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La séance est ouverte. Bienvenue à la 17
e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Conformément aux ordres de renvoi du 11 et du 20 avril 2020, le Comité se réunit afin d'entendre des témoignages au sujet de questions relatives aux mesures prises par le gouvernement en réponse à la pandémie de COVID-19.
J'aimerais préciser quelques règles en vue de faciliter le travail des interprètes et de veiller à ce que la réunion se déroule de manière ordonnée.
Tout d'abord, l'interprétation de la vidéoconférence s'effectuera pratiquement de la même façon que pour les réunions ordinaires du Comité. Si vous utilisez un ordinateur, vous pouvez choisir, au bas de l'écran, le signal du parquet, celui en anglais ou celui en français. Si vous utilisez un iPad, c'est légèrement différent, mais vous avez aussi accès à l'interprétation. Si vous avez l'intention de vous exprimer dans les deux langues officielles, assurez-vous de sélectionner la langue appropriée avant de commencer à parler. Par exemple, lorsque vous voudrez parler en anglais, veuillez choisir le fil anglais avant de commencer. Cela permettra une meilleure qualité sonore pour l'interprétation.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Quand vous êtes prêt, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Si des membres du Comité veulent demander la parole en dehors du temps qui leur est alloué pour poser des questions, ils doivent activer leur micro et invoquer le Règlement. Je rappelle que tous les membres et les témoins doivent adresser leurs observations à la présidence.
Veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, assurez-vous de mettre votre micro en sourdine. Si vous utilisez des écouteurs munis d'un micro, veuillez tenir ce dernier près de votre bouche lorsque vous parlez.
Veuillez immédiatement aviser la présidence ou le greffier si vous éprouvez des difficultés techniques, afin que les techniciens puissent résoudre le problème.
Avant que nous commencions, je demanderais à tout le monde de sélectionner le mode galerie. Pour ceux qui sont sur un ordinateur, il faut cliquer en haut à droite. Le mode galerie nous permet de voir tous les participants à l'écran, et il permet à tous les participants de se voir les uns les autres.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Chaque groupe de témoins disposera de 10 minutes pour une déclaration préliminaire, suivis des séries de questions habituelles des membres du Comité.
Aujourd'hui, nous accueillons M. Stephen Laskowski, président de l'Alliance canadienne du camionnage, qui est accompagné de M. Geoffrey Wood, vice-président principal, Politiques, et de M. Lak Shoan, directeur, Politiques et sensibilisation de l'industrie. Nous avons également M. Mathew Wilson, premier vice-président, Politiques et relations avec le gouvernement, Manufacturiers et exportateurs du Canada; M. Ron Lemaire, président de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes; ainsi que Mme Amanda Vyce, agente principale de recherche, et Mme Lou Black, directrice de recherche, Syndicat des employés d'hôpitaux, toutes deux du Syndicat canadien de la fonction publique.
Commençons par l'Alliance canadienne du camionnage. Monsieur Laskowski, vous disposez de 10 minutes.
Je vais présenter un aperçu de la situation économique de l'industrie et les demandes précises de notre secteur en raison de la COVID-19.
L'industrie canadienne du camionnage déploie autant d'efforts que possible pendant cette crise pour que les Canadiens continuent d'avoir accès à des produits essentiels comme des aliments et des produits sanitaires. Toutefois, tandis que notre industrie continue de participer à la chaîne d'approvisionnement et de répondre aux besoins de l'économie, il est de plus en plus évident qu'elle est confrontée à des défis particuliers qui s'aggravent rapidement et qui nécessitent des solutions adaptées pour protéger la stabilité de la chaîne d'approvisionnement pendant la pandémie de la COVID-19 et lors de la reprise économique.
Le gouvernement du Canada a pris de nombreuses mesures indispensables pour aider les Canadiens et les entreprises qui éprouvent des difficultés financières à cause de cette pandémie. Pour dire les choses simplement, nous avons besoin d'une aide financière ciblée qui va au-delà de la Subvention salariale d'urgence du Canada, compte tenu de la nature de notre secteur et du rôle essentiel qu'il joue dans la chaîne d'approvisionnement.
La subvention salariale d'urgence répond peut-être aux besoins de nombreux secteurs, mais elle est tout simplement insuffisante pour assurer la stabilité de l'industrie du camionnage, et je vais vous expliquer pourquoi.
L'Alliance canadienne du camionnage demande au gouvernement du Canada de mettre en œuvre un programme de report des charges sociales, ce qui fournirait aux entreprises les liquidités nécessaires pour maintenir leurs activités et ainsi assurer la stabilité de la chaîne d'approvisionnement. De plus, l'Alliance veut augmenter l'allocation de repas de tous les camionneurs qui sont aux prises avec des coûts croissants liés à l'exploitation durant la crise de la COVID-19.
En ce qui concerne notre demande relative à l'impôt sur la masse salariale, nous demandons un report de trois mois et une période de remboursement de 12 à 18 mois, ce qui est très semblable au programme de report du versement de la TPS et de la TVH annoncé plus tôt.
Pour ce qui est de l'allocation de repas des camionneurs, nous demandons une augmentation du pourcentage quotidien qu'ils pourront déduire de leurs impôts pour les frais de repas sur la route.
D'autres organisations, comme Teamsters Canada, l'association des camionneurs indépendants qu'on appelle l'OOIDA, l'Association du camionnage d'entreprise et la Women's Trucking Federation of Canada se sont jointes à l'Alliance pour les demandes concernant les charges sociales et l'allocation de repas.
La raison pour laquelle nous demandons la mise en œuvre de ces mesures fiscales, c'est que l'Alliance a récemment réalisé une enquête sur la situation des entreprises, dont elle présentera une partie des résultats plus tard cette semaine. Lors de la première vague du sondage, à la fin mars et au début avril, nous avons appris que les transporteurs ont connu, en moyenne, une baisse de revenus de 27 %. Nous nous attendons à ce que ce chiffre soit maintenant passé à 35 %.
Les transporteurs sont également aux prises avec une augmentation importante des parcours à vide, c'est-à-dire lorsqu'un camion se déplace et ne transporte aucune marchandise. Évidemment, l'objectif de toute entreprise de camionnage est de transporter des marchandises en tout temps: du point A au point B, puis du point B au point A. C'est une notion commerciale de base. La crise de la COVID-19 a provoqué une situation où les camionneurs transportent des marchandises vers le point B, mais circulent à vide lorsqu'ils reviennent au point A. Cela se traduit par des coûts d'exploitation équivalents, mais des revenus nettement inférieurs.
Soixante-trois pour cent de nos entreprises de camionnage ont indiqué que leurs clients ont demandé des reports de paiements. Nos transporteurs perçoivent habituellement l'argent de leurs clients dans les 35 ou 40 jours, mais on parle maintenant de 60 à 90 jours, et même plus de 90 jours.
Comme je l'ai dit, nous présenterons plus tard cette semaine les nouveaux résultats de notre enquête sur la situation des entreprises.
En ce qui concerne le respect à l'égard des camionneurs et la façon dont ils sont traités aux installations d'expédition et de réception de marchandises, il s'agissait d'un problème majeur avant même l'arrivée de la COVID-19. Quelque temps après l'apparition de la maladie, lorsque les camionneurs se faisaient régulièrement refuser l'accès aux toilettes et n'étaient pas en mesure de s'acheter de la nourriture sur la route parce que les nouvelles politiques de service au volant ne permettaient pas les véhicules commerciaux, l'Alliance canadienne du camionnage a lancé une campagne de sensibilisation avec le mot-clic #ThankaTrucker, ou remercie un camionneur, afin que ces problèmes soient réglés.
La réaction du gouvernement du Canada, des dirigeants provinciaux, des entreprises canadiennes et de toute la population a été incroyable.
Notre industrie est reconnaissante de cette réponse, mais il y a encore du travail à faire. Nous sommes sur la bonne voie et nous espérons continuer à voir des améliorations sur ce plan.
Pour ce qui est des passages à la frontière, comme tout le monde le sait, 70 % de nos échanges commerciaux s'effectuent par camion du Canada aux États-Unis, puis des États-Unis au Canada. Les règlements aux frontières ont beaucoup changé depuis l'imposition de restrictions liées aux déplacements non essentiels. Nous aimerions remercier l'Agence des services frontaliers du Canada d'avoir collaboré avec notre industrie et la communauté commerciale. Cette transition n'a pas été facile, mais l'ASFC l'a très bien gérée et a collaboré avec notre secteur, ainsi qu'avec les importateurs et les exportateurs pour que la transition se fasse le plus harmonieusement possible.
Selon l'ASFC, le nombre de camions qui entrent au Canada en provenance des États-Unis a chuté de près de 33 %. Ces données cadrent parfaitement avec celles de notre enquête sur la situation des entreprises.
L'ASFC a aussi collaboré avec l'Agence de la santé publique du Canada pour veiller à ce que les interactions avec les camionneurs aux frontières demeurent sécuritaires sur le plan de la santé. Le processus a été concluant. L'Alliance canadienne du camionnage continuera de travailler avec l'ASFC pour que les marchandises canadiennes circulent de manière sûre et efficace entre le Canada et les États-Unis.
L'Alliance tient à remercier une fois de plus Transports Canada, le Conseil canadien des administrateurs en transport motorisé, toutes les provinces et tous les territoires qui ont travaillé avec nous et nos membres sur l'assouplissement des règlements concernant la prolongation de la validité des plaques d'immatriculation, des permis de conduire et des examens médicaux des conducteurs, en plus de nombreuses autres exigences liées à la conformité, notamment les inspections annuelles des véhicules et les accommodements au titre de l'Entente internationale concernant la taxe sur les carburants.
Nous aimerions aussi remercier les organismes canadiens et américains de réglementation et d'application de la loi d'avoir collaboré avec nous pour assurer des interactions sûres avec nos camionneurs pendant la crise de la COVID-19.
En ce qui concerne l'équipement de protection individuelle, la a annoncé cette semaine qu'elle mettrait sur pied le Conseil sur l’approvisionnement lié à la COVID-19, un groupe diversifié composé de 17 dirigeants issus du secteur privé. Ce groupe, qui comprend l'Alliance canadienne du camionnage, sera chargé de fournir au gouvernement des conseils sur l'acquisition de biens et de services essentiels nécessaires pour appuyer la lutte contre la COVID-19 et les efforts de relance du pays. Nous nous réjouissons à la perspective de participer à ce conseil et nous remercions la ministre de son invitation.
D'ailleurs, dans notre secteur et ailleurs, nous peinons toujours à obtenir de l'équipement de protection personnelle pour nos camionneurs, notamment des masques, des gants, du désinfectant pour les mains et des lingettes désinfectantes, mais nous continuons de déployer des efforts pour assurer la protection de nos conducteurs.
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je répondrai avec plaisir aux questions.
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir invité à participer à la réunion d'aujourd'hui.
Je suis heureux d'être ici au nom des 90 000 manufacturiers et exportateurs du Canada et des 2 500 membres de notre association pour discuter des répercussions de la COVID-19 sur le secteur manufacturier du Canada.
Parmi les membres de Manufacturiers et exportateurs du Canada figurent des entreprises de toutes tailles, de toutes les régions du pays et de tous les secteurs industriels. Depuis le début de la pandémie, nous collaborons avec nos membres et les gouvernements pour accroître la fabrication et l'offre d'équipement de protection personnelle et de technologies de soins de santé qui sont essentiels et nécessaires pour lutter contre cette maladie. De plus, nous éduquons et informons les entreprises du secteur manufacturier au sujet des plus récents progrès durant cette crise, notamment sur la façon d'accéder aux mesures de soutien du gouvernement et de protéger leurs employés et leurs chaînes d'approvisionnement. Nous nous efforçons de comprendre les répercussions de la pandémie sur notre secteur et nous préconisons des mesures de soutien sur le plan des politiques, de la réglementation et des programmes de la part de tous les ordres de gouvernement.
Nous aimerions joindre notre voix à celle de l'Alliance canadienne du camionnage pour remercier tous les ordres de gouvernement de leurs efforts. Les mesures qu'ils ont prises tout au long de cette crise ont été franchement remarquables. Cette collaboration n'est pas passée inaperçue dans l'industrie et chez les manufacturiers et les exportateurs d'un bout à l'autre du pays.
Au sein de la population, il semble y avoir deux sujets de discussion et deux questions relativement au secteur manufacturier et à la COVID-19. Comment pouvons-nous fabriquer plus de produits de santé ici même au Canada? Comment le secteur manufacturier peut-il poursuivre ses activités en toute sécurité pendant la pandémie? Je vais aborder ces deux questions et j'espère pouvoir fournir quelques conseils au Comité afin qu'il puisse préparer la réponse du Canada.
Grâce au soutien de Manufacturiers et exportateurs du Canada, d'autres groupes et, bien sûr, de gouvernements d'un bout à l'autre du pays, le secteur manufacturier se tire extrêmement bien d'affaire depuis le début de la crise. Le secteur a pratiquement réussi à conserver les mêmes niveaux de production et à maintenir les emplois des quelque 1,7 million de Canadiens qui travaillent dans le secteur manufacturier. Des centaines d'entreprises, voire des milliers, ont modifié leur production pour fabriquer des produits de santé, notamment de l'équipement de protection individuelle comme des masques, des ventilateurs, des écrans faciaux et des blouses. D'autres travaillent d'arrache-pied pour mettre au point de meilleurs tests et trouver un vaccin contre la COVID-19.
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Manufacturiers et exportateurs du Canada recommande de mettre l'accent sur trois volets importants pour améliorer les délais d'intervention lors d'une future crise éventuelle.
Premièrement, il faudrait élaborer une représentation cartographique exhaustive des capacités de fabrication du secteur manufacturier du Canada. La difficulté que nous avons rencontrée pour protéger la chaîne d'approvisionnement nationale n'était pas de savoir qui allait fabriquer le produit final, mais bien qui allait fabriquer chaque pièce du produit. Si nous savons quelles pièces sont fabriquées au Canada, nous avons de meilleures chances de relier les différents éléments de la chaîne d'approvisionnement pour fabriquer les biens nécessaires, quelle que soit la crise.
Deuxièmement, les processus de production et de distribution d'équipement de soins de santé du Canada et des États-Unis devraient s'harmoniser parfaitement, un peu comme la façon dont nos deux pays collaborent pour la production en matière de défense. Cela permettrait de renforcer les chaînes d'approvisionnement nord-américaines existantes et de rendre ces équipements essentiels accessibles en tout temps.
Troisièmement, le Canada devrait renforcer son système d'approvisionnement de deux façons. Tout d'abord, il doit y avoir une meilleure coordination concernant le type d'équipement nécessaire et l'entreprise qui doit le fabriquer. Ensuite, le Canada devrait mettre sur pied l'équivalent en matière de santé de la Defense Advanced Research Projects Agency des États-Unis. En quelques mots, le Canada pourrait réserver un petit pourcentage des quelque 200 milliards de dollars prévus pour les soins de santé publics pour la recherche, le développement, la mise à l'échelle et la commercialisation d'innovations en santé, que le gouvernement pourrait ensuite acquérir et éventuellement transformer en produits axés sur les consommateurs. Cela nous permettrait de créer de nouveaux produits et de nouvelles technologies visant à offrir de meilleurs soins de santé aux Canadiens et à développer de nouveaux marchés d'exportation.
Enfin, la question des procédés de fabrication sûrs pendant et après la pandémie suscite beaucoup d'attention chez les décideurs et le grand public. Le gouvernement fédéral et la plupart des gouvernements provinciaux ont déclaré que notre secteur est essentiel, et nous avons poursuivi la production tout au long de la crise, bien qu'avec un volume de production nettement plus bas, en adoptant de meilleures pratiques en matière de sécurité. La distanciation physique est déjà une pratique courante dans la plupart des entreprises du secteur manufacturier, où les employés travaillent en toute sécurité à des postes éloignés les uns des autres. Les rares fois où des problèmes ont été constatés, on a immédiatement fermé l'usine, renvoyé tous les travailleurs à la maison et nettoyé l'établissement afin de garantir la sécurité de l'environnement de travail. Le problème qui se pose est le même que dans le système de santé; en effet, à l'instar des intervenants de première ligne, les fabricants ont besoin de masques N95 et d'autre équipement de protection, mais il est difficile de s'en procurer.
Manufacturiers et exportateurs du Canada collabore avec ses membres afin de leur fournir les meilleurs conseils possible pour protéger leurs entreprises et leurs travailleurs. Nous avons élaboré des lignes directrices innovatrices en matière d'exploitation sécuritaire en plus de former continuellement les entreprises et de leur offrir du soutien pour maintenir leurs activités. Toutefois, lorsque l'économie reprendra son cours normal et que les entreprises chercheront à augmenter leur production, l'industrie sera aux prises avec un nouveau fardeau financier et aura besoin de l'appui du gouvernement. Cela pourrait se traduire par la création de programmes de soutien à l'investissement afin que les usines respectent les nouvelles normes de santé et de sécurité, et le versement d'une compensation pour la formation de tous les nouveaux employés aux nouveaux protocoles qui seront éventuellement élaborés.
Encore une fois, je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui et j'ai hâte d'entendre la suite des discussions.
Honorables membres du Comité permanent de la santé, au nom de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes, l'ACDFL, je vous remercie de me donner la chance d'aborder la réponse canadienne face à la pandémie de COVID-19.
L'ACDFL a été créée il y a 95 ans. C'est une association commerciale sans but lucratif qui représente plus de 860 entreprises établies au Canada et qui soutient environ 249 000 emplois. Nous répondons à 90 % de la demande de fruits et légumes frais achetés par les Canadiens.
Mon exposé portera sur la chaîne d'approvisionnement complexe qui ne ménage aucun effort pour fournir des fruits et légumes frais partout au Canada. J'expliquerai quelles sont les répercussions de la COVID-19 sur la continuité et l'intégrité de la chaîne d'approvisionnement en produits frais et la sécurité alimentaire dans notre pays. Parmi les aspects touchés, on compte l'état d'esprit des consommateurs, la santé mentale, la sécurité alimentaire, l'étiquetage des aliments, l'infrastructure, la modernisation de la réglementation, le commerce et la durabilité, y compris les emballages de plastique.
Afin de comprendre comment la pandémie actuelle affecte les consommateurs et, par ricochet, la chaîne d'approvisionnement en produits frais, je vous fais part des données obtenues par la firme de sondage de notre association, Abacus Data, lorsqu'elle a sondé les Canadiens il y a un peu plus de 12 jours. Sans surprise, 76 % des Canadiens se sentent anxieux et 45 % affirment se sentir seuls durant la période actuelle. La majorité des Canadiens considèrent que la pandémie durera plus de trois mois, ce qui augmente leur niveau de stress psychologique. Abacus rapporte également que 47 % des Canadiens subissent des contrecoups sur le plan financier.
L'ACDFL a constaté que les Canadiens sont plus sélectifs pour leurs achats, optant pour un plus gros panier d'épicerie rempli de produits durables, donc à longue durée de conservation comme les denrées en conserve ou surgelées. En ce qui concerne les produits frais, ils préfèrent les aliments de base traditionnels comme les pommes de terre, les légumes racines et les pommes.
Par ailleurs, nous avons constaté que les Canadiens accordent une grande importance à la sécurité. Pour nombre d'entre eux, cela signifie privilégier les produits plus emballés. J'y reviendrai plus tard.
Il est intéressant de constater que la pandémie a fait en sorte que les consommateurs sont plus nombreux à cuisiner plus souvent à la maison. Le programme Visez la moitié, créé par l'ACDFL à l'intention du public, repose sur le nouveau Guide alimentaire canadien. En outre, étant donné que 54 % des Canadiens préparent davantage leurs repas à la maison, l'ACDFL a conçu des outils pour les aider, par exemple, un document d'une page sur la meilleure manière d'entreposer les fruits et légumes frais, et de l'information sur comment manipuler les fruits et légumes du commerce de façon sécuritaire et adéquate une fois de retour à la maison. Par ailleurs, nous avons augmenté le nombre d'outils sur la participation des enfants dans la cuisine, notamment des recettes faciles, des trucs pour les parents et des hyperliens vers d'autres ressources.
Alors que la croyance est que tous les fruits et légumes coûtent cher, l'association offre aux Canadiens des trucs de magasinage pour tirer le maximum de leur panier d'épicerie.
Les Canadiens ont modifié leurs habitudes de consommation en raison de la pandémie. Nous avons constaté une augmentation de 8 % des ventes de légumes et de 5 % des ventes de fruits. Toutefois, les consommateurs passent moins de temps à explorer les allées à l'épicerie ou à examiner les articles vendus à l'unité, et on remarque une baisse des ventes des produits à courte durée de conservation ou des produits de spécialités.
Étant donné l'arrêt de nombreuses activités dans le secteur des services alimentaires, d'importantes répercussions se font sentir à l'échelle du secteur, qui correspond à 30 % de notre marché. Le marché a connu un certain rebond grâce aux activités de livraison, mais il demeure très fragile.
Lors d'un récent sondage mené par l'industrie, les Canadiens ont déclaré qu'ils avaient hâte de pouvoir retourner dans les restaurants, mais qu'ils sont inquiets à propos de leur sécurité quand les commerces ouvriront leurs portes à nouveau. Alors que les Canadiens ont modifié leurs habitudes de consommation en raison de la pandémie, la sécurité alimentaire demeure au sommet de leurs préoccupations.
La situation d'emploi de beaucoup de Canadiens n'est plus la même et le recours aux banques alimentaires est en hausse. L'industrie des produits frais est consciente de cette problématique et a considérablement augmenté ses dons pour offrir du soutien. Malheureusement, les banques alimentaires et autres organismes d'aide alimentaire ne suffisent pas à la demande. Bien qu'il y ait une abondance de denrées à donner, un grand nombre d'organismes à but non lucratif ne disposent pas de l'équipement de réfrigération requis pour gérer une grande quantité de fruits et de légumes frais, ce qui entraîne la perte des dons reçus ou encore le refus des dons. De plus, trouver suffisamment de bénévoles demeure un défi. En temps normal, ce sont eux qui appuient les organismes en se chargeant de la réception, de l'emballage et de la distribution d'une grande partie des dons.
Malgré tout, il y a des aspects positifs, par exemple, la souplesse dans l'étiquetage. Les produits en grand format qui sont normalement préparés et étiquetés pour les établissements de restauration peuvent maintenant être vendus par l'entremise d'autres circuits de distribution. C'est positif.
Nous sommes conscients que l'Agence canadienne d'inspection des aliments, l'ACIA, s'emploie à faciliter l'étiquetage des produits destinés à la vente au détail lorsqu'il n'y a aucune incidence sur la santé ni la sécurité. L'ACDFL appuie cette mesure.
J'aimerais maintenant parler du redressement. La poursuite des activités sera un défi à relever pour réussir la transition vers l'après-COVID. Pour certains maillons de notre chaîne d'approvisionnement, la première étape sera de décider de redémarrer, tandis que pour d'autres, cette option ne sera pas possible.
Les programmes gouvernementaux mis en place pour soutenir l'industrie des fruits et légumes doivent être axés sur la souplesse et la longévité afin de réduire au minimum les pertes de l'industrie. Tout programme mis en place devra intégrer des mesures d'adaptabilité, autant à petite échelle qu'à grande échelle, pour tenir compte de la complexité de l'industrie et de ses nombreuses variantes.
À cet effet, un autre secteur qui a une grande incidence sur la chaîne d'approvisionnement des fruits et légumes et qui joue sur la production alimentaire est la main-d'œuvre étrangère. L'accès aux travailleurs étrangers temporaires, qui, dès le début de la pandémie, constituait la principale menace pour la chaîne de production alimentaire, la sécurité alimentaire et l'intégrité de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, demeure un problème. Même si la question de la main-d'œuvre a été réglée en partie, il serait quand même nécessaire de revoir les protocoles sur les travailleurs au Canada. Les protocoles sur les travailleurs étrangers temporaires varient d'une municipalité à l'autre. De plus amples efforts doivent être déployés pour appuyer un modèle efficace de gestion et d'harmonisation des protocoles d'isolement. Divers échelons procèdent à des vérifications, et il est primordial de faire preuve de cohérence. Il sera également intéressant d'examiner comment tester rapidement les travailleurs agricoles essentiels afin d'assurer la poursuite des activités.
Dès le début de la pandémie au Canada, les membres de l'ACDFL n'ont pas ménagé leurs efforts pour mettre en œuvre des mesures de protection des employés, du public et du système alimentaire. Selon un récent sondage réalisé auprès des membres, la principale inquiétude est l'accès à l'équipement de protection individuelle. Les directives de l'Agence de la santé publique et les consignes de sécurité font en sorte que nos membres ont besoin d'un accès accru aux services de nettoyage, aux produits d'hygiène et à l'équipement de protection individuelle.
Il est crucial de créer une nouvelle chaîne d'approvisionnement pour combler ces besoins. Les entreprises ne peuvent pas poursuivre leurs activités sans un accès adéquat aux services de nettoyage et aux produits d'hygiène afin de protéger la sécurité des aliments et des employés. Dans sa liste d'objectifs à long terme, le gouvernement devrait inclure la création d'une chaîne d'approvisionnement canadienne pour l'équipement de protection individuelle.
Nous appuyons toute démarche de l'Agence de la santé publique du Canada pour établir des lignes directrices sur les types de pièces d'équipement de protection individuelle qui seraient requises en fonction des risques associés aux diverses activités et aux différents milieux de travail des entreprises canadiennes.
Le dépistage de la COVID-19 ou des symptômes d'une infection au coronavirus chez les employés devrait être accessible pour les employeurs dans notre secteur, qui est désigné comme un service essentiel. Dès que des tests abordables seront disponibles en quantité suffisante, l'Agence de la santé publique du Canada devrait établir des lignes directrices pour aider les entreprises à procéder à des analyses hors laboratoire.
Précédemment, j'ai mentionné les emballages de plastique. L'ACDFL a grandement à cœur de trouver une solution au problème du plastique à usage unique dans notre secteur. Les emballages de plastique sont des outils importants pour réduire le contact entre les consommateurs et les marchandises ou les aliments.
Depuis l'éclosion de la COVID, les consommateurs ont manifesté leur intérêt pour les emballages de plastique, car ils achètent davantage de produits présentés dans ce type d'emballage. Nous ne pouvons pas prévoir si cette tendance se poursuivra dans l'après-COVID. Cependant, nous devons reconnaître cette réalité dès aujourd'hui et nous assurer de mettre en place des systèmes pour ramasser et recycler ces emballages.
J'enjoins le gouvernement à ne pas ajouter le plastique à la liste des substances toxiques dans la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. De plus amples études sont requises. Nous suggérons de mettre l'accent sur la collaboration avec l'industrie pour déterminer quels sont les emballages à usage unique qui causent un problème et les éliminer, tout en améliorant le recyclage et la récupération des emballages de plastique partout au Canada. Ainsi, nous obtiendrons les meilleurs résultats possible.
Cette pandémie nous a fait réaliser que nous sommes dépendants du commerce international. Pour que notre système alimentaire soit durable à long terme, nous avons besoin d'une stratégie robuste, à l'échelle nationale et internationale. L'accès aux marchés est un facteur primordial pour le secteur des fruits et légumes du Canada. L'accès efficient aux marchés clés dépend du maintien des maillons de la chaîne d'approvisionnement comme le transport, la fluidité des frontières et les ports d'entrée et de sortie. De plus, il faut continuer d'harmoniser les accords de commerce international, les règles phytosanitaires et la coopération entre les gouvernements. La chaîne d'approvisionnement est multinationale, ce qui signifie qu'une défaillance dans un secteur a des répercussions sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement.
L'ACDFL encourage les gouvernements à faire une analyse rétrospective après la pandémie en collaboration avec l'industrie afin de comprendre dans quelle mesure les Canadiens et l'industrie ont été affectés pour mieux nous préparer à la prochaine fois. Dans l'ensemble, nous avons tous dû relever un défi colossal dans un laps de temps extrêmement serré.
Le nouveau contexte commercial a haussé les coûts dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. Il sera difficile de comptabiliser tous ces coûts et de les assimiler. Au bout du compte, une chose est claire: se nourrir coûtera plus cher.
En terminant, j'aimerais souligner les efforts extraordinaires déployés par notre gouvernement, autant les élus que les fonctionnaires, durant cette période sans précédent.
Je vous remercie de m'avoir écouté. Je suis disposé à répondre à vos questions, s'il y a lieu.
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Je vais revenir à ce que Mme Black disait avant l'interruption.
Au Canada, la première éclosion de COVID dans un établissement de soins de longue durée s’est produite au Lynn Valley Care Centre, en Colombie-Britannique. Il y a 12 ans, les employés de cet établissement étaient membres de notre syndicat. Ils bénéficiaient de conditions de travail, de salaires et d'avantages décents, mais, en 2002, des modifications apportées au code du travail de la province ont ouvert la porte à la privatisation et supprimé les droits de succession syndicale. Dès lors, lorsqu’un service était confié à un sous-traitant ou si un établissement était vendu, les conventions collectives des travailleurs n’étaient pas transférables. Trente ans de gains en matière de salaire et d’avantages sociaux ont été perdus. De nombreux travailleurs ont été mis à pied. Certains ont été forcés de postuler de nouveau pour des emplois où ils n’auraient plus que la moitié de leur ancien salaire, de moins bons avantages sociaux et beaucoup moins de congés de maladie. À partir de ce moment-là, le centre Lynn Valley a eu de la difficulté à recruter et former du personnel.
Un peu partout, le personnel des établissements de soins de longue durée travaille à temps partiel, et c'est une tendance croissante au Canada, à mesure qu’augmente le nombre de ces établissements privés à but lucratif. Comme les salaires sont bas, les préposés doivent cumuler plusieurs emplois pour pouvoir vivre. La pandémie a mis ce problème en lumière quand ces employés ont involontairement propagé le virus d’un établissement à l’autre. Plusieurs provinces ont émis des directives limitant temporairement le personnel à un seul lieu de travail pour protéger les résidants.
Le personnel se consacrant aux soins de longue durée doit composer avec un autre problème grave, celui des blessures. Certains développent des lésions musculo-squelettiques parce qu'ils doivent constamment forcer pour lever des personnes lourdes, mais ils peuvent aussi être blessés par un résidant violent. En Colombie-Britannique, le taux de blessures dans le secteur des soins de longue durée est quatre fois plus élevé que le taux moyen pour la province. La violence au travail est donc aussi un grave problème de santé et de sécurité pour ces travailleurs. Un sondage réalisé en Ontario a montré que 90 % des préposés et des infirmiers auxiliaires ont été victimes de violence physique dans des établissements de soins de longue durée.
Comme il s’agit essentiellement d’emplois précaires à faible salaire où le risque de blessures et de violence est élevé, il est extrêmement difficile de recruter et de garder des travailleurs. C'est pourquoi les établissements accusent une dangereuse insuffisance de personnel depuis plus de 10 ans. Quand un employé se porte malade, il arrive souvent qu’on ne lui trouve pas de remplaçant. Le reste du personnel, qui est déjà surchargé, doit assumer ces tâches supplémentaires. Dans ces circonstances, le personnel court d’un résidant à l’autre en accélérant tout le processus, ce qui signifie que les résidants risquent de ne pas avoir de bain, de sonner en vain pour demander de l’aide et de rester des heures dans une couche souillée. Quand le personnel n’a pas le temps d’exécuter le travail de base, la qualité des soins en souffre.
En 2017, en Colombie-Britannique, Retirement Concepts a acheté la plus grande chaîne de foyers de soins de longue durée à but lucratif de la province. Depuis lors, la régie provinciale des services de santé a mis en tutelle quatre de ces foyers. Dans ces établissements, les salaires étaient si bas et la charge de travail tellement hallucinante qu’il était impossible de recruter et garder du personnel. Un sondage effectué par le HEU nous a appris que, à l’un des établissements, il n’y avait la nuit qu’un seul préposé pour 75 résidants. Les répondants au sondage affirmaient que les résidants devaient régulièrement se passer de leur bain hebdomadaire ou même de leur toilette quotidienne. Du personnel de la régie provinciale a été envoyé dans chacun de ces établissements pour stabiliser la situation.
Le fait qu’un grand nombre d’employés d’établissements de soins de longue durée aient contracté la COVID-19 et aient dû s’isoler est venu compliquer les choses. Partout au Canada, des provinces ont demandé aux travailleurs de la santé à la retraite de revenir donner un coup de main. Du personnel des hôpitaux a été envoyé dans des foyers pour y combler les absences. La situation est tellement grave en Ontario et au Québec que les premiers ministres ont demandé et obtenu de l’aide du personnel médical des Forces armées canadiennes.
Il est inacceptable que nos gouvernements aient laissé les conditions se détériorer à ce point dans les établissements de soins de longue durée. La pandémie a fait savoir aux Canadiens à quel point le système est fragile en raison du sous-financement, du manque de personnel et de politiques permettant que des intérêts privés puissent accumuler les profits aux dépens de l’intérêt public dans le domaine des soins médicaux pour les plus vulnérables de la société. Il est temps que nos gouvernements prennent des mesures rigoureuses pour améliorer les conditions de travail des employés ainsi que la qualité des soins dans les établissements de soins de longue durée, d’un bout à l’autre du pays.
Les membres du SCFP et du SEO formulent les recommandations que voici à l'intention du Comité:
Premièrement, le gouvernement fédéral doit travailler avec les provinces et les territoires pour ajouter les soins de longue durée à la Loi canadienne sur la santé et en faire un service de santé de base financé et administré par l'État, accessible, universel, complet et transférable.
Deuxièmement, le gouvernement fédéral doit accorder aux provinces et aux territoires un financement distinct et suffisant pour les soins de longue durée dans le cadre du Transfert canadien en matière de santé.
Troisièmement, le gouvernement fédéral doit faire appliquer la norme nationale du minimum de 4,1 heures de soins pratiques par résident, par jour, et faire du respect de cette norme une condition du financement.
Quatrièmement, les gouvernements doivent travailler ensemble pour éliminer la propriété privée à but lucratif du secteur des maisons de soins de longue durée. Les sociétés privées et les actionnaires ne devraient pas pouvoir faire de profits avec les besoins en soins de santé des gens et les gouvernements ne devraient pas faire une marchandise de la santé des gens.
Cinquièmement, les maisons de soins de longue durée doivent cesser de donner la prestation des services à contrat à des entreprises à but lucratif, des services comme les soins de première ligne, la lessive, l'entretien ménager et l'alimentation. Tous les services devraient être fournis par du personnel interne afin d'améliorer les conditions de travail et la qualité des soins.
Sixièmement, les salaires des employés des établissements de soins de longue durée doivent être normalisés et augmentés pour refléter la valeur de leur travail et le fait qu'ils fournissent un service essentiel, plus particulièrement dans le cas des aides-soignants. Il faut offrir aux travailleurs de bons avantages sociaux, y compris des congés de maladie payés adéquats.
Septièmement, la précarisation de l'emploi dans les établissements de soins de longue durée doit être éliminée par la création d'emplois réguliers à temps plein pour les travailleurs qui veulent ce type d'emploi.
Enfin, on pense que le Canada aura besoin de 199 000 lits de soins de longue durée de plus d'ici 2035. Les hôpitaux sont depuis longtemps surchargés parce qu'il n'y a pas assez de lits de soins de longue durée pour les personnes qui ne peuvent plus vivre chez elles de façon autonome. Cette situation est devenue plus alarmante quand les hôpitaux ont dû trouver précipitamment des façons de faire face à l'arrivée attendue de patients infectés par la COVID-19.
La pandémie vient donc confirmer à quel point il est urgent d'accroître le nombre de lits de soins de longue durée au Canada afin d'atténuer les problèmes de capacité dans les hôpitaux et de veiller à ce que les gens reçoivent les soins dont ils ont besoin quand ils en ont besoin. Des fonds publics devraient donc être affectés à l'ajout de lits et les établissements ne doivent pas être désignés ni exploités comme des partenariats public-privé.
Merci beaucoup. Mme Black et moi sommes prêtes à répondre à vos questions.
Puisque je suis régulièrement en contact avec des collègues du Syndicat canadien de la fonction publique dans l'ensemble du Canada, je dirais que l'une des principales différences est que nos efforts ont été assez bien coordonnés, compte tenu de la situation, et qu'il n'y a eu que quelques pépins. Je ne peux pas en dire autant des autres provinces. L'approche de la Colombie-Britannique comprenait des consultations approfondies auprès des syndicats.
Nous étions partie prenante dès le départ. Nous avons établi une série de principes qui s'appliqueraient à la façon dont les travailleurs seraient affectés aux différents sites. Les employeurs et les syndicats ont essentiellement négocié un processus d'adaptation de la main-d'œuvre, qui a ensuite été transformé en un arrêté ministériel afin que tous les opérateurs soient également inclus — pas seulement les établissements publics, mais aussi les établissements privés. L'arrêté s'applique aux foyers de soins de longue durée, aux résidences avec assistance et aux établissements de santé mentale.
Mme Vyce a décrit une situation où des travailleurs occupent parfois deux ou trois emplois dans le secteur des soins de longue durée. De toute évidence, il y a aussi de telles situations en Colombie-Britannique. En outre, nous essayons d'éviter la contamination croisée involontaire qui pourrait en découler, ce qui est l'objectif des ordonnances. Il est interdit aux travailleurs des foyers de soins de longue durée, des résidences avec assistance et des établissements de santé mentale d'occuper un autre emploi dans ces établissements, mais ils peuvent en occuper un dans des établissements de soins actifs ou de soins communautaires. Dans ce sens, rien ne les empêche de gagner leur vie.
De plus, grâce à l'un des ensembles d'ordonnances, l'ancienneté accorde aux travailleurs une certaine protection en termes d'horaires et de protection des prestations. La clé, c'est évidemment d'atteindre la parité salariale afin que les travailleurs ne soient pas pénalisés par l'exigence de travailler dans un seul établissement alors qu'ils pouvaient normalement travailler dans un deuxième établissement. Ils obtiendront quelque chose de comparable au nombre total d'heures passées dans les deux établissements.
Lors de la crise du SRAS en Ontario en particulier, on a constaté un exode très clair du personnel infirmier des employeurs qui les payaient moins vers les employeurs qui les payaient plus. Les employés d'agences de placement étaient parmi les mieux payés, ce qui m'a surpris, et ils se déplaçaient d'un établissement à l'autre. En Colombie-Britannique, les employés d'agences de placement ne sont pas exclus des ordonnances. Cependant, étant donné la tendance observée en Ontario pendant la crise du SRAS, il était très évident que certains établissements qui ne payaient pas aussi bien leurs employés manquaient énormément de personnel.
Le nivellement des salaires élimine la disparité à cet égard; c'est du pareil au même, peu importe où vous allez. La Colombie-Britannique a déployé un effort assez coordonné avec ces trois séries d'ordonnances, qui fonctionnent de concert. Elle travaille sur l'établissement de principes d'affectation du personnel. La province se penche aussi sur la logistique de l'affectation au lieu de dire « allez-y, les gars, essayez... » puisque cette approche n'a pas bien fonctionné dans les autres provinces; cela n'a pas donné de résultats.
Cependant, en Colombie-Britannique, tout se passe relativement bien. Il s'agit d'un processus très clair pour les autorités sanitaires. Une série de listes d'employeurs au sein des autorités sanitaires sont remises au médecin hygiéniste en chef, qui donne ensuite l'approbation finale à l'affectation du personnel. Les conventions collectives des travailleurs ne sont pas jetées par-dessus bord, ils sont donc relativement satisfaits de la situation.
Paradoxalement, nous sommes maintenant dans une situation de parité et les gens sont sujets à la norme qui existait dans le secteur public en 2001. Pratiquement toutes les aides-soignants dans le domaine des soins de longue durée gagnent le même salaire.
Nous sommes certes d'avis que c'est essentiel à la stabilisation du secteur. Il doit y avoir une stabilité quant aux salaires. Il doit y avoir un ensemble de normes communes. C'est la seule façon d'éviter la mauvaise affectation et le grand écart.
Franchement, nos membres et les travailleurs le méritent. Je veux dire que nous les appelons des héros à ce stade. Nous devons joindre le geste à la parole.
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Merci pour votre question. Cela s'est avéré très intéressant.
Ce qui est impressionnant, c'est que l'industrie a assuré la chaîne d'approvisionnement. L'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes représente les producteurs, les grossistes, les responsables de la logistique des transports et des services alimentaires et les détaillants. Quiconque est allé faire des courses a bien vu les stratégies mises en place par les magasins de détail, quelle que soit leur taille, pour réguler le nombre de clients entrants, respecter les règles de distanciation et assurer une certaine circulation. Cela s'est avéré très efficace. Il y a eu des coûts supplémentaires en raison des écrans de protection aux caisses et, dans certains cas, d'autres équipements de protection.
Pour en revenir au secteur de la restauration et de l'alimentation, je dirai que cela sera très différent. Le service au volant et les commandes à emporter, en permettant la distanciation sociale, ont facilité le paiement. En ce qui concerne la communauté des grossistes — comme le Toronto Food Terminal et d'autres marchés de gros à Vancouver et Montréal —, c'est un gros problème parce que les fruits et les légumes frais sont périssables.
Le programme d'achat et la modélisation, c'est normalement quand on voit le produit et il est essentiel qu'il soit frais. La fraîcheur est un élément essentiel de la chaîne d'approvisionnement. Comment peut-on créer un environnement où les acheteurs viennent avec leur propre équipement de protection, respectent la distanciation sociale et sont quand même en mesure d'acheter, auprès de petits commerces indépendants partout au Canada, les produits qu'ils peuvent présenter dans leurs commerces de détail?
La coupe et la transformation des produits frais, du producteur jusqu'à cette étape, représentent vraisemblablement la plus grande difficulté, du point du respect de la distanciation sociale. C'est la même chose que dans les usines de transformation de la viande et d'autres installations, où on reconditionne les fruits et légumes et où on travaille dans un contexte de produits frais, comme une chaîne de conditionnement des pommes. Comment faire pour gérer cela et réussir à produire la quantité nécessaire pour répondre à la demande? C'est le plus gros problème qui soit.
En étirant la chaîne, le volume traité a baissé. L'industrie réfléchit aux lignes directrices et aux normes à mettre en place, en tirant parti des équipements de protection personnels afin d'assouplir légèrement les règles de distanciation sociale ou en mettant en place un genre de barrières. Mais encore une fois, les règles, application et respect de ces règles, varient en fonction des villes, partout au pays.
En ce qui concerne les producteurs, le problème maintenant est de savoir comment on va répandre les pesticides et autres produits dans les champs. Les producteurs ont-ils suffisamment d'équipement de protection personnel pour tous les travailleurs agricoles, qui plantent ou éventuellement récoltent?
Nous sommes très reconnaissants pour les 252 millions de dollars annoncés par le gouvernement fédéral. Dans la ventilation de ces fonds, les 50 millions sont intéressants. Je suis curieux de voir comment cela va fonctionner, en ce qui concerne les excédents. Nous avons souvent parlé de ces fonds au gouvernement fédéral, en particulier parce que le modèle est fructueux aux États-Unis, et la manière de récupérer les produits en excédent, ce dont j'ai parlé, et de les distribuer aux populations en situation précaire ou à risque ou à d'autres est essentielle. Comment nous allons faire cela, c'est la prochaine étape.
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Je dirais qu'un autre bon exemple est celui des fabricants de fenêtres qui fabriquent également des écrans de protection. Je sais qu'un certain nombre de nos membres de l'Ouest, par exemple, font aussi ce genre de chose. Il y a beaucoup d'exemples.
J'ai aussi reçu une réponse, en passant: 3 500 fabricants se sont adressés directement à Innovation, Sciences et Développement économique Canada pour obtenir du soutien. Je pense que c'est la dernière question qu'on m'a posée. De plus, 250 d'entre eux sont passés par Manufacturiers et exportateurs du Canada, et nous avons tenté de jumeler les gens aux programmes d'aide gouvernementale pour le rééquipement. C'est un très grand nombre d'entreprises, et il ne s'agit que de celles dont nous sommes au courant.
Ce qui se passera dans l'avenir sera très intéressant. En fin de compte, nous n'aurons pas besoin de ce niveau de production pour ce type de produits à long terme. Pour la plupart des entreprises, ce à quoi nous nous attendons lorsque les choses reviendront à la normale, c'est qu'un fabricant de fenêtres, par exemple, recommencera à fabriquer des fenêtres quand le marché immobilier reprendra de la vigueur, n'est-ce pas?
Bien des entreprises effectuent des changements dans leur production, comme Magna et Linamar, qui fabriquent des respirateurs. Elles ne fabriquent aucune pièce, alors il est logique pour elles de le faire, et bon nombre d'entre elles l'ont fait sans aide du gouvernement, simplement parce qu'elles voulaient répondre à l'appel. La plupart de ces entreprises recommenceront à fabriquer les produits qu'elles fabriquaient avant la crise, mais il y a des possibilités, comme je l'ai dit.
J'ai mentionné l'idée de créer l'équivalent de la DARPA pour les soins de santé au Canada. Il existe d'énormes possibilités au Canada pour fabriquer des produits liés aux soins de santé, développer une expertise à ce chapitre et exporter ces produits dans le monde, en plus de répondre à la demande nationale. Je crois qu'il y a de grandes possibilités pour nous si nous travaillons en ce sens, si nous déterminons où se trouvent vraiment les débouchés et si nous soutenons les industries que nous voulons voir croître.
Prenons un exemple simple. En Ontario, dans un comté ou une municipalité, il y a un protocole très strict qui exige que les dortoirs aient une certaine superficie en pieds carrés qui ne pourrait accueillir que quatre travailleurs. Or, à cinq minutes de voiture, dans un autre comté ou une autre municipalité, la même superficie de dortoirs peut accueillir jusqu'à 10 travailleurs, et ce n'est qu'à un kilomètre ou deux de distance. Ces incohérences créent des problèmes et ajoutent des coûts, une structure et des pressions à un marché dans un environnement très stressant pour un producteur qui tente d'obtenir le meilleur résultat possible. Pour les personnes qui viennent travailler dans leur ferme depuis de nombreuses années et qui, dans certains cas, font presque partie de la famille, les producteurs tentent de fournir des chambres d'hôtel, s'il y en a de disponibles à proximité, ce qui entraîne encore des coûts supplémentaires. Le financement de 1 500 $ par travailleur qu'octroie le gouvernement fédéral aux producteurs est utile, mais ce n'est pas encore suffisant pour compenser le coût total de l'isolement.
Comment évaluer la cohérence? Eh bien, l'Agence de la santé publique du Canada a fourni des conseils et des directives, reconnaissant que l'approche fédérale, c'est que les gens sur le terrain dans les régions comprennent mieux comment ces régions doivent fonctionner. Il faudra tenir d'autres discussions entre le fédéral, les provinces et les territoires afin que les provinces puissent prendre des mesures plus efficaces pour créer une approche harmonisée, du moins dans l'ensemble de la province, en vue d'offrir aux agriculteurs ce qu'on pourrait appeler un milieu cohérent, sain, sûr et compétitif.
Je vais vous donner un exemple. À l'heure actuelle, ce qui pose problème, c'est que nous n'avons que 85 % des travailleurs que nous aurions normalement à ce temps-ci de l'année, mais c'est 85 % d'un nombre total de travailleurs qui était déjà insuffisant l'an dernier. Le nombre réel de travailleurs dont nous avons besoin est donc encore plus élevé. L'ajout de protocoles et de restrictions qui vont peut-être au-delà des exigences que même l'Agence de la santé publique du Canada a définies ne fait que créer une pression supplémentaire sur l'accès aux aliments canadiens.
Il a été question d'envoyer les travailleurs dans les champs s'ils ne présentent pas de symptômes. Ils sont isolés dans une ferme. Peut-on tout simplement faire travailler ce groupe isolé dans un environnement isolé? Il y a eu toutes sortes de discussions à ce sujet, mais nous reconnaissons que certaines des directives de la santé publique sont très certainement justifiées.
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Comme Mme Vyce l'a dit tout à l'heure, il est difficile de le savoir pour l'ensemble du pays, étant donné la façon dont les données sur les effectifs sont recueillies et déclarées.
Je peux vous donner l'exemple de la Colombie-Britannique. Nous avons une norme qui est de 3,36 heures par résidant, par jour. En moyenne, le financement en Colombie-Britannique est prévu pour 3,25 heures actuellement. Je dois souligner que les 4,1 heures dont a parlé Mme Vyce étaient recommandées par l'étude la plus complète effectuée jusqu'à maintenant. Il s'agissait d'un rapport présenté au Sénat américain en 2001. Le degré de complexité des soins aux aînés a augmenté de façon radicale depuis 2001; une mise à jour est donc nécessaire. L'étude portait sur plus de 5 000 établissements aux États-Unis qui voulaient obtenir du financement de Medicaid. Pour cette étude, on s'est servi de l'analyse de régression et d'une modélisation approfondie, en suivant des aides-soignants et du personnel pour connaître la durée... C'est un peu comme les études des temps et mouvements. On a utilisé des centaines d'entrevues auprès d'informateurs clés, avec des directeurs des soins, des chefs de l'administration, des aides-soignants. Étant donné qu'il est difficile de reproduire une étude comme celle-là, nous nous fions à une donnée qui n'est pas récente, mais le nombre d'heures doit être revu, et il va sans dire que lorsque nous le ferons, le chiffre sera plus élevé que 4,1.
À l'heure actuelle, en Colombie-Britannique, la norme de 3,36 heures est de toute évidence inférieure aux 4,1 heures, qui correspondent dans cette étude aux heures de soins directs fournis par l'équipe de soins infirmiers, l'aide-soignant, l'infirmière auxiliaire autorisée, l'infirmière diplômée. En Colombie-Britannique, la norme de 3,36 heures comprend les services paramédicaux, notamment les diététiciens et les ergothérapeutes, qui sont tous essentiels, mais qui, d'une certaine façon, viennent gonfler les chiffres. Si l'on s'en tient aux heures de soins directs, elles sont encore plus basses que les 3,36 heures. Comme je l'ai dit, nous n'atteignons même pas ce chiffre en ce moment; la moyenne est de 3,25 heures, alors il y a assurément un écart.