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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue, tout le monde, à la réunion no 32 du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi du 26 mai 2020, le Comité reprend sa séance d'information sur la réponse canadienne à l'éclosion du coronavirus.
J'aimerais vous faire part de quelques consignes pour assurer le bon déroulement de la réunion. Pendant la vidéoconférence, le service d'interprétation sera très semblable à celui offert lors d'une réunion de comité habituelle. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français.
Si vous avez l'intention de passer d'une langue à l'autre lorsque vous parlez, vous devez également changer le canal pour qu'il corresponde à la langue dans laquelle vous vous exprimez. Vous pouvez également faire une petite pause lorsque vous changez de langue. Veuillez attendre que je vous nomme avant de parler. Lorsque vous êtes prêts à intervenir, cliquez sur l'icône du microphone afin d'allumer votre micro. Je rappelle aux membres du Comité et aux témoins que toute intervention doit se faire par l'entremise de la présidence. Lorsque vous n'avez pas la parole, votre micro doit être éteint.
Veuillez prendre note que je serai très strict avec le temps aujourd'hui, puisque nous devrons passer à huis clos plus tard.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins. À titre personnel, nous recevons Mme Arjumand Siddiqi, professeure agrégée, Dalla Lana School of Public Health à l'Université de Toronto. Du Wellsley Institute, nous accueillons le Dr Kwame McKenzie, président-directeur général. Bienvenue à vous deux.
Nous allons commencer avec Mme Siddiqi.
La parole est à vous. Vous avez 10 minutes.
Je vous remercie de me donner l'occasion de discuter avec vous aujourd'hui. Je suis très reconnaissante à mes parents et à tous ceux qui ont rendu cette comparution possible. Il faut faire preuve d'un sens aigu des responsabilités dans le cadre de mes fonctions comme scientifique, et je souhaite ardemment que mon pays, le Canada, fera ce qui s'impose pour tous ses citoyens.
Je suis professeure agrégée et chef de la division en épidémiologie à la Dalla Lana School of Public Health de l'Université de Toronto, où je suis titulaire de la chaire de recherche du Canada sur l'équité en santé des populations. Je suis épidémiologiste sociale et j'étudie les inégalités en matière de santé et les déterminants sociaux de la santé, en mettant particulièrement l'accent sur les politiques sociales et les autres facteurs sociétaux qui sont en fin de compte responsables de l'occasion pour tous d'être en santé.
Depuis que la gravité de la pandémie de COVID-19 est devenue apparente, les autorités canadiennes nous ont assuré que nous étions tous dans le même bateau. En effet, les séances d'information quotidiennes nous ont donné le sentiment que le nombre total de cas et de décès dans nos villes et nos provinces est un bon indicateur de l'inquiétude que chacun de nous éprouve face au risque de la COVID-19 ou de la confiance que nous pouvons avoir de reprendre certaines de nos activités antérieures à la COVID.
Cependant, à la fin de mai, un rapport étonnant — bien que tout à fait prévisible pour ceux d'entre nous qui étudient ces choses et ceux d'entre nous qui les vivent — a laissé entendre que les données de la ville que nous recevions durant les séances d'information de la Santé publique de Toronto dissimulaient d'énormes différences dans le fardeau et le risque de la COVID-19 parmi les quartiers de Toronto. Un phénomène similaire a également été noté pour Montréal. Les quartiers du nord-ouest de Toronto, qui sont fortement habités par des Noirs et des gens de la classe ouvrière — notamment Jane et Finch, Rexdale et Weston —, ont été les plus durement touchés. Les dernières données indiquent des taux de cas supérieurs à 450 par 100 000 habitants dans ces quartiers.
Pendant ce temps, le centre-ville et les quartiers centraux, dont les résidants sont principalement blancs et riches, ont à peine été touchés. Par exemple, Yonge et Eglinton ont un taux de cas de 14 et Beaches a un taux de 15 cas par 100 000 habitants.
Cela signifie que les données globales pour Toronto ont occulté un risque de COVID-19 plus de 40 fois supérieur entre les quartiers ouvriers noirs de Toronto et ses quartiers riches blancs. Si le coronavirus lui-même ne fait pas de discrimination, notre société en fait malheureusement. Le Canada est structuré d'une manière qui a placé le fardeau du risque de la COVID-19 carrément sur les épaules et les poumons de la classe ouvrière noire et, dans une moindre mesure, des autres membres de la classe ouvrière non blanche.
La répartition spatiale de la COVID-19 dans les quartiers de Toronto reflète moins le fait que les quartiers eux-mêmes sont risqués que le fait que les Noirs de Toronto ont tendance à vivre dans un petit ensemble de quartiers, ceux dans lesquels ils peuvent se permettre d'avoir un logement et éviter la discrimination en matière de logement, tandis que les Blancs riches vivent dans un ensemble de quartiers qui offrent le plus de commodité et de confort.
Pourquoi utilisons-nous des données de voisinage si les quartiers ne sont pas vraiment le cœur du problème? Malheureusement, ce sont les meilleures données dont nous disposons pour comprendre les caractéristiques sociales — race, revenus, etc. — qui comportent un risque de mauvaise santé, notamment la COVID-19. Nous utilisons effectivement les caractéristiques des quartiers comme indicateur des caractéristiques individuelles et, parce que Toronto est si fortement et structurellement ethnoculturelle, et que les gens sont tellement regroupés par race et par revenu dans divers quartiers, pour l'instant, c'est malheureusement une approximation raisonnable à faire, même si elle est imparfaite.
Dans un premier temps, je vous exhorte à réfléchir longuement à une meilleure collecte de données raciales et socio-économiques chaque fois que nous colligeons régulièrement des données au Canada sur la santé et d'autres questions dans notre système de soins de santé, nos écoles, le marché du travail, etc. C'est essentiel pour comprendre notre pays et demander à nos gouvernements de rendre des comptes sur l'inégalité raciale de la même manière que les données sur le genre sont utilisées pour lutter contre l'inégalité entre les sexes.
Si ce n'est pas le quartier, qu'est-ce qui crée alors un plus grand risque pour les travailleurs noirs de la classe ouvrière? En raison du manque de données, il est difficile de répondre à cette question sans équivoque; cependant, nous pouvons nous appuyer sur un ensemble très vaste et solide de recherches menées dans d'autres pays, ainsi que sur des preuves indirectes provenant du Canada.
La meilleure explication — bien qu'il y en ait d'autres dont je me ferai un plaisir d'aborder —, c'est que les emplois dans les services essentiels qui ont continué d'être occupés pour effectuer les commandes à domicile sont en grande partie occupés par des Noirs et des membres de la classe ouvrière non blanche.
Ce sont nos travailleurs en soins de longue durée et en soutien personnel. Ils nettoient nos hôpitaux et transportent nos patients d'un endroit à l'autre. Ils approvisionnent nos épiceries, conduisent nos camions de livraison et travaillent dans les champs pour récolter nos produits. En revanche, les emplois qui permettent de rester chez soi, tout en ayant l'esprit tranquille quant à sa sécurité d'emploi et à ses revenus, sont largement occupés par de riches Blancs. Ce sont nos banquiers et nos financiers, nos avocats et, oui, nos professeurs.
La conséquence évidente est que les emplois occupés de façon disproportionnée par des Noirs et d'autres Canadiens non blancs les forcent à travailler dans des environnements qui présentent un risque élevé d'exposition à la COVID-19, alors que les emplois occupés de façon disproportionnée par des Blancs plus riches offrent une protection contre l'exposition à la COVID-19.
En fin de compte, sachant que les travailleurs noirs et les autres travailleurs non blancs à faible revenu n'ont guère le choix, nous les sacrifions pour que le reste d'entre nous puisse se réfugier dans le confort de nos foyers et attendre que cela se termine.
Ce tri racial des emplois n'est évidemment pas fonction du hasard ou du choix. Il est le résultat d'une confluence de politiques et de systèmes canadiens dans lesquels la discrimination raciale est si persistante et omniprésente qu'elle ne peut être considérée comme un incident isolé ou même comme un complément à la compréhension de notre système d'institutions et de politiques. Elle fait plutôt partie intégrante des systèmes en soi. Divers universitaires ont utilisé des expressions telles que le racisme systémique, le racisme structurel, le racisme institutionnel et le capitalisme racial pour désigner cet ancrage profond du racisme dans nos politiques et systèmes sociétaux.
Au-delà de l'emploi, le racisme systémique est plus généralement le principal facteur qui détermine qui a la sécurité économique, la richesse et le revenu. Il peut être encore plus puissant que le sexe à cet égard. À son tour, la sécurité économique est le principal indicateur de la santé, car elle facilite les conditions de vie quotidienne qui sont fondamentales pour la santé: des emplois qui ne nous exposent pas à des risques pour la santé, beaucoup d'argent pour payer les factures, des logements confortables, des quartiers agréables, une bonne alimentation et peu de stress.
Et cela est vrai qu'il s'agisse de la COVID-19 ou de maladies cardiovasculaires, de dépression ou de diabète. Au final, il faut une sécurité économique pour avoir de bonnes chances de vivre en santé, et c'est précisément pour cette raison que la sécurité économique est si cruciale et que les inégalités raciales et sanitaires sont si omniprésentes et persistantes. Le racisme limite l'accès des travailleurs noirs à la richesse, aux emplois, aux revenus, etc. Aussi horrible que soit le fait que nous ayons des inégalités raciales durant la pandémie de COVID-19, il ne s'agit en réalité que d'une autre manifestation d'un système d'inégalités raciales profondément ancré.
C'est donc la cause profonde — le racisme systémique — que nous devons vraiment corriger pour redresser les inégalités durant la crise de la COVID-19. Dans ce qui suit, je vais vous présenter les meilleures options pour y parvenir, selon les données scientifiques.
La première consiste à s'attaquer avec vigueur à l'inégalité raciale en matière de richesse, à l'inégalité au niveau des stocks d'argent et de biens.
Des économistes comme Miles Corak au Canada et William Darity Junior et Darrick Hamilton aux États-Unis ont fait une découverte déconcertante sur l'inégalité de la richesse qui, comme je vais l'expliquer, est sans doute encore plus critique que l'inégalité des revenus. Il s'avère que la principale source d'inégalité raciale en matière de richesse ne réside pas dans les différences raciales au niveau de l'éducation, voire de l'emploi et du revenu. Ces éléments sont importants, mais ce sont les conséquences, et non les causes, de l'inégalité raciale en matière de richesse.
La plus grande source d'inégalité de la richesse est ce que les économistes appellent les transferts intergénérationnels et ce que le reste d'entre nous appellerait les cadeaux de maman et papa et de grand-maman et grand-papa. C'est vrai: l'avantage de la richesse des Blancs n'est pas un avantage gagné. Les cadeaux sont ce qui permet aux Blancs de payer pour faire progresser leur éducation et donc leur revenu, et ce qui leur permet de verser une mise de fonds pour l'achat d'une maison tôt dans leur vie.
C'est injuste pour de nombreuses raisons, dont la plus importante est peut-être les injustices historiques qui ont permis aux Blancs, mais pas aux autres, d'accumuler de la richesse au fil des générations.
Ce sont ces transferts de richesse qui créent des occasions de revenus plutôt que des occasions de richesse. Cela signifie que les Canadiens noirs accusent déjà un retard à la naissance. C'est inacceptable, et le Canada doit envisager, comme le font les États-Unis, un système d'obligations pour bébés ou un système semblable dans le cadre duquel les jeunes enfants issus de groupes noirs et autres qui ont été historiquement désavantagés reçoivent une somme qui profite à mesure que l'enfant vieillit et qui, à l'âge adulte, peut être utilisée de la même manière que les cadeaux familiaux ont été utilisés par les riches familles blanches. Les économistes ont même calculé combien de temps il faudrait à une telle politique pour créer l'égalité de la richesse.
En plus de résoudre l'inégalité de la richesse, nous devons aborder la question de la sécurité du revenu pour chaque Canadien. Nous devons concevoir un marché du travail dans lequel chaque emploi est un emploi de qualité.
Nous devons veiller à ce que les salaires, les avantages sociaux et les conditions de travail de tous les emplois répondent à une norme minimale élevée et que la discrimination en matière d'emploi soit plus rigoureusement sanctionnée.
Nous disposons de solides données d'essais aléatoires qui nous racontent une histoire très désolante de discrimination raciale sur le marché du travail qui ne peut pas être expliquée par les différences dans les diplômes étrangers ou le manque d'expérience professionnelle au Canada.
Nous devons cesser de nous réconforter par le fait que les gens parviennent d'une manière ou d'une autre à survivre et à créer les conditions qui leur permettent de s'épanouir. Il existe d'innombrables exemples de moyens de mettre ce système en oeuvre. Par exemple, une garantie universelle d'emploi mettrait fin au chômage involontaire et créerait de bons emplois pour effectuer un travail important dont le Canada a cruellement besoin. Elle mettrait également de la pression sur le secteur privé pour qu'il soit compétitif sur le plan des salaires et des conditions de travail.
Enfin, nous devons universaliser l'accès aux services de base qui créent une qualité de vie élevée: services de garde, éducation, santé et assurance-médicaments au sens large, soins aux personnes âgées, etc. Nous ne pouvons plus limiter les possibilités en fonction de la race et de la situation économique. C'est si injuste et si indigne d'un pays qui a tant à offrir.
Voilà, c'est dit. Il n'y a pas de solution partielle pour résoudre les inégalités durant la crise de la COVID-19. Même si on élaborait des politiques de fortune, on serait rapidement de retour ici pour parler d'une autre inégalité raciale en matière de santé, car c'est ainsi que ça fonctionne. Si nous ne réglons pas les problèmes structurels fondamentaux du racisme systémique et de son incidence sur la sécurité économique, rien ne change jamais. Ce n'est tout simplement pas juste pour un Canadien d'être soumis à cela.
Si les solutions politiques que j'ai exposées sont audacieuses, elles sont très réalisables. De nombreux chercheurs ont souligné la manière dont ces politiques peuvent être conçues et financées. Il nous incombe...
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Monsieur le président et honorables membres, merci de m'avoir invité à m'adresser au comité permanent.
Je suis médecin et aussi le président-directeur général du Wellesley Institute, un groupe de réflexion qui vise à améliorer la santé et l'équité en matière de santé grâce à la recherche et à l'élaboration de politiques axées sur les déterminants de la santé. Ce matin, vous auriez dû recevoir le résumé de la note d'information que nous avons soumise au comité permanent. Le résumé donne plus de détails sur les recommandations que je vais formuler aujourd'hui. La note d'information complète s'inscrit dans le contexte et fournit des références à mes observations.
J'aimerais particulièrement remercier Erica Pereira, la greffière procédurale, d'avoir fait traduire le résumé aussi rapidement.
La survie des passagers à bord du Titanic, il y a de cela plus d'un siècle, était directement liée à leur statut social: 60 % de ceux en première classe ont survécu, par rapport à 42 % de ceux en deuxième classe, et seulement 24 % de ceux en troisième classe ont survécu. Le plan d'évacuation du Titanic était le même pour tout le monde, mais les passagers en troisième classe étaient dans des couchettes intérieures inférieures et avaient du mal à se rendre aux canots de sauvetage. Le nombre de décès est élevé parce qu'il n'y avait pas de plan adéquat pour eux, même s'ils étaient les passagers qui en avaient le plus besoin.
Transportons-nous 108 ans plus tard pour examiner la réponse du Canada à la COVID. Elle est très bonne en fait. Nous nous en sommes bien tirés. Mais comme le Titanic, nous n'avons pas élaboré un plan adéquat pour nos populations à plus haut risque comme les personnes qui vivent dans des lieux d'hébergement collectif, les personnes à faible revenu et, bien sûr, les populations racialisées. Initialement, nous nous sommes concentrés sur l'aplanissement de la courbe et non pas sur ceux sous la courbe. Si nous avions mis l'accent sur les deux, nous aurions eu une meilleure réponse et nous aurions sauvé des milliers de vies.
Nous avons maintenant besoin de quatre groupes d'actions pour veiller à ce que nos réponses actuelles et futures aux pandémies soient équitables et meilleures. Premièrement, nous avons besoin d'une loi qui garantit que nos réponses en matière de santé publique, de santé personnelle et de politique sociale produisent des résultats équitables. Deuxièmement, nous avons besoin de plans fédéraux et provinciaux de santé et de santé publique liés à la COVID-19 qui sont fondés sur l'équité. Troisièmement, nous avons besoin d'une politique sociale fondée sur l'équité et de plans de relance qui garantissent que les groupes les plus durement touchés sont adéquatement servis. Enfin, nous avons besoin de flux de données, de recherches et de renforcement des capacités pour garantir que nous avons de bonnes données sociodémographiques, raciales et ethniques sur lesquelles nous appuyer, et nous devons surveiller les interventions en matière de santé publique, de santé et de politique sociale. Je vais passer en revue chacune d'elles un peu plus en détail.
La première recommandation concerne la loi. Nous avons en fait constaté des disparités raciales dans les taux d'infection et de décès lors des pandémies précédentes. Durant la pandémie de H1N1 en Ontario, les citoyens de l'Asie du Sud-Est étaient trois fois plus susceptibles d'être infectés, les citoyens de l'Asie du Sud, six fois plus, et les Noirs, 10 fois plus, que n'importe qui d'autre. Malgré cela, nous n'avons pas modifié nos systèmes de collecte des données sociodémographiques. Nous n'avons pas mené de recherches et n'avons pas discuté avec les collectivités pour essayer de découvrir pourquoi ces disparités existent. Nous avons géré la pandémie de COVID-19 sans les systèmes de surveillance ou les connaissances qui nous aideraient à détecter et à traiter les disparités raciales en matière de santé. Nous avons ensuite mis sur pied une réponse universelle comme celle du Titanic, un plan de lutte contre la pandémie faisant fi des distinctions raciales et culturelles qui allait, comme on pouvait s'y attendre, donner lieu à des inégalités en matière de santé. Certains ont fait valoir que c'était de la négligence. Je dis simplement que cela ne devrait pas être légal. Nous avons des lois pour les choses qui nous tiennent à cœur. Nous ne les laissons pas aux largesses des professionnels, des fonctionnaires ou des politiciens. Si nous voulons que les services publics offrent des réponses équitables, nous devrions les enchâsser dans une loi applicable.
La deuxième recommandation concerne les régimes de santé fédéraux et provinciaux sur la COVID-19 fondés sur l'équité. Nous aurions une réponse plus juste si nous adoptions une approche d'équité en matière de santé pour ce qui reste de la première vague, à la deuxième vague et durant la reprise. Une approche d'équité en matière de santé vise à réduire les disparités évitables entre les groupes. Elle garantit que les personnes qui ont des besoins similaires bénéficient de la même réponse à la pandémie et que les personnes qui ont des besoins plus importants bénéficient d'une réponse plus importante.
Il existe de nombreux outils fondés sur des données probantes, tels que des évaluations d'impact sur l'équité en matière de santé, qui pourraient être utilisés pour élaborer ce genre de réponses, et ils se sont révélés efficaces en matière de santé publique au Canada. Mais lorsque nous élaborons des plans d'équité, nous devons également travailler avec les collectivités pour mettre au point des stratégies qui leur permettent de se protéger contre la COVID-19.
La troisième recommandation est d'avoir ces plans équitables, mais aussi d'établir un lien avec ce dont parlait Mme Siddiqi, car l'équité en matière de santé reconnaît que le risque de maladie et la capacité de se rétablir ne sont pas seulement liés aux interventions sanitaires, mais aussi aux déterminants sociaux de la santé.
L'Association médicale canadienne a calculé que 85 % de notre risque de maladie est lié à ces déterminants sociaux tels que le revenu, le logement, l'éducation, le racisme et l'accès aux soins de santé. Cela offre des possibilités politiques importantes pour améliorer la santé, car de nombreuses disparités en matière de santé sont évitables.
La COVID-19 nuit à la santé de quatre façons: par la maladie elle-même, par les effets secondaires de la réponse en matière de santé publique, par les changements aux soins de santé tels que l'annulation d'opérations, et par le ralentissement de l'économie. Ces facteurs interagissent avec les déterminants sociaux de la santé, de sorte que certaines parties de notre population sont plus durement touchées que d'autres. Comme l'a dit Mme Siddiqi, les populations noires du Canada ont été les plus durement touchées par la COVID-19.
Nos politiques sociales et notre plan de relance en cas de pandémie doivent être élaborés de manière à réduire les inégalités et à atteindre les personnes les plus touchées. La réduction du risque différentiel lié aux déterminants sociaux de la santé est une intervention importante à cet égard, et probablement l'une des plus importantes. L'idée d'un plan de relance ciblé sur les populations les plus touchées permettrait non seulement d'améliorer notre réponse, mais aussi de rendre ces populations plus résilientes aux futures pandémies et aux futures vagues.
Le dernier outil, ce sont les chiffres et les données. Je suis un chercheur et je fais partie d'un groupe de réflexion. Nous pensons que les chiffres et les données sont essentiels, et ils l'ont été dans la lutte contre la COVID. Nous nous sommes appuyés sur le nombre de cas, le nombre de décès et, soudainement, tout le monde comprend ce qu'est un nombre R, ce que je n'aurais jamais cru possible de mon vivant.
Les chiffres sont également utiles pour indiquer si nos interventions fonctionnent pour tout le monde, et pour ce faire, nous avons besoin de données ventilées. Nous avons désespérément besoin de meilleurs flux de données sur la race et l'ethnicité et d'autres déterminants sociaux de la santé pour la COVID-19 et pour la santé en général. Nous avons besoin de données similaires, bien sûr, pour la politique sociale. Ces données doivent être de bonne qualité et il doit y avoir une bonne gouvernance et une bonne reddition de comptes en matière de données. Les collectivités veulent de plus en plus avoir leur mot à dire et contrôler l'utilisation de leurs données.
Le Wellesley Institute recommande que le Canada recueille des données démographiques au niveau individuel pour la COVID-19, y compris la race et l'ethnicité, et que le Canada entreprenne d'urgence une analyse novatrice en utilisant les données existantes pour obtenir un tableau aussi précis que possible des disparités. Il recommande également que le Canada élabore une stratégie de collecte continue de données sociodémographiques pour la politique sociale et de santé, y compris la race et l'ethnicité.
Mais les données ne sont pas une fin en soi. Les données doivent être liées à des stratégies significatives visant à réduire les disparités. Cela signifie un engagement avec les collectivités, des recherches et des mesures pour élaborer des interventions équitables en matière de santé publique et de politique sociale.
En conclusion, la santé publique est l'art et la science de prévenir les maladies, de prolonger la vie et de promouvoir la santé grâce aux efforts organisés de la société. Les interventions en matière d'équité en santé et le concept de déterminants sociaux de la santé sont des outils importants pour nous aider à planifier la meilleure réponse à une pandémie. Ils constituent également une base solide pour la politique sanitaire et sociale.
La stratégie universelle a en fait entraîné un énorme nombre de décès sur le Titanic et, jusqu'à présent, a mené à une hausse importante des décès dans certains segments de la population canadienne durant la pandémie de COVID-19.
Si nous voulons une réponse à la COVID-19 et des systèmes de santé mieux adaptés au XXIe siècle, nous avons besoin de lois qui garantissent l'équité; nous avons besoin de plans de lutte contre la pandémie de COVID-19 fondés sur l'équité; nous avons besoin d'une politique sociale et de plans de relance axés sur la réduction des inégalités actuelles et nous avons besoin de flux de données et de recherches qui nous permettent de détecter correctement les groupes à risque, d'élaborer des interventions appropriées et de surveiller leur incidence.
Si nous pouvons mettre toutes ces mesures en place, nous ferons en sorte que la bonne réponse du Canada devienne une excellente réponse, et nous sauverons des vies.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie beaucoup de poser cette question. Je me ferai un plaisir de vous en dire plus à ce sujet.
Je pense que pour faire mieux, il faut comprendre la cause de leur vulnérabilité. De façon générale, nous pourrions envisager deux approches. L'une consiste à atténuer le préjudice subi par les personnes vulnérables, mais il faut d'abord se demander ce qui les a rendues vulnérables au départ. Qu'est-ce qui fait que nous considérons que les gens sont vulnérables ou non? La documentation nous a appris que la situation sociale et économique des gens, en ce qui concerne notamment la race et la classe sociale, crée une vulnérabilité inhérente. Si nous ne nous attaquons pas au fait que la vie, les conditions matérielles, le stress, les occasions et d'autres facteurs sont fondamentalement influencés par la race et la classe sociale, nous ne pouvons espérer faire quoi que ce soit à propos des conséquences finales de la vulnérabilité, comme les iniquités au chapitre de la COVID-19, des maladies cardiovasculaires, de l'hypertension, de l'éducation, de l'emploi, etc.
Je pense que nous pouvons examiner longuement et en profondeur la manière dont nous structurons les occasions dans la société et nous dire « Nous voulons une société où les politiques et les institutions offrent des occasions à tous. » Comme l'un des membres l'a souligné avec éloquence, c'est là la distinction entre l'égalité et l'équité, au sens où — sachant que la société n'est pas équitable et est injuste envers certains — nous devons commencer à examiner des politiques clés qui nous permettraient d'assurer l'équité au lieu de simplement offrir des occasions, comme si tout le monde pouvait en profiter de manière égale.
L'éducation postsecondaire l'illustre fort bien. D'aucuns pourraient faire valoir que tout le monde peut présenter une demande d'inscription, ce qui crée une sorte d'égalité. Nous n'empêchons personne de présenter une demande. Quiconque a les notes requises et satisfait aux critères peut s'inscrire. Ce n'est toutefois pas ainsi que les choses fonctionnent, car il faut être capable de payer les frais. Les gens doivent bénéficier du soutien d'enseignants qui les aident à avoir le sentiment qu'ils peuvent se rendre jusque là. Ils doivent vivre dans un milieu qui ne leur cause pas un stress tel qu'ils ne peuvent se concentrer sur leurs études. Il en va de même pour la COVID. Oui, nous pourrions tous nous confiner, respecter la distanciation sociale et, techniquement, éviter la COVID, mais ce n'est pas réellement ainsi que les choses se passent. Certains d'entre nous sont plus exposés que d'autres à la maladie en raison de leur position vulnérable.
Je suppose que ce que je veux faire comprendre, c'est qu'aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, il faut vraiment examiner les injustices fondamentales qui rendent les gens vulnérables dans notre société pour pouvoir s'attaquer aux conséquences de cette vulnérabilité.
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Volontiers, et je vous remercie de me poser la question.
Je suis entièrement d'accord avec Mme Siddiqi: nous devons fondamentalement tendre vers l'équalité et l'équité, et il y a des causes fondamentales qui expliquent les disparités.
Le problème, c'est que ce n'est pas au cours de la première ou de la deuxième vague de la pandémie, ou lors de la relance, que seront prises une bonne partie des mesures visant à éliminer ces causes fondamentales. Il faut donc se demander ce qu'on peut faire maintenant pour aider concrètement ce groupe à bénéficier d'une réaction plus équitable.
Je pense que si nous avions les données nécessaires, nous constaterions que les diverses provinces réussissent à différents degrés à avoir une réaction équitable. J'en suis complètement sûr. Nous savons que les diverses provinces affichent des taux totalement différents de contamination à la COVID. Si on compare la Colombie-Britannique avec le Québec et l'Ontario, on observe des résultats très différents. En fait, si le Québec et l'Ontario avaient eu des résultats de la même qualité que ceux de la Colombie-Britannique, environ 2 000 vies auraient été sauvées en Ontario et 4 000 l'auraient probablement été au Québec.
Nous avons fait les choses de manières très différentes. Si nous pouvions seulement en arriver au point où nous pourrions faire en sorte que les provinces réagissent de manière égale dans la lutte contre la COVID, les résultats seraient meilleurs pour tous.
L'objectif de la législation consiste à tenter de favoriser l'équité et à faire en sorte que les provinces pensent à l'équité quand elles élaborent leurs plans de lutte contre la pandémie. Pour l'instant, plusieurs n'y pensent pas, ce qui explique pourquoi il y a des disparités. Le fait de penser à l'équité lors de l'élaboration des plans de lutte contre la pandémie ne permettrait pas d'éliminer toutes les disparités, mais puisqu'il existe des causes fondamentales à ces disparités, comme Mme Siddiqi l'a fait remarquer, nous pourrions certainement réagir de meilleure manière et de façon plus équitable et ainsi sauver des vies en adoptant un point de vue qui tient compte de l'équité dans le domaine de la santé.
Puis, quand nous en arriverons à la relance, nous devrons en profiter pour atténuer certains des facteurs fondamentaux à l'origine des iniquités. Je pense que nous pouvons agir maintenant, directement dans nos plans de lutte contre la pandémie, puis dans nos plans de relance, afin d'être plus équitables et de sauver des vies.
Je pense aussi qu'il est criminel de ne pas disposer des données nécessaires. Nous sommes en 2020, n'est-ce pas?
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Je peux vous révéler la principale raison que nous entendons souvent, puis formuler des hypothèses sur ce qui pourrait se passer.
On nous indique souvent que si on ne communique pas des données, si on ne les rend pas accessibles ou qu'on ne les recueille pas de façon plus globale, c'est en fait pour protéger la vie privée des Canadiens, puisqu'il pourrait y avoir quelques problèmes, particulièrement si la diffusion à grande échelle de données compromettait la sécurité et la vie privée de Canadiens en permettant d'identifier des personnes précises. Or, peu d'éléments portent à croire que les préoccupations sont suffisantes pour empêcher la diffusion de données réellement précieuses. Est-il quand même possible d'identifier des Canadiens précis même si les données sont anonymisées? Il n'est presque jamais possible de le faire. Il existe peut-être une très mince possibilité, comme c'est le cas pour les données du recensement, d'ailleurs, mais ce n'est pas suffisant pour me convaincre qu'il y a un motif légitime de ne pas recueillir des données et de les rendre libres d'accès aux gens comme moi, le Dr McKenzie et d'autres intervenants afin d'informer notre pays de ce qui nous arrive.
Voilà qui m'amène à ce qui pourrait se passer, selon moi. C'est malheureux, mais je pense que quand on ne recueille pas de données, on a au moins une manière de faire fi des preuves. Nous pouvons faire passer nos opinions pour des faits, pour la simple raison que nous ne disposons pas des faits.
J'ai l'impression que, comme vous l'avez fait remarquer et comme je l'ai souligné auparavant, si nous avons des données et si des scientifiques indépendants peuvent les analyser, il se forme un corpus de preuves qui, d'une certaine manière, nous force à au moins admettre les faits, à au moins devoir admettre et affronter le fait que nous avons devant nous des sources de preuves empiriques, au lieu de nous retrouver avec une situation dans laquelle tout le monde affirme pratiquement n'importe quoi sans que nous ne disposions d'une manière efficace de confirmer ou d'infirmer ces propos.
Je pense que si le gouvernement hésite, c'est en partie parce que ces données permettraient de faire de sérieuses démonstrations empiriques de ce qui se passe au sein de notre société. En outre, comme le Dr McKenzie l'a indiqué, ce n'est pas la fin; ce n'est que le début, et cela nous forcera à aller de l'avant et à agir.
Je vous souhaite de nouveau la bienvenue à la 32e séance du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Nous siégeons conformément à l'ordre de renvoi du 26 mars 2020. Le Comité poursuit sa séance d'information sur la réponse canadienne à l'éclosion du coronavirus.
J'aimerais faire quelques observations pour la gouverne des nouveaux témoins. Avant de parler, veuillez attendre d'être nommés. Lorsque vous êtes prêts à prendre la parole, vous pouvez cliquer sur l'icône de microphone pour activer votre micro. Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. L'interprétation de la vidéoconférence sera très semblable à ce qui se fait dans une réunion normale de comité. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais et le français. Si vous passez d'une langue à l'autre, vous devrez changer le canal d'interprétation afin qu'il corresponde à la langue dans laquelle vous vous exprimez. Vous voudrez peut-être faire une courte pause lorsque vous changez de langue. Lorsque vous ne parlez pas, votre microphone doit être mis en sourdine.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
De l'Institut canadien d'information sur la santé, l'ICIS, nous accueillons Mme Kathleen Morris, vice-présidente, Recherche et analyse, et Mme Mélanie Josée Davidson, directrice, Performance du système de santé. Du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, nous avons Mme Colleen Merchant, directrice générale, Cybersécurité nationale, Secteur de la Sécurité et de la Cyber-Sécurité nationale. Du Centre de la sécurité des télécommunications, le CST, nous accueillons M. Scott Jones, dirigeant principal, Centre canadien pour la cybersécurité. De la GRC, nous souhaitons la bienvenue au surintendant principal Mark Flynn, directeur général, Criminalité financière et la cybercriminalité, Opérations criminelles de la police fédérale. De Statistique Canada, nous accueillons Mme Karen Mihorean, directrice générale, Perspectives, intégration et innovation en données sociales; M. Marc Lachance, directeur général par intérim, Diversité et populations; et M. Jeff Latimer, directeur général et conseiller stratégique pour les données sur la santé.
Merci à vous tous d'être parmi nous. Nous allons commencer par les déclarations des témoins, plus précisément par l'Institut canadien d'information sur la santé.
Je vous en prie. Vous avez 10 minutes.
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Merci, monsieur le président.
Au nom de l'Institut canadien d'information sur la santé, merci de l'occasion de comparaître devant le comité permanent.
Je m’adresse à vous aujourd’hui depuis le territoire ancestral des Wendats, de la nation Anishinabek, de la Confédération des Haudenosaunee et des Mississaugas de New Credit. Je reconnais que des Premières Nations, des Inuits et des Métis vivent maintenant en grand nombre sur ce territoire.
Depuis 1994, l’ICIS, comme on nous appelle communément, est un chef de file en matière de données et d’information sur la santé. L’ICIS est un organisme autonome sans but lucratif financé par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Notre conseil d’administration est formé de sous-ministres de la Santé et d’autres dirigeants des systèmes de santé qui représentent toutes les régions du pays. L’ICIS a signé des ententes de partage de données avec chaque province et territoire, ainsi qu’avec plusieurs organismes fédéraux.
Les données pancanadiennes sur la santé sont une responsabilité partagée entre l’ICIS et nos partenaires à Statistique Canada, à Santé Canada et à l’Agence de la santé publique du Canada. Chacun de ces organismes joue un rôle défini au sein de l’écosystème de la santé, celui de l’ICIS étant axé sur les systèmes de soins de santé et leur fonctionnement.
Par exemple, l’ICIS gère les données sur les hôpitaux, les soins de longue durée, les dépenses de santé et la main-d’oeuvre en santé, ainsi que l’information sur la performance des systèmes de santé. Les données sont fournies volontairement par les provinces et les territoires, selon les normes convenues d’un commun accord. Ces données sont ensuite regroupées et comparées, ce qui permet aux systèmes de santé d’apprendre les uns des autres. De plus, nous collaborons étroitement avec des organismes internationaux comme l’OCDE et le Fonds du Commonwealth, ce qui nous permet de tirer des leçons des autres pays.
Les données et l’information recueillies sont mises à la disposition des responsables de l’élaboration des politiques, des dirigeants des systèmes de santé, des chercheurs et du public. Nous jouons un rôle capital en fournissant des données et des analyses pertinentes et fiables aux décideurs des systèmes de santé canadiens. Toutefois, nous restons neutres et objectifs dans l’accomplissement de notre mandat. Nous n’élaborons pas de politiques et ne prenons pas position en matière de politiques. En définitive, l’ICIS contribue aux efforts déployés pour améliorer les systèmes de santé et la santé des Canadiens. Pour atteindre ses objectifs, l’ICIS se doit de préserver la confiance du public. Nous sommes résolus à protéger la vie privée des Canadiens et à assurer la sécurité de leurs renseignements personnels sur la santé.
Pendant la pandémie de COVID-19, les travaux de l’ICIS étaient axés sur trois priorités: premièrement, maintenir l’approvisionnement actuel en données et chercher des occasions de l’enrichir; deuxièmement, développer des produits ou des services analytiques visant à contribuer aux efforts dans la lutte contre la COVID; et troisièmement, fournir des données et de l’information rapidement à ceux qui en ont besoin.
Laissez-moi vous donner un ou deux exemples dans chacun de ces secteurs prioritaires.
Pour maintenir et enrichir la chaîne d'approvisionnement en données, nous travaillons étroitement avec nos fournisseurs de données pour réduire les interruptions dans le flux de données. Nous sommes heureux d’annoncer que les hôpitaux et la majorité des établissements de soins de longue durée ont été en mesure de respecter les échéances habituelles pour la collecte de données pour l’exercice financier 2019-2020. Nous avons également diffusé de nouvelles normes relatives à la saisie des cas confirmés et suspectés de COVID. Cette information sera très importante pour analyser la réponse des hôpitaux face à la pandémie. Nous avons également créé des lignes directrices qui permettent de recueillir des données de grande qualité sur la santé fondées sur la race, un sujet qui a d’ailleurs fait l’objet d’une discussion plus tôt aujourd’hui.
Le deuxième objectif consiste à fournir des analyses visant à éclairer la prise de décision. Durant les premières phases de la pandémie, nous avons été sollicités par de nombreuses personnes chargées d’anticiper les besoins en matière de lits d’hôpitaux, de personnel de santé et de fournitures médicales comme les ventilateurs et l’équipement de protection personnelle. En réponse à cette demande, nous avons élaboré un outil pour aider à modéliser ces besoins en ressources à l’échelle locale. Nous avons également formulé des conseils et facilité l’échange d’expertise entre les équipes de modélisation travaillant dans diverses régions au pays. Plus récemment, nous avons publié un rapport qui compare la situation de la pandémie au Canada dans le secteur des soins de longue durée à celle d’autres pays. Le rapport a révélé que l’adoption rapide de mesures sanitaires strictes dans les établissements de soins de longue durée était associée à un nombre inférieur de cas de COVID-19 et à un taux moindre de décès.
Enfin, notre troisième initiative portait sur la réponse aux demandes. En plus d’avoir analysé en détail des sujets précis, l’ICIS a, au cours des derniers mois, répondu à plus de 500 demandes de données et d’information. L’objet de ces demandes a évolué au fil des semaines. Initialement, les demandes visaient à dresser le bilan de la situation: nombre de cas, de patients et d'hospitalisations. On nous a ensuite posé plus de questions sur les soins de longue durée. Plus récemment, les questions ont principalement porté sur la réouverture sécuritaire des services de santé et les conséquences possibles du confinement sur des enjeux comme les problèmes de santé mentale et l’usage de substances ainsi que les chirurgies planifiées.
Au fur et à mesure que nous suivions l'évolution de la pandémie en collaboration étroite avec nos partenaires fédéraux, il est devenu clair qu'il existe certaines lacunes dans d'importantes chaînes d'approvisionnement en données entre les systèmes de santé et au sein de ceux-ci au Canada. La COVID-19 a mis en lumière certaines de ces lacunes, et nous constatons qu'elles tombent dans au moins trois catégories.
Il y a d'abord des lacunes dans la disponibilité des données. Ces lacunes sont bien réelles. Les données n'existent tout simplement pas, comme les témoins de la première partie de la réunion l'ont peut-être souligné. Ces lacunes touchent par exemple l'information sur les fournitures et l'équipement disponibles dans le système, ou encore les caractéristiques des établissements de soins de longue durée, comme le nombre de patients dans les chambres, les propriétaires et le type de gestion, ainsi que le ratio de dotation en personnel. Nous avons également ciblé d'importantes lacunes dans les données portant sur certains aspects de la main-d'œuvre de la santé, comme le nombre de préposés aux services de soutien à la personne et leur lieu de travail.
La deuxième catégorie concerne les données qui existent, mais qui ne sont pas disponibles à temps pour la prise de décisions. Par exemple, il nous faut des données plus actuelles sur les hôpitaux et les services d'urgence. Bien qu'elles soient recueillies dans les établissements hospitaliers partout au pays, ces données ne cheminent pas assez rapidement pour éclairer le type de décisions nécessaires durant une pandémie. Pour combler temporairement cette lacune et aider le gouvernement fédéral à déterminer si les hôpitaux dans certaines régions du pays étaient submergés par les cas de COVID, nous avons créé un rapport sur le nombre de lits d'hôpitaux, de lits dans les services de soins intensifs et de ventilateurs et leur l'utilisation. Chaque jour, ce rapport est mis à jour manuellement par nos principales personnes-ressources dans les provinces et les territoires et par le personnel de l'ICIS.
Enfin, certaines lacunes sont attribuables à notre incapacité d'intégrer les données. Les systèmes sont souvent incapables de communiquer entre eux, soit parce qu'ils utilisent des normes différentes, soit parce que les données qu'ils traitent ne comprennent aucun identificateur personnel permettant cette connexion. Par exemple, il nous est impossible actuellement de suivre le parcours complet d'un patient atteint de la COVID — du dépistage au traitement et, espérons-le, jusqu'au rétablissement —, car les dossiers de santé publique, les dossiers médicaux électroniques et les dossiers des systèmes de santé sont fragmentés.
L'ICIS travaille continuellement à améliorer la portée et la disponibilité des données des systèmes de santé canadiens aux fins d'analyse et de prise de décisions. Nous savons que les lacunes sont nombreuses, mais nous recommandons d'en combler trois en priorité.
Il y a premièrement le manque de données exhaustives, actuelles et intégrées sur la main-d'œuvre de la santé pour soutenir la planification et les politiques.
La collecte et l'analyse des données sur la main-d'œuvre de la santé sont actuellement fragmentées et incomplètes. Nous devons recueillir dans nos systèmes actuels de l'information sur d'autres professions, comme les techniciens en inhalothérapie et les préposés aux services de soutien à la personne, afin de mieux comprendre la composition du personnel de première ligne et les différents milieux de travail. Nous devons aussi veiller à ce que ces données puissent être couplées avec celles sur l'utilisation des services de santé ainsi qu'avec les données financières des organismes de soins de santé. Ainsi, il serait sans doute plus facile de connaître les taux d'infection au sein de la main-d'œuvre de la santé, le nombre d'heures supplémentaires effectuées et les effets à long terme de la COVID-19 sur les travailleurs de première ligne.
La deuxième lacune se rapporte à la nécessité d'avoir des données plus actuelles et exhaustives sur les soins de longue durée: les résidants, les travailleurs et les établissements.
Même si les données sur les profils cliniques des résidants des établissements de soins de longue durée sont excellentes dans la plupart des régions du pays, nos connaissances comportent des lacunes. Nous en savons peu sur la qualité de vie et l'expérience des résidants avant la pandémie, ni sur les changements que cette dernière a provoqués dans ces domaines. De plus, les renseignements dont nous disposons sur les établissements proprement dits, sur la composition du personnel qui dispense les soins et sur la détection et la gestion des éclosions sont limités. Il importe de reconnaître que même si les établissements de soins de longue durée traitent nos personnes âgées les plus vulnérables, un grand nombre de Canadiens âgés vivent dans d'autres milieux de soins sur lesquels nous avons très peu d'information.
Enfin, il faut des données plus actuelles et exhaustives sur les soins hospitaliers et les services cliniques dispensés aux patients atteints de la COVID ainsi qu'à ceux qui présentent d'autres problèmes de santé.
Les données de l'ICIS sur les hôpitaux brossent un portrait détaillé du nombre de Canadiens traités et des types de soins qu'ils reçoivent. Ces données d'excellente qualité sont toutefois assemblées par des spécialistes en information sur la santé après la sortie du patient de l'hôpital. Afin de mieux gérer nos systèmes face à des questions émergentes, comme la COVID-19, mais aussi la grippe saisonnière et l'épidémie de surdoses d'opioïdes, il faut automatiser le flux de données des hôpitaux en temps réel, ou presque réel, et avoir de plus amples renseignements sur les patients à leur arrivée à l'hôpital.
Les discussions sur ces solutions concrètes se poursuivent. Les bases ont été jetées, mais ces solutions exigeront l'engagement des gestionnaires des systèmes de santé et des dispensateurs de soins, le leadership des responsables des politiques et une aide financière pour le développement et la mise en œuvre de systèmes d'information.
Aujourd'hui, nous sollicitons votre engagement et votre soutien. De meilleures données permettent de prendre de meilleures décisions et, en fin de compte, d'améliorer la santé des Canadiens.
Je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de faire cette présentation. Je serai ravie de répondre à vos questions.
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Monsieur le président, membres du Comité, bonjour et merci de m'avoir invité à comparaître pour discuter de la cybersécurité pendant la pandémie de COVID-19.
Comme cela vient d'être dit, je m'appelle Scott Jones et je suis le chef du Centre canadien pour la cybersécurité du Centre de la sécurité des télécommunications. J'ai le plaisir d'être accompagné de mes collègues, le surintendant principal Mark Flynn, directeur général de la criminalité financière et de la cybercriminalité à la GRC, et Colleen Merchant, directrice générale de la cybersécurité au ministère de la Sécurité publique.
En matière de cybersécurité, nos ministères ont des mandats distincts, mais complémentaires.
Le Centre de la sécurité des télécommunications, le CST, qui relève du ministre de la Défense nationale, est l'un des principaux organismes de renseignement du Canada et la principale autorité technique du pays en matière de cybersécurité. Le Centre canadien pour la sécurité cybernétique — ou comme je l'appellerai désormais, le cyber centre — est une branche du CST. Nous défendons le gouvernement du Canada, nous faisons connaître les pratiques exemplaires quant à la prévention des compromissions, nous gérons et coordonnons les incidents d'importance nationale et nous travaillons à l'édification d'un Canada numérique sécuritaire.
La Sécurité publique dirige les travaux entourant l'élaboration des politiques du gouvernement du Canada en matière de cybersécurité. Cela comprend la mise en œuvre de la stratégie nationale de cybersécurité de 2018 et la coordination des efforts et des initiatives stratégiques déployés à l'échelle du gouvernement pour assurer la sécurité des biens numériques et cybernétiques. La Sécurité publique soutient également la protection des infrastructures névralgiques et propose des outils d'évaluation aptes à fournir des conseils de haut calibre aux propriétaires et aux opérateurs quant à la façon d'améliorer leur situation en matière de cybersécurité et de cyberrésilience.
Les services de police fédéraux de la GRC sont chargés d'enquêter sur les attaques contre les infrastructures essentielles du Canada — dont le secteur des soins de santé — en collaboration avec les services de police locaux. En outre, la GRC dispose de son Unité nationale de coordination de la lutte contre la cybercriminalité, un service pancanadien qui a pour fonction de coordonner la réponse des services de police canadiens face aux incidents de cybercriminalité. Ensemble, nos trois services travaillent avec les intervenants du milieu canadien de la cybersécurité afin de protéger le Canada et les Canadiens contre d'éventuelles cybermenaces.
Aujourd'hui, j'aimerais faire le point sur le contexte actuel de la cybermenace dans le cadre de la pandémie la COVID-19 et souligner le travail important que le CST, la GRC et la Sécurité publique accomplissent pour protéger le gouvernement du Canada et les Canadiens, en particulier dans le contexte du secteur de la santé.
Les auteurs de cybermenaces tentent de tirer parti des préoccupations accrues des Canadiens à l'égard de la COVID-19. Nos vies dépendent de plus en plus des communications numériques. C'est un phénomène qui existait déjà avant la pandémie, mais qui s'est accentué avec cette dernière. Les cybercriminels sont conscients de cette dépendance numérique et ils cherchent à tirer profit de la situation actuelle. Que ce soit pour la cyberinfrastructure sous-jacente à l'Internet des objets, les appareils connectés ou les applications permettant la notification numérique des possibilités d'exposition au virus, la collaboration en matière de cybersécurité est plus essentielle que jamais. Or, pour connaître un succès pérenne, les solutions doivent impérativement être conçues en tenant compte de la cybersécurité.
Du point de vue du gouvernement, l'objectif sous-jacent doit être de protéger les Canadiens en ligne. Ces efforts sont en cours et ils sont considérables. C'est le cyber centre qui mène la charge pour le gouvernement fédéral. Outre ces efforts, la cybersécurité et la cybercriminalité restent interconnectées; elles rappellent à notre esprit l'importance de traduire en justice les responsables de ces méfaits.
L'application de la loi reste un élément essentiel de la cybersécurité. À ce titre, le Programme de la police fédérale de la GRC enquête sur les menaces les plus importantes pour l'intégrité politique, économique et sociale du Canada. On pense entre autres à la cybercriminalité qui cible le gouvernement fédéral, menace les infrastructures essentielles du Canada et le secteur des soins de santé, s'arrime aux cybersystèmes pour faciliter ou soutenir des activités terroristes et menace des actifs commerciaux névralgiques susceptibles d'avoir d'importantes répercussions sur le plan économique.
La GRC travaille avec ses partenaires nationaux et internationaux en matière d'application de la loi et avec d'autres organismes du gouvernement du Canada pour s'assurer que les cybermenaces de toutes sortes ne sont pas traitées isolément. Une mise en commun appropriée et opportune des renseignements les concernant est essentielle pour les enquêtes et elle contribue à améliorer la cybersécurité des Canadiens. Par exemple, le cyber centre et la GRC travaillent ensemble en échangeant des renseignements sur les arnaques en ligne afin d'alerter les Canadiens à leur sujet et de favoriser la circulation d'indicateurs de compromission aptes à les bloquer et à les prévenir. Du côté de la sécurité publique, on s'attaque à ces questions en dialoguant avec les parties concernées et en favorisant la tenue d'échanges féconds afin de cerner les problèmes et de proposer des solutions stratégiques.
Le cyber centre travaille sans relâche pour sensibiliser le public aux cybermenaces qui pèsent sur les organismes de santé en émettant de manière proactive des alertes idoines et en leur fournissant des conseils adaptés au secteur de la santé, aux partenaires gouvernementaux et aux parties prenantes de l'industrie. Tout au long de la pandémie, le cyber centre a travaillé en étroite collaboration avec des partenaires industriels et commerciaux pour faciliter le retrait de sites Web malveillants, y compris ceux qui ont usurpé l'identité de ministères et d'organismes du gouvernement canadien. Le cyber centre a également contribué à la surveillance d'importants programmes du gouvernement du Canada et à la protection de ces programmes face aux cybermenaces. On pense notamment à l'application Web de la Prestation canadienne d'urgence. Nous avons continué à évaluer les applications infonuagiques, notamment pour l'Agence de la santé publique, et nous avons assuré la surveillance et la défense de l'utilisation de l'infonuagique au sein du gouvernement.
Cependant, les citoyens canadiens eux-mêmes sont également menacés. Étant donné que les personnes et les organisations se tournent de plus en plus vers le travail et l'apprentissage à domicile, les appareils personnels et les réseaux domestiques sont devenus des cibles attrayantes. En réponse, le cyber centre s'est associé à l'Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, l'ACEI, afin de créer et de lancer le Bouclier canadien de l'ACEI, un service gratuit visant à bloquer les menaces qui visent le système de noms de domaine — le DNS — et à préserver la confidentialité et la sécurité en ligne pour tous les Canadiens.
Le cyber centre a également collaboré avec le Centre antifraude du Canada. Cet organisme est géré par la GRC, la Police provinciale de l'Ontario et le Bureau de la concurrence, c'est-à-dire par les trois sources de confiance du Canada pour le signalement et l'atténuation des fraudes par marketing de masse.
Les principaux objectifs du Centre antifraude sont la prévention par l'éducation et la sensibilisation, la perturbation des activités criminelles et la diffusion de renseignements permettant aux organismes responsables de l'application des lois de dépister les implications du crime organisé dans les stratagèmes frauduleux.
Grâce à des conseils et à des orientations ciblés, le cyber centre contribue à protéger les intérêts des Canadiens en matière de cybersécurité. J'invite tous les Canadiens à visiter le site pensezcybersecurite.gc.ca et toutes les entreprises à visiter le site cyber.gc.ca pour en savoir plus sur les pratiques exemplaires qui peuvent être appliquées pour vous protéger, vous et tous les Canadiens, contre les cybermenaces.
Enfin, le cyber centre a déterminé que la pandémie de COVID-19 présente un risque sérieux pour la cybersécurité des organismes de santé canadiens investis dans la réponse à la pandémie. Les auteurs de cybermenaces savent que le secteur de la santé subit d'intenses pressions pour ralentir la propagation de la COVID-19 et mettre au point des traitements médicaux aptes à prévenir les nouvelles infections et leur propagation. Or, étant donné leurs capacités limitées en matière de cybersécurité, les hôpitaux et autres services médicaux de première ligne sont souvent la cible d'activités malveillantes à cet égard.
Nous continuons à recommander aux organismes de santé canadiens de rester très vigilants et de prendre le temps de veiller à appliquer les meilleures pratiques en matière de cyberdéfense, notamment en surveillant davantage les journaux de réseau, en rappelant aux employés d'être attentifs aux courriels suspects et d'utiliser des pratiques de télétravail sécurisées le cas échéant, et en veillant à ce que les serveurs des systèmes névralgiques soient protégés par des correctifs pour toutes les vulnérabilités connues en matière de sécurité.
Afin de protéger davantage le secteur de la santé, la Sécurité publique, en étroite collaboration avec le cyber centre, procède actuellement à la mise au point d'un outil de cyber enquête canadien qui permettra aux organismes du secteur de la santé tels que les hôpitaux, les cabinets de médecins et les établissements de soins de longue durée, entre autres, d'évaluer facilement la cybersécurité de leur organisation. L'enquête pourra être effectuée en moins d'une heure et sur une base strictement volontaire. Cette enquête a deux fonctions principales.
La première est de fournir à l'organisme un rapport détaillant toutes les constatations techniques relatives aux failles du programme de cybersécurité qui pourraient et devraient être colmatées pour améliorer sa cybersécurité. La deuxième fonction de cet outil est d'identifier les tendances et les défis communs en matière de cybersécurité dans le secteur de la santé afin d'aider le gouvernement du Canada à adapter son intervention quant au renforcement de la cybersécurité du secteur dans son ensemble. Le ministère de la Sécurité publique a l'intention de lancer cet outil d'enquête dans les semaines à venir et d'étendre son application aux 10 secteurs d'infrastructures essentielles afin d'examiner la cybersécurité de tous les aspects des chaînes d'approvisionnement.
Il convient également de noter que l'Équipe des infrastructures essentielles nationales de la GRC a travaillé avec l'Agence de la santé publique du Canada pour assurer la diffusion de matériel de sensibilisation au sein du secteur de la santé. Elle dispose en outre de divisions dans tout le pays qui s'affairent à créer de nouveaux partenariats dans le secteur de la santé afin d'améliorer les connaissances qu'ont ces organismes de leur situation quant aux menaces possibles.
Ensemble, nos trois ministères aimeraient souligner que même lorsque toutes les précautions possibles sont prises, il est essentiel que les organismes nous informent de tout cyberincident dont elles sont victimes. La cybersécurité est la responsabilité de chacun de nous, et il faudra tout notre savoir-faire et la collaboration de tous pour protéger le Canada et les Canadiens. Plus nous échangerons, mieux nous serons protégés. À défaut de faire circuler l'information, la prochaine personne touchée sera la prochaine victime.
Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner. Nous serons heureux de répondre à toutes vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J’aimerais d’abord vous remercier de me donner la possibilité de comparaître devant votre comité comme représentant de Statistique Canada. À titre de fonctionnaire, je suis toujours reconnaissant que de telles occasions me soient offertes. Je suis ici avec mes collègues Karen Mihorean et Marc Lachance. Ils pourront au besoin répondre aux questions qui concernent leurs domaines respectifs.
Il est évident que la pandémie a soulevé d’importantes préoccupations au sujet des répercussions disproportionnées qui se sont produites à l’échelle du Canada en fonction des disparités socioéconomiques. Tous les groupes n’ont pas été touchés de la même façon, et nous avons constaté ces répercussions dans nos données, particulièrement en ce qui concerne les aînés vivant dans des établissements de soins de longue durée, les travailleurs de la santé, les communautés racialisées, les communautés autochtones et les personnes vivant dans des ménages à faible revenu.
Avant de présenter quelques exemples clés, il est important de souligner les responsabilités au chapitre de la collecte des données dans le contexte de la COVID-19.
Les autorités provinciales et territoriales de santé publique sont chargées de la collecte et de la déclaration des cas de COVID-19 dans leur secteur de compétence. L’Agence de la santé publique du Canada est responsable de recevoir les données transmises par les provinces et les territoires et de produire des rapports à l’échelle nationale. Même si Statistique Canada ne recueille pas directement de données sur la COVID-19, nous fournissons une expertise et des conseils sur les lacunes dans les données existantes, les stratégies possibles pour les combler, ainsi que les normes qui président à la collecte et à l'échange de ces données.
J’aimerais apporter une dernière précision concernant la collecte de données. Il existe deux méthodes générales à ce chapitre: les données d’enquête, qui sont fondées sur un échantillon de la population, et les données administratives, qui représentent habituellement un recensement de tous les cas. Les cas de COVID-19 sont recensés au moyen de données administratives, qui comportent souvent certaines limites. Au Canada, il ne fait aucun doute que ces limites sont hautement problématiques.
Tout d’abord, il y a l'absence de normes communes concernant les données proprement dites et l’échange de ces données à l’échelle du pays. Il y a également des questions au sujet de l’inefficacité du traitement des données et de la qualité de ces dernières. En deuxième lieu, le manque de granularité dans les données recueillies sur la COVID-19 fait en sorte qu’il est difficile de répondre aux questions stratégiques clés. Par exemple, aucune donnée n’est recueillie sur les caractéristiques démographiques, comme la race, l’origine ethnique ou le revenu, ni sur l’état de santé sous-jacent des personnes. De plus, on ne dispose pas de données géospatiales détaillées pour mieux comprendre la propagation de cette maladie. Enfin, les données soumises au gouvernement fédéral ne comprennent pas d’identificateurs qui pourraient faciliter un couplage sécuritaire et approprié avec les bases de données existantes de Statistique Canada et ainsi combler ces lacunes.
Ceci étant dit, nous recueillons activement de nouvelles données d’enquête et nous analysons nos données existantes, afin de faire la lumière sur les répercussions indirectes possibles de la COVID-19. En cette période de distanciation sociale, beaucoup plus de jeunes que d'aînés font état d’une détérioration importante de leur santé mentale, soit 64 % comparativement à 35 %. En mai dernier, le taux de chômage des étudiants était de 40 %, ce qui est le triple du taux enregistré l’an dernier pour le même mois. Une tendance similaire a également été observée chez les jeunes qui ne sont pas aux études. Plus de 70 % des personnes âgées de plus de 80 ans au Canada déclarent au moins un problème de santé chronique préexistant lié à des symptômes graves de la COVID-19, soit plus du double du taux observé chez les adultes de moins de 60 ans.
Si nous examinons la population des immigrants, les pertes d’emploi pendant la pandémie ont plus que doublé comparativement à la population née au Canada. Nous savons aussi qu’avant la COVID-19, le taux de chômage des Canadiens noirs était déjà deux fois plus élevé que celui de la population en général, et que l’écart salarial s’est creusé au cours des dernières années. En outre, les jeunes Noirs sont deux fois plus nombreux que les autres jeunes Canadiens à déclarer vivre dans l’insécurité alimentaire. Les populations de minorités visibles, comme les Canadiens d’origine chinoise et coréenne, ont signalé une augmentation des incidents négatifs fondés sur la race au cours des derniers mois. Enfin, une femme sur 10 a indiqué s’inquiéter de la violence à la maison pendant la pandémie.
Si nous examinons les caractéristiques sociodémographiques des travailleurs en soins de longue durée, qui font actuellement face à certains des problèmes les plus difficiles, nous constatons qu’ils sont plus susceptibles d’être des immigrants, moins susceptibles de travailler à temps plein et plus susceptibles de gagner moins que le Canadien moyen. Les hommes autochtones sont deux fois et demie plus susceptibles d’être sans emploi et gagnent en moyenne 23 % de moins que leurs homologues non autochtones. Dans presque tous les indicateurs, y compris l’état de santé et l’espérance de vie, la population autochtone obtient des résultats bien en deçà des moyennes canadiennes.
La pandémie a fait ressortir un grand nombre d'inégalités sociales préexistantes que Statistique Canada étudie depuis des décennies. Afin de répondre au besoin d’obtenir plus de données, nous avons lancé un certain nombre d’outils de collecte rapides, comme des panels Web et la collecte par approche participative. Parmi les sujets abordés figuraient les répercussions de la COVID-19 sur la main-d’œuvre, l’insécurité alimentaire, la santé mentale, les perceptions à l’égard de la sécurité, la confiance à l’égard des autres et les préoccupations parentales. Statistique Canada a terminé hier la collecte par approche participative visant à mieux comprendre les répercussions sur les personnes ayant une incapacité de longue durée. Ces données seront disponibles au début d’août et comprendront de l’information sur le statut de minorité visible, ainsi que d’autres marqueurs démographiques, comme le genre, le statut d’immigrant et l’identité autochtone. D’autres données sur les problèmes de santé mentale seront aussi disponibles au cours des prochaines semaines. Elles fourniront des ventilations selon la diversité de genre, le statut d’immigrant et les groupes ethnoculturels.
En partenariat avec les provinces et les territoires, nous avons considérablement amélioré l’actualité des données sur les décès au Canada, afin d’avoir une meilleure idée de la surmortalité pendant la pandémie. Ces données seront publiées le mois prochain.
Nous travaillons aussi en partenariat avec l’Institut canadien d’information sur la santé afin d'examiner plus en détail les enjeux pour les travailleurs de la santé et les établissements de soins de longue durée.
Enfin, nous travaillons avec l'Agence de la santé publique du Canada pour que les Canadiens et les chercheurs aient accès aux données préliminaires détaillées sur le nombre de cas confirmés de COVID-19.
Je vous remercie beaucoup pour le temps que vous m'avez accordé. Mes collègues et moi-même sommes disposés à répondre à toutes vos questions.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup pour la question.
Les chercheurs sont de gros clients de l'ICIS. Je parlais de 500 demandes de données. Beaucoup de ces demandes émanaient de chercheurs en quête de données pour modéliser les conséquences de la pandémie sur le système de santé, afin d'aider à les prévoir et pour modéliser, dans le cadre de la reprise, les chirurgies électives et d'autres procédures à mesure que la situation s'améliorait.
Ce qui est particulièrement utile avec les données de l'ICIS c'est qu'elles possèdent un identifiant, ainsi nous pouvons suivre les patients dans les différents ensembles de données, savoir les médicaments qui leur ont été prescrits, s'ils sont en soins de longue durée, dans un hôpital ou dans certains cas, en soins primaires. Nous pouvons les suivre d'un ensemble à l'autre.
C'est particulièrement utile quand nous envisageons les mesures de rendement du système de santé, comme les réadmissions ou les visites répétées aux urgences, et c'est très utile pour faire le suivi des complications qui peuvent survenir sur une certaine période de temps. Par exemple, avec la COVID, il sera très intéressant de savoir s'il y a des conséquences à long terme sur la santé des patients qui ont eu des résultats positifs au test, conséquences que nous pourrions suivre tout au long de leur vie.
Cependant, vous avez raison de dire que les données sont lacunaires. Parfois à cause de la vitesse d'obtention des données. Les données que l'ICIS recueille ont été structurées pour faciliter les analyses comparatives dans les établissements de soins de longue durée, les hôpitaux et les régions sanitaires, et les analyses comparatives aident à améliorer le rendement du système de santé. Les données sont complètes, comparables, conformes à des normes communes, et fournissent de très bonnes informations sur les soins. D'autres éléments comme les réadmissions, l'intensité de la douleur dans les soins de longue durée ou l'aggravation des escarres n'évoluent pas au jour le jour et, si vous pouvez fournir cette information tous les trimestres, voire tous les ans, il est possible d'améliorer les choses.