:
Ma foi, vous pouvez commencer à me chronométrer. J'ai vraiment essayé de raccourcir mon exposé hier soir.
Voici mon adjointe, Gina Petrakos, qui me fournit tous les renseignements et qui travaille avec moi. Je vais vous lire ceci et j'espère que je n'irai pas trop vite.
C'est un honneur, bien sûr, et un privilège de témoigner devant mes collègues afin de défendre mon projet de loi d'initiative parlementaire. J'espère qu'à la suite de nos délibérations sur le projet de loi , le comité sera convaincu de l'importance d'adopter cette loi.
[Français]
Comme vous le savez, ce projet de loi réclame une modification au règlement sur les semences afin d'exiger, avant de permettre la vente de toute nouvelle semence transgénique, que soit menée une analyse du risque potentiel pour les marchés d'exploitation.
[Traduction]
Nous connaissons tous maintenant le lin transgénique Triffid qui a été responsable, l'an dernier, de la contamination des chargements de lin destinés à l'exportation. Les cultivateurs de lin continuent à en payer le prix, et pourtant nous constatons qu'il n'y a aucun règlement qui vise à prévenir la répétition d'un scénario similaire. Le projet de loi a pour but de protéger les agriculteurs contre le rejet par les marchés.
Dans notre étude du bien-fondé d'ajouter un volet aux règlements qui protégera les intérêts économiques des agriculteurs canadiens, nous sommes dans l'obligation de comprendre clairement la portée et la nature des menaces qui accableront nos agriculteurs si une telle loi n'est pas adoptée. Nous devons veiller soigneusement à vérifier les faits: quelles semences sont génétiquement modifiées, comment cette technologie est utilisée en réalité, s'il est possible d'étayer les assertions concernant ses avantages, et qui en profitent et qui n'en profite pas.
Au Canada, les agriculteurs cultivent du maïs, du canola et du soya transgéniques ainsi que des betteraves à sucre blanches transgéniques pour produire du sucre. Voilà la totalité des semences transgéniques sur le marché des agriculteurs canadiens. Dans le monde, nous pouvons ajouter le coton transgénique et la papaye et la courge transgéniques, rarement cultivées, ainsi qu'une nouvelle pomme de terre transgénique en Europe. Voilà ce que le génie génétique a à offrir actuellement.
Deuxièmement, il n'existe pas encore de semences sur le marché qui ont été génétiquement modifiées dans le but précis d'augmenter le rendement. Tous les avantages liés au rendement sont le fruit d'améliorations génétiques traditionnelles. Pratiquement toutes les cultures génétiquement modifiées qu'on commercialise et qu'on cultive dans le monde présentent deux caractéristiques: elles sont résistantes aux insectes et aux herbicides.
Troisièmement, il n'y a pas de semences correspondant à la technologie Terminator sur les marchés mondiaux parce que cette technologie fait l'objet d'un moratoire international. Cette recherche appartient maintenant à Monsanto.
Le génie génétique fournit les moyens par lesquels les entreprises sont en mesure de faire breveter des semences. Ces brevets donnent aux entreprises une protection complète en vertu de la loi pour empêcher quiconque de cultiver, de conserver et de développer leurs produits brevetés, ou même de faire des recherches sur leurs produits. La capacité de faire breveter des semences a permis à un petit nombre d'entreprises multinationales de semences d'obtenir un contrôle sans précédent sur les semences. Dans les années 1970, il y avait plus de 7 000 entreprises de semences différentes, publiques et privées, partout dans le monde, et maintenant, il n'y en a que 10 qui contrôlent 67 p. 100 du marché internationale des semences.
Si nous prenons les trois principales entreprises de semences, nous constatons qu'il s'agit des trois principaux fabricants de pesticides. Nous devons examiner de près la façon dont ces entreprises se servent du pouvoir énorme qu'elles ont acquis au moyen de brevets de semences.
On nous dit que l'industrie a déjà retardé ou arrêté volontairement la commercialisation de nouvelles semences transgéniques en raison des considérations liées au marché, mais c'est faux. L'industrie a retardé ou arrêté la commercialisation en raison des protestations des agriculteurs — pas en raison des préoccupations concernant le marché, mais bien parce que les agriculteurs ont refusé d'accepter les effets dommageables prévus au marché.
Dans le cas du lin, l'industrie du lin a convaincu l'Université de la Saskatchewan de retirer l'enregistrement des variétés de lin transgéniques en raison des protestations des agriculteurs. De même, Monsanto a retiré la demande qu'elle a présentée à l'ACIA concernant l'approbation du blé transgénique résistant au Roundup Ready à cause des protestations des fermiers et des consommateurs au Canada et aux États-Unis, qui duraient depuis des années.
Nous ne pouvons pas laisser aux agriculteurs occupés le fardeau de s'élever — parfois pendant des années — contre un produit qui menacera leurs marchés d'exportation. Le gouvernement doit appuyer les agriculteurs et les protéger contre tout ce qui peut mettre en péril leur industrie.
La luzerne transgénique a obtenu sans obstacles les approbations environnementales et de santé. Monsanto n'a qu'à enregistrer les variétés et elles pourront être commercialisées. On nous avertit des incidences graves que ces approbations pourraient avoir sur l'industrie du boeuf biologique, par exemple, qui utilise la luzerne traditionnelle comme source de nourriture, ainsi que sur d'autres agrobiologistes qui se servent de la luzerne pour fixer l'azote dans le sol.
La logique du projet de loi est claire. Dans le monde des affaires, avant d'ouvrir un magasin ou de développer un produit, il est pratique courante de procéder à une analyse pour évaluer la faisabilité du projet — une analyse du marché.
[Français]
Comment pouvons-nous faire preuve de responsabilité envers les agriculteurs qui nous parlent des risques économiques liés à l'introduction de la luzerne? Ils savent que la contamination est inévitable. Monsanto a relancé la recherche sur le blé transgénique malgré la question de la contamination et l'effet sur nos marchés d'exportation.
[Traduction]
Nous devons être en mesure de dresser le bilan de nos marchés d'exportation pour savoir quels sont ceux qui ont approuvé des semences et des aliments transgéniques, et lesquels. Cette information est nécessaire pour élaborer une bonne politique agricole. Nos agriculteurs s'attendent à ce que nous ayons en main cette information avant que de nouvelles semences transgéniques apparaissent sur le marché.
Le cas du lin transgénique montre ce qu'il en coûte à l'ensemble de l'industrie et aux agriculteurs personnellement. Ces agriculteurs doivent maintenant payer pour les analyses et la décontamination. Ce cas montre aussi que les coûts économiques de la contamination s'étendront au gouvernement, en cette période où nous nous efforçons de soutenir les secteurs touchés par la crise économique. Par exemple, le gouvernement a injecté 1,9 million de dollars dans l'industrie du lin afin d'aider les entreprises à assumer les coûts des analyses et à reconstruire leurs relations avec l'Europe.
La prévention fondée sur la connaissance est-elle une solution acceptable?
Le Conseil des plantes fourragères du Manitoba a déjà adopté une résolution selon laquelle le gouvernement fédéral sera tenu responsable si la luzerne transgénique est approuvée et nuit à l'industrie. Compte tenu de ces craintes et de bien d'autres, pourquoi semble-t-il si important et si urgent d'introduire les semences transgéniques?
Si les semences transgéniques sont conçues pour aider et avantager les agriculteurs, nous devrions veiller à ce que ce soit le cas en protégeant aussi leurs marchés d'exportation. Dans les faits, la controverse entourant les OGM ne finit pas, et c'est cette controverse qui détermine leur acceptation par nos marchés d'exportation. La réalité est que les OGM suscitent toujours de vives craintes chez les agriculteurs, les consommateurs et les scientifiques, et que de nouvelles questions alimentent constamment cette controverse nationale et mondiale.
Par exemple, nous assistons à un nouveau problème agronomique, celui des mauvaises herbes qui résistent aux herbicides. On avait prédit ce problème, qui cause maintenant des soucis économiques aux agriculteurs américains. Les mauvaises herbes résistantes au glyphosate se propagent maintenant dans le Sud des États-Unis. Les agriculteurs doivent donc augmenter la quantité de glyphosate qu'ils utilisent et avoir recours à d'autres pesticides.
Cette année, Monsanto a confirmé la présence au Canada de la première mauvaise herbe résistante au glyphosate — une variété d'herbe à poux géante qui résiste à l'herbicide a été découverte dans le Sud-Ouest de l'Ontario. De plus, dans leur article publié en octobre dernier dans le European Journal of Agronomy, Robert Kremer, de la division de phytologie de l'Université du Missouri, et Don Huber, de l'Université Purdue, mentionnent que l'utilisation généralisée du glyphosate peut également:
augmenter considérablement la gravité de diverses maladies végétales, affaiblir la résistance des plantes aux agents pathogènes et aux maladies et immobiliser les éléments nutritifs des sols et des végétaux, ce qui empêche leur absorption par les plantes.
[Français]
Qu'on le veuille ou non, il y a des gens dans le monde qui s'interrogent sur la questions des organismes transgéniques.
Par exemple, en Russie, à la suite d'expériences sur les animaux, il y a des scientifiques qui veulent qu'on interdise l'utilisation des aliments transgéniques jusqu'à ce qu'on les teste pour leur biosécurité. En France, des scientifiques ont prouvé que le maïs transgéniques Monsanto 810 était nuisible pour les mammifères. Le gouvernement a interdit immédiatement la culture et la vente de ce maïs. C'est curieux qu'on cultive encore ce maïs au Canada. En Europe, cinq autres pays membres de l'Union européenne ont interdit la culture du maïs transgénique, soit l'Autriche, l'Allemagne, la Grèce, la Hongrie et le Luxembourg.
Je veux souligner que ce sont des scientifiques qui ont pris ces décisions et leur gouvernent les a écoutés.
[Traduction]
Comme vous le voyez, nous n'avons pas beaucoup de contrôle sur les décisions prises par nos marchés d'exportation. Nous pouvons essayer de changer la réalité dans nos marchés d'exportation, mais ce faisant, nous ne pouvons pas sacrifier le bien-être économique de nos agriculteurs. Le fait est que la majorité de nos clients internationaux refuseront toutes les exportations de blé canadien si le blé transgénique est approuvé. Nos règlements ne tiennent simplement pas compte de ces risques. Nous ne pouvons pas faire fi de cette réalité, car autrement, les agriculteurs et l'industrie en souffriront.
[Français]
Enfin, c'est notre responsabilité, en tant que parlementaires, d'étudier de très près cette question et d'arriver à des recommandations qui ne soient pas nuisibles aux agriculteurs. Comment pourrait-on même penser à mettre sur le marché la luzerne transgénique si cette décision nuisait à l'industrie agricole.
Ainsi, le but de mon projet de loi est clair: avant de permettre la vente de toute nouvelle semence transgénique, il faut absolument savoir quel sera l'impact économique.
Merci. Thank you.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Au gouvernement, nous sommes très préoccupés par ce projet de loi. Il constitue un net recul par rapport à l'approche scientifique solide utilisée par le Canada et défendue partout dans le monde pendant de nombreuses années.
Comme les membres du comité et les Canadiens le savent, nous fondons nos décisions sur une approche scientifique solide. Nous demandons aux autres pays de fonder leurs décisions sur une approche scientifique solide. Lorsqu'ils ne le font pas, nous les dénonçons.
Nous avons énormément de succès lorsqu'il s'agit d'ouvrir les marchés étrangers. Nous avons entendu un très grand nombre de témoins pendant notre étude sur la compétitivité ou celle sur l'avenir de l'agriculture. Ces témoins nous ont expliqué l'importance d'avoir accès aux marchés étrangers. Il est évident que ce projet de loi mine notre capacité, en tant que gouvernement, d'ouvrir les marchés étrangers pour le compte de nos agriculteurs.
Monsieur le président, j'aimerais également souligner qu'un seul des quatre partis, le nôtre, a voté contre ce projet de loi en seconde lecture. Je pense que c'est important.
Une autre chose que nous avons entendue pendant toutes les tournées que nous avons faites, avec tous ces témoins, c'est que les agriculteurs, le marché et l'industrie aiment la stabilité. Ils ont besoin de stabilité pour croître.
J'ai été surpris de voir les libéraux voter en faveur de ce projet de loi. Ce faisant, je pense qu'ils sont responsables d'une certaine instabilité dans les marchés. Ce que je veux dire, c'est que le marché des semences et des agriculteurs... Les lettres que je reçois disent que c'était seulement pour s'attaquer au comité, monsieur le président. Mais je peux vous dire que les producteurs de canola, de soja et bien d'autres n'ont absolument aucune idée de ce que feront les libéraux lorsqu'ils devront se prononcer en Chambre une fois de plus. Ce n'est pas bon pour la stabilité.
Je suis curieux de savoir combien d'heures ils ont mis dans la préparation de leurs rapports et dans leur venue à titre de témoins pour parler de leurs préoccupations à cet égard.
Je suis un peu surpris que les libéraux aient voté en faveur de ce projet de loi. C'est à l'encontre de ce que nous tentons de faire en agriculture, qui consiste à stabiliser le marché...
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Rick White. Je suis le directeur général de la Canadian Canola Growers Association ainsi que fermier du sud-est de la Saskatchewan. Je tiens à vous remercier d'avoir invité la CCGA à ce comité qui étudie un projet de loi qui inquiète beaucoup les producteurs de canola.
La CCGA représente plus de 50 000 producteurs de canola au pays et est dirigée par un conseil administratif composé de producteurs de toutes les provinces allant de l'Ontario à la Colombie-Britannique.
À titre de producteur, je peux vous dire que le canola est essentiel à la viabilité de notre ferme. En plus d'être la denrée la plus rentable, elle nous permet de prévoir une entrée d'argent stable pendant toute l'année, ce qui est d'une importance critique pour toute entreprise, mais plus spécialement pour l'agriculture étant donné que les autres cultures sont moins prévisibles sur le plan financier.
Je crois que la biotechnologie a joué un rôle très significatif en faisant du canola notre culture la plus profitable. L'introduction du canola tolérant aux herbicides a créé un tournant important dans la façon dont nous cultivons cette céréale: nos pratiques d'aménagement environnemental et du territoire sont devenues plus efficaces.
Le canola n'est pas très compétitif, c'est-à-dire que lorsque les semis émergent du sol, il se défend difficilement contre les mauvaises herbes qui germent au même moment. La lutte contre les mauvaises herbes a toujours représenté un défi avec le canola. Dans le passé, nous avons utilisé des méthodes de cultivation intensive, des herbicides incorporés au sol ainsi que des applications multiples d'herbicides pour lutter contre les mauvaises herbes. La tolérance aux herbicides nous permet maintenant de lutter contre les mauvaises herbes en un seul tour d'étendage, ce qui signifie que moins de produits chimiques sont répandus sur le sol et que nous dépensons également moins d'argent en carburant et en main-d'oeuvre.
De plus, et c'est tout aussi important, nous pouvons maintenant planter le canola directement dans le sol. Cela nous permet de le protéger et de ne remuer que des bandes d'environ un pouce de large pour chaque rangée. Nous n'avons plus besoin de labourer le sol. Une agriculture ayant moins recours au labour présente des avantages significatifs pour la santé du sol et de notre environnement.
Au-delà des avantages de la lutte contre les mauvaises herbes, les variétés de canola GM que nous produisons sont plus résistantes aux constants changements climatiques des Prairies. Pendant plusieurs années, nous avons dû faire face à des conditions proches de la sécheresse, et cette année, nous avons un des printemps les plus humides que nous ayons jamais eu. Il s'agit-là de conditions extrêmes, et ces variétés de canola GM produisent des plants beaucoup plus robustes qui peuvent mieux résister aux chaleurs étouffantes ou aux conditions très humides que les variétés traditionnelles.
Il ne faut pas sous-estimer l'effet que cela a sur le succès et la rentabilité de nos fermes. Le fait que ces plants puissent endurer tous ces types de climats réduit nos risques et nous fait profiter d'une stabilité de revenu. J'estime que, en moyenne, le rendement de canola GM est de 30 à 40 p. 100 plus élevé que les variétés non modifiées et à pollinisation libre. Durant les années de sécheresse ou d'humidité extrême, les variétés GM feront la différence entre une perte de récolte et une récolte inférieure à la moyenne.
L'industrie du canola a pu remporter tout ce succès grâce à notre capacité d'innover supérieure à nos compétiteurs et grâce à l'utilisation des percées scientifiques. L'innovation et la nouveauté des caractères seront la clé du maintien et de l'expansion de nos industries nationale et internationale.
J'insiste sur le fait que le canola est définitivement ce qui nous aide à payer nos factures.
Je vais maintenant parler de façon plus générale de la CCGA.
La science et l'innovation, notamment la biotechnologie, ont été des outils clés dans les succès économique et agronomique du canola. Dernièrement, le présent comité a publié un rapport intitulé Compétitivité de l'agriculture canadienne, dans lequel il était indiqué:
« L'innovation technologique est l'un des meilleurs moyens d'améliorer la compétitivité des agriculteurs canadiens à travers des gains d'efficacité, la hausse des rendements et le développement de produits innovant. »
Nous sommes tout à fait d'accord. L'innovation est essentielle pour assurer le succès du canola dans l'Ouest canadien. La pierre angulaire de l'innovation dans le domaine de la culture au Canada repose sur un système réglementaire d'approbation fondé sur la science, qui favorise l'investissement dans la recherche et le développement. Ce système nous a permis de réussir maintes fois dans l'industrie du canola, et il permettra à notre industrie de demeurer concurrentiel dans l'avenir.
Voilà pourquoi la Canadian Canola Growers Association considère que le projet de loi constitue une menace importante à la compétitivité de notre industrie. Si l'aspect réglementaire de ce projet de loi avait été pris en compte il y a 30 ans, les 14 milliards de dollars générés par l'industrie canadienne du canola n'existeraient probablement pas aujourd'hui. Si ce projet de loi est adopté maintenant, alors que nos concurrents adoptent de plus en plus de nouvelles technologies, la compétitivité de notre industrie, dont font partie les agriculteurs, les gestionnaires, les chercheurs et les transformateurs canadiens, sera compromise. De toute évidence, ce projet de loi aura un impact négatif considérable sur l'industrie.
Si, en élargissant le processus de réglementation qui régit l'introduction de la nouvelle technologie on exclut les critères scientifiques, il pourrait y avoir des conséquences fâcheuses pour l'industrie du canola.
Premièrement, il serait beaucoup plus facile aux militants d'intervenir dans le processus, ce qui ferait augmenter les risques pour ceux qui investissent dans la technologie du canola. Comme le Canada est un important producteur de canola et que la culture y est relativement petite comparativement aux cultures qui lui font concurrence, comme l'huile de soya et l'huile de palme, l'incertitude relative au processus de réglementation canadien risquerait de détourner la recherche et le développement destinés au Canada au profit d'autres cultures ou d'autres pays où le système de réglementation est plus prévisible.
Cela ferait subir aux agriculteurs canadiens un grave désavantage concurrentiel, mettant en péril l'introduction de végétaux à caractères nouveaux — comme une meilleure résistance au stress, une plus grande teneur en huile et des propriétés nutritives améliorées. Parmi les autres caractères figurent aussi l'efficacité d'utilisation de l'azote, qui réduira le recours à l'engrais, et la résistance aux nouveaux ravageurs, qui aidera à stabiliser l'approvisionnement alimentaire et les revenus agricoles en limitant la fréquence et la gravité des pertes de récoltes. Ces caractères nouveaux ne feront pas que fournir des débouchés aux agriculteurs canadiens; ils procureront également des avantages pour notre environnement, pour la santé des consommateurs et pour l'économie rurale.
Deuxièmement, l'adoption du projet de loi pourrait signifier que les principaux consommateurs ne pourront plus citer, pour justifier le maintien de systèmes similaires dans leur propre pays, l'exemple canadien quant aux approbations réglementaires fondées sur la science. Les pays — en particulier ceux où l'on cultive le colza — qui décideront de se servir de critères non scientifiques pour réglementer les importations au moyen de barrières non tarifaires s'appuieront sur le fait que le processus réglementaire utilisé au Canada n'est plus exclusivement scientifique.
Pour conserver et élargir les marchés d'exportation et veiller à ce que la recherche et le développement sur le canola se poursuivent, la Canadian Canola Growers Association appuie le maintien de l'actuel système de réglementation fondé sur la science régissant l'introduction de la technologie des organismes génétiquement modifiés.
Depuis que le canola génétiquement modifié a été approuvé, en 1996, son expansion sur les marchés extérieurs n'a cessé de progresser. Entre 1998 et 2008, les exportations canadiennes de canola ont augmenté de plus de 40 p. 100, passant de 3,9 à 5,6 millions de tonnes, tandis que notre industrie représente 75 p. 100 des échanges mondiaux de canola et de colza. L'industrie s'est fixé comme but de produire, d'ici 2015, 15 millions de tonnes de canola cultivé à l'aide de pratiques agricoles durables, dont 7,5 millions seront destinées à l'exportation en tant que semences, et plus de 85 p. 100 de la récolte totale sera exportée lorsqu'on inclut l'huile de canola.
Ces objectifs et ces réussites démontrent la confiance de l'industrie du canola en sa capacité d'élargir le marché du canola génétiquement modifié et à le faire accepter par nos principaux consommateurs. Ils démontrent également le succès remporté par la politique d'accès aux marchés du Conseil canadien du canola, un accord volontaire de l'industrie qui veille à ce que les semences génétiquement modifiées à caractères nouveaux ne soient offertes sur le marché qu'après avoir été approuvées par les principaux marchés d'exportation. Le fait que cette politique ait toujours été respectée depuis sa mise en place, en 1995, indique clairement que l'industrie reconnaît et respecte l'importance de faire preuve de responsabilité lorsqu'il s'agit d'introduire de nouvelles technologies, et qu'elle n'a pas besoin de règlements pour se discipliner.
Il est important pour l'industrie du canola de s'assurer que les agriculteurs canadiens aient accès aux marchés internationaux. Nous sommes d'avis qu'il serait préférable de collaborer avec les gouvernements autour du monde par l'entremise de véhicules comme le Codex pour élaborer des politiques et des accords de faible concentration qui garantiront que les caractères de faible concentration n'ayant pas encore été approuvés dans les pays importateurs respectifs ne perturbent pas le flux des échanges commerciaux. Au lieu d'apporter une solution plus réaliste et avant-gardiste, comme les accords de faible concentration, le projet de loi ne fait que maintenir le seuil de tolérance zéro, ce qui est impossible à réaliser de manière pragmatique et entraîne une désorganisation importante du commerce, surtout lorsque la capacité à déceler les traces les plus infimes de substances augmente.
En résumé, monsieur le président, j'aimerais souligner l'importance de la science et de l'innovation pour la réussite future de l'industrie du canola. Les innovations futures et la compétitivité de l'industrie du canola canadienne pourraient toutefois être en danger si le Parlement adopte le projet de loi . Bien que ce projet de loi vise à protéger l'accès aux marchés, cette mesure législative a comme conséquence inacceptable de créer un environnement imprévisible pour les récoltes canadiennes.
Les producteurs de canola doivent avoir accès à toutes les avancées technologiques s'ils veulent demeurer compétitifs et, en tant que nation, nous devons les aider et non les freiner. En tant que producteurs de canola, nous appuyons énergiquement le maintien du système réglementaire d'approbation de nouvelles variétés de canola fondé sur la science. Nous vous demandons instamment de faire de même en recommandant à la Chambre de rejeter le projet de loi .
Merci de nous avoir permis de vous parler aujourd'hui. J'attends vos questions avec impatience.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aux membres du comité d'avoir invité le Conseil canadien du canola à comparaître aujourd'hui.
Le Conseil canadien du canola est une association commerciale verticalement intégrée qui représente tous les secteurs de l'industrie du canola, notamment les producteurs de semences, les cultivateurs, les transformateurs et les exportateurs. Nous nous assoyons tous à la même table pour nous assurer que la chaîne de valeurs du canola demeure intacte et rentable, alors il est opportun que nous soyons ici aujourd'hui pour étudier une question qui touche l'ensemble de la chaîne de valeurs.
J'aimerais présenter trois éléments cet après-midi. Je commencerai en vous parlant de l'importance du commerce du canola — que Rick a déjà mentionné — et des mesures prises par l'industrie pour assurer la continuité des échanges commerciaux, puis je vous proposerai une solution au projet de loi afin de régler la question des faibles concentrations.
J'aimerais tout d'abord faire valoir qu'il est prioritaire pour nous d'éviter les problèmes d'accès au marché qui pourraient nuire aux agriculteurs et à l'industrie. Plus de 85 p. 100 du canola canadien est exporté, et aux problèmes tarifaires, s'ajoutent de plus en plus d'obstacles commerciaux d'origines diverses. Nous sommes d'accord avec M. Atamanenko sur le fait qu'il n'y a rien de pire que la fermeture soudaine d'un marché important. Le comité a raison de s'inquiéter des conséquences possibles de ce type de situation pour l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, des producteurs de semences aux exportateurs. Je suis certaine que vous êtes au fait des préoccupations de la Chine concernant une maladie appelée jambe noire ainsi que des nouveaux règlements américains sur les champs biologiques durables. L'industrie du canola doit demeurer vigilante pour veiller à ce que les agriculteurs et l'industrie aient accès aux marchés partout dans le monde.
Permettez-moi de prendre le temps de vous transmettre notre appréciation envers le gouvernement fédéral et tous les partis de la Chambre pour leur appui à cet égard. Lorsque la Chine a imposé de nouvelles restrictions en novembre, le ministre Ritz et le nouveau Secrétariat à l'accès aux marchés sont immédiatement passés à l'action en prenant des dispositions temporaires importantes pour assurer la continuité des échanges, et le premier ministre a abordé cette question avec son homologue lors de sa visite en Chine. Le gouvernement s'emploie toujours à rétablir ce marché, et ce solide appui est primordial pour notre secteur.
Nous avons aussi bénéficié de l'appui des parlementaires de tous les partis, qui ont fait front commun. Le ministre Ritz a ainsi été en mesure de faire à nouveau pression sur la Chine plus tôt cette année. M. Gaudet, du Bloc québécois, a aussi participé à la mission qui a été organisée, et il s'est fait le chantre des exportations agricoles de sa région.
Nous vous remercions tous de promouvoir l'agriculture à l'étranger, et nous vous assurons de notre engagement à défendre le droit de nos agriculteurs de faire face à la concurrence sur les marchés mondiaux.
Deuxièmement, le comité doit aussi tenir compte, dans le cadre de l'examen de ce projet de loi, de l'innovation et de l'avantage concurrentiel remarquables rendus possibles par les producteurs de semences de canola, notamment grâce aux modifications génétiques. Comme Rick l'a souligné, l'innovation et le développement des semences ont permis aux producteurs de canola d'accroître leur rendement, d'améliorer la qualité de leurs produits, de réduire leurs coûts, d'économiser un temps précieux et, plus important encore, d'augmenter leur marge bénéficiaire. Ces quatre dernières années, le canola a été la culture la plus lucrative du Canada. En 2009, les recettes monétaires agricoles des producteurs de canola se sont élevées à plus de 5 milliards de dollars. Environ 90 p. 100 du canola est génétiquement modifié pour résister à certains herbicides. Les agriculteurs canadiens ont adopté cette innovation avec enthousiasme et attendent la suite avec impatience.
Nous sommes d'accord sur le fait que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter les problèmes d'accès aux marchés, mais pas aux dépens de la science et de l'innovation qui sont au coeur de notre succès. Nous éloigner de notre cadre biotechnique fondé sur la science inciterait les autres pays à nier notre science et éliminerait notre avantage concurrentiel sur les marchés mondiaux. Les risques pour notre industrie seraient énormes, et nous nous y opposons fortement.
Nous pressons le comité de recommander à la Chambre d'abandonner ce projet de loi. La question suivante est revenue à plusieurs reprises dans le cadre du débat entourant le projet de loi: que pouvons-nous faire d'autre pour protéger les agriculteurs des pertes associées à la fermeture de certains marchés? Nous avons une recommandation à vous présenter, qui constitue le troisième élément de mon exposé.
Permettez-moi de vous présenter les mesures, fondées sur l'avantage que nous procurent les modifications génétiques, qui ont été prises par le Conseil du canola et l'industrie pour aplanir les difficultés liées aux marchés.
La politique d'accès aux marchés est un accord volontaire de l'industrie canadienne du canola qui veille à ce que les semences ayant subi de nouvelles modifications génétiques ne soient offertes aux producteurs canadiens qu'après avoir été approuvées par nos marchés d'exportation importants. Depuis ses débuts, en 1995, cette politique a toujours été respectée. Les producteurs de semences consultent l'industrie avant d'introduire de nouvelles variétés, qui ne sont pas cultivées avant d'avoir été approuvées par les marchés internationaux. Comme le système canadien de transport et de manutention des grains ne sépare pas les semences par variétés, il est important que toutes les caractéristiques soient approuvés par les marchés importants — le Canada, les États-Unis, le Japon, le Mexique, la Chine, la Corée du Sud et la Communauté Européenne — avant d'être cultivées.
Nous travaillons aussi directement avec les agriculteurs pour nous assurer qu'ils cultivent uniquement des variétés approuvées et qu'ils utilisent des pesticides acceptables qui peuvent avoir une incidence sur les échanges commerciaux. C'est notre programme de communications en matière d'exportations qui nous permet de le faire. Le programme fournit de l'information aux cultivateurs de l'industrie au sujet des pesticides acceptables, du traitement des semences, des variétés de canola et des caractères de canola génétiquement modifiés approuvés qui sont destinés à l'exportation. L'objectif consiste à faire en sorte que les producteurs cultivent et vendent uniquement des variétés de canola qui sont approuvées par les principaux marchés.
Le programme des exportations fait partie intégrante des communications entre le conseil et les agriculteurs. Le Conseil canadien du canola fournit de l'information aux cultivateurs lors de rencontres agricoles et par le biais de divers produits de communication tout au long de l'année. Les producteurs ont accès à tous les renseignements dont ils ont besoin sur le site Web du conseil. Dans le but d'améliorer tous les volets de notre planification de l'accès au marché, notamment de s'attaquer au problème de la jambe noire, nous communiquerons plus intensivement avec les producteurs dans les mois à venir.
Maintenant, permettez-moi d'attirer votre attention sur une autre approche de gestion des risques des éléments génétiquement modifiés non approuvés qui se retrouvent par erreur dans les chargements de céréales expédiés dans un pays importateur — voilà mon troisième point. Pour régler le problème, nous recommandons d'instaurer un cadre réglementaire de gestion des caractères génétiquement modifiés présents en faible concentration. Une politique de faible concentration permettrait d'éviter la fermeture immédiate d'un marché comme dans le cas d'une politique de tolérance zéro, et elle inciterait les pays importateurs à adopter une approche de gestion des risques qui autoriserait la présence d'une faible concentration d'OGM jusqu'à ce qu'une solution permanente soit trouvée. Une telle politique permettrait d'éviter les désastres sur le marché, qui peuvent avoir une incidence sur les producteurs et les entreprises qui dépendent du commerce de ce produit, tout en préservant la santé des humains et des animaux.
Le véritable problème sur la scène internationale, ce sont les politiques de tolérance zéro applicables aux caractères génétiquement modifiés non approuvés dans les pays importateurs. Nous savons qu'une fois qu'un caractère est commercialisé, on en retrouvera une faible concentration dans les produits. Nous ne pouvons pas l'éliminer complètement en raison du système de transport et de manutention en vrac des céréales de l'industrie. Comme la réglementation applicable aux produits génétiquement modifiés préconise la tolérance zéro, le marché peut être tout à coup grandement perturbé, malgré le fait que le caractère génétiquement modifié en question a été reconnu sans danger, qu'il n'a pas été introduit intentionnellement sur ce marché et qu'il est présent en faible concentration. Il ne s'agit pas ici d'une question de santé et de sécurité. Il est important de se rappeler que tous les éléments approuvés ont été éprouvés et autorisés par au moins un organisme de réglementation compétent ou un pays, de sorte qu'ils sont réputés ne présenter aucun danger pour les humains et les animaux qui en consomment.
Les produits génétiquement modifiés approuvés ne présentent aucun risque pour la santé des êtres humains. Le problème ne vient pas du fait que le caractère génétiquement modifié a fait l'objet d'une analyse rigoureuse et d'une approbation, mais plutôt de la réglementation rigide qui préconise la tolérance zéro. De nos jours, les interruptions des échanges commerciaux surviennent parce que les produits sont considérés non conformes à la réglementation alors que leur innocuité pour les consommateurs, les animaux ou l'environnement a été éprouvée scientifiquement.
Au lieu de maintenir une politique rigide de tolérance zéro, qui nuira sans aucun doute encore davantage au marché puisque le nombre de produits génétiquement modifiés et le volume d'échanges commerciaux à l'échelle internationale augmentent — et nous savons qu'ils continueront d'augmenter —, les organismes de réglementation devraient se tourner vers une approche de gestion des risques lorsqu'il y a présence d'une faible concentration. Pour régler les problèmes commerciaux liés aux OGM, il faut élaborer des approches et des politiques mondiales qui préconisent la gestion des risques et autorisent une faible concentration. À cette fin, nous pourrions entre autres harmoniser les processus d'approbation, reconnaître les processus d'approbation des autres pays et vice versa, et appliquer des lignes directrices du Codex, qui ont été conçues précisément de façon à régler ces problèmes.
Le marché mondial a besoin d'un chef de file qui montrera qu'une politique de faible concentration peut être efficace, et le Canada doit jouer ce rôle. En mettant sur pied une nouvelle politique de faible concentration, le Canada montrerait que les pays importateurs peuvent adopter une approche de gestion des risques lorsqu'il y a présence d'éléments génétiquement modifiés non approuvés plutôt que d'appliquer des politiques de tolérance zéro, ce qui faciliterait les exportations. L'élaboration de politiques de faible concentration à l'échelle internationale stimulerait l'innovation au sein de notre industrie céréalière et ferait disparaître les peurs d'une industrie qui redoute que de telles politiques perturbent systématiquement les échanges commerciaux.
En ce qui concerne le secteur canadien du canola, la décision que le comité doit prendre est claire. Le Canada peut être le chef de file de l'élaboration de politiques commerciales pratiques et réalistes qui favoriseraient l'innovation et la rentabilité de notre secteur. Ces politiques doivent stimuler l'innovation chez les agriculteurs et laisser les producteurs et les exportateurs de céréales prendre leurs propres décisions en ce qui concerne le marché. Elles doivent s'appuyer sur des principes scientifiques et être défendues avec vigueur dans toutes les foires internationales.
Le projet de loi vise également à faire de l'innovation et de la science un fardeau, à restreindre l'accès de nos agriculteurs à des technologies éprouvées, sécuritaires et efficaces liées aux semences à cause d'une évaluation du marché mal définie et non fondée scientifiquement, et à retirer le pouvoir de décision aux agriculteurs et au secteur privé en ce qui concerne le marché.
Encore une fois, nous prions le comité de recommander à la Chambre de rejeter le projet de loi .
Merci.
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Au nom du Conseil canadien du soya, je tiens à remercier le comité de nous avoir invités à participer au débat sur le projet de loi .
Je m'appelle Jim Gowland et je suis le président du Conseil canadien du soya depuis sa création il y a cinq ans. J'aimerais aussi vous présenter Michelle McMullen, qui est gestionnaire au conseil. Elle travaille elle aussi au conseil depuis les débuts de l'organisation.
Le Conseil canadien de soya défend les intérêts de 30 000 producteurs de soya du Manitoba, de l'Ontario et du Québec. Avec ma femme Judy, je cultive à des fins commerciales environ 2 300 acres de soya, de blé, de maïs et de haricot blanc dans le comté de Bruce, qui se trouve tout près de Walkerton, en Ontario.
Notre ferme tire parti des avantages que procure la biotechnologie et de la possibilité d'ajouter de la valeur à notre entreprise agricole en cultivant du soya non génétiquement modifié destiné aux marchés mondiaux. Depuis bien des années, tout le soya que nous produisons n'est pas génétiquement modifié.
Le Canada cultive du soya depuis plus de 60 ans. Les principaux producteurs sont le Manitoba, l'Ontario et le Québec, mais récemment, grâce aux progrès réalisés sur le plan de l'amélioration génétique des végétaux, les provinces des Maritimes et la Saskatchewan ont commencé à cultiver cette céréale.
En 2009, environ 3,5 millions d'acres de soya ont été plantés au Canada; les cultures de soya occupent ainsi la sixième place au classement canadien de la production globale. Le soya, qui a généré environ 1,13 milliard de dollars au total en 2008, est la quatrième source des recettes de l'industrie agricole canadienne pour cette année-là. À l'heure actuelle, 65 p. 100 du soya au Canada est génétiquement modifié. Les 35 p. 100 restants ne sont pas modifiés génétiquement, mais sont principalement destinés à l'exportation.
Les variétés de soya génétiquement modifiées ont fait leur apparition en 1997. À l'époque, l'industrie canadienne du soya a ressenti le besoin de revoir ses systèmes de production et de manutention. Elle a engagé le dialogue avec les principaux intervenants — le gouvernement, nos clients et les marchés d'exportation — pour se pencher sur les pratiques de gestion de la qualité tout au long de la chaîne de valeur. Au cours des 13 dernières années, notre industrie a montré que nous avons la compétence et l'expérience nécessaires pour mettre au point et instaurer des protocoles de ségrégation du soya spécialisé et du soya manutentionné en vrac. Il était essentiel d'investir du temps et de disposer d'infrastructures pour soutenir la coexistence du soya génétiquement modifié et du soya non génétiquement modifié afin de répondre aux besoins des créneaux clés de l'industrie.
La science et l'innovation ont grandement contribué au succès de notre industrie. Les investissements publics et privés pour l'amélioration génétique des végétaux ont permis au Canada de saisir des occasions en ayant recours aux technologies de modification génétique et aux technologies de culture traditionnelle. Ces occasions aident les cultivateurs canadiens de soya à ajouter de la valeur à leur entreprise agricole, tant sur le marché canadien que sur les marchés internationaux.
L'investissement soutenu par les entreprises semencières entraînera la mise au point, grâce aux biotechnologies, de nouvelles variétés qui offrent des avantages sur le plan de la production pour les cultivateurs et des avantages directs pour les consommateurs. L'adoption du projet de loi pourrait compromettre ces occasions, qui sont susceptibles d'ajouter de la valeur au secteur canadien du soya, et nuire à la compétitivité du Canada.
Il restera toujours difficile de maintenir notre place actuelle et de faire notre entrée sur de nouveaux marchés. De nombreux pays, y compris le Canada, ont une politique de tolérance zéro pour les éléments non approuvés issus des biotechnologies. Il est impossible que notre industrie puisse garantir une contamination nulle par les caractères génétiquement modifiés. L'approbation de nouveaux caractères génétiquement modifiés dans nos principaux marchés d'exportation permet d'établir des seuils que notre industrie peut respecter. Si on détecte un caractère génétiquement modifié non approuvé dans un chargement en provenance du Canada, une politique de tolérance zéro s'applique, si bien que la frontière pourrait nous être fermée.
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Merci, monsieur le président.
Je pense que je vais reprendre deux petits paragraphes. Je ne me suis pas préoccupé des cloches. Cela fait deux semaines que je plante du soya, assis sur un tracteur qui fait toutes sortes de bruits de cloches, de sifflets et d'alarmes. J'imagine que je me croyais sur mon tracteur. Alors je vais continuer là où j'en étais, mais je vais reprendre deux petits paragraphes.
L'investissement soutenu au Canada par des entreprises semencières entraînera la mise au point, grâce aux biotechnologies, de nouvelles variétés qui offrent à la fois des avantages sur le plan de la production pour les cultivateurs et des avantages directs pour les consommateurs. L'adoption du projet de loi pourrait compromettre ces occasions, qui sont susceptibles d'ajouter de la valeur au secteur canadien du soya, et nuire à la compétitivité du Canada.
Il restera toujours difficile de maintenir notre place actuelle et de faire notre entrée sur de nouveaux marchés. De nombreux pays, y compris le Canada, ont une politique de tolérance zéro pour les éléments non approuvés issus des biotechnologies. Il est impossible que notre industrie puisse garantir une contamination nulle par les caractères génétiquement modifiés.
L'approbation de nouveaux caractères génétiquement modifiés dans nos principaux marchés d'exportation permet d'établir des seuils que notre industrie peut respecter. Si on détecte un caractère génétiquement modifié non approuvé dans un chargement en provenance du Canada, une politique de tolérance zéro s'applique, si bien que la frontière pourrait nous être fermée.
Il importe que le système réglementaire du Canada demeure prévisible et fondé sur la science. Si les systèmes d'approbation dans les marchés étrangers et canadien s'éloignent des processus basés sur des fondements scientifiques, les producteurs canadiens de soya pourraient faire face à des retards importants dans la réception d'approbations pour que de nouvelles variétés créées grâce à des biotechnologies puissent être commercialisées. Il arrive parfois que les producteurs canadiens accusent au moins deux ans de retard par rapport à leurs concurrents en ce qui a trait aux variétés de soya qu'ils utilisent, ce qui constitue un désavantage certain.
Pour assurer la compétitivité des producteurs de soya canadiens, la conclusion d'accords de faible concentration avec nos principaux marchés d'exportation et l'harmonisation des processus internationaux d'approbation des caractères génétiquement modifiés doivent devenir des priorités.
Le Conseil canadien du soya n'est pas en faveur du projet de loi , et il reconnaît les incidences que pourraient avoir les avancées en biotechnologies sur l'accès aux marchés. L'introduction de critères non scientifiques dans notre système de réglementation par le biais du projet de loi C-474 ne nous permettra pas de préserver l'accès à nos principaux marchés d'exportation. Le CCS encourage le comité à examiner attentivement les conséquences que pourrait avoir ce projet de loi pour la compétitivité de tous les agriculteurs canadiens dans l'avenir. Le CCS est d'avis que le gouvernement et l'industrie devraient chercher à négocier des accords de faible concentration avec nos clients et à harmoniser les processus d'approbation pour ce qui est des caractères génétiquement modifiés.
J'aimerais cependant ajouter, monsieur Atamanenko, qu'il y a, à mon avis, des problèmes dans l'industrie que nous devons résoudre. Je pense que nous avons bénéficié d'une occasion formidable d'exprimer nos préoccupations. Quoi qu'il en soit, nous n'appuyons pas le projet de loi .
Merci, monsieur le président.
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Monsieur Gowland, je pense que l'élément le plus important qui s'est dit aujourd'hui, c'est que nous avons l'occasion de nous asseoir et de discuter de la question. J'aimerais dissiper la crainte que certains ont peut-être éveillée chez vous à propos de la position de certaines personnes à cet égard.
Vous vivez dans un monde agricole. La plupart des Canadiens pensent que leurs aliments viennent de l'épicerie, et non pas de la ferme, comme vous le savez. Pour que nous puissions faire tomber certains mythes associés aux OGM, nous devons avoir une conversation. Nous devons démystifier tout le concept des OGM. Cette démystification n'aura pas lieu si nous ne permettons pas à la population canadienne de s'exprimer. L'an dernier, je pense que nous avons parlé des OGM pendant environ quatre heures, et c'est tout. Beaucoup de gens à qui j'ai parlé pensent que les OGM sont en quelque sorte des aliments « Frankenstein ». Bien sûr, nous savons que ce n'est pas le cas.
Bien des gens n'ont aucune idée de l'ampleur du travail à faire pour accroître la capacité des pays en développement. J'étais à la conférence de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture l'an dernier à Rome. Même les membres de la société civile reconnaissent que les OGM ont leur place dans le renforcement de cette capacité, d'autant plus que nous allons devoir accroître notre production alimentaire de 70 p. 100 au cours des 40 prochaines années pour nourrir 3 milliards de personnes de plus.
Un certain nombre de personnes m'ont aussi parlé d'un aspect soulevé par Alex dans son exposé, c'est-à-dire la concentration des pouvoirs au sein d'une poignée d'entreprises. C'est l'autre côté de la médaille, que nous pourrons aborder dans le cadre d'une autre discussion — vous savez, le contrôle des semences, que les agriculteurs veulent avoir, et ce genre de choses.
Je veux simplement que vous sachiez que nous croyons nous aussi en la science; elle constitue le fondement de nos décisions.
Cela dit, j'aimerais en savoir plus à propos des accords de faible concentration. Si Alex n'avait pas présenté cette motion, vous ne seriez pas ici pour nous parler des faibles concentrations, que vous voyez comme une solution. Vous avez déjà dit que, dans certains cas, il y a une politique de tolérance zéro. Je n'essaie absolument pas d'écarter l'intention d'Alex ici, mais j'aimerais en savoir plus à ce sujet.
Pouvez-vous m'en parler davantage, JoAnne?
Comme vous êtes déjà prêt, ma première question sera pour vous, monsieur White.
Avant de commencer, je voudrais exprimer mon soulagement que le projet de loi de mon collègue Alex ne propose pas l'interdiction des organismes génétiquement modifiés. Ce projet de loi semble avoir créé un tremblement de terre dans l'industrie. Tout à l'heure, à mon grand désarroi et à mon grand étonnement, le secrétaire parlementaire du ministre nous a dit que l'adoption d'un tel projet de loi pourrait presque causer une autre crise économique. Il était assez étonnant d'entendre ce type de propos. Cependant, on est habitués, n'est-ce pas? J'ai subi le même sort, hier, lorsque j'ai comparu moi-même pour l'un de mes propres projets de loi.
On parle ici d'inclure à la réglementation l'analyse des risques au niveau des marchés d'exportation. Je me demande en quoi cette obligation d'analyse pourrait créer de si graves problèmes aux producteurs d'OGM.
Monsieur White, vous nous avez présenté un document fort intéressant. Vous avez parlé des avantages des OGM. Or, vous n'avez pas parlé de leurs désavantages, même si ce n'est pas votre rôle. On pourrait peut-être en parler. Les OGM comportent effectivement des avantages. Cependant, ils comportent aussi beaucoup de désavantages, notamment en ce qui a trait à l'exportation.
Revenons en 2001, alors que la Chine refusait le canola, le colza et le soja de toute l'Amérique du Nord. Ce sont surtout les Américains qui en ont subi les contrecoups effarants, puisque 70 p. 100 de leur soja était génétiquement modifié. Or, le plus grand acheteur de soja américain était la Chine. Vous comprendrez donc pourquoi on a eu de graves problèmes.
Je me demande si on ne pourrait pas retourner la situation. Ce pourrait être un avantage d'avoir une preuve dans la manche. À tout le moins, avant de se lancer dans la production et la commercialisation de certains produits sur les marchés internationaux, on pourrait faire des analyses qui nous permettraient de vérifier s'il est possible d'entrer dans tel ou tel autre marché sans problème, sans danger, sans risque de se faire fermer la porte au nez.
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C'est bien d'être de ce côté de la clôture maintenant.
En ce qui concerne le canola, je conviens que c'est une réussite, et je vous félicite.
Au fil des années, depuis l'arrivée des cultures génétiquement modifiées, nous devrions comprendre que les gains de rendement ne sont pas attribuables à la technologie transgénique, mais aux procédés traditionnels de sélection. Il n'y a eu presque aucune augmentation du rendement dans le monde, à l'exception peut-être — 2 ou 3 p. 100 — du maïs aux États-Unis, qui est due à la technologie transgénique.
Sachant cela, et que des pays mettent maintenant en doute cette technologie, que nous le voulions ou non, qui ne l'avaient pas mis en doute à l'époque, ne semblerait-il pas risqué, et peut-être même inapproprié, de mettre sur le marché de la luzerne ou du blé transgénique sans bien savoir si d'autres pays l'accepteraient, puisqu'un certain nombre d'entre eux ont interdit la culture et la technologie transgénique et que cela ne serait pas rentable pour l'industrie?
N'est-ce pas la conjoncture, le moment, peut-être, qui a changé étant donné toutes ces discussions scientifiques en cours? Il serait peut-être prudent de mettre cela en place, ce qui, franchement, ne devrait pas nuire à votre industrie parce que vos marchés sont déjà développés. Si des règlements étaient en vigueur, ils ne devraient avoir aucune incidence sur votre industrie et la capacité de votre industrie, ou sur l'industrie du soya.
Je tenais à vous poser cette question — quelqu'un veut répondre?