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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à tous à la 16e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Conformément aux ordres de renvoi du 11 avril et du 20 avril 2020, le Comité se réunit pour entendre des témoignages concernant des questions liées à la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19.
Pour faciliter le travail de nos interprètes et assurer le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous exposer quelques règles à suivre.
L'interprétation dans le cadre de cette vidéoconférence fonctionnera pratiquement de la même manière qu'à une réunion régulière du Comité. Vous pouvez choisir, au bas de votre écran, le signal du parquet, le signal en anglais ou le signal en français. Si vous avez l'intention de vous exprimer dans les deux langues officielles, veuillez vous assurer de sélectionner la langue appropriée avant de commencer à parler. Par exemple, si vous voulez vous exprimer en anglais, veuillez passer au fil anglais avant de le faire. Cela permettra une meilleure qualité sonore pour l'interprétation.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Bien entendu, cela sera différent lorsque nous passerons aux questions. Lorsque vous êtes prêt à intervenir, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Si des membres doivent demander la parole en dehors du temps qui leur est imparti pour les questions, ils doivent activer leur micro et déclarer qu'ils ont un rappel au Règlement. Je vous rappelle que toutes les observations des membres et des témoins doivent être faites par l'entremise de la présidence.
Lorsque vous avez la parole, veuillez vous exprimer lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, assurez-vous que votre micro est mis en sourdine. Si vous avez des écouteurs et un microphone, veuillez tenir le microphone près de votre bouche lorsque vous parlez.
Si des problèmes techniques surviennent, veuillez en informer immédiatement le président ou la greffière, et une équipe technique s'en occupera.
Avant d'entamer la réunion, est-ce que tous les participants pourraient vérifier dans le coin supérieur droit de l'écran de leur ordinateur s'ils sont en mode « Galerie »? Cette fonction vous permet de voir tous les participants dans une sorte de grille. Elle permettra à tous les participants à la vidéoconférence de se voir.
Avant de donner la parole aux témoins, je crois comprendre que M. Jeneroux a quelques affaires courantes à régler.
Monsieur Jeneroux.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais appuyer la motion de M. Jeneroux. Je souscris à toutes les raisons qu'il a énoncées si clairement. Je tiens simplement à souligner qu'il est utile d'obtenir des réponses à des questions écrites, mais pas autant que de faire comparaître le Dr Aylward par vidéoconférence, afin qu'il entende les questions du Comité et qu'il y réponde en direct. Je tiens à souligner, aux fins du compte rendu, que le Dr Aylward a donné des entrevues aux médias exactement de cette façon. Il est donc clair qu'il a accepté, tout comme l'OMS, de se rendre disponible pour répondre aux questions des médias. Je ne vois aucune raison valable qu'elle ne permette pas à M. Aylward de répondre à des questions semblables de ce comité. J'aimerais également souligner que le Canada est membre de l'OMS, et je pense que l'OMS devrait agir avec transparence et rendre des comptes à ses membres.
Comme M. Jeneroux l'a souligné, je crois que la ministre de la Santé et le gouvernement, ainsi que l'administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Tam, ont maintes fois mentionné que les décisions prises au Canada étaient notamment fondées sur les directives et les renseignements de l'Organisation mondiale de la Santé. Ce comité est chargé d'évaluer la validité, l'utilité et l'efficacité de la réponse du gouvernement. Je ne vois pas en quoi le fait d'entendre l'OMS ne nous aiderait pas à nous acquitter de la tâche qui nous a été confiée à l'unanimité par le Parlement.
Je conclurai en disant que je comprends que le Dr Aylward est à Genève, ce qui fait que sa comparution est impossible en ce moment. Toutefois, si nous l'assignons à comparaître, cette assignation sera en place et pourra être exécutée si le Dr Aylward revient au Canada et quand il le fera. J'appuie donc cette motion.
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les distingués membres du Comité, et M. Davies en particulier, de m'avoir invité.
Comme je l'ai dit, je travaille comme intensiviste à l'Hôpital Sunnybrook à Toronto, où je me trouve maintenant. J'ai également eu l'opportunité de participer au programme d'études supérieures à la Dalla Lana School of Public Health, et je préside le Groupe canadien de recherche en soins intensifs, un chef de file mondial qui regroupe des chercheurs universitaires de plusieurs disciplines et des patients partenaires qui étudient les meilleurs soins à donner à nos patients les plus malades.
Sur le plan clinique, mes intérêts personnels et universitaires portent sur le soin des patients gravement malades et sont directement liés à la pandémie de COVID. J'ai eu l'occasion d'examiner d'autres systèmes de soins de santé dans des milieux bien dotés en ressources, directement et dans un contexte universitaire. De plus, mon travail avec l'OMS et diverses organisations non gouvernementales pendant la crise du SRAS et différentes épidémies et pandémies au fil des ans a notamment porté sur la grippe aviaire, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient et, pendant quelques années, des éclosions d'Ebola en Afrique de l'Ouest et, l'an dernier, en République démocratique du Congo. J'ai aidé l'OMS et l'Agence de la santé publique relativement à la plupart de ces éclosions, d'une manière ou d'une autre, en fournissant des lignes directrices ou en prodiguant des soins cliniques sur le terrain.
Je tiens à mentionner que je n'ai pas de relations financières avec l'industrie ou les compagnies pharmaceutiques. J'ai reçu du financement des IRSC, qui a fait l'objet d'un examen par les pairs, et j'appuie la réponse du Canada à l'essai clinique « Solidarity » de l'OMS, qui examine et évalue des médicaments contre la COVID-19.
Le contexte de mon intervention est par ailleurs davantage lié à la COVID-19.
Comme nous le savons, le virus s'est répandu rapidement au cours des quatre derniers mois dans de nombreux pays du monde. Le taux d'infection n'est pas connu avec précision, mais on l'estime à plus de trois millions de personnes, avec 200 000 décès. On a enregistré bien au-delà de 50 000 cas au Canada et environ 3 000 décès. Même si les symptômes sont le plus souvent bénins, la concentration des infections dans le temps parmi les populations vulnérables a parfois mis à rude épreuve la capacité de systèmes de soins de santé apparemment robustes, ce qui s'est traduit plus particulièrement par un manque de lits aux soins intensifs et de ventilateurs pour les patients, ainsi que par une pénurie d'équipement de protection individuelle pour les travailleurs de la santé. Cette situation a été constatée de façon évidente dans d'autres pays et a été une source d'inquiétude au Canada. Nous étions préparés, mais nous nous sommes retrouvés au bord du précipice.
Il est probable que les gens sont maintenant au fait de ce sujet, que ce soit grâce à leurs connaissances ou à leurs lectures, puisqu'il a été abondamment traité dans la presse non spécialisée. La maladie se présente habituellement comme une maladie bénigne, de nature respiratoire, mais peut se compliquer en pneumonie grave, occasionnant un manque d'oxygène et l'administration d'une ventilation mécanique. Dans de rares occasions, il faut parfois assurer la circulation du sang à l'extérieur du corps pour permettre l'oxygénation et l'élimination du dioxyde de carbone de l'organisme, et aider le cœur et les poumons grâce à la dialyse et à une fonction de pompage. Les patients touchés peuvent être très malades. Les soins dans une unité de soins intensifs en milieu hospitalier sont donc l'une des conséquences directes de cette éclosion, qui dépasse en importance toutes les autres dont nous avons fait l'expérience et qui est attribuable au nombre de patients qui ont été infectés et qui se sont présentés à l'hôpital.
Dans bon nombre des chiffres publiés à ce jour, les taux de mortalité parmi ceux qui ont besoin de soins intensifs ont été incroyablement élevés pour moi, qui traite constamment des patients dans une unité de soins intensifs.
Sur le terrain, nous profiterions d’une plus grande collaboration pancanadienne et d’une meilleure connaissance, en santé publique, des ressources et des lacunes existantes — par exemple, combien y a-t-il de lits et de ventilateurs de soins intensifs dans les hôpitaux et les régions — ainsi que d'une structure plus solide et mieux coordonnée pour la recherche clinique et l’amélioration de la qualité. Cela permettrait de définir, d’apprendre et d’améliorer rapidement la prestation des soins pour une maladie autrement inconnue.
Les lacunes sont naturellement plus évidentes dans le contexte de la COVID-19, mais elles existent aussi en temps normal.
Les 13 systèmes de soins de santé provinciaux et territoriaux ont beaucoup en commun, mais ils présentent également des différences qui devraient donner lieu à un apprentissage croisé plus constant. De plus, nous ne partageons pas toujours les enseignements de ces expériences naturelles dans la prestation des soins de santé au niveau des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Nous n’avons pas vraiment créé, dirais-je, un mécanisme pancanadien adéquat pour appuyer une innovation et une évaluation plus systématiques qui créeraient des systèmes plus souples favorisant des soins de meilleure qualité dans le contexte d’une éclosion comme celle-ci.
Je vais parler brièvement des traitements cliniques et des lacunes dans les connaissances. À ce jour, je dirais qu’il n’existe toujours pas de traitement médical efficace contre la COVID-19. Un certain nombre de médicaments antiviraux, d’anti-inflammatoires et de modulateurs immunitaires préexistants font l’objet d’une enquête. Des traitements au plasma de patients guéris, qui devrait avoir une forte concentration d’anticorps de la COVID-19, sont à l’étude. Des anticorps monoclonaux fabriqués et dirigés contre des aspects spécifiques du virus sont en cours de développement. Je pense que la science menée par le Canada dans ce domaine a été très impressionnante dans le passé, surtout pour d’autres virus comme l’Ebola.
À l'heure actuelle, nos meilleures options de traitement demeurent les meilleurs soins de soutien, notamment l’oxygénation, la ventilation mécanique et le soutien des organes, au besoin. Nous avons des lacunes dans nos connaissances sur les façons idéales de faire ces choses, notamment pour la supplémentation en oxygène au moyen de lunettes, de masques et de la ventilation mécanique. Nous ne savons pas si certaines formes de nos thérapies peuvent aérosoliser le virus et exposer les travailleurs de la santé à un risque accru. C’est une préoccupation importante pour nous, dans les hôpitaux, lorsque nous traitons des patients et faisons partie de ce cercle de risque. En plus des essais de médicaments, je dirais que nous devrions étudier l’innocuité et l’efficacité de ces éléments des soins de soutien.
Jusqu’à présent, il y a eu de nombreux essais cliniques qui portaient souvent sur un seul traitement et, la plupart du temps, sur trop peu de patients pour déterminer de façon convaincante si la thérapie était efficace ou non. Dans bien des cas, les conclusions de ces essais n'ont pas nécessairement été utiles pour la prochaine génération de patients. Les traitements et les études cliniques portant sur une thérapie donnée dans une province ou un territoire donné ne sont habituellement pas concluants. Cela montre également la nécessité de mécanismes de collaboration pancanadienne et internationale s’appuyant sur une infrastructure de recherche plus durable pour examiner les traitements en parallèle et arriver à une conclusion sur un médicament sans avoir à interrompre un essai avant de passer à l’évaluation suivante. Dans bien des cas, c’est souvent de cette façon que nous finançons et entreprenons les essais.
L’une des premières préoccupations légitimes de la pandémie a été, je pense, le risque d’une situation soutenue où les hôpitaux et les unités de soins intensifs seraient débordés, où il y aurait trop peu de ventilateurs et trop de décès évitables. Cela s’est produit dans de nombreux systèmes de soins de santé développés, y compris, tout récemment dans de nombreuses régions des États-Unis. Probablement pour la première fois de notre histoire moderne, nous avons été très près d'envisager des modalités de refus de soins en raison d’un manque de ressources normalement disponibles.
Bien que la distanciation sociale ait aplani la courbe des infections, les Canadiens fragiles, vulnérables et âgés qui vivent dans des foyers de soins de longue durée et qui ne peuvent pas participer à la distanciation sociale courent un risque élevé et continu de contracter la maladie et de mourir une fois que la COVID a pris racine. On le reconnaît depuis longtemps, et je pense que c’est un élément important de cette épidémie qui est beaucoup plus visible pour la population et que nous ne devrions pas perdre de vue à mesure que nous la traversons.
Je dirais également que les travailleurs de la santé dans les établissements de soins de longue durée n’ont pas été adéquatement préparés et soutenus. C’est une chose que nous pouvons faire mieux à l’avenir.
Je voudrais parler des autres administrations et de ce que nous pourrions apprendre de l'expérience des autres. Bien que de nombreux pays disposant de ressources considérables aient été poussés au-delà de leurs limites par cette pandémie, certains ont démontré une capacité beaucoup plus grande à réagir rapidement et à tirer des leçons de l’expérience.
Je voudrais citer un exemple particulier au Royaume-Uni, qui a un taux d’infection par habitant semblable à celui des États-Unis, mais qui a très bien réagi en ce qui a trait à la recherche et à un système de soins de santé fondé sur l’apprentissage. Je pense que nous pourrions en tirer des leçons.
Cela repose sur une vingtaine d’années d’engagement politique à l’égard de la recherche médicale dont l’objectif est de créer de la valeur dans le système, d’améliorer les soins grâce à l’innovation, d’évaluer cette innovation et de l’adopter au besoin.
Le Royaume-Uni, dont la taille est le cinquième de celle des États-Unis et environ le vingtième de celle de la Chine, a été le premier à mettre au point un vaccin contre la COVID et à le soumettre à des essais cliniques. Sur la ligne de front clinique, c'est un chef de file mondial grâce à un réseau de recherche soutenu longitudinalement dans les hôpitaux du NHS, dans de nombreux domaines spécialisés. C’est quelque chose que nous voyons dans mon propre domaine des soins intensifs depuis un certain nombre d’années, et nous envions la capacité de ce pays à soutenir la recherche longitudinale de façon durable grâce au financement de son bailleur de fonds national et ensuite sur le terrain dans les hôpitaux du NHS.
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Je pense en outre aux millions de Canadiens qui, chaque jour, font des sacrifices pour aider à combattre la COVID-19. Nous vivons tous une incertitude extrême, mais nous le faisons avec beaucoup de force et de résilience.
[Traduction]
Les défis auxquels notre monde est confronté — en matière de santé et de maladies humaines, de changements climatiques et de sécurité alimentaire — ne concernent pas des objets inanimés, mais le monde vivant et les systèmes vivants, le monde des biosciences. Au cœur de ces systèmes vivants se trouve l’ADN, le plan de vie. L’ADN est la base de la science de la génomique. À Génome Canada, nous croyons que la génomique, appliquée de façon responsable, changera le monde pour le mieux. C’est d’autant plus vrai maintenant que les Canadiens sont aux prises avec une terrible pandémie biologique.
Aujourd’hui, je vais commencer par une brève description de la génomique et souligner à quel point elle est à l’origine d’immenses progrès en biosciences. Je donnerai ensuite un aperçu de la façon dont la génomique nous aide à comprendre et à contrer l’épidémie actuelle. Enfin, je vais vous présenter RCanGéCO, un nouveau réseau national de génomique lancé pour coordonner et amplifier les efforts du Canada.
Aujourd’hui, le Canada est un chef de file mondial en recherche génomique et les connaissances issues de la génomique transforment notre monde pour le mieux, mais comment en sommes-nous arrivés là?
La génomique est essentiellement l’étude de l’ADN, des gènes et de la façon dont ces gènes interagissent entre eux et avec l’environnement. Il s’agit de lire le plan de vie et d’utiliser ces connaissances pour comprendre comment les choses fonctionnent ou, dans le cas des maladies infectieuses, ne fonctionnent pas.
La génomique est une question de données — la production de données moléculaires sur notre santé, nos maladies, nos aliments, notre environnement —, puis d’utilisation de ces données pour améliorer notre santé, soutenir l’environnement et améliorer notre niveau de vie. La génomique a vraiment pris de l’importance lors du projet sur le génome humain terminé en 2003. Il a fallu 13 ans et environ 1 milliard de dollars pour mener à bien cet effort international, l’équivalent d’un atterrissage biologique sur la lune.
Depuis, nous avons acquis des connaissances, des technologies et des outils puissants, y compris la capacité de lire et d’interpréter l’ADN d’un organisme, son génome. Nous pouvons maintenant séquencer un génome humain presque du jour au lendemain et pour quelques milliers de dollars, ce que nous faisons de plus en plus, car la génomique commence à se retrouver dans nos cliniques, nos laboratoires de santé publique, nos entreprises et nos instituts de recherche. La génomique produit d’énormes ensembles de données qui, grâce à l’application de l’IA et d’autres outils, nous ouvrent les yeux sur de nouvelles connaissances, des produits novateurs et des thérapies novatrices.
Le Canada compte certains des meilleurs chercheurs au monde qui travaillent dans de nombreux secteurs, de la santé à l’agriculture, en passant par la foresterie et l’énergie. Ils sont des chefs de file mondiaux dans la production et l’analyse de données, le séquençage du génome, l’édition génique, la biologie synthétique, les nouveaux diagnostics et plus encore.
Pourquoi pouvons-nous faire cela? C’est parce que, depuis 2000, le gouvernement du Canada a fait des investissements prospectifs pour bâtir l’excellence canadienne en génomique par l’entremise de Génome Canada.
Je vais dire quelques mots sur qui nous sommes. Génome Canada est un modèle national unique et collaboratif qui a permis, à partir d'une somme de plus de 1,5 milliard de dollars en soutien stratégique du gouvernement fédéral, de susciter pour 3,6 milliards de dollars de recherche grâce à des partenariats avec les gouvernements provinciaux, l’industrie et d’autres partenaires. Notre réseau fédéré de six centres de génomique régionaux, de Genome British Colombia à Genome Atlantic veille à ce que l’entreprise de génomique du Canada ait une portée nationale et une profondeur régionale.
De plus, nos partenariats avec l’industrie, en particulier les petites et moyennes entreprises, et d’autres utilisateurs finaux des secteurs public et sans but lucratif font en sorte que les résultats de la recherche en génomique ont des applications concrètes. Par exemple, nous avons aidé à créer 82 entreprises en démarrage et favorisé la croissance de 230 autres entreprises. Les brevets canadiens en génomique viennent au deuxième rang mondial après ceux des États-Unis. Nous aidons à donner vie à la recherche.
Permettez-moi de parler de notre rôle dans le domaine des soins de santé et du mandat du Comité. Compte tenu du vieillissement de la population et de l’augmentation des taux de maladies chroniques, il est clairement impératif d’apporter des innovations en génomique aux systèmes de soins de santé du Canada.
Grâce aux investissements de Génome Canada dans la santé humaine, la recherche en génomique a déjà permis de sauver des vies et d’améliorer les résultats en matière de santé et de gestion des maladies pour les patients touchés par le cancer, les maladies cardiaques, l’autisme, l’épilepsie et les maladies rares. Ces investissements se situent au carrefour de la génomique et des soins de santé et sont à l’avant-garde du passage d’un système axé sur les maladies à un système axé sur...
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Ces investissements à l’intersection de la génomique et des soins de santé sont à l’origine du passage d’un système axé sur les maladies à un système plus précis, personnalisé, prédictif et préventif. Génome Canada a jeté les bases de sa mise en œuvre dans des cliniques partout au Canada par l’entremise de All for One, le partenariat canadien pour la santé de précision. Cette base solide en génomique de la santé a été le moteur de notre réaction rapide à la COVID-19 aujourd’hui.
À la mi-décembre, les scientifiques ont identifié et séquencé le génome du SRAS-CoV-2, le virus à l’origine de la COVID-19, en seulement 10 jours. Depuis, des scientifiques du monde entier, y compris des Canadiens, travaillent sans relâche pour comprendre ce que le génome nous dit, comment il interagit avec les gens et qui peut être le plus à risque. Ils ont commencé à utiliser le génome viral et les mutations qu’il accumule comme une série d’empreintes digitales, de sorte que nous sommes en mesure de suivre les schémas de propagation et de transmission du virus au sein des communautés et à travers le monde.
La génomique peut aussi nous aider à comprendre pourquoi certaines personnes sont très malades alors que d’autres ne le sont pas, et à déterminer les risques de gravité de la maladie et les résultats possibles pour la santé. C’est là qu’intervient RCanGéCO. Annoncé par le premier ministre, le 23 avril, RCanGéCO fait partie d’une nouvelle stratégie nationale en matière de médecine et de recherche pour combattre la COVID-19. Il s’agit d’un effort de la base, dirigé par Génome Canada, mais guidé par des scientifiques, des laboratoires de santé publique et des institutions de génomique du Canada, afin d'utiliser la génomique pour faciliter la compréhension et aider à façonner des politiques efficaces.
Grâce au soutien fédéral de 40 millions de dollars annoncé la semaine dernière, le réseau augmentera le séquençage d’un maximum de 10 000 patients et de 150 000 génomes viraux provenant de personnes dont les tests de dépistage du virus ont été positifs afin de générer des ensembles de données à grande échelle. RCanGéCO compte parmi ses membres le Laboratoire national de microbiologie et les laboratoires provinciaux de santé publique, les principaux centres de séquençage du génome par l’entremise du RCEG, des hôpitaux, des universités, du secteur privé et des six centres régionaux de génomique.
Le réseau sera un modèle coordonné et décentralisé, qui travaillera avec des protocoles normalisés pour la collecte d’échantillons, le partage des données et l’analyse des données entre les provinces. Les résultats seront partagés avec les chefs de file de la santé publique et déposés dans des bases de données mondiales. RCanGéCO établira des liens avec des initiatives nationales de génomique partout dans le monde, au Royaume-Uni, aux États-Unis et ailleurs. Il s’harmonisera également avec la stratégie nationale en matière de médecine et de recherche sur la COVID-19, y compris le nouveau groupe de travail sur l’immunité au Canada et l’étude sérologique nationale.
Les données que nous recueillons aujourd’hui aideront à façonner et à éclairer les politiques de santé publique, y compris les plans de dépistage et de traçage, et elles seront mises à la disposition des chercheurs au cours des années à venir, ce qui permettra de mener des études sur de futurs nouveaux virus afin de déterminer rapidement comment ils se propagent et comment les arrêter. Nous bâtissons une infrastructure nationale durable en génomique pour lutter contre la pandémie actuelle et la prochaine.
Au-delà de la crise sanitaire immédiate, nous devons penser à la reprise future du Canada. Nous savons que le Canada n’est pas seul dans cette lutte. Partout dans le monde, des pays ont mis en place des mesures de contrôle sanitaire sans précédent, et on ne sait toujours pas comment et quand nous nous rétablirons pleinement sur les plans économique, social et psychologique. La génomique apportera des contributions cruciales à la reprise économique et sociale du Canada dans toutes les régions du pays et dans des secteurs clés comme l’agriculture, la gestion nationale des ressources, la fabrication de pointe et la santé publique. Il est clair qu’il sera impératif d’élaborer une stratégie industrielle dans le but d’assurer une plus grande autonomie nationale, et il sera essentiel d’avoir des solutions canadiennes fondées sur la génomique et les biosciences.
Cette expérience nous a montré que, bien que nous ne puissions pas prédire précisément où la science sera nécessaire, il est certain que la capacité scientifique est essentielle dans une crise comme celle-ci, une leçon importante dont nous devrons nous souvenir lorsque nous émergerons de cette crise.
Je serai heureux de discuter de ces idées plus en détail au cours de la période de questions.
Bonjour à tous.
Au nom des membres de la Société canadienne pour les biosciences moléculaires, je tiens à vous remercier de m'avoir invité à prendre la parole devant votre comité. Bon nombre de nos membres se sont trouvés au cœur même de l'intervention contre la COVID-19, alors c'est avec plaisir que nous vous ferons part de cette expérience.
[Français]
Bonjour.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à comparaître devant ce comité aujourd'hui pour parler de la réponse du Canada à l'éclosion de la COVID-19.
Nos membres ont été à l'avant-garde de la réponse, et nous sommes heureux d'avoir l'occasion de parler de notre expérience cet après-midi.
[Traduction]
Je suis biologiste moléculaire et biochimiste de formation. Je suis également professeur à l'Université de Montréal et professeur associé à l'Université McGill. Je travaille en laboratoire avec des étudiants des cycles supérieurs, des postdoctorants, et autres. Nous nous penchons sur la biologie des cellules sanguines, de la leucémie et du lymphome. J'ai également été président de mon propre établissement et directeur scientifique pendant plus d'une décennie. J'ai donc de l'expérience en administration scientifique.
Je suis également président de la Société canadienne pour les biosciences moléculaires. Une fois encore, je suis honoré de me présenter devant vous au nom de nos membres. Notre société a été fondée en 1957 et recrute des chercheurs et des professeurs principalement dans des universités et dans des centres de recherche en biochimie, en biologie cellulaire, en biologie moléculaire et en génétique. Notre groupe mène la recherche proposée par les chercheurs de laboratoires situés partout au pays. Cette recherche fondamentale génère les connaissances qui alimentent l'innovation et qui forment la prochaine génération de scientifiques.
Notre mission comporte quatre volets. Nous voulons promouvoir les sciences biomoléculaires. Nous tenons à encourager nos jeunes collègues, les stagiaires, les étudiants de cycles supérieurs et les chercheurs en début de carrière. Nous organisons des rencontres scientifiques d'envergure internationale afin d'offrir aux jeunes scientifiques l'occasion de s'exprimer et de faire connaître leurs travaux. Nous appuyons l'application des principes d'EDI — équité, diversité et inclusion — dans les établissements d'enseignement. Nous désirons ardemment promouvoir la science et la recherche auprès du gouvernement fédéral. Évidemment, nous appuyons la solide communauté scientifique canadienne de recherche en santé et nous tenons à ce que le Canada se maintienne parmi les chefs de file de l'innovation et des découvertes scientifiques.
La majeure partie de ce que nous savons sur les virus — la façon dont un virus s'introduit dans les cellules, s'y attache, puis en reproduit toutes les enzymes et les protéines qui jouent un rôle dans les mécanismes — nous vient de la recherche fondamentale menée depuis de très nombreuses années. J'ai présenté une thèse de doctorat sur le...
C'est grâce à ma fille Claudia, qui a tout l'équipement nécessaire.
Je disais que la plupart de ce que nous savons des virus, de leur manière de s'introduire dans la cellule, de se reproduire ainsi que des effets et des réactions observés, tout ce savoir nous vient de la recherche fondamentale.
Grâce à la recherche fondamentale, nous disposons de tous les outils nécessaires pour produire des traitements et des médicaments novateurs. Nous pouvons aborder les problèmes auxquels nous faisons face aujourd'hui et auxquels nos enfants se heurteront à l'avenir. Nous sommes convaincus que, sans les investissements que le gouvernement fédéral et ceux des provinces ont alloués à la communauté scientifique, le Canada ne serait pas intervenu aussi efficacement face à cette pandémie.
Nous tenons également à remercier le gouvernement canadien et les organismes bailleurs de fonds pour leur intervention ferme et coordonnée contre la COVID-19. Nous sommes très heureux que cette réponse ait été fondée sur la science et sur le savoir fournis par les meilleurs et les plus brillants scientifiques de partout au pays. Nous sommes aussi heureux que la communication soit demeurée excellente en ces circonstances difficiles. L'intervention est fondée sur les meilleures données scientifiques qui existent. Cela provient aussi du fait que la science est depuis longtemps considérée comme une priorité pour la santé et la sécurité des Canadiens. Nous maintiendrons cette position tant que durera la pandémie.
Nous remercions aussi les gouvernements d'avoir continué à communiquer. Je parle ici du gouvernement du Québec et du gouvernement fédéral, notamment de l'administratrice en chef de la santé publique du Canada. Ils se sont tous laissé guider par la science. Nous reconnaissons que leur tâche est difficile et qu'ils ont dû adapter leurs communications à l'évolution quotidienne de la situation.
Plusieurs de nos membres mènent des études de recherches prometteuses. Ils se trouvent à l'avant-garde des efforts déployés pour lutter contre cette pandémie. Je peux vous donner un exemple tiré de mon propre établissement. En quelques semaines et avec l'aide de nos experts en biologie de l'ARN, nous avons réussi à mettre sur pied un laboratoire d'essai avec les appareils de PCR de l'institut et avec nos installations de confinement de niveau 2. Nous aidons maintenant les hôpitaux locaux à mener des essais cliniques. Nous allons aussi mettre sur pied un laboratoire d'anticorps et nous aurons bientôt un laboratoire de confinement de niveau 3. En fait nous l'avons déjà, mais Santé Canada doit modifier sa certification pour que nous puissions mener de la recherche antivirale avec des virus humains vivants.
Nous avons pu réagir rapidement grâce au financement gouvernemental de notre infrastructure de personnel et d'équipement des sciences fondamentales comme la biochimie, la génétique et autres. Je tiens à souligner que sans ce soutien, nous n'aurions pas pu réagir aussi rapidement.
L'aspect positif de cette crise — si l'on peut trouver du positif dans le cas de la COVID-19 — est la rapidité avec laquelle les chercheurs des universités se sont unis pour collaborer et utiliser à bon escient les nouveaux fonds offerts par les IRSC. Nous en avons de nombreux exemples. Mes collègues de l'Université McGill collaborent avec des collègues de l'Alberta et de l'Université Laval ainsi qu'avec d'autres scientifiques de partout au pays. Cette crise rassemble les scientifiques comme on ne l'a jamais vu auparavant. Cela fait très plaisir à voir.
Par contre, alors que de nombreux scientifiques préparaient leurs présentations au concours du printemps des IRSC, ce concours a été annulé. Le groupe dont je faisais partie était prêt à évaluer les subventions déjà soumises, mais nous avons appris que le concours du printemps avait été annulé. Les membres de notre société et mes collègues craignent beaucoup que cela nuise aux chercheurs qui entament leur carrière. Ils venaient de soumettre leur première demande de subvention et ils ne savent plus comment financer leur recherche. Je tiens à souligner que le Canada est le seul pays dans lequel un grand organisme national de financement a annulé ses concours de financement de la recherche en santé. Nous craignons que cela se fasse aux dépens d'autres études de recherche en santé qui seront nécessaires après la pandémie. La recherche sur le cancer, sur les maladies cardiovasculaires, sur le diabète et sur bien d'autres troubles de santé nécessite notre attention.
Nous remercions les IRSC d'avoir réagi si rapidement, mais nous tenons à souligner qu'il demeurera crucial de soutenir la recherche en santé au même niveau, ou à un niveau encore plus élevé, après la pandémie de la COVID-19.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous avons pu réagir rapidement grâce à l'excellente infrastructure dont nous disposons au Canada et grâce au financement reçu. C'est très paradigmatique.
Cependant, même avant la pandémie, certains signes avant-coureurs indiquaient que l'engagement du Canada envers ses chercheurs commençait à faiblir par rapport à celui d'autres pays. Je vais vous présenter quelques chiffres à ce sujet.
Le Canada ne consacre que 1,5 % de son PIB à la recherche et au développement, alors que la moyenne de l'OCDE est d'environ 2,4 %. Notre organisme a souligné cela au début de cette année à l'occasion de rencontres avec des députés et d'autres personnes sur la Colline. Nous ne faisons plus partie des 20 premiers pays et nous traînons derrière des pays comme la République tchèque et la Slovénie pour ce qui est de l'intensité totale de la recherche.
Notre première recommandation — et je vais en présenter trois au gouvernement canadien, ou à ce comité — est d'établir des politiques et des programmes visant à hausser le financement de la santé et de la recherche jusqu'à la moyenne de l'OCDE, soit 2,4 % du PIB.
Nous reconnaissons également que, dans le budget de 2018, le gouvernement du Canada a fait d'importants investissements en recherche. Il suivait les recommandations formulées dans le rapport d'un groupe d'experts que le gouvernement avait lui-même mis sur pied pour effectuer un examen des sciences fondamentales, et cela a été très bien accueilli. Permettez-moi cependant de citer un chiffre dans le cas de la recherche fondamentale. Dans son budget de 2018, le gouvernement n'y a investi que 60 % de ce que le groupe d'experts avait recommandé dans son rapport d'examen du soutien aux sciences fondamentales, soit 708 millions de dollars sur quatre ans, alors que le Comité d'examen du soutien aux sciences fondamentales avait recommandé 1,2 milliard de dollars sur quatre ans.
Notre deuxième recommandation serait de suivre les lignes directrices de ce groupe — le Rapport Naylor, ou du groupe Naylor, sur l'examen de la science fondamentale — et d'investir 500 millions de dollars au cours de ces quatre prochaines années pour maintenir la recherche en santé à un niveau hautement concurrentiel afin que le Canada soit prêt à relever les défis en santé auxquels il va encore certainement se heurter.
Enfin, notre troisième recommandation est de recueillir des données essentielles sur un vaste éventail démographique. La pandémie se déroule différemment dans les diverses régions du Canada. Il est crucial de recueillir des renseignements et des données sur la façon dont les différents groupes démographiques du pays vivent cette pandémie, afin d'éclairer non seulement l'intervention actuelle, mais aussi les nouvelles crises sanitaires mondiales qui vont se manifester. Ces données devraient être recueillies dans le cadre d'une approche multidisciplinaire par nos spécialistes des sciences sociales et bioéthiques, entre autres, afin de recueillir toutes les données nécessaires à notre recherche. Cela nous permettra d'analyser de façon tout à fait appropriée les répercussions que cette pandémie aura eues sur les Canadiens ainsi que le degré d'efficacité de notre intervention.
Merci beaucoup de m'avoir invité à vous parler. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Bonjour. Merci, monsieur le président.
Nous remercions beaucoup le Comité de nous avoir invités à nous adresser à lui cet après-midi.
Je m'appelle Volker Gerdts. Je suis PDG et directeur de VIDO-InterVac. J'ai ici avec moi M. Paul Hodgson, notre directeur du développement des affaires. Nous travaillons tous deux pour cet organisme depuis plus de 20 ans, et je mène encore des études de recherche. Je dirige toujours un laboratoire et je suis aussi professeur ici à Saskatoon, à l'Université de la Saskatchewan, au collège vétérinaire local.
Cet après-midi, nous avons été invités à vous parler des activités en cours ici à Saskatoon, à l'Université de la Saskatchewan. J'ai pensé qu'il serait bon de commencer par vous présenter brièvement VIDO-InterVac, qui signifie Organisme de recherche sur les vaccins et les maladies infectieuses-Centre international de recherche sur les vaccins, un nom très long. C'est l'un des plus grands organismes de recherche au Canada. Il se concentre sur la recherche sur les maladies infectieuses et sur l'élaboration de vaccins.
Notre organisme est vraiment national, car il collabore avec des chercheurs de partout au pays. Notre centre InterVac, le laboratoire à confinement élevé dont je vous parlerai dans un instant, a été conçu pour faciliter la recherche au Canada. Nous invitons des collaborateurs de partout au pays à utiliser ces installations et à tirer parti de l'infrastructure unique que nous avons ici.
VIDO-InterVac est un chef de file mondial de la recherche sur les maladies infectieuses. Nous avons plus de 45 ans d'expérience dans les secteurs de la santé animale et humaine. Nous avons mis au point 10 vaccins au fil des ans, dont six ont été des premières mondiales, ce qui en dit long sur le type de recherche que nous menons. Nous avons accumulé une certaine expérience des coronavirus, car nous produisons des vaccins pour les animaux. À l'heure actuelle, nous nous penchons aussi sur le MERS, qui est un autre coronavirus.
Je vais vous donner un exemple. Il y a à peine quelques années, le Canada faisait face à un coronavirus chez les porcs qui était très semblable à ce que nous voyons aujourd'hui. Nous avons réagi aussi rapidement que nous le faisons maintenant. Nous avons fabriqué un vaccin en 18 mois, et ce vaccin pour les porcs est maintenant homologué pour les producteurs commerciaux.
Notre recherche ici à VIDO-InterVac vise vraiment la menace des maladies émergentes. Nous sommes à l'heure actuelle l'un des rares laboratoires au Canada qui soit équipé et qui ait l'infrastructure nécessaire pour travailler sur ces maladies émergentes. Cela comprend les maladies humaines émergentes comme le virus Zika, la nouvelle COVID-19, le MERS et autres ainsi que les menaces pour la santé animale comme la peste porcine africaine, une maladie grave qui menace actuellement l'industrie porcine canadienne. Nous menons aussi des études de recherche sur cette maladie ici à VIDO-InterVac.
En ce qui concerne nos activités liées à la COVID-19, nous avons tout de suite commencé nos travaux lorsque l'Organisation mondiale de la Santé a reconnu — c'était le 9 janvier, je crois —, qu'il y avait en Chine un nouveau virus qui risquait de causer de graves problèmes. Le même après-midi, nous avons décidé de commencer à produire un vaccin. Dès que la séquence du virus est devenue disponible, nous avons conçu le vaccin et nous nous sommes mis immédiatement à l'élaborer.
J'ai également communiqué avec le professeur Matt Gilmour, directeur général du Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg, pour lui demander si nous pouvions collaborer, si VIDO pouvait apporter une contribution à ses travaux. Je suis fier de dire que grâce à sa collaboration avec nos collègues de Sunnybrook et de Winnipeg, VIDO-InterVac a été le premier laboratoire au pays à isoler le virus d'un échantillon de patient. Notre laboratoire a été le premier au Canada à produire un modèle animal pour les furets. Nous avons maintenant un deuxième modèle pour les hamsters, et nous travaillons sur un troisième modèle pour les chats. Notre laboratoire est actuellement le premier au Canada qui ait son propre vaccin. Nous avons commencé à l'élaborer en janvier, et nous menons déjà des essais sur des animaux.
C'est ce que nous appelons l'étape de la validation de principe. Nous avons déjà vacciné les animaux. La semaine prochaine, nous les exposerons au virus afin de voir si le vaccin est efficace.
Tout ce travail se fait dans notre établissement InterVac, le Centre international de recherche sur les vaccins. C'est l'une des plus grandes installations de confinement élevé au Canada et au monde, ce qui témoigne de la prévoyance dont a fait preuve le gouvernement il y a plusieurs années en construisant un centre qui nous permette de nous attaquer aux maladies émergentes dès qu'elles se manifestent. Nous pouvons y héberger des centaines, voire des milliers d'animaux pour notre recherche sur la COVID-19, et nous pouvons accueillir des chercheurs du monde entier pour mener cette recherche. Par exemple, la professeure Alyson Kelvin et son groupe, de l'Université Dalhousie, mènent actuellement un essai sur les furets ici à VIDO-InterVac. À l'heure actuelle, nous collaborons beaucoup à la recherche avec d'autres collègues.
En fait, nous avons reçu plus d'une centaine de demandes de partenaires du monde entier, notamment de grandes organisations comme la Fondation Bill et Melinda Gates, ainsi que d'importants collaborateurs sectoriels et universitaires désireux d'utiliser nos modèles animaux pour étudier des antiviraux et des médicaments, voire pour faire l'essai d'autres vaccins. En guise de réponse, nous avons accru notre capacité et notre centre se concentre maintenant essentiellement sur la recherche liée à la COVID-19. Nous utilisons la totalité de notre infrastructure pour lancer en parallèle autant d'études que nous le pouvons.
Cette initiative a été saluée par le gouvernement qui nous a accordé un généreux soutien pour mener à bien une partie de ce travail, ce que je tiens à souligner. Vous avez probablement tous entendu le annoncer l'octroi de 23 millions de dollars à VIDO-InterVac pour accélérer la mise au point de notre vaccin. Cet argent nous permettra de faire passer notre vaccin directement à la phase des essais cliniques.
Nous avons déjà créé le prototype du vaccin. Au cours de l'été, nous procéderons aux essais de sécurité requis — il est très important d'éviter de prendre des raccourcis — et nous espérons commencer nos essais cliniques à l'automne.
Le gouvernement a aussi annoncé l'octroi de 12 millions de dollars pour notre installation de fabrication. Nous travaillons sur ce projet depuis quelques années. La construction de cette installation ici à Saskatoon permettrait à VIDO-InterVac de faire passer des prototypes de vaccins, comme ceux que nous avons actuellement, à la phase des essais cliniques, ce qui accélérera le processus et le rendra plus efficace. Avec cet argent, nous pourrons y arriver. Nous sommes en train de construire une installation conforme aux BPF ici à Saskatoon, ce qui nous permettra de mettre au point ou de fabriquer ces prototypes de vaccins, mais aussi, à long terme, de fabriquer des vaccins contre la COVID-19, par exemple.
La FCI nous a également versé des fonds pour l'exploitation de notre installation, et nous sommes très reconnaissants pour ce précieux soutien. Cela nous permet de faire fonctionner notre installation et d'accroître notre capacité de recherche pour ce travail.
Je tiens aussi à mentionner que la province de la Saskatchewan, par le biais d'Innovation Saskatchewan, nous a versé 4,2 millions de dollars pour notre recherche sur la COVID-19.
Où en sommes-nous maintenant? Nous menons de nombreuses études sur les antiviraux, comme vous l'avez entendu tout à l'heure. D'autres producteurs et fabricants du monde entier ont beaucoup de candidats prometteurs. Il y a aussi de nouveaux composés très prometteurs. Nous les testons sur nos modèles animaux et nous offrons ce service de test aux chercheurs du monde entier, notamment à l'Organisation mondiale de la Santé. Nous sommes membres de trois groupes d'experts chapeautés par l'Organisation mondiale de la Santé et, en février dernier, nous avons participé à une réunion d'experts à Genève. Les demandes que nous recevons proviennent pour la plupart de partenaires internationaux qui sollicitent notre aide dans le cadre de leurs recherches sur des antiviraux et des médicaments.
Concernant notre vaccin, comme je viens de le dire, nous poursuivrons les tests de sécurité durant l'été et nous serons en mesure de procéder aux essais cliniques au début de l'automne. L'une de nos grandes priorités — et j'insiste là-dessus —, c'est de nous assurer que ce vaccin sera accessible aux Canadiens. Il s'agit d'un effort canadien. Nous avons des partenaires canadiens à Montréal et des collaborateurs dans l'ensemble du pays. Les essais cliniques auront lieu à Dalhousie. C'est vraiment un effort canadien dont le but est de s'assurer que ce vaccin sera accessible aux Canadiens de l'ensemble du pays.
On nous a demandé d'expliquer brièvement les différents types de vaccins et leurs différences.
Nous utilisons la technologie du vaccin sous-unitaire, ce qui veut dire que nous utilisons un seul fragment du virus, c'est-à-dire une de ses structures, une de ses protéines.
D'autres vaccins en cours de développement dans le monde utilisent le virus entier, que nous appelons un virus inactivé. Nous utilisons seulement le génome viral; dans le cas présent, il s'agit de l'ARN, mais nous pouvons aussi avoir des vaccins à ADN.
Enfin, vous avez peut-être entendu parler des vaccins à vecteurs. Dans ce cas, nous utilisons un autre virus, un vecteur viral, pour obtenir juste une partie du génome du virus comme vecteur de vaccin.
En terminant, j'aimerais vous parler de nos efforts pour aider nos collectivités.
Il y a deux semaines, nous avons conclu une entente avec la Régie de la santé de la Saskatchewan. Nous utilisons notre installation pour stériliser et décontaminer des masques N95 et d'autres équipements de protection. Santé Canada a approuvé ce processus. Les masques sont maintenant collectés dans les hôpitaux et expédiés ici à VIDO-InterVac, où nous les décontaminons par un procédé de vaporisation de peroxyde d'hydrogène que nous utilisons couramment dans notre travail. Nous pouvons maintenant décontaminer des milliers de masques par semaine et les réexpédier aux hôpitaux qui les réutiliseront.
Le message à retenir, c'est que nous sommes fiers, chez VIDO-InterVac, de participer à l'intervention d'urgence nationale. Nous sommes fiers de participer à la réponse du Canada dans la lutte contre la pandémie de COVID-19. Notre organisation occupe une place privilégiée pour intervenir rapidement face à ces maladies émergentes. Nous sommes très reconnaissants envers les gouvernements fédéral et provincial pour leur soutien et les en remercions. Leur aide nous est précieuse et il y a beaucoup d'argent disponible maintenant. Le message à retenir, c'est qu'il y aura d'autres éclosions de maladies émergentes dans le futur et qu'il est donc très important qu'un pays comme le nôtre apporte un soutien durable à des organisations comme la nôtre, qui sont en excellente position pour relever rapidement ces défis dès qu'ils se présentent.
Je vous remercie beaucoup.