:
Bienvenue à tous. Nous allons maintenant commencer.
Merci tout le monde.
Je n'ai que quelques remarques à faire. Le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes a réservé la pièce à 17 h 30. Nous avons donc cette limite ferme à respecter pour que leur réunion puisse commencer à temps et être télédiffusée.
Je suggère que pour la prochaine réunion, vous reteniez des sujets d'intérêts pour nos travaux futurs.
Cela dit, nous continuons. Je souhaite la bienvenue aux représentants du ministère de la Défense nationale. Nous accueillons le major-général Cadieu, directeur de l'État-major interarmées stratégique. Merci.
Il est accompagné du major-général Downes, médecin général et commandant du Groupe des Services de santé des Forces canadiennes.
Nous accueillons encore une fois les représentantes de l'Agence de la santé publique du Canada: la présidente, Mme Tina Namiesniowski; et l'incomparable Dre Tam. Je vous remercie de comparaître à nouveau.
Nous entendrons tout d'abord les représentants du ministère de la Défense nationale. Je crois que votre déclaration préliminaire est de 10 minutes.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie de l'invitation à venir discuter du rôle des Forces armées canadiennes dans l'aide gouvernementale au retour assisté des citoyens canadiens de Chine après l'apparition du nouveau coronavirus de 2019.
Je suis le major-général Trevor Cadieu. En tant que directeur de l'État-major interarmées stratégique, mon rôle est de maintenir une connaissance de la situation chez les hauts dirigeants militaires; de rédiger des directives à l'intention des Forces armées canadiennes; et de travailler avec d'autres partenaires gouvernementaux. Je suis impatient de répondre à toute question sur les détails opérationnels du rôle des Forces armées canadiennes dans l'effort global.
Comme l'a mentionné le président, je suis accompagné aujourd'hui du major-général Andrew Downes, notre médecin général. En tant que conseiller de notre ministre et de notre chef d'état-major de la Défense pour toutes les questions liées à la santé, il sera naturellement prêt à répondre aux questions d'ordre médical.
Je vais maintenant parler du rôle que nous jouons dans le départ assisté.
[Français]
Le 31 janvier, les Forces armées canadiennes ont reçu une demande d'assistance d'Affaires mondiales Canada, le ministère responsable de la première phase du retour assisté de Wuhan, en Chine, vers la base des Forces canadiennes Trenton.
[Traduction]
La contribution des Forces canadiennes à cette partie de l'opération consiste en une équipe médicale composée de six professionnels de la santé des Services de santé des Forces canadiennes. Ils sont chargés de procéder à des examens de santé des personnes devant être rapatriées dans le cadre des procédures d'embarquement à bord de l'avion à Wuhan, et de surveiller la santé de ces personnes pendant le vol de retour au Canada. Ils effectueront également un dernier examen de santé à bord de l'avion afin d'informer les responsables de l'Agence de la santé publique du Canada des passagers qui, le cas échéant, nécessitent une attention prioritaire à leur arrivée au Canada. Notre équipe médicale déployée pour soutenir cet effort est composée de deux médecins formés à la médecine d'urgence et à la médecine de vol et de quatre infirmiers militaires qualifiés pour l'évacuation sanitaire aérienne.
En réponse à une demande d'assistance distincte reçue le 1er février de la ministre de la Santé, les Forces armées canadiennes appuieront également l'accueil, l'organisation et les déplacements ultérieurs des rapatriés une fois qu'ils seront arrivés à Trenton. Plus précisément, dans le cadre de la deuxième phase, la phase arrivée et contrôle, les Forces armées canadiennes soutiendront l'Agence des services frontaliers du Canada et l'Agence de la santé publique du Canada pour ce qui est de l'accès à la piste et à l'aire de trafic à Trenton, ainsi que des services associés et du stationnement de l'avion.
En outre, diverses infrastructures de la base seront mises à la disposition de nos partenaires fédéraux et provinciaux pour les contrôles douaniers et sanitaires. De plus, conformément aux instructions des ministères responsables, l'équipe médicale militaire de bord participera aux efforts de débarquement, notamment en identifiant les personnes devant descendre en priorité en fonction des besoins médicaux.
Enfin, dans le cadre de la troisième phase, celle des activités de post-contrôle, nous continuerons à fournir du soutien en matière de logistique et d'organisation. Essentiellement, les Forces armées canadiennes fourniront un cadre logistique dans lequel l'Agence de la santé publique du Canada coordonnera les mesures de santé publique, les services sociaux d'urgence et les services de sécurité avec l'Ontario pour la période de quarantaine.
Le soutien fourni par les Forces armées canadiennes au cours de cette phase inclut le transport terrestre pour les rapatriés et le personnel de soutien; l'hébergement des rapatriés; l'infrastructure à l'usage des autorités fédérales et provinciales pour la conduite de leurs tâches liées à la période de quarantaine; les services alimentaires; et les tâches générales selon les besoins.
Il est important de souligner, monsieur le président, que les membres des Forces armées canadiennes, y compris la police militaire, ne mèneront pas directement d'activités de sécurité et d'application de la loi en rapport avec la mise en quarantaine des personnes rapatriées. L'Agence de la santé publique du Canada en est le chef de file. Toutefois, les éléments des Forces armées canadiennes à Trenton se coordonneront au besoin pour permettre aux organismes de police et de sécurité civils mobilisés par le gouvernement du Canada de mener à bien ces tâches.
En terminant, je dirais que les Forces armées canadiennes continueront à apporter leur soutien selon les directives du gouvernement, tout en menant à bien toute une série d'autres opérations nationales et expéditionnaires.
[Français]
Au bout du compte, notre soutien aux Canadiens dans le besoin sera toujours notre mission la plus importante. Nous prenons ce rôle très au sérieux.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs, le médecin général du Canada et moi-même serons heureux de répondre à vos questions.
:
Monsieur le président, je vous remercie de me donner l'occasion de faire le point sur le coronavirus. Nous étions ici la semaine dernière et certaines choses sont survenues depuis.
Je crois comprendre que lundi, des représentants de divers ministères et organismes qui participent à l'intervention du gouvernement vous ont fourni de l'information à jour.
[Français]
J'aimerais tirer profit de cette occasion pour souligner la contribution de tous les ministères et organismes qui participent aux efforts d'intervention visant à affronter le coronavirus et leur étroite collaboration avec notre agence.
[Traduction]
Comme vous le savez, la situation continue d'évoluer à l'échelle mondiale pour ce qui est de la propagation de la maladie et des mesures d'intervention. Nous continuons de surveiller la situation de près en Chine et ailleurs pour évaluer l'ensemble des risques.
Comme vous le savez sans doute, le nombre de cas augmente en Chine. À l'heure actuelle, environ 24 000 cas ont été confirmés dans le monde, dont la grande majorité en Chine continentale. Parmi ceux-là, la majorité se trouve dans la province du Hubei. À ce jour, 27 autres pays et régions ont signalé des cas, dont le Canada.
La hausse du nombre de cas signalés en Chine n'est pas étonnante. Les autorités chinoises ont entrepris des efforts importants pour empêcher la propagation du virus. Elles ont augmenté la production de produits médicaux. Elles envoient des professionnels de la santé supplémentaires dans la province du Hubei. Elles ont publié des lignes directrices techniques sur l'utilisation d'équipement de protection individuelle, et elles mettent en place d'autres lieux d'accueil et de traitement des patients qui présentent des symptômes légers ou des lieux d'observation médicale des contacts étroits.
Comme je l'ai dit la semaine dernière, le système de santé publique du Canada a tout ce qu'il faut pour gérer les cas venant de l'étranger et empêcher la propagation au Canada. Tous les pouvoirs publics font preuve d'une vigilance et d'une coordination importantes, et nous avons mis en place des protocoles pour surveiller les maladies et assurer l'identification et l'isolation rapides des cas présumés. Le système fonctionne comme il se doit pour protéger les Canadiens contre ce nouveau coronavirus, et le risque pour les Canadiens au Canada reste faible.
Dans le cadre de l'intervention du Canada, le 28 janvier, le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires se sont entendus pour créer un comité consultatif spécial sur le nouveau coronavirus. Cela s'inscrit dans le cadre de notre gouvernance fédérale-provinciale-territoriale. Elle permet la mise sur pied d'un mécanisme ciblé et ponctuel favorisant la collaboration et l'échange d'information entre le fédéral, les provinces et les territoires au chapitre de la santé publique pour lutter contre le coronavirus. Le comité continue de se réunir de façon régulière. Au besoin, il donne des conseils quant à l'action à mener par le gouvernement et à la mesure dans laquelle elle doit être modifiée en fonction de ce que nous observons.
La réaction à l'échelle internationale a également évolué au cours de la dernière semaine. Le 30 janvier dernier, le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé a déclaré que l'épidémie du nouveau coronavirus est une « urgence de santé publique de portée internationale ». L'intervention du Canada concorde avec les recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé.
La semaine dernière, j'ai également parlé des différentes mesures que le gouvernement fédéral a prises pour aider à prévenir l'introduction et la propagation de la maladie au Canada, et je ne répéterai donc pas ce que j'ai dit. Je signalerai simplement que pour ce qui est des mesures prises à la frontière, la semaine dernière, j'ai mentionné que nous avions concentré nos efforts dans trois aéroports — Toronto, Montréal et Vancouver — et j'ai parlé du fait que sur les bornes électroniques de ces aéroports, nous demandons précisément aux voyageurs s'il sont allés dans la province du Hubei. La question est maintenant posée dans sept autres aéroports.
En tout, 10 aéroports canadiens ont ajouté un questionnaire aux bornes électroniques dans lequel on demande aux voyageurs de dire s'ils sont allés dans la province du Hubei. En date du 4 février 2020, depuis que nous avons commencé à recueillir cette information en utilisant les bornes, 855 voyageurs ont déclaré revenir du Hubei, et 43 personnes ont été soumises à une évaluation plus approfondie par un agent de quarantaine. Parmi elles, 40 ont été libérées et se sont vu remettre un document d'information et trois ont reçu une ordonnance pour un examen médical supplémentaire.
Il y a également le Laboratoire national de microbiologie, qui effectue des tests de confirmation pour tout résultat d'analyse positif obtenu par les laboratoires de santé publique provinciaux et territoriaux relativement au nouveau coronavirus. En date du 4 février 2020, notre laboratoire a effectué des tests pour 149 personnes faisant l'objet d'une investigation au Canada.
Comme vous le savez, quatre personnes ont obtenu des résultats positifs et 145 ont obtenu des résultats négatifs. Jusqu'à ce jour, il y a quatre cas confirmés de coronavirus au Canada et un cas présumé confirmé, qui a été annoncé par la Colombie-Britannique hier.
[Français]
Je vais parler un peu du rapatriement des Canadiens. Comme nos collègues l'ont mentionné, nous travaillons étroitement avec nos collègues et nos homologues du gouvernement fédéral. Plusieurs ministères sont impliqués dans la planification du retour de l'avion.
[Traduction]
Nous participons grandement à ce processus, tel que mentionné, et nous collaborons très étroitement avec tous nos partenaires fédéraux. Nous sommes sur le terrain en ce moment même pour mettre la dernière touche aux plans qui favoriseront un processus de rapatriement efficace des gens sur le vol qui a été annoncé par le .
Comme on l'a indiqué, des efforts seront déployés sur le vol de même qu'avant le vol pour que nous obtenions de l'information sur l'état de santé de chaque personne qui montera dans l'avion. Cela nous permettra d'être prêts lorsque les personnes arriveront au Canada, afin que nous puissions prendre les mesures appropriées.
Comme le Comité le sait, je crois, un décret d'urgence a maintenant été pris en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine. Il nous donne l'autorité de garder tous les passagers sur la Base des Forces canadiennes Trenton pendant 14 jours après l'arrivée de l'avion. Nous pourrons ainsi procéder à une évaluation complète de leur santé et à l'observation de suivi qui sera nécessaire pendant cette période.
Nous savons également que, de toute évidence, les gens qui reviennent au Canada ont vécu une situation très stressante. En plus de l'examen physique, nous voulons vraiment nous assurer que nous leur offrons le soutien social qu'il faut afin qu'ils puissent tous obtenir des services de soutien en santé mentale au besoin. À cet égard, nous collaborons étroitement non seulement avec le gouvernement de l'Ontario, mais aussi avec d'autres partenaires, comme la Croix-Rouge canadienne.
[Français]
Je terminerai mes commentaires là-dessus. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux remercier les représentantes de l'Agence de santé publique du Canada, et c'est toujours formidable de recevoir les généraux Downes et Cadieu. Je vous remercie donc de votre présence.
Je veux remercier les Forces armées canadiennes d'aider au retour de nos Canadiens de Chine, de faciliter leur déplacement et de fournir les installations nécessaires leur permettant de rentrer chez eux en toute sécurité.
Je crois que des Canadiens voudraient savoir comment nous traiterons les passagers avant qu'ils montent dans l'avion, s'ils doivent subir un contrôle préalable avant de monter à bord et si c'est le Canada ou la Chine qui l'effectuera. De plus, quelles mesures de protection sont prises pour les membres de l'équipage et le personnel médical des Forces armées canadiennes pendant qu'ils sont à bord de l'avion? Bien entendu, nous savons que l'air qu'on y respire est de l'air recyclé, et qu'il s'agit d'un vol direct d'une durée de 9 ou 10 heures. Comment gère-t-on la situation du point de vue des biorisques?
:
Monsieur le président, je pourrais peut-être commencer par parler du processus qui consiste à faire passer les gens par les différentes étapes de l'évaluation de leur santé.
Nous travaillons en très étroite collaboration avec les autorités chinoises, qui ont clairement indiqué qu'elles voudront s'assurer que toute personne qui monte à bord de l'avion et qui quitte le Hubei ne présente aucun symptôme. Elles procéderont elles-mêmes à une évaluation de chaque personne, ce qui n'est pas différent par rapport aux autres pays qui ont rapatrié leurs citoyens. De plus, nos collègues des Forces armées canadiennes effectueront une évaluation avant l'embarquement.
Pour ce qui est du vol en tant que tel, nous avons travaillé avec nos partenaires pour nous assurer que chaque personne réponde à un questionnaire complet à bord. Il s'agira de recueillir des renseignements qui nous permettront de bien comprendre la situation des personnes: les aspects liés à leur santé qu'il serait important pour nous de savoir; les personnes avec qui elles ont pu être en contact au cours de leur séjour au Hubei; la question de savoir si elles ont été malades; et celle de savoir si elles ont été en contact avec quelqu'un qui était malade. De cette façon, nous aurons une bonne idée de la situation de chaque personne et nous aurons le type d'information qui sera nécessaire lorsque nous poursuivrons l'évaluation de leur santé à leur arrivée.
Dans le cas où quelqu'un est malade durant le voyage, nous avons préparé des protocoles visant à ce que la personne, dans la mesure du possible, soit isolée des autres passagers et reçoive du matériel, comme un masque, afin que nous puissions faire ce qui est nécessaire pour les autres personnes qui se trouvent sur le vol. Si la personne est assez malade à l'arrivée, nous avons les mécanismes qu'il faut pour la transférer aux autorités locales de santé publique afin qu'elle reçoive le traitement qu'il faut contre son problème de santé.
Il en serait de même pour les gens qui suivront le processus à Trenton. Dans le cas où une personne présente des symptômes, nous avons déjà établi des protocoles avec nos responsables locaux de la santé publique en Ontario. Il y aurait une transition en douceur vers le système de santé publique local pour que la personne reçoive l'aide dont elle a besoin.
Notre équipe médicale déployée pendant la dernière fin de semaine a emporté avec elle une vaste gamme de fournitures de protection personnelle, notamment des masques, des blouses, des gants, des écrans faciaux, etc. Ses membres en seront munis en permanence.
On offrira également aux passagers des moyens de protection, mais si, pendant le vol, l'un d'eux devait présenter des symptômes correspondant à ceux que cause le coronavirus, on l'isolera le plus possible dans l'avion et on l'obligera à porter la tenue complète. S'il était impossible de l'isoler convenablement ou suffisamment, on offrira le même degré de protection aux autres passagers.
Cette protection est très semblable à celle qu'on verrait dans un hôpital qui accueillerait un patient présentant les mêmes types de symptômes.
:
Monsieur le président, je parlerai des mesures que nous prenons à Trenton pour atténuer le risque pour les personnes revenant de l'étranger, les membres des Forces armées canadiennes et ensuite, évidemment, nos missions.
À leur arrivée, comme mesure de soutien à l'Agence des services frontaliers du Canada, ces personnes seront soumises à un dépistage initial, après quoi nous les transporterons par autocar à des installations d'hébergement à la base de Trenton. Les personnes de retour de l'étranger y occuperont des chambres individuelles, sauf les familles; comme mesure d'appui à l'Agence de santé publique du Canada, nous prenons des dispositions pour maintenir la cohésion et l'intégrité des unités familiales. Chacune de ces chambres possède également sa salle de bains, ce qui n'exigera pas l'usage collectif de ces installations.
Pendant la quarantaine, les personnes revenues de l'étranger séjourneront dans le pavillon Yukon, qui sera réservé à leur usage exclusif durant leur séjour. Elles pourront circuler dans ce secteur très localisé, sans se mêler aux membres des Forces armées canadiennes.
:
Monsieur le président, la Loi sur la quarantaine oblige très clairement chaque transporteur aérien qui atterrit au Canada à veiller, s'il transporte un malade, à en prévenir le gouvernement du Canada avant l'arrivée pour nous permettre, quel que soit l'endroit d'où il arrive, de réagir rapidement pour accueillir le malade ayant besoin de soins médicaux. Cette obligation ne souffre aucune exception.
Dans les trois aéroports canadiens où atterrit l'immense majorité de vols venant de Chine, nous avons mis en place, comme je l'ai dit, des mesures supplémentaires. On demande notamment aux voyageurs qui arrivent s'ils sont allés dans le Hubei. À la douane même, des conseils à l'intention de tous les passagers figurent sur des panneaux pour les inciter, même s'ils n'arrivent pas du Hubei, à dire à un agent des services frontaliers s'ils se sentent malades.
De plus, tous les passagers ont accès à la même information, notamment sur les symptômes à surveiller, la marche à suivre s'ils estiment devoir contacter les autorités sanitaires locales. La documentation les informe, partout où ils passent, sur les autorités à contacter et, s'ils ressentent des symptômes et se demandent si le coronavirus est en cause, sur les mesures à prendre, notamment prendre les devants et se conformer aux protocoles que nous croyons nécessaires pour nous préparer à les accueillir. Jusqu'ici, c'est exactement ce qui s'est passé.
Comme je l'ai dit, on a dirigé très peu de personnes vers l'évaluation médicale. Jusqu'ici, les mesures en place dans les aéroports ont donné les résultats escomptés. Comme la Dre Tam le dira peut-être, les mesures appliquées à la frontière ne sont pas la réponse à tout, nous le savons bien. Elles ne constituent qu'un niveau d'effort parmi d'autres, qui vise à préparer le système canadien et à le rendre réactif.
:
Je vais essayer de répondre à la question.
Nous sommes en train de finaliser les protocoles avec la province de l'Ontario. En ce moment, selon notre approche, la province intervient de façon très réactive, avec l'aide de l'ESMU, l'Équipe des services médicaux d'urgence, une ressource du gouvernement de l'Ontario.
[Traduction]
C'est une ressource de la province de l'Ontario qui se trouvera sur la base, et on pourra accueillir un éventuel malade dans une salle mobile à pression négative pour l'évaluer sur place. S'il présente des symptômes, on pourra prélever sur lui des échantillons et les analyser, grâce à notre laboratoire mobile du Laboratoire national de microbiologie.
En cas de réaction positive, on déterminerait ensuite si c'est bénin, parce que vous savez que certains Canadiens ayant présenté une réaction positive au coronavirus n'ont pas été hospitalisés. L'hospitalisation dans un établissement local dépendrait de la gravité du cas.
L'objectif évident serait d'assurer la mise en place du bon type de soutien pour bien gérer la situation.
Visiblement, les autorités sanitaires de Colombie-Britannique et l'unité locale de santé publique chargées de cette enquête ont été en contact très étroit avec l'Agence de la santé publique du Canada.
Si je comprends bien, la transmission aurait eu lieu dans un cadre familial, c'est-à-dire à la faveur d'un contact étroit à l'intérieur du ménage, ce qui n'est pas inattendu. Ça ne signifie pas que le virus s'est propagé plus loin. L'enquête visera à prendre la mesure de la situation.
Comme pour toute maladie infectieuse, les unités de santé publique sont à même de dépister et de gérer les cas et les contacts. S'il faut s'attendre à une transmission limitée entre deux personnes en contact étroit, ça ne modifie pas notre évaluation du risque au Canada. Il reste faible.
:
Comme la présidente de l'Agence vient de le dire, l'OMS a déclaré que c'était une urgence de santé publique de portée internationale et elle a précisé que nous nous trouvions maintenant à l'étape du confinement. Le confinement, la plus efficace, bien sûr, c'est à la source, en Chine même, où se prennent des mesures extraordinaires.
Loin de l'épicentre, les mesures périphériques sont beaucoup moins efficaces. Les données sur la santé publique ont montré que beaucoup de ces mesures sont absolument inefficaces. Nous en appliquons certaines et même en les superposant, elles n'érigent pas de barrière étanche. Nous avons communiqué des conseils sanitaires aux voyageurs, pour qu'ils évitent le Hubei et se dirigent, pour les déplacements non essentiels, vers le reste de la Chine.
Bien sûr, je pense qu'il est essentiel de se protéger quand on est en Chine. Il faut aussi savoir qu'on ne recevra pas de soins, particulièrement si on est bloqué à l'intérieur d'une zone de quarantaine. Voilà une autre raison pour éviter, actuellement, d'aller dans le Hubei. Pas nécessairement pour des raisons d'hygiène, mais de sécurité, Affaires mondiales Canada déconseille les voyages en Chine.
Je pense que l'OMS déconseille de réduire les déplacements et les échanges commerciaux, parce que ces mesures ne conviendraient pas et qu'elles pourraient nuire plus aux efforts mondiaux visant à confiner la maladie que les aider. Le Canada me semble adopter des mesures équilibrées et modérées relativement aux voyages.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais remercier les témoins d'être ici aujourd'hui.
Les Canadiens se soucient beaucoup des hommes et des femmes qui font partie des Forces armées canadiennes. La Base des Forces canadiennes Shearwater se trouve dans la circonscription de Dartmouth—Cole Harbour, et avec la Base des Forces canadiennes Halifax qui est située à proximité, de nombreuses familles de militaires suivent la situation de Trenton avec le plus grand intérêt dans ma circonscription. Selon moi, la plupart des Canadiens surveillent la situation du coronavirus de très près, car ils tiennent à se protéger et à protéger leur famille contre le virus.
Nous avons beaucoup entendu parler des mauvaises informations et de leur dissémination en ligne, et de la façon dont certaines personnes exagèrent la situation. L'un des majors-généraux pourrait-il nous parler des contrôles de l'état de santé auxquels seront soumises les personnes rapatriées au Canada avant leur départ de Wuhan, en Chine et après leur retour au pays? De plus, pourriez-vous nous parler des mesures qui sont actuellement mises en œuvre pour protéger les familles des militaires et la population civile de Trenton?
:
Je vous remercie beaucoup de votre question.
Manifestement, votre question comporte plusieurs volets. Le premier que j'aborderai concerne les contrôles de l'état de santé auxquels seront soumis les rapatriés pendant qu'ils sont encore en Chine. Comme on l'a déjà mentionné, un premier contrôle sera mené par les autorités chinoises, et il sera suivi d'un autre contrôle mené par le personnel médical des Forces armées canadiennes avant que l'avion ne quitte la Chine.
Pendant le vol, on surveillera les passagers et leurs symptômes, etc. Toute personne qui tombera malade pendant le vol devra suivre le protocole que j'ai mentionné plus tôt, c'est-à-dire que cette personne sera isolée du mieux possible dans l'aéronef, etc. Ces renseignements seront ensuite communiqués aux autorités en matière de santé publique au Canada.
Lorsque l'aéronef atterrira à Trenton, les Forces armées canadiennes transféreront la responsabilité de la surveillance de la santé de ces personnes à l'Agence de la santé publique, qui lancera l'étape suivante.
:
Je pense que l'un des membres du Comité a déjà posé une question sur les interdictions de voyager, c'est-à-dire lorsqu'on empêche les gens de se déplacer.
L'Organisation mondiale de la Santé ne recommande pas la mise en œuvre d'une telle mesure parce qu'en général, elle pourrait faire plus de mal que de bien. Je pense que quelqu'un a parlé des mesures mises en œuvre par les États-Unis. L'arrêt complet des déplacements soulève plusieurs problèmes.
Les membres de la communauté internationale doivent unir leurs efforts pour contenir la situation. La mise en œuvre de mesures qui ont des répercussions très négatives sur un certain pays qui s'efforce de faire de son mieux pourrait réduire la possibilité que ce pays communique de façon transparente avec les autres pays à l'avenir. La Chine a diffusé très rapidement le génome du virus. Que retire le pays de son geste? Je crois que l'idée consiste à appuyer la Chine.
Visiblement, le nombre de vols a déjà été réduit, car personne ne se rend en Chine, mais le Canada n'a pas fermé ses frontières. Nous utilisons plutôt différents niveaux de mesures pour examiner l'état de santé des arrivants, ce qui nous permet de maintenir les déplacements à la frontière.
De plus, si on souhaite appuyer les efforts de la Chine par l'entremise d'une aide médicale, on doit être en mesure d'envoyer des équipes ou d'expédier des fournitures comme des masques, des jaquettes d'hôpital, etc.
Pour toutes ces raisons, l'Organisation mondiale de la Santé ne recommandera jamais une telle mesure, sauf en cas de circonstances exceptionnelles. Comme je l'ai dit, les mesures frontalières les plus efficaces sont celles qui sont mises en œuvre à la source, c'est-à-dire en Chine.
Par vidéoconférence, nous accueillons Mme Avvy Go et Mme Kennes Lin, de Toronto. Nous accueillons également Dre de Villa, aussi de Toronto. Très bientôt, je crois, nous accueillerons Dre Bonnie Henry, de Vancouver. Il y a des retards à l'aéroport.
J'aimerais demander aux témoins de livrer un bref exposé. Veuillez être aussi brefs que possible. Habituellement, vous disposeriez de 10 minutes, mais notre temps est limité aujourd'hui. Si vous pouviez abréger votre exposé, ce serait fantastique. Nous entendrons d'abord les exposés des deux groupes de témoins qui sont présents, et Dre Henry arrivera peut-être à temps pour livrer le sien dans le temps imparti. Nous nous adapterons au besoin.
Nous entendrons donc d'abord les témoins du Chinese Canadian National Council for Social Justice. Allez-y.
:
J'aimerais d'abord vous remercier de me donner l'occasion de comparaître devant le Comité permanent de la santé pour parler de la réponse canadienne à l'éclosion de coronavirus. Je m'appelle Kennes Lin, et je représente le Chinese Canadian National Council for Social Justice — je suis également coprésidente de la section de Toronto. Je suis accompagnée d'Avvy Go, directrice de la Chinese and Southeast Asian Legal Clinic.
Depuis sa création il y a exactement 40 ans, le Chinese Canadian National Council, ou CCNC, dénonce la discrimination raciale contre les Chinois au Canada. Le CCNC a notamment assumé un rôle de leadership dans la campagne visant à obtenir réparation pour la taxe d'entrée imposée aux Chinois et la Loi d'exclusion, ce qui a mené aux excuses du Parlement qui ont été présentées aux personnes qui ont dû payer cette taxe, ainsi qu'à leur famille. En s'appuyant sur l'héritage du CCNC, le Chinese Canadian National Council for Social Justice a été mis sur pied en 2019 pour mener des activités de sensibilisation, d'éducation et de défense des intérêts, afin que tous les Canadiens aient accès à l'équité et à la justice. Plus précisément, la section de Toronto, que je représente ici, est actuellement une organisation de Canadiens d'origine chinoise de la ville de Toronto qui font la promotion de l'équité, de la justice sociale, de la participation civique inclusive et du respect de la diversité.
Au cours de la semaine dernière, la mission du Chinese Canadian National Council for Social Justice, qui est de promouvoir l'équité et la justice, a été très importante pour moi, que ce soit à titre de coprésidente de la section de Toronto ou, sur le plan personnel, à titre de Canadienne d'origine chinoise vivant à Toronto. En effet, depuis qu'on a annoncé l'hospitalisation de deux personnes atteintes du coronavirus à Toronto, les Canadiens d'origine chinoise craignent non seulement, comme tous les autres Canadiens, de contracter le nouveau virus et d'assister à l'éclosion d'une pandémie, mais ils craignent également d'être isolés et d'être accusés ou soupçonnés de transmettre le virus tout simplement parce qu'ils sont Chinois.
Ce qui rend cette remontée récente du racisme et de la xénophobie à l'égard de la communauté des Canadiens d'origine chinoise si perturbante, c'est qu'elle réveille notre mémoire collective au sujet des traitements et de la discrimination similaires auxquels nous avons fait face lors de la pandémie de SRAS, en 2003. « L'épidémie de SRAS de 2003 a eu de graves conséquences pour la santé de nombreuses personnes au Canada, avec 438 cas soupçonnés et 44 décès. Mais pour les communautés chinoises et celles d'Asie du Sud-Est au Canada, elle a également engendré de graves conséquences sociales et économiques. »
Les médias grand public ont fait du SRAS un événement médiatique et ont alimenté les craintes de la population et une panique générale, ce qui a contribué à la racialisation du SRAS. Lorsque la rhétorique anti-chinoise a commencé à se propager, des Chinois et des Asiatiques du Sud-Est qui travaillaient déjà dans des conditions précaires ont perdu leur emploi et se sont retrouvés sans moyens de subsistance. De plus, les clients ont déserté les commerces et les restaurants chinois, ce qui a entraîné, selon les estimations, des pertes financières de l'ordre de 40 à 80 % dans le quartier chinois de Toronto. De nombreuses personnes aux origines chinoises présumées ont subi du harcèlement verbal et de la violence physique au quotidien.
Aujourd'hui, 17 ans après la pandémie de SRAS, j'observe la remontée d'un racisme similaire contre les Chinois dans la foulée de l'éclosion du coronavirus. La semaine dernière, mon organisme a reçu des appels téléphoniques, des messages et des courriels de gens furieux qui rendent la communauté chinoise responsable de la pandémie de coronavirus. Cependant, cette fois-ci, le racisme est alimenté par un outil puissant et dangereux, à savoir les médias sociaux. La semaine dernière, un journaliste de CTV a été congédié pour avoir publié, sur Instagram, une photo de lui en compagnie d'un coiffeur chinois qui portait un masque sanitaire. La photo était intitulée: « J'espère que TOUT ce qu'on m'a donné aujourd'hui, c'est une coupe de cheveux #CoronaOutbreak #Coronavirustoronto ». De plus, la semaine dernière, on a partagé à maintes reprises la vidéo d'un client qui entre dans un restaurant chinois appelé Wuhan Noodle — la vidéo s'intitulait « Le virus de Wuhan s'est propagé jusqu'à Markham ». Markham est une ville au nord de Toronto où habite un grand nombre de Canadiens d'origine chinoise. Puisque l'Organisation mondiale de la Santé a décrété que l'éclosion de coronavirus constituait une urgence sanitaire mondiale, nous pouvons nous attendre à d'autres incidents liés au racisme.
J'aimerais maintenant demander à Avvy Go de vous parler des interventions effectuées par sa clinique lors de l'éclosion de SRAS et de vous communiquer nos recommandations en vue de lutter contre la remontée de la xénophobie et du racisme.
Comme Kennes l'a mentionné, je représente la Chinese and Southeast Asian Legal Clinic, une clinique juridique communautaire qui offre des services juridiques gratuits aux membres de la communauté chinoise et de la communauté de l'Asie du Sud-Est au revenu peu élevé.
Lors de l'éclosion de SRAS, notre clinique a pu observer directement les répercussions du racisme et de la xénophobie sur la communauté sino-canadienne. Par exemple, nous avons rencontré des locataires qui avaient été expulsés de leur logement simplement parce qu'ils étaient Chinois. Certains des clients de notre clinique avaient perdu leur emploi parce que les restaurants chinois où ils travaillaient devaient mettre à pied des employés à la suite d'une baisse de leur chiffre d'affaires. Nous avons également entendu les témoignages de travailleurs chinois qui avaient été congédiés ou à qui on avait dit de rester chez eux en raison de la crainte qu'ils suscitaient chez leurs collègues non asiatiques. Par conséquent, un grand nombre d'entre eux ont dû quitter leur emploi sans indemnité. Certains d'entre eux n'ont pas pu avoir accès aux prestations d'assurance-emploi en raison de leur statut. Un grand nombre d'entre eux n'étaient pas syndiqués. De plus, des membres du personnel du CISR — la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada — ont insisté pour porter un masque pendant les audiences concernant les demandeurs d’asile chinois. À l'époque, un député provincial de Brampton avait même laissé entendre que le SRAS était causé par la politique fédérale en matière d'immigration, comme si les immigrants étaient responsables de la transmission du SRAS.
Aujourd'hui, avec le coronavirus, nous entendons les mêmes histoires. Cela se produit même au sein du milieu juridique. En effet, une clinique juridique de Toronto a imposé une quarantaine à un avocat chinois qui revenait de Chine, même s'il n'est jamais allé dans les environs de Wuhan et qu'il ne montrait aucun signe du virus.
En même temps, nous savons qu'au Canada, chaque année, la grippe entraîne l'hospitalisation d'environ 12 000 personnes et cause 3 500 décès. Pourtant, personne n'a jamais suggéré d'imposer une quarantaine aux gens qui ont la grippe.
Pendant que l'Agence de la santé publique du Canada et les agences de santé publique locales déploient tous les efforts nécessaires pour empêcher la propagation du coronavirus, il faut que tous les paliers de gouvernement assument un rôle de leadership en vue d'éradiquer le virus du racisme. Il faut que le gouvernement appuie non seulement les personnes qui souffrent physiquement du coronavirus, mais également celles qui en subissent les conséquences économiques entraînées par le racisme.
Nous souhaitons formuler quelques recommandations au Comité. Elles ne concernent pas toutes des enjeux liés à la santé, mais nous aimerions que votre comité les communique au gouvernement.
Tout d'abord, nous demandons au gouvernement de créer un fonds d'urgence pour appuyer les travailleurs et les aider à récupérer une partie du salaire perdu à la suite d'une perte d'emploi liée à la situation du coronavirus. Ce fonds pourrait s'inspirer du Programme de protection des salariés, un programme réservé aux employés des entreprises en faillite.
Deuxièmement, nous suggérons au gouvernement d'envisager la création d'un fonds pour venir en aide aux petites entreprises dont le chiffre d'affaires diminue en raison de la perte de clients.
La troisième recommandation s'adresse à l'Agence de la santé publique du Canada et aux ministères de la Santé provinciaux. Nous leur demandons de prévoir des fonds pour des campagnes de sensibilisation qui fourniraient à la population des renseignements exacts et uniformes sur le coronavirus dans plusieurs langues, et pas seulement en français et en anglais. Ce type de message d'intérêt public en plusieurs langues doit également être diffusé dans les médias sociaux et dans les médias qui sont dans la langue maternelle des différentes populations.
Enfin, la campagne visant à diffuser des renseignements sur le virus doit s'accompagner d'une campagne contre le racisme. À cette fin, nous demandons à l'Agence de la santé publique de collaborer avec le bureau du secrétariat national de lutte contre le racisme, afin de lutter contre le racisme et la xénophobie causés par l'éclosion de coronavirus, et d'offrir un soutien immédiat sous forme de financement aux groupes de la communauté sino-canadienne qui luttent contre le racisme. De plus, il faudrait mettre sur pied un financement durable et à long terme en vue de lutter contre la haine et le racisme manifestés à l'égard des Chinois au Canada.
Merci.
Comme vous venez de l'entendre, je suis Dre Eileen de Villa, chef en santé publique pour la Ville de Toronto. J'aimerais remercier les membres du Comité de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui. Mon exposé sera bref.
Comme on l'a dit, je suis chef en santé publique pour la Ville de Toronto. J'ai donc le privilège de diriger le Bureau de santé publique de Toronto, la plus grande agence de santé publique locale au Canada. Nous nous occupons de la santé des quelque trois millions d'habitants de la ville de Toronto.
J'aimerais vous parler un peu de la santé publique, car je ne sais pas dans quelle mesure vous connaissez ce secteur. Je pense que c'est l'un de nos secrets les mieux gardés.
Lorsqu'on cherche une définition de la santé publique dans les manuels, on trouve souvent une description comme celle-ci: « La science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et de promouvoir la santé par l'entremise des efforts coordonnés de la société. » C'est une définition intéressante et techniquement exacte, mais selon moi, elle n'explique pas grand-chose.
Lorsque j'explique aux gens la nature de la santé publique et ses activités connexes, j'essaie de ramener le tout à trois objectifs principaux. Tout d'abord, améliorer l'état de santé de la population, deuxièmement, réduire l'écart entre les états de santé et troisièmement — et c'est peut-être l'objectif le plus pertinent dans ce cas-ci —, planifier et mettre en œuvre des interventions efficaces en cas d'éclosion et de situation d'urgence. Ce sont les trois objectifs principaux du secteur de la santé publique.
Ce qui est intéressant, c'est que si les intervenants en santé publique parviennent à atteindre ces trois objectifs, ils atteignent automatiquement un quatrième objectif, à savoir l'amélioration de la durabilité de notre système de soins de santé.
Voilà donc, en gros, ce que représente le secteur de la santé publique, ainsi que ses objectifs.
J'aime également décrire le secteur de la santé publique en expliquant qu'il s'agit d'un volet particulier de la médecine qui, à mon avis et dans mon cas, s'occupe de tous les aspects de la santé de la population. Dans ce secteur, on a adopté une approche axée sur la santé de la population et on se concentre sur la prévention, afin de veiller à ce que les gens puissent commencer leur vie en santé et le rester aussi longtemps que possible.
Tout cela s'encadre dans un système, car c'est la seule façon d'avoir un secteur de la santé publique efficace. En effet, il faut pouvoir compter sur une grande expertise et sur un large éventail de compétences qui vont des connaissances médicales techniques aux connaissances épidémiologiques, en passant par une solide compréhension des sciences du comportement, de la sociologie et, oui, de la politique. Une vaste gamme de compétences sont nécessaires pour assurer l'efficacité des pratiques en matière de santé publique, et ces compétences doivent être présentes à tous les paliers de gouvernement. Il s'agit d'un effort de coopération et de collaboration entre les échelons locaux, provinciaux et fédéral du gouvernement, et il requiert la participation d'un large éventail d'intervenants dont un grand nombre œuvrent à l'extérieur du système de santé officiel.
À ce stade-ci, j'aimerais souligner que ce sont les types d'événements comme l'éclosion de coronavirus avec laquelle nous sommes aux prises actuellement qui nous permettent de voir concrètement l'utilité d'un secteur de la santé publique pour la population, surtout lorsqu'il s'agit du troisième objectif, à savoir planifier et mettre en œuvre des interventions efficaces en cas d'éclosion et de situation d'urgence. Je crois que vous voyez également la pertinence de la notion d'interaction avec un système, c'est-à-dire que le gouvernement fédéral et les agences fédérales de la santé publique peuvent jouer un rôle important à cet égard. Les agences provinciales de la santé publique peuvent également jouer un rôle important, ainsi que les intervenants comme nous qui travaillent à l'échelon local de gouvernement.
Cela dit, je suis consciente des contraintes liées au temps, et je vais donc m'arrêter ici. Je serai heureuse de répondre aux questions des membres du Comité.
Je suis désolé, mesdames. Je vous suis reconnaissant de votre temps et de vos exposés. Vos commentaires seront très utiles dans le cadre du sujet que nous traitons.
Docteure, j'aimerais savoir si vous pouvez nous éclairer ou nous en dire davantage sur la question du processus de dépistage qui se trouve devant vous. Cela représentera une énorme préoccupation dans la ville de Toronto, car c'est une très grande ville et manifestement, lorsque des gens sont inquiets au sujet de... Pouvez-vous nous parler de ce processus de dépistage? Comment fonctionne-t-il à l'échelon provincial?
Ma question suivante, étant donné que vous menez ces tests de dépistage à l'échelon provincial... Je crois que ce processus de dépistage est valide et fiable, mais vous devez ensuite envoyer vos résultats à Winnipeg. Pouvez-vous nous expliquer la différence? Pensez-vous pouvoir mener ces tests sans avoir besoin d'assurer un suivi avec Winnipeg?
:
Je vous remercie de votre question.
Je ne suis pas spécialiste en médecine de laboratoire, mais je m'efforcerai de répondre de mon mieux.
La version courte, c'est que nous avons un nouveau virus. Ce virus a seulement été identifié il y a environ un mois. Le milieu de la médecine de laboratoire, et en particulier celui de la microbiologie, est un milieu très précis, car il est constitué de scientifiques. L'Ontario dispose d'un test de dépistage qui est effectué dans son laboratoire provincial, c'est-à-dire le Laboratoire de santé publique de l’Ontario. Le fait de disposer d'un test de dépistage pour un virus qui a seulement été identifié il y a un mois représente tout un exploit, mais nous ne sommes pas seuls. En effet, d'autres laboratoires, ailleurs dans le monde, ont également accompli cet exploit.
En pratique, les tests sont menés sur les patients ici. Les résultats sont envoyés au laboratoire provincial et ce sont des « cas présumés confirmés », car il s'agit d'un premier test. Si une analyse révèle la présence du virus, le test est positif. Mais puisque nous parlons d'un virus récemment identifié, il faut mener une deuxième analyse. C'est une analyse différente, mais elle sert aussi à détecter la présence du virus, et elle est effectuée au Laboratoire national de microbiologie, à Winnipeg.
Étant donné qu'il s'agit d'un nouveau virus et d'une nouvelle entité, il faut mener deux analyses pour pouvoir identifier précisément le nouveau coronavirus et confirmer que le test est positif pour ce virus.
:
Ayant déjà agi à titre de médecin-hygiéniste pour la région de Peel, je connais très bien la situation à Brampton et les défis liés à l'accès aux soins de santé.
Quant à la façon dont la situation est gérée, je vais laisser le soin à mes homologues provinciaux de vous répondre. Je vais me contenter de dire que je participe à des échanges.
Pour vous donner une petite idée, comme je l'ai dit, l'intervention en cas d'épidémies et d'urgences fait partie de notre rôle. Je peux vous dire qu'à Toronto, plus particulièrement, nous avons mis en place ce que nous appelons la structure de gestion des incidents, qui est une approche très normalisée à l'intervention en cas de situation d'urgence pour nous assurer de déployer suffisamment de ressources.
L'une des fonctions, dans le cadre de nos démarches pour répondre à une urgence en utilisant cette structure, est ce que nous appelons la planification, la vision pour le futur, pour essayer d'imaginer quelle sera la situation d'ici quelques jours plutôt que de mettre l'accent sur l'urgence avec laquelle nous sommes aux prises.
L'un des problèmes pour la ville de Toronto, dont nous discutons activement, c'est qu'à l'heure actuelle, comme vous l'avez dit, le risque est faible, et vous avez tout à fait raison, mais qu'en est-il si les circonstances changent? Comment géreriez-vous la situation? Quels types d'établissements de soins de santé pourrions-nous avoir besoin pour régler cette situation? Nous tenons ces conversations ici à Toronto. J'ai fait part de ces problèmes à nos homologues provinciaux et partenaires du milieu hospitalier, à l'extérieur de Toronto, par l'entremise de l'association à tout le moins.
Je n'ai pas toutes les réponses pour vous, mais je sais que nous tenons activement des discussions. Il y a de multiples solutions qui pourraient être mises en oeuvre, dont nous discutons activement.
:
Je vais prendre la parole en premier, et je suis certaine que Kennes aura des observations à ajouter.
Je vous suis très reconnaissante d'avoir posé cette question et d'avoir mentionné que c'est une préoccupation sur laquelle nous devrions tous nous pencher. D'une certaine façon, après avoir vécu l'expérience du SRAS, nous sommes beaucoup plus disposés cette fois-ci à discuter du problème dès l'éclosion de l'épidémie. Je pense qu'il nous incombe à tous de trouver des moyens de communiquer des renseignements corrects et exacts pour réfuter les faux renseignements qui circulent.
À Toronto, nous travaillons étroitement avec le Bureau de santé publique de Toronto. J'encouragerais certainement tous les députés, dans leur circonscription et leur ville, à travailler avec les agences locales de santé publique pour élaborer un plan et diffuser des renseignements par l'entremise des réseaux locaux.
Parallèlement, nous songeons à utiliser différents médias, car de nombreux renseignements sont communiqués sur les médias sociaux. Tous les renseignements que nous avons doivent également être diffusés sur les médias sociaux. Même dans notre communauté, la communauté sino-canadienne, il y a de la désinformation. C'est la raison pour laquelle j'insiste pour dire qu'il est très important que tous les renseignements — les renseignements fondés sur des données scientifiques probantes — doivent être disponibles dans des langues différentes pour que les gens puissent y avoir accès. Ils obtiendront les renseignements par l'entremise d'autres types de sites Web. Par exemple, 51.ca est un site Web très courant que consultent de nombreux immigrants chinois.
Nous devons nous assurer d'acheminer nos renseignements à d'autres sites Web, de fournir des liens vers d'autres sites Web et de travailler avec les médias de langue chinoise pour veiller à ce que les gens dans les différentes communautés puissent comprendre ces renseignements et y accéder également.
:
Merci, monsieur le président.
Mesdames, soyez les bienvenues.
D'abord, je me permettrai un commentaire. En tant que représentant du peuple et, donc, à titre d'élu et de législateur, devant une crise de santé publique, il faut procéder en fonction du principe de responsabilité. Personne, ici, n'a intérêt à exciter les susceptibilités et la suspicion eu égard à la propagation d'un virus.
Nos propos doivent être mesurés et nous devons tous poser des questions, parce que nous représentons le peuple, qui se pose des questions. Toutefois, nos questions doivent toujours viser la responsabilité prospective, c'est-à-dire ce qui arrivera demain. Nous avons une responsabilité à l'égard de ce qui arrivera demain.
Quand il s'agit d'une question de contamination et de propagation — on ne parle pas encore de pandémie et peut-être n'y en aura-t-il jamais —, nos propos doivent être mesurés.
Mesdames, assurément et heureusement, les virus ne sont ni genrés, ni racisés ni discriminatoires. S'ils ont une caractéristique, c'est qu'ils peuvent être mutants. Je voulais faire cette mise au point: nous ne devons pas, ici, faire de la petite politique. Nous faisons de la politique noblement.
L'Agence de la santé publique du Canada nous a dit de travailler en étroite collaboration avec les différentes provinces et les territoires, ainsi que le Québec, notamment avec les services de santé publique. Nous avons une responsable de la santé publique de l'Ontario. Voici ce que je veux savoir.
On nous a parlé de plans d'intervention et de contingence. Avez-vous ces plans? Pourrait-on voir la nature de ces plans d'intervention?
On nous a parlé et on nous a présenté des mises à jour, mais on n'a rien déposé pour nous à cet égard. Seriez-vous disposée à déposer ici votre plan d'intervention, étant donné que vous représentez l'un des services de santé publique les plus importants sur le territoire canadien, comme vous l'avez dit tout à l'heure?