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Merci, madame la présidente. Bonjour.
Je suis très heureuse de comparaître aujourd'hui devant le Comité pour parler de la réponse du gouvernement du Canada à son quatrième rapport, déposé le 7 octobre. Ce rapport, rappelons-le, traitait de la mise en oeuvre de l'analyse comparative entre les sexes — ou, comme nous l'appelons affectueusement, l'ACS — au sein de l'administration fédérale.
Avant de commencer, j'aimerais vous présenter Lucie Desforges, notre nouvelle directrice générale du Programme de promotion de la femme. C'est un grand plaisir de l'avoir avec nous. Bien entendu, nous avons aussi Justine Akman, qui est directrice générale des politiques.
[Français]
Permettez-moi de remercier le Comité permanent de la condition féminine, qui a étudié avec grand soin cette question prioritaire. J'aimerais aussi remercier tous les témoins qui ont pris le temps de présenter des mémoires et de comparaître devant le Comité.
[Traduction]
Le gouvernement fédéral voit l'analyse comparative entre les sexes comme un outil crucial pour l'avancement de l'égalité entre les sexes au Canada. En effet, l'ACS permet au gouvernement de prendre des décisions en pleine connaissance de cause, parce qu'elle l'aide à mesurer pleinement les effets de ses lois, politiques et programmes sur les femmes et sur les hommes d'horizons divers.
[Français]
Ma lettre de mandat fait état de l'engagement du gouvernement envers l'égalité, y compris l'utilisation de l'analyse comparative entre les sexes, ou l'ACS. Le gouvernement a confirmé cet engagement quand il a adopté le Budget de 2016.
En effet, celui-ci attribue de nouveaux fonds à Condition féminine Canada pour permettre à l'organisme de mieux soutenir la mise en oeuvre de l'ACS à l'échelle de la fonction publique.
[Traduction]
Dans sa réponse à votre rapport, le gouvernement souligne sa ferme intention d'améliorer l'utilisation de l'ACS. Il épouse parfaitement les intentions générales à la base des recommandations du Comité et signale les domaines où notre action pourrait être intensifiée, de même que ceux demandant une réflexion plus poussée.
Le 1er novembre 2016, le a indiqué que, pour que le gouvernement du Canada continue de produire des changements significatifs pour la population canadienne dans son ensemble, il soumettra le budget de 2017 et tous les budgets ultérieurs à une analyse plus rigoureuse. C'est-à-dire que les mesures budgétaires feront l'objet d'une analyse comparative entre les sexes et que les résultats de cette analyse seront rendus publics.
[Français]
Cette mesure concrète témoigne de la volonté du gouvernement de mettre à profit l'ACS pour faire avancer l'égalité entre les sexes.
[Traduction]
Le Comité n'est pas sans savoir qu'au printemps dernier, nous avons publié un plan d'action quadriennal sur l'ACS allant de 2016 à 2020. Ce plan d'action fait état des mesures que prendra le gouvernement du Canada — par l'entremise de Condition féminine Canada, du Bureau du Conseil privé et du Secrétariat du Conseil du Trésor — pour renforcer la mise en oeuvre de l'ACS et responsabiliser tous les ministères à cet égard. Ce plan cherche à combler les lacunes signalées par le vérificateur général dans son rapport de l'automne 2015. La majorité des recommandations formulées par le Comité correspondent aux grandes lignes du Plan d'action, ce que j'ai été heureuse de constater. En effet, cela me confirme que nous sommes sur la bonne voie, que nos priorités et nos activités sont pertinentes.
[Français]
Aujourd'hui, j'aimerais faire le point sur les progrès accomplis au cours des derniers mois.
[Traduction]
Bien entendu, il est essentiel de dispenser une formation de base sur l'ACS. Nous sommes bien d'accord sur ce point. Le cours en ligne Introduction à l'ACS+ de Condition féminine Canada est offert gratuitement aux fonctionnaires et au grand public. D'ailleurs, je vous félicite tous de l'avoir suivi. Il jette les bases d'une compréhension commune des concepts et des étapes clés de l'ACS.
Le Comité a souligné l'importance d'étendre la formation au personnel de la Chambre des communes et du Sénat. En mai, dans le cadre de la Semaine de sensibilisation à l'ACS, j'ai mis mes collègues au défi de suivre ce cours en ligne. Résultat : 588 parlementaires et membres de leur personnel l'ont fait. J'ai en outre communiqué avec le leader du gouvernement à la Chambre et le représentant du gouvernement au Sénat pour discuter de la formation obligatoire des parlementaires et de leurs effectifs.
Un nombre croissant de ministères rendent le cours en ligne obligatoire pour une partie ou pour la totalité de leur personnel. À ce jour, environ 29 000 fonctionnaires l'ont terminé et réussi. Les hommes et les femmes des Forces armées canadiennes et du ministère de la Défense nationale comptent pour 18 000 d'entre eux. Le chef d'état-major de la Défense a pris l'engagement d'intégrer les considérations de genre à la planification des opérations, objectif que le cours en ligne l'aide à atteindre.
[Français]
Condition féminine Canada aide aussi le ministère de la Défense nationale à concevoir une formation adaptée aux particularités du secteur de la défense.
[Traduction]
Cela est conforme à l'orientation stratégique globale du Plan d'action, qui prévoit élargir la formation à l'aide d'une approche par « grappes ». On entend par là que les ministères qui remplissent des mandats apparentés sont mis à contribution pour concevoir des cours avancés sur l'ACS et des études de cas adaptées à leurs domaines d'activité. Condition féminine Canada a tenté cette approche avec les ministères qui oeuvrent en sciences, en économie et en recherche. Cela a donné d'excellents résultats. En ce moment, des modules de formation sont en préparation avec sept organismes du secteur de la sécurité publique et de la défense. Nous comptons bien étendre cette approche au cours des prochaines années.
Mon organisme est également en train de revoir le contenu du cours en ligne à la lumière des commentaires des participantes et participants. Au début de l'année 2017, nous reverrons le cours en profondeur, notamment pour raffiner certaines définitions et intégrer de nouveaux éléments de contenu, par exemple sur les identités qui se fondent sur une conception non binaire du genre.
[Français]
Dans ses recommandations, le Comité insiste également sur la nécessité de rendre obligatoire la formation en analyse comparative entre les sexes, soit l'ACS.
Je partage entièrement cet avis. L'ACS doit être obligatoire.
[Traduction]
Comme l'a noté le gouvernement dans sa réponse, l'ACS est maintenant un aspect obligatoire du nouveau gabarit d'élaboration de propositions destinées au Cabinet, notamment les mémoires au Cabinet et les présentations au Conseil du Trésor. Le ministère des Finances exige également que les initiatives qui lui sont proposées dans le cadre de la préparation du budget soient soumises à l'ACS. Il s'est de plus engagé à soumettre le budget à une ACS et à en publier les résultats.
Quand un dossier fait l'objet de discussions au Cabinet, le s'attend à ce que l'on ait bien considéré les répercussions éventuelles sur les femmes comme sur les hommes et à ce que l'on propose des stratégies d'atténuation lorsqu'il y a lieu. J'ai maintes fois insisté au Cabinet pour que l'on pose délibérément ces questions, que l'on prenne le temps d'examiner nos suppositions et qu'on avance des stratégies pour parer aux conséquences indésirables, soient-elles prévues ou imprévues.
De ce fait, bon nombre de ministères demandent l'aide de Condition féminine Canada pour résolument intégrer l'ACS à leurs pratiques. Nous avons par exemple offert notre aide dans le cadre de la Stratégie d'innovation, de l'examen de la politique de défense, de la Stratégie nationale sur le logement, des propositions liées au Programme d'apprentissage et à d'autres programmes d'emploi.
[Français]
Depuis un an, mon organisme est de plus en plus sollicité au sujet de I'ACS. Condition féminine Canada travaille avec ses partenaires en vue de créer des mécanismes pour surveiller plus étroitement les progrès de la fonction publique dans la mise en oeuvre de l'ACS.
[Traduction]
Cet été, nous avons procédé à une enquête auprès des sous-ministres afin de recueillir des données sur la capacité de leur organisation en la matière ainsi que des détails sur l'application de l'ACS à des initiatives précises. Nous réaliserons cette enquête chaque année afin de suivre les progrès. Au cours des prochains mois, nous allons suivre de près les effets combinés de plusieurs mesures : la formation accrue des fonctionnaires; les nouvelles exigences relatives aux mémoires au Cabinet; et le redoublement des efforts déployés par Condition féminine Canada pour soutenir l'application de l'ACS à diverses initiatives. Nous allons surveiller de près la mise en oeuvre du Plan d'action et les effets de ces mesures renforcées sur la rigueur et la qualité de l'ACS.
[Français]
Entretemps, nous allons continuer de chercher d'autres moyens d'améliorer le suivi, la surveillance et la responsabilisation en matière d'ACS. Pour ce faire, nous allons notamment examiner la possibilité de légiférer à cet égard et nous vous ferons part des résultats de notre réflexion d'ici le 31 mars 2018.
Enfin, avant d'aborder le Budget supplémentaire des dépenses (B), j'aimerais remercier à nouveau les membres du Comité pour ce rapport qui témoigne d'un travail réfléchi. Ce travail a grandement contribué à faire avancer cette priorité. Je suis ravie à l'idée de travailler encore avec vous pour honorer les engagements du gouvernement en matière d'ACS.
[Traduction]
J'aimerais maintenant parler des crédits alloués à Condition féminine Canada dans le budget de 2016. Ces crédits représentent un nouvel investissement total de 23,3 millions de dollars sur cinq ans, soit 4,2 millions de dollars la première année et 4,8 millions de dollars annuellement par la suite. Le Budget supplémentaire des dépenses (B) confirme le financement de 4,2 millions de dollars approuvé par le Conseil du Trésor le 16 octobre 2016. Ces fonds serviront à accroître les capacités de Condition féminine Canada. Ces nouveaux fonds servent à atteindre un certain nombre d'objectifs, dont celui que j'ai décrit tout à l'heure, à savoir le fait de veiller à ce que l'analyse comparative entre les sexes soit appliquée de façon plus systématique dans l'ensemble du gouvernement fédéral.
En outre, nous sommes en train d'améliorer les capacités de recherche et d'évaluation de notre organisme. Par exemple, nous avons récemment mené des sondages en ligne sur la stratégie fédérale contre la violence fondée sur le sexe. À l'aide d'un court questionnaire sur la violence fondée sur le sexe, nous avons recueilli l'opinion d'un éventail de parties concernées — expertes et experts, prestataires de services et personnes intervenant en première ligne — sur les défis et les priorités actuels.
Nous avons également commandé un certain nombre d'études et organisé une table ronde de deux jours avec des expertes et des experts en prévention de la violence faite aux femmes et aux filles.
L'augmentation de notre capacité de recherche témoigne de la volonté du gouvernement fédéral d'écouter la population canadienne et de faire reposer la conception de ses politiques, programmes et lois sur des faits probants. Au cours des derniers mois, nous avons commencé à étendre la présence de Condition féminine Canada en région. Nous voulons ainsi pouvoir échanger plus directement avec les organismes locaux, les groupes communautaires et d'autres ministères fédéraux, ainsi qu'avec les gouvernements provinciaux et territoriaux.
[Français]
Pour consolider la présence de Condition féminine Canada dans l'ensemble des provinces et des territoires, nous avons ouvert un bureau permanent à Toronto ainsi qu'à Vancouver. Notre organisme est également présent à temps partiel dans neuf autres endroits au Canada.
[Traduction]
Cette présence régionale accrue nous aidera à mieux tirer parti des investissements de notre organisme, car nous pourrons travailler en collaboration étroite avec nos partenaires régionaux et locaux.
Je répondrai maintenant avec plaisir à vos questions, que ce soit au sujet de la réponse du gouvernement à votre rapport ou du Budget supplémentaire des dépenses (B).
Merci.
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Je sais que le Comité a entendu parler de l'obligation d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada de rendre de comptes sur l'ACS dans son rapport annuel au Parlement sur les niveaux d'immigration.
Ce que nous observons dans ces analyses comparatives entre les sexes, c'est que les gens du ministère sont très efficaces pour ce qui est de ventiler les données, mais qu'ils ne passent pas nécessairement à la prochaine étape, c'est-à-dire de se demander ce qu'ils devraient faire à la lumière de ce qu'ils savent. Cela nous ramène, encore une fois, à l'importance d'une transformation culturelle.
Je ne veux pas que les ministères se contentent de dire : « Eh bien, cela va affecter tel groupe de femmes d'une telle façon, et celui-ci d'une autre façon », ou « Nous savons que 36 % des femmes seront dans cette situation et que 42 % des hommes le seront aussi ». Certes, il est important d'obtenir les données, c'est une mesure fantastique, mais nous voulons en fait que les résultats de l'ACS servent à quelque chose. Nous voulons que les gens envisagent leurs décisions sous l'angle de la sexospécificité. Nous voulons qu'ils rendent des comptes non seulement sur la nature des répercussions, mais aussi sur les stratégies d'atténuation adoptées. Autrement dit, vont-ils changer leurs politiques?
Pour arriver à ce résultat, comme je l'ai déjà dit, il faut que la culture de l'organisation change. Nous essayons, par exemple, de travailler avec les ministères à l'intégration de l'ACS au stade de la conceptualisation des programmes, politiques et approches, car, de fait, lorsqu'on ne s'en préoccupe qu'à la fin, bien franchement, il est trop tard, et les répercussions sur les femmes sont parfois inévitables à ce stade.
Par conséquent, nous voulons voir les ministères évoluer progressivement vers une analyse comparative entre les sexes intégrée à l'étape de la conceptualisation. C'est pourquoi...
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Il se pourrait que j'invite de nouveau ma collègue Nanci-Jean Waugh à répondre, mais je vais m'efforcer de donner au moins un début de réponse.
En ce qui concerne les entrepreneures, le programme comprenait trois volets. On a effectué des missions commerciales. Il y a eu la campagne de mentorat « Mon expérience, sa réussite », et une plateforme a été créée en ligne, pour laquelle nous poursuivons les travaux.
Condition féminine Canada et la ministre examinent l'entrepreneuriat et les femmes dans le milieu des affaires sous un nouvel éclairage et selon de nouvelles priorités gouvernementales liées à l'innovation, à l'approvisionnement, à la diversité des fournisseurs, et ainsi de suite. Nous en sommes encore vraiment à l'étape d'évaluer la direction à prendre avec tous ces travaux. Nous collaborons très étroitement avec les ministères à vocation économique, y compris Affaires mondiales, Commerce international et Innovation, Sciences et Développement économique, en ce qui concerne les entrepreneures et, de façon plus globale, l'apport des femmes à l'économie dans le but d'aider les femmes à faire partie de la classe moyenne et, bien entendu, à y demeurer et à y contribuer, ainsi qu'à accéder à des postes de direction.
On a réalisé une analyse de rentabilisation concernant le programme favorisant la présence de femmes aux conseils d'administration, et je vais peut-être demander à Nanci-Jean de parler de l'historique de ce programme.
Comme vous le savez, le gouvernement actuel a pris des engagements dans le cadre des nominations par décret concernant la présence des femmes dans les postes de pouvoir. De plus, notre Programme de promotion de la femme, dont Lucie est la directrice générale, est actuellement axé sur le leadership. Cela aidera vraiment à soutenir l'accroissement du nombre de femmes occupant un poste de direction au pays.
Nanci-Jean, je ne sais pas si vous souhaitez ajouter quelque chose concernant l'initiative sur les femmes aux conseils d'administration mise en oeuvre pendant que le gouvernement précédent était au pouvoir.