reproducteurs d'obtenir les informations nécessaires afin d'améliorer leurs pratiques de génétique et de production, et qu'elle leur donnera également la possibilité de différencier leur produit. Les parcs d'engraissement et les entreprises de conditionnement pourraient aussi utiliser ces informations pour l'approvisionnement en bétail afin de répondre à certains protocoles de production et de génétique.
En cette période d'extrême instabilité financière, les producteurs doivent avoir accès à des outils de gestion des risques. Un programme de garantie des prix du bétail a été mis en oeuvre en Alberta pour gérer les trois éléments de base des prix dans un seul outil. Ces éléments sont le risque relatif aux contrats à terme, le risque de change et le risque de base. Nous sommes en train d'élaborer un modèle qui peut être mis en oeuvre au niveau national, et je crois que ce pourrait être un outil très utile pour aider les producteurs à gérer leur risque de prix dans ce contexte instable.
L'industrie bovine au Canada a prospéré en raison de l'accès aisé aux pâturages, aux céréales fourragères, à de l'eau saine et à des marchés intéressants. Les producteurs ont connu des moments difficiles et de bons moments et ils ont assumé la responsabilité de leurs décisions en faisant preuve d'autonomie et de résilience.
Ces facteurs sont encore présents aujourd'hui. Je crois que si nous pouvons résoudre nos problèmes de compétitivité, l'industrie bovine au Canada pourra s'assurer un avenir prometteur, ce qui encouragera les jeunes de partout au pays à y participer.
Je vais parler lentement, afin que vous me compreniez bien. On m'a dit que j'ai un petit accent...
Des voix: Oh, oh!
M. Eugene Legge: En fait, selon moi, c'était davantage les jeunes agriculteurs...
Pardon...?
Une voix: C'est pour nous.
M. Eugene Legge: Probablement encore mieux pour vous, n'est-ce pas...?
En fait, selon moi, c'est davantage les jeunes plutôt que nous, les agriculteurs aguerris, qui devraient être assis autour de cette table. C'est intéressant... Nous essayons d'encourager les jeunes à devenir agriculteurs, et c'est essentiel pour nous, parce que dans notre province, nous ne travaillons dans l'industrie agricole que depuis 40 ou 50 ans; nous sommes plutôt nouveaux dans ce secteur. Donc, comment peut-on encourager un jeune comme celui qui est assis à ma droite à s'intéresser à une industrie pas très productive?
Les jeunes sont beaucoup mieux instruits qu'à l'époque où j'ai commencé dans le métier, il y a 40 ans. Ils arrivent dans l'industrie avec une dette d'études, avant même de commencer; puis, on s'attend à ce qu'ils amassent de l'argent pour démarrer leur entreprise agricole quelque part au pays. Ils ont des plans d'affaires et ils s'aperçoivent très vite qu'ils ont une dette énorme, car pour la plupart des agriculteurs qui vendent leur entreprise, la ferme est en quelque sorte leur régime de pension et une façon d'assurer leur subsistance dans l'avenir.
Nous savons, ou plutôt on nous a dit, que la pension du Canada ne semble pas être la solution miracle pour nous, les aînés; nous devons donc trouver un moyen d'assurer notre subsistance. Lorsqu'on est agriculteur, il va sans dire que c'est l'exploitation agricole qui constitue le soutien financier pour l'avenir.
J'aimerais également vous parler des possibilités en agriculture. La première chose que nous devons faire, c'est retrouver la rentabilité. Elle n'existe pas actuellement. Nous voyons une lueur d'espoir dans certains secteurs assujettis à la gestion de l'offre, mais nous entendons tout de même des histoires d'horreur à propos du prix des quotas et de la façon dont nous amenons les gens à acheter dans les secteurs assujettis à la gestion de l'offre. Les coûts deviennent excessifs.
C'est déjà assez difficile de démarrer une exploitation agricole, surtout lorsqu'on commence à zéro et que l'on doit défricher la terre. Dans notre province, nous le faisons encore. Nous avons encore besoin de 40 000 hectares. D'après les statistiques concernant notre province, nous cultivons 15 p. 100 des légumes que nous consommons, et nous produisons 2 p. 100 de notre boeuf et 0,5 p. 100 de notre porc. Nous sommes autosuffisants en ce qui concerne les produits laitiers et les oeufs, et nous produisons 70 p. 100 de notre poulet. Quant au mouton, on parle probablement d'environ un septième d'un pour cent, alors vous pouvez constater que dans notre province... Nous avons aussi très peu de céréales. Nous pourrions être autosuffisants en céréales si les terres étaient défrichées. Voilà le défi. C'est à nous de décider.
Il n'y a pas seulement des jeunes qui se lancent en agriculture dans notre province; il y a aussi des gens de 30 et de 40 ans. Dans mon esprit, c'est plus près de l'âge d'un agriculteur expérimenté que d'un jeune agriculteur.
Les agriculteurs d'aujourd'hui sont de plus en plus sollicités, par exemple pour payer les coûts relatifs à l'environnement. Je suppose que nous possédons la majorité des terres dans ce pays, et que l'on s'attend à ce que nous nous en occupions.
On nous demande d'assurer la salubrité des aliments. On nous a toujours dit que nous avions les aliments les plus sûrs au monde, mais maintenant, nous devons le prouver, et cela entraîne des coûts.
Pour ceux qui travaillent dans l'élevage du bétail, il y a le spectre de la protection des animaux. Ils doivent assurer la protection des animaux et en faire la preuve. Ils doivent ouvrir leurs portes lorsque quelqu'un veut venir inspecter leur travail.
Ce sont quelques-unes des choses dont je voulais vous parler. Je suis probablement plus doué pour répondre aux questions que pour exprimer mon opinion.
Je me demande ce que nous devons faire pour encourager les jeunes gens comme Chan et Jill à choisir une carrière en agriculture. Si l'on ne fait pas d'argent, pourquoi voudrait-on emprunter cette voie? La plupart des jeunes terminent leurs études avec une dette de 40 000 ou de 50 000 $, puis, s'ils veulent offrir un produit assujetti à la gestion de l'offre, ils doivent emprunter 3 ou 4 millions de dollars de plus.
Aux prix actuels, si vous ne pouvez pas obtenir au moins 5 ou 10 p. 100 de rendement du capital investi, vous ne tiendrez pas longtemps, parce que vous êtes sollicité de toutes parts.
Au cours des cinq dernières années, le prix du carburant a monté en flèche, tout comme celui de l'engrais, et les coûts de la main-d'oeuvre, si vous réussissez à trouver de la main-d'oeuvre pour travailler à la ferme, également. Les cotisations au fonds d'indemnisation des accidentés du travail ont augmenté. Les cotisations d'assurance-chômage ont augmenté. Il y a toujours quelqu'un pour essayer de vous arracher les petits 5 p. 100 que vous avez — si vous avez 5 p. 100.
Et au bout du compte, si vous n'avez pas un peu d'argent de côté, vous n'arriverez jamais à attirer les gens dans ce secteur.
Merci.
Oui, c'était en Nouvelle-Écosse. Vous ne vous êtes pas rendus jusqu'à Terre-Neuve.
Merci, monsieur le président, de nous avoir invités, M. Legge et moi, à comparaître devant vous. Je reconnais quelques visages autour de la table. Ils étaient là la dernière fois que j'ai comparu. C'était, je crois, en 2007. Je suis très heureux d'être ici et de profiter du temps chaud. Quand nous avons quitté St. John's, il faisait sept degrés celsius. En fait, je trouve qu'il fait trop chaud. Je suis passé d'un extrême à l'autre.
Quoi qu'il en soit, merci de nous donner l'occasion de vous présenter notre point de vue dans le cadre de l'étude sur les jeunes agriculteurs et l'avenir de l'agriculture au Canada, mais surtout à Terre-Neuve-et-Labrador.
Avant de commencer mon exposé, j'aimerais vous dire quelques mots à mon sujet et au sujet de notre association. Comme je suis extrêmement attaché à mon coin de pays, je ne rate jamais l'occasion de parler du groupe que je représente et de ma province.
Je fais partie du Newfoundland and Labrador Young Farmers' Forum depuis 2003. Notre association, qui n'existe que depuis quelques années, est composée de bénévoles. Nous n'avons pas d'équipe, par exemple, qui travaille sur des dossiers. Nous sommes des agriculteurs jeunes, passionnés et énergiques qui s'attachent à faire avancer les intérêts du secteur agricole de Terre-Neuve-et-Labrador.
Nous avons lancé un certain nombre d'initiatives en vue d'accroître la visibilité de celui-ci et d'aider les jeunes agriculteurs à parfaire leurs compétences en affaires, car aujourd'hui, pour pouvoir évoluer sur le marché mondial, il faut bien connaître les règles du jeu économiques et les pratiques commerciales. Il faut également un plan d'affaires solide si l'on veut demeurer viable. Notre objectif ultime, comme je l'ai mentionné, est d'améliorer la viabilité de notre secteur agricole.
Je tiens à dire en partant que Terre-Neuve-et-Labrador est unique. Il faudrait, à bien des égards, développer davantage notre production primaire agricole, car même si elle contribue pour environ un demi-milliard de dollars à l'économie de la province, nous importons beaucoup de denrées alimentaires.
Eugene vous a fourni quelques chiffres sur ce que produit la province et sur ce que nous consommons à l'interne. Nous sommes uniques par rapport au reste du pays.
Nous importons beaucoup d'aliments pour nourrir les vaches laitières et, partant, produire du lait. Nous sommes, sous cet angle, un peu particuliers.
J'entends adopter, aujourd'hui, une approche à deux volets. J'ai jeté un coup d'oeil au courriel qui a été envoyé à la Fédération de l'agriculture. Il comprend deux questions.
Une d'entre elles porte sur le programme Cultivons l'avenir, sa mise en oeuvre et le financement des jeunes agriculteurs et autres intervenants de l'industrie, un sujet que je vais aborder. Je vais également vous parler de certains des défis auxquels fait face le secteur au Canada, mais aussi à Terre-Neuve-et-Labrador. J'ai quelques suggestions à formuler sur la façon d'améliorer la situation du point de vue agricole.
Je voudrais d'emblée souligner le soutien que nous recevons du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. Le ministère de l'Agriculture fait équipe avec celui des Ressources naturelles, ce qui donne une organisation assez imposante. Les Ressources naturelles s'occupent essentiellement de l'exploitation pétrolière et gazière, du développement énergétique, des mines, des forêts, ainsi de suite.
Dans ce contexte, l'agriculture est parfois reléguée au second plan, mais le ministère appuie les démarches de l'association et de la Fédération de l'agriculture. Nous avons reçu beaucoup d'aide du gouvernement fédéral par l'entremise d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. Les fonctionnaires et les employés sur le terrain font de l'excellent travail: ils tiennent compte de nos idées et des solutions que nous proposons pour l'industrie.
Le 1er mai de cette année, le Newfoundland and Labrador Young Farmers' Forum a tenu son sommet des dirigeants et son assemblée générale annuelle. Nous avons organisé, au cours de la journée, une table ronde sur les possibilités de financement offertes aux jeunes agriculteurs, et une série d'ateliers sur le perfectionnement en leadership et, surtout, le développement de réseaux.
Nous avons également invité un représentant de Dale Carnegie pour qu'il aide les jeunes agriculteurs à développer leurs compétences générales, car nous devons, pour assurer la viabilité de l'industrie et favoriser la communication avec le gouvernement, être en mesure d'articuler nos idées si nous voulons que bon nombre des dossiers que nous jugeons importants avancent.
Nous avons enfin accueilli un de nos partenaires, qui a présenté un exposé dans le cadre du Concours des jeunes agriculteurs d'élite du Canada, et un couple de l'Île-du-Prince-Édouard, Greg et Tania MacKenzie, qui nous ont parlé de leur expérience réussie en agriculture. À mon avis, l'adoption d'une approche positive à l'égard de l'agriculture et le partage des exemples de réussite motive les jeunes agriculteurs.
Bon nombre des coûts associés à l'organisation de cette rencontre ont été assumés par le programme Cultivons l'avenir, qui constitue un excellent outil de soutien pour les jeunes agriculteurs. Nous cherchons à améliorer leurs compétences en leadership et en affaires parce qu'au bout du compte, c'est ce qui va permettre d'accroître la viabilité du secteur.
La Direction générale du développement agroalimentaire et Agriculture et Agroalimentaire Canada collaborent de près avec nous et prennent en compte nos idées et nos vues. En mars dernier, nous avons coordonné une table ronde avec des jeunes agriculteurs de toutes les régions de la province, du Labrador et de l'île. Nous avons discuté du programme Cultivons l'avenir, d'éducation, de formation, de sécurité alimentaire, de l'accès aux terres agricoles, de recherche, de l'arrivée de nouveaux venus.
Nous participons actuellement à des discussions avec la Direction générale du développement agroalimentaire, par l'entremise du gouvernement provincial, dans le but de trouver des moyens de sensibiliser les jeunes aux possibilités d'emploi et aux occasions d'affaire qu'offre le secteur agricole. Nous cherchons également à fidéliser les membres de notre groupe au moyen de diverses activités: mentionnons la formation, le réseautage, les missions commerciales.
Il est difficile, pour l'instant, de dire si nos efforts vont porter fruit et si un plus grand nombre de jeunes vont se tourner vers l'agriculture. Nous entendons poursuivre notre travail avec les deux ordres de gouvernement et évaluer l'efficacité de nos démarches au cours des trois prochaines années de mise en oeuvre du programme Cultivons l'avenir. Il est important, selon moi, d'établir un bon dialogue pour favoriser les investissements stratégiques et l'adoption de politiques qui tiennent compte des points de vue des intervenants du milieu agricole.
Pour ce qui est des défis auxquels fait face le secteur, j'estime que nous devons réfléchir aux raisons qui poussent les jeunes, de manière générale, à ne pas considérer l'agriculture comme choix de carrière. En effet, de nombreux obstacles empêchent les jeunes de mettre sur pied une exploitation agricole. Nous savons que la plupart des jeunes agriculteurs ont grandi dans une ferme familiale ou entretiennent des liens solides avec l'industrie ou la collectivité agricole. Or, la personne qui ne connaît rien à l'agriculture dispose de moyens très limités pour démarrer ou prendre en charge une entreprise agricole. C'est là un fait indéniable.
Il existe des perspectives de croissance en agriculture à Terre-Neuve-et-Labrador, surtout dans les secteurs de la culture maraîchère et des viandes rouges. Ces derniers sont confrontés à des problèmes, et nous savons tous lesquels. Toutefois, l'industrie primaire offre des possibilités réelles d'essor sur les plans de la production agricole et du développement économique.
Par exemple, nous importons de 85 à 90 p. 100 des légumes qui sont consommés dans la province, et un pourcentage encore plus élevé de viande rouge. Or, ces chiffres montrent que Terre-Neuve-et-Labrador pourrait accroître sa production alimentaire destinée à la consommation locale.
Ce qui nous amène à la question suivante: pourquoi les jeunes n'envisagent-ils pas de faire carrière dans un domaine si prometteur?
Les raisons sont nombreuses. Les coûts de lancement sont élevés. La capacité d'emprunt est limitée. L'endettement étudiant, comme l'a mentionné Eugene, est un enjeu majeur. L'instabilité du revenu agricole suscite des inquiétudes. Le processus administratif pour l'obtention de terres est très complexe, surtout dans notre province et, j'en suis sûr, ailleurs au Canada. Il y a aussi la disponibilité de programmes de formation structurés.
Ensuite, l'agriculture est un mode de vie qui n'attire pas les jeunes. Il comporte de nombreux aspects positifs, mais beaucoup d'autres qui sont peu attrayants: les longues heures, le travail stressant, l'absence de sécurité financière.
Autre raison qui explique qu'un grand nombre de jeunes tournent le dos à l'agriculture: ils ne sont tout simplement pas conscients des avantages qu'elle présente. D'où la nécessité de lancer une campagne d'information.
Comment le gouvernement fédéral peut-il soutenir le secteur agricole au Canada et à Terre-Neuve-et-Labrador?
J'ai cinq recommandations à formuler à cet égard.
Premièrement, il faut faciliter la création de projets de recherche qui encouragent le secteur à devenir plus novateur, efficace et compétitif. Les efforts de recherche soutenus déployés par Terre-Neuve-et-Labrador ont profité grandement au secteur. À l'heure actuelle, on observe un manque de coordination au niveau de la recherche entre l'industrie, c'est-à-dire les agriculteurs, et les milieux universitaire et scientifique.
Deuxièmement, il faut continuer de travailler avec le Canadian Young Farmers' Forum dans le but de bien comprendre les besoins et les attentes des jeunes, et de fidéliser ceux qui pratiquent déjà l'agriculture.
Troisièmement, il faut cerner les activités qui contribuent à familiariser les jeunes avec l'agriculture pour que la prochaine génération ait une meilleure connaissance de l'agriculture et envisage celle-ci comme un choix de carrière possible.
Quatrièmement, il faut mettre sur pied des programmes d'encouragement pour attirer un plus grand nombre de jeunes vers l'agriculture. Mentionnons, par exemple, des programmes de prêts sans intérêt.
Cinquièmement, il faut reconnaître les défis et les possibilités uniques qui existent à l'échelle régionale et provinciale. Bien que les agriculteurs au Canada partagent de nombreux intérêts communs, les provinces et les territoires ont des besoins précis qui doivent être pris en considération. Les programmes de financement et les politiques devraient tenir compte de la spécificité des régions et fournir des conditions qui permettent à celles-ci de relever les défis et de tirer parti des possibilités qu'elles offrent.
J'ai dit, au début, que Terre-Neuve-et-Labrador est une province unique sur le plan de la production agricole. Or, nous croyons que cette unicité devrait être reconnue.
Je vais conclure là-dessus. Je vais vous faire parvenir un exposé en bonne et due forme par courriel. Je me soucie de l'environnement, d'où ma décision de ne pas apporter de copies avec moi et de vous l'envoyer par courriel.
Merci.
Je m'appelle Major Jay Fox. Je suis un éleveur de bétail d'Eddystone, au Manitoba. Ma femme et moi possédons une exploitation de naissage qui est située au coeur du pays de l'élevage du Manitoba. Je suis un éleveur de quatrième génération et j'en suis fier. Ce qui me motive avant tout, c'est le legs que je vais laisser à la cinquième génération de la famille Fox.
Cela dit, le secteur de l'élevage bovin fait également partie de cette motivation. Lorsque le secteur dans son ensemble souffre, je souffre aussi. Les éleveurs de bétail ont désespérément besoin de programmes efficaces, de règlements bien structurés, de nouveaux marchés à l'échelle locale et planétaire pour assurer la viabilité de leur industrie.
Je voudrais, aujourd'hui, discuter de certaines de ces questions avec vous.
Les programmes de gestion des risques de l'entreprise ont permis aux éleveurs de bétail du Manitoba de bénéficier d'une aide financière au cours des dernières années. Toutefois, de nombreux éleveurs n'y ont pas eu droit. Il est devenu évident que certains ont été exclus des programmes à cause de la circonscription dans laquelle ils se trouvaient, et ce, même s'ils étaient confrontés à des conditions d'humidité extrême ou de sécheresse.
Je connais des éleveurs qui ont reçu des prêts-relais dans le cadre du programme Agri-stabilité et aussi des fonds du programme Agri-relance. Or, l'argent qui leur a été versé a été récupéré l'année suivante quand ils ont présenté une demande en vue de participer au programme Agri-stabilité.
C'est pour cette raison que l'Association des éleveurs de bétail du Manitoba a décidé de mettre sur pied deux programmes avec l'aide de la CCA, l'organisme national ici présent, dans le domaine de l'assurance pacage et de l'assurance bétail. Ces deux programmes, qui sont offerts par les banques, sont fondés sur l'indice de productivité individuelle, l'IPI. La mise en place de mécanismes bien structurés, de concert avec l'industrie, permet de soutenir les éleveurs qui ont besoin d'aide.
Les éleveurs de bétail du Manitoba sont d'avis qu'ils devraient avoir davantage accès aux marchés. Plus les options de commercialisation sont nombreuses, plus le taux de rendement et de rentabilité est élevé. Il existe toutefois un obstacle au commerce: les coûts associés à l'élimination des matières à risque spécifiées. Ils ont eu pour effet de nuire à l'industrie et de restreindre l'accès aux marchés. L'absence d'harmonisation avec les États-Unis a également entraîné une hausse des prix. Or, ce sont les producteurs qui doivent payer.
Dans le passé, au Manitoba, soit avant l'entrée en vigueur des règlements sur l'élimination des matières à risque spécifiées, les cadavres d'animaux étaient récupérés par des entreprises privées et ensuite dépecés sans que cela ne coûte quoi que ce soit aux éleveurs, en raison de ce que le produit leur rapportait. Aujourd'hui, elles n'offrent plus ces services. Les abattoirs doivent verser des sommes supplémentaires pour assurer l'enfouissement des cadavres d'animaux dans les décharges publiques. Comme les animaux morts ne sont plus récupérés, nous assistons, à l'échelle du pays, à une augmentation des problèmes causés par les prédateurs.
Les éleveurs ne cessent d'entendre parler de biosécurité, de salubrité alimentaire, de traçabilité, ainsi de suite. Nous prenons toutes ces questions au sérieux, sauf qu'elles entraînent des coûts. Les éleveurs n'ont pas les moyens de financer la mise sur pied de nouveaux systèmes. Celui de l'Agence canadienne d'identification du bétail, l'ACIB, est reconnu de par le monde. L'industrie y participe, en plus de l'appuyer. Si l'on estime avoir besoin d'un plus grand nombre de données de la part des éleveurs, alors le gouvernement et la population doivent être prêts à financer la collecte de ces renseignements, car les éleveurs font déjà leur part.
Concernant la traçabilité, tout système de traçabilité devrait être d'envergure nationale. Les provinces ne devraient pas avoir le droit de mettre en place leurs propres systèmes ou programmes d'assurance de la salubrité des aliments, car cette démarche est contre-productive. Il nous faut un programme national, non pas un ensemble de mécanismes provinciaux. Le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership à cet égard.
Autre point: la tuberculose chez les cerfs sauvages du parc national du Mont Riding, au Manitoba, constitue un problème depuis plus de 20 ans. Elle aurait dû être éliminée il y a des années, sauf que l'inaction politique a permis à la maladie de persister. Les éleveurs situés le long des frontières du parc doivent constamment effectuer des tests et appliquer des méthodes de gestion. Le gouvernement doit adopter une stratégie claire d'élimination de la tuberculose dans le parc national du Mont Riding. Autrement, il ne peut s'attendre, de façon réaliste, que les éleveurs acceptent de nouvelles mesures de réglementation.
Les éleveurs sont les défenseurs naturels de l'environnement. En effet, ils doivent protéger leur moyen de subsistance: sans herbe et sans cultures fourragères, ils ne pourraient survivre puisqu'ils ne pourraient nourrir leurs animaux. Ils sont fiers de remplir ce rôle. Or, nous apprenons maintenant que si nous voulons que nos efforts sur le plan environnemental soient reconnus, nous devons nous conformer aux exigences imposées par le gouvernement et assumer de nouvelles taxes sur les émissions carboniques.
C'est très frustrant, car nous faisons tout ce qu'il convient de faire. Or, les bienfaits que tire la population de notre gérance environnementale ne sont pas pris en compte. Pire encore, nous sommes considérés, à tort, comme faisant partie du problème — par exemple, dans les campagnes comme « Les lundis sans viande ».
En l'absence de programmes nationaux, le gouvernement provincial a lancé un projet pilote sur l'assurance pacage. Il faut absolument, d'ici l'automne, mettre en place un programme d'assurance pacage et un mécanisme de garantie des prix pour le secteur bovin. Ce sont des outils dont les éleveurs ont besoin pour assurer une certaine prévisibilité dans ce domaine d'activité.
Pour terminer, au nom des éleveurs de bétail du Manitoba, je tiens à dire que même ceux qui ont survécu aux dernières années déficitaires se demandent constamment s'ils continuent ou s'ils laissent tout tomber. Nous voulons assurer la viabilité et l'évolution du secteur agricole dans notre province et au Canada. Toutefois, si les contrôles et les règlements gouvernementaux ne s'accompagnent pas d'une certaine responsabilisation, nous serons de moins en moins nombreux à investir dans l'élevage du bétail au Canada.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
J'ai grandi à Navan, une ville située à une vingtaine de minutes d'ici, sur une ferme d'élevage de chevaux Hereford pur-sang. Après avoir étudié les sciences et les techniques agricoles à l'Université de Guelph et au Olds College, j'ai entrepris ma carrière au sein de la société Cargill, et je travaille maintenant pour la CCA.
L'an dernier, mes parents ont vendu leur compagnie d'électricité et leur élevage bovin à Navan, et je suis maintenant copropriétaire de la ferme qu'ils exploitent près de Regina, en Saskatchewan. Je suis aussi une propriétaire active dans l'entreprise familiale de mon mari, qui dirige une exploitation de naissage pur-sang d'environ 250 têtes près de Olds, en Alberta. Mon mari, son frère et ses parents exploitent la ferme à temps plein, et j'y travaille également. Les deux autres frères de mon mari ont décidé de faire carrière dans un autre domaine.
Pourquoi suis-je dans le domaine de l'agriculture? Il n'y a rien de plus satisfaisant que de savoir qu'on alimente la population en prenant soin de nos animaux et en nourrissant la terre.
J'estime que l'avenir offre d'innombrables possibilités aux jeunes agriculteurs. Nous disposons d'une très vaste étendue de terre, et plusieurs variétés de races s'adaptent très bien au climat canadien, en plus d'offrir une qualité de viande et une production bovine qui nous permettent d'être concurrentiels.
Nous avons diversifié nos activités. Nous sommes en effet passés de la vente de bovins vivants à la vente de ressources génétiques sur les marchés mondiaux. Mon mari et moi revenons tout juste d'un voyage en Australie, où nous avons vendu de la semence bovine et des embryons, en plus de faire la promotion de nos produits.
C'est très enrichissant de rencontrer un de nos concurrents ou un client sur le marché mondial. Malgré la valeur élevée du dollar, l'économie de ce pays, qui dépend de l'exportation, est florissante. On assiste à une recrudescence de jeunes agriculteurs qui bâtissent leur avenir sur l'exploitation bovine, et leur gouvernement les encourage à le faire, ce qui me semble être une approche habile et agressive pour favoriser l'accès aux marchés.
Dans le cadre de l'entente de contingent à droit nul conclue entre les États-Unis et l'Union européenne, l'organisme de réglementation de l'Australie a fait ce qu'il fallait pour que l'Australie puisse accéder aux marchés en vertu du quota de l'Union européenne. C'est un exemple qui illustre bien le soutien que l'Australie voue à son secteur de l'exportation. Au Canada, les chargés de la réglementation ont toujours les bras croisés, tandis que les occasions continuent de filer sous le nez des exportateurs de boeuf canadiens.
Je suis toutefois revenue encouragée de mon voyage en Australie, avec quelques ventes en poche et une vision de ce que nous pourrions réaliser au Canada. Il faut toutefois que les organismes gouvernementaux puissent répondre rapidement à nos besoins et qu'ils adoptent une approche agressive pour gagner l'accès aux marchés.
Et cela ne sera possible que si l'on change la culture à l'ACIA. L'ACIA doit bâtir la capacité nécessaire pour répondre à nos besoins en matière d'exportation, de façon à ce que tout le monde en sorte gagnant. Il faut faire l'effort de consulter l'industrie et de recruter des candidats à partir d'un bassin de ressources qui ont de l'expérience dans le domaine de l'exploitation bovine. L'ACIA doit concentrer ses efforts sur les marchés clés, en plus d'éliminer les barrières réglementaires inutiles que je vois trop souvent dans le monde du commerce des produits génétiques.
C'est ce qui m'amène à mon prochain point. Nous devons d'urgence prendre les mesures qui s'imposent pour faire concurrence aux États-Unis. Pourquoi ne pas adopter une norme nord-américaine sur l'élimination des matières à risque spécifiées (MRS)? Au Canada, le resserrement de l'interdiction frappant les aliments pour animaux coûte en moyenne 31,70 $ par tête de bovin âgé de 30 mois ou plus. Pour que notre secteur de l'exploitation bovine puisse survivre, il faut harmoniser cette réglementation avec celle des États-Unis.
Dans ce marché hautement concurrentiel, ma génération est prête à entreprendre de nouvelles initiatives qui nous aideraient à gagner en compétitivité. À notre ranch, nous prenons beaucoup de risques en injectant des sommes importantes dans nos produits, sachant très bien que c'est un scénario de risque-rendement qui présente de nombreuses variables, comme les taux de conception, la collecte des semences et les résultats de la collecte d'embryons. Toutefois, nous avons besoin de retrouver un partenaire constant à l'ACIA qui négocie des conditions favorisant un accès avantageux aux marchés. Les jeunes agriculteurs doivent voir l'ACIA comme un partenaire, pas comme un obstacle à une carrière florissante.
Les investissements faits conjointement par l'industrie et le gouvernement dans des initiatives comme celle du Beef InfoXchange System, de même que les investissements dans la génomique bovine, sont très importants pour les élevages souches du monde bovin. Imaginez les gains que l'on pourrait réaliser si on était en mesure de cerner les caractéristiques permettant de reconnaître les bêtes atteignant le poids de marché deux semaines plus tôt que la normale. Nous devons continuer à investir dans ce genre d'initiatives, mais il faut du même coup prendre conscience que leurs résultats ne pourront être à profit au Canada que si notre industrie arrive à survivre.
Finalement, je ne dirai jamais trop à quel point il est important d'investir dans la transition entre la génération du baby-boom et les générations X et Y. Il faut trouver des solutions pour que le tout se déroule sans heurts, en plus d'appuyer des initiatives telles que des forums à l'intention des jeunes leaders, des possibilités de mentorat et l'éducation des consommateurs.
J'ai participé au Conseil des 4-H, à des associations de jeunes éleveurs, de même qu'à des foires et à des expositions de toutes sortes au fil des années, toutes d'excellentes façons d'en apprendre plus sur les bovins et de sensibiliser nos cousins de la ville. Plus récemment, j'ai eu la chance de représenter le Canada à la Table ronde des jeunes propriétaires de ranch des cinq nations, qui a eu lieu à Denver, au Colorado. Ce programme a été créé par Kim O'Neil du consulat canadien à Denver, ainsi que par la Five Nations Beef Alliance.
En compagnie de deux autres propriétaires de ranch canadiens, j'ai pris part à différentes activités. J'ai en effet visité des usines de transformation de viande prête à découper en caisse, en plus d'assister au Congrès international des éleveurs de bétail, entre autres choses. J'ai également participé à la table ronde du consulat, où chacune des nations représentées ont pu parler des réussites de leurs industrie bovines respectives et des défis auxquels elles sont confrontées. Les cinq pays représentés, soit l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, le Mexique et le Canada, mettent actuellement la dernière main à une vidéo qui sera diffusée sur YouTube, dans laquelle on pourra voir les participants sur leur propre ferme parler de la terre qu'ils aiment et des raisons qui les ont poussés à se lancer dans l'élevage de bétail et à offrir à la population une protéine riche en nutriments, le boeuf.
L'agriculture est une véritable passion pour moi. J'espère que vous l'avez remarqué. Et je ne suis pas la seule. Beaucoup de jeunes gens se demandent s'ils ont les moyens de se lancer dans ce domaine. D'autres pays font ce qu'il faut pour paver la voie à une industrie bovine saine et viable, et je sais que nous pouvons faire de même.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous d'être venus nous présenter vos exposés. Ce fut très intéressant.
Nous avons tenu des audiences aux quatre coins du pays, et la conclusion unanime que l'on pourrait en tirer est que les jeunes gens ne seront intéressés à se lancer dans cette industrie que si elle est profitable. On nous a aussi dit que les programmes d'aide offerts au Canada à l'heure actuelle n'ont pas les résultats escomptés, même si le ministre nous affirme le contraire.
Monsieur le président, j'aimerais aborder une question qui pose problème depuis une quinzaine d'années, comme M. Fox l'a mentionné, c'est-à-dire la prévalence de la tuberculose dans le parc national des Montagnes-Rocheuses. Je suis persuadé que Pierre reçoit de nombreux appels à ce sujet. Je sais que j'en reçois beaucoup, et c'est comme cela depuis des années.
J'ai l'impression, monsieur le président, qu'Agriculture Canada n'est pas le seul intervenant à blâmer. En fait, je crois que le ministère n'a qu'un rôle secondaire à jouer dans cette situation. Je pense que Parcs Canada y est pour beaucoup. Je vous proposerais, monsieur le président, que nous convoquions ensemble des représentants de ces deux ministères (et d'autres aussi, s'il y a lieu) pour leur demander de se pencher sur la question. Il faudrait inviter quelqu'un de Winnipeg, parce que je ne sais pas comment font les éleveurs de bétail pour survivre dans cette région. Leur vie n'est que frustration.
Bref, ce n'est qu'une suggestion. Nous pourrions peut-être en discuter plus tard, Jay.
Travis, pour ce qui est de l'élimination des MRS, les matières à risque spécifiées, je crois que tous les éleveurs de bovins sont unanimes à ce sujet: c'est encore un grave problème. Qu'en est-il des sommes annoncées par le ministre à cet égard? Je pense que c'est en octobre que nous avons essayé, à l'aide d'une motion déposée par André, d'obtenir des fonds pour les producteurs, selon une proposition touchant l'ensemble de l'industrie, mais nous n'avons pas réussi.
Où se trouve cet argent maintenant? Est-ce que les fonds ont été versés? Est-ce que les producteurs ont reçu cet argent? Qu'en est-il des usines? Est-ce que les producteurs ont pu profiter des sommes qui ont été annoncées dans le cadre du budget?
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Oui. Je vais commencer.
Je veux d'abord souhaiter la bienvenue à Jill. Navan est une charmante petite ville de ma circonscription. La ville de Olds est très chanceuse de vous accueillir, vous et votre mari, mais je crois que vous devriez vraiment revenir vous installer à Navan.
Des voix: Oh, oh!
M. Pierre Lemieux: Je tiens à ce qu'on parle de la question des MRS. J'ai l'impression que nous nous sommes écartés du sujet. Nous sommes ici pour étudier la situation des jeunes agriculteurs, mais la question est revenue à plusieurs reprises.
Voici ce qu'il en est avec la question de l'élimination des MRS. Je crois avoir entendu Travis dire que l'industrie était très satisfaite d'apprendre que des mesures avaient été prévues à cet effet dans le budget. D'autres producteurs de boeuf et les représentants d'associations d'éleveurs de boeuf et de détail que nous avons rencontrés un peu partout au Canada, et ceux qui sont venus témoigner devant le comité, nous ont dit la même chose.
L'argent n'a pas encore été versé, mais nous travaillons avec l'industrie à cet égard. J'estime que c'est une étape cruciale du processus. Par exemple, nous avons tenu une réunion avec 50 personnes le mois dernier pour nous assurer que le programme qui sera offert pourra répondre aux attentes de l'industrie.
Si vous vous rappelez bien, lorsque la vague d'ESB nous a frappé, les libéraux ont lancé un programme qui s'est avéré un véritable fiasco. En fait, ils ont dû mener une enquête à grand déploiement pour savoir où l'argent avait été injecté, pour finalement se rendre compte qu'il avait été mal investi. Il est donc nécessaire de mener ce processus de consultation pour veiller à ce que les sommes soient attribuées de manière efficace et efficiente pour aider l'industrie du mieux que l'on peut.
Je veux souligner un troisième point, monsieur le président, avant de céder la parole à mon collègue. Vu tout l'intérêt que l'opposition voue à la question des MRS, je signale que notre dernier budget prévoyait un investissement de 75 millions de dollars. En ces temps de difficultés économiques, nous avons annoncé une aide de 75 millions de dollars pour les abattoirs, les usines de transformation des bovins de plus de 30 mois, et l'élimination des MRS. Les députés ici présents ont tous, sans exception, voté contre cette proposition. Pourtant, l'industrie nous dit qu'elle a besoin d'aide financière pour traverser cette période. Et l'opposition a décidé de voter contre le budget.
Monsieur le président, je suis heureux que vous m'ayez permis de remettre les pendules à l'heure. Je vais maintenant céder la parole à mon collègue, M. Richards.
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Merci, monsieur le président.
Maintenant que le débat est clos, nous allons pouvoir poser des questions.
Mes questions s'adresseront principalement à Jill et à Chan, que je considère comme la prochaine génération d'agriculteurs. Dans le cadre de cette étude, nous avons parcouru le pays et rencontré beaucoup de jeunes agriculteurs de ma génération et de votre génération. Nous avons entendu des commentaires très semblables aux vôtres.
C'est intéressant de constater que Jill, qui habitait apparemment dans la circonscription de Pierre, et qui habite maintenant dans la mienne, en Alberta, et que Chan, qui vient de l'autre bout du pays, à Terre-Neuve, nous communiquent essentiellement le même message à l'égard de quelques points clés. Et c'est aussi ce message que nous avons entendu un peu partout au pays.
Des gens comme vous, pleins d'optimisme et qui ont à coeur de promouvoir leur industrie et de partager leur passion avec la population, font réellement honneur aux jeunes agriculteurs de ce pays. Nous avons besoin de gens comme vous pour assurer l'avenir de l'agriculture. Ce fut très encourageant pour moi de vous rencontrer, vous, et tous les autres jeunes agriculteurs du pays que le comité a eu la chance d'entendre. Je tenais à le préciser.
J'ai quelques questions pour vous. Je vais vous les poser en rafale, puis je vous demanderais à tous les deux de me faire part de vos commentaires.
Vous avez tous les deux abordé brièvement le sujet dans vos remarques préliminaires, est aussi très rapidement durant la ronde de questions. Je veux parler de l'idée d'éduquer les consommateurs pour les aider à comprendre d'où provient leur nourriture, et aussi pour aider les jeunes gens à comprendre le travail agricole et peut-être les inciter à devenir eux-mêmes des agriculteurs. C'est le genre d'éducation dont je parle.
J'ai entendu différentes suggestions. J'aimerais savoir comment nous pourrions nous y prendre à votre avis. L'idée de diffuser un message commercial est l'une des meilleures que j'ai entendues. En fait, cela pourrait beaucoup ressembler à la publicité que l'on diffuse en ce moment pendant les séries éliminatoires de la LNH. On nous montre le résultat final, dans le cas de cette publicité à la télé, on voit le but vainqueur, l'arrêt déterminant, ou peu importe, puis on revient en arrière.
Évidemment, dans le cas de l'agriculture, le résultat final serait le produit sur les tablettes du supermarché. On pourrait montrer mon plat favori, un contre-filet de boeuf de l'Alberta, ou encore un sac de pommes de terre, un pain croûté ou un carton de lait, etc. Voilà le résultat final. On reviendrait ensuite en arrière pour montrer les différentes étapes de production, pour mettre le zoom final sur la ferme, bien sûr.
Peut-être que cela aiderait les gens à comprendre d'où vient leur nourriture et par quoi elle doit passer avant d'arriver sur les tablettes. Ce n'est qu'une suggestion. J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet. Si vous avez d'autres moyens à nous proposer pour éduquer les consommateurs, j'aimerais aussi les entendre. C'est ma première question.
Voici ma deuxième question. Vous êtes ni l'un ni l'autre des agriculteurs de première génération. Je sais que vos parents sont aussi agriculteurs. Je connais par ailleurs très bien la famille du mari de Jill. Je la connais depuis assez longtemps et je sais qu'elle possède cette ferme depuis de nombreuses années. Pouvez-vous me dire en quoi votre situation est différente aujourd'hui de celle de vos parents, et de celle de vos grands-parents peut-être, à l'époque où ils ont lancé leur entreprise agricole? J'ai posé cette question à plusieurs jeunes agriculteurs du pays. J'aimerais savoir quelles sont les plus grandes différences selon vous. Je vais vous laisser le temps de répondre à ces questions.
Jill, puisque vous êtes une concitoyenne de mon comté, je vais vous demander de commencer.
Chan, nous pourrons ensuite entendre vos réponses.
Tout d'abord, pour ce qui est de l'éducation des consommateurs, je crois que ce serait une excellente idée de diffuser une publicité, mais il est aussi extrêmement important d'adopter une approche un peu plus directe. C'est ce que nous avons fait avec le Conseil des 4-H, les associations de jeunes éleveurs, les foires et les expositions; nous avons permis aux gens de côtoyer les animaux et de rencontrer ceux qui en prennent soin, qui leur ont expliqué en quoi consistait leur travail au jour le jour. Ce fut une expérience très enrichissante pour moi. Chaque fois que nous allons à une exposition bovine, des tas de gens viennent nous voir, y compris des cousins de la ville, et nous leur expliquons ce que nous faisons.
Une autre idée serait de lancer une vidéo sur You Tube. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait. La table ronde des jeunes exploitants de ranch produit aussi une vidéo en ce moment. C'est pour moi une excellente façon de rejoindre nos amis sur Internet. Beaucoup de jeunes de mon âge sont abonnés à Facebook, et à ce genre de choses, alors c'est un très bon moyen de communiquer avec eux et de nous faire voir sur notre ferme pour expliquer notre travail et ce que nous faisons pour notre environnement.
Pour encourager les jeunes à se joindre à notre industrie et à y rester, et pour les aider à mieux la comprendre afin qu'ils puissent réussir, nous avons élaboré un programme de développement des jeunes leaders, que la CCA appuie et qu'on s'affaire à mettre en oeuvre. On offrira ainsi des programmes de mentorat axés sur le perfectionnement professionnel dans des carrières liées à l'agriculture, notamment l'élevage de bovins, ainsi que des programmes de développement du leadership pour guider les personnes qui veulent s'impliquer au sein de l'industrie et se joindre à nos associations provinciales d'éleveurs de bétail, entre autres.
Nous pourrons alors envoyer des représentants hautement compétents aux réunions, par exemple, de la National Cattlemen's Beef Association, de la Table ronde des jeunes propriétaires de ranch des cinq nations, et du Congrès international des éleveurs de bétail. Il est tout à fait possible d'intéresser les gens à ce que nous faisons et de leur faire comprendre les défis que nous devons relever.
Pour ce qui est de votre deuxième question, sur les différences entre l'époque de mes parents et la situation actuelle, disons que nous avons vraiment l'impression de devoir payer notre ferme deux fois. Ce que je veux dire par là, c'est que nous devons nous soucier à la fois de financer l'achat de nos biens et d'encaisser les répercussions fiscales liées à l'achat d'une terre.
Nos parents veulent prendre leur retraite, et la seule solution qui s'offre à eux pour y arriver, c'est de vendre une partie de leurs terres. Mais ce n'est évidemment pas une option pour nous, car nous voulons que notre entreprise prenne de l'expansion et qu'elle soit plus lucrative, afin de pouvoir offrir nos produits génétiques sur les marchés mondiaux. Nous allons avoir besoin d'une plus grande étendue de terre et de plus de têtes de bétail, alors nous devons racheter la ferme familiale en plus de devoir financer l'expansion de notre entreprise. Quand les prix du bétail sont aussi bas que maintenant, nos clients ne peuvent pas acheter nos taureaux au prix que nous voudrions les vendre, alors ce n'est pas rentable pour nous. Au bout du compte, notre industrie doit être rentable pour que nous voulions y rester.
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D'abord, sachez que l'agriculture est un rude métier, mais, par les temps qui courent, la politique l'est pas mal, également...
Des voix: Oh, oh!
M. Chan Wiseman: ... à en juger par le jeu des navettes qui se déroule dans la pièce. Comme je suis un observateur qui aime la politique, je suppose qu'il est bien de l'appréhender sous cet angle.
Je vais d'abord répondre à votre dernière question. Mes parents sont nés dans les années 1950, après la Seconde Guerre mondiale. Ce sont donc, je suppose, des baby-boomers. Cette génération a traversé les années 1960 et 1970, elle a revigoré l'économie, etc. Mais aujourd'hui, mes parents et beaucoup de gens de leur génération m'ont refilé une dette énorme: cartes de crédit, dette hypothécaire, dette agricole, tout ce que vous voulez.
L'hon. Wayne Easter: La dette de l'État...
M. Chan Wiseman: Oui, la dette de l'État. Énorme!
Le président: Oui. Et vous savez à qui la faute.
Des voix: Oh, oh!
Une voix: Monsieur le président...
Le président: Poursuivez, monsieur Wiseman.
M. Chan Wiseman: Il est donc très difficile, aujourd'hui, de se lancer en agriculture. J'en ai parlé dans mes remarques liminaires. J'ai un baccalauréat ès arts et un diplôme en affaires. Pour ces études collégiales et universitaires, j'ai dû payer de ma poche et je continue de payer. Avec mes parents, je suis propriétaire de mon exploitation agricole. J'ai bien sûr obtenu beaucoup d'aide d'eux pour mettre cette exploitation sur pied, grâce à des apports de terrains, d'installations, etc.
Il est très difficile, aujourd'hui, de se lancer en agriculture. J'imagine qu'à l'époque c'était un peu plus facile, mais cela restait néanmoins très difficile, faute de posséder un plan stratégique. Aujourd'hui, on nous conseille d'en avoir un, et il est vraiment indispensable si l'on veut obtenir le financement, etc. d'une banque commerciale ou de l'État. Mais, au bout du compte, la grande difficulté vient des coûts élevés, du grand nombre d'obstacles qui dissuadent les jeunes d'embrasser la profession.
Si vos dettes d'études se chiffrent à 30 000, 40 000, 50 000 ou même 60 000 $ — comme des amis à moi qui ont terminé leurs études universitaires — la banque commerciale ne fera aucun cas de vous, je vous le dis, si vous vous présentez avec un plan stratégique d'une valeur d'un demi-million de dollars pour vous lancer en agriculture. C'est essentiellement ce qu'il vous en coûtera. C'est un problème majeur. C'est certainement différent de ce que c'était, à Terre-Neuve, dans les années 1970 et 1980.
Je pense que j'ai répondu à votre première question quand M. Easter s'est informé sur certains programmes de vulgarisation. Je suis convaincu que ça commence à l'école élémentaire ou primaire. Il faut dire aux jeunes d'où viennent les aliments. On peut s'y prendre de diverses façons, y compris, bien sûr, par leur exposition à l'agriculture et l'organisation, en classe, d'initiatives sur la profession. C'est très important. Aujourd'hui, les jeunes de Terre-Neuve-et-Labrador ne savent vraiment pas d'où viennent les aliments. C'est un problème général dans tout le pays.
L'Australie et la Nouvelle-Zélande, où je suis allé, qui sont aux prises avec pas mal les mêmes problèmes, ont mis sur pied beaucoup de bons programmes pour aider les jeunes agriculteurs à se lancer dans la profession. La Nouvelle-Zélande pourrait être un bon modèle, même pour Terre-Neuve-et-Labrador. Son secteur de l'agriculture primaire extensive est assez important, alors que son secteur de la transformation industrielle est très développé. D'après moi, c'est également très important.
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Dans notre province, il faut tenir compte de la composition de l'industrie. Le taux de régulation de l'offre est de 80 p. 100; l'agriculture va bien. La croissance de toutes les autres matières premières subit de fortes poussées. Ça ne veut pas dire... Si on se trouve dans la queue du peloton, il n'y a nulle part d'autre où aller qu'en direction de la tête, c'est le moins qu'on puisse dire.
En ce qui concerne les problèmes éprouvés ces dernières années, sous le régime de Cultivons l'avenir et du Cadre stratégique pour l'agriculture, on injecte massivement dans le programme, à coup de millions de dollars. En outre, le régime a prévu des programmes pour aider les nouveaux agriculteurs à se procurer du matériel et à défricher le sol, les deux principales dépenses qu'il faut supporter quand on se lance en agriculture. On parle même d'une proposition — au gouvernement, elle est rattachée au programme Agri-flexibilité — de mise en valeur de grandes surfaces, de défrichage. Dans notre province, le défrichage revient à environ 2 800 $ l'acre.
En vertu de cette proposition, il s'agit de préparer la terre pour la production, de défricher des vastes superficies, puis d'offrir à un jeune 100 acres ou 150 acres ainsi préparées, moyennant signature d'un contrat. C'est ce qu'on offre aux jeunes pour les attirer et les établir dans notre province, c'est le moins qu'on puisse dire.
Mais il y a aussi des entraves, comme le prix des intrants, dont on entend parler et qui gênent tout le monde. Nous ne possédons qu'un seul établissement inspecté sous régime fédéral, un abattoir de poulets. La plupart des bovins sont abattus sous le régime de la production locale et, de ce fait, assujettis aux règlements locaux, ce qui empêche leur exportation de la province. Voilà un autre problème dont vous devez vous occuper.
En outre, il ne subsiste plus que trois gros acheteurs, les supermarchés, si on peut les qualifier de tels: les Dominion, les Sobeys et les Colemans. Ajoutons un quatrième nom, celui de Wal-Mart. Nous finissons donc par être des preneurs et non des décideurs de prix. Des prix jugés équitables, mais décidés dans le sud des États-Unis ou partout ailleurs au pays. Ce sont des problèmes à régler.
Aux États-Unis, les agriculteurs n'ont pas à supporter toutes les dépenses auxquelles nous ne pouvons pas échapper. Ici, il faut que l'instruction soit gratuite, que les services médicaux soient gratuits. Nous devons supporter les coûts de la sécurité alimentaire et de tous les autres programmes que les gouvernements et le public estiment nécessaires à notre agriculture nationale. On impose donc des privations aux personnes âgées et aux jeunes qui essaient de se lancer en agriculture.
Je ne sais pas si j'ai bien répondu à votre question.
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Oui. J'ai seulement une courte observation à faire.
À Terre-Neuve-et-Labrador, il est très difficile de fonder une entreprise agricole non assujettie à la régulation de l'offre, parce que les secteurs des légumes, des porcins et des bovins sont essentiellement ouverts au libre marché. Les producteurs de ces secteurs ne sont tout simplement pas de taille contre la concurrence du reste du pays ou de l'Amérique du Nord.
À Terre-Neuve-et-Labrador, la valeur des produits consommés du boeuf se chiffre à 120-130 millions de dollars. La production locale représente un ou deux millions, et elle s'écoule sur le marché du frais, par exemple. Eugene a dressé une liste de deux ou trois supermarchés importants où, dans la province, on pourrait acheter du boeuf, mais la plus grande partie de cette denrée vient d'Amérique du Sud. Il en vient également des États-Unis et d'ailleurs dans le monde.
Il est très difficile de commencer dans cette industrie. En outre, la capacité d'abattage est déficiente. Alors, pour... eh bien, il y a des abattoirs, mais ils sont sous inspection provinciale, et le régime fédéral qui serait là par l'entremise de l'ACIA, est absent. Voilà un problème. Nous n'avons tout simplement pas la capacité, dans beaucoup de cas, d'être représentés dans ces industries particulières.
Mais, le régime de la régulation de l'offre est très profitable. C'est sain. Les secteurs des produits laitiers, du poulet et des oeufs vont très bien. Les jeunes agriculteurs qui travaillent sous ce régime sont prospères et sont en mesure de profiter de la vie, de même que d'exploiter leur propre entreprise agricole.
Mais, l'autre facette de l'agriculture, de beaucoup de façons... Les jeunes quittent les villes et les collectivités rurales, pour St. John's, le centre urbain — qui n'est pas très grand, avec une population de 200 000 — ou l'Alberta, tout simplement, pour travailler dans les sables bitumineux. L'exode des jeunes ruraux est l'un des problèmes de notre province.