Il est intéressant d'entendre parler de l'examen des services ferroviaires. En tant que représentant de l'industrie, nous attendons tous de voir ce qui résultera de cette étude à la fin de janvier. Nous attendons de voir quels seront les résultats. Je suis sûr que vous aurez une réponse de notre part à ce moment-là.
Bonjour. Je vous remercie de votre attention.
Je m'appelle Humphrey Banack et je suis le président du groupe Wild Rose Agricultural Producers, la plus importante organisation agricole générale de l'Alberta financée par les producteurs. J'ai rencontré plusieurs d'entre vous en octobre pour discuter du processus d'examen des services ferroviaires.
À ce moment-là, je procédais au déversement de graines de canola d'une valeur de 225 000 $ parce que le service ferroviaire était inadéquat pour ce qui est de respecter les contrats en place. À ce jour, j'ai pu assurer le transport de la moitié de cette récolte, et j'espère pouvoir transporter le reste d'ici la fin de l'année. Les silos terminaux de l'intérieur que nous utilisons connaissent un retard de 40 p. 100 des expéditions en raison du mauvais service ferroviaire à ce jour.
C'était une petite mise en contexte. Même si c'est une question importante, aujourd'hui, notre objectif consiste à vous parler des tarifs des services ferroviaires dans l'Ouest du Canada.
Je vous remercie particulièrement de nous donner l'occasion de vous parler au nom de la Fédération canadienne de l'agriculture. Je suis accompagné aujourd'hui d'Allen Oberg, président du conseil d'administration de la Commission canadienne du blé. Nous sommes ici aujourd'hui au nom de la Fédération canadienne de l'agriculture, une fédération pancanadienne réunissant des organisations agricoles générales, des groupes de produits de base à caractère sectoriel et des coopératives. Je fais partie du conseil d'administration de la FCA et Allen est membre du conseil national de la FCA.
Mon épouse et moi exploitons une installation agricole avec mon frère et ma belle-soeur près de Round Hill en Alberta, c'est-à-dire dans la zone centrale de l'Alberta. Le transport constitue l'une des principales dépenses de notre ferme, et il en va de même pour toutes les installations agricoles des Prairies, parce que notre région céréalière se situe loin des postes d'exportation.
Aucun autre céréalier dans le monde doit transporter ses céréales sur une aussi grande distance pour atteindre un port. Mon exploitation agricole se situe à 1 100 kilomètres du port par rail de Prince Rupert et à 3 500 kilomètres du fleuve Saint-Laurent. Les agriculteurs américains doivent transporter leurs produits sur une distance beaucoup moins importante pour atteindre leur point d'exportation. Les agriculteurs en Australie et en Ukraine ne se situent qu'à environ 300 kilomètres d'un port maritime.
Il ne faut pas oublier non plus que dans l'Ouest canadien, nous devons transporter nos céréales par voie ferrée parce qu'il n'existe pas d'autres solutions de rechange rentables. Les agriculteurs australiens et ukrainiens et une grande partie des agriculteurs américains peuvent faire un choix entre deux ou trois modes de transport pour rejoindre la mer.
Comme vous le savez, un groupe d'experts nommés par le gouvernement a récemment publié son rapport intérimaire sur l'examen des questions et des problèmes liés au système de logistique du service ferroviaire au Canada. La FCA est satisfaite de l'examen approfondi du groupe d'experts et de son analyse de la situation actuelle à laquelle doivent faire face les expéditeurs par chemin de fer, y compris les céréaliers de l'Ouest canadien.
Le rapport présente un reflet exact des problèmes que doivent surmonter les céréaliers lorsqu'ils veulent expédier leurs céréales à des points d'exportation. Comme le signale le rapport, le défi le plus important que doivent relever les agriculteurs est l'emprise sur le marché exercée par les chemins de fer et le manque de concurrence entre les chemins de fer.
Cette situation se traduit par un rendement inadéquat et des coûts excessifs pour les céréaliers de l'Ouest du Canada. Lorsque le tarif du Nid-de-Corbeau a été remplacé par le plafond des revenus actuels en l'an 2000, les gains en productivité subséquents devaient être partagés avec les agriculteurs. À ce moment-là, le gouvernement fédéral espérait que les pressions de la concurrence et que les forces du marché se traduiraient par des coûts de transport moins élevés en raison des gains de productivité. Malheureusement, en raison du quasi-monopole détenu par les chemins de fer, cela ne s'est pas réalisé.
La FCA reconnaît que le mandat du groupe d'experts pour l'examen des services excluait précisément les coûts ou les questions liées aux tarifs, y compris les tarifs marchandises, le plafond des recettes, les frais accessoires et les questions ayant trait à un accès concurrentiel. Toutefois, le comité de révision a signalé de nombreux problèmes liés aux tarifs ferroviaires, et pour les céréaliers de l'Ouest du Canada, cela est de toute première importance. Notre message est clair: le gouvernement du Canada doit mettre sur pied un examen des tarifs ferroviaires immédiatement, et non pas dans un an ni dans deux ans.
En raison des pluies dévastatrices de ce printemps, les agriculteurs viennent juste d'engranger une récolte de mauvaise qualité. Parallèlement, le ministre s'est engagé seulement à « réfléchir » à la possibilité de la tenue d'un examen des tarifs une fois que l'examen des services actuels sera terminé. D'une façon ou d'une autre, nous devons vous faire comprendre, nos représentants élus, qu'il s'agit de deux questions distinctes qui touchent deux groupes d'experts et d'analystes tout à fait différents, et que chaque année où nous reportons cette étude fait en sorte qu'une autre année s'écoule pendant laquelle les agriculteurs doivent payer des millions de dollars de plus que leur juste part.
Les tarifs marchandises doivent être fondés sur les coûts réels, et non pas sur des révisions annuelles découlant de formules périmées. Cela fera bientôt près de 20 ans depuis le dernier examen complet des tarifs ferroviaires. Les pratiques agricoles ont beaucoup évolué dans cette période. Les chemins de fer sont fiers de dire à quiconque veut les entendre qu'ils ne fonctionnent pas du tout de la même façon qu'ils le faisaient à cette époque, ainsi, les tarifs marchandises doivent être fondés sur la réalité contemporaine et non pas sur ce qui se faisait il y a 20 ans.
J'aimerais maintenant céder la parole à mon collègue Allen Oberg.
Comme Humphrey l'a dit, je m'appelle Allen Oberg. Mon frère et moi avons une exploitation céréalière et bovine près de Forestburg, en Alberta. Depuis 2002, je suis l'un des directeurs de la Commission canadienne du blé élu par les agriculteurs et j'ai été élu président du conseil en juin dernier.
Plus tôt cette année, une vaste coalition d'associations agricoles dirigées par la FCA a rendu publique une importante étude qui confirme ce que les producteurs de céréales de l'Ouest canadien savent depuis quelques années: que nous payons plus que notre juste part du transport ferroviaire.
Cette étude a été commandée par la Commission canadienne du blé et réalisée par un analyste des chemins de fer très respecté et très expérimenté, John Edsforth, de Travacon Research. M. Edsforth a examiné le transport ferroviaire dans l'Ouest canadien pour les campagnes agricoles de 2007-2008 et de 2008-2009. Nous vous avons apporté des exemplaires de cette étude.
J'aimerais dire rapidement un mot au sujet de l'approche de M. Edsforth. Il a examiné les services de transport des marchandises par chemin de fer en utilisant un repère particulier, à savoir 20 p. 100 des coûts variables liés au volume. C'est le même repère utilisé dans l'ancienne Loi sur le transport du grain de l'Ouest, la LTGO, pour assurer un rendement juste et équitable aux sociétés ferroviaires. Selon l'Office des transports du Canada, ce pourcentage représente également la contribution moyenne du système au transport ferroviaire. Selon Travacon Research, ce niveau de 20 p. 100 est le maximum possible pour assurer un marché concurrentiel.
À l'aide de ce repère, M. Edsforth a conclu que pour les deux campagnes agricoles de 2007-2008 et de 2008-2009, les producteurs de céréales de l'Ouest canadien ont payé 123 millions et 275 millions de dollars de plus que ce qui aurait été jugé équitable en vertu de la LTGO. Cela correspond à 4,61 $ la tonne de trop pour 2007-2008 et à 8,81 $ la tonne de trop pour 2008-2009. Pour ces deux campagnes agricoles, cela représente donc une moyenne de 6,87 $ la tonne de plus que ce qui était considéré juste et adéquat en vertu de la LTGO. Cela n'est pas vrai que pour le blé et l'orge commercialisés par les agriculteurs de l'Ouest canadien.
Pour vous donner une idée de ce que cela représente pour les agriculteurs des Prairies, permettez-moi de vous parler de ma ferme. Je suis situé à 1 056 kilomètres par chemin de fer du port de Prince Rupert. Au cours des deux dernières campagnes agricoles, j'ai expédié en moyenne 3 660 tonnes de grains. Si je multiplie ce montant par 4,61 $ et par 8,81 $, cela veut dire que j'ai payé entre 17 000 et 32 000 $ de plus que ce que j'aurais payé en vertu de la LTGO. Et c'est juste moi, juste ma ferme, et juste pour une année.
Au total, les agriculteurs versent 200 millions de dollars de plus que ce qui était considéré juste en vertu de la LTGO, et ce chaque année. Un agriculteur qui voudrait savoir ce que cela représente pour sa ferme peut utiliser un simple calculateur en ligne pour le savoir. Il n'a qu'à entrer le nombre de tonnes qu'il a livré et le calculateur indique le montant qu'il aurait pu autrement garder dans sa ferme. À propos, ce calculateur se trouve sur le site de la Fédération canadienne de l'agriculture.
Comment en sommes-nous arrivés là? Eh bien, ce n'est pas un grand mystère. Nous en sommes là à cause d'un énorme regroupement de l'infrastructure ferroviaire. Plus d'un millier d'élévateurs des Prairies ont fermé depuis les années 1990. Aujourd'hui, il ne reste plus que 240 élévateurs à grains pour toute la région des Prairies.
Il fallait que le système devienne plus efficace, et c'est maintenant chose faite. Aujourd'hui, les chemins de fer expédient une plus grande quantité de grains en même temps. Ils peuvent charger davantage de grains en faisant moins d'arrêts; ils font donc des économies, ce qui est une bonne chose. Nous voulons que le système soit plus efficace et nous voulons que les compagnies ferroviaires réalisent un bénéfice raisonnable. Mais, étant les principaux clients des chemins de fer, les producteurs de céréales de l'Ouest du Canada croient qu'une partie de ces économies devraient nous revenir.
En fait, c'est justement le contraire qui est arrivé. Au cours des 15 dernières années, les tarifs marchandises ont continué à augmenter et, à cause de la fermeture de milliers d'élévateurs, les producteurs sont obligés de transporter leurs grains par camion sur de plus longues distances.
Il existe depuis l'an 2000 un plafond de recettes pour le revenu des sociétés ferroviaires canadiennes en ce qui concerne le transport du grain. Ce plafond tient notamment compte du volume du grain transporté, des fluctuations dans les prix du carburant et de l'inflation, mais il ne tient pas compte des véritables coûts des services ferroviaires. Lorsque ces coûts chutent en raison d'un meilleur rendement, les agriculteurs ne bénéficient pas de ces gains même s'ils ont contribué directement à les augmenter. Les agriculteurs perdent des millions de dollars chaque année en attendant que le gouvernement du Canada exige la tenue d'un examen des coûts du transport ferroviaire.
J'aimerais répéter ce que j'ai dit. Personne ne s'oppose à avoir un système ferroviaire rentable au Canada. En revanche, les agriculteurs ne peuvent pas continuer à assumer une part injuste de ce fardeau. Les tarifs marchandises doivent être justes, à la fois pour les agriculteurs et les sociétés ferroviaires. Il ne faut pas se demander pourquoi il faudrait avoir un examen des coûts des services ferroviaires. Il faudrait plutôt se demander comment l'on peut se permettre de ne pas en avoir un.
Merci, monsieur le président.
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Bonjour, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs les députés.
J'aimerais très rapidement vous dire que Pulse Canada est une organisation nationale constituée d'organisations d'agriculteurs qui proviennent de chacune des provinces qui produisent une quantité importante de légumineuses ainsi que des membres de l'Association canadienne des cultures spéciales, composée de transformateurs et d'exportateurs de pois, de haricots, de lentilles, de pois chiches, de graines à canaris, de moutarde, de sarrasin et de tournesol.
Tous les témoins qui comparaîtront au comité sont des hommes d'affaires. Nous mettons l'accent sur les affaires: nous tentons d'augmenter la rentabilité de notre industrie. À Pulse Canada, nous mettons l'accent sur ce qui intéresse toute société, soit tenter de réduire les coûts auxquels font face notre industrie et d'en améliorer la valeur, notamment dans le secteur des légumineuses, puisque nous avons un historique fort positif en matière de santé, de nutrition et de durabilité environnementale.
En ce qui concerne les coûts, nos membres sont principalement préoccupés par le transport. J'aimerais citer une phrase issue du rapport de la Banque mondiale qui permet de bien mettre les choses en perspective: « La prévisibilité est au coeur des coûts généraux engagés par les sociétés dans le domaine de la logistique et elle est donc centrale à leur compétitivité dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. »
Le mot clé est la « prévisibilité ». Nous faisons face à un manque de prévisibilité, ce qui engendre des coûts pour notre industrie. Pour cette raison — nous mettons l'accent sur l'importance de répondre aux problèmes des coûts ferroviaires —, Pulse Canada, au cours des quatre dernières années, a mis principalement l'accent sur le transport. Nous avons joué un rôle important auprès de la Coalition of Rail Shippers et nous avons passé beaucoup de temps au cours des deux dernières années sur l'examen des services du transport ferroviaire.
Je voulais vous faire quelques brèves remarques liminaires, et je céderai maintenant la parole à Greg Cherewyk. J'aimerais souligner que, du point de vue de la culture spéciale et des légumineuses, il faut se pencher sur deux domaines relativement aux coûts du transport ferroviaire. Il y a d'abord les tarifs marchandises, mais nous voulons également parler de quelque chose de fort important, soit les coûts assumés par les expéditeurs, qui doivent payer pour un service qui est imprévisible.
Greg résumera nos principales conclusions en ce qui concerne ce manque de prévisibilité, à savoir comment cela touche les coûts que nous devons assumer. Nous vous parlerons de ce que nous croyons qu'il faudrait faire pour réduire les frais et augmenter la rentabilité de notre secteur.
Vous devriez tous avoir sous les yeux un exemplaire du mémoire auquel je vais me référer. Comme Gordon l'a mentionné, j'aimerais vous parler des facteurs qui touchent le plus les coûts de notre industrie.
À la page 2, vous verrez un bref résumé de l'examen des services de transport des marchandises par chemin de fer. J'aimerais attirer votre attention sur le premier point, « Huit rapports d'analyse quantitative ». Ce qui distingue cet examen de l'approche prise par le gouvernement, c'est que nous avons examiné les faits. Nous nous sommes écartés des rencontres à l'hôtel de ville, des sondages remplis par les expéditeurs et des questionnaires. Nous avons mis l'accent sur les preuves. Nous avons quantifié les services. C'est grâce à Transports Canada que nous avons prôné cette approche.
Qu'en est-il des faits? À la page 3, et j'ai résumé une citation clé qui porte sur le rendement des chemins de fer pour ce qui est de répondre à la demande. Les deux chemins de fer ont de concert répondu à 100 p. 100 de la dem ande 49 p. 100 du temps seulement. Ils répondaient à 75 p. 100 de la demande environ 57 p. 100 du temps. Si vous regardez la dernière phrase de la diapositive, vous verrez que « ces niveaux moyens de performance masquent les changements de performance d'une semaine à l'autre, qui peuvent être très importants ».
À la page 4, nous examinons comment les chemins de fer respectaient les engagements — nous ne parlons pas ici de répondre à la demande, mais plutôt de répondre à l'engagement qu'ils avaient pris auprès de leurs clients: « Les expéditeurs inclus dans cette analyse ont reçu 90 p. 100 de l'approvisionnement planifié des wagons à la date planifiée seulement dans 12 à 28 p. 100 des cas pendant la période d'enquête. »
Passons maintenant à l'évaluation des chemins de fer en ce qui concerne la priorité accordée au client. À la page 5, nous indiquons que « les taux d'erreur élevés — taux d'erreur des factures entre 20 et 70 p. 100 — observés par les clients ont conduit un grand nombre d'entreprises à affecter du personnel pour surveiller plus étroitement et vérifier les factures de surestarie ». Il s'agit des factures refilées à nos membres s'ils n'ont pas chargé leurs wagons en 24 heures. Dans notre industrie, bon nombre de nos clients embauchent du personnel à temps partiel ou à temps plein tout simplement pour faire le suivi des frais de surestarie.
À la page 6, on peut voir un point clé en ce qui concerne la contribution à l'efficacité du système. Un des meilleurs cadeaux que l'on pourrait offrir à un fournisseur de services logistiques est une heure d'arrivée prévue. Cela permet aux clients de planifier ses opérations de manière efficace et de travailler avec les intervenants dans la chaîne d'approvisionnement pour s'assurer qu'eux aussi fonctionnent de manière efficace. Et pourtant, « les chemins de fer reconnaissent que l'exactitude de ces informations n'est pas sujette à des mesures... et que la logique informatique... est sujette à un taux d'erreur élevé ».
Je ne vais pas passer en revue tous les points de l'étude et vous parler du temps de déplacement, de la variabilité et des autres conclusions du rapport. J'aimerais passer tout de suite à la conclusion du comité d'experts sur l'examen des services du transport ferroviaire. On y voit que la cause principale des problèmes du service ferroviaire est due à un manque de concurrence ou de force du marché qui réduit la reddition de comptes du service ferroviaire en matière de rendement. Cela a mené à un service moins efficace.
À la page 7, à la dernière phrase, on indique: « Il est reconnu depuis longtemps dans le droit du transport que des règlements sont requis pour lutter contre l'abus éventuel de la puissance commerciale par les chemins de fer. » À la page 8, le comité d'experts indique qu'« il n'existe aucune façon pratique d'accroître directement la concurrence ferroviaire » et que l'efficacité des dispositions existantes de la Loi sur les transports au Canada n'a pas mené à un service « raisonnablement adéquat ».
À la page 9, on voit que le comité d'experts « estime que les résultats des travaux de recherche de la phase I... auraient été très différents » si les expéditeurs avaient eu « accès à une concurrence efficace ou à des outils de réglementation efficaces ». À la page 10, le comité « reconnaît aussi que des lois et des règlements efficaces peuvent être nécessaires pour favoriser un environnement qui encourage la prise de solutions commerciales ».
Mais, à la page 11, au lieu de suivre ce processus logique, le comité le met de côté et suggère que les chemins de fer mettent en oeuvre volontairement des améliorations au processus et signent des accords et que, plus tard — en 2013 —, le gouvernement revienne pour examiner ces processus afin de voir si des progrès ont été accomplis. Je n'ai pas besoin de vous dire comment la collectivité des expéditeurs perçoit ces recommandations qui disent en fait que l'on a besoin de ne rien faire et que quelqu'un d'autre devrait examiner de nouveau cette question ultérieurement.
J'aimerais maintenant vous parler du coût de l'inaction. Aux pages 12 et 13, je parle d'un rapport commandé par Pulse Canada à la fin de 2009 et reçu en 2010. Il portait sur le coût que doit assumer notre industrie lorsque les transports ne sont pas fiables et sont imprévisibles. Ce rapport a été fait par SJT Solutions, Logistic & Marketing Services et Mercantile Consulting Venture.
Nous avons examiné le coût d'un service imprévisible et non fiable. Il y a un coût réel — nous le savons, mais nous voulions le quantifier. Nous avons examiné deux façons d'aborder la question: l'analyse qualitative et l'analyse quantitative.
Au cours de l'analyse quantitative, nous avons examiné les répercussions sur notre entreprise au cours de la dernière décennie ou plus. À la page 13, vous verrez une liste de changements apportés à la nature de notre entreprise en raison d'un service non fiable. Je ne vais pas parler de chacun de ces points, mais j'en ferai ressortir quelques-uns.
Vous avez tous entendu parler de la réduction de la disponibilité des conteneurs et de la capacité des navires. Simplement dit, les clients non fiables et irréguliers ne peuvent pas avoir accès à des conteneurs ou à de l'espace sur les navires. Le secteur de l'agriculture en Amérique du Nord est généralement reconnu comme étant le client le moins fiable et le plus irrégulier pour les lignes de navigation. Cela limite certainement notre capacité d'avoir accès à des conteneurs.
Le point numéro trois porte sur la prolongation des créneaux d'expédition. Auparavant, nous pouvions accepter de faire des ventes en quatre semaines dans notre secteur. Cela n'est plus possible. Nous ne soumissionnons plus pour faire de telles ventes car nous ne pouvons pas livrer le produit. Cela change nos marchés d'exportation. Nous avons régulièrement recours à des prolongations de contrat, et des pénalités y sont associées. Cela veut tout simplement dire que nous devons automatiquement inclure les pénalités de contrat lorsque nous calculons les coûts, ce qui signifie moins d'argent dans les poches de nos agriculteurs. Si nous répondons à 100 p. 100 de notre demande 49 p. 100 du temps, nous devons faire des commandes excessives pour atténuer le risque, ce qui crée des inefficiences dans la chaîne d'approvisionnement.
Ce sont là certains des changements à la nature de notre entreprise qui se sont produits au cours de la dernière décennie en raison du manque de fiabilité du service.
Si vous regardez aux pages 14 et 15, je parlerai un peu des coûts associés au manque de fiabilité du service. Il y a trois éléments principaux à examiner lorsqu'on parle des coûts: les coûts différentiels associés au niveau de stocks plus élevés, les pénalités associées aux contrats et aux surestaries, et les coûts associés à la répartition des risques relatifs au manque de fiabilité du transport.
Si on regarde tous ces facteurs — et on les résume à la page 15 pour les lentilles seulement, d'après des données de 2008 — et si l'on tient compte de tous les coûts, soit le coût d'entreposage additionnel, les coûts d'administration, les coûts de main-d'oeuvre, les pénalités, les surestaries et les coûts de détention des conteneurs, on constate que le coût du manque de fiabilité du service, pour les lentilles seulement, est en moyenne de 11,92 $.
Si on appliquait ce montant, 11,92 $, aux exportations totales de lentilles prévues cette année, on arriverait à un chiffre d'environ 14 millions de dollars en perte de revenus attribuables au manque de fiabilité du service pour ce qui est des lentilles uniquement.
En moyenne, nous expédions 30 millions de tonnes de grains, d'oléagineux, de légumineuses à grain et de cultures spéciales chaque année. Je ne dis pas que ce montant de 11,92 $ s'applique exactement à chacun de ces produits, mais on peut s'attendre à ce que le coût du manque de fiabilité du service soit très élevé.
Les tarifs marchandises sont-ils importants? Le prix du fret est-il important? Absolument. Si vous regardez à la page 16, vous verrez que l'on dit que le prix n'est pas tout. Si c'était le cas, tous les agriculteurs canadiens conduiraient des tracteurs Belarus, comme on les appelle. Si c'était le cas, nous aurions tous des voitures de marque Yugo. Ces deux véhicules sont connus pour leur bas prix et pour leur manque de fiabilité. Lorsqu'ils étaient vendus sur le marché, vous pouviez acheter une Yugo pour moins de 4 000 $ américains, et si vous l'aviez achetée, vous auriez alors eu ce que Car Talk a voté comme étant la pire voiture du millénaire.
Nos membres s'attendent à obtenir un bon rendement pour leurs frais de marchandise. Cela doit demeurer notre principale priorité. La première mesure que peut prendre le gouvernement pour améliorer la rentabilité de l'exploitation agricole, de l'usine de transformation et du bureau d'exportation, c'est d'améliorer le service et de le faire en mettant en place un cadre de réglementation qui oblige tous les intervenants de notre chaîne d'approvisionnement à mettre l'accent sur la prévisibilité dans leurs interactions.
Nous devons tout d'abord définir le niveau de service auquel s'attendent les gens d'affaires. Il conviendrait ensuite de demander si le coût de ce niveau de service est approprié. C'est de cette façon que partout dans le monde, on créé une marque et un service de qualité et constants. C'est de cette façon que nous pouvons nous assurer que notre économie agricole qui dépend des exportations sera concurrentielle.
Encore une fois, ce que demande le secteur des cultures spéciales et des légumineuses à grain, c'est que le gouvernement rédige et adopte immédiatement les dispositions de recours recommandés par le comité dans son rapport intérimaire, qu'il rédige immédiatement une loi pour créer les conditions qui produiront les solutions commerciales que nous cherchons. Nous ne sommes pas si naïfs pour croire que cela se fera immédiatement. Nous savons qu'il faudra mettre en place un processus long et difficile, mais nous avons amplement de preuves pour que des mesures importantes soient prises à cet égard.
Mais il n'est pas nécessaire d'attendre qu'on ait évalué le rendement. Il faut commencer à agir immédiatement. Beaucoup ont laissé entendre que ce n'était pas quelque chose qu'on avait besoin d'entreprendre, mais si l'on ne mesure pas le rendement de ce système après avoir entamé cet examen, il ne sera pas possible de savoir si les améliorations qu'on a demandées ont eu l'incidence souhaitée ni si cette indicence a été durable.
Ce sont là d'importants indicateurs économiques, tout aussi importants que l'évaluation du rendement de vos portes d'entrée alors que vous avez investi des milliards de dollars dans cette infrastructure et que nous sommes très heureux d'en mesurer le rendement aujourd'hui. Nous devons évaluer le rendement de la chaîne d'approvisionnement — la chaîne de montage qui alimente ces portes d'entrée en produits — et nous ne devrions pas être obligés d'attendre pour le faire. On doit commencer aujourd'hui.
Merci beaucoup.
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Messieurs, je vais poser une question. Je ferai ensuite quelques remarques et j'aimerais entendre vos observations.
Si j'ai bien compris, il me semble qu'en ce moment, lorsque les entreprises ferroviaires ne livrent pas la marchandise, l'agriculteur est pénalisé. En raison de services peu fiables, vous avez perdu près de 14 millions de dollars à cause de ce qui arrive lorsque le wagon ne se rend pas. D'après ce que j'ai compris, les entreprises ferroviaires ne sont pas pénalisées si elles ne livrent pas la marchandise. Est-ce bien cela?
Une solution immédiate à une partie du problème serait-elle, donc, une entente réciproque, en vertu de laquelle si l'entreprise ferroviaire a promis d'envoyer un wagon à un certain moment et ne l'a pas fait, elle serait pénalisée? En effet, on espère que cela les encouragerait à faire preuve de plus d'efficacité. Voilà ma première question.
J'ai sous les yeux quelques communiqués du Syndicat national des cultivateurs. Au mois de mai de cette année, un communiqué a indiqué que les grandes entreprises ferroviaires perçoivent environ un milliard de dollars en frais de transport auprès des agriculteurs, et malgré cela, l'OTC a annoncé son approbation d'une augmentation de 7 p. 100 de l'indice du prix composite lié au volume. Elles font donc ces profits, elles ont demandé une augmentation de 7 p. 100, et elles l'ont obtenue. En même temps, elles ne font pas preuve de plus d'efficacité et vous, vous payez de vos poches. Je voulais simplement le signaler.
J'aimerais également faire remarquer que ce ne sont pas seulement les agriculteurs qui rencontrent des difficultés avec ces entreprises. J'ai une lettre de l'Association des produits forestiers du Canada. Ses représentants disent que depuis bon nombre d'années, l'industrie des produits forestiers et d'autres expéditeurs de produits de base endurent les mauvais services et les tarifs marchandises élevés tout en attendant qu'une loi remédie au manque de concurrence dans le système de transport ferroviaire canadien.
Ils font ensuite référence au rapport intérimaire du comité d'experts, publié le 22 octobre, qui comprend une recommandation voulant que le gouvernement retarde tout correctif législatif ou réglementaire jusqu'après 2013, moment où le gouvernement devrait entreprendre encore une autre évaluation de la situation des services ferroviaires au Canada. Et seulement après que cette évaluation est terminée, il sera possible d'envisager des recommandations des changements au règlement. Je pense que vous l'avez mentionné, Greg ou Gordon, dans votre déclaration.
J'aimerais entendre vos observations à ce sujet, si vous le voulez bien.
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Au sujet de votre première remarque sur les pénalités réciproques, je vais vous faire part du point de vue de la Coalition des expéditeurs par rail. Nous faisons partie de cette coalition. Je ne la représente pas aujourd'hui, mais je voulais vous faire part des principes clés présentés au panel.
Un de ces principes, c'était que les services doivent respecter certaines normes. Les services doivent être exécutés selon certaines normes. Le cas échéant, l'efficacité de ces services doit être conforme à ces normes. Il est inutile de mesurer simplement pour mesurer. Il faut répondre de ces services, ce qui se traduit par une conséquence lorsque les normes ne sont pas respectés. Enfin, nous devons disposer d'un mécanisme de règlement des différends efficace et abordable, sur lequel nous nous sommes tous entendu.
Mais le plus important, c'était d'être responsable de niveaux de service. Il doit y avoir des conséquences en cas de non-exécution, ce que vous appelez une pénalité ou une pénalité réciproque. Il s'agit d'un principe clé exprimé par la coalition. À titre d'association de l'industrie, nous avons intégré ce principe dans le concept et la solution proposée au panel — absolument.
Habituellement, j'ai avec moi un support visuel: un manuel CP dont 22 pages illustrent ce que nous appelons des « outils de modification du comportement ». Pour chacune des mesures que doivent prendre les expéditeurs, et qu'ils ne prennent pas, des frais sont associés. Nous ne demandons pas que ces frais soient réduits ou éliminés; nous disons simplement qu'il devrait y avoir un équilibre. Si on s'engage à fournir 10 wagons mardi prochain avec une semaine de préavis et qu'on ne livre pas la marchandise, et qu'on ne donne pas de préavis, quelle sera la conséquence? Et il est vrai qu'il devrait y avoir une conséquence financière en cas de non-exécution.
Au sujet de votre deuxième remarque, nous, ainsi que le panel, avons souligné que, dans les circonstances actuelles, dans un environnement qui manque de concurrence, les entreprises ferroviaires donneront la priorité au contrôle et à l'utilisation des biens et au contrôle des coûts au détriment d'un service de qualité. Voilà vraiment le coeur du problème. Nous ne trouverons pas de solution tant et aussi longtemps que nous ne nous pencherons pas sur ce problème. Le panel a conclu que le problème fondamental, c'est le manque de concurrence — c'est le pouvoir du marché —, mais ne fait rien pour remédier à ce problème.
Donc oui, le panel doit recommander des solutions, et le gouvernement doit prendre des mesures en conséquence. S'il y a un manque de concurrence et qu'il n'est pas possible d'accroître la concurrence des services de transport ferroviaire, nous devons élaborer un cadre stratégique qui encourage les entreprises ferroviaires à accorder la même importante aux services qu'au contrôle des coûts et qu'à l'utilisation des biens.
Pour ce qui est de votre dernière remarque à propos de la lettre de l'Association des produits forestiers qui vous est adressée et de la mention d'un examen en 2013, c'est la deuxième partie des conclusions du panel que nous désapprouvons. La première était que rien ne devrait être fait: on espère que tout le monde s'entendra pendant un bout de temps et qu'à un certain moment quelqu'un se penchera sur cette question. De plus, on a établi un cadre assez mal défini en vue d'un examen en 2013, que le gouvernement devrait étudier pour mesurer les progrès dans les domaines nécessitant des améliorations.
Cette façon de faire nous dérange pour quelques raisons. La première, c'est qu'il s'agit d'un examen ponctuel. Tous ceux qui travaillent dans le milieu des affaires comprennent qu'un examen ponctuel du progrès est déficient. Si Gordon me disait qu'il allait évaluer mon rendement l'année prochaine et que si je répondais bien à certains critères, je n'aurais pas à subir une évaluation à nouveau, je peux vous dire que mon rendement en souffrirait dans les années suivantes. Voilà ce qui nous préoccupe. Rien n'a été mis en place pour offrir une certitude au monde des affaires au-delà de 2013 si sa capacité à améliorer son rendement est seulement mesurée jusqu'à cette date.
Deuxièmement, si vous voulez qu'un examen ait lieu en 2013, il serait logique de mettre en place un système qui mesure le rendement jusqu'à cette date, et malgré cela, on a recommandé que les entreprises ferroviaires surveillent et mesurent leur propre rendement et en fassent rapport. Nous plaçons dont la responsabilité de mesurer le rendement dans les mains de ceux qui sont assujettis à cette mesure, ce qui présente un autre problème.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être venus se faire entendre ce matin.
Je crois que l'argument principal pour tout le monde ici, c'est la question des coûts par rapport aux services. Ces deux éléments sont indissociables. Si vous achetez un article dans un magasin de rabais, vous ne vous attendez pas à un service satisfaisant ou supérieur. Similairement, si vous achetez un produit à prix d'or, vous vous attendrez à un service équivalent.
Le juste milieu dépend du produit qui est expédié. S'il s'agit d'un produit à faible coût et que le volume des expéditions est très élevé, la question du service n'entre même pas en ligne de compte. Tout ce qui vous importe, c'est qu'il se rende à la destination, car le volume est si élevé que le service n'a aucune incidence.
Or, lorsqu'il s'agit de lentilles ou autres produits de ce type, le service revêt une importance capitale, tout comme votre client. Vous entretenez une relation avec le destinataire. Voilà l'orientation que je veux donner à mes questions.
Humphrey, vous avez donné l'exemple du canola cloué au sol. Vous perdez une petite fortune lorsque cela se produit, n'est-ce pas? J'imagine que cela entraîne des pertes considérables.
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Merci, monsieur le président.
Nous avons un vaste pays. C'est un pays nordique. Nous avons une population clairsemée. Nous avons parfois l'impression qu'Air Canada et les compagnies ferroviaires ont un monopole dans le secteur des transports.
Nous, les Canadiens, devons parfois leur accorder plus de latitude en raison de leurs coûts, mais souvent nous obtenons moins de service que nos voisins du Sud, qui profitent d'une concurrence plus vive, d'économies d'échelle et de meilleurs prix.
Aux États-Unis, d'importants investissements se font dans le transport ferroviaire, surtout dans l'Ouest. Warren Buffett et ses sociétés d'investissement y ont injecté des sommes importantes.
La plupart du temps, nous tentons de protéger nos ports et nos aéroports pour préserver les liaisons Est-Ouest. Vous avez parlé de la concurrence dans le secteur des transports en Ukraine, aux États-Unis et en Australie, où les ports sont rapprochés... Cela n'existe pas ici. Nous devrons dans un avenir prévisible continuer d'utiliser le transport ferroviaire.
Que pourrait faire le gouvernement pour encourager les expéditeurs à se replier davantage sur les ports américains pour l'expédition de notre canola vers l'Asie ou de notre blé vers les pays arabes? Cela créerait peut-être davantage de concurrence. Cela donnerait peut-être à réfléchir à nos compagnies ferroviaires. Je n'en sais rien. Je sais que cela semble être une attitude peu canadienne mais, tout compte fait, nous devons soutenir la concurrence des autres céréaliculteurs. Si nous n'avons pas le meilleur système de transport possible...
Seriez-vous ouverts à cet idée? Serait-il possible d'accroître les expéditions Nord-Sud pour que vos céréales puissent transiter vers vos marchés par les ports des États-Unis?
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Tout à l'heure, Marc parlait de concurrence. En effet, il n'y a pas de meilleur remède pour discipliner des compagnies concernant leurs coûts que d'avoir plus de concurrence.
Toutefois, ce n'est évidemment pas facile pour les expéditeurs de faire affaire avec, par exemple, les chemins de fer américains, ou de choisir un autre mode de transport qui coûtera peut-être plus cher. Donc c'est une solution, mais on ne peut pas nécessairement inventer d'autres compagnies de chemin de fer. Ce n'est pas facile.
Dès qu'elles ont su qu'on parlait du coût des services ferroviaires, les compagnies de chemin de fer n'ont pas attendu avant de nous envoyer une lettre. J'imagine que mes collègues ici, membres du comité, ont reçu la même lettre que moi. Elles me disent que leur secteur est tout à fait concurrentiel. J'aimerais partager avec vous certains des éléments que l'Association des chemins de fer du Canada nous dit pour nous convaincre que, finalement, on n'a pas besoin d'une révision des coûts. Or, moi, je trouve ça plutôt suspect quand des compagnies privées viennent me dire qu'elles ne veulent pas qu'on révise les coûts. Car à la suite de la révision, on n'en arrivera pas nécessairement à la conclusion que les coûts sont trop élevés. Ces compagnies ne le savent pas encore. Ou peut-être le savent-elles et c'est pour cela qu'elles ne veulent pas que cette révision ait lieu. De mon point de vue, il est étrange que les gens s'opposent à ce qu'il y ait tout simplement une révision des coûts.
L'Association des chemins de fer du Canada nous dit que le marché canadien du transport ferroviaire est très concurrentiel. Elle nous parle des compagnies de chemin de fer canadiennes, bien sûr, mais elle nous parle aussi des chemins de fer américains aussi. Avez-vous l'occasion d'utiliser beaucoup les chemins de fer américains?
Ensuite elle nous parle du transport par camions. Les expéditeurs peuvent-ils utiliser aussi facilement le transport par camion que le transport ferroviaire?
Elle nous parle des pipelines. Alors j'imagine que, pour les producteurs de céréales, ça doit être assez difficile d'utiliser ces pipelines.
Elle nous parle également des transporteurs maritimes qui naviguent dans les Grands Lacs. Or j'imagine que, dans l'Ouest canadien, ça aussi c'est un facteur qui ne vous donne pas un grand coup de main.
Alors j'aimerais vous entendre sur cet argument concernant le secteur concurrentiel. Je m'adresse à tout le monde.
Monsieur Bacon.
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J'ai dit que j'appuyais les solutions de dernier recours du panel, qui inclut nos recommandations. Donc, je parlerai à la fois de ces solutions et de nos recommandations.
Le panel recommandait qu'à tout le moins, les entreprises ferroviaires préviennent les clients de changements de service. C'était leur première recommandation: qu'il y ait au moins un préavis de tout changement de service touchant le client ou toute autre partie intéressée. La deuxième recommandation était de conclure des ententes de service avec les clients. C'était d'ailleurs une de nos recommandations.
Maintenant, vous me demanderez, mais qu'est-ce qu'une entente de service exactement? Eh bien, c'est une entente qui définit les rôles et les responsabilités des deux parties. C'est une entente équilibrée en vertu de laquelle on s'entend sur des normes à respecter par les deux parties. On établit des normes de service, ensuite on mesure la performance par rapport à ces normes; c'est ce qu'on appelle l'efficacité de service. L'entente de service prévoit également des conséquences en cas de non-exécution, des modalités pour le signalement des problèmes et, enfin, un mécanisme de résolution des différends.
C'est ce qu'on appelle dans le fond une entente de niveau de service. Le gouvernement a des ententes de niveau de service, Microsoft également, bref, toutes les entreprises internationales et multinationales de logistiques en ont. Ces ententes définissent les responsabilités des deux parties. Il s'agit d'un contrat portant sur le service.
L'entente de niveau de service pour le secteur des légumineuses n'exige pas que l'on réponde à 100 p. 100 des exigences 100 p. 100 du temps. En fait, elle reconnaît que l'entreprise ferroviaire à certaines contraintes, elle reconnaît que certains produits comme le charbon et le bois connaissent des hauts et des bas saisonniers, et elle reconnaît qu'il peut y avoir de la congestion au port de Vancouver.
Par exemple, le client peut demander 25 wagons pour le jeudi suivant, et l'entreprise ferroviaire doit répondre par une contre-offre. On mesure ensuite la performance en fonction de l'entente conclue entre le client et l'entreprise ferroviaire. Par exemple, le vendredi précédent, l'entreprise ferroviaire s'engage, dans l'entente définitive, à fournir 20 wagons le jeudi suivant. Le service sera donc évalué en fonction de ce chiffre. Bien entendu, il y a encore 22 pages de plus qui décrivent toutes les autres choses que peut faire l'expéditeur pour optimiser l'efficacité du service ferroviaire.
Bref, c'est l'entreprise ferroviaire qui propose un niveau de service en fonction duquel elle est évaluée. Deuxièmement, pour modifier ce niveau de service, il y a un délai de préavis et des conséquences en cas de non-respect de ce délai. Ensuite, une fois que l'on charge les wagons et que celles-ci se mettent en route, l'entreprise ferroviaire doit nous donner une estimation de délai d'arrivée à destination. Elle doit donc s'engager à estimer le délai de livraison. Si elle n'arrive pas à respecter ces délais, elle doit améliorer son système d'estimation, afin que les destinataires puissent planifier en conséquence et que toutes les parties prenantes tout au long de la chaîne d'approvisionnement puissent également planifier. C'est ce genre de choses...
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Merci, monsieur le président.
Je n'ai qu'une question. S'il me reste du temps, je le donnerai à M. Shipley.
Les agriculteurs doivent relever de nombreux défis, mais c'est particulièrement vrai des nouveaux agriculteurs qui essaient de s'insérer dans le secteur. Mais s'il fallait réduire ces défis à leur plus simple expression, nous pourrions dire que le principal défi — et je sais de quoi je parle, car de nombreux agriculteurs nous l'ont confirmé —, c'est que le coût de faire affaire a bondi au cours des 30 ou 40 dernières années, de sorte qu'il dépasse l'augmentation des prix qu'obtiennent les agriculteurs pour leurs produits. Lorsque les coûts augmentent mais que les prix ne suivent pas, il est évidemment de plus en plus difficile de faire des affaires.
C'est ce dont on parle aujourd'hui. Les coûts de transport ferroviaire sont certainement un de ces problèmes, mais j'aimerais que vous le compariez à d'autres problèmes qu'ils affrontent. Par exemple, prenez le coût des engrais: il y a un nombre limité de sources d'engrais. C'est comme pour les chemins de fer; il n'y a pas de concurrence. Donc, les prix augmentent, et ce sont les agriculteurs qui paient les pots cassés.
Mais le problème ne se limite pas à ces deux enjeux. Il y a également le coût de l'équipement et des machines, le coût du carburant. Bref, tous les coûts ont augmenté. Ensuite, pour les céréaliers de l'Ouest du Canada, tout particulièrement les producteurs de blé et d'orge, il y a le monopole de la Commission canadienne du blé, qui fait en sorte que les producteurs ne peuvent pas obtenir un prix majoré dès lors que la demande dépasse l'offre, alors que le contraire aurait été vrai sans la commission. Il s'agit d'autant d'irritants, de difficultés sur le plan du coût ou du prix, ce qui peut menacer la rentabilité d'un agriculteur.
Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il y a un problème, qu'il s'agisse d'un problème au niveau du service ou des coûts. Je voulais vous demander quelle est l'importance de ce problème comparativement au problème que pose le coût des engrais, le manque de concurrence, notamment en ce qui concerne le blé et l'orge. Bref, quelle est importance de ce problème par rapport à d'autres?