Soyez tous les bienvenus à la réunion numéro 29 du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi du 26 mai 2020, le Comité reprend sa séance d'information sur la réponse canadienne à l'éclosion du coronavirus.
Afin que la réunion se déroule de manière ordonnée, j'aimerais vous faire part de quelques règles à suivre.
L'interprétation de cette vidéoconférence fonctionnera comme s'il s'agissait d'une réunion ordinaire du Comité. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre l'anglais et le français. Au moment de parler, si vous prévoyez de passer d'une langue à l'autre, vous devrez changer de canal d'interprétation pour qu'il soit réglé sur la langue dans laquelle vous aurez choisi de vous exprimer. Nous vous conseillons de prévoir une courte pause lorsque vous passerez de l'une à l'autre.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous invite à le faire par votre nom, sauf pendant les questions. Les personnes qui poseront des questions devront indiquer à qui elles s'adressent. Lorsque vous êtes prêt à parler, vous pouvez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Je vous rappelle que toutes les interventions des membres et des témoins doivent se faire par l'intermédiaire de la présidence, et que votre micro doit être coupé lorsque vous ne parlez pas.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins.
Il s'agit de quatre cadres de Transports Canada, nommément M. Kevin Brosseau, sous-ministre adjoint, Sécurité et sûreté, M. Lawrence Hanson, sous-ministre adjoint, Politiques, Mme Wendy Nixon, directrice générale, Sûreté de l'aviation et M. Nicholas Robinson, directeur général, Aviation civile.
Nous allons maintenant passer à la déclaration liminaire de notre premier groupe d'experts.
Madame et messieurs du ministère des Transports, vous avez 10 minutes pour nous livrer votre exposé. Veuillez commencer.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité de nous avoir invités ici aujourd'hui.
J'aimerais commencer par reconnaître que la pandémie de la COVID-19 a créé une crise mondiale sans précédent qui a d'importantes répercussions sur tous les aspects de l'industrie canadienne des transports, les voyageurs, les expéditeurs et notre économie. En cette période, la priorité absolue de Transports Canada est la sécurité et la sûreté des Canadiens et du système de transport. Cela signifie qu'il faut protéger la santé et la sécurité des passagers et des équipages et assurer la circulation continue des aliments et des fournitures dont les Canadiens ont besoin pour rester en bonne santé.
C'est pourquoi, depuis le début de la pandémie, Transports Canada a travaillé à l'adoption de mesures, de directives et d'exigences à divers niveaux pour veiller à ce que les activités de transport demeurent sécuritaires pour les travailleurs et les passagers. Le travail du ministère est fondé sur les plus récentes données et études scientifiques ainsi que sur les directives des agences de santé publique. Face à cette situation extraordinaire, le a aussi exercé ses pouvoirs pour mettre en œuvre des mesures en vertu de plusieurs lois, dont la Loi maritime du Canada, la Loi sur l'aéronautique et la Loi sur la marine marchande du Canada.
J'aimerais exposer certaines des mesures prises à ce jour.
Dès le début, on a reconnu que l'espace restreint dans les navires de croisière présentait un risque élevé de propagation de la maladie. Le 13 mars, le ministre annonce que le gouvernement du Canada prévoit reporter le commencement de la saison des croisières à la fin d'octobre, au plus tôt, et il interdit tous les arrêts dans l'Arctique canadien pour toute la durée de la saison.
Même si le gouvernement a restreint les voyages non essentiels, nous avons travaillé pour aider à maintenir la sécurité des secteurs aérien et maritime, et pour veiller à ce que les chaînes d'approvisionnement ne soient pas perturbées. C'est pourquoi le gouvernement annonce, les 16 et 17 mars, la prolongation générale de certains certificats du personnel maritime et des certificats médicaux d'aviation.
Le 17 mars, le ministre émet aussi un arrêté d'urgence aux termes duquel les exploitants aériens canadiens doivent désormais effectuer une vérification de santé auprès de tous les passagers aériens qui voyagent vers le Canada au départ de l'étranger. Les exploitants doivent refuser l'embarquement à tout voyageur qui présente des symptômes de COVID-19, quelle que soit sa citoyenneté. Ce même jour, le ministre exempte les exploitants de traversiers de demander aux passagers de quitter leur véhicule une fois à bord, du moins pour la durée de la crise. Dans le but de faciliter la distanciation physique, les passagers peuvent dès lors demeurer dans leur véhicule, pour peu que les exploitants aient pris des mesures de sécurité supplémentaires.
Depuis le 18 mars, tous les vols internationaux ont été dirigés vers quatre aéroports canadiens seulement — Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver — afin de concentrer les ressources présidant au contrôle des passagers internationaux.
Le 19 mars, le accorde une exemption pour les membres du personnel maritime qui entrent au Canada, les considérant comme essentiels. Cette exception fait en sorte que la nourriture, les médicaments et d'autres produits essentiels continuent d'arriver en toute sécurité dans nos ports.
Le 21 mars, le annonce que le gouvernement du Canada travaille avec des transporteurs aériens canadiens et des gouvernements étrangers pour que des vols commerciaux soient offerts aux milliers de voyageurs canadiens qui vivent des situations difficiles à l'étranger et souhaitent rentrer au pays. Nous avons aussi travaillé avec les transporteurs canadiens pour veiller à ce que les Canadiens en détresse à l'étranger obtiennent un prix raisonnable pour leur billet de retour au pays.
À la fin de mars, le annonce une autre mesure pour contenir la propagation du virus en demandant à tous les exploitants aériens et à toutes les compagnies de chemin de fer assurant un service voyageurs interurbain de procéder à une vérification de santé des voyageurs. Les vérifications demandées doivent être faites auprès des voyageurs avant leur embarquement à bord d'un aéronef ou d'un train interurbain au Canada, et les exploitants doivent refuser l'embarquement aux voyageurs qui présentent des signes visibles de maladie.
Au début d'avril, Transports Canada met en œuvre des lignes directrices pour contribuer à assurer la sécurité des conducteurs de véhicules commerciaux dans la pratique de leur travail essentiel. Le ministère travaille avec d'autres ministères fédéraux et des représentants de l'industrie et des syndicats à l'élaboration de ces lignes directrices. Quelques jours plus tard, le ministère émet des avis permettant aux conducteurs de véhicules commerciaux de franchir librement les frontières provinciales et territoriales.
Le 5 avril, on présente plusieurs exigences obligatoires visant les navires à passagers commerciaux d'une capacité de plus de 12 passagers. Parmi les modifications apportées, signalons l'interdiction pour les exploitants de ces navires de mener des activités non essentielles, comme des activités touristiques ou récréatives — ces mesures ont été mises à jour à la fin du mois de mai. Le ministre interdit aussi aux navires de croisière canadiens de mouiller et de naviguer dans les eaux arctiques canadiennes, ou de transiter par ces dernières. Tout navire de passagers étranger qui désire naviguer dans les eaux arctiques canadiennes doit d'abord en obtenir la permission et se conformer à des conditions visant à protéger le personnel maritime et les collectivités locales.
Aux termes de ces modifications, les traversiers et les autres navires de passagers essentiels peuvent continuer leurs activités, mais à la moitié de leur capacité maximale, ou adopter d'autres mesures conformes aux lignes directrices de l'Agence de la santé publique du Canada afin de réduire le risque de propagation de la COVID-19.
Cela peut impliquer que les gens demeurent dans leur véhicule, lorsque cela est possible, ou que des mesures accrues de nettoyage et d'hygiène soient mises en œuvre.
De plus, afin de mieux protéger les employés et les passagers, Transports Canada a émis des lignes directrices à l'intention des exploitants de traversiers semblables à celles qui s'appliquent aux passagers aériens et aux voyageurs de trains interurbains. Les exploitants de traversiers doivent maintenant contrôler les passagers afin de déceler la présence de symptômes de la COVID-19 avant l'embarquement et refuser l'embarquement à quiconque en présenterait.
Comme je l'ai déjà mentionné, la sûreté et la sécurité des Canadiens et du système de transport demeurent notre priorité absolue. C'est la raison pour laquelle, depuis le 20 avril, tous les voyageurs aériens doivent porter un masque non médical ou un couvre-visage qui couvre la bouche et le nez au point de contrôle de sécurité, à l'embarquement ainsi que dans l'avion quand les règles de distanciation physique ne peuvent être respectées. Les passagers aériens qui prennent un vol à destination ou en provenance d'aéroports canadiens doivent désormais montrer qu'ils ont le masque non médical ou le couvre-visage nécessaire à l'embarquement sans quoi ils ne seront pas autorisés à embarquer dans l'avion. Nous encourageons également toute personne qui voyage par train, par autobus, par bateau ou par traversier à porter un couvre-visage dans la mesure du possible.
De plus, les exploitants de traversiers et de navires à passagers menant des activités essentielles communiquent désormais des messages publics aux voyageurs sur la nécessité de porter un couvre-visage pendant le trajet. Les messages qu'ils reçoivent mettent l'accent sur la nécessité pour les voyageurs de se couvrir la bouche et le nez quand ils ne sont pas en mesure de se maintenir à distance des autres.
En mai, le prolonge jusqu'au 31 octobre 2020 l'interdiction d'exploiter des navires de croisière offrant de l'hébergement et autorisés à transporter plus de 100 personnes. L'ouverture de la saison des navires autorisés à transporter moins de 100 passagers et de ceux qui n'offrent pas d'hébergement est quant à elle reportée au moins jusqu'au 1er juillet de cette année.
Le ministre a également annoncé plus tôt au cours du mois l'étendue des exigences relatives à l'utilisation de couvre-visages aux travailleurs du secteur des transports et autres personnes concernées par le réseau de transport. À la fin de juin, les exploitants aériens seront tenus d'effectuer une vérification de la température de tous les passagers à destination du Canada avant l'embarquement aux points de départ des vols internationaux. Cette mesure s'appliquera, quel que soit le point d'origine du passager.
D'ici la fin de juillet, l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien sera également tenue d'effectuer une vérification de la température des passagers dans le cadre des procédures de contrôle pour les vols intérieurs, transfrontaliers et internationaux. Elle vérifiera également la température du personnel de l'aéroport et de l'aviation avant qu'il entre dans une zone réglementée de l'aéroport, ce qui contribuera à maintenir un espace sain et sécuritaire pour les voyageurs de même que pour les travailleurs.
Nous savons que le transport est essentiel pour le redémarrage de notre économie et pour notre qualité de vie. Il est essentiel pour notre sécurité et notre sûreté. À mesure que la situation évolue, Transports Canada travaille étroitement avec d'autres ordres de gouvernement et de hauts dirigeants du secteur des transports afin d'adapter notre approche concernant la protection des Canadiens. Nous communiquons quotidiennement avec des responsables de l'ensemble des ministères et organismes fédéraux, provinciaux et territoriaux ainsi qu'avec ceux du secteur privé, des organisations syndicales et des collectivités autochtones.
Au nom de Transports Canada, j'aimerais prendre un moment pour rendre hommage aux travailleurs du secteur des transports et les remercier de leur travail. Face aux difficultés, ils continuent d'assurer le déplacement des personnes et des marchandises et contribuent de ce fait à préserver l'environnement sécuritaire dans lequel vivent les Canadiens. Les employés de Transports Canada, tels que les inspecteurs sur le terrain et bien d'autres, jouent un rôle crucial dans l'approvisionnement des populations et le maintien de l'économie canadienne. Nous leur sommes reconnaissants pour tous leurs efforts et du fait qu'ils continuent de travailler avec nous et pour nous, les Canadiens.
Mes collègues et moi serons heureux de répondre à toutes vos questions.
:
Monsieur le président, je vais amorcer une réponse, puis n'importe lequel de mes collègues pourra fournir de l'information additionnelle au besoin.
Depuis le début de la pandémie, nous avons fait de la participation des intervenants un élément crucial de notre stratégie de réaction. La priorité absolue du et des fonctionnaires de Transports Canada consiste à assurer une communication directe avec les membres de l'industrie et avec ceux qui sont les plus touchés par cette pandémie. Ce faisant, nous avons créé une solide stratégie de mobilisation qui englobe tous les éléments de l'industrie.
Je vais vous parler brièvement de quelques aspects. Nous avons créé un forum des hauts dirigeants des principales compagnies aériennes et des principaux aéroports afin de discuter des préoccupations les plus pressantes concernant la relance de l'industrie. Nous coprésidons un comité consultatif sur le transport aérien comptant des représentants du gouvernement fédéral, de grandes associations de l'industrie — dont le Conseil national des lignes aériennes du Canada, l'Association du transport aérien du Canada et la Northern Air Transport Association — et de divers opérateurs, c'est-à-dire des compagnies aériennes et des aéroports.
Ce groupe examine divers aspects de l'industrie de l'aviation que nous devons modifier ou améliorer pour garantir la reprise de l'industrie la plus sûre possible.
Nous utilisons nos forums actuels sur la réglementation, comme le Conseil consultatif sur la réglementation aérienne canadienne, le CCRAC, pour diffuser presque quotidiennement des messages sur les mesures que Transports Canada prend pour soutenir l'industrie. Ce conseil, pour lequel l'adhésion est volontaire, compte parmi ses membres de nombreuses associations de l'industrie et divers opérateurs et syndicats représentant des travailleurs du secteur de l'aviation. Nous avons aussi établi plusieurs mécanismes consultatifs spéciaux sur la COVID dont l'objectif est d'amener l'industrie à participer à la réponse à la COVID-19. Ces mécanismes couvrent un éventail complet d'opérateurs, des compagnies aériennes nationales aussi bien qu'étrangères, ainsi que des aéroports et des syndicats qui représentent des travailleurs du secteur de l'aviation, comme les agents de bord, les pilotes et les contrôleurs de l'ACSTA. Tous ces contacts avec les partenaires de l'industrie se font hebdomadairement en ce moment, mais nos rencontres étaient plus fréquentes au début de la crise. Ces contacts ont joué un rôle clé dans la conception de la douzaine de mesures que nous avons mises en place dans le secteur aérien pour lui permettre de fonctionner de façon sécuritaire.
Le et Transports Canada poursuivent leurs liens bilatéraux avec les partenaires clés du secteur de l'aviation de toutes les régions du Canada.
Ce travail s'est révélé essentiel à la prise de mesures visant à aider l'industrie et à l'écoute directe des intervenants concernant les difficultés courantes ou émergentes dans le contexte de la pandémie.
:
Merci, monsieur le président. Bonjour, chers collègues.
Je tiens à remercier les témoins de leur collaboration. La semaine dernière était la Semaine nationale de la fonction publique, et compte tenu de cela et du travail que les témoins ont accompli, j'aimerais vraiment les remercier. Mon bureau et moi-même avons posé de nombreuses questions à Transports Canada au cours de cette pandémie, et vous avez été très serviables en ces temps difficiles.
Ma question porte sur le contraste et la comparaison. Au cours de la série de questions que je vais poser, je vais me prendre pour exemple.
Avant que la Chambre s'ajourne le 13 mars, je prenais l'avion au moins une fois par semaine de Sydney, en Nouvelle-Écosse, à Ottawa. Comme beaucoup de choses, la COVID m'a fait réfléchir à deux fois à la propagation de l'infection, et même quand je vais à l'épicerie, j'y pense. Quand il sera sécuritaire de retourner à Ottawa — c'est plutôt une question futuriste —, comment, selon vous, le risque de voyager en avion se comparera-t-il, disons, à une visite à un centre de conditionnement physique ou à un dîner au restaurant?
La question est ouverte à tous.
Monsieur le président, nous avons parlé longuement des mesures que Transports Canada a prises et mises en œuvre, mais nous avons aussi travaillé directement avec l'industrie à l'élaboration des nombreuses mesures qu'elle a également mises en place.
Nous observons une industrie qui avait déjà adopté des normes très élevées en ce qui concerne le toilettage ou le nettoyage des avions et leur désinfection. Ils sont allés beaucoup plus loin et ont mis en place des mesures supplémentaires liées au toilettage et à la désinfection des avions entre les segments de vol. Ils ont examiné la filtration de l'air dans les avions. De nombreux avions commerciaux plus grands et plus perfectionnés que vous voyez actuellement sont équipés de filtres HEPA. Ils ont utilisé ces filtres et ont amélioré les moyens de filtrer plus rapidement l'air dans ces avions, afin de prévenir la propagation du virus.
Nous voyons les aéroports et les transporteurs aériens mettre en place des mécanismes visant à respecter la recommandation de distanciation physique, afin d'améliorer leurs opérations et leurs procédures. Ainsi, lorsque vous vous rendrez à l'aéroport de Sydney, vous apercevrez divers mécanismes qui ont été mis en place. Vous verrez peut-être des écrans devant vos préposés à l'enregistrement habituels, ce qui vous encouragera davantage à enregistrer vos propres bagages.
L'industrie est allée bien au-delà de tous les règlements que nous avons également pris. Nous avons maintenant une industrie beaucoup plus sécuritaire que les activités ordinaires que vous exercez tous les jours et pour lesquelles ces mesures ne sont pas obligatoires. Dans bon nombre des entreprises que vous fréquentez, les gens ne sont pas obligés de se couvrir le visage, mais dans l'industrie aérienne, si.
:
Nous reprenons la séance.
Bienvenue, tout le monde, à la 29e séance du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi du 26 mai 2020, nous reprenons notre séance d'information sur la réponse canadienne à l'éclosion du coronavirus.
J'aimerais d'abord faire quelques observations à l'intention des nouveaux témoins.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme, sauf pendant la période des questions, auquel cas les députés qui posent des questions précisent généralement à qui elles s'adressent. Quand vous êtes prêt à parler, vous pouvez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Je vous rappelle que toutes les interventions des députés et des témoins doivent se faire par l'entremise de la présidence. Pendant cette vidéoconférence, l'interprétation se fera à peu près comme dans une séance normale du Comité. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français. Si vous avez l'intention de passer d'une langue à l'autre durant votre intervention, vous devrez chaque fois changer le canal d'interprétation pour choisir celui qui correspond à la langue que vous employez. Vous voudrez peut-être faire une courte pause au moment de changer de langue. Quand vous ne parlez pas, votre micro doit être désactivé.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à notre deuxième groupe de témoins.
Nous accueillons deux représentants d'Air Canada: M. Ferio Pugliese, vice-président principal, Air Canada Express et relations gouvernementales, et le Dr Jim Chung, médecin chef.
Nous recevons également deux représentants d'Air Transat: M. Howard Liebman, directeur principal, Affaires gouvernementales et communautaires, et le capitaine Dave Bourdages, vice-président, Services en vol et expérience client.
Enfin, il y a Jared Mikoch-Gerke, gestionnaire de la sûreté aérienne chez WestJet.
Nous commencerons par les exposés. Chaque groupe disposera de 10 minutes pour faire une déclaration.
Les représentants d'Air Canada seront les premiers à prendre la parole. Vous avez 10 minutes. Nous vous écoutons.
:
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je vous remercie de nous donner l’occasion de témoigner devant vous cet après-midi. Comme il s’agit du Comité permanent de la santé, j’espère que tout le monde se porte bien et reste en sécurité.
Je m’appelle Ferio Pugliese, et je suis vice-président principal des relations gouvernementales et d’Air Canada Express à Air Canada. Je suis ravi de me joindre à vous pour discuter de la réponse canadienne à la pandémie de la COVID-19. Je suis accompagné de mon collègue, le Dr Jim Chung, qui est médecin chef à Air Canada. Lui et moi allons essayer de partager le temps qui nous est imparti pour faire des observations préliminaires, et nous serons ensuite à votre disposition pour répondre aux questions.
Comme nous le savons tous, la pandémie a eu des répercussions sans précédent. Non seulement cette nouvelle maladie a nui à la santé des personnes, des villes et des pays, mais elle a aussi paralysé les économies, sapé les relations commerciales, entraîné la fermeture des frontières et réduit les déplacements de passagers entre les pays, et ce, d’une façon que beaucoup d’entre nous auraient peine à imaginer. Jusqu’ici, Air Canada a été aux premières loges de cette crise.
Alors qu’Air Canada s’employait à suivre la progression de la maladie en Chine à la fin de 2019 et au début de 2020, nous avons commencé à observer une baisse considérable de la demande de voyages entre les deux pays. Nous avons alors été contraints de réduire nos services vers la Chine, une décision lourde de conséquences. En fait, nous avons été l’une des premières compagnies aériennes nord-américaines à le faire. Le suivi continu des rapports quotidiens de l’Organisation mondiale de la Santé et de ceux de BlueDot, notre partenaire en matière de santé, nous a amenés à comprendre que la situation était plus alarmante que beaucoup de gens ne voulaient l’admettre.
Lorsque des cas de COVID-19 ont commencé à surgir à l’extérieur de la Chine, alors qu’il y avait très peu de renseignements sur la nature de la maladie, l’équipe de la haute direction d’Air Canada a décidé de suspendre tous les vols vers la Chine, à la suite d’un avis aux voyageurs émis par le gouvernement du Canada. Cette décision a été prise le 29 janvier 2020, un jour avant que l’Organisation mondiale de la Santé ne déclare l’urgence de santé publique de portée internationale, et bien avant l’état de pandémie déclaré le 11 mars 2020 par l’OMS. Il est important de souligner que les transporteurs chinois ont continué de desservir le Canada pendant cette période.
Au cours du mois de février, la demande de transport aérien a chuté encore davantage, alors que les annulations de réservations existantes se sont multipliées. La particularité de notre secteur, c’est que nous avons subi les conséquences économiques avant presque tous les autres secteurs ou industries, à l’exception peut-être des hôtels et des voyagistes, et ce, bien avant la déclaration de la pandémie.
En plus de la baisse de la demande provoquée par la peur, les gouvernements du monde entier ont commencé à imposer des restrictions de voyage et des fermetures de frontières, ce qui a physiquement limité les possibilités de voyage. À la mi-mars, sans doute l’une des périodes les plus chargées de l’année en matière de voyages aériens, nos activités n’étaient plus qu’une fraction de ce qu’elles avaient été l’année précédente et, pire encore, il n’y avait presque aucune réservation à l’avance pour les vols intérieurs et internationaux.
Malheureusement, après 10 ans de croissance et de reconnaissance comme l’une des meilleures compagnies aériennes au monde, Air Canada en était réduite à assurer seulement 5 % de ses activités, d’une année sur l’autre; il s’agit, essentiellement, d’une réduction de 95 %. C’est pourquoi nous avons fait le choix difficile, mais nécessaire, de mettre à pied plus de 20 000 employés, soit plus de 50 % de nos effectifs, et de réduire notre réseau mondial, lequel dessert maintenant 46 destinations au lieu de 220.
Étant donné que les restrictions à la frontière canadienne et les politiques de quarantaine demeurent en vigueur, il y a peu d’espoir de reprise à court terme, malgré nos efforts pour rebâtir notre réseau et en dépit des pressions que nous continuons d’exercer pour la levée de ces restrictions.
Alors même que nos activités quotidiennes étaient revues à la baisse, nous avons pris des mesures pour contribuer à l’effort national de lutte contre la crise en faisant ce que nous faisons le mieux: transporter des personnes et des marchandises par avion. En mars et en avril, nous avons rapatrié, en collaboration avec Affaires mondiales Canada, plus de 300 000 Canadiens grâce à nos vols réguliers et à nos vols de rapatriement spécialement organisés. Au total, nous avons assuré 21 vols dédiés au rapatriement. Nos équipages méritent nos remerciements.
Pour citer le , « Air Canada a joué un rôle vital dans le retour au Canada de milliers de nos concitoyens. » Je tiens à remercier publiquement tous nos employés de leurs efforts inlassables, de leur compassion, de leur dévouement et de leur professionnalisme au cours de ces missions difficiles.
En plus de rapatrier des Canadiens, Air Canada a pris des mesures pour accroître ses activités de transport de marchandises et aider à renforcer la chaîne d’approvisionnement afin d’expédier l’équipement nécessaire pour le réseau de santé.
Depuis la fin de mars, nous avons effectué plus de 1 500 vols tout-cargo et transporté des centaines de tonnes d'équipement médical. Il est important de noter que le transport de marchandises joue également un rôle essentiel dans l'économie mondiale et dans notre propre économie nationale.
À ce stade-ci, Air Canada est en mode de relance. Nous apprenons à composer avec cette maladie. Non seulement nous prenons des mesures pour répondre aux préoccupations liées à la COVID-19, mais nous travaillons également avec des partenaires nationaux et internationaux pour faire en sorte que le transport aérien demeure une solution de rechange sûre pour les déplacements. En collaboration avec les organisations et les autorités sanitaires mondiales, de nombreux pays comme la France, l'Allemagne, le Portugal, le Japon et l'Australie mettent actuellement en œuvre des plans de réouverture des frontières afin de rétablir le commerce et le tourisme dans leur économie.
À elle seule, Air Canada contribue à l'économie canadienne à hauteur de 50 milliards de dollars grâce à ces activités, sans parler des entités de la chaîne d'approvisionnement. Selon nous, le Canada doit maintenant travailler avec les intervenants pour prendre des mesures de toute urgence afin de rouvrir ses frontières et d'assouplir les restrictions de voyage et les exigences en matière de quarantaine, à l'échelle tant nationale qu'internationale, le tout de façon très mesurée et très prudente. Sinon, notre secteur et l'économie canadienne risquent de souffrir bien plus longtemps que nécessaire.
Je vais m'arrêter là et céder la parole à mon collègue, le Dr Jim Chung.
Bonjour à tous.
[Traduction]
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer sur ce qui constitue peut-être l'enjeu sanitaire le plus déterminant de notre époque.
En tant que médecin chef à Air Canada, je supervise tous les aspects liés aux politiques sanitaires d'Air Canada et, dès le début, j'ai participé directement aux efforts d'Air Canada et du groupe consultatif médical de l'Association du transport aérien international en réponse à la pandémie de la COVID-19. Comme on l'a dit, Air Canada a été aux premières loges de la pandémie et s'est montrée très préoccupée par la trajectoire de la maladie au début de janvier 2020.
Ce discernement était attribuable, en partie, à notre partenariat avec BlueDot. En avril 2019, nous avons conclu un partenariat avec une petite entreprise torontoise d'intelligence artificielle spécialisée dans l'analyse et la surveillance des maladies infectieuses, car nous avons reconnu l'importance de la surveillance précoce des maladies et de son incidence sur l'industrie aéronautique. BlueDot aide Air Canada à prévoir quelles escales seront touchées et à quel moment au cours d'une éclosion donnée, ce qui nous permet de planifier nos activités en conséquence au moyen d'une alerte rapide.
Grâce à ce partenariat, et sachant qu'aucune mesure ne permet, à elle seule, de réduire considérablement les risques, Air Canada a adopté une approche de rechange qui consiste à utiliser un ensemble de mesures en matière de biosécurité pour atténuer, autant que possible, les risques liés à la COVID-19 dès les premiers stades de la pandémie. En plus de limiter les déplacements vers les points chauds de la COVID-19 pendant cette période initiale, nous nous sommes concentrés sur notre personnel de première ligne et nos clients. Ainsi, en collaboration avec nos syndicats et notre équipage, nous avons fourni des masques aux membres d'équipage, et nous avons repensé nos procédures d'enregistrement, d'embarquement et de service à bord afin de réduire le plus possible les interactions avec les clients, de manière à atténuer les risques pour les deux groupes.
Devant la progression de la pandémie, nous nous sommes rendu compte qu'il ne s'agissait pas d'un problème à court terme. Par conséquent, nous avons révisé plus en profondeur notre expérience client pour améliorer nos mesures sanitaires, notamment grâce à l'installation de filtres HEPA de pointe à bord des avions; ces filtres permettent de purifier l'air toutes les quelques minutes et d'éliminer 99,9 % des agents pathogènes en suspension dans l'air.
En consultation avec d'autres experts médicaux, nous avons lancé le programme Air Canada SoinPropre+, une première dans l'industrie et certainement au Canada. Ce programme prévoit l'utilisation de pulvérisateurs électrostatiques, la distribution de trousses contenant des masques, des gants et du désinfectant pour les mains à l'intention des clients et du personnel, la vérification de la température des clients — une politique qui a été récemment adoptée par le gouvernement fédéral — et la prise de mesures permettant de limiter encore plus le contact direct entre le personnel et les passagers pendant le voyage.
Bien qu'aucune mesure ne constitue, à elle seule, un moyen sûr d'empêcher la transmission de la COVID-19, l'instauration de plusieurs mesures réduit assurément la probabilité que l'on soit exposé au virus durant les trajets.
Alors que le monde continue de s'adapter à la nouvelle réalité, les transporteurs aériens adoptent également de nouvelles mesures pour que le transport aérien, dont les avantages sont indéniables, puisse reprendre en toute sécurité et desservir des destinations partout dans le monde. Certes, les restrictions aux frontières ont pu contribuer aux efforts déployés au début pour endiguer la propagation du virus, mais l'Organisation mondiale de la Santé et l'Agence de la santé publique du Canada reconnaissent que ce n'est pas une façon garantie d'éliminer les risques.
Aujourd'hui, grâce à une meilleure compréhension de la COVID-19, nous sommes en mesure de mieux gérer ces risques, et nous voyons divers pays du monde entier adopter de nouvelles mesures et rouvrir leurs frontières. Parmi les technologies émergentes, signalons le traçage numérique des contacts, que le gouvernement fédéral et l'Ontario vont bientôt lancer sous forme d'une application. Mentionnons également une technologie numérique d'intelligence artificielle qui permet de saisir les signes vitaux sans contact, ainsi qu'une nouvelle technologie de dépistage plus vaste. En fait, Air Canada étudie en ce moment une technologie canadienne de pointe qui permettrait de dépister les symptômes de la COVID-19 chez les clients dans les aéroports et de réduire davantage le risque de propagation du virus à bord des avions.
L'utilisation de ces technologies doit reposer sur un élément essentiel, à savoir un partenariat avec le gouvernement fédéral. Le fait est que la COVID-19 continuera de circuler dans nos collectivités, dans une certaine mesure, et nous ne pourrons pas l'endiguer complètement tant qu'un vaccin n'aura pas été conçu et distribué massivement. On croit à tort, me semble-t-il, que la COVID-19 sera éradiquée grâce aux mesures actuelles. C'est faux. Tout ce que nous pouvons faire, c'est continuer de réduire le plus possible les risques et le nombre de cas dans un tel contexte.
Notre objectif devrait être de rouvrir l'économie, tout en mettant en place des mesures pour limiter la propagation et les éclosions. Nous nous employons à rendre le transport aérien aussi sûr que possible dans le contexte actuel pour nos clients et notre personnel afin que nous puissions accueillir à nouveau les Canadiens à bord de nos avions et leur permettre de faire des affaires, de rendre visite à leurs amis et à leur famille et d'explorer les différentes régions du Canada et du monde entier.
Je vous remercie.
:
Merci beaucoup, monsieur le président et honorables membres du Comité.
[Français]
Je m'appelle Howard Liebman. Je suis le directeur principal des Affaires gouvernementales et communautaires chez Transat, et je représente Air Transat.
Je suis accompagné aujourd'hui par le capitaine Dave Bourdages, le vice-président aux Services en vol et expérience client chez Air Transat, qui pourra m'aider à répondre à vos questions. Le capitaine Bourdages est responsable de notre réponse opérationnelle, tant face à l'urgence de la COVID-19 que sur le plan de nos efforts de relance.
[Traduction]
Transat est une entreprise intégrée de tourisme international de premier plan qui est spécialisée dans les voyages de vacances. Depuis 1987, nous offrons des forfaits de vacances, des séjours hôteliers et des voyages aériens sous les marques Transat et Air Transat vers une soixantaine de destinations dans les Amériques et en Europe. Transat est fermement engagée dans le développement du tourisme durable comme en témoignent ses multiples initiatives liées à la responsabilité sociale de l'entreprise au cours des 12 dernières années, et a été, en 2018, le premier voyagiste à obtenir la certification Travelife.
L'entreprise qui a son siège social à Montréal compte quelque 5 000 employés, dont 85 % ont dû être mis à pied au plus fort de la crise. Air Transat est le deuxième plus important service de vols internationaux pour passagers au Canada, avec une flotte de 40 grands avions commerciaux. Notre stratégie d'affaires et d'exploitation des marchés est fondée sur un réseau de vols internationaux de point à point, principalement dans le créneau des voyages d'agrément, un secteur que la crise n'a pas épargné.
Je tiens à vous rappeler que le transport aérien est une composante vitale de notre infrastructure de transport nationale et un véritable moteur pour l'économie canadienne. Les voyages et le tourisme par la voie aérienne contribuent à la création et au maintien de plus d'un million d'emplois dans les différentes régions de notre pays, soit bien plus que toute autre industrie du secteur privé. Cette composante cruciale de notre économie nationale a été frappée de plein fouet par la pandémie et risque de subir des torts irréparables en l'absence d'un soutien financier suffisant du gouvernement et d'une stratégie bien ciblée pour la réouverture de nos frontières. Bref, il ne pourra pas y avoir reprise de notre économie nationale sans l'apport concret du secteur de l'aviation et du tourisme.
J'aimerais maintenant vous exposer brièvement certaines des mesures prises par notre entreprise en réponse à la COVID-19 tout en soulignant les contraintes financières importantes que la pandémie exerce sur nous. Je veux également vous présenter les grandes lignes de nos plans en prévision d'une reprise sûre, sensée et pondérée de nos activités.
À la mi-mars, lorsque la pandémie a débuté au Canada et que le gouvernement a annoncé rapidement des restrictions sur les voyages internationaux non essentiels, des interdictions de voyage et des mesures de quarantaine, auxquelles se sont ajoutées les ordonnances des gouvernements provinciaux pour fermer les entreprises, Transat s'est rapidement lancée dans une opération de rapatriement. Les vols effectués par Air Transat pendant les deux dernières semaines de mars visaient ainsi principalement à rapatrier des clients de Transat au Canada ou dans leur pays d'origine.
Pendant que nos ventes et nos revenus s'effondraient totalement, nous avons dépensé des dizaines de millions de dollars pour offrir des centaines de vols sur des tronçons spéciaux ou réguliers, la plupart quittant le Canada à vide, pour rapatrier un total de quelque 65 000 clients pendant une période d'à peine deux semaines. Nous avons en outre offert en partenariat avec Affaires mondiales Canada six vols nolisés dédiés au rapatriement. De plus, Transat a fait don d'équipements de protection individuelle — soit 44 000 masques et 300 000 paires de gants — au gouvernement du Québec le 2 avril, alors même que nos communautés avaient besoin de toute urgence de ces fournitures.
Contrairement aux autres entreprises représentées aujourd'hui, Transat a interrompu la totalité de ses vols et de ses activités à compter du 1er avril étant donné les restrictions de voyage au Canada et à l'étranger et la fermeture des frontières aux voyages non essentiels, ainsi que l'effondrement sans précédent des revenus et l'incertitude permanente sur les marchés qui en ont résulté. Nous voulions ainsi conserver nos liquidités et protéger la viabilité à long terme de notre entreprise. Notre industrie est à forte intensité de capital et de main-d'œuvre, et notre stratégie commerciale n'a jamais été planifiée en fonction de conditions du marché aussi extrêmes. Nous étions loin d'être les seuls à nous retrouver dans cette situation.
Notre entreprise résiliente qui a surmonté de nombreuses difficultés au fil de ces 33 années d'existence n'a pas manqué de réagir. En mars, nous avons prélevé tous les fonds sur une facilité de crédit renouvelable de 50 millions de dollars. Les cadres supérieurs et les membres du conseil d'administration ont consenti à une réduction de leur rémunération de l'ordre de 10 à 20 %. En mars également, nous avons retiré tous les Airbus A310 de notre flotte.
Comme je l'indiquais précédemment, nous avons dû mettre à pied 85 % de notre personnel. Le 16 avril, Air Transat s'est toutefois prévalue de la Subvention salariale d'urgence dont tous nos employés mis en disponibilité ont pu bénéficier. Nous nous employons activement à négocier de nouveaux contrats avec nos fournisseurs et les loueurs d'avions.
L'industrie du voyage et du tourisme est donc celle qui est la plus directement et la plus durement touchée par la pandémie. En conséquence, l'Organisation mondiale du tourisme des Nations unies a demandé aux gouvernements et aux organisations internationales d'inclure le voyage et le tourisme parmi leurs priorités dans leurs plans de reprise des activités. Au Canada, les principales organisations du secteur ont formé la Table ronde canadienne du voyage et du tourisme, à laquelle des chefs de file d'autres secteurs se sont joints depuis. Cette table ronde a demandé aux gouvernements fédéral et provinciaux de lever dès que possible les restrictions de voyage en se fondant sur des protocoles bien établis pour une reprise en toute sécurité.
L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a récemment rendu publiques les recommandations d'un groupe de travail spécial, dont le Canada fait partie, qui devrait guider les efforts des 200 pays membres pour une reprise sécuritaire des activités de transport aérien à l'échelle planétaire. On y trouve notamment des protocoles visant à maximiser la biosécurité dans tous les aspects de l'expérience voyageur à l'aéroport et dans l'avion, ainsi qu'à minimiser les risques d'une plus grande contagion. Au besoin, le capitaine Bourdages pourra vous fournir de plus amples détails à ce sujet.
Le gouvernement fédéral a ensuite mis sur pied un groupe interministériel d'experts mené par Transports Canada qui collabore avec des experts de l'industrie, y compris ceux travaillant pour les grandes compagnies aériennes et les principaux aéroports canadiens, afin d'intégrer ces recommandations à un plan national. Il est essentiel que la mise en œuvre de ce plan soit approuvée afin qu'il puisse guider une prise de décisions judicieusement fondées sur les risques quant à l'assouplissement des restrictions sur les voyages non essentiels et des exigences de quarantaine.
De plus, nous comprenons très bien que l'évolution des taux d'infection demeure problématique dans de nombreuses régions du monde, et que la reprise de nos activités ne doit pas faire grimper les risques de contagion dans notre pays. C'est ce qui incite de nombreux pays à envisager sérieusement la mise en place de corridors aériens sûrs fondés sur des stratégies nationales de reprise dont l'efficacité serait mutuellement reconnue et qui seraient, dans l'idéal, basées sur les principes harmonisés de l'OACI.
Nous demandons instamment au gouvernement fédéral de s'employer à mettre en place une stratégie semblable et d'entamer sans tarder des discussions bilatérales à ce sujet avec les pays parmi nos principaux partenaires de voyage qui ont vu leurs taux d'infection diminuer de façon constante, comme c'est le cas pour l'Union européenne, le Royaume-Uni, le Mexique et d'autres pays des Caraïbes et de l'Amérique latine où les taux d'infection sont très bas.
Troisièmement, il est essentiel que l'examen par le conseil des ministres d'une éventuelle levée des restrictions touchant les voyages non essentiels soit pleinement intégré à l'assouplissement des exigences en matière de quarantaine, surtout dans le cas de nos pays partenaires avec lesquels nous avons établi un corridor sécuritaire. En effet, nos efforts pour la relance et la promotion des voyages et du tourisme au Canada ne vont servir à rien si l'on continue d'exiger l'auto-isolement dans le cas des voyages discrétionnaires. C'est d'autant plus important pour une entreprise comme Air Transat qui, comme je l'ai indiqué au départ, offre des voyages d'agrément.
Quatrièmement, les voyageurs d'agrément vont demeurer à la maison s'ils n'ont pas accès à une assurance pouvant couvrir les frais liés à la COVID-19 et à son traitement. Les compagnies d'assurances du Canada refusent actuellement d'offrir une telle couverture aux voyageurs. Par bonheur, le secteur de l'assurance semble toutefois laisser entendre que le problème pourrait être réglé si le Canada atténuait ou supprimait, surtout dans le cas des pays avec lesquels un corridor sécuritaire a été établi, l'avertissement global aux voyageurs de niveau 3 leur indiquant d'éviter les voyages non essentiels. Nous demandons par conséquent à Affaires mondiales Canada de s'employer sans tarder à revoir et rajuster ses avertissements en conséquence, conformément aux stratégies mentionnées précédemment pour ce qui est d'une reprise sûre des activités et de l'utilisation des corridors sécuritaires.
Chez Transat, nous faisons aussi le nécessaire pour répondre aux préoccupations de nos clients. Nous avons ainsi mis en place Protection Voyageur, un programme complet qui table sur l'amélioration des mesures de santé et de sécurité à tous les points de contact.
C'est dans ce contexte que nous avons décidé, après mûre réflexion, d'annoncer la reprise graduelle d'une faible proportion de nos activités de vol et d'organisation de voyages à compter du 23 juillet. Nous allons notamment desservir 18 destinations en Europe et dans les Caraïbes en plus d'assurer la liaison entre Montréal, Toronto, Vancouver et Calgary. Pour que ces efforts soient couronnés de succès, il faudra absolument que le gouvernement prenne sans tarder les mesures que je viens d'exposer, lesquelles nous permettront également d'envisager le retour à une gamme plus complète de services à la fin de l'été et en automne.
Merci encore une fois de nous avoir invités à comparaître devant vous. Le capitaine Bourdages et moi-même nous réjouissons à la perspective de pouvoir discuter de ces questions avec vous.
[Français]
Je vous remercie.
:
Bonjour et merci, monsieur le président et honorables membres du Comité, de m'avoir invité à prendre la parole devant vous.
J'aimerais vous fournir aujourd'hui quelques détails sur les mesures que nous avons prises en réponse à la COVID-19, notamment pour ce qui est d'assurer la sécurité de nos employés et de nos passagers.
Je m'appelle Jared Mikoch-Gerke et je suis gestionnaire responsable de la sûreté aérienne pour le groupe d'entreprises WestJet. En ma qualité d'expert en matière de législation et de politiques réglementaires, j'interviens dans l'ensemble de notre réseau mondial.
Aucun pays ou transporteur n'a échappé aux effets dévastateurs de la crise de la COVID-19 sur le secteur mondial de l'aviation. Avant cette crise, WestJet comptait 14 000 employés et offrait plus de 700 vols par jour transportant quelque 70 000 passagers dans l'ensemble de notre réseau international.
Nous avons maintenant dû stationner les deux tiers de notre flotte. Nous comptons 9 000 personnes de moins à notre emploi, et nous nous limitons à une centaine de vols par jour pour transporter moins de 10 % de notre nombre habituel de passagers. Nous n'avons pas eu de vol régulier vers les États-Unis ou toute autre destination internationale depuis le 23 mars. Bien que nous pensons être arrivés à une étape de cette crise marquée par une plus grande stabilité, nous ne prévoyons pas une véritable reprise de nos activités aux niveaux antérieurs à la pandémie avant 2022.
J'espère pouvoir vous soumettre tout à l'heure quelques éléments de réflexion quant aux mesures que nous pouvons prendre collectivement pour faciliter la reprise.
La crise n'a pas manqué de nous rappeler de façon assez percutante que l'aviation commerciale est un service essentiel et un élément crucial de nos infrastructures indispensables, une réalité encore plus manifeste maintenant avec le transport de nos travailleurs essentiels et des fournitures dont nous avons absolument besoin. Malgré la réduction de nos activités, nous avons maintenu notre engagement à desservir tous les marchés canadiens que nous desservions avant cette crise, et nous avons augmenté de notre capacité de fret pour transporter les biens essentiels comme les fournitures médicales et les équipements de protection individuelle. Comme la sécurité demeure pour nous primordiale, nous n'avons jamais manqué à notre engagement de bien protéger nos employés et nos passagers en ces temps difficiles.
Nous avons suivi de près l'évolution de la crise pour pouvoir réagir en conséquence. Dès le départ, nous avons pris les mesures nécessaires pour protéger nos gens dans toute l'organisation. Au début de la crise, nous avons envoyé en télétravail, sans qu'il y ait d'incidence sur nos opérations, tous nos employés dont la présence n'était pas indispensable à notre siège social de Calgary. Pour ceux qui ont dû continuer à travailler au bureau, nous avons mis en place des postes de travail physiquement espacés et mis à la disposition de tous du désinfectant pour les mains, des lingettes désinfectantes, des gants et des masques. Nous avons également mis en place un nettoyage plus fréquent et plus efficace de tous les points de contact importants et un système de brumisation de nos bureaux.
Dans notre centre de contrôle des opérations, nous avons intégré des employés qui se relaient 24 heures par jour, sept jours par semaine, pour nettoyer régulièrement les principaux points de contact et assurer la propreté des surfaces de travail pour les changements de quart. Nous avons fourni tous les équipements de protection individuelle nécessaires à notre équipe des opérations techniques, y compris des demi-masques et des masques intégraux. Nous vérifions la température de tous nos employés à leur arrivée au travail, et nous exigeons qu'ils portent un masque s'il leur est impossible de respecter la distanciation requise lors des tâches d'entretien. Nous avons intensifié les mesures de stérilisation et de nettoyage de toutes les surfaces de travail et de l'ensemble des points de contact.
Pour nos employés dans les aéroports et nos équipes en vol, nous avons fourni des gants, des masques, des blouses jetables, des lunettes de sécurité, des écrans faciaux et du désinfectant pour les mains. Nous avons mis en place un nettoyage amélioré des surfaces et des toilettes à l'intérieur de nos avions, et nous réservons une toilette aux membres de l'équipage lorsque cela est possible. Nous avons modifié nos pratiques d'hébergement des équipages en leur réservant, dans la mesure du possible, des chambres dans les hôtels reliés aux terminaux aéroportuaires afin d'éviter les déplacements. Nous avons en outre travaillé en plus étroite collaboration avec nos partenaires dans les aéroports pour assurer un meilleur nettoyage des zones d'utilisation commune, et nous avons accru la fréquence de nettoyage des principaux points de contact de nos zones de service.
Jusqu'à maintenant, 29 de nos employés ont obtenu un résultat positif pour la COVID-19. Nous sommes heureux qu'aucun d'eux n'ait eu de complications graves et que la plupart soient totalement rétablis.
Je tiens à profiter de l'occasion pour exprimer nos plus sincères remerciements et notre reconnaissance sans borne pour tous les employés de première ligne de WestJet qui ont su relever le défi et continuer, malgré cette crise, à offrir comme toujours des services exemplaires, courtois et attentionnés à tous nos clients.
Nous savons à quel point il est essentiel que nos passagers se sentent en sécurité lorsqu'ils voyagent avec nous, peu importe pour quelle raison ils se déplacent, que ce soit pour se rendre au travail ou rendre visite à un proche. Nous allons donc plus loin que les mesures sanitaires recommandées et avons mis en place, de notre propre chef, des mesures très rigoureuses et systématiques pour assurer la santé et la sécurité de tous.
Nous avons travaillé en collaboration avec Transports Canada pour la mise en oeuvre rapide de tous les décrets et arrêtés d'urgence prévoyant l'utilisation d'un questionnaire sur la santé, la surveillance constante de tout passager malade et, plus récemment, l'obligation pour les passagers et les membres d'équipage de porter un masque en tout temps pendant le voyage.
En plus de ces exigences, nous avons décidé de condamner des sièges pour assurer la distanciation sociale à bord de nos avions pendant les mois les plus critiques de la crise. Nous avons intensifié le nettoyage de nos avions, afin de désinfecter toutes les surfaces en contact avec les passagers et de décontaminer tous nos avions par pulvérisation aérostatique lors des arrêts de nuit et les longues escales dans nos grandes villes.
Nous avons commencé à prendre la température de tous nos passagers, conformément aux normes de l'OMC, et leur fournissons des lingettes désinfectantes au moment de l'embarquement pour leur permettre d'essuyer eux-mêmes les surfaces les entourant s'ils le souhaitent. Nous avons également modifié notre service de restauration afin de réduire les points de contact. Nous avons notamment éliminé tout service sur les vols courts et fournissons aux passagers des aliments emballés individuellement lors des vols les plus longs. Par ailleurs, nous avons enlevé toute la documentation non essentielle des dossiers de siège.
Chacun de nos appareils est muni de filtres HEPA approuvés pour les hôpitaux, qui éliminent plus de 99,99 % de tous les contaminants, y compris les coronavirus, et l'air de la cabine est entièrement rafraîchi toutes les six minutes. Nous croyons vraiment que l'aviation canadienne est un modèle d'excellence à l'échelle internationale dans la mise en place d'un plan de biosécurité exemplaire.
La sécurité de nos passagers et de nos employés est sans contredit notre priorité absolue. Outre les mesures physiques que nous avons prises, nous nous sommes engagés à faire preuve d'ouverture et de transparence dans cette situation qui évolue rapidement. Nous sommes le seul transporteur aérien au Canada à avoir entrepris de communiquer publiquement, directement sur notre site Web et dans nos médias sociaux, l'information sur tout vol pour lequel l'Agence de la santé publique du Canada a dépisté un cas positif à bord. Nous divulguons les rangées concernées, considérées en étroit contact avec la personne, où il y a eu un risque d'exposition.
Tout avion dans lequel a pris bord une personne ayant manifesté des symptômes ou dont le test de dépistage s'est révélé positif est mis hors service pour faire l'objet d'un nettoyage et d'une désinfection complets, en plus du remplacement du filtre HEPA. Il n'y a eu aucun cas de transmission de la COVID-19 à bord de l'un de nos vols commerciaux. Cela fait foi de l'environnement stérile à bord de nos avions et de l'efficacité des mesures de santé et de désinfection accrue mises en place depuis le début de la crise.
L'industrie aéronautique fait preuve d'une résilience et d'une capacité d'adaptation remarquables. Quand les frontières ont commencé à se fermer, nous avons su rapidement mettre fin à nos activités et les adapter à l'incroyable ralentissement économique qui a suivi. La reprise sera cependant beaucoup plus complexe et comportera de grandes difficultés. Notre priorité absolue était de mettre en place des mesures de santé rigoureuses à grande échelle pour assurer la sécurité de nos équipages et de nos passagers, et c'est ce que nous avons fait. Nous respectons à 100 % les recommandations contenues dans le rapport du groupe de travail sur la reprise de l'aviation (le CART) de l'Organisation de l'aviation civile internationale.
Pour la reprise, nous avons besoin que tous les ordres de gouvernement et tous les ministères utilisent les mesures que nous avons prises dans le cadre de leur propre plan de réouverture de l'aviation commerciale et pour rétablir la confiance des consommateurs. Nous devons travailler à l'élaboration d'une stratégie nationale et éliminer les incohérences dans les restrictions frontalières d'une province à l'autre afin de permettre la libre circulation des Canadiens au pays.
Nous croyons aussi qu'il est dans l'intérêt du Canada de conclure des accords bilatéraux ou multilatéraux afin de créer des corridors stériles dans lesquels les obligations de quarantaine seront levées. Les itinéraires visés relieraient des destinations internationales ayant pris des mesures efficaces pour contrôler la COVID-19, un peu comme dans l'entente envisagée par l'Australie et la Nouvelle-Zélande pour la création d'une bulle trans-tasmanienne ou dans l'entente sur les voyages au sein de l'Union européenne.
Nous avons la conviction d'être bien préparés pour que les Canadiens puissent recommencer à voyager en toute sécurité. Nous demandons maintenant au gouvernement de nous aider et de mettre en place un plan graduel de réouverture. Nous serons prêts à faire notre part et à mettre d'autres mesures en place au fur et à mesure que d'autres éléments importants feront leur apparition, comme des méthodes de dépistage efficaces et le traçage des contacts, afin de réduire les restrictions de voyage et de tous nous adapter à cette nouvelle normalité.
Je vous remercie de votre attention. Je suis impatient de répondre à vos questions et de discuter de tout cela avec vous.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos collègues d'être ici. Ayant moi-même fait carrière pendant 22 ans dans l'aviation, je suis toujours heureux de m'entretenir avec d'autres passionnés de l'aviation. Je présume que c'est ce que nous sommes.
Je tiens à dire, pour commencer, que les derniers mois ont été extrêmement difficiles pour l'industrie aérienne. C'était extrêmement difficile pour moi, en tant qu'ancien directeur du domaine de l'aviation, de rester en marge à entendre tout ce que j'entendais. Malheureusement, j'ai l'impression, à écouter certains de mes collègues, qu'ils croient qu'il suffira d'appuyer sur un bouton pour que notre secteur rebondisse.
Cela me fait toutefois chaud au cœur d'entendre des observations comme celles de M. Liebman, chez Air Transat, et les vôtres, monsieur Mikoch-Gerke, de chez WestJet. Il s'agit d'un secteur essentiel pour notre économie nationale. Nous devons faire tout en notre pouvoir pour nous doter d'un plan afin de rouvrir nos portes et nos frontières et de remettre nos avions en service. Les décisions doivent venir d'en haut.
J'adresserai cette question au Dr Chung. Je ne sais pas trop si vous êtes au courant, mais la semaine dernière, le a répondu à une question de ma collègue: « Monsieur le ministre, aurais-je plus ou moins de risques de contracter le coronavirus à l'aéroport Pearson ou à la gare Union, selon vous? » Je vais paraphraser sa réponse, parce que les bleus ne traduisent pas exactement ce que le ministre a dit, mais la vidéo est limpide.
Le a dit qu'à son avis, l'expérience aérienne — de l'arrivée à l'aéroport, en passant par l'enregistrement, l'embarquement, le vol jusqu'à la récupération des bagages — est plus dangereuse, qu'on est plus susceptible de contracter la COVID dans ce contexte.
Docteur Chung, seriez-vous en accord ou en désaccord avec cette affirmation?
:
J'adore voyager et j'ai confiance que je voyagerai de nouveau souvent avec toutes vos lignes aériennes au cours des prochaines années. Toutes sont des entreprises socialement extrêmement responsables, et toutes semblent vraiment jouer un rôle dans la réponse nationale à la pandémie et les efforts pour rapatrier les gens et transporter des biens essentiels comme l'équipement de protection individuelle. Vous méritez d'ailleurs tous des félicitations pour cela.
Je suis conscient que vous encaissez tous d'énormes pertes financières. Je sais qu'il s'agit d'une menace à la survie de l'industrie aérienne, puisque pratiquement plus personne ne prend l'avion.
Cela dit, M. Pugliese, comme tous les autres témoins, a mentionné que vous deviez être prudent dans le processus de réouverture avant de recommencer à offrir des vols. Je crois que nous ne voulons d'ailleurs pas que vous recommenciez à offrir tous les vols au même rythme. Prenons l'exemple des vols de Toronto à Thunder Bay (je suis le député de Thunder Bay), il y a très peu de cas de COVID-19 à Thunder Bay, environ deux par semaine, alors qu'il y en a beaucoup plus dans la région métropolitaine de Toronto, évidemment.
Quand les lignes aériennes offraient leurs pleins services, environ 1 000 personnes voyageaient entre Thunder Bay et Toronto. Même si beaucoup de gens sont très touchés par la crise à Thunder Bay, comme les propriétaires de restaurants qui ont dû fermer leurs portes, ce n'est pas parce qu'il y a beaucoup de cas à Thunder Bay. Si nous recommençons à offrir ces vols, notre hôpital pourrait soudainement être confronté à de grandes difficultés, tout comme les communautés des Premières Nations du Nord, qui sont très à risque parce que Thunder Bay est un carrefour. Je ne suis pas sûr que nous voulions recommencer à offrir des vols entre Thunder Bay et Toronto.
Cela dit, pourquoi n'offririons-nous pas plus de vols entre destinations sûres? Il y a assez peu de cas à Thunder Bay, et c'est la même chose à Terre-Neuve, au Manitoba et en Colombie-Britannique. Il n'y a actuellement pas de vols de Thunder Bay à St. John's ou de Winnipeg à St. John's. Je crois qu'on a aussi fait mention de liaisons internationales entre destinations sûres.
Est-ce que chaque ligne aérienne envisage d'offrir des vols de ce type, d'offrir de nouveaux itinéraires, pour que les services reprennent rapidement?
:
Chers confrères des lignes aériennes, je me lance le premier et je vous céderai ensuite la parole.
J'ai quelques éléments de réponse à cette excellente question. D'abord, les mesures de prudence auxquelles nous faisons allusion ne se bornent pas à l'ouverture de l'économie et aux déplacements sans mesures de sécurité visant particulièrement deux choses: d'abord, protéger la santé, la sécurité et le mieux-être du public voyageur, en quoi nous excellons. Notre affaire, à nous dans l'aviation, c'est la sécurité et la gestion des risques, et je le dis même au nom de beaucoup de nos collègues du secteur touristique. Ils font le même travail que nous. La priorité est la santé et la sécurité, et il faut des mesures en ce sens.
À la réouverture de l'économie, nous devrons aussi consciemment adopter des mesures éprouvées dans le monde entier. Nous savons que: certains moyens comme l'équipement de protection individuelle; la distanciation sociale, au besoin; la thermométrie à balayage, maintenant possible dans les aéroports où on vérifie la température; la recherche des contacts et même le dépistage, dont les techniques commencent à évoluer, sont tous des éléments à surveiller. Ce que les autorités sanitaires et les transporteurs aériens du monde entier adoptent pour la réouverture des économies, ceux du Canada aussi doivent s'y adapter. Mais il faut accélérer la cadence.
Ensuite, cinq conditions sont vraiment à remplir aujourd'hui, qui introduisent la confusion dans l'intensité des déplacements. Aucun ressortissant étranger n'est autorisé dans notre pays. Des avis généraux de sécurité nous incitent à éviter à tout prix les déplacements. Ça fait partie des messages diffusés. Les règles de quarantaine d'une durée de 14 jours ne s'appliquent pas uniformément à tous les pays. Elles s'appliquent à la grandeur du Canada, tandis qu'on les assouplit ailleurs dans le monde où on agit avec prudence et où on aplatit les courbes de l'épidémie et les facteurs R. Nos frontières aériennes, terrestres et maritimes sont fermées. C'est très changeant et très confus, dans notre pays, en ce qui concerne les provinces ouvertes. Un certain nombre de détails manquent, mais, pour les connaître, nous proposons d'élaborer ensemble, volontairement, des mesures, et de les promulguer pour autoriser les voyages et les transits par les aéroports et l'embarquement dans les avions sans danger pour les voyageurs.
Pour répondre à votre autre question, sur les lieux de destination à envisager, nous préconiserions beaucoup de refuser. Nous voulons ouvrir les frontières internationales, la frontière avec les États-Unis et même, au Canada, les endroits où nous savons que le risque est faible. Pour les correspondances autour du monde, il faudrait envisager les pays où la courbe fléchit et dont l'économie s'est ouverte prudemment. Pourquoi ne pas nous associer à eux et pourquoi le Canada ne figure-t-il pas sur la liste des pays à déconfiner?
Voilà le genre de mesures modérées et prudentes que j'entends et que nous envisageons pour la réouverture.
Je m'arrête, pour permettre à mes amis de s'exprimer.
:
Je comprends que je n'aurai pas une conversation assez rapide avec vous à cet égard.
Vous venez nous dire que vous voulez que les frontières soient rouvertes et que les restrictions de voyage et les mesures de quarantaine soient assouplies. Or on sait que 50 % de la contamination communautaire provient d'individus qui ne présentent pas, ou pas encore, de symptômes.
Vous dites pouvoir garantir un voyage sécuritaire, mais le simple fait de voyager comporte en soi un risque de propagation. Vous dites pouvoir ouvrir des couloirs dans des pays où les taux d'infection sont acceptables ou réduits, mais encore faut-il savoir si ces pays ont un niveau de détection et de dépistage adéquat.
En effet, la détection est essentielle et je vous en donne un exemple. Au début de la crise, nous nous sommes concentrés sur la Chine continentale, laquelle avait déjà mis des mesures en place. Or, beaucoup de gens du Québec sont allés en Europe et, quand ils en sont revenus, le Québec a fini par avoir pas mal plus de cas qu'ailleurs au Canada.
Quel est donc votre plan et comment pouvez-vous nous assurer que la réouverture des frontières et l'assouplissement des restrictions de voyage et des mesures de quarantaine vont quand même nous permettre de bien faire face à une deuxième vague du virus?