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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 30e séance du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi du 26 mai 2020, le Comité reprend sa séance d'information sur la réponse canadienne à l'éclosion du coronavirus.
J'ai quelques consignes à vous transmettre afin d'assurer le bon déroulement de la séance.
L'interprétation de la présente vidéoconférence fonctionnera de manière assez semblable à celle des séances habituelles du Comité. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français. Si vous vous exprimez dans les deux langues officielles, assurez-vous de changer de langue en fonction de celle que vous emploierez. Je vous invite à faire une petite pause lorsque vous passez d'une langue à l'autre.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Pendant les séries de questions, la personne qui pose la question indiquera à qui elle s'adresse. Quand vous êtes prêt à parler, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer.
Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées au président. Lorsque vous n'avez pas la parole, votre micro devrait être en sourdine.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins. Nous accueillons M. Lawrence Gostin, professeur à l'O'Neill Institute of Global Health Law de la Georgetown University, et directeur au Centre collaborateur de l'OMS pour le droit national et mondial sur la santé. Il témoigne à titre personnel. Nous accueillons aussi M. Jeremy Konyndyk, membre senior au Centre for Global Development.
Nous commençons avec M. Gostin, pour 10 minutes.
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Je vous remercie, monsieur le président. C'est un grand honneur d'être parmi vous.
Aujourd'hui, je suis venu discuter des dimensions internationales et des dimensions de gouvernance, en particulier du rôle de l'Organisation mondiale de la Santé et du rendement du Règlement sanitaire international.
Je travaille avec l'Organisation mondiale de la Santé depuis maintenant plus de 30 ans. Je suis également inscrit sur la liste d'experts du directeur général pour les comités du Règlement sanitaire international.
J'ai participé étroitement à la lutte contre de nombreuses épidémies et pandémies: sida, SRAS, SRMO, virus Ebola et, bien entendu, l'actuelle pandémie de COVID-19. Je vais donc vous faire profiter de mes nombreuses années d'expérience.
Je me considère comme un ami très proche de l'Organisation mondiale de la Santé, mais je suis aussi prêt à en assumer le rôle et être franc lorsque j'estime qu'elle aurait pu faire mieux ou qu'elle devrait faire mieux. Je vous présenterai un compte-rendu factuel et apolitique du travail de l'OMS, de mon point de vue, et de ce qu'elle peut faire mieux. Je vous demande de ne pas interpréter mes propos comme une déclaration politique, car l'Organisation mondiale de la Santé a beaucoup été utilisée à des fins politiques, en particulier par mon pays, les États-Unis, mais aussi par la Chine.
Essentiellement, l'Organisation mondiale de la Santé a essuyé de nombreuses critiques au cours de cette pandémie. Premièrement, elle a tardé à signaler l'apparition d'une nouvelle infection à coronavirus à Wuhan, dans la province du Hubei, en Chine. Deuxièmement, elle a mis du temps à informer les autres de la rapide transmission communautaire observée dans cette province. Troisièmement, au début de la pandémie, elle a recommandé de ne pas imposer de restrictions aux voyages et au commerce.
Au début de la pandémie, la Chine a indiqué à l'Organisation mondiale de la Santé que la transmission interhumaine de ce nouveau coronavirus était très limitée, voire inexistante. À l'époque, l'OMS a retransmis les données et les conclusions qu'elle avait reçues de la Chine. Avec le recul, on peut se demander si l'OMS aurait dû agir différemment. Au plus, elle aurait pu indiquer qu'elle ne faisait que fournir les données qu'elle a reçues de la Chine, mais sans avoir eu l'occasion de les valider en toute indépendance.
Le Dr Tedros, le directeur général, a pris la décision — une décision que je respecte et que je trouve admirable — de pousser la Chine de l'intérieur, discrètement et avec diplomatie, mais sans la critiquer publiquement. Il devrait être très clair qu'en vertu du droit international, de la constitution de l'Organisation mondiale de la Santé et du Règlement sanitaire international, l'OMS n'avait pas le pouvoir d'exiger de la Chine qu'elle rapporte fidèlement les faits. Elle n'avait pas le pouvoir d'aller en sol chinois sans l'autorisation de la Chine. Par conséquent, il est tout à fait injuste de critiquer l'Organisation mondiale de la Santé à cet égard, alors qu'elle n'en avait pas reçu le mandat de la communauté internationale.
Pour l'avenir, à l'instar de bon nombre de mes collègues — y compris ceux qui travaillent dans le domaine du droit de la santé publique et mondiale au Canada —, j'ai diverses propositions qui pourraient considérablement améliorer la situation et donner à l'OMS les pouvoirs et l'autorité dont elle aura besoin advenant une nouvelle crise terrible de ce genre.
Il en va de même pour la transmission communautaire. L'OMS n'avait aucun moyen de vérifier de façon indépendante les informations fournies par la Chine à cet égard.
Il y a ensuite eu la question des voyages. Essentiellement, pour le meilleur ou pour le pire — et nous pouvons en discuter — les frontières ont été fermées à l'échelle mondiale en raison de la COVID-19. Au début, toutefois, l'OMS s'est prononcée contre les restrictions de voyage, même si de nombreux pays l'avaient déjà fait. Après l'épidémie de SRAS, lorsque le Canada a contribué à la réforme du Règlement sanitaire international, il a fallu établir un équilibre entre la santé publique, le commerce et les voyages, et les droits de la personne. Le Canada était préoccupé, à juste titre, puisque certains pays avaient imposé trop rapidement des restrictions au commerce et aux voyages pendant l'épidémie de SRAS. On a vu la même chose lors de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest.
De nombreuses épidémies ont entraîné l'imposition de restrictions nuisibles et inutiles visant les voyages et le commerce. Dans le cas présent, les restrictions de voyage étaient probablement justifiées, mais à l'époque, l'OMS respectait le Règlement sanitaire international comme il devait l'être.
J'aurais peut-être fait les choses différemment à certains égards, mais j'ai peine à croire qu'il serait acceptable, en pleine pandémie, que certains pays cherchent à jeter le blâme et lancer des accusations de façon à nuire à la primauté du droit à l’échelle internationale et aux institutions internationales qui revêtent une importance cruciale pour nous, comme l'Organisation mondiale de la Santé.
L'OMS n'est pas parfaite, mais nous pouvons l'améliorer, collectivement. La raison pour laquelle je suis si heureux de comparaître au Comité permanent de la santé de la Chambre des communes est que j'ai une grande admiration pour le rôle de chef de file du Canada sur la scène internationale. Vous avez été un véritable phare, et j'ai un lien étroit avec votre pays: mon fils est né à l'Université McMaster et il est citoyen canadien. En outre, j'entretiens des liens très étroits avec mes collègues au Canada.
Alors que nous essayons de créer une unité dans le monde en plein chaos, au milieu de théories du complot sur les origines du virus et d'accusations mutuelles entre les superpuissances, nous devons unir nos efforts, plus que jamais, car nous sommes engagés dans la série d'actions la plus lourde de conséquences de notre vie, la course au vaccin contre la COVID-19.
La communauté internationale doit veiller à l'innocuité du vaccin. Il importe donc d'éviter les raccourcis et de ne pas négliger les questions d'éthique. Il faut aussi veiller à la distribution équitable et juste du vaccin partout dans le monde afin d'éviter les situations qu'on a vues avec l'équipement de protection individuelle, les trousses de dépistage et les ventilateurs, qui ont fait l'objet d'une course à la propriété intellectuelle. Je considère les vaccins et les produits thérapeutiques pour la COVID-19 comme un bien public mondial, et je compte sur le rôle de chef de file Canada sur la scène internationale..
J'estime que c'est un grand honneur de comparaître devant vous. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Pour faire écho au propos de M. Gostin, c'est un réel plaisir et un privilège de discuter avec vous aujourd'hui. J'ai également des liens avec le Canada. Ma mère a grandi à Hamilton et j'ai encore beaucoup de famille en Ontario. C'est vraiment agréable de discuter avec vous tous.
J'aimerais parler brièvement de mon parcours et de ma façon d'aborder ces questions.
J'ai travaillé dans le milieu des interventions en cas de catastrophe et de l'aide humanitaire et je suis intervenu dans de nombreuses crises sanitaires au fil des ans. Surtout, j'ai dirigé l'équipe d'intervention internationale en cas de catastrophe pour le gouvernement américain lors de l'épidémie d'Ebola, en 2014 et 2015, et j'ai joué un rôle déterminant dans l'orientation de la réponse du gouvernement américain à cette épidémie.
J'ai alors participé à la réforme de l’action d’urgence de l'OMS et conseillé la directrice générale de l'époque, Mme Margaret Chan, sur les réformes mises en œuvre après l'épidémie d'Ebola. Au cours des quatre dernières années, j'ai siégé, avec la Dre Theresa Tam, du Canada, à l'organisme de surveillance indépendant chargé de superviser et de conseiller les États membres sur la mise en œuvre des réformes par l'OMS. J'ai été un témoin privilégié des échecs et des lacunes de l'OMS lors de la crise du virus Ebola en 2014, et de sa gestion de l'actuelle éclosion, ou pandémie, et de nombreuses autres crises dans l'intervalle.
Je tiens à préciser que je m'exprime aujourd'hui à titre personnel. Je ne m'exprime ni au nom du comité de surveillance ni au nom de l'OMS, sauf si je l'indique très clairement.
On m'a demandé de parler de divers aspects, notamment certaines leçons émergentes liées à la COVID-19 dans le monde, en particulier dans les pays en développement; l'efficacité de l'OMS; le soutien requis à l'avenir dans les pays en développement.
J'aimerais d'abord faire quelques observations sur ce qu'on voit partout dans le monde, à mon avis. Dans de nombreux pays, on constate que les mesures de distanciation sociale ont fonctionné, mais qu'elles sont difficiles à maintenir. Plus particulièrement, les mesures de distanciation les plus rigoureuses sont très difficiles à maintenir sur les plans économique, politique et social. Je dirais que nous passons d'une étape caractérisée par l'imposition généralisée de mesures de distanciation par les gouvernements à une étape dans laquelle ces mesures doivent être adoptées volontairement, collectivement et individuellement, que les gouvernements les imposent ou non.
On constate que le virus reprend du terrain partout où les gens ont baissé la garde. On le voit en temps réel en ce moment même aux États-Unis. Certains des États peu touchés au début l'ont échappé belle, et les autorités ont conclu que l'État était à l'abri et ont commencé à assouplir leurs mesures. Aujourd'hui, nous constatons des hausses fulgurantes du nombre de cas en Floride, au Texas, en Arizona et dans certains autres États du sud, ainsi que dans certaines régions du sud de la Californie, où les mesures ont été assouplies trop tôt.
Je ne pense pas qu'on puisse retourner à une situation où il suffit que les gouvernements imposent des mesures du haut vers le bas. Il faut que la population adopte ces mesures, qu'elle se les approprie. À ce moment-là, le rôle du gouvernement ne sera plus d'imposer des mesures, mais de communiquer efficacement avec la population, et les autorités de santé publique devront faire de même. Je pense que les pays qui ont le mieux réussi à communiquer clairement et à établir une relation de confiance avec la population ont obtenu les meilleurs résultats et s'en sortiront le mieux. Les pays où la confusion et la méfiance auront été plus grandes connaîtront les pires résultats.
En ce moment, les deux pays qui affichent le pire bilan sont les États-Unis et le Brésil, et dans ces deux pays, les communications entre le gouvernement et le public ont été atroces et il y a eu beaucoup de confusion et de méfiance.
Les pays qui ont le mieux réussi à communiquer clairement — et je pense que le Canada a fait un meilleur travail, selon mes observations — ont fait mieux et s'en sortiront mieux. J'y reviendrai sous peu, lorsque je traiterai des pays en développement de façon plus détaillée.
Concernant l'efficacité de l'OMS, je suis tout à fait d'accord avec tout ce que M. Gostin a dit. J'ai pu observer de près le travail catastrophique de l'OMS dans les premières phases de la réponse à l'épidémie d'Ebola de 2014, en Afrique de l'Ouest. Je dirais, par rapport à son rôle dans la crise actuelle, que c'est le jour et la nuit. À l'époque, l'OMS n'avait pas une bonne capacité d'intervention en cas d'urgence. Ses dirigeants n'avaient pas pris la menace au sérieux dès le début, et ses bureaux nationaux étaient désengagés et inattentifs. Il y avait des problèmes à tous les échelons de l'organisation.
À mon avis, ce qu'on voit maintenant est très différent. L'organisation était pleinement engagée dès le début. Quelques jours après avoir reçu la confirmation officielle de l'épidémie par la Chine, l'OMS a transmis des directives techniques à l'intention de tous les États membres. Ces directives étaient en grande partie fondées sur des maladies comme le SRAS et la grippe — des maladies parallèles déjà observées —, car on manquait alors de données sur ce virus, ce qui n'est pas rare dans le cas d'un nouveau virus. Il y a toujours une incertitude inhérente lors de la phase initiale de l'émergence d'un nouveau virus.
Comme M. Gostin l'a déjà indiqué, les premiers rapports de la Chine ont posé de réels problèmes. Je pense que les difficultés de l'OMS à gérer ce problème n'étaient pas liées à son efficacité, mais plutôt à ce qu'elle était autorisée à faire.
Le Règlement sanitaire international accorde peu de latitude à l'OMS quant à ce qu'elle peut affirmer au-delà de ce que les États membres lui rapportent. Je pense que les rapports de l'OMS lors des premières phases étaient... Si vous lisez un peu entre les lignes, c'était sans doute une façon de se protéger, parce qu'elle savait que les informations qu'elle obtenait de la Chine n'étaient peut-être pas complètes.
Le tableau s'est précisé, et dans environ trois semaines après la confirmation de la Chine, le bureau chinois de l'OMS a été autorisé à effectuer une mission à Wuhan et à mener une enquête sur le terrain. Immédiatement après, c'est-à-dire les 20 et 21 janvier, l'OMS a confirmé la transmission interhumaine. Une journée ou deux plus tard, elle a convoqué le Comité d'urgence pour déterminer s'il était nécessaire de déclarer qu'il s'agissait d'une urgence de santé publique de portée internationale.
À ce moment-là, l'OMS a présenté un portait du virus qui, essentiellement, est toujours valable aujourd'hui. Il s'agit d'un nouveau coronavirus respiratoire se transmettant efficacement d'une personne à l'autre et ayant un taux de reproduction ou un facteur de transmissibilité supérieur à celui de la grippe saisonnière. Il est considérablement plus grave et présente indéniablement un taux de mortalité de loin supérieur à celui de la grippe saisonnière. Ce premier portrait du virus est extraordinairement effrayant.
Une autre semaine après cette réunion, l'OMS a pris la décision de déclarer une urgence de santé publique de portée internationale, le plus haut niveau d'alerte créé pour l'OMS par les États membres dans le Règlement sanitaire international. L'OMS a alors employé l'instrument d'alerte le plus percutant à sa disposition et a fourni un portrait du virus encore valable aujourd'hui.
Cela aurait dû être très alarmant, mais nous avons constaté que les États ont réagi de multiples façons. Certains pays, notamment les pays d'Asie de l'Est qui avaient déjà connu le SRAS, ont pris la situation très au sérieux et ont immédiatement commencé à mettre en œuvre des mesures très draconiennes. La Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, le Japon, la Thaïlande et le Vietnam ont tous pris des mesures très rapides et ont commencé à intensifier leurs efforts de dépistage et à mettre en place des mesures de distanciation, etc. L'Europe de l'Ouest et la plupart des pays des Amériques ne l'ont pas fait. Les divers pays avaient tous les mêmes informations de l'OMS, mais agissaient très différemment.
C'est plus représentatif de ces pays que de l'OMS, à mon avis, mais je pense que cela reflète aussi autre chose. Dans son rapport du mois dernier, le comité auquel je siège met en évidence quelques nouvelles tendances qui se dégagent pendant cette période, notamment l'importance de cerner les échecs et les faiblesses. Quelles sont les choses pour lesquelles l'OMS, en tant que secrétariat et institution, n'a pas eu de bons résultats? Il y en a, mais je pense que l'organisme a bien géré la situation, en général. Quelles défaillances étaient liées aux réactions des pays à l'égard des informations fournies par l'OMS? Je pense que de nombreux pays ont été beaucoup trop insouciants en supposant que ce problème ne concernait que la Chine et ne les toucherait pas. Quels problèmes sont liés au Règlement sanitaire international? Pour quels problèmes la capacité de l'OMS d'intervenir davantage ou d'être plus forte et plus directe a-t-elle été limitée ou inhibée en raison des limites qui lui ont été imposées par les États membres dans le cadre du Règlement sanitaire international? Je pourrais en parler plus en détail, mais je suis d'accord avec certains des points soulevés précédemment par M. Gostin.
Dans le rapport du comité, nous avons également noté que l'urgence de santé publique de portée internationale que peut invoquer l'OMS est un instrument beaucoup trop grossier. C'est un outil binaire, sans nuances inhérentes, qu'il soit activé ou désactivé. L'urgence peut être déclarée dans une situation comme celle-ci, une pandémie qui menace le monde entier et qui pourrait faire des millions de victimes, mais aussi pour quelque chose comme l'épidémie d'Ebola qui sévit dans l'est du Congo depuis deux ans, qui a tué 2 000 personnes et qui ne s'est pas vraiment propagée à l'extérieur de cette sous-région d'Afrique.
Ce genre d'outil couvre un large éventail de crises sanitaires. Il faut un plus grand nombre de catégories de façon à aider les États à mieux interpréter ces signaux pour déterminer le degré de menace auquel ils sont confrontés lors d'une déclaration d'urgence.
Nous avons aussi constaté que les réformes adoptées après l'épidémie d'Ebola ont été efficaces, même si elles étaient fondées sur un autre type de crise. Elles étaient fondées sur la crise de l'Ebola de 2014 et sur les diverses urgences humanitaires dans lesquelles l'OMS intervient habituellement. Une crise de cette ampleur a considérablement sollicité les ressources et la capacité de l'OMS, qui n'a pas toujours su gérer aussi bien qu'on l'aurait voulu les compromis à faire sur le plan des capacités, surtout pour ce qui est de tenir à jour un ensemble d'orientations et de recommandations techniques pour les pays. C'est le dernier point que je souhaite aborder.
Passons maintenant aux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Je pense que l'OMS et des organismes comme le Center for DIsease Control, CDC, aux États-Unis ont tardé à adapter la stratégie et les orientations, surtout conçues pour les pays riches, pour les pays moins nantis. L'une des caractéristiques intéressantes de cette épidémie, c'est qu'elle a d'abord surtout touché les pays riches. La Chine est un pays riche doté d'un système de santé très avancé. La pandémie a ensuite frappé l'Italie, puis l'Espagne et enfin les États-Unis. Tous ces pays ont de grandes capacités en matière de soins cliniques, et ont beaucoup de ressources pour intensifier le dépistage et maintenir des mesures de distanciation et de confinement à grande échelle.
C'est rarement le cas dans les pays en développement. À la mi-mai, l'OMS, en collaboration avec le reste de l'appareil des Nations unies, a publié de très bonnes orientations à ce sujet. Elles auraient dû être publiées plus tôt; ce retard découle en partie d'un problème de capacité à l'OMS. Par conséquent, beaucoup de pays à faible revenu ont eu de la difficulté à déterminer la stratégie à adopter, car ils n'avaient pas vraiment les moyens d'acquérir plus de ventilateurs, de faire des tests à grande échelle et d'accroître la production d'EPI. En outre, il est très difficile de maintenir le confinement lorsque vous avez une importante économie parallèle ou souterraine.
Un autre point que je tiens à souligner concernant les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire est le suivant: une part infime de l'argent parvient aux organisations locales et de première ligne. Cette semaine, j'ai publié un article qui porte sur les flux de l'aide humanitaire liés à la COVID-19, qui s'élèvent maintenant à environ 2,5 milliards de dollars en réponse aux appels humanitaires mondiaux liés à la pandémie. Sur ce montant, moins de 2 millions de dollars sur 2,5 milliards seraient allés directement à des organismes locaux de première ligne.
C'est là courir droit à l'échec, car, comme je l'ai indiqué, nous sommes à la croisée des chemins: nous devons passer d'une réponse qui relève du gouvernement à une réponse qui appartient à la collectivité et qui est dirigée par elle. Si plus de 99 % de l'argent va aux organisations internationales et aux partenaires internationaux, et que la communauté locale et les groupes locaux ne reçoivent que de vulgaires miettes, ce sera difficile.
Je vais m'arrêter là.
Merci.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci à vous, formidables témoins. Je suis heureux de voir que vous avez tous deux un lien avec Hamilton. Vous confirmez l'affirmation du député Bob Bratina, qui disait qu'en réalité, le monde tourne autour de Hamilton.
Il est à espérer que le monde ressortira uni de la crise de la COVID-19, car après tout, peu importe la région du monde où nous sommes — sauf peut-être dans certains endroits du Pacifique Sud —, nous vivons tous les mêmes choses. Nous sommes tous obligés de pratiquer la distanciation et de porter un masque en public. Les gens restent à la maison et s'inquiètent de la santé de leurs parents âgés, et se demandent quand ils recommenceront à avoir un revenu. Cela devrait unir l'humanité, mais en fait, certains laissent entendre que cela nuit à la mondialisation et mine notre sens commun d'humanité.
Les frontières se ferment. Nous essayons de mettre en place des chaînes d'approvisionnement à l'échelle nationale au lieu de dépendre de pays étrangers. Nous considérons que les maladies viennent d'ailleurs et nous touchent.
De toute évidence, la mondialisation a beaucoup contribué à rendre le monde meilleur. Avant, tant de gens vivaient dans une pauvreté abjecte. On observait beaucoup de pauvreté extrême dans certains pays comme le Mexique, la Chine et l'Inde, alors que maintenant, c'est plutôt rare grâce à la mondialisation.
De même, le monde a connu une paix relative et un nombre limité de conflits internationaux depuis la création des Nations unies en 1945. Je suis préoccupé par un possible fractionnement de l'humanité, un manque d'unité, après la pandémie de COVID-19. Cela nous sépare au lieu de nous rapprocher.
Ma première question aux témoins est la suivante: est-ce le cas, à votre avis? Sur le plan de la mondialisation serons-nous plus unis ou moins unis en sortie de crise?
Deuxièmement, que peut faire le Canada pour s'assurer que nous en sortirons plus unis et plus forts, que nos institutions internationales seront plus fortes, et non plus faibles, et que nous ne retournerons pas dans un monde comme celui qui existait avant 1945?
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Je serai ravi d’offrir une première piste de réponse.
Je pense que c’est là un risque bien réel. Jusqu’à présent, l’un des aspects vraiment frappants de cette crise — contrairement à, disons, l’épidémie d’Ebola de 2014-2015 —, c’est tout simplement l’absence d’un sentiment d’effort commun à l’échelle mondiale. Bien franchement, j’estime que cette situation est attribuable, en partie, aux agissements de mon propre pays. Selon moi, le gouvernement américain a géré le tout de façon très insulaire. D’habitude, on s’attend à ce que le gouvernement américain essaie de prendre les devants et de mobiliser ce genre d’effort mondial, mais cela n’a pas été le cas. C’est à l’image de certaines tendances générales qui se dessinent un peu partout dans le monde, ce qui est bien malheureux et, comme vous l’avez dit, c’est quelque chose de très rare.
Nous faisons tous face à un ennemi commun, d’où la nécessité d’une approche commune. Nous ne pourrons pas vaincre le virus ou en être vraiment à l’abri, où que nous soyons, tant que nous n’aurons pas maîtrisé la situation partout dans le monde.
Je crois que cela rejoint la question précédente sur l’interdiction de voyage. L’une des préoccupations qui s’y rattachent, comme en témoignent les études sur le sujet, c’est que les interdictions de voyage vous font gagner, au mieux, deux à quatre semaines de préparation. Elles ne vous accordent pas une protection permanente. Elles retardent probablement l’arrivée d’une épidémie dans un pays, mais elles ne l’empêchent pas. À moins qu’il s’agisse de la Nouvelle-Zélande ou des Fidji, ces interdictions ne vont pas prévenir une épidémie.
L’utilité d’une interdiction de voyage, le cas échéant, c’est qu’elle permet de retarder légèrement l’arrivée de l’épidémie pour que vous puissiez vous y préparer, mais cet incident aura quand même lieu. Je crois qu’à ce stade-ci, aucun pays n’a été épargné. Dans un pays comme le Canada ou les États-Unis, ou peu importe, nous ne pouvons pas compter sur les restrictions de déplacement pour assurer notre sécurité. Nous devons enrayer la pandémie à l’intérieur de nos frontières, tout en nous efforçant de l’éliminer à l’étranger, car tant que ces...
Chaque pays sera exposé à un risque important d’ici à ce qu’un vaccin soit créé. Tant qu’il y aura des flambées un peu partout dans le monde, nous courrons le risque d’y être exposés à nouveau. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé en Corée du Sud et en Chine. La plus grande menace — ou, plutôt, une des menaces importantes — pour ces deux pays, depuis qu’ils ont repris en main la situation, c’est le rétablissement des voyages.
Je crois que nous avons raison. Si nous voulons être en mesure de remettre l’économie sur les rails, nous devons pouvoir rétablir les voyages internationaux. Environ 10 % du PIB mondial dépend des voyages ou du tourisme. C’est un coup dur. Il y aura vraiment de lourdes conséquences, surtout si nous devons attendre deux ou trois ans avant qu’un vaccin soit facilement accessible, ce qui fera beaucoup de tort au secteur des voyages internationaux. La meilleure façon de nous y prendre, c’est d’enrayer la pandémie partout, et ce, dans le cadre d’un effort mondial. Aucun pays ne pourra en venir à bout en faisant cavalier seul.
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Je serai heureux d'intervenir en premier, monsieur Gostin.
C'est vraiment une excellente question. L'une des choses que nous avons constatées dans de nombreux pays, c'est une sous-estimation du risque que présente cette maladie.
J'ai écrit un article d'opinion dans le Washington Post, publié le 4 février, dans lequel je préconisais une approche « sans regret ». J'ai invité le gouvernement américain et, en fait, le monde entier à examiner ce qui se passait alors à Wuhan, en Chine, et à se demander si une telle situation pouvait se produire ici. À mon avis, dès que nous avons vu le débordement des hôpitaux dans une métropole aussi riche que Wuhan, une ville de 11 millions d'habitants, dotée d'un système moderne de soins de santé, dans un pays relativement riche à revenu moyen supérieur, il y avait peu de raisons de croire que les pays développés — que ce soit en Amérique du Nord, en Europe occidentale, en Asie orientale ou ailleurs — seraient à l'abri.
J'estime qu'à tout le moins, chaque pays aurait dû se préparer, dès lors, à la possibilité que les conditions de Wuhan se manifestent sur son propre territoire. Il n'y avait aucune raison valable de penser que cela n'aurait pas lieu. Chaque pays aurait dû se poser deux questions simples le 23 janvier, lorsque Wuhan a commencé à fermer sa frontière. Premièrement, une telle situation pourrait-elle survenir ici? La réponse, dans chaque pays, était clairement oui: si cela pouvait arriver à Wuhan, cela pouvait se produire n'importe où. Deuxièmement, sommes-nous prêts à une telle éventualité? Serons-nous prêts si cela se produit? Voilà en quoi consiste une approche « sans regret ».
Ce n'est pas l'approche qu'ont adoptée les États-Unis ni d'ailleurs la plupart des autres pays. Selon moi, il y avait une certaine pensée magique selon laquelle la crise qui sévissait en Chine resterait là-bas, mais ce raisonnement ne reposait sur aucun fondement scientifique.
Alors, oui, je m'attendais à ce qu'une telle situation se produise aux États-Unis. C'est pourquoi j'ai réclamé la prise de mesures préparatoires, et j'ai été déçu de voir que rien n'a été fait à cet égard.
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J'ai cru que la question ne viendrait jamais. Je vous en remercie.
Il y a un certain nombre de points. Je proposerais d'abord un financement durable. Le niveau de financement actuel de l'Organisation mondiale de la Santé est inférieur à celui d'un grand hôpital américain, soit le quart du budget des CDC, et ce, malgré son mandat international.
Pire encore, l'OMS ne contrôle qu'environ 25 à 30 % des fonds dérisoires dont elle dispose dans le cadre son budget. Tout le reste est destiné à des projets de prédilection. Aucune organisation ne peut réussir quand elle est sous-financée à ce point-là et quand on ne lui donne pas le pouvoir discrétionnaire de concentrer ses ressources sur des priorités mondiales.
Le deuxième changement que j'apporterais en est un de nature fondamentale. Nous avons l'OMS que nous méritons parce que nous ne la soutenons pas politiquement. Nous la plaçons au milieu de questions et de luttes politiques. Je travaille actuellement en étroite collaboration avec des représentants de l'OMS, mais ils sont absorbés par d'autres préoccupations, et le moment est mal choisi. Bref, le deuxième changement serait d'assurer un appui politique.
Troisièmement, il faudrait renforcer la conformité au Règlement sanitaire international en donnant à l'OMS des outils de vérification indépendante, de telle sorte que nous puissions, au moyen de rapports d'État officiels, travailler en partenariat avec les pays pour mieux comprendre la situation sur le terrain et assurer une conformité aux recommandations de santé publique. Je suis conscient que les recommandations elles-mêmes ont été contestées.
Ensuite, il y a le processus de déclaration d'une urgence de santé publique de portée internationale.
Je le répète, l'OMS n'est pas parfaite. Cela peut parfois s'avérer très frustrant, mais l'OMS travaille vraiment fort, et nous devons en faire la meilleure organisation mondiale possible en matière de santé, au lieu de la démanteler.
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Nous reprenons les travaux.
Je souhaite à nouveau la bienvenue aux députés.
Bienvenue à cette 30e séance du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi du 26 mai 2020, le Comité poursuit sa séance d'information sur la réponse canadienne à l'éclosion du coronavirus.
J'aimerais indiquer quelques règles à suivre pour les nouveaux témoins. Avant de parler, veuillez attendre que je vous nomme. Pendant les séries de questions, la personne qui pose la question indiquera à qui elle s'adresse. Quand vous êtes prêt à parler, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer.
Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées au président.
L'interprétation de la présente vidéoconférence fonctionnera de manière assez semblable à celle des séances habituelles du Comité. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français. Si vous vous exprimez dans les deux langues officielles, assurez-vous de changer de langue en fonction de celle que vous emploierez. Je vous invite à faire une petite pause lorsque vous passez d'une langue à l'autre.
Lorsque vous n'avez pas la parole, votre micro devrait être en sourdine.
Je vais maintenant vous présenter les témoins de notre deuxième groupe.
Nous recevons aujourd'hui Asaph Young Chun, qui est le directeur général du Statistics Research Institute de Statistics Korea.
[Le président s'exprime en coréen.]
[Traduction]
Nous recevons également M. Winston Wen-Yi Chen, du Bureau économique et culturel de Taipei au Canada.
[Le président s'exprime en mandarin.]
[Traduction]
Nous vous remercions tous les deux de votre présence avec nous. Vous disposerez chacun de 10 minutes pour faire votre déclaration préliminaire.
Nous allons commencer avec le représentant de Statistics Korea.
Monsieur Chun, vous disposez de 10 minutes. Allez-y.
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Je suis honoré d'avoir été invité par le Comité à témoigner devant la Chambre des communes du Canada. J'ai préparé une présentation PowerPoint. On vient de me dire que je ne pouvais pas partager mon écran pour le moment. Je vais donc miser sur les points de discussion plutôt que sur les éléments visuels que je jugeais plus instructifs.
Je vais utiliser les diapositives à titre de points de discussion. Pour commencer, j'ai intitulé ma présentation « Pour une politique de sortie fondée sur les données et sur la science ». Je vais vous parler des leçons tirées des partenariats au cours de cette pandémie.
Que veut dire ce titre? Cette crise à laquelle font face les Canadiens, les Coréens et le monde entier, je la considère comme un creuset, parce qu'il s'agit d'un essai, qui nous permettra de tirer des leçons. La Corée et le Canada ont établi un très bon partenariat depuis le mois de mars. Je vais vous parler de certaines leçons que nous en avons tirées.
Le partenariat se fonde sur les données et la science, et ce sont les principaux points que je vais aborder. Pourquoi des politiques fondées sur la science? C'est très important. Je crois que la meilleure pratique en matière d'élaboration des politiques, que je juge essentielle... Dans le monde du XXIe siècle, il faut des données probantes afin d'orienter l'élaboration des politiques de santé relatives à la COVID-19, qui sont très importantes.
Je vais aborder trois points pendant ce court exposé. Le premier a trait aux meilleures pratiques fondées sur les données et sur la science en vue d'aplatir la courbe épidémique. Le deuxième porte sur les innovations et sur notre avenir — l'après-pandémie— que nous devons planifier. En troisième lieu, je vais vous présenter des idées de partenariats entre le Canada et la Corée en vue d'aborder la question du coronavirus, mais aussi en vue de la collaboration accrue qui serait possible.
En mars dernier, le Statistics Research Institute et l'Université de Toronto — en particulier l'équipe de recherche de David Fisman — ont collaboré à l'élaboration d'un modèle et à la prévision de la durée de vie de la COVID-19, surtout en Corée. En ces temps [Difficultés techniques], essentiel à 51 millions de personnes en Corée, en février et en mars. À titre de directeur général du Statistics Research Institute, j'ai déjà jeté les bases d'une bonne collaboration. Nous avons besoin d'universitaires et de modèles pour travailler ensemble.
David Fisman a été très généreux et a bien accueilli ma demande. Nous avons travaillé pour nous améliorer, afin de modéliser et de prédire le cycle de vie de la COVID-19.
Au cours des derniers mois, nous avons travaillé ensemble à planifier les détails relatifs au moment fort de...
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Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent de la santé.
C'est un grand honneur pour moi de pouvoir témoigner devant vous au sujet d'un enjeu aussi important, en cette période difficile.
J'espère que dans le cadre de cette discussion, je pourrai vous éclairer sur la façon dont Taïwan a orchestré sa lutte contre la COVID-19 et que nous aurons l'occasion de discuter de la façon dont les pays comme le Canada et Taïwan peuvent échanger leurs expériences pour mieux combattre ce virus. Permettez-moi d'abord de vous faire part de l'expérience de Taïwan.
Malgré sa proximité, ses liens commerciaux étroits et ses échanges touristiques avec la Chine, Taïwan a réussi à éviter les pires conséquences de la pandémie. En effet, avec seulement 446 cas confirmés, sept décès et 72 jours consécutifs sans aucune transmission locale, Taïwan a réussi à maintenir en grande partie les écoles et les entreprises ouvertes et opérationnelles, comme à l'habitude.
Puisque Taïwan n'est ni membre ni observatrice de l'Organisation mondiale de la Santé, elle y est arrivée sans un accès opportun à des renseignements essentiels auxquels de nombreux autres pays avaient accès. Comment Taïwan a-t-elle réussi à lutter de manière efficace contre la maladie?
Premièrement, notre combat a commencé avant même l'arrivée de l'ennemi. Taïwan a tiré des leçons difficiles de l'éclosion du SRAS en 2003 et a réformé de manière exhaustive ses protocoles de préparation et d'intervention en cas d'éclosion.
La prise de mesures rapides et décisives par notre gouvernement dès le début de la pandémie a aussi contribué à notre réussite. Lorsque nos centres pour le contrôle des maladies ont appris que des cas de pneumonie atypiques apparaissaient à Wuhan, nous avons procédé à un contrôle actif des passagers qui arrivaient à Taïwan, et ce, à partir du 31 décembre 2019, soit plus de trois semaines avant le début de la période d'isolement à Wuhan.
De plus, Taïwan a avisé l'OMS de la présence potentielle d'un nouveau virus à Wuhan, qui pouvait être transmis d'une personne à l'autre. Malheureusement, notre avertissement a été ignoré et la communauté mondiale a perdu un temps précieux pour se préparer et lutter contre le virus. Il importe de souligner que l'exclusion de Taïwan de l'OMS nuit à la santé mondiale. Nous sommes donc heureux que les parlementaires du Canada et de partout dans le monde appuient l'intégration de Taïwan au sein de cette organisation et d'autres tribunes internationales.
Alors que la situation à Wuhan s'empirait, le gouvernement de Taïwan a activé le Central Epidemic Command Centre, ou CECC, qui a établi une chaîne de commandement claire et a commencé à tenir des points de presse pour diffuser des renseignements précis, à jour et transparents à la population trois jours avant le début du confinement à Wuhan.
De plus, le CECC était géré par des experts médicaux qui remplissaient également des fonctions politiques importantes. Le ministre de la Santé et du Bien-être, le Dr Chen Shih-Chung, était le chef du CECC. Il tenait des points de presse quotidiens et coordonnait les efforts publics à l'échelon national.
Nous avons eu recours à une approche proactive et agressive pour lutter contre la maladie et informer la population, ce qui a permis de contenir rapidement le virus et de lutter contre la désinformation, puisque nous avions la confiance de la population.
Au cours de la pandémie, le CECC a lancé plus de 120 mesures de lutte contre la COVID-19, notamment diverses restrictions relatives aux déplacements et aux voyages, des contrôles de santé aux points d'entrée, l'isolement obligatoire et bien d'autres.
Le CECC a aussi coordonné les communications de façon claire et ordonnée afin de fournir des renseignements précis en temps réel. De plus, nous avons utilisé des solutions de technologie de l'information novatrices axées sur les données afin de suivre la propagation du virus, de freiner la transmission communautaire et de permettre aux citoyens d'avoir des renseignements à jour sur la disponibilité des produits essentiels afin d'éviter les achats en panique. Pour y arriver, nous devions regrouper les données en temps réel provenant des divers ministères et compter sur la collaboration active des citoyens.
Fait important, Taïwan a déployé tous les efforts possibles pour maintenir ses chaînes d'approvisionnement pour les produits médicaux essentiels, comme les masques. Nous avons mis en oeuvre un système permettant à chaque citoyen d'obtenir une certaine quantité de masques, tandis que la production était aussi accélérée, ce qui nous a permis de maintenir un approvisionnement constant d'équipement de protection individuelle pour la population et les travailleurs de la santé.
La stratégie de Taïwan a permis la production de près de 20 millions de masques, ce qui signifie que notre gouvernement a pu fournir des masques et autres produits médicaux essentiels à d'autres pays dans le monde, notamment au Canada. Jusqu'à maintenant, nous avons fourni 1,5 million de masques chirurgicaux, 100 000 masques N95 et 100 000 blouses de protection au Canada, par l'entremise de la Croix-Rouge canadienne, qui ont été remis aux travailleurs de la santé de première ligne et aux collectivités autochtones.
Nous croyons qu'il est essentiel que les pays qui le peuvent s'entraident ouvertement, gracieusement et de façon collaborative. C'est ce que Taïwan s'efforce de faire.
Si l'on souhaite pousser cette collaboration encore plus loin, il serait utile de songer aux partenariats entre notre gouvernement et les autres pays. Par exemple, Taïwan participe à la recherche et au développement conjoints de tests de dépistage rapides, de vaccins, de traitements, de technologies de l'information et autres avec ses partenaires des États-Unis. Nous avons aussi des ententes avec divers pays qui nous permettent de garantir un accès stable aux produits médicaux importants.
Dans tous les cas, Taïwan est prête à collaborer de manière ouverte et de bonne foi avec le gouvernement du Canada. Ainsi, nous espérons que des pays comme le Canada pourront travailler avec Taïwan pour développer et échanger les solutions. En travaillant de concert, je suis certain que nos deux pays pourront obtenir de meilleurs résultats en matière de santé, tant pour nos sociétés que pour le monde en général.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, au nom de Taïwan, je tiens à vous remercier du fond du coeur pour votre invitation et pour votre étude. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Je vais revenir aux principaux points de discussion. J'allais donc aborder trois points dans le cadre de mon exposé. Premièrement, nous avons établi des partenariats entre les universitaires et les dirigeants de la Corée et du Canada depuis le mois de mars. Deuxièmement, nous devons miser sur ces partenariats pour trouver une stratégie de sortie, surtout en cette période difficile. Je vais vous parler des innovations fondées sur les données, la science et l'intelligence artificielle dans l'économie numérique. Enfin, je vais vous parler des prochaines étapes que nous pouvons franchir pour accroître et accélérer le partenariat entre la Corée et le Canada.
En ce qui a trait au premier point, soit le partenariat qu'ont établi le Canada et la Corée au cours des derniers mois, je vais vous parler des activités de modélisation importantes que nous avons réalisées en vue de planifier la suite des choses. Le professeur David Fisman et son équipe de recherche de l'Université de Toronto, le Statistics Research Institute et bon nombre d'autres établissements de recherche de la Corée travaillent ensemble depuis le mois de mars. Nous pouvons modéliser le cours de la pandémie et prévoir certaines données marginales, et ainsi planifier certaines choses.
À mon avis, ce modèle fondé sur les idées, que nous utilisons depuis plusieurs mois, fonctionne très bien et nous avons réussi à prévoir le nombre maximal de nouveaux cas possibles en Corée et dans certaines régions, de même que le moment où le nombre de cas par jour serait à son plus bas, ce qui nous a permis de planifier les interventions non pharmaceutiques en conséquence. En ayant une idée de ce nous réserve l'avenir rapproché, nous sommes mieux placés pour élaborer les politiques.
Par exemple, si nous connaissons la gravité de l'épidémie et l'impact qu'elle aura sur les familles et les enfants, nous pouvons mieux organiser l'apprentissage en ligne et l'ouverture des écoles. Ainsi, nous pouvons encourager le télétravail plus tôt. Nous pouvons déterminer le bon moment pour autoriser à nouveau les rassemblements de masse, par exemple, pour protéger l'économie.
Ce sont les principales leçons que nous avons tirées lorsque nous avons procédé ensemble à la modélisation.
Mon collègue David Fisman et son équipe de recherche ont également misé sur notre expérience au cours des derniers mois en ce qui a trait aux interventions non pharmaceutiques. Les échanges et le partenariat sont très sains et nous permettent d'apprendre les uns des autres et de mieux gérer la crise grâce à des approches fondées sur les données probantes et la science.
Je vais parler rapidement des interventions non pharmaceutiques que nous avons institutionnalisées et qui sont maintenant des pratiques exemplaires parmi la population. Lorsque nous avons désigné les trois facteurs qui avaient une incidence sur les interventions non pharmaceutiques, nous avons tenté de réduire la probabilité d'infection personnelle en encourageant le port du masque dès le départ, en février, et l'hygiène des mains.
Ensuite, sur le plan des interventions non pharmaceutiques d'ordre sociétal, nous savions que la distanciation sociale serait une mesure très efficace. Au lieu d'attendre, nous avons agi de manière proactive: nous avons mis en place des mesures de distanciation sociale d'avance — comme l'enseignement virtuel, le télétravail et l'interdiction des grands rassemblements —, en mars, afin que l'épidémie n'ait pas la même ampleur que dans d'autres pays.
Enfin, l'intervention d'ordre gouvernemental utilise les 3T: les trousses de dépistage, les mécanismes de recherche des contacts fondés sur les TIC et l'emploi de très bonnes pratiques pour traiter les patients. C'est ce que nous appelons le cadre des 3T, et il fonctionne assez bien, grâce aux outils et aux principes directeurs fondés sur les TIC et aux innovations que nous avons introduites très tôt. Cela résume le sujet principal que je voulais vous présenter.
Le deuxième sujet dont j'aimerais vous parler est la stratégie de sortie que nous considérons en ce moment. Nos discussions portent sur ce qu'on appelle la distanciation dynamique. Une fois que le cycle est connu... On sait que le nombre de cas diminue, mais on ignore s'il recommencera à augmenter, et il y a une économie à gérer. On ne peut pas tout simplement confiner tout le pays; on ne peut pas maintenir l'ensemble des mesures de distanciation sociale. Nous avons donc adopté une sorte de distanciation dynamique intermittente. Nous établissons un équilibre entre, d'un côté, le maintien des activités d'une partie de l'économie et un niveau modéré de distanciation sociale, et de l'autre, la conservation de certaines mesures d'intervention à l'échelle personnelle et à l'échelle du gouvernement. C'est ce que nous appelons la distanciation dynamique, et jusqu'à maintenant, cette stratégie fonctionne bien.
La pandémie de COVID-19 pose un défi non seulement à mon pays, mais aussi au Canada et aux autres pays du monde. À Taïwan, nous essayons de faire tout ce que nous pouvons avec les ressources et le pouvoir dont nous disposons. Puis, nous collaborons avec nos partenaires internationaux pour protéger nos citoyens. Comme nous ne sommes pas membres de l'Organisation mondiale de la Santé et comme tous comprennent que le virus transcende les frontières, nous ne pouvons pas agir seuls. Nous devons grandement coopérer avec les pays voisins et la société internationale.
C'est pour cette raison que le gouvernement et la population de Taïwan souhaitent nouer le dialogue, à l'occasion, avec la communauté internationale. En particulier durant la pandémie, nous avons remarqué que nous pouvions faire part de notre expérience à nos amis.
Aujourd'hui, les gens parlent du modèle taïwanais. J'aimerais donc prendre quelques minutes pour vous présenter le véritable modèle taïwanais. Je vais le résumer ainsi: premièrement, il y a la préparation en cas de pandémie; deuxièmement, la prise de décisions rapide, coordonnée et proactive; troisièmement, l'élaboration de politiques axées sur la santé, y compris l'institution du contrôle frontalier, de contrôles de la santé à tous les points d'entrée et plus encore; quatrièmement, le recours aux mégadonnées, à l'intelligence artificielle et à la technologie dans son ensemble; cinquièmement, la gestion de la production, de l'acquisition et de la distribution de fournitures médicales essentielles; sixièmement, la diffusion d'information ouverte, exacte, rapide et transparente; et septièmement, la coopération internationale productive et faite de bonne foi.
En fait, trois termes peuvent être utilisés pour décrire le modèle taïwanais: la transparence, la technologie et le travail d'équipe.
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... différentes pratiques clés, alors je pense que nous pouvons trouver les solutions les plus pratiques aux problèmes qui vous préoccupent.
Quelles sont les répercussions de ce confinement, du fait de rester chez soi, de rester là où on ne souhaite généralement pas passer la journée entière? Ce confinement a de nombreuses répercussions sur la santé mentale et physique des gens et des familles, et cela affecte beaucoup de gens, si bien que nous nous en soucions. C'est pourquoi nous essayons également d'obtenir ce type de distanciation dynamique, plutôt qu'une distanciation sociale complète. Avec la distanciation dynamique, vous permettez un certain niveau de détente lorsqu'il s'agit d'une petite réunion, de travailler au bureau, de passer un certain temps dans les lieux publics, notamment.
Encore là, lorsque vous assouplissez les mesures, vous anticipez sûrement que cette épidémie pourrait refaire surface. Je pense que c'est le compromis dont vous devez vous soucier. Cela me ramène à mon argument précédent.
Nous avons un système en place pour gérer la crise. Quand vous le savez, l'augmentation du nombre de cas ne va pas vous hanter. Si vous êtes prêt, vous pouvez y faire face, et vous pouvez garder une sorte d'équilibre avec la revitalisation économique et aussi la distanciation dynamique.
Vous avez parlé d'une deuxième vague. Qu'entend-on par deuxième vague? Je pense que les gens ont des opinions différentes. À mon avis — et c'est également fondé sur la sagesse collective que nous sommes en train de rassembler au Canada et en Corée avec les universitaires et les meilleurs praticiens —, je pense que s'il y a une deuxième vague, ce sera à nous de décider de la façon de la gérer. La deuxième vague ne se produira pas soudainement. Cela dépendra de notre comportement, de nos actions communautaires et de nos actions gouvernementales. Si vous avez tous ces outils en place, vous n'avez pas forcément besoin d'avoir une deuxième vague dans votre pays. C'est mon opinion.
Je pense que dans le cas de la Corée — nous avons moins de 50 cas par jour ces temps-ci, les Coréens sont très préoccupés par même un petit nombre de cas chaque jour. Nous essayons de maintenir le nombre de cas à 20 dans l'ensemble de la Corée. C'est le type de services de renseignements que nous avons en Corée, dont je fais partie. Je suis un Américain, en fait, de par mon statut juridique...
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Merci, monsieur le président.
Chers collègues, honorables députés, je vous remercie de l'invitation à comparaître devant votre comité pour parler de la réponse internationale du Canada à la COVID-19.
Il ne fait aucun doute que nous traversons un moment unique pour une génération. La portée et l'ampleur de cette pandémie ont éprouvé l'ensemble des collectivités, des pays et des institutions internationales, et nous avons tous été affectés, personnellement et professionnellement.
Nous devrons démêler les ramifications sanitaires et socioéconomiques mondiales de cette crise pendant un certain temps encore.
[Français]
En effet, les conséquences de cette pandémie nous pousseront à mettre davantage l'accent sur la diplomatie de la santé, la diplomatie des chaînes d'approvisionnement et la diplomatie de la sécurité économique. Personne ne peut sous-estimer l'importance des implications de cette pandémie pour l'économie et la cybersécurité, ainsi que pour les droits de la personne, l'égalité des genres et, bien évidemment, l'inclusion.
[Traduction]
Nous devons également reconnaître que la pandémie n'est pas survenue dans un vide. En effet, cette crise exacerbe des tendances mondiales existantes, parmi lesquelles la concurrence géopolitique, le protectionnisme montant, l'augmentation des inégalités et les défis aux valeurs démocratiques.
Ici chez nous, la pandémie a obligé le gouvernement à trouver des solutions à des problèmes de nature inédite. Au ministère des Affaires étrangères, la réponse consulaire a bien sûr été la plus visible et la plus exigeante. Des centaines d'employés des consulats et de nos missions à l'étranger ont été redéployés pour organiser le plus important et plus complexe rapatriement en temps de paix de l'histoire de notre nation des voyageurs canadiens bloqués à l'étranger.
Si je parle aujourd'hui de l'élément consulaire de la réponse du Canada, je voudrais toutefois davantage souligner le leadership canadien qui a su formuler les réponses internationales à la pandémie de COVID-19 sur les plans diplomatique, commercial et de l'aide internationale, car ils sont essentiels et prendront plus d'importance à l'avenir.
[Français]
Permettez-moi donc de commencer par la réponse consulaire.
Certaines personnes oublient peut-être qu'avant que la COVID-19 ne devienne une pandémie, Affaires mondiales Canada avait déjà, dès la fin de janvier, rapatrié des centaines de Canadiens de Wuhan et prêté main-forte à des centaines d'autres au Japon, à bord du navire de croisière Diamond Princess. Les choses n'ont fait qu'empirer par la suite. À mesure que le virus se propageait et que les pays du monde entier, dont le Canada, imposaient des contrôles frontaliers rigoureux, nous faisions face à des fermetures d'espace aérien, de frontières et d'aéroports, et même à des restrictions sévères pour le mouvement des voyageurs canadiens dans différents pays du monde.
[Traduction]
Comme je l'ai déjà dit, pendant que le monde appuyait sur « pause », nous avons embrayé à la vitesse supérieure. Je voudrais vous donner quelques chiffres qui devraient vous donner une idée de l'ampleur des efforts que nous avons déployés pour répondre aux besoins des Canadiens en détresse.
En mars, notre Centre de surveillance et d'intervention d'urgence a répondu à des milliers d'appels et de courriels chaque jour. Au début de la crise, nous recevions tous les jours plus de 5 800 appels et plus de 9 000 messages. Le personnel des différents bureaux a été redéployé pour aider à répondre à tous ces appels et ces courriels. Notre réseau de 178 missions à l'étranger a changé son fusil d'épaule pour fournir une aide providentielle sur le terrain aux Canadiens. Les ambassadeurs, les délégués commerciaux et les agents de développement se sont retrouvés à travailler avec leurs collègues des consulats pour réserver des vols et des transports terrestres, fournir des lettres de permission et de dérogation à la quarantaine et organiser des prêts d'urgence. À compter de juin, nous avions organisé le retour sécuritaire de plus de 48 000 voyageurs canadiens à partir de 111 pays, y compris 42 000 personnes sur plus de 400 vols et plus de 6 000 personnes qui étaient en mer à bord de 197 bateaux.
Monsieur le président, je voudrais vraiment profiter de l'occasion pour féliciter et remercier Mme Heather Jeffrey, qui est parmi nous aujourd'hui, pour ce qu'elle a fait merveilleusement bien en tant que dirigeante des agents consulaires. Il s'agissait d'une gestion de crise consulaire à un niveau jamais atteint auparavant dans notre pays, une illustration en temps réel des liens interpersonnels forts et étendus du Canada autour du globe et une remarquable démonstration de résilience par le service étranger du Canada.
[Français]
Parallèlement à cela, malgré les signes inquiétants d'un manque d'action et de solidarité internationales, le Canada a joué, et continue de jouer, un rôle de chef de file dans la coordination et l'élaboration de la réponse mondiale, par l'entremise d'interventions diplomatiques et commerciales rapides et de programmes d'aide internationale. L'engagement clair du à vaincre ce virus partout et à sortir de cette crise plus fort en tant que communauté internationale oriente notre travail. Ces priorités en tête, le premier ministre, mes collègues ministres et moi-même avons tenu des discussions par téléphone et par vidéoconférence avec des centaines de nos homologues dans le monde.
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Merci, monsieur le président.
Depuis le début de la pandémie, la , la et moi-même avons publié 44 déclarations conjointes avec nos partenaires internationaux, en plus de collaborer activement avec d'autres membres du Cabinet pour mener des actions dans le cadre de forums comme le G7, le G20, les Nations unies, la Banque mondiale, le FMI, l'OMC et l'OCDE. Pas moins de 18 réunions du G7 et 12 du G20 de dirigeants et de ministres ont eu lieu, afin de présenter les principes directeurs pour des mesures concrètes, y compris pour s'attaquer au niveau d'endettement élevé des pays en voie de développement.
Dans le cadre de ces efforts, le a piloté deux initiatives mondiales très importantes.
Tout d'abord, le Canada a organisé une conférence des donateurs pour les vaccins et les traitements, conjointement avec les États-Unis et le Japon, qui a recueilli 8 milliards de dollars américains pour mieux tester, traiter et protéger les gens et éviter de propager davantage la COVID-19 dans le monde.
En deuxième lieu, en partenariat avec le premier ministre jamaïcain, M. Andrew Holness, et le Secrétaire général des Nations unies, M. Guterres, le a convoqué une réunion spéciale de haut niveau aux Nations unies pour proposer des solutions à la crise économique et à l'urgence du développement qui ont été précipitées par la pandémie.
En ce qui me concerne, j'ai établi un groupe de coordination ministérielle pour la COVID au tout début de la pandémie. Je voulais m'assurer de pouvoir discuter des pratiques exemplaires, de les coordonner et de les partager. Je l'ai fait avec des collègues d'Australie, d'Allemagne, d'Indonésie, d'Italie, du Maroc, du Pérou, de Singapour, d'Afrique du Sud, de Turquie et du Royaume-Uni. La réunion initiale avait pour but de créer un lieu de rencontre afin de coordonner une réponse aux restrictions de voyages de plus en plus nombreuses, mais ce forum est devenu un canal d'échanges important sur la réponse multinationale, où nous débattions de commerce et de mesures d'urgence, et où nous discutions la façon de maintenir les fameux ponts aériens, de garder les plaques tournantes pour s'assurer que les chaînes d'approvisionnement restaient ouvertes.
Ces efforts ont été assortis du soutien que la a apporté aux entreprises canadiennes pendant cette période extraordinaire d'incertitude mondiale et de resserrement des conditions de crédit.
La a également été au cœur de l'effort international pour des questions telles que faciliter l'accès continu à l'éducation pendant la pandémie, à la santé mondiale, à la sécurité alimentaire, et réduire les répercussions disproportionnées que la pandémie a sur les femmes et les jeunes filles dans le monde. Dès le début du mois d'avril, notre gouvernement a annoncé un financement de 160 millions de dollars en appuis concrets au combat contre la pandémie, allant du renforcement des systèmes de santé dans les pays vulnérables à la sécurité alimentaire, à l'éducation et à la lutte contre la désinformation.
Monsieur le président, sans mesures internationales, ce qui a commencé comme une crise sanitaire aurait pu facilement devenir une crise alimentaire, ce qui aurait mené à une crise humanitaire dans certaines parties du globe. Avec une crise de cette ampleur, il est important que nous réfléchissions à l'architecture mondiale que nous voulons promouvoir et à laquelle nous voulons contribuer pour les générations à venir. Les caractéristiques du système international ont très bien servi les Canadiens au cours des 70 dernières années et continueront d'être fondamentales à la prospérité et à la sécurité des Canadiens. Soyez assurés que le Canada continuera de jouer un rôle actif pour donner forme à cette nouvelle ère, comme nous l'avons fait à d'autres moments marquants de l'histoire.
Je vais conclure mes remarques en présentant des événements qui ont récemment fait l'actualité.
Tout d'abord, il y a la candidature du Canada en vue d'obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies. Si les résultats annoncés mercredi ne correspondent pas à nos espoirs, nous sommes toutefois fiers de la campagne que nous avons menée au cours des quatre dernières années. Je voudrais remercier toutes les équipes qui ont témoigné toute leur passion et donné leur énergie pour promouvoir la candidature canadienne dans le monde. Pour le Canada, cette campagne nous a permis de renouveler et de renforcer nombre de relations bilatérales, qui seront utiles au Canada au cours des prochaines années. Nous continuerons de promouvoir partout nos valeurs et nos principes afin de construire un monde plus paisible, plus inclusif et plus durable. Je voudrais en profiter pour remercier encore une fois tous les hauts fonctionnaires, l'ambassadeur Marc-André Blanchard, les parlementaires et les Canadiens qui ont travaillé d'arrache-pied pour cette candidature pendant toutes ces années. Le Canada est vraiment fier de vous.
Enfin, il y a eu mention récente dans les journaux des hypothèques sur deux appartements que je possède et que je loue à l'étranger. Je voudrais prendre un moment pour aborder cette question ici avec vous aujourd'hui. Conformément à mes obligations de titulaire d'une charge publique, ces deux hypothèques ont été déclarées au Commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique et inscrites au registre public depuis que je me suis lancé en politique, soit il y a plus de quatre ans.
Aucune de ces hypothèques ni aucune de mes autres responsabilités n'a eu la moindre incidence sur mes fonctions de titulaire de charge publique. Pour éviter toute distraction, les deux ont été entièrement repayées et refinancées auprès d'une banque canadienne, et le registre public sera mis à jour en conséquence.
Sur ce, monsieur le président, je m'excuse des petits problèmes techniques, et je serai ravi de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur Fisher.
Je crois que c'est tout à l'honneur de l'équipe, car c'était un travail d'équipe comme nous n'en avons jamais vu auparavant.
Comme je l'ai dit dans mon exposé, c'était le plus grand effort de rapatriement de l'histoire du Canada en temps de paix. Nous n'avons jamais pensé que nous devrions faire face à la fermeture des frontières, des aéroports et de l'espace aérien et que la loi martiale serait imposée dans certains pays dans lesquels nous devions aller chercher des gens.
J'aimerais seulement vous fournir quelques données qui vous feront réfléchir. Depuis le 13 mars, nous avons reçu 104 000 appels et 200 000 courriels. Cela vous donne une idée de la portée et de l'ampleur du travail que nous avons fait. Je crois que nous avons tiré de nombreuses leçons de cette expérience. Nous devrons réfléchir à notre mode de fonctionnement, au rôle des consuls honoraires et à la manière dont nous avons réussi à faire cela.
Je dois ajouter que Mme Heather Jeffrey, qui est ici, ainsi que ma sous-ministre, Mme Morgan, ont fait un travail extraordinaire. Nous avons fait des choses que nous n'avions jamais faites auparavant. Par exemple, nous avons fait de la diplomatie par messages textes. J'ai réussi à faire sortir des gens du Pérou en envoyant des messages textes à mon homologue là-bas et en négociant des droits d'atterrissage. Nous avons réussi à faire sortir des gens du Maroc en envoyant des messages textes au ministre pour lui dire qu'il nous fallait un vol supplémentaire.
Lorsque j'ai créé le Groupe de coordination ministérielle sur la COVID-19, c'était vraiment pour essayer de relever ces défis ensemble. J'ai invité le Maroc et le Pérou à faire partie de notre groupe. En effet, notre pays, ceux de l'Union européenne et de nombreux autres pays faisaient face aux mêmes difficultés.
Encore une fois, j'aimerais remercier les personnes qui ont travaillé aux premières lignes et le personnel de nos ambassades. Tout le monde est devenu fonctionnaire consulaire. Nous avons fait le nécessaire et je suis extrêmement fier du travail accompli. À un certain moment, il y avait 600 personnes dans notre centre d'opérations. Cet effort a été vraiment extraordinaire et cela montre que lorsque nous le voulons, nous sommes capables de faire de grandes choses ensemble. Le mérite et la reconnaissance reviennent aux travailleurs de première ligne qui ont passé d'innombrables heures à aider d'autres Canadiens.
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Je vous remercie de votre question, monsieur Fisher. J'aimerais également remercier tous les parlementaires de leur travail.
Pour revenir à votre question précédente, c'était réellement le travail d'Équipe Canada. J'ai reçu le même nombre de questions de tous les côtés de la Chambre. Nous avons aidé tous les députés. Je crois qu'à un certain moment, je recevais 600 messages par jour de députés qui nous demandaient d'intervenir pour aider leurs électeurs, et je dois dire que c'était probablement l'un des moments dont nous sommes le plus fiers, car tous les parlementaires ont travaillé ensemble pour aider les Canadiens.
En ce qui concerne votre question sur les voyages, pas plus tard qu'hier, j'ai communiqué avec mon homologue allemand. Je me suis entretenu avec le haut représentant des Affaires étrangères de l'Union européenne, M. Josep Borrell, qui est mon collègue. Nous avons souvent parlé des mesures prises par l'Union européenne, par exemple, pour rouvrir les frontières.
Manifestement, en ce qui nous concerne, notre géographie nous oblige à prendre des mesures pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens. C'est évidemment primordial, mais nous regardons aussi ce que font les autres pays. Comme vous le savez, nous avons été en communication avec nos homologues américains et européens. Nous examinons certaines des pratiques exemplaires qui ont été utilisées, par exemple, dans les pays nordiques et dans les pays Baltes, pour voir quelles mesures d'autres pays ont mises en œuvre.
Je suis également en communication avec les transporteurs aériens. Je comprends que la reprise des voyages internationaux est importante pour eux, et nous essayons donc d'équilibrer tous ces éléments. Toutefois, je peux vous assurer que nous protégeons d'abord et avant tout la santé et la sécurité des Canadiens, et que nous veillons à ce que tous les processus appropriés soient en place. Nous envisageons une réouverture graduelle le moment venu, mais cela fait actuellement l'objet d'une discussion entre les ministres des Affaires étrangères du monde entier.