:
Bonjour tout le monde. Je tiens à vous remercier de l'occasion qui est donnée à Manitoba Forage Seed Association de faire valoir son point de vue sur le projet de loi .
Manitoba Forage Seed Association est un organisme constitué en personne morale, à but non lucratif et représentatif des producteurs de semences fourragères du Manitoba. Son objectif est de faciliter l'avancement de tous les aspects du secteur des semences fourragères. Cet objectif est atteint en offrant aux membres un soutien au niveau de la production et de l'agronomie au moyen de la recherche, de la défense des intérêts des producteurs et de l'établissement de relations avec les partenaires de l'industrie.
En septembre 2008, Manitoba Forage Seed Association a fait connaître sa plus récente position sur la technique de l'ADN recombinant et de la luzerne génétiquement modifiée qui s'ensuit, notamment la luzerne résistante à l'herbicide Roundup. Sa position est la suivante.
Nous reconnaissons qu'à l'avenir la biotechnologie peut être bien acceptée si des preuves sont présentées concernant les avantages pour les consommateurs, les producteurs, l'environnement et la santé humaine.
Nous reconnaissons aussi que la compréhension et l'acceptation des produits dérivés de cultures génétiquement modifiées au moyen de la technique de l'ADN recombinant ne font pas l'unanimité chez les consommateurs.
Nous appuyons un cadre règlementaire fondé sur des données scientifiques fiables qui fournissent aux intervenants des renseignements clairs et utiles.
Nous ne soutiendrons pas les essais qui posent un risque de propagation d'un transgène particulier dans l'environnement ni la commercialisation de toute variété de luzerne transgénique — y compris la luzerne résistante à l'herbicide Roundup — au Canada tant que les organismes de réglementation canadiens n'ont pas déterminé que la variété est sans danger pour l'environnement et la consommation humaine et animale; l'approbation réglementaire des variétés de luzerne transgénique est obtenue au Canada et dans les marchés d'exportation suivants: États-Unis, Union européenne, Chine, Japon, Mexique et Amérique du Sud; un système de préservation de l'identité variétale pour les variétés de luzerne est mis en oeuvre au Canada et un essai rapide et rentable d'identification des transgènes particuliers est disponible.
Au mois de mars dernier, Manitoba Forage Seed Association a adopté la résolution suivante:
Attendu que dès l'introduction d'une luzerne résistante à l'herbicide Roundup dans l'environnement, le pollen sera transféré des luzernes résistantes à l'herbicide Roundup aux luzernes non résistantes à l'herbicide Roundup par des pollinisateurs ou d'autres agents de pollinisation, peu importe l'utilisation prévue de la culture;
Attendu que les producteurs canadiens de semence de luzerne cultivent d'importantes quantités de variétés de luzerne conventionnelle pour les marchés européens et d'autres marchés à l'étranger qui n'acceptent pas la caractéristique de résistance à l'herbicide Roundup;
Attendu que la commercialisation de la luzerne résistante à l'herbicide Roundup mettra en péril l'accès à des marchés étrangers lucratifs à cause de la contamination croisée entre la luzerne résistante à l'herbicide Roundup et les variétés conventionnelles;
Il est résolu que Manitoba Forage Seed Association appuie le projet de loi d'initiative parlementaire C-474 présenté par M. Alex Atamanenko, porte-parole du NDP en matière d'agriculture.
Manitoba Forage Seed Association ne s'oppose pas à l'utilisation de récoltes génétiquement modifiées. Nous pensons qu'il faut exiger du promoteur d'une OGM qui n'est pas actuellement cultivée au Canada qu'il fasse, dans le cadre d'un processus réglementaire initial, une étude de l'incidence économique ou une évaluation du risque potentiel pour les marchés de cette culture avant de lui permettre d'introduire et de disséminer ses OGM. Cela permettra d'éliminer le risque de dommage irréparable.
Nous sommes d'avis que les cultures comme le maïs, le canola et le soja génétiquement modifiés et actuellement cultivés à des fins commerciales continuent de l'être et qu'ils ne nécessitent pas d'analyse du risque potentiel pour les marchés d'exportation.
Pour l'heure au Canada, il n'y a pas de culture fourragère génétiquement modifiée ou résistante aux herbicides ni de variétés de semence fourragère enregistrées ou cultivées à des fins commerciales. Les semences fourragères et de graminées à gazon produites au Canada sont exportées dans des marchés partout dans le monde. Nous savons que bon nombre de pays qui représentent une large part du commerce international du secteur des semences fourragères hésitent à acheter des semences d'OGM. Non seulement ces marchés ne veulent pas acheter des semences d'OGM, mais ils sont très préoccupés par la contamination des OGM dans les graines des mauvaises herbes ou les cultures spontanées.
L'utilisation de la technologie des OGM dans d'autres cultures a montré que cette technologie ne se limitait pas aux confins des champs dans lesquels les OGM sont cultivés. La propagation des OGM à l'extérieur du champ de culture par le biais du déplacement des graines et la contamination causée par le transfert du pollen vers des repousses ou des mauvaises herbes similaires sont bien documentées.
Avant d'envisager l'introduction et la dissémination des semences fourragères d'OGM, nous estimons qu'un certain de nombre de questions doivent être posées.
Existe-t-il un marché important au Canada ou dans le monde pour les semences fourragères d'OGM? Quel sera l'effet de la dissémination des semences fourragères d'OGM dans l'environnement sur les marchés lucratifs pour les exportations canadiennes?
Qui réalisera les plus gros gains et profitera le plus de la dissémination dans l'environnement de telles variétés? Qui subira les plus grosses pertes économiques à cause de la dissémination des semences fourragères d'OGM?
Finalement, en cas d'effondrement de l'industrie d'exportation des semences fourragères — qui à son tour affaiblira le secteur et le rendra moins viable — qui sera tenu responsable de ces pertes?
Nous avons tous entendu dire que des pays qui ont actuellement une politique de tolérance zéro à l'égard des semences d'OGM doivent changer cette politique et permettre une contamination à de faibles niveaux, mais qu'est-ce qui donne au secteur agricole canadien le droit de dicter à d'autres pays la politique qu'ils doivent adopter?
En tant que pays exportateur, nous devons être prêts à produire non seulement ce dont nos clients ont besoin mais aussi ce qu'ils demandent. Si cela veut dire des semences sans OGM, nous avons le choix de les fournir ou de perdre le marché.
La coexistence entre les variétés de semences fourragères d'OGM et les variétés conventionnelles sera impossible, même si l'on utilise de bonnes pratiques agronomiques. La pollinisation croisée avec des cultures vivaces se produira en raison d'un certain nombre de facteurs: les processus biologiques tels que la dispersion du pollen sur de longues distances; le transport des graines par des animaux; l'erreur humaine, par exemple, ne pas faire de dépistage des repousses, le mélange accidentel de semences génétiquement modifiées et de semences qui ne le sont pas, le mauvais nettoyage de l'équipement et des installations d'entreposage ou les mauvaises pratiques de production. C'est le genre de situations que nous avons vues dans les cultures annuelles, mais je dois souligner qu'en ce qui concerne les semences fourragères, la pollinisation croisée sera beaucoup plus difficile à contrôler à cause de la nature des plantes vivaces.
Les producteurs de semences fourragères croient qu'il n'y a pas de marché important pour les semences fourragères d'OGM. Le Canada va perdre une large part des marchés vers lesquels il exporte ses semences fourragères car il sera incapable de garantir des semences exemptes d'OGM. Il suffit de voir le secteur canadien du lin pour constater le degré de vulnérabilité des marchés et le risque économique que pose la dissémination d'OGM puisque vos marchés ne les acceptent pas à cause d'une politique de tolérance zéro. Si des semences fourragères d'OGM devaient être cultivées à des fins commerciales au Canada, ce sera les exploitations familiales et les petites entreprises de semences qui enregistreront les plus grosses pertes économiques.
Pour assurer un secteur de semences fourragères viable au Canada, il est impératif d'interdire dans notre pays toutes les semences fourragères génétiquement modifiées tant qu'elles ne sont pas acceptées dans nos principaux marchés d'exportation. Si la luzerne génétiquement modifiée est introduite au Canada, il en résultera une réduction de la superficie de culture de semences de luzerne car nous perdrons des marchés d'exportation.
Un sujet qui n'a pas été soulevé est celui des découpeuses de la luzerne utilisées pour polliniser les bleuets et les champs de canola hybride. Contrairement aux abeilles domestiques, qui couvrent de longues distances en vol, la découpeuse ne vole pas loin. Les entreprises qui produisent des semences de canola hybride certifiées dépendent des découpeuses de la luzerne pour polliniser la plante femelle, car les découpeuses permettent d'éviter plus facilement la contamination croisée.
Bien que les découpeuses soient utilisées pour d'autres cultures, c'est dans les terres réservées à la culture des semences de luzerne qu'elles se reproduisent. La diminution de la superficie de culture des semences de luzerne réduira le nombre de découpeuses disponibles pour polliniser des cultures comme celles des bleuets et du canola hybride.
Alors que nous continuons de voir que les colonies d'abeilles domestiques ont des problèmes de survie, il est essentiel de sauvegarder les populations de découpeuses de la luzerne. Chose qui serait impossible si la superficie de culture des semences de luzerne est réduite sensiblement.
En conclusion, nous devons nous poser la question suivante: qui profite réellement des semences fourragères d'OGM? En ce qui concerne les semences de luzerne résistantes à l'herbicide Roundup, le profit est négligeable car la plus grande partie de la superficie de culture fourragère au Canada mélange la luzerne et les herbes. La résistance à l'herbicide Roundup est inutile si cet herbicide éliminera toutes les espèces d'herbes cultivées dans un mélange de fourrage ou de foin.
Il ne fait aucun doute que l'introduction d'OGM et de variétés résistantes à l'herbicide a facilité le contrôle des mauvaises herbes dans les cultures de canola, de soja et de maïs. Cela dit, cette introduction n'a pas résulté en une augmentation significative du revenu agricole net. En revanche, au cours des 12 dernières années, les cultivateurs ont vu le prix des semences triplé et même quintuplé.
Pour le lin, la technologie des OGM a eu des conséquences dans les marchés à tolérance zéro. En plus de la perte de marchés et des prix plus bas, les producteurs canadiens ont assumé les coûts supplémentaires liés aux analyses de leurs semences avant de pouvoir les vendre. L'introduction au Canada des semences fourragères d'OGM reproduirait cette situation.
Dans le cas de la luzerne résistante à l'herbicide Roundup, Monsanto a maintes fois répété, et je cite Trish Jordan, la porte-parole de Monsanto: « Monsanto a travaillé en étroite collaboration avec des groupes issus de l'industrie du fourrage et des semences de la luzerne pour s'assurer de réduire au minimum les risques de flux génétique et les dommages causés sur les marchés. »
Les mots clés sont « réduire au minimum », et non « éliminer ». Il n'y a absolument aucun moyen d'éliminer les flux génétiques. Le fait de seulement pouvoir les réduire au minimum signifie qu'il y aura des flux génétiques qui mèneront à une contamination croisée. Une fois que des transgènes se sont échappés, il est hautement probable, voire même certain, qu'il sera impossible de les retirer.
Comme il a été dit plus tôt, puisque l'utilisation de la technologie des OGM est déjà largement répandue pour le canola, le soya et le maïs, l'Association manitobaine des producteurs de semence fourragère est d'avis que ces cultures ne devraient pas être assujetties au projet de loi . Cela permettrait d'assurer la poursuite de la recherche canadienne sur ces cultures.
Cependant, l'industrie des graines fourragères considère que le projet de loi est nécessaire pour les cultures qui ne sont pas actuellement produites à l'échelle commerciale en tant qu'OGM ou en tant que cultures tolérantes aux herbicides. Le projet de loi C-474 est la première étape en vue d'assurer, pour l'avenir, une certaine protection aux fermes familiales canadiennes. L'acceptation des marchés doit faire partie du processus d'évaluation et doit être incluse dans la Loi concernant le Règlement sur les semences.
Monsanto et Forage Genetics International ont développé la luzerne résistante à l'herbicide Roundup. Forage Genetics International prévoit lancer l'espèce génétiquement modifiée sur le marché canadien dans un avenir rapproché. En 2005, l'ACIA a approuvé le produit, et il avait été préalablement approuvé aux États-Unis. Depuis, cependant, la vente de la luzerne résistante à l'herbicide Roundup a été interdite aux États-Unis. Les effets de la courte présence de la luzerne résistante à l'herbicide Roundup sur les marchés sont beaucoup plus évidents que ce qui est indiqué dans les documents de décision.
J'aimerais mentionner qu'Imperial Seed n'est pas contre la nouvelle technologie. Toutefois, nous sommes contre la commercialisation de tels produits avant leur acceptation par le marché. J'aimerais aussi insister sur le fait que la luzerne résistante à l'herbicide Roundup n'améliore pas la capacité d'adaptation de l'espèce. Cela ne fait que permettre d'appliquer l'herbicide Roundup à la plante à des fins de contrôle des mauvaises herbes. J'aimerais aussi souligner que l'utilisation continue de l'herbicide Roundup sur la luzerne résistante à l'herbicide Roundup pourrait allonger, au Canada, la liste de plus en plus longue des mauvaises herbes qui ont développé une tolérance aux herbicides.
En raison des 4,5 millions d'hectares qui sont consacrés à sa production, la luzerne est la troisième culture en importance au Canada. Environ 70 à 75 p. 100 de la production provient de l'ouest du Canada. Le reste provient du Québec et de l'Ontario.
Environ 80 p. 100 des graines semées pour la production de foin sont mélangées avec des graminées ou d'autres légumineuses. La luzerne est une légumineuse souvent demandée par tous les ordres de gouvernement. On l'ajoute aux mélanges de graminées à pelouse utilisés pour l'ensemencement et le réensemencement des nouveaux fossés le long des routes.
Il y a très peu de peuplements de luzerne pure au Canada. Contrairement à de nombreuses régions du monde, le Canada produit à la fois de la luzerne à semences et de la luzerne à fourrage dans une même région et parfois sur la même parcelle de terre.
Il est aussi bien connu que l'on retrouve de la luzerne sauvage dans nos parcs nationaux et provinciaux, le long des routes et des sentiers pédestres et dans d'autres endroits publics, et ce, partout au Canada. Il y aura une pollinisation croisée de la luzerne résistante à l'herbicide Roundup avec la luzerne sauvage. En conséquence, on retrouvera ce type de luzerne partout où pousse la luzerne sauvage.
Au Canada, on coupe la majorité de la luzerne et du mélange de luzerne et de graminées lorsqu'environ 10 p. 100 de la luzerne est en fleurs et que les conditions météorologiques sont propices au séchage. Dans certains cas, la coupe a lieu avant la floraison. Cependant, si la météo ne collabore pas, on laissera les champs tels quel jusqu'à ce que les conditions météorologiques soient propices au séchage du foin. Ce retard permet à la luzerne à foin d'atteindre également le seuil de 10 p. 100 de floraison.
Au Canada, les producteurs de foin ont aussi l'habitude de laisser, lors de la deuxième coupe, des bandes de foin pour favoriser la rétention de la neige et ainsi créer une couche isolante pendant l'hiver. Ces bandes ont généralement une largeur de deux pieds et s'étendent sur toute la longueur du champ. Leur superficie représente entre 5 à 10 p. 100 de la superficie du champ. La luzerne qui se trouve dans ces bandes est souvent en fleurs au moment de la coupe. Si des plants de luzerne qui se trouvent dans ces bandes ont été pollinisés par du pollen de la luzerne résistante à l'herbicide Roundup, il est possible que certaines semences viables contiennent le gène Roundup.
Le marché potentiel de la luzerne résistante à l'herbicide Roundup est très limité, puisque 75 à 80 p. 100 des semences vendues pour le foin et le fourrage sont mélangées avec une autre légumineuse ou une graminée, ce qui élimine l'avantage que représente l'application du Roundup dans le champ.
La luzerne est une culture vivace qui présente de nombreuses caractéristiques assez particulières.
Premièrement, il s'agit d'une culture à pollinisation croisée qui a besoin des insectes pour la pollinisation. L'isolement requis pour garantir l'absence de flux génétique n'a jamais été étudié scientifiquement. Il est largement reconnu que les abeilles domestiques et certaines espèces indigènes sont capables de transporter du pollen sur une distance d'au moins cinq milles. Quel isolement doit-on avoir pour garantir un contrôle? Dix milles? Vingt milles? Que se passe-t-il lors d'une tempête lorsque les pollinisateurs sont transportés des dizaines de milles plus loin? Il ne s'agit pas de conjecture. Il y a de nombreuses abeilles domestiques et de nombreuses espèces indigènes dans l'Ouest canadien.
Deuxièmement, la luzerne a une composante de graine dure qui est particulièrement élevée dans l'Ouest canadien. Certains lots de la récolte de 2007 contenaient plus de 50 p. 100 de graines dures, et ce n'est pas exceptionnel. Le fait que les graines dures peuvent rester dormantes dans le sol pendant de nombreuses années, voire des décennies, est bien connu. Si on suppose qu'il n'y a pas de flux génétique pendant les années d'essai, comme l'enregistrement des variétés l'exige, qui sera responsable de la surveillance de tous les sites pendant et après les essais? De quelle façon allez-vous déterminer le nombre d'années de surveillance nécessaires pour s'assurer qu'il n'y a pas de flux génétique?
Troisièmement, il existe une population de luzerne sauvage dans l'ouest du Canada. À certains égards, on pourrait dire que la luzerne est une plante indigène et qu'on la retrouve souvent à toutes sortes d'endroits: en bordure des routes, dans les marécages, dans les tournières et dans les champs de foin indigène. Quand il y aura des migrations au sein de ces populations, de quelle façon va-t-on les surveiller, les répertorier et les contrôler? En cas de propagation, les cultures sauvages ou les cultures spontanées ne deviennent pas seulement une « mauvaise herbe » pour les autres types de cultures; elles sont si indésirables que leur présence dans les populations de certaines espèces mène au déclin de celles-ci. Par exemple, la présence d'une graine de luzerne résistante à l'herbicide Roundup dans un lot de trèfle ou d'ivraie peut rendre ce lot de graines impropre à l'exportation.
Au cours des cinq dernières années, le Canada a exporté en moyenne plus de 20 millions de dollars de semences fourragères et de graminées en Europe, qui n'autorise aucun OGM. Le Canada produit actuellement de nombreuses cultures qui sont commercialisées dans des pays qui n’autorisent pas les OGM. Comme l'a montré l'Europe avec la question du lin Triffid, lorsqu’on découvre des semences non autorisées, l'acheteur annule les contrats et renvoie les semences au vendeur, ce qui représente une perte pour l'entreprise et pour les producteurs de cette culture.
Actuellement, les contrats pour toutes les semences de graminées et de légumineuses conclus entre les entreprises européennes et canadiennes comprennent des clauses qui disent que si les semences reçues contiennent des espèces transgéniques, les semences seront retournées au vendeur et le contrat sera résilié. Notre industrie doit composer avec le fait qu'on retrouve des semences de canola transgéniques dans les semences traditionnelles, ce qui a parfois empêché l'exportation des semences en raison de la présence de semences transgéniques. Nous avons pris des mesures et des précautions extraordinaires pour éviter les risques de contamination du canola. Malgré tout, il en existe encore.
La luzerne est comme toutes les espèces. On peut l'utiliser comme semence, mais elle peut aussi être une mauvaise herbe pour les autres types de culture. Une étude menée par l'ACIA a démontré que la luzerne était présente dans 648 échantillons d'autres cultures. N'importe lequel des échantillons testés consistait en semences qui devaient être vendues au Canada ou qui auraient pu être exportées dans d'autres pays. Parmi les échantillons prélevés de semences de classe généalogique et de semences communes, seul le trèfle alsyke présentait un taux d'impureté plus élevé.
Il s'agit d'un énorme problème pour de nombreux types de cultures où la luzerne est considérée comme une impureté. En effet, si la luzerne résistante à l'herbicide Roundup est mise en vente, la luzerne que l'on retrouve dans ces échantillons pourrait contenir le gène de la luzerne résistante à l'herbicide Roundup.
Ces questions — de même que le fait qu'il y aura une pollinisation croisée de la luzerne résistante à l'herbicide Roundup avec la luzerne sauvage et la luzerne cultivée — mettent à risque l'ensemble du marché d'exportation du Canada dans les zones à tolérance zéro. Nous devons considérer l'acceptation du marché avant de lancer cette technologie.
L'approche scientifique du Canada fonctionne très bien pour les spécialistes nationaux de la mise en marché des semences, comme Monsanto, Syngentas et Bayer CropSciences, mais quels sont les effets sur les producteurs? Cette approche ne tient pas compte des besoins des producteurs ni de ceux du marché. Ce sont les deux questions les plus importantes et le processus d'enregistrement n'en tient pas compte.
Les producteurs veulent faire pousser des cultures qu'ils peuvent commercialiser. Dans le cas de la luzerne résistante à l'herbicide Roundup, les producteurs du Canada n'en veulent pas, comme en témoignent mes collègues, qui se trouvent à mes côtés.
L'Union européenne, un de nos grands partenaires commerciaux, l'a également dit très clairement: les semences transgéniques non autorisées seront rejetées. Le marché a parlé.
Nos idées fondées sur la science ne sont pas adéquates. Le processus de prise de décision fondé sur la science ne s'occupe que de la sécurité relative du produit par rapport aux espèces non transformées.
Les répercussions financières de la présence sur le marché d'un produit transgénique n'ont pas été évaluées. Où sont les données qui concernent les effets négatifs en matière de rendement agronomique? On les ignore, et on s'en remet à la déclaration qui dit qu'il faut laisser le marché décider. Le marché a décidé, et la réponse est non. Se limiter à cette approche supposément fondée sur la science ne fait que créer un monopole.
Depuis la sortie de la luzerne résistante à l'herbicide Roundup aux États-Unis, la question de la contamination a été portée à l'attention de beaucoup d'entreprises et de producteurs de luzerne. Cal/West, une grande entreprise de semences des États-Unis, a perdu des parts du marché de l'exportation en raison de la contamination à la luzerne résistante à l'herbicide Roundup. Cette société a contacté Imperial Seed pour discuter des contrats de production potentiels qu'elle obtiendrait dans ces zones sans OGM.
Analyser les risques de dommages au marché et prendre conscience des risques potentiels peuvent créer un avantage économique pour notre industrie au Canada en attendant que les marchés acceptent le produit. Les pays qui vont de l'avant avec cette technologie non autorisée perdront des parts de marché, et le Canada en profitera.
En conclusion, la mise en œuvre du projet de loi devrait permettre la poursuite de la production des cultures transgéniques approuvées actuellement au Canada. Le projet de loi devrait s'appliquer aux nouvelles technologies pour les nouvelles cultures, toutes les nouvelles technologies appliquées aux cultures existantes, et toute la vieille technologie appliquée aux cultures existantes. Cette mise en œuvre protégerait notre culture actuelle de canola, de soya et de maïs.
Les grands créateurs de semences menacent le Canada en disant que si le projet de loi C-474 est adopté, ils ne voudront plus développer de semences pour le Canada. À mon avis, c'est tout simplement une menace à laquelle ils ne donneront pas suite. Dix-sept millions d'acres de canola seront semés au Canada cette année et aucune entreprise ne tournerait le dos à un marché aussi important.
Pendant que l'on développe de nouvelles technologies, il y a suffisamment de temps pour procéder à l'analyse du marché. Il faut des années pour développer de nouvelles technologies. Pendant la période de soumission, les responsables de la biosécurité végétale de l'ACIA pourront effectuer l'étape supplémentaire qui consiste à analyser le marché. Il serait prudent pour notre industrie, pour ne pas compromettre les droits qu'ont nos membres de gagner leur vie, de pécher par excès de prudence lors de l'introduction de nouveaux produits avant leur approbation sur les marchés des principaux partenaires commerciaux.
Il n'y aura pas de coexistence si la luzerne résistante à l'herbicide Roundup est mise en vente au Canada. Cela détruira le marché des semences fourragères et de graminées en Europe et les autres marchés où on ne tolère pas les produits non autorisés.
En conclusion, certains ont dit que le projet de loi créera une autre étape de « tracasseries administratives » que les entreprises de semences devront franchir pour vendre des semences au Canada. Je crois que cela est préférable à la création de déficits sur la dernière ligne de l'état des résultats des producteurs.
Merci.
Je m'appelle Jim Lintott et je suis président du Manitoba Forage Council. Je désire remercier le gouvernement et le présent comité de l'occasion qui m'est donnée de vous parler de cette question très importante au nom de nombreux producteurs et de nombreuses familles agricoles du Manitoba.
Le Forage Council est un organisme sans but lucratif constitué de plus de 400 producteurs, agro-entreprises, chercheurs et responsables de la vulgarisation qui se consacrent au développement et à la promotion d'une industrie durable en matière de foin, des fourrages et d'animaux d'élevage. Le conseil de direction du Manitoba Forage Council est formé de 20 membres.
Notre exposé reprend les opinions qui ont déjà été exprimées ici aujourd'hui, mais il est important que vous compreniez que nous pensons tous la même chose et que l'information que nous donnons est semblable.
Nous représentons les intérêts des agriculteurs qui produisent du foin sec, du foin transformé et des extraits de foin aussi bien pour les marchés nationaux que pour les marchés d'exportation pour appuyer la production dans l'industrie laitière ainsi que dans les industries du boeuf, du mouton, de la chèvre et du cheval.
Le Forage Council appuie l'adoption du projet de loi . Peu après l'autorisation de la dissémination de la luzerne Roundup Ready aux États-Unis, le Forage Council a rédigé une déclaration de principes qui contestait ce nouveau développement. En mai 2008, le Forage Council a fait parvenir une lettre à l'Agence canadienne d'inspection des aliments pour demander un moratoire sur tout nouveau test sur la luzerne Roundup Ready jusqu'à ce qu'une évaluation environnementale et économique complète ait été terminée avec tous les secteurs de l'industrie fourragère.
Nous considérons le projet de loi comme un moyen pour boucher un trou dans une industrie qui prend l'eau. Personnellement, je suis exploitant d'une ferme mixte. Je cultive le canola, le blé et la luzerne et j'élève du bétail. Un grand nombre de producteurs de fourrage que nous représentons au Manitoba sont comme moi. Nous comprenons les deux côtés de la question. Nous ne voulons pas que ce projet de loi influe de manière négative sur les secteurs agricoles qui ont déjà un fort contenu en OGM — il est déjà trop tard dans ce cas —, mais nous avons besoin que le comité comprenne que la culture de la luzerne est fondamentalement différente de la culture de ces autres plantes annuelles. Les producteurs de fourrage appuient le projet de loi parce que nous croyons qu'il aurait la capacité de protéger l'industrie de la luzerne des effets vraiment dangereux de l'introduction de variétés génétiquement modifiées qui ne sont pas approuvées par nos clients.
La luzerne est une culture vivace. Les producteurs de luzerne savent que vous ne pouvez pas confiner la propagation de la luzerne. Les graines et le pollen sont propagés par l'eau, les animaux sauvages et les insectes et se retrouvent dans les terres cultivées, dans les fossés le long des routes, dans les prairies-parcs. Si la luzerne est génétiquement modifiée, elle se propage, puis crée un réservoir pour le gène OGM dans la population de plantes sauvages.
Les graines de luzerne peuvent demeurer à l'état dormant dans les sols, tant dans les terres cultivées que dans les terres non agricoles, et ne germer que de nombreuses années plus tard, créant ainsi une nouvelle source de gènes OGM. À partir de ce moment-là, il n'y a rien qui empêche ce gène OGM de s'introduire dans d'autres cultures. Au Manitoba, 40 p. 100 de nos terres agricoles sont consacrées à la production fourragère. La luzerne sauvage est omniprésente dans notre environnement. Si nous utilisons de la luzerne OGM, nous ne saurons plus où le gène réside — jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour faire quoi que ce soit à ce sujet.
Qui sera touché? Les producteurs biologiques, les producteurs de bétail, les producteurs de fourrage, les producteurs de semences fourragères, l'industrie du fractionnement de la luzerne et l'industrie de la germination de la luzerne seront tous affectés par vos décisions. La portée est étendue et l'effet est énorme.
Dans l'industrie biologique, c'est la tolérance zéro pour la contamination par les OGM. Un producteur de cultures et de légumes biologiques doit s'assurer que les cultures d'engrais vert, comme la luzerne, qui fournissent l'azote pour la croissance des cultures, sont exemptes d'OGM. Le producteur laitier qui fabrique du fromage biologique doit être en mesure de garantir que le lait produit à partir du foin est également exempt de gènes OGM.
Les aliments constituent un cycle de production hautement intégré. La valeur de l'industrie des produits biologiques, bien que de petite taille, s'élève actuellement à 28 milliards de dollars dans le monde. Il s'agit d'une industrie de 2 milliards de dollars au Canada, la plus grande partie se situant en Saskatchewan, en Ontario et au Québec, les trois principales provinces productrices. Les fourrages et les pâturages biologiques arrivent au deuxième rang en termes de superficie cultivée, presque à égalité avec les grains et les oléagineuses. Toutefois, il n'y a pas de production de canola biologique au Canada.
L'industrie des produits biologiques croît au rythme ahurissant de 19 p. 100 par année, alors, il est clair que cette industrie sera anéantie par la présence d'un gène OGM incontrôlable.
La luzerne, et son mélange de foin associé, est en train de devenir un produit d'exportation majeur, tant outre-mer qu'aux États-Unis. De nombreux pays commencent à reconnaître la nécessité de concentrer leur propre production sur des cultures de plus grande valeur comme les légumes. Ils se tournent vers le Canada pour leur fournir de grandes quantités de foin de luzerne et, au Manitoba, nous sommes ravis de cette occasion. Cependant, une partie de cette demande porte sur du foin sans OGM et une grande partie de ce produit transitera par le port de Churchill.
Notre industrie des semences fourragères sera la toute première à être affectée, et ce de manière dramatique, par toute contamination par des OGM. Cette industrie est très importante parce qu'elle assure la subsistance de nombreuses familles agricoles partout au Manitoba et, en fait, partout dans l'Ouest du Canada. Les industries des produits biologiques et de l'exportation dans les secteurs des animaux d'élevage, du fractionnement de la luzerne et de la germination de la luzerne feront également face à des restrictions semblables en ce qui a trait aux OGM.
Le rejet des produits attribuable à la présence non intentionnelle du gène OGM est une préoccupation pour tous ces producteurs. Le défi visant à s'assurer que cela n'arrive pas dans l'industrie fourragère est, à notre avis, impossible à relever. Le simple fait de cultiver de la luzerne modifiée génétiquement fournira une multitude de voies permettant au gène de s'échapper de la culture visée et de devenir une présence indésirable dans toutes les productions.
La production de cultures génétiquement modifiées est hautement controversée. Au moins 35 pays ont adopté une mesure d'étiquetage obligatoire de tout produit qui a été génétiquement modifié. De nombreux pays n'accepteront aucun produit agricole qui a été contaminé par des OGM.
Certains croient que la production de produits génétiquement modifiés deviendra tellement répandue que le consommateur n'aura plus le choix, mais l'inquiétude au sujet de la salubrité des aliments dans le monde industrialisé augmente, comme en témoignent l'accroissement de la demande à l'égard des produits biologiques, l'opposition croissante du public à l'égard des aliments génétiquement modifiés et l'exigence en vigueur dans de nombreux pays concernant l'étiquetage des aliments pour indiquer leur origine et la méthode de production et de transformation.
Nous devons être en mesure d'offrir aux acheteurs le produit qu'ils désirent. Il ne nous appartient pas de déterminer si leurs demandes sont justifiées ou non. Si l'acheteur accepte notre produit, le commerce prospère. Si l'acheteur rejette notre produit à cause de la présence d'OGM, nous devons nous demander si nous avons la capacité de produire et de livrer les produits recherchés sans OGM. Pour conserver et étendre ces marchés, nous ne pouvons ignorer les décisions réglementaires prises par d'autres pays.
La perception que le Canada est un environnement propre et intact pour la production d'aliments s'érode lentement. L'introduction d'OGM indésirables affecte non seulement la vente directe des cultures agricoles et des semences, mais elle affecte également la vente des produits à valeur ajoutée. Je veux dire que bien qu'il ne fasse aucun doute que l'affaire du lin Triffid a coûté beaucoup d'argent et leur réputation aux agriculteurs et exportateurs canadiens, elle a coûté encore beaucoup plus cher à nos clients, qui ont alors déplacé ce lin dans une production à valeur ajoutée. Ces clients n'oublieront pas de sitôt ce qui leur en a coûté d'acheter un produit canadien.
Les producteurs de fourrage du Manitoba ne s'opposent pas à la recherche scientifique et ne s'opposent pas non plus à l'utilisation des cultures génétiquement modifiées. Nous croyons simplement qu'à cause de la controverse et du rejet actuel des produits OGM dans les marchés, toute culture qui n'est pas produite commercialement à l'heure actuelle comme une culture génétiquement modifiée devrait faire l'objet d'une étude de l'impact sur le marché avant la dissémination d'une telle variété.
Les préoccupations qui ont été exprimées au sujet de ce projet de loi portent principalement sur le système réglementaire qui pourrait découler de ce projet de loi. Personne ne veut d'un système réglementaire qui nous empêcherait d'aller de l'avant avec de nouveaux caractères génétiques intéressants que le monde veut avoir et que le monde serait heureux d'accueillir. La solution à ce problème, c'est la création d'un organisme de réglementation qui accorde une place à tous les intervenants. L'industrie du canola a ce genre d'apport des importateurs, mais ce qui lui manque, c'est l'exigence légale d'agir que le projet de loi procurerait.
Nous croyons de plus que l'analyse de l'impact sur le marché exigée par ce projet de loi aura un effet positif, étant donné que ceux qui élaborent des OGM concentreront leurs efforts et leurs investissements sur des caractères que nos clients veulent et qu'ils accepteront. Par l'adoption de ce projet de loi et par la création d'un organisme de réglementation qui est dirigé par les intervenants, le Canada aurait l'occasion d'accroître son leadership en matière d'agriculture aux niveaux national et international.
En résumé, je dirais trois choses au nom du Manitoba Forage Council. Les producteurs de fourrage du Manitoba veulent que le Parlement adopte le projet de loi . Les producteurs de fourrage du Manitoba veulent la mise en oeuvre d'un système de réglementation découlant du projet de loi qui est dirigé par les intervenants et qui est flexible. Les producteurs de fourrage du Manitoba veulent stopper l'introduction de la luzerne Roundup Ready.
Merci encore une fois de cette occasion de faire un exposé devant le comité. J'ai hâte à la période des questions.
:
Encore une fois, merci d'être ici et de partager vos connaissances et votre expertise avec nous.
Avant de poser une question, j'aimerais aborder un point que Frank a mentionné au sujet de l'article qu'il a cité. Je pense qu'on croit faussement que pour grandement améliorer la qualité d'une plante, il faut absolument avoir recours à la modification génétique. Or, j'aimerais préciser, pour le compte rendu, que de nombreuses percées ont été réalisées sans modification génétique.
Par exemple, l'Australie a une nouvelle variété de blé qui tolère le sel et qui est réputée pour redonner de la vie aux terres agricoles mortes. Au Japon, on achève la mise au point d'un riz qui résiste à la sécheresse, mais qui n'est pas génétiquement modifié. Aussi, la Zambie a une meilleure récolte de maïs non génétiquement modifié. En Afrique du Sud, le maïs résistant à la sécheresse génétiquement modifié a beaucoup de retard sur celui non modifié. De leur côté, les Philippines ont elles aussi une nouvelle forme de maïs qui résiste à la sécheresse et qui n'est pas génétiquement modifié. Le riz indigène de New Delhi résiste mieux aux agressions que le riz transgénique. Les exemples fusent de partout.
On entend parfois l'industrie déclarer qu'à l'heure actuelle, ses OGM n'ont peut-être que des caractères du Bt et de tolérance à un herbicide, mais qu'elle est tournée vers l'avenir et qu'elle va nourrir le monde. J'aimerais simplement noter que ce n'est pas nécessairement le cas.
Je voudrais aussi aborder la question de la capacité concurrentielle et de la réglementation. Vos témoignages me portent à croire que dans ce cas-ci, la réglementation garantirait en fait votre capacité concurrentielle. Sans règlements, vous ne pourriez pas faire concurrence. C'est donc un peu... Vous savez, on nous dit souvent que plus il y a de règlements, plus c'est lourd; or, dans le cas présent, il semble que ce soit là la voie à suivre.
Je crois comprendre de ce que vous dites, qu'en réalité, il est beaucoup plus difficile d'endiguer la contamination dans le cas des plantes vivaces que dans celui des plantes annuelles. Je voudrais vous entendre là-dessus.
Kurt, vous m'avez envoyé une note en mars; je l'ai partagée avec les membres du comité. Vous y mentionnez certaines choses qui ont été faites aux États-Unis. J'aimerais simplement obtenir d'autres commentaires à ce sujet. Vous dites que:
[...] Monsanto et FG International ont menti et n'ont pas observé leur propre protocole de gestion aux États-Unis, ou, pis encore, leurs démarches s'avèrent maintenant inefficaces. FG International a placé des acres de [luzerne Roundup Ready] dans toutes les aires de production des États-Unis, alors que la société était limitée à une zone précise.
Ces actions démontrent leurs réelles intentions: polluer toutes les terres, faire sortir le gène et laisser les autres s'en occuper.
Ce point touche toute la question: peut-on réellement contenir une variété de luzerne transgénique?
Vous avez parlé des avantages pour les bleuets et le canola hybride avec les abeilles, ainsi que de la luzerne sauvage. Auriez-vous des commentaires à faire à ce sujet?
:
Je vais parler en premier.
Il est tout simplement impossible de contenir le gène. Il s'agit d'une plante vivace. Lorsque la luzerne est en fleur et qu'un insecte pollinisateur se pose sur cette fleur, puis passe à une plante non génétiquement modifiée, les semences produites par la deuxième plante seront résistantes au Roundup.
Vous verrez dans la trousse de renseignements que je vous ai fournie que Cal/West Seeds s'est adressée à moi. Il s'agit d'une grande coopérative de semences américaine qui surveille la luzerne Roundup Ready, et je crois qu'en 2008, 3 p. 100 de ses lots étaient contaminés; en 2009, c'était 12 p. 100. Elle admet ouvertement que c'est simplement un signe des temps, que c'est ce qui va se produire.
Car, au fur et à mesure que les semences deviendront de la luzerne résistante au Roundup, tranquillement, de plus en plus de plantes pourront faire de la pollinisation croisée et contaminer toutes les autres. Il est donc impossible pour le gène de... C'est bien mon opinion que je présente lorsque je déclare que je crois sincèrement qu'ils reconnaissent les problèmes, car ils en parlent dans leur protocole de gestion, et qu'il y aura flux de gène, mais Monsanto Canada ne l'admettra jamais.
Ils reconnaissent qu'il y a flux de gène. On leur a assigné des zones de production bien délimitées qu'ils devaient respecter, mais à la place, ils ont mis de leur produit partout.
Par manque de termes précis, je vais dire qu'une fois que la porte de la grange est ouverte, elle reste ouverte; le gène est là. Au Canada, le concept de la faible concentration nous met déjà assez en danger. En effet, les semences envoyées au Canada peuvent légalement en contenir. À partir de là, comme nous le disions tout à l'heure, le processus est beaucoup plus lent et minutieux que lorsque le produit est lancé commercialement, mais il représente tout de même une menace.
:
J'ai parlé aux producteurs de canola et aux producteurs de lin, ainsi qu'à de nombreux producteurs laitiers du Sud-Est du Manitoba. Même des exploitants agricoles qui n'en savent pas long sur le projet de loi déclarent, lorsqu'on le leur explique, qu'il y a des jours où il serait probablement pratique d'avoir un produit résistant au Roundup, mais qu'ils n'en voudraient pas parce que les autres problèmes qui en découleraient les rendraient sans doute fous. Cette réaction provient d'exploitants agricoles qui n'ont pensé à la question qu'une seconde, uniquement au moment où elle leur a été présentée.
Le point le plus important qui est ressorti de toutes mes conversations avec les gens, c'est qu'il faut que le projet de loi soit adopté. C'est la première chose. Les gens s'inquiètent beaucoup, mais pas à propos du projet de loi. D'un point de vue politique, la discussion qui a lieu en ce moment est très intéressante. On parle beaucoup de craintes relatives à ce qui pourrait se produire, mais elles ne sont pas liées au projet de loi.
En fait, les producteurs s'inquiètent beaucoup de perdre le contrôle de la réglementation qui découlera du projet de loi: nous voulons que le projet de loi soit adopté et nous voulons participer à tout ce qui y sera associé. Le Conseil du canola est l'exemple idéal de ce que je veux dire.
Le Conseil du canola compte un groupe qui approuve toutes les variétés à enregistrer dans l'Ouest du Canada. Huit pays importateurs font partie de ce groupe. On dit donc que le conseil ne devrait pas céder ses droits et son pouvoir de décision aux autres pays, mais il les a donnés à huit de ses pays importateurs, qui sont ses plus grands clients, et c'est ce que vous devriez faire aussi.
Vous devriez vous adresser d'abord à vos clients et leur demander: « Que voulez-vous? » Le client a toujours raison, et ce, peu importe qui vous êtes. Eaton l'a prouvé pendant 50 ans. Le client a toujours raison. Vous devez vous occuper de lui d'abord, après quoi vous tentez de résoudre les problèmes relatifs à vos méthodes de production et de commercialisation.
Toutefois, le client a toujours raison. Vous devez vous concentrer sur ce point et fournir aux producteurs les ressources dont ils ont besoin afin de créer un système réceptif et souple. Le projet de loi est parfait tel quel. C'est une condition parfaite. Pourquoi produire une chose pour laquelle il n'y a pas de marché?
La dernière chose que je voudrais sur ma ferme, c'est un réservoir rempli d'un produit pour lequel il n'y a pas de marché. Pourquoi voudrais-je produire cela? Je dois d'abord avoir un marché. C'est pour cette raison qu'on passe des contrats, et aussi que l'industrie du canola vend tellement de produits à identité préservée et à valeur ajoutée, produits pour lesquels on a des ententes préexistantes du début à la fin du processus.
Dans l'industrie internationale des semences, Kurt ne conclut pas un contrat avec un producteur de semences avant d'avoir vendu le produit et avant que le pays qui l'importe sache qui l'achètera et pourquoi. On ne procède pas par spéculation. L'industrie connaît exactement ses besoins et elle produit de façon à les satisfaire.
De plus, ces besoins changent constamment. C'est une cible mouvante. Les parties intéressées doivent avoir le pouvoir de modifier la réglementation de façon à l'adapter à la cible mouvante que constitue le marché. Le projet de loi doit être adopté pour nous obliger à agir ainsi, mais le critère auquel nous répondons doit être souple. Il ne peut pas faire partie du projet de loi. Le projet de loi est parfait tel quel. Il est simple et il nous plaît.
:
Si je peux intervenir, c'est le travail des gens qui sont dans cette salle: trouver des façons de protéger le consommateur et les producteurs. C'est le meilleur moyen qui a été trouvé, selon nous.
J'ai discuté avec certaines personnes qui jouent un rôle très actif dans le programme de l'industrie du canola, et la beauté de la chose, c'est de voir ce que ces gens ont été capables d'accomplir, et c'est très encourageant à mon avis. Il leur manque ce que le projet de loi nous fournirait pour exiger qu'une analyse d'incidence économique soit conduite. Il s'agit également d'une science.
Concernant le règlement, vous savez, la Loi sur les semences contient maintenant une exigence en matière d'environnement, et nous pensions que cela réglerait le problème, au sujet de la luzerne Roundup Ready justement, mais comme cela n'a pas été le cas, il faut vraiment que ce projet de loi soit adopté. Ensuite, tout de suite après, le plus vite possible, il faut que le gouvernement intervienne pour demander aux principaux groupements de producteurs spécialisés de former un comité pour examiner les exigences, effectuer une analyse d'incidence et présenter une recommandation.
En ce qui concerne le Conseil canadien du canola, il s'agit encore d'une recommandation, mais à mon avis, c'est une simple formalité.
Lorsque nous examinons le tout du point de vue du producteur, c'est un excellent programme, mais il n'est soumis à aucune obligation et c'est l'élément que le projet de loi nous fournira, et nous pensons que c'est très important, que cela forcera le jeu. Car nous n'avons rien actuellement. Nous n'avons rien. Nous n'avons strictement rien.
:
J'aimerais revenir au sujet dont a parlé M. Hoback, c'est-à-dire les scientifiques. Par contre, je serai un peu moins agressive.
Le Dr David Suzuki, qui n'est pas francophone, est un généticien et un animateur de télévision. Il dit tout le temps que tout scientifique qui dit que les OGM sont sûrs est soit très stupide ou ment délibérément. Les essais n'ont tout simplement pas été effectués. Aucune étude sérieuse et indépendante à long terme n'a été effectuée.
En effet, les OGM ne sont pas plus nourrissants, ils ne sont pas moins chers et n'ont pas meilleur goût. À mon avis, monsieur Shmon, vous avez raison. Ils sont là seulement pour détruire les insectes. Je vais vous dire ce que l'on retrouve dans certaines tomates. J'ai renoncé aux OGM, car j'y étais plutôt opposée.
De plus en plus de jeunes agriculteurs font de la culture biologique, mais leurs cultures sont menacées parce que le vent vient de l'Ouest. Les cultures d'OGM menacent ces fermes parce que les abeilles butinent d'une fleur à l'autre. C'est très important, car ils ont travaillé fort pour avoir des fermes biologiques et produire des fromages biologiques. Quand ces cochonneries se promènent dans l'air, ou sont propagées par les insectes, elles menacent leurs cultures.
Des expériences ont été menées en laboratoire. Les scientifiques ont injecté des gènes de scorpion à des tomates afin que ces dernières résistent aux insectes. La tomate n'a pas plus de goût. On se sert aussi d'autres types d'OGM pour modifier les semences. Des gènes humains ont été injectés à des pommes de terre pour qu'elles puissent pousser dans des sols pollués par des métaux lourds. Ça commence à être inquiétant. Personnellement, c'est pourquoi je suis en faveur de l'étiquetage des OGM. On ne sait pas ce que l'on mange, et la compagnie Monsanto n'est pas intéressée de savoir ce que l'on met dans notre estomac; elle est intéressée par ce qu'elle met dans son compte de banque.
Je reviens à vous, monsieur Shmon. Vous avez dit que les produits non OGM étaient intéressants. En 2001, les importateurs chinois ont refusé le canola, le colza et le soya de l'Amérique du Nord. Cela a été profitable pour les Européens. Pourquoi le marché ne serait-il pas ouvert à vous, à ceux qui ont des plantations sans OGM? J'aimerais que vous discutiez de ce sujet. Je vais vous laisser parler. Je ne vous couperai pas la parole et je ne vous agresserai pas. Je veux que vous parliez de votre ferme, de votre survie et de la santé des gens — pas seulement de santé monétaire.
:
Malheureusement, je crois que pour les problèmes de santé, c'est un peu comme la question du tabac; il nous faut du temps pour nous réveiller et savoir si nous avons raison ou tort. J'ignore quelle sera la réponse.
Ce que je sais, c'est que d'ici à ce que les données scientifiques nous apportent des réponses définitives, je dois demeurer rentable. Comme il faut que les gens se sentent rassurés au sujet des aliments qu'ils mangent, j'espère qu'entre-temps, nous n'aurons pas fait d'erreurs monumentales dans notre façon d'examiner les données scientifiques.
En tant qu'agriculteurs, nous espérons que la méthode scientifique qui consiste à utiliser l'ADN d'un organisme vivant puisse être comprise et manipulée de façon à ce que cela soit avantageux pour notre santé et notre économie. À court terme, nous n'avons vraiment eu que des succès économiques. Mais lorsqu'on participe à des réunions agricoles, on entend beaucoup parler de nouvelles recherches passionnantes sur les bienfaits pour la santé que le produit apportera au consommateur, à la personne qui, en fait, mangera ces aliments, et c'est vraiment ce qui nous enthousiasme. C'est là où nous voulons être dans 20, 50 ou 100 ans.
Nous considérons la nécessité d'une analyse du marché comme faisant partie intégrante de tout cela. Je crois que très bientôt, les gens diront de telle et telle méthode scientifique qu'elle est ce qu'il y a de mieux et qu'ils la veulent vraiment. Oui, c'est ce que nous apporte la technologie qu'on utilise aujourd'hui pour créer les produits contenant des OGM, qui allient tolérance aux herbicides et semences, mais il s'agit strictement d'une approche économique.
Notre communauté scientifique dispose d'un énorme potentiel pour nous apporter des avantages. Les agriculteurs les attendent, et le marché dira... Tout comme le Conseil canadien du canola le fait actuellement, nous serons en mesure d'aller partout dans le monde avec du blé, par exemple, et de dire qu'il est de loin supérieur à tout ce qu'ils ont pu produire jusqu'à maintenant; un blé qui est sain pour tous les gens qui consommeront un pain qui en contient et qui diront, oui, il contient des OGM, mais ils accepteront ce produit en raison des avantages merveilleux qu'il offre sur les marchés.
C'est l'avantage que nous voulons. C'est pourquoi nous appuyons le projet de loi et la réglementation pour contrôler les producteurs et les parties intéressées qui en seraient à la base. Il faut que ces deux éléments aillent de pair.
:
M. Valeriote et moi allons partager notre temps.
Pour ce qui est du point que Jim vient de soulever, je me demandais si nous pourrions demander à notre personnel de recherche de trouver les renseignements au sujet de l'Argentine. Nous nous posions la même question.
Je sais qu'Alex n'est pas aussi neutre que la Direction de la recherche parlementaire, mais nous allons regarder votre recherche aussi, Alex.
J'aimerais revenir sur le point que Randy a soulevé plutôt, à savoir que le marché allait contrôler le tout.
Randy, je ne crois pas que ce soit nécessairement le cas, parce que ce qui se passera, surtout pour la luzerne, c'est que si nous constatons qu'il n'y a pas de demande pour le produit et que c'est déjà entré dans notre patrimoine génétique et que cela commence à se propager, nous sommes cuits. Nous ne pouvons pas nous permettre de commettre cette erreur.
Si nous sommes exclus d'un marché, le marché s'en occupera, très bien, mais si cela devait être approuvé sans un examen minutieux et adéquat, alors nous perdrons le marché. Nous perdrions les marchés que vous avez évalués, je crois, à environ 20 millions de dollars en ce moment, somme qui pourrait augmenter.
Nous avons un marché assez important à l'Île-du-Prince-Édouard pour les cultures non transgéniques. Je peux vous confirmer à quel point les Japonais sont rigoureux. Ils viennent visiter les champs. Ils regardent s'il n'y a pas d'autres cultures transgéniques — d'autres cultures, pas les mêmes — à quelques miles aux alentours, pas à quelques pieds, de la culture destinée au marché japonais. La culture n'a même pas besoin d'être de la même espèce. Il se peut que ce soit des bleuets, des fraises ou du canola. Nous cultivons du canola non transgénique.
Qu'en pensez-vous? On ne peut pas simplement résumer la situation en disant que le marché s'en occupera.
Le président: Très brièvement, Jim, s'il vous plaît.