[Français]
Aujourd'hui, je représente l'Union des producteurs agricoles. Je suis un producteur agricole du Lac-Saint-Jean, au Québec, et l'Union des producteurs agricoles m'a demandé de faire une présentation sur les programmes agricoles.
Le programme Agri-stabilité est sans contredit le principal programme de gestion des risques disponible dans le cadre stratégique actuel, Cultivons l'avenir. Malheureusement, ce programme possède plusieurs lacunes qui font en sorte qu'il ne représente pas le filet de sécurité attendu par les producteurs et productrices agricoles.
Premièrement, au cours des dernières années, certains secteurs de production ont connu une baisse prolongée des prix du marché. La plupart du temps, ces baisses de prix sont explicables par différents éléments qui ne sont pas liés à des changements structurels des secteurs touchés. À titre d'exemple, ces éléments peuvent être liés au cycle de prix normal des secteurs ou dus à divers éléments ponctuels, comme la crise économique et la pandémie de grippe AH1N1.
Le programme Agri-stabilité, tout comme l'ancien Programme canadien de stabilisation du revenu agricole, ou PCSRA, réagit très mal à une baisse prolongée des prix, comme mon voisin vient de le dire. En effet, ces diminutions font en sorte que les marges de référence rétrécissent et que le programme ne réagisse plus. Au pire, il vient même disqualifier des exploitations agricoles pourtant encore viables. À preuve, plusieurs programmes ad hoc sont intervenus depuis la mise en place du PCSRA et d'Agri-stabilité, et certaines provinces ont bonifié le calcul des marges du programme afin d'accroître le soutien en période de crise lorsque le programme de base ne fonctionne plus.
Par ailleurs, les productrices et les producteurs agricoles reprochent au programme Agri-stabilité d'être peu prévisible dans ses interventions, de ne pas être accessible comme garantie auprès des institutions financières et d'avoir des interventions défavorables aux entreprises agricoles diversifiées.
Par conséquent, nous recommandons que les modifications suivantes soient apportées au programme Agri-stabilité.
Premièrement, on recommande un choix annuel entre la moyenne olympique et la moyenne des trois dernières années pour la marge de référence, le montant le plus important étant retenu. Cette option assurerait des paiements à certains producteurs qui n'y avaient pas droit en vertu de la moyenne.
Deuxièmement, on souhaite une élimination du critère de viabilité appliqué aux marges négatives. Selon la règle actuelle, les producteurs qui affichent des marges de référence négatives durant au moins deux des trois années utilisées pour calculer les marges de préférence n'ont droit à aucune protection.
Troisièmement, on voudrait une augmentation de la couverture des marges négatives, qui passerait de 60 à 70 p. 100. À l'heure actuelle, la contribution du gouvernement s'élève à 60 p. 100 de la marge négative. Cette option permettrait aux producteurs de se prévaloir des 15 p. 100 supérieurs de la couverture de la marge de référence ou de participer au programme Agri-investissement.
Je me suis présenté plusieurs fois devant le comité à titre de représentant du Conseil canadien du porc ou d'Ontario Pork, ou à titre personnel, comme c'est le cas aujourd'hui. Comme je me suis présenté ici si souvent, j'ai l'impression que nous formons une famille, et, bien sûr, la première chose que fait une famille lorsqu'elle se réunit, c'est de laver son linge sale.
Nous exploitons une unité de naissage-engraissage de 600 truies dans le Sud de l'Ontario, et nous subvenons — eh bien, en fait, cette activité ne nous permet pas de subvenir aux besoins de notre famille. Nous devons toucher des revenus d'appoint puisque nous ne pouvons pas générer de recettes agricoles. À proprement parler, nous sommes fauchés. Si personne ne nous donne un coup de main, nous déclarerons faillite sous peu. Si nous sommes en mesure de poursuivre nos activités, c'est uniquement en raison du soutien de nos fournisseurs. Nous nous trouvons dans une étrange situation sur le plan commercial, car nous examinons des données qui seront valides aux États-Unis en juin prochain, données sur lesquelles sont fondés les prix de nos produits. Nous envisageons la possibilité que les prix atteignent un sommet historique de un dollar la livre. Il y a cinq ans, cela se serait traduit au Canada par un marché où le porc aurait valu 300 $. Le prix élevé des grains menace ces prix. Si la tendance se maintient, le prix des grains pourrait atteindre des sommets inédits, tout comme le prix du porc et, partant, les producteurs continueront d'avoir de la difficulté à joindre les deux bouts.
Pour notre part, nous avons investi deux millions de dollars à compter de 2005 pour prendre de l'expansion. Un constructeur nous a mis de la pression. Cela a débouché sur un litige, et à présent, nous disposons d'une structure qui ne répond pas aux exigences de la Loi sur la gestion des éléments nutritifs et pour laquelle aucun permis d'occuper n'est délivré, et nous sommes aux prises avec une banque qui nous pousse à liquider à mesure que nous allons de l'avant.
Il est intéressant d'examiner cela, et de voir comment les choses ont évolué depuis les années 1980, où il y avait les enchères à un sou. Il y a toutes sortes de producteurs. Vous avez peut-être entendu parler de quelques producteurs de l'Ontario — Wayne Bartels et les autres — qui envisagent d'utiliser les médias et les sites de réseautage social comme Facebook, Twitter et YouTube pour faire connaître la situation difficile dans laquelle se trouvent les agriculteurs et pour entrer instantanément en contact avec les gens. Je ne suis pas certain que nous en soyons là.
Des exploitations agricoles se trouvent dans une situation critique en Ontario, et je constate que c'est également le cas dans l'ensemble du pays. Ce matin, j'ai discuté avec un homme de la côte Est, qui m'a dit que son comptable faisait affaire avec 30 exploitations faisant l'objet d'un examen de l'endettement agricole. Hier, j'ai discuté avec un autre homme, de la Saskatchewan, selon lequel il y a quelque 30 000 espaces d'élevage de truies qui sont vacants, et qui pourraient être achetés à un prix variant de 10 à 15 p. 100 de leur valeur, mais que personne ne peut trouver l'argent nécessaire pour les acheter.
Lorsque je me promène à travers le pays — et en tant que producteur, j'ai la chance de pouvoir entrer en contact avec ces gens dont je vous parle —, ce que je constate, c'est que l'on continue à agir de manière folle sans tirer de leçons du passé. Certains d'entre vous... la semaine dernière, j'ai eu la chance de rencontrer Larry à une réception. Par « folie », j'entends le fait de continuer à refaire sans cesse la même chose que la semaine dernière, que le mois dernier, que l'an dernier, et de s'attendre à des résultats différents. À l'heure actuelle, quelques prêteurs importants du pays agissent de cette façon. Ils veulent contraindre les agriculteurs à se défaire de leur exploitation agricole. Ils mettent un frein à la capacité des agriculteurs de produire des aliments et de nourrir le pays, ils remettent sur pied ces exploitations, les mettent en vente sur le marché et obtiennent pour elles un prix équivalent à celui de la terre en friche. Ainsi, pourquoi les agriculteurs qui proposent un prix équivalent à celui de la terre en friche ne sont-ils pas autorisés à racheter leur exploitation agricole?
En Ontario, la situation est intéressante: une proportion de 50 p. 100 des exploitations agricoles participant au Programme de transition pour les exploitations porcines proviennent de l'Ontario; quelque 30 p. 100 des changements dans la production qui seront effectués au pays se produiront en Ontario; enfin, 60 p. 100 des installations de transformation et d'abattage du pays se trouvent en Ontario. À mes yeux, ce que cela démontre, c'est qu'en laissant s'altérer les infrastructures de base de l'industrie porcine du pays, nous mettons en péril non seulement les exploitations agricoles familiales, mais également les emplois dans le secteur de la transformation et dans celui du camionnage. Nous mettons en péril les emplois des électriciens, ces gens qui réparent les usines et font en sorte qu'elles puissent continuer de fonctionner. Il s'agit d'un problème très vaste, qui ne touche pas uniquement les exploitations agricoles.
Hier, au congrès de la FAO, en Ontario, j'ai découvert que des intérêts étrangers avait pénétré le marché de l'Ontario. Quatre mille espaces d'élevage de truies ont apparemment fermé en une semaine; ces 4 000 espaces produisent — ou produisaient — environ 2 000 porcs par semaine. L'acheteur est américain. Ces porcs se retrouveront aux États-Unis, et ultérieurement, lorsque nous examinerons cela de manière rétrospective, nous constaterons que cela équivaut essentiellement à l'abattage d'une journée dans l'une de nos usines. Tout d'un coup, en quatre mois, ce sont 30 exploitations agricoles familiales qui se retrouveront sans aucune source de revenu parce que leurs contrats ont été annulés.
Pour vendre nos produits dans le reste du monde, il faut d'abord que nous ayons des produits à vendre. Au fur et à mesure que les producteurs disparaîtront, les usines de transformation continueront de disparaître, et le recul de l'industrie se poursuivra. Il y a quatre ans à peine, les ventes de l'industrie ontarienne se chiffraient à un milliard de dollars, et comptaient pour 45 p. 100 des exportations canadiennes. Et il faut garder présent à l'esprit que, comme vous le savez tous sûrement, l'industrie agroalimentaire est la cinquième industrie d'exportation en importance au Canada — elle contribue de façon considérable au PIB et au marché de l'emploi.
À la lumière de tout cela, je me demande pourquoi le ministre cherche à conclure des accords de libre-échange, des ententes bilatérales. Si cette tendance se maintient, dans deux ans, notre production ne sera pas suffisante pour approvisionner nos propres marchés, pour ne rien dire du reste du monde, que nous avons approvisionné dans le passé.
Cela dit, nous sommes réunis ici aujourd'hui pour parler de gestion du risque d'entreprise. Passons donc à ce sujet.
À mon avis, mes nouveaux amis du secteur de l'agriculture qui se trouvent ici et qui proviennent de toutes les régions du pays conviendront du fait que tous ces programmes doivent posséder les trois caractéristiques suivantes: ils doivent se prêter à un concours bancaire, ils doivent être prévisibles et ils doivent verser le soutien financier en temps opportun. La gamme de programmes dont nous disposons actuellement n'offre rien de cela.
Les fonds du programme Agri-investissement sont épuisés. Nous sommes des Canadiens et, il y a trois ou quatre ans, nous avons agi de manière canadienne: nous avons pris l'argent que le gouvernement a décidé d'investir dans ces programmes, et nous l'avons investi dans tous les produits agricoles. Dans certains cas, ces injections de fonds arrivaient à point nommé, car depuis ce temps, les producteurs qui ont agi ainsi vendent leurs récoltes à des prix plus élevés que jamais. De façon générale, dans l'ensemble du pays, les récoltes ont été meilleures, en moyenne, qu'elles ne le sont habituellement. Ces producteurs ont doublé les fonds versés par le programme Agri-investissement, ces sommes s'en vont dans leurs comptes bancaires, et ils bâtissent pour l'avenir.
Malheureusement, dans l'industrie porcine et dans l'industrie bovine, les choses se sont passées tout autrement. Non seulement nous avons perdu 75 millions de dollars versés par le programme Agri-investissement, mais en plus, nos industries ont été complètement ravagées pendant cinq ans. Je vous donnerai un exemple à ce sujet lorsque nous parlerons du programme Agri-stabilité.
Au sein de notre industrie, le programme de démarrage... On dit que, sur le marché des produits agricoles, il vaut mieux compter sur sa chance que sur son intelligence. Eh bien, je suppose que nous n'avons pas été très chanceux. Nous pensions avoir agi de manière intelligente, mais au bout du compte, nous avons été durement frappés. En outre, le programme de démarrage a véritablement eu une incidence sur notre industrie en raison du circovirus. Dans les provinces de l'Ouest, le problème n'a pas été trop grave, mais dans l'Est et dans le centre du Canada, le revenu de certaines exploitations agricoles a diminué de 40 p. 100 en une seule année en raison du circovirus. Vous pouvez vous imaginer ce que cela représente d'avoir à se rendre tous les jours à la porcherie et de tirer à la courte paille pour déterminer qui aura à ramasser tous les porcs qui sont morts. Des producteurs ont sombré dans la dépression, et d'autres ont dû être hospitalisés.
Nous devons changer cela. Nous devons faire en sorte que les fonds du programme Agri-investissement soient versés aux agriculteurs qui en ont réellement besoin.
Au coeur de la gamme de programmes qui sont à notre disposition se trouve Agri-stabilité. Comme je sais que vous aimez que l'on vous fournisse des chiffres concrets, je mentionnerai, par exemple, que durant l'année de référence 2004-2005, notre marge était de plus de 500 000 $. En 2004-2005, notre marge réelle était de 480 000 $, et il semblait donc que le programme fonctionnait assez bien. Par suite du circovirus, de l'appréciation du dollar et du recul des marchés, notre marge de référence a diminué à 240 000 $ et notre marge réelle était de moins 300 000 $ — une variation de 600 000 $ en 12 mois. Et cela, c'était en plus de tous les autres problèmes avec lesquels nous étions aux prises, par exemple les problèmes de construction. À ce moment-ci, il semble que notre marge de référence se chiffrera à moins 100 000 $ en 2011.
Nous avons eu des marges négatives durant quatre des cinq dernières années, et nous sommes des producteurs qui, en 2008, produisaient et commercialisaient presque 24 porcs par truie. Nous faisions partie des 5 p. 100 de producteurs qui sont les principaux producteurs en importance au pays.
Nous devons repartir à zéro. Il n'y a aucune chance que notre industrie ait des marges positives avant au moins 2015. Nous avons besoin d'une intervention provisoire afin de nous occuper du virus H1N1 et du circovirus.
Je ne dirais que quelques mots à propos du programme Agri-protection, car il s'agit d'un programme dont nous parlons depuis 2003. Nous n'avons toujours aucune assurance-production, et d'après ce que je peux constater, rien n'indique que le gouvernement se remue le derrière pour que cela se produise — je suis désolé, mais il s'agit d'un véritable problème, et vous autres, membres du comité, devez faire quelque chose pour les producteurs bovins et les producteurs porcins.
Il y a le programme Agri-relance, qui, à mon avis, est celui qui a versé de l'argent aux producteurs pour les aider à faire face au circovirus et au virus H1N1. Le virus H1N1 a coûté 35 millions de dollars à notre industrie en une semaine. Malheureusement, la structure du programme Agri-relance est très politique. Il y a trois ans, et encore l'an dernier, les membres de l'industrie porcine se sont fait dire d'attendre que les résultats du programme Agri-stabilité soient rendus publics et que les résultats des programmes provinciaux soient divulgués pour que nous puissions faire le point sur ces programmes. À ce jour, Agri-relance n'a toujours rien offert aux producteurs pour les aider à régler leurs problèmes économiques comme ceux découlant du virus H1N1 et du circovirus.
Pourtant, lorsque les producteurs de grains de l'Ouest du Canada ont eu besoin d'argent, ils l'ont reçu dans les 30 jours. Ils n'ont pas eu à attendre après le programme Agri-stabilité. Ils n'ont pas eu à attendre qu'on leur offre une assurance-récolte. L'argent a été versé.
Je vous remercie, monsieur le président. Je suis prêt à répondre à vos questions.
Je veux vous remercier de me donner l'occasion de participer à la discussion d'aujourd'hui. Comme certains d'entre vous le savent, je suis un céréaliculteur de la Saskatchewan — secteur dans lequel évolue ma famille depuis quatre générations —, et je suis également conseiller en affaires agricoles, et c'est à ces deux titres que je participe à la présente réunion — je le mentionne simplement pour clarifier les choses. Cependant, les opinions et les points de vue que je suis sur le point d'exprimer sont ceux de Stuart Person, l'individu, et ils n'engagent d'aucune façon l'une ou l'autre des organisations pour lesquelles je travaille.
Cela dit, j'aimerais parler, comme vous l'avez demandé, de l'efficacité des programmes de gestion du risque mis en oeuvre dans le cadre de l'initiative Cultivons l'avenir, et j'en parlerai à titre de céréaliculteur de l'Ouest du Canada; par conséquent, comme vous le constaterez, mon point de vue est assez différent de celui de mes collègues ici présents. À l'heure actuelle, les programmes de gestion du risque de l'initiative Cultivons l'avenir sont très profitables pour les céréaliculteurs de l'Ouest du Canada. Je recommande que ces programmes demeurent en place. Agri-stabilité est le meilleur programme qui ait jamais été offert aux agriculteurs, et les céréaliculteurs estiment qu'il faudrait féliciter le gouvernement précédent d'avoir créé ce programme, et saluer le gouvernement actuel de l'avoir maintenu et d'avoir continué à l'améliorer. Je suis conscient du fait que d'autres secteurs sont aux prises avec des difficultés, comme il a été mentionné.
Ces programmes offrent d'importants avantages aux producteurs, et fournissent aux céréaliculteurs la capacité de gérer le risque auquel font face les exploitations agricoles d'aujourd'hui. En tant que producteur, j'ai recours à ces programmes chaque année pour m'aider à élaborer les stratégies de gestion du risque de mon exploitation agricole.
Je vais simplement mentionner quelques-uns des principaux avantages que présentent, selon moi, ces programmes. À mon avis, ils procurent une stabilité financière à une époque marquée par la volatilité des marchés des produits agricoles et l'instabilité des conditions météorologiques. Ils réduisent le stress dans l'ensemble de l'exploitation agricole. Ils fournissent une assistance en matière de planification financière et de planification des mouvements de trésorerie. À l'heure actuelle, ils encouragent les agriculteurs à investir davantage dans leur exploitation céréalière et à prendre de l'expansion. Ils fournissent de l'aide en matière de planification de la relève, et ils procurent une certaine stabilité sur le plan de la rentabilité de l'exploitation agricole. Ils fournissent de l'aide aux jeunes et aux nouveaux céréaliculteurs, ce qui contribue actuellement à renforcer l'ensemble de l'industrie de la production céréalière de l'Ouest du Canada. Cependant, si l'on met de côté les avantages, il y a certaines choses que l'on devrait envisager d'améliorer, et j'en mentionnerai quelques-unes, si vous le permettez.
Tout d'abord, il faut améliorer, de façon générale, le financement du programme. En tant que producteur, j'aimerais vous demander de bien vouloir veiller à ce que ces programmes continuent d'être financés, et à ce qu'ils le soient convenablement. Il m'arrive souvent d'entendre des gens de ma région dire qu'ils craignent que les programmes coûtent trop cher au gouvernement ou qu'ils ne soient pas accessibles. Chaque année, je prends des décisions d'affaires en fonction de ce programme, en tenant pour acquis que j'aurai accès à du financement en cas de besoin. Dans le cadre de ma stratégie de gestion du risque, je m'attends à ce que ces programmes me fournissent du soutien si des difficultés se présentent. Mes créanciers comptent sur ces programmes, et ils aimeraient savoir quand ils se prêteront à un concours bancaire — cette question a été soulevée un peu plus tôt. Si, pour une raison ou une autre, ces programmes ne sont plus financés, et que vous décidez de le modifier, tout ce que je peux vous demander, c'est de nous en avertir bien à l'avance, car, personnellement, il me faut beaucoup de temps pour prendre d'autres dispositions. Ainsi, je m'en remets à ce programme comme je m'en remets à Agri-stabilité.
Les vérifications, maintenant. À titre de producteur et de conseiller, j'aimerais vous recommander d'envisager l'instauration d'un système de dispositions de prescription — particulièrement en ce qui concerne Agri-stabilité — de manière à ce que quelques-uns de ces dossiers puissent être fermés. À mon avis, il n'est pas raisonnable d'assujettir à des vérifications des renseignements datant de huit ans, et cela peut coûter cher. Il est arrivé un certain nombre de fois que l'on doive remettre, aux fins de vérification, des dossiers remontant jusqu'à 2002-2003, et j'estime qu'il faudra mettre fin à de telles procédures à un moment ou à un autre — si on a pu le faire dans le cadre du régime fiscal, je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas le faire dans le cadre de ce programme.
Dans l'avenir, au moment d'élaborer les règles de ces programmes et de les modifier, vous devrez tenir compte du fait que les huttériens semblent avoir été laissés de côté. Leur situation et leurs besoins sont particuliers et différents des nôtres. Ils représentent un important groupe de producteurs dans l'Ouest du Canada, et je suis certain qu'ils sont également présents dans l'Est du pays. Tout ce que je vous demande, c'est de tenir compte de leurs besoins au moment de rédiger ces programmes et de déterminer comment ils s'appliqueront aux groupes particuliers de ce genre. Si vous avez besoin de conseils à ce sujet, je vous prie de communiquer avec moi — je vous mettrai en contact avec des gens qui peuvent vous informer à propos des huttériens.
En tant que producteurs et conseillers, nous devons nous pencher sur la question du caractère opportun de l'exécution des programmes Agri-stabilité et Agri-investissement, surtout en ce qui a trait aux entreprises dont la fin de l'exercice ne correspond pas à la fin de l'année civile. Peu importe la fin d'exercice choisie par le producteur, celui-ci devrait disposer d'un délai raisonnable — disons de trois à neuf mois, et le financement devrait lui être versé peu après. En ce moment, cela n'est pas le cas. Certains producteurs présentent une demande 18 mois après la fin de leur exercice, ce qui fait en sorte qu'ils reçoivent l'argent jusqu'à deux ans après avoir subi des pertes.
En 2008, le traitement des demandes présentées pour le programme Agri-investissement a lui aussi été très lent. Je suis certain que vous avez déjà entendu parler de cela, mais je mentionne tout de même que certains producteurs viennent tout juste de recevoir leurs avis pour l'année 2008. Nous parlons ici d'un processus qui a duré deux ans, ce qui est tout simplement trop long. Nous devons nous pencher sur les mesures que nous pouvons prendre pour accélérer ce processus.
Je n'ai pas besoin d'entrer dans les détails pour ce qui est des difficultés dans le secteur de l'élevage de bétail, car mes collègues ici présents ont déjà abordé ce sujet. Cependant, je reviendrai sur le fait qu'une nouvelle étude doit être menée pour déterminer comment ces programmes peuvent aider efficacement le secteur de l'élevage — à l'heure actuelle, ils ne le font pas, et il faut apporter les modifications nécessaires pour régler ce problème.
Enfin, les programmes agricoles font intervenir quelques problèmes d'ordre technique. Je n'entrerai pas dans les détails sur cette question, mais si quiconque souhaite en discuter avec moi après la réunion, je serai heureux de le faire. Lorsqu'une entreprise agricole sélectionne une fin d'exercice, elle peut choisir n'importe quel mois de l'année retenue. Il devient parfois nécessaire, pour des raisons de nature fiscale ou commerciale, de changer la fin d'année choisie. Les choses changent, et la fin d'exercice peut être différente de ce que l'on avait prévu. Je vous demande simplement de tenir compte des situations de ce genre. Dans le cadre du programme actuel, une modification de la fin d'exercice peut entraîner une pénalité, et il n'y a pas beaucoup de directives à ce sujet dans le manuel du programme. À titre de producteur et de conseiller, je recommande simplement que les choses de ce genre fassent l'objet d'un examen plus approfondi dans l'avenir.
On m'a demandé de parler aussi du Programme de paiements anticipés. Si j'ai bien compris, vous entendiez par là les programmes de paiements anticipés s'appliquant aux secteurs de la céréaliculture et de l'élevage du bétail. Je formulerai deux ou trois commentaires à ce sujet.
Pour ce qui est du secteur de la production de céréales, les programmes de paiements anticipés du printemps et de l'automne sont d'excellents programmes. Ils fournissent chaque année aux agriculteurs des flux de trésorerie dont ils ont grand besoin. Cependant, il faudrait envisager notamment de modifier les plafonds —nous pourrions songer à instaurer une limite par acre plutôt qu'un plafond fixe de 400 000 $ par exploitation agricole, plafond qui est devenu véritablement trop bas pour beaucoup d'exploitations agricoles, surtout dans l'Ouest du Canada. Ce plafond est tout simplement insuffisant. Nous parlons ici d'exploitations agricoles qui ont des chiffres d'affaires annuels de plusieurs millions de dollars, et par conséquent, une limite par acre serait plus convenable pour la suite des choses.
Le programme de paiements anticipés est également très profitable pour les secteurs de l'élevage du boeuf et du bétail. Cependant, une plainte qui a été formulée par les producteurs de bétail concerne le fait que ce programme manque de souplesse — il ne peut être adapté aux dates de vêlage. Le programme prévoit une date limite pour le remboursement — je pense que cette date est en septembre. Selon la date de vêlage, le remboursement pourrait être versé avant que l'éleveur ait pu placer ces veaux sur le marché, ce qui le place dans une situation de resserrement monétaire pendant une courte période, durant laquelle il est incapable de rembourser. Cela pose quelques difficultés financières au producteur.
Enfin, je tiens simplement à mentionner que je demeurerai à Ottawa pendant deux ou trois jours. Ainsi, si quiconque souhaite discuter avec moi, je serai très heureux de le faire. Il y a beaucoup d'autres choses dont j'aimerais parler, alors n'hésitez pas à entrer en contact avec moi après la réunion.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous.
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Monsieur le président, je vais poser mes questions en français. Je vous invite à écouter l'interprétation si vous en avez besoin.
Bonjour, messieurs. Merci de vos témoignages.
La volonté du comité était d'entendre des producteurs agricoles quant à l'utilisation des programmes actuels. Même si vous êtes membres d'organisations, vous êtes tous des producteurs agricoles. C'est la meilleure façon pour nous, les élus, de savoir où on en est rendus. Quand on implante un programme, on a beau l'étudier, regarder les critères, ce n'est pas vrai que l'on va savoir tout de suite si ça va bien fonctionner ou non. Je crois que vous vivez la même situation. Quand on a changé le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole pour les programmes Agri-protection, Agri-investissement, Agri-relance et Agri-stabilité, on décelait dans ceux-ci certaines améliorations sans savoir si, sur le terrain, dans la vraie vie, elles seraient tangibles et si vous alliez réussir à avoir une protection du soutien au revenu adéquate.
Après quelques années — j'ai beaucoup insisté pour que le comité fasse une révision de ces programmes —, c'est le bon moment de voir, à l'usage, ce que ça a donné, ce qu'il y a à améliorer, ce qui fonctionne bien. On a eu des exemples tout à l'heure: on a dit que le programme Agri-protection fonctionnait relativement bien. Tout n'est donc pas négatif, mais certains points sont récurrents. On entend les mêmes critiques particulièrement en ce qui concerne le programme Agri-stabilité. Quand le ministre a comparu la semaine dernière, je lui ai fait part des critiques à l'égard d'Agri-stabilité. C'étaient essentiellement les mêmes critiques qu'en ce qui a trait au PCSRA. Par exemple, on ne tient pas compte du coût de production. Cela cause les problèmes que l'on connaît. Il y a le fait que ça va très mal pendant plusieurs années consécutives, comme la situation que vous avez connue dans le secteur des grains et que connaît le secteur du bétail. On se retrouve alors dans l'impossibilité de bénéficier du programme Agri-stabilité. Il y a donc des changements à apporter.
Quand on en a parlé au ministre lors de sa comparution, je n'ai pas senti d'ouverture. Comme l'a dit M. Littlejohn, quand le ministre a fait son discours, il n'a pas pris d'engagement. Il n'en a pas pris au comité non plus. Vous prendrez connaissance de son témoignage. Cependant, il nous a dit que le programme Agri-stabilité est mieux que le PCSRA. Vous-même nous avez dit que c'était sensiblement du pareil au même. En québécois, on appelle cela « changer quatre trente sous pour une piastre ».
J'aimerais savoir de votre part quels sont les principaux changements devant être apportés au programme Agri-stabilité pour qu'il soit vraiment supérieur au PCSRA. Sur quels points devrait-on mettre l'accent exactement? Je m'adresse à tout le monde.
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Je vous remercie de cette question épineuse.
Comme je participe aux activités du groupe qui administre les 75 millions de dollars qui seront distribués dans le cadre du Programme de transition pour les exportations porcines, j'ai pu observer le déclin du pays. Ce qui s'est produit au cours des cinq dernières années a détruit l'industrie porcine de l'Est du Canada, de l'Est du Québec, où on ne produit plus que 100 000 porcs par semaine, comparativement à 600 000 ou 700 000 il y a cinq ans. La situation est semblable dès que vous franchissez la frontière du Manitoba et de la Saskatchewan. L'industrie a été dévastée.
Au Canada, l'industrie est concentrée au Manitoba, en Ontario et au Québec. L'Ontario est la province la plus peuplée du Canada. Il y aura toujours une industrie porcine au Canada et en Ontario. Je ne peux vous dire exactement où elle se trouvera parce que je n'en ai aucune idée, et je ne peux pas vous dire quelles entreprises survivront ni combien disparaîtront.
Le problème, si on l'examine franchement, c'est que les filets de sûreté ne constituent pas la solution. L'argent se trouve dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire. La semaine dernière, l'entreprise dirigée par Galen Weston a annoncé des profits trimestriels de 213 millions de dollars. Mon ami qui se trouve ici, le comptable, vous dira que cette entreprise en est arrivée à ce montant après avoir effectué toutes les compressions nécessaires afin de ne pas payer d'impôt.
Il y a environ 12 ans, l'Angleterre était aux prises avec le même genre de problèmes, et elle les a réglés au moyen d'une commission royale. La commission royale a affirmé que le premier objectif était la rentabilité des agriculteurs. Le deuxième objectif est la désignation des produits, de manière à ce que les consommateurs puissent choisir entre divers produits. L'industrie du bétail britannique — surtout le secteur porcin — a été détruite par des détaillants qui croyaient savoir ce que les consommateurs voulaient et qui ont demandé qu'on leur fournisse ce produit. Ils ont garni leurs étalages d'un produit élevé conformément à ces spécifications.
Eh bien, laissez-moi vous dire ceci: être un consommateur est une chose, et être un citoyen en est une autre. Les citoyens veulent agir de la bonne façon. Dans le cadre d'un sondage, ils vous diront qu'ils n'achèteront un produit que s'il est désigné, que s'il est traçable et que s'il est biologique. Cependant, du moment où ils pénètrent dans une épicerie, ils deviennent des consommateurs et achètent le produit qui leur offre le meilleur rapport qualité-prix. Il s'agit d'une mentalité que nous devons changer.
Je crois honnêtement que, à l'heure actuelle, il y a suffisamment d'argent des consommateurs dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire pour qu'aucun producteur canadien dont le produit est vendu dans une épicerie canadienne n'ait à supplier le gouvernement de lui verser de l'argent pour qu'il puisse subvenir aux besoins de sa famille et poursuivre ses activités.
J'ai le même problème à la maison. J'ai deux enfants qui suivent des cours en agriculture à l'université. Sur le babillard de notre bureau est affiché un dessin humoristique qui a paru dans le Globe and Mail. On y voit un père et son fils au sommet d'une falaise surplombant un champ où se trouve un énorme troupeau de bétail. Le père entoure son fils de son bras, et lui dit: « Un jour, mon fils, tout cela sera à toi », et l'autre bulle nous indique que le fils se dit à lui-même: « Il doit s'agir d'une certaine forme de malédiction familiale ».
Si l'agriculture est rentable, une autre génération la pratiquera, et nous nourrirons le monde. Si nous continuons de permettre à des producteurs de l'étranger de garnir les tablettes de nos épiceries et de nourrir nous consommateurs avec leurs produits bon marché, nous ne pourrons pas nous plaindre, mesdames et messieurs, car nous l'aurons cherché.
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C'était un remède miracle qui permettait véritablement de produire des porcs en santé. Je crois que la plupart des producteurs utilisent toujours ce vaccin.
L'année suivante, la valeur du dollar a commencé à augmenter. La qualité de l'alimentation des animaux était excellente. Les truies étaient en bonne santé, et, par conséquent, leurs portées étaient plus nombreuses, et leurs porcelets étaient plus gros. Il semblait que l'ensemble de l'industrie était en croissance, car des gens qui n'avaient jamais eu de porcs sur leur exploitation agricole se mettaient à l'élevage porcin. Évidemment, les transformateurs se sont mis de la partie, parce que certains d'entre eux finançaient cela. Bien honnêtement, ils finançaient surtout cela. Ils prenaient de l'expansion.
Ainsi, on a fondé une industrie sur des aliments bon marché pour les animaux et une faible valeur du dollar. Lorsque je parle de cela avec des gens d'autres secteurs d'activités, ils me disent qu'agir de cette façon, c'est s'exposer inévitablement à une catastrophe. C'est ce qui s'est produit. L'industrie s'est effondrée. Je suis ici pour aider l'industrie. Je tente simplement de comprendre ce que nous allons faire de manière à ce que cela ne se reproduise pas.
Comme Curtiss l'a dit, il y a une foule de porcheries vides qui attendent d'être achetées, et quatre ou cinq programmes ont été instaurés pour venir en aide à l'industrie. Certains ont mieux réussi que d'autres. Cependant, que ferons-nous pour éviter que cela se produise de nouveau?
Au départ, le prix du porc était élevé, puis il a connu une légère baisse. Il remontera. Il n'y a pas si longtemps, durant une réunion, je discutais avec des éleveurs de bovins et des éleveurs porcins et j'ai demandé à l'un d'entre eux, qui était un peu plus jeune que vous, de me dire comment les choses allaient pour lui. Il m'a répondu qu'il avait traversé une période difficile. Je lui ai demandé de me parler du marché de l'agneau, et il m'a répondu que l'agneau se vendait très bien. Je lui ai demandé s'il y avait une quelconque exploitation agricole dans les environs, et il m'a dit qu'il y en avait une d'environ 7 000 acres au bout de la route. En réponse à la question de savoir s'il allait l'acheter, il m'a dit qu'il ferait des pieds et des mains pour acheter cette exploitation agricole.
Il y a un producteur porcin... Je me suis rendu chez un équipementier qui vend du matériel à des producteurs de tous les secteurs agricoles, y compris l'élevage porcin et l'élevage de bovins. Dans ma région, les loyers fonciers continuent d'augmenter. Le prix des terres continue d'augmenter. Ces hausses ne sont pas suscitées par la gestion des approvisionnements — elles sont quelque peu suscitées par elle, mais dans les régions où il n'y a pas de gestion des approvisionnements...
Je veux que l'on m'aide à comprendre un peu. Curtiss, comment faire pour nous en sortir? J'ai posé la question à M. Preugschas à une occasion. Comment faire pour nous en sortir, et que faisons-nous pour nous assurer de ne pas nous retrouver de nouveau dans une telle situation? Nous finirons par nous tirer d'affaire.
Je conviens que nous devons examiner cela. Je ne sais pas à quel moment les coûts de production entrent en jeu. Je sais comment cela fonctionne, mais je ne suis pas certain de savoir comment ils sont mis en application, car les coûts de production de chacun... il y a des terres qui valent 1 000 $, et d'autres qui valent 7 000, 8 000 ou 10 000 $, selon l'endroit où on se trouve.
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Votre question ratisse large.
Je dirai deux choses. Tout d'abord, je n'ai pas attaqué les accords bilatéraux. Je crois fermement qu'ils font partie de ce que nous devons faire. Ce que j'ai dit, c'est que le ministre pouvait conclure de tels accords, mais que si notre industrie ne produit pas en quantité suffisante, nous ne serons pas en mesure de donner suite à ces accords. À mon avis, l'accord bilatéral avec l'Union européenne pourrait sauver notre industrie. Les Européens utilisent des produits que nous n'utilisons pas. Ce serait fabuleux pour nous que cela se réalise.
Par la suite, votre question est devenue une véritable question d'affaires. Dans le Sud de l'Ontario, surtout dans votre région, nous sommes très chanceux. Il y a beaucoup d'exploitations agricoles plus vieilles dont les activités sont liées à la culture des terres. Les coûts de production de ces exploitations agricoles sont extrêmement faibles. Ce que j'ai observé au cours des deux dernières années, c'est que grâce au prix élevé des grains et des récoltes abondantes, mes amis de cette région du pays et des régions de Perth et Stratford, plus au nord, ont pu financer leurs activités d'élevage porcin. Au cours des deux dernières années, les récoltes de la plupart de ces producteurs ont été de 15 à 20 p. 100 plus élevées qu'elles ne le sont normalement. Ils ont vendu ces récoltes, et ils ont réinvesti cet argent dans leur exploitation porcine. L'un de mes meilleurs amis, agriculteur dont l'exploitation se trouve tout juste à l'extérieur de Sebringville, estime que ses coûts de production — dans lesquels il ne fait pas figurer ses coûts de main-d'oeuvre, ses terres en propriété ni l'amortissement du matériel — équivalent au coût brut des intrants requis pour cultiver son maïs. Ces gens survivront. Il n'y a aucun doute là-dessus: ils survivront.
Il est plutôt étrange de constater que mes coûts de production — et j'achète tous les aliments que je donne à mon bétail — sont inférieurs aux siens, si l'on fait figurer dans ces coûts de production le coût de la terre qu'il a achetée, car nos activités ne sont pas axées sur l'exploitation des terres.
Pour ce qui est de l'expansion, cela sera difficile à faire accepter. J'estime que ce que nous avons fait au début des années 1980 a été couronné de succès, et toute une génération de banquiers sont effarouchés à l'idée de faire affaire avec l'industrie du bétail, qu'il s'agisse du secteur de l'élevage des bovins ou de celui de l'élevage porcin. Ils enregistrent des pertes considérables.
Tout le monde était entreprenant. Vous avez fait allusion aux gens qui s'étaient lancés dans l'élevage porcin sans posséder la moindre expérience dans ce secteur. Dans votre région, il y a une importante exploitation de production de porcs de qualité supérieure. Il s'agissait d'une étonnante franchise qui avait été mise sur pied par quelqu'un qui avait compris comment structurer des franchises et faire de l'argent. Il a vendu son entreprise deux ans avant cela; il s'est sauvé avec l'argent et a laissé les agriculteurs porter l'odieux à sa place.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins de s'être présentés ici.
Dans le Globe and Mail d'aujourd'hui, il y a un article intéressant et consternant qui montre que le Canada est réellement en train de perdre du terrain en matière d'agriculture et en ce qui a trait à sa capacité de subvenir à nos besoins.
Toutefois, j'estime que votre commentaire, Roger, est l'un des plus intéressants que nous ayons entendus. Curtiss a indiqué que le problème tenait à la rentabilité. Serons-nous rentables, ou dépendrons-nous d'autres pays pour ce qui est de notre approvisionnement alimentaire? Vous avez posé la question de savoir si nous voulions d'un programme qui ne ferait que régler quelques problèmes mineurs, ou d'un programme qui renforcera vraiment notre agriculture. Comme vous étiez là lorsque le PCSRA a été élaboré, avec tous ses défauts — et Agri-stabilité constitue essentiellement un programme similaire —, croyez-vous que les filets de sûreté de ce genre représentent réellement le type de programme dont nous avons besoin pour la suite des choses? J'estime qu'il s'agit d'une question essentielle, et que nous devons nous la poser.
Les membres du gouvernement défendent les programmes qui sont en place, mais en réalité, ces programmes ne sont que des versions légèrement modifiées du PCSRA. Comme vous l'avez dit, Stuart, ces programmes fonctionnent bien pour vous en ce moment, mais nous savons que ce n'était pas le cas avant 2006, et qu'il s'agit du même foutu programme. Je pense donc que nous devons nous pencher sérieusement là-dessus, car nous savons que ces programmes ne fonctionnent pas pour l'industrie du bétail. Nous entendons de véritables histoires d'horreur, et d'après ce que l'on me dit, le programme Agri-relance ne fonctionne pas vraiment pour eux non plus.
Je crois que je vais vous demander, Curtiss, de nous parler du programme Agri-relance. Vous avez mentionné le circovirus et quelques-uns des autres problèmes que vous avez eus. Si Agri-relance avait fonctionné, j'imagine que vos marges auraient été plus élevées. Pouvez-vous nous parler de votre expérience avec le programme Agri-relance? À coup sûr, nous savons que ce programme ne donne aucun résultat dans les zones humides, et qu'il ne fonctionne pas pour l'industrie du bétail dans quelques régions de l'Ouest et dans la plupart des régions de l'Est du Canada.
Nous n'examinerons pas une à une les solutions qui ont été mentionnées, mais je crois que Bill, et vous aussi, Stuart et Roger, avez soulevé une foule de points intéressants, par exemple l'abolition du critère de viabilité, les marges négatives, etc. Il s'agit de recommandations que nous voulons présenter.
En ce qui a trait à toute cette question du calcul des moyennes, j'estime que l'objectif du gouvernement devrait être de verser de l'argent aux producteurs lorsqu'ils en ont besoin, et de faire tout ce qu'il doit faire avec les moyennes pour que cet argent leur soit versé. Cela dit, le problème n'est pas nécessairement attribuable au ministre, et je peux vous dire que le ministère des Finances examine minutieusement cette question. Il ne veut pas perdre le moindre sou — c'est cela, son objectif.
Quoi qu'il en soit, Curtiss, je vous ai posé une question à propos du programme Agri-relance. Qu'entendiez-vous par « valeur de la terre en friche —»? Vous avez parlé de votre propre situation. Et puis, que se passe-t-il avec Financement agricole? Financement agricole a été conçu pour aider les agriculteurs. Êtes-vous en train d'affirmer que Financement agricole ne sera pas réorganisé?
Tout d'abord, les gens d'Agri-relance ont une connaissance limitée de notre industrie, dont ils ne connaissent que la question des maladies animales exotiques. Quand des producteurs ou le Conseil canadien du porc se sont adressés au gouvernement et lui ont dit que le circovirus était une maladie — une question d'ordre non économique — et qu'ils avaient besoin d'argent pour lutter contre ce problème, le gouvernement a réagi en versant des sommes pour payer les vaccins. La bureaucratie a fait son travail, et nous avons reçu d'urgence des vaccins d'Europe. Toutefois, au bout du compte, j'estime que les dégâts étaient d'une ampleur telle que le programme Agri-relance aurait dû verser des sommes aux producteurs, et je crois que toutes les provinces qui ont été touchées auraient appuyé une telle mesure.
À la place, on nous a dit d'attendre l'argent d'Agri-stabilité et d'Agri-investissement, et d'attendre que d'autres programmes soient mis en oeuvre, et que tout cela allait nous aider. Au bout du compte, nous avons pris cela avec un grain de sel, et nous avons répondu que nous ferions cela. Cependant, le printemps dernier, les agriculteurs de l'Ouest ont eu besoin d'argent et ils l'ont reçu sans avoir à surmonter le moindre obstacle — pour nous, cela a été comme un coup de poignard au coeur. Il semble ainsi qu'au Canada, l'industrie du grain est tenue en plus haute estime que l'industrie du bétail, et, soyons honnêtes, cela a toujours été le cas, peu importe le parti au pouvoir.
Vous avez posé une question à propos de Financement agricole Canada. Ce matin, j'ai discuté au téléphone avec un homme qui a avancé une idée qui circule en Ontario, à savoir que la définition de la folie était reconfirmée presque chaque semaine. Je dois faire preuve de prudence sur cette question, car je fais moi-même l'objet d'une médiation en matière d'endettement agricole, et je ne peux pas utiliser d'exemple personnel — cela n'est pas permis. Je dois donc m'en tenir à ce qu'on m'a dit.
Wayne, vous connaissez M. Bartels. Vous avez discuté avec lui dans le Sud de l'Ontario. Ce matin, j'ai discuté avec un homme dans l'Est du Canada, et la semaine dernière, j'ai discuté avec des gens dans les provinces de l'Ouest. Pour l'essentiel, ce que nous envisageons, c'est que, pour les exploitations porcines... pour autant que leurs bâtiments ont moins de cinq ou huit ans, les exploitations agricoles optent pour la valeur des terres.
La définition de la folie est la suivante: refaire sans cesse la même chose et s'attendre à des résultats différents. Ce qui est en train de se passer, c'est que les agriculteurs administrent leur exploitation agricole en famille. Je sais qu'une église a voulu venir en aide à un agriculteur en lui offrant suffisamment d'argent pour qu'il rachète à Financement agricole son exploitation agricole à un prix équivalent à celui des terres. Il a refusé cet argent. Financement Agricole demande une somme supérieure à celle fixée par un évaluateur accrédité en ce qui a trait à la valeur de la propriété. Ainsi, ce jeune homme et sa famille seront évincés — je n'aime pas employer ce mot —, et pourtant, une offre a été déposée. Nous verrons comment Financement agricole s'y prendra pour assumer la responsabilité de cette exploitation agricole durant tout l'hiver. Des questions liées au bien-être des animaux se poseront, et il faudra les examiner.
S'il y a de l'argent pour ce que le marché paie déjà, pourquoi évaluons-nous le marché chaque fois? C'est la question que je pose. Pourquoi évaluons-nous le marché? Il faudra prendre la mesure du marché à un moment donné, mais nous n'avons pas à le faire chaque fois. C'est cela, la définition de la folie.
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Merci, monsieur le président.
En réalité, vous avez abordé l'un des sujets que je comptais mettre de l'avant. J'examine les programmes, et j'y vois des sujets dont j'entends constamment parler. L'un est l'échéance de remboursement, ou encore le moment où un paiement est versé. Quand je parle aux producteurs, ils soulèvent toujours la question de la capacité à bénéficier d'un concours bancaire. S'ils pouvaient aller à la banque... si seulement ils savaient qu'ils allaient obtenir leur paiement, s'ils savaient qu'ils allaient le recevoir bientôt ou au moins plus tôt que le moment où ils le reçoivent à l'heure actuelle... Je pense qu'il y a eu des améliorations de ce côté. Ensuite, il y a la question de l'interfinancement; prenons l'exemple du fermier qui combine l'élevage du porc et la culture du grain, ou l'élevage du boeuf et la culture du grain, qui se retrouve coincé dans ce scénario, comme l'a raconté M. Person. L'autre préoccupation dont j'entends toujours parler, ce sont les plafonds. Je viens de la Saskatchewan, alors je déteste les plafonds. Pour moi, les plafonds servent essentiellement à punir le producteur efficace, et je trouve ça injuste.
Je suppose que je suis à la recherche d'un certain nombre de choses. En ce qui concerne les délais de paiement, avez-vous des idées de la manière dont nous pourrions les accélérer? En ce moment, nous avons la capacité d'obtenir une avance sur les paiements d'Agri-stabilité. Je sais qu'un certain nombre de préoccupations ont été soulevées quand nous l'avons fait il y a quelques années. Dans le cadre du PCSRA, quand on avançait des fonds, dans les faits, certains types prenaient l'avance, surestimaient, ce qui faisait que, tout à coup, ils se retrouvaient avec une facture dans leur boîte aux lettres. Je pense que nous avons apporté certains changements, en Saskatchewan, du moins pour empêcher que cela se produise.
Dans le même ordre d'idées, sur la question du concours bancaire, Revenu Canada... j'aime assez mes formulaires d'impôt sur le revenu, même si je hais l'impôt lui-même. Mais au moins, quand je remplis le formulaire et que j'arrive à la toute fin, je sais exactement combien je recevrai ou devrai payer, et ça, c'est intéressant sur le plan du concours bancaire. Est-ce que certains d'entre vous se sont penchés sur ce que nous pourrions faire pour créer une situation similaire à ce scénario?
Ensuite, bien entendu, il y a l'interfinancement, comme quand vous avez une entreprise d'élevage de porcs et que vous avez une entreprise qui combine l'élevage de bovins et la culture de céréales. Quelqu'un parmi vous a-t-il réfléchi à la manière dont il faudrait structurer cela? Je sais que même le fait de tenter de structurer cela par le truchement de sociétés ne fonctionne pas nécessairement, parce que les sociétés seront fusionnées et que tout sera ramené sous le parapluie d'un seul et même établissement agricole. J'ai même vu des scénarios où certaines des fermes les plus importantes sont en réalité constituées de quatre ou de cinq frères qui cultivent et élèvent ensemble pour travailler de manière plus efficace, et pourtant ils se font pénaliser parce qu'Agri-stabilité les regroupe.
Revenons au délai pour obtenir les paiements plus rapidement, et travaillons à partir de là. Ce que je recherche, messieurs, c'est la manière d'améliorer le programme. Nous pouvons tous le critiquer et dire s'il s'agit d'un bon ou d'un mauvais programme. Ce que j'entends, c'est qu'il s'agit généralement d'un bon programme, à l'exception de quelques lacunes; je pense que c'est ce à quoi nous devons nous attaquer en tant que groupe. Déterminons ce que sont ces lacunes, et voyons ce que nous pouvons faire pour y apporter des solutions.
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C'est une question en plusieurs parties, Wayne, mais je vais vous dire ce que j'entends sur le terrain.
Il y a un débat relativement à l'ancienne politique de Financement agricole. D'après ce que j'ai appris en parlant avec des comptables et des avocats — les producteurs m'appellent tout le temps, et je suis le représentant régional —, il y a 15 ou 20 ans, Financement agricole avait pour politique d'établir la valeur du marché, puis de chercher la manière la plus facile d'en arriver à une entente à cette valeur. L'organisme était prêt à faire bien des choses pour que cela se produise. Il a accordé des hypothèques différées, des provisions pour dette, voire carrément réduit la dette. À l'époque, c'était son affaire de financer l'agriculture, et, au bout du compte, s'il avait vendu la ferme au voisin pour un dollar, pourquoi ne pas la rendre au fermier pour un dollar?
D'après ce que j'entends dire, il semble y avoir eu un changement de politique à FAC. Il fera un bout de chemin, mais il va aussi prendre le pouls du marché. D'après les résultats de la recherche que j'ai vus, je sais que chaque fois qu'il a pris le pouls du marché au cours des neuf derniers mois, cela revient pas mal à la valeur foncière. Dans le cas du monsieur dont nous avons parlé un peu plus tôt, si son église et lui-même réussissent à accumuler l'argent nécessaire pour racheter la ferme, ou encore offrir à Financement agricole ce qu'il obtiendrait probablement sur le marché, cela serait sans doute une proposition raisonnable à accepter: réduire ses coûts et passer à autre chose.
Cela dit, le moment viendra où il faudra prendre le pouls du marché; j'ignore s'il faudra le faire toutes les deux semaines, tous les deux mois ou une fois tous les six mois. Mais nous savons que, dans notre domaine aujourd'hui, le domaine de l'élevage porcin commercial, le prix des céréales est à la hausse, et celui du porc n'arrive pas à suivre. Les producteurs, au moins au cours des quatre ou cinq prochains mois, vont se débattre pour garder la tête hors de l'eau.
Je suppose que je vais m'arrêter ici.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais commencer par faire un commentaire sur quelque chose que Curtiss a dit sur l'ouverture des marchés étrangers. Il a dit que le ministère ne devrait vraiment pas se concentrer là-dessus — que les ententes bilatérales ne sont pas ce dont le secteur a besoin —, qu'il devrait plutôt se concentrer sur le marché intérieur. Je crois que je ne suis pas d'accord. Plus les agriculteurs auront un grand marché où vendre, mieux ce sera. Plus nombreux seront les endroits où vendre leurs produits, mieux ce sera. C'est une simple équation d'offre et de demande. Si l'offre est constante, mais que la demande augmente, c'est à l'avantage des agriculteurs; la demande augmente quand les marchés étrangers sont ouverts. Cela a certainement été l'une des forces du ministre Ritz, et je pense qu'il en a fait l'un de ses domaines de priorité.
La deuxième chose que je veux mentionner porte sur une partie des discussions que nous avons eues aujourd'hui sur le fonctionnement des programmes. À mon avis, ce que nous avons entendu autour de la table, ce que nous avons entendu de votre part, c'est qu'il y a des moments précis, pour des produits précis, où les programmes ne fonctionnent pas toujours très bien. Toutefois, j'aimerais signaler que... Je n'ai pas le chiffre exact sous les yeux, mais nous dépensons environ 8 milliards de dollars par année en agriculture, et, de ce montant, des milliards se rendent directement à la ferme grâce à ces programmes. Ce sont des milliards et des milliards de dollars qui se rendent directement à la ferme chaque année grâce à ces programmes, et cet argent se rend jusqu'aux agriculteurs.
Selon mon expérience, du simple fait de m'être rendu sur des fermes pour parler avec des agriculteurs, quand un agriculteur reçoit du soutien, il ne le crie pas sur les toits. C'est son exploitation agricole, et il ne met pas une grosse affiche devant sa porte pour annoncer qu'il a reçu tel montant du gouvernement pour le soutenir parce qu'il a eu une année difficile. Le contraire est vrai. Quand un agriculteur ne reçoit pas nécessairement le soutien dont il a besoin au cours d'une année donnée, c'est un peu plus annoncé.
Je tenais donc à signaler que ces programmes remettent des milliards de dollars pour aider les agriculteurs chaque année.
Je suppose que, si on se penche sur le secteur du porc, quand un programme a du mal à soutenir une industrie qui est en déclin pour différentes raisons — peut-être à cause de la valeur élevée du dollar, de la surproduction, de l'EPO imposée par les États-Unis, et différentes choses qui peuvent entrer en jeu —, alors, je crois que le gouvernement déploie des efforts pour fournir un programme supplémentaire. Par exemple, dans le cas des éleveurs de porcs, le PRPPIP a été établi. C'était un programme qui n'existait pas auparavant, et il a été mis en place avec l'aide de l'industrie. Je pense que le gouvernement tente de combler les fuites au fur et à mesure qu'elles se présentent, au moyen de programmes supplémentaires, ou encore qu'il tente de faciliter les choses — par exemple, en offrant des avances —, là où c'est possible et quand c'est possible de le faire, afin de donner un peu de marge de manoeuvre aux agriculteurs.
Je ne prétends pas que les programmes répondent à tous les besoins dans chaque situation, mais je soutiens que le gouvernement dispose de différents outils et qu'il s'en sert pour aider quand c'est possible.
J'aimerais revenir à... c'est en lien avec l'industrie porcine. Je pense que M. Hoback a posé une bonne question, parce qu'il s'agit d'une chose qui nous cause des difficultés à tous. On comprend les conséquences des marges négatives au fil du temps, mais la question devient... Le gouvernement fédéral tente de mettre tous les joueurs sur le même pied, afin que tous les agriculteurs de partout au Canada soient traités de manière équitable, de manière à ce que tous les produits soient traités de la même manière équitable. C'est bien ce que les producteurs demandaient, pas vrai? Ils veulent être traités sur le même pied; ils ne veulent pas qu'un produit soit favorisé au détriment d'un autre, ni qu'une situation donnée l'emporte sur une autre.
Prenons l'exemple du porc. Il y a un an ou deux, je pense que l'industrie a réalisé que l'offre dépassait la demande, alors le prix du porc a commencé à dégringoler. Une grande partie de nos exportations vers les États-Unis ont chuté au même moment. Cela faisait partie du problème provoqué par l'offre trop importante et la demande insuffisante, en raison de la mise en oeuvre de l'EPO, que nous combattons. Il a donc fallu diminuer la taille du troupeau, et c'est un processus douloureux — c'est très douloureux, particulièrement quand cela prend une tournure personnelle. Un éleveur de porcs doit décider si son exploitation est viable dans de telles circonstances. C'est une décision très personnelle, très difficile et particulièrement déchirante.
Je ne suis pas certain de savoir qui détermine la viabilité. Après combien de temps peut-on dire que cela fait suffisamment longtemps que les marges sont en déclin...? À partir de quel moment, comme l'a dit M. Hoback, le contribuable a-t-il le droit de dire qu'il faut limiter le soutien?