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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à tous à la réunion numéro 12 du Comité permanent de la santé.
Conformément aux ordres de renvoi du mardi 24 mars et du samedi 11 avril, le Comité se réunit pour entendre des témoignages concernant la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19.
La réunion d’aujourd’hui se déroule entièrement par vidéoconférence et elle sera diffusée sur le site Web de la Chambre des communes. Comme la dernière fois, la webémission montrera toujours la personne qui parle plutôt que l’ensemble du Comité.
Afin de faciliter notre travail et celui des interprètes et d’assurer la bonne tenue de la réunion, je vais énoncer quelques règles à suivre.
Premièrement, l’interprétation de cette vidéoconférence sera très semblable à celle qui se fait dans le cadre d’une réunion normale. Vous avez le choix en bas de votre écran entre la transmission du parquet ou les versions anglaise ou française. Avant de parler, prière d’attendre que je mentionne votre nom. Lorsque vous êtes prêt à prendre la parole, vous pouvez soit cliquer sur l’icône du microphone pour activer votre micro soit garder le doigt sur la barre d’espacement lorsque vous parlez. Lorsque vous relâchez la barre, votre micro se fermera comme s’il s’agissait d’un talkie-walkie.
Je tiens aussi à vous rappeler que tous les membres et les témoins devraient transmettre leurs commentaires par l’intermédiaire du président. Les membres qui ont besoin de demander la parole alors que ce n’est pas à leur tour de poser des questions doivent activer leur micro et déclarer qu’ils invoquent le Règlement.
Si un membre souhaite intervenir en réponse à un rappel au Règlement soulevé par un autre membre, il devrait utiliser la fonction « lever la main ». Ce faisant, il signalera au président qu’il désire prendre la parole. Pour ce faire, prière de cliquer sur « participants » au bas de l’écran. Lorsque la liste apparaît, vous verrez à côté de votre nom que vous pouvez cliquer sur la mention « lever la main ». Parlez lentement et clairement, et assurez-vous que votre micro est éteint lorsque vous ne parlez pas.
Je vous encourage fortement à utiliser un casque d’écoute. Si votre casque est muni d’un micro pendant, assurez-vous qu’il ne frotte pas contre votre chemise pendant votre temps de parole.
En cas de difficultés techniques, par exemple si vous avez du mal à entendre l’interprétation ou vous êtes déconnectés par accident, prière d’en informer immédiatement le président ou la greffière et l’équipe technique tâchera de régler le problème. Veuillez noter que nous devrons peut-être suspendre les travaux à ce moment-là pour nous assurer que tous les membres puissent participer pleinement.
Avant de commencer, est-ce que toutes les personnes qui utilisent un PC pourraient cliquer sur le côté droit supérieur de leur écran pour s’assurer qu’ils ont une vue d’ensemble? De cette façon, vous devriez être en mesure de voir tous les participants dans une grille. Ainsi, tous les participants à la vidéoconférence pourront se voir.
Pendant cette réunion, nous allons appliquer aux remarques liminaires et à la période des questions les mêmes règles que dans le cadre des réunions normales. Chaque témoin aura 10 minutes pour prononcer ses remarques liminaires avant de répondre aux questions. Nous nous sommes entendus entre tous les partis pour procéder à trois séries de questions.
Nous allons commencer par M. Attaran, qui témoignera à titre personnel. Il est professeur à la faculté de droit de l’Université d’Ottawa.
Monsieur Attaran, je constate que vous nous avez soumis un mémoire. Malheureusement, nous ne pouvons pas le distribuer avant qu’il soit traduit. Il a été envoyé à la traduction et sera remis au Comité dès qu’il nous reviendra.
Vous avez 10 minutes pour prononcer vos remarques liminaires.
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Bonjour, mesdames et messieurs.
Je suis honoré d’avoir reçu votre invitation. Merci.
Comme vous, je suis un Canadien qui souhaite que notre pays se sorte de la situation causée par la pandémie de COVID-19. J’aborde la question dans l’optique d’un professeur à la fois de santé publique et de droit à l’Université d’Ottawa. J’ai étudié les sciences, dont récemment l’immunologie, à Berkeley, Caltech et Oxford, et le droit à l’Université de la Colombie-Britannique. Ensuite, j’ai enseigné la santé publique et les questions de gouvernement à Harvard et à Yale, et j’ai travaillé à des projets de santé mondiale avec diverses ONG, l’Organisation mondiale de la Santé, des gouvernements ainsi que des entreprises. En tant que communicateur scientifique, j’ai fait partie de l’équipe éditoriale du Journal de l’Association médicale canadienne et du Lancet.
Cependant, aujourd’hui, je témoigne à titre personnel. Contrairement à certains de vos autres témoins, seule l’université paie mon salaire, je n’ai donc aucun conflit d’intérêts à déclarer.
Je suis ici aujourd’hui parce que je veux expliquer, scientifiquement, comment sortir le Canada du tunnel sombre dans lequel nous nous trouvons. Il y a de la lumière au bout de ce tunnel, mais la question de savoir si nous y arriverons rapidement ou lentement, en toute sécurité ou dangereusement, dépendra des choix du gouvernement et de la surveillance du Parlement. Comme une grande partie de ce que je dis a été publiée dans le magazine Maclean’s il y a trois semaines — vous avez une copie de mon article — il n’est pas nécessaire de prendre des notes sur mon petit exposé ennuyeux.
Analysons la situation en deux parties. Tout d’abord, parlons de ce que les gouvernements peuvent faire de bien pour sauver des vies et secourir nos familles et nos entreprises; et ensuite, parlons de ce que les gouvernements ont fait de mal avant d’arriver à cette pandémie.
À l’heure actuelle, la plupart des provinces sont à la crête de la première vague d’infections ou s’en approchent. Heureusement, il ne s’agit pas d’un raz-de-marée, car l’auto-isolement, la quarantaine et la « distanciation sociale » ont tous fonctionné et ont brisé temporairement la chaîne d’infection.
Toutefois, je dois souligner que survivre à cette première vague n’est pas une victoire. La distanciation sociale nous a permis de gagner du temps, mais elle ne résout pas le problème. Il y a une fin de partie qui nous attend, qui prendra plus d’un an. Pourquoi? C’est parce que la plupart d’entre nous n’ont pas encore rencontré le SRAS-CoV-2, qui est le virus à l’origine de la COVID-19, si bien que nous n’avons pas combattu le virus et développé une immunité contre celui-ci.
Si vous retournez un mois en arrière, les Canadiens se sont isolés parce que la plupart d’entre eux n’avaient pas d’immunité, et l’isolement était la seule façon d’éviter d’être terrassé par une catastrophe. Depuis lors, les Canadiens isolés ont beaucoup bu de bière et regardé de télévision, mais le fait de rester assis sur nos derrières, comme nous l’avons fait, ne nous a pas immunisés par magie. Netflix ne constitue pas un vaccin, et nous sommes tout aussi immunologiquement sensibles qu’avant, ce qui signifie que si l’isolement prend fin pour tout le monde en même temps, nous retournerons immédiatement au même point infernal que nous venons d’esquiver.
On ne doit pas terminer la partie en relâchant l’auto-isolement de chacun en même temps, mais plutôt par étapes minutieuses et scientifiquement adaptées. Il n’y a pas d’autre moyen — aucun — de rouvrir le Canada. Ce que je veux dire, c’est qu’au lieu d’ « aplatir la courbe », métaphore trompeuse et scientifiquement erronée qui ne devrait pas être utilisée, l’objectif final est d’étirer et de découper la courbe géante d’infections en une série chronologique de petites courbes mesurées et scientifiquement planifiées. Pour utiliser une analogie, imaginez un feu de forêt géant qui ravage toute une forêt. Au lieu de cela, imaginez que vous demandiez au chef des pompiers d’allumer des feux plus petits et contrôlés sur une période de temps. La forêt brûle toujours, mais les dégâts sont moindres. L’étirement et le découpage de la courbe épidémiologique en petites courbes contrôlées sont comme cet incendie contrôlé.
Entre les mains d’un chef de la santé publique bien informé, l’échelonnement de ces petites courbes de maladie n’empêche pas les gens de contracter la COVID. Il permet cependant de la gérer et de réduire le nombre de personnes qui en meurent. À moins de disposer d’un vaccin, ce qui est absolument impensable en 2020, les petites courbes progressives ne sont pas seulement le mieux que nous puissions faire, mais bien notre seule option.
Cela m’amène maintenant à parler de mon insatisfaction et à demander l’aide du Parlement.
À l’heure actuelle, les gouvernements fédéral et provinciaux sont en train de bâcler cette fin de partie. À ce jour, ni la ni la Dre Tam n’ont présenté de plan concret pour échelonner les petites courbes, et il nous en faut un maintenant. Pire encore, elles cachent des données et empêchent les scientifiques extérieurs de résoudre le problème.
J’insiste sur ce point auprès de vous: il est impossible pour les scientifiques, qu’ils soient ou non au gouvernement, de planifier au mieux ces petites courbes sans une excellente surveillance des maladies, le partage des données et la modélisation épidémiologique. Les prochaines étapes de la réouverture de la société canadienne, que nous souhaitons tous, par petites courbes doivent être planifiées minutieusement ou nous tuerons accidentellement des gens. Ensuite, une fois que chaque petite courbe sera lancée, les responsables locaux de la santé publique du monde entier devront procéder à un plus grand nombre de tests de dépistage, plus rapidement qu’ils ne l’ont fait, afin de détecter et d’éliminer les petites éclosions avant qu’elles n’explosent.
Cependant, dans tous ces domaines — ceux des tests, des données épidémiologiques et de la modélisation — les résultats du Canada sont assez épouvantables, comparés à ceux de chefs de file comme Hong Kong, la Norvège, la Corée du Sud ou la Suisse.
Laissez-moi vous expliquer. Les scientifiques ont besoin de données transparentes sur la maladie dans chaque province pour pouvoir établir des modèles et des prévisions mathématiquement et médicalement précis. Nous n’en sommes pas là, car les provinces détiennent les données, qu’elles ne sont pas tenues de partager avec l’Agence de la santé publique du Canada. Elles n’ont aucune obligation légale de le faire. Ensuite, de façon encore plus insensée, l’Agence de la santé publique du Canada censure les données avant de les divulguer aux scientifiques, probablement pour éviter de mettre certaines provinces dans l’embarras.
Il en résulte que les scientifiques, aussi bien au sein du gouvernement qu’à l’extérieur, disposent d’un tableau incomplet des données avec lesquelles travailler, et qu’avec un œil crevé, ils ne peuvent pas produire les meilleures prévisions épidémiologiques possible, si bien que le Canada se retrouve dans cette situation sans y être adéquatement préparé. Tout comme les agriculteurs ont besoin de prévisions météorologiques précises pour les semences, nous avons besoin de prévisions épidémiologiques précises dans ce domaine, sinon les gens mourront inutilement et l’économie souffrira sans raison.
C’est probablement en raison de ces défaillances dans le partage des données que l’Agence de la santé publique du Canada a du mal à modéliser l’épidémie. La semaine dernière, la Dre Tam a présenté une petite partie de la stratégie de l’Agence mais, franchement, elle était incomplète, elle contenait des erreurs et elle était largement non scientifique. C’est ce qui a poussé certains d’entre nous des universités de Berkeley, de Londres, de San Francisco et d’Ottawa à publier notre propre modèle ce matin. J’aurais aimé qu’il vous soit communiqué. Apparemment, il ne peut pas l’être, sinon, je serais en mesure de vous présenter certains des résultats, certaines des principales conclusions. Il s’agit du premier modèle épidémiologique pour tout le Canada au cours de l’année à venir.
En fin de compte, l’existence de ces lacunes sur le plan du partage des données constitue un véritable problème. En 1999, 2002 et 2008, le Parlement a entendu le vérificateur général parler de l’incapacité du gouvernement à se préparer aux urgences sanitaires. Le vérificateur général a mis le doigt sur le problème du partage des données à trois reprises. Puis, en 2003, le Canada a été durement touché par le SRAS, et le gouvernement fédéral a réalisé une étude sur les « leçons apprises », qui recommandait au Parlement de promulguer une loi sur le partage des données entre les échelons fédéral et provincial, ce qu’il n’a pas fait. Cinq ans plus tard, d’une seule voix, les rédacteurs en chef du Journal de l’Association médicale canadienne ont de nouveau réclamé à grands cris que le Parlement adopte une loi sur le partage ouvert des données. Il n’a pas tenu compte de cette demande.
Maintenant, mesdames et messieurs, je vous implore d’agir. Adoptez sans tarder une loi sur les règles de partage des données pour que nous puissions élaborer les meilleurs modèles et fournir les meilleures prévisions et ainsi prévenir des pertes de vies humaines. Pendant que vous y êtes, fixez des normes nationales minimales concernant la façon dont Ottawa et les provinces se préparent à des pandémies et les mesures qu’ils prennent durant celles-ci. Sur le plan constitutionnel, la santé est une compétence partagée, qu’il s’agisse du pouvoir du gouvernement d’adopter des mesures législatives d’urgence ou d’imposer des quarantaines en application du paragraphe 91(11) de la Loi constitutionnelle.
Intervenez au titre d'un projet de loi d'initiative parlementaire. Renversez les ordres de renvoi si vous le devez, mais n'attendez pas que le gouvernement agisse. Le ne le fera pas. Regardez les lettres de mandat qu'il a confiées à ses ministres de la santé, , et maintenant . Aucune de ces lettres ne fait la moindre mention des pandémies.
Je suis insatisfait de , car malgré maints avertissements, la préparation aux pandémies ne figurait même pas parmi les priorités de dernier ordre de ses ministres. Si vous vous demandez pourquoi on n'a pas pris certaines mesures simples, comme le stockage de masques N95 à l'intention du personnel infirmier et des médecins, c'est parce que la préparation aux pandémies n'a jamais constitué une priorité pour le Canada. Il incombe donc maintenant à la Chambre de faire mieux.
Je suis disposé à aider la Chambre de quelque manière que ce soit afin d'atteindre la lumière au bout du tunnel, mais permettez-moi d'être limpide: c'est parce qu'il était mal préparé que le Canada est dans le pétrin. Le virus est l'agent biologique de la pandémie, mais c'est l'incapacité du gouvernement qui est à l'origine de nos difficultés. À mon avis, ce sont les bureaucrates et non les scientifiques qui sont la cause de la pandémie, car le gouvernement a fait fi des avertissements et les lois sont vraiment mal faites.
La sortie de crise est maintenant imminente, et c'est en observant les efforts du Parlement que les historiens décideront si le Canada a fait tout ce qu'il pouvait pour lutter contre la pandémie et se préparer pour la prochaine, car oui, il y aura une autre pandémie. Les scientifiques peuvent vous fournir des prévisions assez décentes à ce sujet. Disons simplement que la COVID-19 n'a pas frappé particulièrement fort et que nous nous attendions à bien pire.
Je vous remercie de votre attention et pardonnez-moi si j'ai été extrêmement direct.
C'est avec grand plaisir que je répondrai à vos questions ou peut-être vos attaques incendiaires.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie de m'offrir l'occasion de témoigner et de m'avoir invité à parler de l'importance de la recherche et du rôle central des Instituts de recherche en santé du Canada, ou IRSC, contre la COVID-19.
Avant toute chose, je veux exprimer ma grande admiration et ma sincère gratitude aux professionnels de la santé et aux travailleurs de première ligne et des services essentiels qui veillent sans relâche à la santé, à la sécurité et au bien-être des Canadiens et des Canadiennes. J'inclus dans ce nombre beaucoup d'employés qui travaillent avec mes collègues du gouvernement fédéral qui sont avec moi aujourd'hui. Je veux aussi saluer le travail acharné du milieu de la recherche canadien jusqu'à maintenant.
Je suis fier de dire que nos chercheurs figurent parmi les meilleurs au monde et que, jusqu'ici, ils ont été essentiels à la coordination de l'intervention de recherche mondiale et nationale sur la COVID-19. Alors, je suis ravi d'être ici aujourd'hui pour fournir au Comité des renseignements sur la recherche qui s'effectue actuellement, au pays et à l'étranger, au sujet de la COVID-19. Je profiterai aussi de l'occasion pour souligner des initiatives de recherche que les IRSC ont mises en place rapidement pour lutter contre la pandémie.
Mais auparavant, reconnaissant que, dans les circonstances actuelles, la clé du succès réside notamment dans une démarche collective et collaborative, je veux rappeler que les IRSC continuent de lutter contre la COVID-19 en étroite collaboration avec de nombreux partenaires fédéraux, comme l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique, le Conseil national de recherches du Canada et de nombreux autres organismes.
Les IRSC travaillent aussi de concert avec des partenaires internationaux, comme l'Organisation mondiale de la Santé, ainsi qu'avec la Global Research Collaboration for Infectious Disease Preparedness, aussi appelée GloPID-R, une coalition de 29 pays qui vise à établir un plan mondial de recherche et d'innovation et à déterminer comment les chercheurs canadiens peuvent contribuer au travail de recherche mondial. Je tiens à souligner la présence du Canada à la vice-présidence de la GloPID-R, en la personne d'une directrice scientifique des IRSC. Notre leadership scientifique est donc de la partie depuis le tout début, et nous demeurons un pivot indispensable facilitant la collaboration dynamique requise entre de nombreux acteurs d'ici et d'ailleurs.
Sachez aussi que pour assurer l'échange rapide et ouvert des données de recherche afin d'éclairer les interventions en santé publique et de contribuer à sauver des vies, les IRSC ont récemment signé une déclaration commune avec 67 autres organismes de financement de la recherche des quatre coins du monde, par laquelle ils s'engagent à mettre en commun leurs données et leurs conclusions de recherche liées à l'éclosion de COVID-19. Les IRSC soutiennent aussi l'appel des conseillers scientifiques en chef du monde entier pour l'accès public aux fruits de la recherche, comme les données et les publications, qui peuvent contribuer à l'intervention d'urgence mondiale. Ainsi, début février, notre organisation a vite mobilisé le milieu de la recherche pour coordonner une intervention de recherche rapide contre la COVID-19.
En quelques semaines à peine, les IRSC ont pu sélectionner, par un rigoureux processus d'évaluation par les pairs, les projets de recherche de la plus grande qualité scientifique qui nous aideront à mieux comprendre les mécanismes biologiques et la transmission du virus, ainsi qu'à combattre ce dernier. Grâce aux partenaires de recherche fédéraux et au soutien des provinces, nous avons pu investir 54,2 millions de dollars dans 99 projets sur la COVID-19. Cet investissement s'inscrit dans le Plan canadien de mobilisation des sciences pour lutter contre la COVID-19 annoncé par le le 23 mars, et contribuera dans une large mesure à l'intervention du gouvernement du Canada dans la lutte contre la pandémie. Grâce à ce financement, les chercheurs de 36 établissements au pays s'empressent de concevoir et d'évaluer de nouveaux vaccins, traitements et outils diagnostiques, et d'établir des stratégies de santé publique pour combattre la mésinformation, la stigmatisation et l'anxiété.
Je tiens à signaler que bon nombre de ces projets font appel à la collaboration internationale et à des partenariats avec des ministères et l'industrie. De plus, beaucoup peuvent déjà diffuser leurs données en temps réel. La recherche peut donc se traduire plus rapidement en démarches de prévention, de détection et de prise en charge clinique, ainsi qu'en mesures stratégiques relatives à la COVID-19, à l'intérieur et dans l'ensemble des administrations au Canada et à l'étranger.
Peut-être me permettrez-vous de vous donner quelques exemples de projets importants financés grâce à cette initiative. Le premier porte sur la recherche de vaccins, dont il a brièvement été question il y a quelques instants. Le Dr Darryl Falzarano, de l'Université de la Saskatchewan, se sert de modèles animaux pour comprendre comment le SRAS-CoV-2 nous rend malades, afin de déterminer s'il est possible de mettre au point des vaccins qui nous en protégeraient et d'étudier la transmission du virus. Ce sont là des questions déterminantes à résoudre quand un nouveau pathogène comme celui-ci fait son apparition. Étant donné qu'un vaccin inadéquat ou l'exposition antérieure à des pathogènes semblables pourrait aggraver la maladie, l'équipe du projet s'intéresse aussi à l'utilisation des modèles animaux pour évaluer ces risques et assurer l'innocuité des vaccins avant de passer à la phase des essais cliniques chez l'humain.
Grâce au travail mené par le Dr Srinivas Murthy à l’Université de la Colombie-Britannique, le Canada participe en ce moment à l’essai Solidarity de l’Organisation mondiale de la Santé. Le Dr Murthy dirige cet essai clinique randomisé dans plus de 50 hôpitaux du pays pour étudier, chez les patients hospitalisés en raison de la COVID-19, l’efficacité potentielle de la combinaison de certains médicaments déjà connus. Le projet contribue donc au travail de recherche mondial sur l’efficacité de traitements médicamenteux potentiels contre cette maladie.
Cette initiative nous permet également de financer la recherche sur les diagnostics au point de traitement. Par exemple, le Dr Denis Boudreau, de l’Université Laval, s'emploie à mettre au point un test de diagnostic de la COVID-19 portatif qui permettrait aux travailleurs de première ligne de savoir rapidement si un patient est atteint. Ce test serait offert sous la forme d’un dispositif facile à utiliser sans une formation préalable, pour que l’analyse puisse se faire sur place, dans les centres de santé et les cliniques de quartier temporaires des régions en quarantaine, ce qui réduirait les déplacements dans les centres urbains.
Sachez que nous finançons aussi de la recherche sur les comportements sociaux, les messages de santé publique et les stratégies de prise en charge clinique. Par exemple, le Dr Patrick Neumann, de l’Université Ryerson, étudiera l’incidence des protocoles de prévention des infections sur le personnel infirmier pour déterminer comment mettre en place ce type de mesures tout en continuant de prodiguer des soins de haute qualité et de protéger à la fois les patients et le personnel infirmier.
Enfin, le Dr Tim Caulfield, de l’Université de l’Alberta, cherche à comprendre la propagation de la mésinformation au sujet de la COVID-19 en abordant la question sous plusieurs angles. Ses conclusions serviront à créer des outils de communication et d’éducation fondés sur des données probantes pour contrer stratégiquement la mésinformation, la stigmatisation et la peur qu’engendre la pandémie de COVID-19. Ce projet servira aussi à formuler des recommandations stratégiques pour les plans, la prise de décisions et les interventions de santé publique contre la COVID-19 et les épidémies futures.
Ces études citées en exemple et de nombreux autres projets nous fourniront les données scientifiques nécessaires pour comprendre le nouveau coronavirus en profondeur et créer des outils capables de le combattre.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, les nouvelles données de recherche sont utiles seulement si elles peuvent être transformées rapidement en de nouveaux outils et traitements efficaces.
Nous admettons que dans les prochaines semaines et les prochains mois, il sera fondamental de créer des idées, des données, des solutions novatrices, des traitements inédits et des technologies de diagnostic et de vaccination, mais également de bien coordonner la mise en commun et l’application de tous ces éléments, parmi tous les ordres de gouvernement, pour une résolution rapide et efficace de la crise de COVID-19.
Quand je regarde l’énorme quantité de travail abattu à ce jour par l’ensemble du gouvernement face à la pandémie, je suis fier d’affirmer que l’intervention de recherche des IRSC contre la COVID-19 a vraiment mis en lumière l’aspect transformateur de notre mandat pour la vie.
Par un seul appel de propositions efficace, nous avons réussi à financer des projets de recherche exceptionnels. Notre mandat nous a toujours permis de soutenir non seulement la création de connaissances, mais aussi l’application des résultats de la recherche pour améliorer la santé de la population canadienne.
À cet égard, les IRSC dirigent la mise sur pied d’une série d’activités de mobilisation des connaissances en vue de resserrer les liens entre les chercheurs financés dans le cadre du concours pour une intervention de recherche rapide contre la COVID-19 et les ministères et organismes du gouvernement du Canada, dans le but d’accélérer l’application des connaissances.
Nous encourageons aussi vivement les chercheurs que nous finançons à participer à CanCOVID, une plateforme lancée récemment qui encourage la collaboration, la communication et la coordination entre les chercheurs du Canada et de l’étranger qui travaillent sur la COVID-19, mais aussi les professionnels de la santé, les organismes de financement et les responsables des politiques gouvernementales.
Comme vous pouvez le constater, l’approche préconisant un équilibre entre la recherche médicale, sociale et stratégique adoptée par les IRSC est essentielle pour s’assurer que les scientifiques canadiens étudient le fonctionnement du virus, sa transmission et les moyens d’atténuer les effets de la COVID-19 en suivant diverses méthodes. J'ai bon espoir que notre démarche nous permettra de créer rapidement de nouveaux outils fondés sur des données probantes pour répondre à cette crise.
En attendant, nous continuons de travailler quotidiennement avec nos partenaires nationaux et internationaux pour répondre au besoin de recherches et d'essais supplémentaires. Nous savons où se situent les lacunes et nous cherchons des moyens de soutenir davantage le milieu scientifique pour combler ces lacunes le plus rapidement possible. Je serais heureux d’informer votre comité de toute évolution à cet égard.
Encore une fois, je vous remercie de m’avoir invité pour parler de la recherche en cours sur la COVID-19 et de son rôle dans l’intervention du Canada face à cette crise sanitaire. Je serai heureux de répondre à vos questions.
Je vous remercie.
:
D'accord. Je vais reprendre à la partie française de mon exposé.
[Français]
Les travailleurs étrangers temporaires représentent une part importante de l'offre de main-d'oeuvre au Canada.
Il s'agit pour l'essentiel d'un domaine régi par la demande, dans la mesure où la demande des employeurs d'embaucher des travailleurs munis d'un permis de travail temporaire fluctue et détermine le nombre de travailleurs. L'année dernière, 405 000 permis de travail temporaire ont été délivrés pour un large éventail de professions.
[Traduction]
Il existe deux grands programmes pour les travailleurs temporaires: le Programme de mobilité internationale, administré par IRCC, et le Programme des travailleurs étrangers temporaires, administré par Emploi et Développement social Canada et qui suppose un examen du marché du travail. Les travailleurs agricoles saisonniers pour lesquels le Comité a signalé un intérêt se trouvent dans cette dernière catégorie.
Comme les membres du Comité le savent, des restrictions de voyage pour les personnes cherchant à entrer au Canada ont été mises en place le 18 mars. Le 26 mars, les travailleurs étrangers temporaires — c’est-à-dire ceux qui détiennent un permis de travail valide ou qui ont reçu une lettre d’acceptation — ont été ajoutés à la liste des personnes exemptées de l’interdiction de voyager. Ces interdictions et exemptions font suite à des arrêtés pris en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine et de la Loi sur l’aéronautique.
Ces travailleurs temporaires, comme toutes les autres personnes qui entrent au Canada, sont soumis à un autre décret pris en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine, qui exige que toutes les personnes s’isolent pendant 14 jours à compter du jour de leur entrée au Canada. Il existe quelques exceptions limitées à cette exigence — par exemple les travailleurs d’urgence et le personnel médical —, mais les travailleurs agricoles saisonniers devront tous respecter cette période de quarantaine de 14 jours.
[Français]
Les travailleurs temporaires qui entrent au Canada sont assujettis à un vaste régime législatif et réglementaire fondé sur la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, qui régit la sélection, l'admissibilité et la conformité en ce qui concerne les travailleurs eux-mêmes, mais aussi leurs employeurs.
[Traduction]
J'aimerais dire un mot au sujet du nouveau projet de règlement. Dans le cadre des nouveaux décrets pris en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine et dans le but d’assurer la gestion de la santé et de la sécurité des travailleurs et de la population canadienne, un nouveau projet de règlement dans lequel des outils supplémentaires précis sont prévus a été déposé au Parlement samedi dernier.
Pour les travailleurs eux-mêmes, ce projet de règlement prévoit l’obligation de se conformer à la Loi sur la mise en quarantaine et aux ordonnances de santé publique, notamment en s’isolant à leur entrée au pays pendant 14 jours. Le non-respect de ces dispositions pourrait entraîner une interdiction de territoire et la prise de mesures de renvoi.
Pour les employeurs de travailleurs temporaires, les règles proposées exigeront qu’ils ne fassent rien qui empêche le travailleur de se conformer à l’ordre d’isolement pendant 14 jours à son entrée au Canada.
Elles exigeront également que les employeurs fournissent des salaires et des avantages sociaux pendant la période de 14 jours, c’est-à-dire que la période de quarantaine fait partie de la période d’emploi.
En outre, pour les employeurs du Programme des travailleurs étrangers temporaires qui sont tenus de fournir un hébergement — ils ne sont pas tous tenus de le faire, mais dans le cas des travailleurs agricoles saisonniers, oui —, les règles proposées comportent des exigences spécifiques supplémentaires. Je laisserai à mes collègues d’Emploi et Développement social Canada le soin de décrire ces nouvelles règles et les lignes directrices qui s’y rapportent et qui concernent les travailleurs agricoles saisonniers. Mais, pour l’instant, je me contenterai d’ajouter que les employeurs qui ne se conforment pas à ces nouvelles exigences seront soumis au régime de conformité et au système de sanctions administratives pécuniaires déjà prévus par le Règlement sur l’immigration et la protection des réfugiés.
Je vais maintenant céder la parole à Philippe Massé, et je serai ravi également de répondre à vos questions après nos déclarations.
Merci beaucoup.
:
Ici Steven Jurgutis d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. Je peux prendre la parole si vous le voulez.
[Français]
Je remercie le Comité de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui. Je suis ravi d'avoir l'occasion de mettre en contexte le rôle essentiel que jouent les travailleurs étrangers temporaires pour maintenir l'approvisionnement alimentaire du Canada.
Le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire du Canada dépend beaucoup des travailleurs étrangers temporaires en raison des pénuries de main-d’œuvre dans ce secteur. L'an dernier, par exemple, ce secteur a recruté environ 60 000 travailleurs étrangers temporaires. La grande majorité de ces travailleurs arrivent du Mexique, du Guatemala et de la Jamaïque pour travailler dans quelque 3 000 fermes et installations agricoles au Canada chaque année. L'Ontario, le Québec et la Colombie-Britannique sont les principaux employeurs de ces travailleurs en raison du grand nombre d'exploitations de fruits et de légumes dans ces provinces.
[Traduction]
Bien que les travailleurs étrangers temporaires travaillent dans tous les secteurs agricoles, ils jouent un rôle particulièrement important dans les secteurs des légumes et des fruits, où ils représentent plus de 35 % de la main-d’oeuvre. Ces activités, qui nécessitent un dur labeur, commencent généralement au printemps, à la période de semailles ou d’élagage. C’est pourquoi chaque année en avril, nous observons une hausse aussi importante du nombre de travailleurs étrangers temporaires arrivant au Canada. Par exemple, au printemps dernier, plus de 20 000 travailleurs ont obtenu des permis pour travailler dans le secteur agricole. Des chiffres semblables étaient prévus cette année. Les travailleurs saisonniers du secteur de la transformation du poisson et des fruits de mer arrivent normalement eux aussi en avril, ce qui correspond au début de la saison de la pêche au homard.
Les interdictions de voyager au Canada et dans d’autres pays de provenance comme le Mexique et le Guatemala ont à la fois limité et retardé l’arrivée de nombreux travailleurs étrangers temporaires. Nous sommes toutefois encouragés de constater que des travailleurs étrangers temporaires commencent à arriver.
Nous sommes également conscients qu’un grand nombre de Canadiens n’ont pas de travail à l’heure actuelle, et nous encourageons le secteur à tirer profit de programmes nouveaux et existants, comme le programme Emplois d’été Canada, pour recruter des Canadiens pour combler les pénuries de main-d’oeuvre. Par ailleurs, certaines provinces comme le Québec et l’Ontario encouragent activement les travailleurs canadiens à chercher un emploi dans le secteur de l’agriculture.
Agriculture et Agroalimentaire Canada continuera de travailler en étroite collaboration avec le secteur, ainsi qu'avec nos partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux — dont certains sont ici aujourd’hui — pour emmener des travailleurs au Canada de la façon la plus rapide et sécuritaire possible et pour nous assurer que les protocoles appropriés de santé et de sécurité sont respectés après l’arrivée des travailleurs.
En fait, hier, le a annoncé un financement de 50 millions de dollars pour aider les agriculteurs, les pêcheurs et les employeurs de la transformation des aliments et des fruits de mer à mettre en place les mesures nécessaires pour suivre la période d'isolement obligatoire de 14 jours, exigée de tous les travailleurs arrivant de l'étranger.
Merci. Je serais heureux de répondre à vos questions.
:
Monsieur le président, membres du Comité, bonjour.
Je serai bref afin de vous laisser amplement de temps pour poser des questions.
Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui.
[Traduction]
L’éclosion de COVID-19 continue d’évoluer rapidement. Dans la lutte contre le virus, les scientifiques, les innovateurs et l’industrie du Canada travaillent sur plusieurs fronts pour lutter contre la pandémie.
Le 20 mars, le a annoncé le Plan canadien de mobilisation du secteur industriel pour lutter contre la COVID-19. Ce plan prévoit des mesures visant à aider directement les entreprises à agir rapidement pour augmenter leur production ou modifier leur capacité de fabrication pour concevoir des produits faits au Canada qui aideront à répondre aux besoins sur la ligne de front du système de santé. Depuis, notre ministère a reçu plus de 5 000 offres d’aide d’entreprises des quatre coins du Canada.
[Français]
Nous communiquons actuellement avec chacune de ces entreprises afin de mieux comprendre ce qu'elles ont à offrir. Nous avons déjà conclu de nombreux partenariats. Par conséquent, le Canada assure sa capacité à produire de l'équipement médical et d'autres fournitures nécessaires.
[Traduction]
Par exemple, nous nous affairons à acheter des ventilateurs essentiels qui sont faits au Canada, à trouver des chaînes d’approvisionnement qui permettent de produire des blouses d’hôpital, à produire des volumes importants de produits désinfectants ainsi qu'à produire des masques chirurgicaux et N95. Parallèlement, nous avons lancé le défi aux entreprises novatrices d’appuyer la recherche et le développement sur de nouvelles technologies et de nouveaux produits.
Nous travaillons également de concert avec l’industrie des sciences de la vie pour trouver des traitements pour les Canadiens qui ont contracté la COVID-19 et sur la recherche qui vise à fournir un moyen d’immunisation pour tous les Canadiens. Dans le cadre de ces efforts, les entreprises et les chercheurs canadiens acceptent de relever le défi, et nous continuerons de les appuyer.
Merci, monsieur le président.
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Oui, s'il vous plaît. Merci.
Monsieur le président, je tiens à utiliser le temps qui m'est imparti pour souligner à quel point il est décevant que M. Bruce Aylward, conseiller canadien auprès de l'OMS, ait décidé de se désister à la dernière minute et n'ait pas proposé de comparaître à une date ultérieure. C'est inacceptable.
Depuis décembre, l'OMS informe les citoyens du monde entier sur les conséquences de la COVID-19. Premièrement, la Dre Tam s'est rendue disponible pour répondre aux questions, et maintenant, l'OMS se désiste. Ce comité a le mandat explicite de se réunir « dans le seul but d’entendre des témoignages concernant des enjeux liés à la réponse du gouvernement à la pandémie de la COVID-19. »
Je veux profiter de l'occasion pour souligner certains faits sur lesquels j'espérais obtenir les commentaires de M. Aylward, mais puisqu'il a décidé de ne pas venir et de se soustraire à toute reddition de comptes, je vais simplement lire ce qui suit aux fins du compte rendu.
Il ne fait absolument aucun doute que l'OMS a tardé à recommander des mesures concrètes, ce qui a eu un effet négatif sur la réponse du Canada au virus. En fait, l'OMS n'a pas tari d'éloges et de remerciements à l'égard de la Chine pour sa réponse, alors qu'elle a trompé le monde entier sur la dangerosité du virus. Taïwan, un pays qui a réussi à aplatir la courbe et à contenir le virus grâce à la mise en œuvre proactive de mesures de dépistage renforcées aux frontières avant même que la Chine n'admette être aux prises avec une nouvelle maladie, est complètement ignorée et méprisée par l'OMS, et en particulier par M. Aylward.
Je tiens à mettre en lumière certains des éléments qui prouvent la nécessité de convoquer un représentant de l'OMS à témoigner et à répondre aux questions, car la réponse de l'OMS a eu une incidence sur celle du Canada.
Premièrement, l'OMS a déclaré qu'il n'y avait pas de preuve évidente de transmission interhumaine. La réponse du Canada, élaborée en janvier, est fondée sur cette déclaration. Moins de 10 jours plus tard, l'OMS a annoncé qu'il y avait transmission interhumaine du virus, mais elle qualifiait pourtant toujours le risque mondial de risque modéré. La Dre Tam a d'ailleurs invoqué l'obligation légale du Canada envers l'OMS pour justifier la décision de ne pas imposer d'interdictions de voyage. Elle a déclaré que puisque la mesure n'était pas recommandée par l'OMS, nous ne pouvions pas l'imposer, par crainte de faire l'objet de critiques. Notre gouvernement était plus préoccupé d'éviter les critiques de l'OMS que de protéger les Canadiens. Des clarifications sont nécessaires, tant de l'OMS que de la Dre Tam.
Alors que l'OMS ne cesse de louer l'approche de la Chine, même après qu'elle ait annoncé plus de 8 000 décès, Taïwan produit quatre millions de masques par jour et les donne aux travailleurs de première ligne et à la population, pour assurer leur sécurité. Je rappelle encore une fois aux Canadiens que l'OMS refuse d'inclure ou de reconnaître l'approche de Taïwan. Pourquoi a-t-on écouté la Chine et ignoré Taïwan?
Fin février, alors que le nombre de cas ne cessait d'augmenter, que l'OMS continuait à décourager le recours aux restrictions de voyage et que notre gouvernement s'entêtait à n'écouter que l'OMS, un groupe de médecins canadiens d'origine chinoise a demandé la mise en quarantaine obligatoire des voyageurs chinois afin de contenir le virus et d'éviter l'engorgement du système de santé canadien. Le gouvernement a fait la sourde oreille et a plutôt continué de craindre les critiques de l'OMS.
Ce n'est que le 11 mars que l'OMS a déclaré une pandémie mondiale. De nombreux pays du monde connaissaient déjà une hausse marquée du nombre de cas et le taux de mortalité augmentait. Il ne faisait aucun doute que le virus ne s'arrête pas aux frontières, qu'il se propage rapidement et qu'il n'existe pas de remède.
En mars, après qu'on ait demandé aux Canadiens de rester à la maison, après que les garderies et les écoles aient été fermées d'un bout à l'autre du pays et après que des millions de personnes aient perdu leur emploi, le gouvernement a enfin fermé les frontières et imposé la quarantaine obligatoire pour les voyageurs. Notre gouvernement a commencé à agir à l'encontre de l'avis de l'OMS, même si la Dre Tam avait auparavant invoqué nos obligations légales à l'égard de l'organisme.
Cela dit, mon commentaire porte sur M. Aylward et sur le refus de l'OMS de participer à la réunion du Comité aujourd'hui. Je suis certain que nous aurons un jour, au moment opportun, l'occasion d'enquêter sur les motifs de cette décision soudaine, mais ce sera pour une autre fois. Il ne fait aucun doute que l'inclusion de Taïwan au sein de l'OMS, un sujet que M. Aylward tient manifestement à éviter, suscite un intérêt croissant. De toute évidence, les éloges continus à l'égard de la Chine soulèvent de plus en plus de questions, alors que les preuves quant à la transparence de ce pays sont plus nombreuses. Il ne fait aucun doute que le refus de l'OMS de recommander des mesures frontalières renforcées et l'utilisation de masques suscite de plus en plus d'interrogations. Il ne fait aucun doute qu'on s'interroge de plus en plus sur les mesures que recommandera l'OMS à l'avenir. Par exemple, il y a quelques semaines à peine, l'OMS a évoqué la possibilité de retirer des gens et des familles de leurs foyers pour les mettre en quarantaine.
C'est pourquoi je vous exhorte, vous et la greffière, de veiller à ce que M. Aylward se rende disponible et, qu'à titre de conseiller canadien auprès de l'OMS et de conseiller principal du directeur général de l'OMS, il comparaisse au Comité. Notre étude porte sur les répercussions de la COVID-19 sur le Canada et la réponse du gouvernement, et il devrait répondre aux questions des Canadiens. Nous avons d'importantes questions sur les données de l'OMS et sur les véritables responsables des décisions qui touchent les Canadiens. Ce comité est l'endroit idéal pour poser des questions qui préoccupent les Canadiens, et pour y arriver, nous devons entendre des témoins pertinents.
Merci, monsieur le président. Je cède le reste de mon temps de parole.
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Madame Jaczek, jevous remercie de la question. Vous faites référence à une étude que nous avons publiée la semaine dernière, en collaboration avec ma doctorante, Mme Brieanne Olibris.
Comme vous le savez, les 10 provinces ont leur propre outil d'auto-évaluation sur leurs sites Web de santé respectifs. Essentiellement, les questions qui sont posées aux Canadiens sont les suivantes: « Faites-vous de la fièvre? », « Avez-vous de la difficulté à respirer? », « Avez-vous voyagé? ». Il y a une série de questions du genre. Selon les réponses saisies par la personne sur ce site Web, chaque province a son propre... Tout est différent. Une personne peut se faire dire qu'elle a un problème grave et qu'elle doit immédiatement composer le 911, ou on peut lui dire de rester chez elle ou encore d'appeler son médecin de famille. Cela varie d'une province à l'autre.
Nous avons comparé les 10 provinces. On aimerait qu'elles donnent toutes les mêmes renseignements médicaux. En effet, pour certaines choses, il n'y a qu'une seule bonne réponse, essentiellement, mais ce n'est pas ce que l'on constate. Chaque province a créé un outil d'évaluation différent de celui des autres provinces. En outre, aucun n'utilise la définition de cas officielle de la COVID-19 de l'Agence de la santé publique du Canada ou de l'OMS. C'est de l'incompétence pure et simple. Je n'ai pas de terme poli pour le dire.
La bonne façon de procéder, au pays, serait que les autorités provinciales s'entendent pour utiliser un outil d'évaluation de la santé unique créé par l'Agence de la santé publique du Canada.
[Français]
Il faut l'offrir dans les deux langues officielles, parce que c'est important de l'offrir aussi aux Québécois.
[Traduction]
Cet outil peut ensuite être utilisé par toutes les provinces. Nous ne l'avons pas fait. Nous sommes désespérément désunis. Dans certains cas, probablement, ce manque d'unité tue des gens. Dans quelques provinces, si vous utilisez l'outil d'auto-évaluation et que vous indiquez souffrir de maux de tête, l'outil indique que ce n'est pas un symptôme de la COVID-19, alors que c'est un symptôme, bien entendu. Dans certaines provinces, les gens reçoivent des renseignements médicalement incorrects au sujet de la maladie, et cela pourrait vraiment les tuer. Cela ne devrait pas arriver.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, tout le monde. Je suis heureux de vous rencontrer.
Je voudrais remercier les témoins qui sont présents d'éclairer nos lanternes, particulièrement M. Attaran, qui offre une vision différente et de l'information qui rejoint les soucis de plusieurs personnes.
En tant que porte-parole en matière d'agriculture et d'agroalimentaire, je veux parler des travailleurs étrangers temporaires et surtout de la façon dont la quarantaine a été planifiée par le gouvernement fédéral. Cette responsabilité a été lancée dans la cour des provinces et du Québec. Je considère que les quarantaines sont une question de sécurité publique. Il s'agit de gens qui entrent au pays, c'est donc une responsabilité du fédéral. Nous nous entendons tous sur la très grande importance de ces travailleurs, sur le fait qu'ils sont les bienvenus et qu'ils sont essentiels à notre sécurité alimentaire.
J'adresserai ma question aux représentants du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration et, si M. Massé n'est pas revenu, à Mme Cosgrove du ministère de l'Emploi et du Développement social.
Croyez-vous vraiment que la façon dont on a décidé cette semaine de gérer les quarantaines et de déléguer toute cette responsabilité aux provinces et au Québec, ainsi qu'aux organisations privées qui organisent l'arrivée de travailleurs étrangers temporaires depuis très longtemps, est la meilleure? Ces entités sont expérimentées dans le recrutement de travailleurs, et non dans les quarantaines. Plusieurs problèmes de logement et de transport seront très variables d'un endroit à l'autre, et aussi de tentation au travail dans certains milieux. Nous, les députés, sommes connectés aux milieux, et des gens nous appellent et nous font part de leurs inquiétudes.
Croyez-vous que c'est la meilleure façon de faire? Pourquoi ne pas avoir décidé de centraliser les quarantaines pour rendre service aux producteurs? Ils en ont suffisamment sur les épaules.
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Comme je le disais, je suis accompagné de ma collègue, Tara Cosgrove, de la Direction générale des services d'intégrité à Service Canada.
[Français]
Tel qu'il a été mentionné, lorsqu'il est question de la sécurité alimentaire, le gouvernement reconnaît que les secteurs de l'agriculture et de la transformation des aliments et des produits de la pêche jouent un rôle crucial. C'est l'une des raisons pour lesquelles il a exempté les travailleurs étrangers temporaires de l'interdiction de voyager imposée pour répondre à la pandémie.
Autour de 50 000 à 60 000 travailleurs étrangers se rendent annuellement au Canada pour appuyer ces secteurs, ce qui représente 60 % de l'ensemble de ceux qui arrivent au pays en vertu du programme.
Nous avons aussi pris certaines mesures pour faciliter et réduire le fardeau administratif de ces employeurs et nous traitons ces demandes de façon prioritaire.
[Traduction]
Je pense que les gens ont déjà parlé de certaines des mesures qui sont mises en place pour assurer la santé et la sécurité des Canadiens, de même que la sécurité des travailleurs, et pour prévenir la propagation du virus. Je ne vais pas passer en revue les exigences relatives à l'hébergement. Je pense que le membre en a relevé quelques-unes.
J'ai noté certaines des questions concernant l'approche qui a été adoptée jusqu'à présent.
À l'heure actuelle, nous suivons les conseils des responsables de la santé publique. Nous avons certainement sollicité leurs conseils, et nous continuons de communiquer avec les employeurs et d'autres intervenants pour leur fournir des renseignements et de l'aide. Nous avons élaboré et communiqué des lignes directrices pour les employeurs afin de clarifier leurs rôles et leurs responsabilités. La et la ont envoyé de la correspondance aux employeurs pour expliquer les attentes, et nous avons affiché une foire aux questions en ligne, qui sera mise à jour régulièrement.
Comme mon collègue, M. de Vlieger, l'a signalé plus tôt, ces mesures seraient accompagnées d'un régime renforcé de respect de la réglementation pour les employeurs, y compris des sanctions pécuniaires pour les cas de non-respect. Un employeur qui ne respecte pas la réglementation pourrait ne plus pouvoir embaucher des travailleurs à l'avenir, selon les circonstances. Nous envisagerons les façons de faire respecter les règles et de veiller à ce que les employeurs respectent les nouvelles exigences au moyen d'inspections en temps opportun. En outre, les personnes qui observent un cas de non-conformité soupçonnée pourraient le signaler par l'entremise d'un portail en ligne ou d'une ligne de dénonciation confidentielle. Le ministère met la dernière main à son approche à ces inspections et la communiquera dans les jours à venir.
Nous allons continuer de tenir des communications proactives et de travailler avec tous les intervenants. On s'attend à ce que la majorité des employeurs comprennent les exigences relatives à la propagation de la COVID et les respectent. Dans le cadre de ces discussions, il est évident que tout le monde partage un objectif commun: veiller à la santé et à la sécurité de tous les Canadiens, y compris les travailleurs étrangers. Dans le cadre de nos efforts collectifs, nous continuons de veiller à ce que le secteur ait accès à de la main-d’œuvre pour assurer la sécurité alimentaire des Canadiens.
C'est une situation en évolution rapide. Nous apportons des ajustements en cours de route, selon l'avis de l'Agence de la santé publique. Si nous jugeons que de nouvelles exigences doivent être mises en place, nous continuerons d'apporter des ajustements et de travailler proactivement avec les intervenants pour mieux régler les nouveaux enjeux.
Merci.
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Bien sûr. Mes remarques portent sur la stratégie que j'ai présentée, à savoir que le seul moyen d'aller de l'avant est d'aplanir une immense vague qui se divisera en de nombreuses vagues beaucoup plus petites. C'est ce que nous allons devoir faire en tant que pays.
Le modèle de la Dre Tam, le modèle de l'ASPC, a fait complètement fausse route en précisant que ce scénario ne se matérialiserait pas forcément, qu'il n'y aurait pas d'atténuation délibérée comme celle-là.
Quoi qu'il en soit, dans le modèle qu'elle a présenté, elle était très secrète, car elle n'a pas divulgué la méthodologie, les données utilisées dans le modèle et les hypothèses mathématiques sous-jacentes. Elle a seulement présenté les résultats. Ce n'est pas ainsi que les vrais scientifiques fonctionnent.
Les modèles qu'elle a présentés montraient que si nous appliquions un niveau élevé d'isolement social, pas plus de 10 % des Canadiens contracteraient le virus, puis l'épidémie s'estomperait d'elle-même d'ici l'automne. C'est tout à fait faux, et ce, pour les raisons que j'ai expliquées dans ma déclaration liminaire. Presque nous tous, probablement aux alentours de 99 % d'entre nous, n'avons pas été exposés au virus et n'avons pas développé une immunité au virus. Donc, si vous ouvrez l'économie, un très grand pourcentage d'entre nous contractera le virus, pas seulement 10 %, selon l'estimation de l'ASPC.
Il y a un modèle mathématique dont je veux vous faire part — et soit dit en passant, la version finale a été affichée sur le site Web pendant que nous discutions. Le modèle mathématique a été élaboré par des scientifiques de l'Université de la Californie à Berkeley, de l'Université de la Californie à San Francisco, de l'Imperial College de Londres, de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, ainsi que par moi, à l'Université d'Ottawa. Le modèle fait état que lorsque vous relâchez la distanciation sociale, lorsque vous relâchez l'isolement, vous aurez une autre hausse marquée de cas que vous devrez gérer pour éviter que le nombre de cas explose. C'est ce que je veux dire lorsque je parle d'une petite vague et d'autres petites vagues subséquentes.
C'est quelque chose qui doit être mis en place jusqu'à ce que pas seulement 10 % de la population canadienne ait été exposée. Le virus ne disparaîtra pas automatiquement, comme l'ASPC semble le laisser entendre. Il faudra qu'environ la moitié de la population soit exposée, peut-être plus.
Je ferai deux ou trois observations sur l'intervention de M. Jeneroux concernant la défection de l'OMS. J'en suis aussi déçu que lui, mais peut-être pour d'autres raisons. J'espère que nous pourrons nous reprendre.
Quant aux observations de M. Attaran et à ses conseils pour nous recommander vivement d'édicter des lois exigeant la mise en commun, entre la province et l'administration fédérale, de données dont elles assureront la transparence, ce beau discours n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. J'espère que nous pourrons obtenir votre modèle dans les plus brefs délais et vous convoquer de nouveau, après l'avoir étudié.
En fait, je destine mes questions au Dr Strong, des Instituts de recherche en santé du Canada.
Quelle réussite admirable que le concours que vous avez organisé à l'intention des universitaires de tout notre pays, pour qu'ils proposent des projets de lutte contre la COVID-19! Dans le délai de huit jours à peine, la réponse a été phénoménale, et vous avez reçu toutes les propositions.
Je constate qu'elles privilégient certains thèmes. Treize projets concernent des trousses de diagnostic rapide, et beaucoup d'autres, la possibilité de fonder le traitement sur des inhibiteurs de protéase. Chacune des nombreuses équipes préconise sa méthode à elle. On se trouve à miser sur tous les chevaux engagés dans la course. Ainsi procède la science, en général. Une course dont le gagnant est le cheval qui traverse le premier la ligne d'arrivée. Visiblement, la coopération serait la formule gagnante pour les diverses équipes. Nous n'en favorisons aucune. Nous voulons seulement qu'un des chevaux arrive au fil le premier, ce qui, encore une fois, pourrait exiger de la coopération, et accélérer le processus scientifique, toujours un peu lent par nature. On réalise des études, on en publie les résultats, ces résultats sont disséminés dans la communauté scientifique. Des scientifiques courent les conférences, ce qui suscite encore plus d'études. Il faut du temps, ce dont, encore une fois, nous manquons.
Par exemple, les trousses de dépistage rapide. Les équipes qui les mettent au point doivent surmonter, j'imagine, beaucoup d'obstacles. Telle équipe franchit facilement le premier, mais est arrêtée par les deux suivants, tandis que telle autre, ralentie par le premier, contourne assez rapidement les deux suivants. Il leur serait donc utile de mettre en commun l'information.
Il paraît que certaines équipes mettent l'information en commun sans attendre. Peut-être pourriez-vous en dire un peu plus sur la manière dont vous vous y prenez pour favoriser cette mise en commun et la coordination qui nous conduiront le plus tôt possible au fil d'arrivée.