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Je vous remercie, madame la président et honorables membres du comité, de votre invitation à comparaître devant le Comité permanent de la condition féminine et à participer à cette étude sur la violence dans les vies des jeunes femmes et des filles.
Sécurité publique Canada a pleinement conscience que la violence à l'endroit des femmes et des filles constitue une grande préoccupation pour de nombreuses familles et collectivités canadiennes. En effet, il s'agit d'une importante responsabilité dans le cadre de laquelle nous devons tous collaborer afin de prévenir la violence à l'endroit des femmes et des filles et d'y mettre fin.
[Traduction]
Au ministère, nous sommes déterminés à soutenir et à accroître la sécurité de nos collectivités partout au Canada avec le soutien de mes collègues de tous les ordres de gouvernement, des organisations, des éducateurs, des familles et des jeunes afin d'aider à prévenir la violence à l'endroit des femmes et des filles.
Je suis aujourd'hui accompagnée de mes collègues, Mme Angela Connidis, directrice générale de la prévention du crime, des affaires correctionnelles et de la justice pénale, du Secteur de la sécurité communautaire et de la réduction du crime de Sécurité publique, et la surintendante Shirley Cuillierrier, directrice générale des Services de police autochtones et des Services nationaux de prévention criminelle.
Pour assurer la sécurité des Canadiens, nous travaillons à différents niveaux. Par exemple, la prévention du crime représente un pilier du travail de Sécurité publique Canada qui cible de façon accrue les besoins précis des collectivités marginalisées et des groupes à risque.
Comme vous le savez, l'ampleur et la portée de cet enjeu particulier comportent de nombreuses facettes. Par conséquent, j'aimerais présenter plusieurs initiatives qui traitent de la violence à l'endroit des femmes et des filles, dans le cadre desquelles le ministère et la GRC jouent un rôle fédéral clé.
D'abord, les Services nationaux de la prévention criminelle au sein de la GRC ont élaboré la Stratégie nationale sur la jeunesse pour 2015-2017 qui comporte quatre enjeux prioritaires: l'intimidation et la cyberintimidation; la violence conjugale; la consommation de drogue et d'alcool; et la radicalisation des jeunes menant à la violence. Parmi les initiatives connexes, mentionnons le site Web du Centre de prévention du crime chez les jeunes; la série DiscussionsGRC, l'Atelier de leadership pour les jeunes et les campagnes dans les médias sociaux.
Ensuite, l'objectif principal de la Stratégie nationale de prévention du crime de Sécurité publique Canada consiste à élaborer et à diffuser des connaissances d'ordre pratique afin d'aider les gouvernements, les institutions, les organisations sans but lucratif et les collectivités locales à mettre en oeuvre des pratiques efficaces en matière de prévention du crime.
La Stratégie nationale de prévention du crime est fondée sur l'hypothèse que des interventions bien conçues peuvent avoir une influence positive sur les comportements et que les crimes peuvent être réduits ou évités en traitant les facteurs de risque qui peuvent mener à la commission d'infractions. Les interventions réussies permettent non seulement de réduire la victimisation, mais également les coûts sociaux et économiques liés aux activités criminelles et les coûts connexes au traitement des dossiers dans le système de justice pénale.
Depuis 2008, en fonction de la recherche sur les éléments connus des facteurs de risque, de la délinquance et de la commission d'infractions ultérieures, la Stratégie nationale de prévention du crime cible les groupes prioritaires suivants: les peuples autochtones et les collectivités du Nord; les enfants âgés de 6 à 11 ans; les jeunes âgés de 12 à 17 ans; et les jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans. Dans certains cas, nous songeons à soutenir des projets visant les délinquants à risque élevé et les gangs de jeunes.
Cette stratégie finance la mise en oeuvre et l'évaluation de projets de prévention du crime dans les collectivités de partout au pays, avec un budget annuel d'environ 41,9 millions de dollars pour le financement des projets.
Bien que les programmes et les initiatives du ministère soient conçus pour accroître la sécurité publique, nos priorités ne sont pas uniquement axées sur la comparaison entre les sexes. Par exemple, les priorités actuelles de la Stratégie nationale de prévention du crime comprennent les gangs de jeunes et la violence juvénile, la criminalité associée à la drogue, les crimes haineux, l'intimidation et la cyberintimidation ainsi que l'abandon du commerce du sexe.
Néanmoins, différents projets de prévention du crime renforcent les interventions de prévention afin de s'attaquer aux crimes et à la violence fondés sur le sexe, en collaboration et en partenariat étroit avec les organisations féminines locales les mieux placées pour régler les problèmes de la violence et de la victimisation à I'endroit des femmes et des filles.
[Français]
Les programmes et les stratégies de prévention visent à réduire les facteurs de risque associés aux crimes et sont liés à la violence à l'endroit des femmes au Canada. Ils améliorent également les facteurs de protection et renforcent la résilience dans les collectivités les plus touchées.
Depuis 2008, la Stratégie nationale de prévention du crime cible la réalisation d'évaluations des effets et la présentation de rapports sur les résultats et les effets de projets sélectionnés en matière de prévention du crime au Canada. De nombreux projets ont montré qu'ils permettent de réduire les facteurs de risque associés à la violence et à la criminalité.
[Traduction]
Étant donné que le Comité a affiché un intérêt particulier à propos de la nature et de l'étendue de la cyberviolence à l'endroit des femmes et des filles et des pratiques exemplaires pour la traiter et la prévenir, j'aimerais souligner les efforts que notre ministère a déployés afin d'approfondir nos connaissances au sujet de cet enjeu et de comprendre davantage quelles interventions peuvent permettre la prévention de la victimisation des jeunes filles et des femmes.
Sécurité publique Canada s'engage de façon continue à trouver des approches efficaces afin de prévenir l'intimidation et la cyberintimidation. Nous cherchons actuellement des pratiques exemplaires et des initiatives novatrices pour établir des pratiques fondées sur des connaissances dans le domaine de la prévention et de l'intervention liées à la cyberintimidation. Ces connaissances sont communiquées aux décideurs et aux praticiens et aident à formuler les conseils sur les projets pouvant ultérieurement être financés dans le cadre de la stratégie et à approfondir notre compréhension des enjeux, particulièrement en ce qui a trait aux jeunes femmes et aux filles.
Nos efforts liés à la cyberintimidation ont ciblé principalement deux approches: la promotion de la sensibilisation et la mise en oeuvre de programmes destinés à aider les jeunes, les parents et les éducateurs à lutter contre l'intimidation. Sécurité publique Canada a élaboré la campagne de sensibilisation Pensez cybersécurité dans le but d'informer les Canadiens au sujet de la sécurité sur Internet et des mesures à adopter pour se protéger en ligne. En 2014, le ministère a lancé la campagne de sensibilisation à la lutte contre la cyberintimidation intitulée Non à la cyberintimidation pour sensibiliser davantage les Canadiens aux effets de la cyberintimidation et à la façon dont ce comportement constitue une activité criminelle. Le ministère soutient également l'initiative bullyingawarenessweek.org. Le thème de la campagne, Stand Up!, c'est-à-dire debout contre l'intimidation, met l'accent sur le besoin pour tous les Canadiens d'élever la voix contre l'intimidation et la cyberintimidation.
Par exemple, depuis octobre 2014, la stratégie a financé un projet de 2,1 millions de dollars sur cinq ans pour mettre en oeuvre un projet de leadership et de résilience à Terre-Neuve-et-Labrador qui misera sur le Programme de leadership et de résilience, le PLR, pour améliorer les forces internes et la résilience des participants tout en les empêchant de consommer de la drogue et de recourir à la violence. L'organisation qui met en oeuvre ce programme, Waypoints, a choisi le modèle du PRL pour s'attaquer à l'enjeu prioritaire de l'intimidation à l'école au sein de la grande région de St. John's.
[Français]
Récemment, vous avez peut-être entendu parler du Leadership and Resiliency Program dans le cadre du débat d'urgence sur les affaires autochtones. Il s'agit d'un projet que nous soutenons à La Loche, en Saskatchewan.
[Traduction]
Une autre initiative est le Programme de contribution à l'amélioration de la sécurité des collectivités autochtones. Les femmes autochtones sont une priorité, étant donné que la violence à leur endroit est courante au Canada, où l'indifférence de la société les laisse souvent en proie à de plus grands risques de violence, particulièrement la violence conjugale ou la violence commise à l'endroit des femmes à cause de leur sexe et de leur identité.
L'initiative de planification de la sécurité communautaire aide les collectivités autochtones à comprendre les enjeux sous-jacents qui entraînent la victimisation des femmes et des filles autochtones et aident les membres des collectivités à collaborer afin de définir les risques qui mènent à la criminalité et de tirer parti des forces de leur collectivité pour réduire ces risques.
En parallèle aux activités liées aux femmes et aux filles autochtones disparues et assassinées et aux appels à l'action de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada, l'initiative de planification de la sécurité communautaire soutient les efforts des collectivités visant à guérir et à devenir des endroits plus sains et sécuritaires où vivre et fonder une famille.
Selon Statistique Canada, le nombre d'infractions sexuelles contre les enfants a augmenté au cours des dernières années, malgré une diminution des crimes violents au Canada. Plus de 4 000 infractions d'exploitation sexuelle ont été signalées en 2014, ce qui représente une augmentation de 6 % par rapport à 2013. Par ailleurs, le nombre et le taux d'incident de pornographie juvénile ont continué de croître, ayant augmenté de 41 % de 2013 à 2014. Les représentants de Cyberaide.ca, la centrale canadienne de signalement des cas d'exploitation sexuelle d'enfants sur Internet, ont également observé une augmentation des signalements, particulièrement en ce qui a trait à l'exploitation sexuelle d'enfants sur Internet. Les études indiquent que les filles sont plus fréquemment victimes d'une infraction sexuelle que les garçons et qu'elles représentent 81 % des victimes. Une étude publiée par le Centre canadien de protection de l'enfance en janvier 2016, Les images d'abus pédosexuels sur Internet: Une analyse de Cyberaide.ca, s'est penchée sur 43 762 images et vidéos considérées comme de la pornographie juvénile. Ces conclusions ont confirmé que 80,42 % de ces enfants sont des filles.
Finalement, le budget de 2016 propose d'octroyer 35 millions de dollars sur cinq ans, à compter du présent exercice financier, et 10 millions par année par la suite, pour la création d'un bureau du coordonnateur de la sensibilisation des collectivités et de la lutte contre la radicalisation. Le bureau exercera un leadership en ce qui a trait à l'intervention du Canada contre la radicalisation menant à la violence, coordonnera les initiatives fédérales, provinciales, territoriales et internationales, et appuiera la sensibilisation des collectivités et la recherche. L'effet de la radicalisation menant à la violence sur les jeunes femmes et les filles constituera une composante importante des activités de sensibilisation et de recherche.
Nous sommes heureux de voir que le Comité recueille des renseignements utiles et des perspectives, et nous croyons en notre capacité de travailler ensemble et d'établir des mécanismes en vue d'une collaboration ultérieure.
Nous vous remercions de nous avoir donné cette occasion de témoigner aujourd'hui.
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Je vous remercie de la question.
Je ne me souviens pas de l'année où a débuté la révision des données, mais je sais qu'elle s'est terminée en 2012 et que notre premier rapport a été publié en 2014.
Au début, nous avons pu réviser les données grâce à l'entente établie entre la GRC et 299 autres corps de police. Au total, 300 corps de police ont fourni des données et nous en avons fait la révision. Assurément, à ce moment-là, il n'était pas tout à fait clair, dans les dossiers, si la jeune femme ou la jeune fille disparue ou victime d'un homicide était autochtone. C'était une lacune à cet égard. Dans le rapport de 2015, nous avons pu réviser tous les dossiers et préciser les personnes qui étaient vraiment autochtones et celles qui ne l'étaient pas. C'est pourquoi on observe une différence entre les chiffres touchant les rapports de 2014 et ceux de 2015.
En ce qui concerne les personnes mal identifiées, il est clair qu'au cours des 20 dernières années, le fait d'identifier les gens en fonction de leur appartenance à un groupe distinct ne faisait pas partie des pratiques des policiers canadiens. Les données que nous récoltions consistaient plutôt à déterminer si les personnes étaient de sexe féminin ou masculin, par exemple. Depuis notre rapport de 2014, les données de tous les corps policiers du Canada identifient les femmes autochtones, qu'elles soient métisses, inuites ou issues des Premières Nations.
Pour ce qui est des mesures prises en matière d'enquêtes et de prévention, nous avons fait en sorte que, pour les enquêtes, un meilleur niveau de supervision soit assuré quant aux enquêteurs. Nous avons mis en vigueur la Stratégie nationale concernant les personnes disparues. De plus, nous avons mis à jour nos politiques régissant les enquêtes, qu'il s'agisse d'homicides ou de personnes disparues.
En matière de prévention, nous avons organisé plusieurs campagnes médiatiques au moyen notamment d'affiches et d'annonces à la télévision. Nous travaillons beaucoup avec les cinq organisations nationales autochtones, entre autres l'Assemblée des Premières Nations et l'Association des femmes autochtones du Canada. L'objectif est de développer des outils qui pourront être utilisés à l'avenir, par exemple au chapitre de la formation pour les agents de la GRC. Cela dit, quand je travaille à quelque chose, j'aime le partager avec les autres corps policiers.
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Merci beaucoup de poser la question.
Je vais juste donner un aperçu des programmes de prévention du crime. À l'heure actuelle, nous avons environ 67 programmes déployés d'un bout à l'autre du pays. Parmi eux, il y en a deux qui visent précisément les jeunes enfants, les filles. Environ 27 programmes ciblent les Autochtones, et il y en a 21 ou 22 autres qui sont déployés dans les réserves. Ces programmes visent tant les hommes que les femmes, tant les garçons que les filles. Il y a différents modèles en place pour relever certains de ces défis. Il y a également différents groupes d'âge.
Je vais vous donner l'exemple d'un programme sexospécifique de prévention du crime, le programme SNAP, qui est déployé à Halifax. Il porte précisément sur les jeunes filles de six à douze ans, à peu près. Il tient compte de la spécificité des sexes et met surtout l'accent sur les problèmes propres aux jeunes filles, allant des agressions et de la faible estime de soi à l'automutilation et à la toxicomanie, même en si bas âge. Le modèle employé consiste à viser les comportements et les attitudes pendant et après l'exécution du programme. On tient également compte en même temps des compétences parentales. Les parents qui adhèrent au programme, habituellement des mères seules, participent également aux séances — mais dans des salles différentes — et apprennent ensemble comment gérer les comportements, être parents et faire face à certains de ces problèmes particuliers.
Parallèlement, à l'autre bout du pays, nous avons un programme de prévention du crime lié aux gangs. Une fois de plus, ce programme met l'accent sur les jeunes, tant les garçons que les filles. Les facteurs de risque et les facteurs de protection sont examinés pour déterminer comment ces jeunes finissent par commettre des actes de violence et se joindre à des gangs, et comment les sortir de cette situation.
Selon le modèle employé dans un programme de prévention du crime, et selon la question sur laquelle l'accent est mis, les mesures peuvent cibler précisément les femmes et les filles, les garçons, ou les deux.
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Je suis sûre qu'elles le sont, et je ne devrais pas dire que nous ne pouvons le leur demander, parce que nous le pouvons. C'est le plus loin que je peux me rendre. C'est une responsabilité très locale que seules les provinces assument. Si les provinces demandent qu'il se fasse de la recherche sur des questions et souhaitent avoir des conseils, nous sommes ravis de leur donner ce qu'elles veulent. C'est aussi un aspect un peu délicat de nos relations fédérales-provinciales, du point de vue des personnes auxquelles nous nous adressons. En ce moment, vous parlez d'éducation.
En ce qui concerne nos relations avec les provinces, nous avons un groupe de travail sur la prévention du crime. Les provinces sont à la table, et nous essayons d'intégrer nos initiatives de prévention du crime. Que font les provinces, que faisons-nous, et quels sont certains des problèmes? C'est à cette table que nous discutons. Il est très important que ceci fasse partie du programme scolaire. Si c'est inclus dans le programme scolaire, que fait chaque province? Nos partenaires autour de la table vont alors s'adresser à leurs collègues provinciaux — n'oubliez pas que nos partenaires sont aussi des partenaires de la sécurité publique. Ils peuvent rassembler l'information, revenir et en faire rapport à la table. Ils peuvent transmettre cette information à leurs partenaires du secteur de l'éducation dans leur province et dire: « Voici un problème, et il existe des outils de prévention du crime qui sont vraiment excellents. » Le programme SNAP, en fait, travaille avec le système d'éducation aussi, alors ils pourraient leur présenter le programme.
C'est de l'échange de renseignements, de pratiques exemplaires, et on encourage les provinces à partir avec cela. Cependant, nous n'avons pas de relations individuelles avec les ministères de l'Éducation des provinces.
Certaines des provinces font en fait du travail très intéressant auquel nous ne collaborons pas tellement, mais cela nous intéresse beaucoup. En Alberta, par exemple, ils ont des genres de plaques tournantes qui réunissent des éléments de tous les ministères provinciaux. Si une école remarque qu'un membre de la collectivité est souvent absent de l'école, les services sociaux pourraient dire que la famille de cette personne est sur la liste des familles à problèmes, ou la police pourrait dire à cette réunion que le frère aîné de cette personne a des problèmes avec la loi. Ils cernent le problème, discutent entre eux et déterminent alors le meilleur ministère ou la meilleure organisation pour intervenir et aider la personne. On pourrait estimer qu'il faut signaler à l'école la nécessité d'agir.
À l'échelle fédérale, nous travaillerions en collaboration, mais nous n'appellerions pas les gens qui préparent les programmes pour leur dire ce qu'ils doivent faire. Nous travaillons par l'intermédiaire de nos collègues provinciaux qui transmettent ensuite l'information et influencent les décisions.
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Je vous remercie de cette question.
J'ai quelques observations à faire en réponse à ce que vous avez dit.
Nous avons effectivement beaucoup de discussions sur les niveaux auxquels nous exerçons de l'influence et sur la façon de présenter cela à la base, quand les enfants sont très jeunes. Certaines écoles ont entrepris d'enseigner la courtoisie dans l'utilisation des ordinateurs, par exemple, parce que la plupart des écoles ont des ordinateurs et que les enfants utilisent la technologie. Les écoles intègrent donc dans leur programme l'enseignement des façons d'utiliser la technologie de façon convenable, entre autres. De nombreuses écoles ont maintenant des programmes de cheminement pour les enfants qui ont des comportements agressifs ou qui ont de la difficulté à s'intégrer dans la salle de classe. Il est vraiment important de reconnaître que de nombreux systèmes scolaires à l'échelle du pays commencent maintenant à mettre en place des initiatives comme celles dont vous parlez.
Notamment, en matière de prévention du crime, quand nous cherchons des programmes et des personnes qui pourraient soumettre des programmes, nous voulons qu'il y ait une collaboration avec l'école. Je vais vous donner l'exemple d'un programme que nous avons en ce moment.
C'est un programme à Vancouver qui s'appelle SACY et qui porte vraiment sur la violence faite aux femmes et aux filles. Il s'adresse aux jeunes de 12 à 17 ans. Je sais qu'il ne s'agit pas de jeunes enfants comme vous le disiez, mais c'est un exemple de la mesure dans laquelle les personnes sont tellement plus au fait de la nécessité d'intervenir, non seulement dans la collectivité ou au moyen d'un programme social, mais aussi dans le milieu scolaire. En réalité, nous voulons que ce soit les jeunes dans le système d'éducation. Ils passent beaucoup de temps dans ce système — du moins nous l'espérons — et il faut un lien. Il y a l'aspect du modèle de rôle, le sentiment de compétence et l'estime de soi, la réduction des comportements négatifs comme la cyberintimidation, et ainsi de suite.
Ce n'est qu'un exemple de programme qui s'adresse aux jeunes et qui comporte également un aspect récréatif. Il y a aussi un volet axé sur les conséquences, de sorte que les enfants de cet âge peuvent réellement reconnaître les conséquences de leurs actes.
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Je vous remercie de cette question.
Nous avons en fait deux programmes. Nous avons eu deux programmes, dont le programme Venture, qui est terminé. Il a été très bien reçu à La Loche.
Le programme se concentre sur deux grands éléments. L'un est dans une grande mesure une intervention en plein air — chasse, pêche, activités récréatives —, et les enfants collaborent avec les leaders de la collectivité. Le but est également d'établir des facteurs de résilience, ce qui signifie savoir se tenir loin des drogues, de diverses substances, et savoir gérer les problèmes à la maison, quand vous êtes 15 personnes sous le même toit et qu'il y a des conflits constants, sans aucun endroit où s'isoler.
Le programme a duré cinq ans et il était extrêmement populaire. La collectivité l'a très bien accueilli, parce qu'elle en a fait son programme. Les membres de la collectivité se sont investis dans le programme et y sont allés de leur leadership, et les effets ont été nettement positifs. Par exemple, plus de jeunes fréquentaient l'école secondaire qu'avant. L'absentéisme a diminué, de même que la violence au foyer, et plus de jeunes ont cherché des personnes qui pouvaient leur servir de modèle et passer du temps avec eux, dans la collectivité, alors qu'ils étaient loin de leurs familles.
J'ai oublié le nom du deuxième programme, mais je vais vous le faire parvenir. Nous avons un deuxième programme en ce moment...
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Nous offrons ce que nous appelons l'initiative de planification de la sécurité communautaire, dans le cadre de laquelle nous travaillons avec les communautés autochtones. Un des principaux défis de ces communautés, c'est la capacité d'accomplir le travail. Il faut leur enseigner beaucoup de choses avant même qu'elles puissent présenter une demande aux programmes.
Nous commençons par communiquer avec le maire de la communauté pour lui demander s'il voudrait nous aider à renforcer sa capacité à comprendre les risques et les forces de sa communauté, et comment il pourrait élaborer un plan pour la rendre plus sécuritaire.
L'objectif de cette initiative consistait en fait à éviter le meurtre et la disparition de femmes autochtones, et à rendre les communautés plus sécuritaires pour les femmes et les filles. Il est bénéfique pour elles de résider dans des communautés sécuritaires, mais nous ne pouvons intervenir auprès des femmes uniquement. Nous nous rendons donc dans les communautés après que le chef eût, grâce à son influence, constitué un groupe habituellement composé d'hommes et de femmes de la communauté, mais qui comprend souvent un plus grand nombre de femmes. Ils doivent être déterminés à agir. Nous engageons alors un facilitateur, avec lequel nous allons tout d'abord leur enseigner ce qu'il faut faire. Qu'y a-t-il à leur disposition dans la communauté? Quels sont leurs problèmes? Où se situent les principaux risques? Que pourrait faire la communauté pour améliorer la situation?
Nous y retournons une deuxième fois pour examiner un peu plus la situation et les aider à renforcer leur capacité. À la troisième visite, nous établissons un plan de sécurité communautaire, qui doit leur permettre de renforcer leur communauté et de déterminer les points à améliorer et les lacunes à corriger.
À cette étape, les gens sont en position de tirer des bénéfices de l'initiative, et les gouvernements provincial et fédéral sont mieux en mesure de cibler des programmes pour les aider. Ils peuvent maintenant comprendre où se situe le problème et pourraient, par exemple, décider de transformer un centre communautaire en centre de lutte contre la toxicomanie pour aider leurs jeunes. Nous pourrions également travailler avec nos collègues du ministère de la Santé pour leur signaler qu'une communauté est aux prises avec un grave problème et a besoin d'aide, et pour leur demander d'utiliser un programme. La communauté elle-même a une meilleure capacité de choisir les programmes, de faire de la sensibilisation et de voir les moyens dont elle dispose. Nous pouvons ainsi nous adresser aux provinces et aux territoires pour leur indiquer que nous avons un plan de sécurité communautaire et pour leur demander quelle aide ils peuvent apporter.
Il y a 80 communautés...