Bienvenue à la 24e séance du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi du 26 mai 2020, le Comité poursuit aujourd'hui sa séance d'information sur la réponse canadienne à l'éclosion du coronavirus.
Conformément à la motion adoptée par la Chambre le 26 mai 2020, le Comité pourra continuer à siéger pratiquement jusqu'au lundi 21 septembre 2020 pour examiner des questions liées à la pandémie de la COVID-19 et à d'autres sujets. En plus de recueillir des témoignages, le Comité peut désormais examiner aussi des motions, qui seront décidées par un vote par appel nominal. Enfin, la Chambre a également autorisé notre comité à mener certaines de ses délibérations à huis clos dans le but précis d'étudier des projets de rapport ou de procéder à la sélection des témoins.
Afin de faciliter le travail de nos interprètes et d'assurer le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous exposer quelques règles à suivre.
Pendant cette vidéoconférence, l'interprétation se fera à peu près comme dans une séance normale du Comité. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français. Veuillez parler lentement et clairement, en vous assurant de garder votre micro devant votre bouche, conformément aux instructions reçues lors de la vérification du son.
Si vous avez l'intention de vous exprimer dans les deux langues officielles, assurez-vous de sélectionner la langue appropriée avant de commencer à parler. Par exemple, si vous voulez parler en anglais, choisissez le canal anglais avant d'intervenir. Cela garantira une meilleure qualité de son pour l'interprétation. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole, sauf pendant la période des questions, auquel cas les témoins peuvent intervenir comme il se doit pour répondre aux questions des députés. Quand vous êtes prêt à parler, cliquez sur l'icône du microphone afin d'activer votre micro. Si des membres du Comité veulent demander la parole en dehors de la période d'intervention qui leur est réservée, ils devront activer leur micro et déclarer qu'ils invoquent le Règlement. Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être faites par l'entremise du président. En cas de difficultés techniques, alertez sans tarder le président ou la greffière, et notre équipe technique se chargera de faire le nécessaire.
Je voudrais également attirer votre attention sur le coin supérieur droit de votre écran. Vous pouvez choisir entre l'affichage par intervenant et l'affichage galerie, si vous utilisez un ordinateur. Si vous choisissez l'affichage galerie, vous serez en mesure de voir tous les participants dans une grille. Ainsi, tous les participants à la vidéoconférence pourront se voir les uns les autres.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Chacun d'eux disposera de 10 minutes pour faire une déclaration préliminaire, après quoi il y aura, comme d'habitude, les séries de questions des députés.
Nous accueillons Angela Marie MacDougall, directrice générale de l'organisme Battered Women's Support Services. Nous recevons également Conrad Sauvé, président et chef de la direction de la Croix-Rouge canadienne. Il y a aussi Fiona York, coordinatrice et administratrice du Carnegie Community Action Project. Nous accueillons également le Dr Homer Tien, président-directeur général d'Ornge. Enfin, nous entendrons Nancy Polsinelli, dirigeante principale administrative par intérim de la Région de Peel.
Nous allons commencer par Mme MacDougall.
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Bonjour et merci, monsieur le président, madame la greffière, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Créé en 1979, l'organisme Battered Women's Support Services, ou BWSS, a pour mission de mettre fin à la violence sexiste en changeant les idéologies historiques à la base de la discrimination à l'égard des femmes grâce à l'éducation, à la défense des droits et aux services de soutien afin d'aider les femmes touchées par la violence sexiste. Notre objectif est d'éliminer la violence et de travailler dans une perspective intersectionnelle axée sur le féminisme, la lutte contre l'oppression et la décolonisation, le tout en vue de favoriser l'équité et l'émancipation pour toutes les femmes.
Basé à Vancouver, en Colombie-Britannique, BWSS est un organisme de bienfaisance non partisan, constitué en société à but non lucratif à l'échelle fédérale. Nos activités sont dirigées par un conseil d'administration indépendant, et nous travaillons en collaboration avec des organismes semblables partout au Canada et à l'étranger.
Au cours des 17 dernières années, BWSS a acquis un savoir-faire unique et mis au point une approche intersectionnelle qui tient compte du chevauchement des identités et des facteurs d'oppression complexes, ainsi que des désavantages qui ont une incidence sur les femmes et qui contribuent à leur assujettissement et à leur vulnérabilité à la violence sexiste, notamment à la violence domestique et sexualisée.
Nous accomplissons notre mandat par la prestation directe de services. Ainsi, en 2019, nous avons répondu à plus de 18 000 demandes de services, ce qui comprend notre ligne d'écoute téléphonique, nos services de counselling, nos groupes de soutien, nos services juridiques et de défense des droits, nos services d'aide à l'emploi, ainsi que nos programmes pour les femmes autochtones, les femmes noires et les femmes latino-américaines.
Nous proposons également des formations axées sur les compétences pour les professionnels, les systèmes et groupes communautaires, les bénévoles et d'autres personnes. Les ateliers de formation et les ateliers pédagogiques sont fondés sur des cadres théoriques rigoureux qui englobent la théorie et la pratique en matière de traumatismes, de socioculture et d'intersectionnalité.
Nos actions sont menées sur les fronts juridique, institutionnel et systémique et elles visent à améliorer le statut des femmes au Canada et à répondre à la violence sexiste.
Je parle aujourd'hui au nom des Battered Women's Support Services — ou, si vous voulez, les services de soutien aux femmes battues —, par l'intermédiaire desquels notre équipe de bénévoles et d'employés fournit des services de soutien de première ligne pour venir en aide aux survivantes de la violence sexiste. Pratiquement, cela signifie des interventions en situation de crise, du counselling et des services de représentation juridique.
Comme c'est le cas avec des services comme les nôtres ailleurs en Colombie-Britannique et au Canada, les femmes qui s'adressent à nous sont aux prises avec la violence faite aux femmes et la violence sexiste — notamment la violence domestique et sexuelle —, la pauvreté, des logements insalubres et précaires, la toxicomanie et les problèmes de santé mentale, le travail du sexe et l'exploitation sexuelle, ainsi que des systèmes immunitaires mal en point, résultat de l'exposition à l'ensemble de ces facteurs.
Pour les femmes de nos communautés, la pandémie de COVID-19 amène son lot de problèmes particuliers. Nos services et nos programmes constituent la réponse communautaire vitale qui peut changer le cours des choses. Le travail de nos organismes consiste notamment à réduire l'isolement et à fournir des services de soutien essentiels qui améliorent la sécurité des femmes et les maintiennent en vie. Nos services de soutien couvrent les interventions en cas de crise, de violence domestique et de violence sexuelle.
L'année dernière, j'ai eu le privilège de me rendre en Chine et, grâce à ces contacts et réseaux, nous avons appris que la quarantaine donnait lieu à une augmentation des cas de violence domestique. Nos homologues chinois ont cité la pandémie de COVID-19 comme étant la principale cause dans 90 % des cas. Les observations de nos homologues chinois à Pékin, Guangzhou et Jinzhou ont été sans équivoque. Il est important d'assurer le maintien des services, d'étendre ou de modifier les services existants et de prendre toutes les mesures possibles pour informer les femmes des services offerts.
Au début du mois de mars, les services d'aide aux femmes battues ont réfléchi à ces taux de violence potentiellement accrus et se sont efforcés de faire face à ce problème. Nous savons à quel point il est important d'être souples et créatifs, et c'est pourquoi nous avons étendu notre offre de services directs pour couvrir les 24 heures de l'horloge et les 7 jours de la semaine. Nous avons ajouté la possibilité de nous contacter par courriel ainsi qu'un numéro d'appel gratuit.
Nous avons consacré la page d'accueil de notre site Web à la COVID-19 et nous en avons profité pour y relayer des informations spécifiques à la violence, notamment des plans de sécurité, des indications sur la façon d'aider une amie, une voisine ou un membre de la famille, ainsi qu'une liste de refuges et de logements de transition au Canada et à l'étranger. Nous poursuivons la mise en œuvre de notre plan de communication exhaustif en utilisant les médias sociaux et les médias grand public, la publicité, les blogues et les courriels.
Nous avons plaidé aussi fermement que possible auprès des administrations municipales, des gouvernements provinciaux et du gouvernement fédéral afin que l'on nous accorde un financement sans restriction pour nous permettre d'acheter des fournitures, de modifier nos services et d'accroître notre effectif. Nous avons cherché à nous engager auprès des bureaux de santé provinciaux et fédéraux pour les inciter à diffuser des messages sur leurs plateformes afin d'informer les victimes de violence sexiste que leur sécurité physique est plus importante que la distanciation sociale, et qu'elles devraient solliciter de l'aide en téléphonant à une ligne de crise ou en envoyant un texto.
Nous continuons à utiliser des mesures originales pour mener des actions de sensibilisation et de suivi par le truchement de réseaux à distance, et nous maintenons notre bureau physique pour les visites sans rendez-vous et les rendez-vous individuels en personne.
Grâce à ces efforts, la demande pour nos services a augmenté de plus de 300 %. Les appels se sont répartis en sept thèmes généraux: les femmes qui se sont sorties d'une relation de violence et chez qui les réactions post-traumatiques et les tendances suicidaires ont augmenté; les femmes qui vivent actuellement avec un partenaire violent et qui cherchent des moyens d'assurer leur sécurité et de comprendre leur situation; les collègues de travail des femmes qui vivent avec un partenaire violent et dont le travail à domicile a eu un impact sur leur capacité à les aider comme elles le faisaient avant le confinement; les membres de la famille qui veulent savoir comment ils peuvent aider leur sœur, leur mère, leur tante, leur cousine, qu'ils savent être dans une relation de violence; les voisins qui avaient déjà eu connaissance ou qui venaient de prendre connaissance de l'existence d'une femme dans leur immeuble ou leur communauté et qui cherchaient des solutions; des professionnels qui voulaient être consultés sur la manière dont ils pouvaient aider leurs clients dans le cadre de COVID-19; et des enfants et des jeunes qui, toute leur vie, avaient été témoins de la violence faite à leur mère et qui appelaient pour discuter de la manière dont ils pouvaient planifier leur sécurité, celle de leur mère et celle de leurs frères et sœurs.
Les facteurs contributifs que nous avons identifiés grâce à notre travail de première ligne des trois derniers mois sont l'insécurité économique et le stress lié à la pauvreté; l'impact très réel de l'isolement social et de la quarantaine; l'augmentation de la consommation d'alcool et d'autres substances, licites et illicites; l'exposition à des relations d'exploitation; la réduction de la disponibilité des services de santé et de l'accès aux premiers intervenants; la réduction des contacts avec les écoles, les voisins, les coiffeurs, etc.; la peur de demander de l'aide ou de quitter la maison; l'incapacité à échapper temporairement à des relations abusives et à des partenaires abusifs; et l'exposition à une violence permanente, y compris la violence dans la communauté, comme le harcèlement sexuel de la part des propriétaires. Les femmes ont été profondément touchées par la réduction des services, chacun des organismes de services étant lui-même occupé à répondre à ses propres besoins en matière de personnel et de distanciation sociale. Il convient aussi de mentionner qu'au début de l'application des consignes de distanciation sociale, le soutien financier faisait cruellement défaut.
Dans le passé, les femmes contactaient leur service de soutien par téléphone lorsqu'elles ou leur partenaire violent étaient au travail ou en dehors de la maison. Avec les restrictions liées à la COVID-19, les femmes ont moins de possibilités de quitter la maison et, par conséquent, les occasions qu'elles ont d'appeler un service de soutien, tel qu'un refuge, s'en trouvent réduites. De nombreux refuges et de nombreuses maisons de transition sont des espaces de vie communs, avec des cuisines, des buanderies et des aires communes. Dans certains cas, les chambres sont partagées et, dans la plupart des cas, les salles de bain le sont aussi. Ce type d'environnement n'est pas propice à la distanciation sociale, et de nombreuses femmes que nous avons placées dans des maisons de transition sont parties, invoquant un trop grand isolement pendant le confinement. Voyant cela, nous avons fait appel au secteur privé — tout en continuant de travailler avec les maisons de transition — et nous disposons maintenant d'un étage de chambres dans un hôtel de Vancouver, où nous avons placé 15 femmes et 6 enfants sur une base temporaire.
Au resserrement des mesures de quarantaine à domicile liées à la COVID-19 s'ajoute le fait que les partenaires abusifs utilisent l'isolement, la coercition, les menaces, la violence psychologique, l'exploitation financière, la maltraitance des enfants et des animaux de compagnie ainsi que leurs privilèges pour maximiser leur pouvoir et leur contrôle, et exercer de la violence sur leurs victimes. Et cette violence fait des morts.
En un mois, il y a eu 11 meurtres de femmes. Le 1er avril, une femme de 41 ans a été assassinée par son partenaire de 35 ans, en Ontario. Le 1er avril, une femme de 33 ans a été tuée par son partenaire domestique à Brockville, en Ontario. Le 2 avril, Tracey MacKenzie a été tuée par son partenaire à Hammonds Plains, en Nouvelle-Écosse. Le 8 avril, Tina Seminara, 61 ans, a été agressée par son mari à Osoyoos, en Colombie-Britannique, et elle est morte une semaine plus tard des suites de ses blessures. Le 11 avril, Julie Racette, une femme de 33 ans, a été tuée par son partenaire à Winnipeg, au Manitoba.
Le 17 avril, une femme a été agressée à Portapique, en Nouvelle-Écosse, par son conjoint de fait de longue date. Elle a réussi à s'échapper et s'est cachée dans les bois. L'homme s'est alors lancé dans ce qui est devenu la fusillade de masse la plus meurtrière de l'histoire du Canada, tuant 22 personnes en tout. Le même homme avait l'intention de tuer son ex-femme. Brittany Ann Meszaros, 24 ans, a été tuée par son conjoint de fait à Calgary le 27 avril. Le 1er mai, Tina Tingley-McAleer, une femme de 43 ans dont on a dit qu'elle était une sœur extraordinaire et mère formidable a été tuée par son partenaire domestique à Hillsborough, au Nouveau-Brunswick. Le 4 mai, dans la campagne du comté de Strathcona, en Alberta, Lois Paterson-Gartner, 55 ans, et sa fille de 13 ans ont péri dans un meurtre-suicide perpétré par un homme avec qui elles vivaient.
Le nombre de meurtres commis ces derniers temps constitue un pic statistique dans la violence meurtrière des misogynes. Il appartient au Canada de renforcer la matrice communautaire des services de lutte contre la violence à l'égard des femmes et des hommes. Pour nous, peu importe qu'il s'agisse de la période qui a précédé la COVID-19 ou de maintenant, avec le relâchement des mesures de distanciation sociale, nous continuons à faire notre travail. Nous savons que la violence sexiste était déjà une pandémie. Notre travail sur la ligne de front nous a appris que pour chaque femme qui est tuée, des milliers d'autres vivent dans la peur.
Je vous remercie.
:
Bonsoir, monsieur le président. Je vous remercie de m'accueillir parmi vous.
Je m'appelle Conrad Sauvé et je suis président et chef de la direction de la Croix-Rouge canadienne. Je suis honoré d'être ici aujourd'hui pour vous présenter un aperçu de l'important travail, expliqué dans les documents que vous avez reçus, que la Croix-Rouge canadienne effectue partout au Canada pour apporter un soutien à nos concitoyens et aux communautés, ainsi que pour épauler les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral dans la réponse à la pandémie de la COVID-19.
[Traduction]
S'il est vrai que nous avons progressivement bonifié nos mesures d'intervention face à cette situation et nos réponses aux risques de catastrophes naturelles ici au Canada, l'ampleur et la portée de la réponse actuelle sont sans précédent dans notre histoire. Nous avons réagi dès les premiers jours de l'épidémie en prêtant main-forte à l'Agence de la santé publique du Canada avec l'aide qu'elle prodiguait aux quelque 1 200 voyageurs et membres d'équipage canadiens qui avaient été mis en quarantaine à Trenton et à Cornwall, ainsi qu'en fournissant un soutien psychosocial au Japon pour les cinquante et quelques Canadiens qui se trouvaient dans 40 différents hôpitaux du pays.
Il est important de noter que nous avions la capacité et le savoir-faire nécessaires puisque, ces dernières années, nous avons été engagés au niveau international — grâce au soutien du gouvernement canadien — dans le déploiement de cliniques pour le choléra et le virus Ebola. Nous avons réaffecté nos experts internationaux en santé pour prêter main-forte, lors des premières étapes de la réponse à la quarantaine, à la mise en place, avec les agences de santé publique, des protocoles appropriés pour garantir à notre personnel, à nos volontaires et à ceux que nous aidions que cela puisse se faire en toute sécurité.
Nous sommes également en partenariat avec Affaires mondiales Canada pour soutenir l'envoi et la réception de dons internationaux et d'équipements de protection.
[Français]
C'est sans compter le fait que la Croix-Rouge continue de venir en aide par différents moyens aux personnes âgées ou vulnérables ici même, partout au Canada.
À Toronto, par exemple, nous avons distribué plus de 5 000 paniers de victuailles à des personnes âgées ou vulnérables qui ne pouvaient pas sortir de chez elles.
À Ottawa, nous avons lancé un programme de soutien à domicile et nous avons rendu visite à près de 3 000 personnes âgées pour nous assurer qu'elles avaient ce dont elles avaient besoin.
En collaboration avec Services aux Autochtones Canada, nous avons créé un centre virtuel d'opérations pour pouvoir offrir des renseignements, de l'aide, de l'orientation et du soutien en santé mentale aux communautés autochtones du pays.
Depuis plusieurs semaines, la Croix-Rouge offre du soutien aux centres pour personnes âgées à Montréal, particulièrement dans l'Ouest de l'île. Notre soutien s'articule autour de trois axes: le recrutement de personnel, qui est une préoccupation majeure; la formation du personnel et des bénévoles qui vont dans les établissements; et le déploiement de personnel dans différents établissements pour veiller à ce que le contrôle des mesures de prévention des infections soit adéquat. Nous avons commencé par huit établissements de santé et en sommes rendus à plus de quarante. La demande ne cesse de croître et nous sommes même en train d'étudier avec le gouvernement de l'Ontario la possibilité de déployer des équipes similaires dans cette province.
Notre travail avec Emploi et Développement social Canada est un autre volet très important de nos activités. Dès les premiers jours, nous avons parlé de l'importance d'offrir de la formation et du matériel de protection, non seulement dans les différents établissements, mais aussi dans le milieu communautaire.
Nous avons maintenant un programme de soutien qui comprend de l'équipement de protection individuelle pour le secteur communautaire et de la formation. Il vise environ 5 000 organisations. Nous avons aussi un programme de financement pour les organisations sans but lucratif qui n'ont pas le statut d'organisme de charité. Ce programme vient tout juste d'être lancé.
[Traduction]
Comme vous pouvez le voir, nos opérations se sont considérablement développées dans tout le pays, mais ce n'est pas parce que nous sommes aux prises avec la COVID-19 qu'il n'y a plus de catastrophes naturelles. Bien sûr, nous sommes actuellement actifs dans de nombreux endroits. Nous sommes à Fort McMurray, où ont eu lieu des inondations. À la demande du gouvernement de la Nouvelle-Écosse, nous collectons des fonds pour les victimes de la terrible tragédie qui s'est produite là-bas et dont il a été question plus tôt.
Ces événements nous rappellent qu'il y a des facteurs que nous pouvons prévoir dans notre réponse, mais qu'il y a aussi de nombreux risques que nous ne pouvons pas prévoir. Je n'entrerai pas dans tous les types d'interventions que la Croix-Rouge a été appelée à déployer, mais si nous pensons à ce qui nous attend et aux réponses qui seront nécessaires, il y a vraiment trois domaines dans lesquels nous pouvons continuer à investir.
Tout d'abord, nous devons mettre l'accent sur les populations vulnérables, non seulement dans les établissements, mais aussi en société. Nous travaillons à Toronto et à Ottawa, et nous faisons du porte-à-porte dans certaines communautés. Nous devons déterminer et comprendre où se trouvent les personnes vulnérables, pas seulement pendant ces épisodes, mais en permanence. Nous effectuons également des appels amicaux dans tout le pays pour nous assurer que les gens sont en sécurité dans les communautés où ils vivent. Nous constatons que la sensibilisation — ce que nous faisons dans la région d'Ottawa, par exemple — est essentielle.
Dans le cas de la COVID-19, nous avons déployé une partie de notre [Difficultés techniques] que nous avons achetée. Dans ce domaine, nous avons un savoir-faire qui se conjugue à l'international. Comme cela a été financé par Affaires mondiales Canada, nous pouvons travailler à l'échelle mondiale. Nous avons déployé des hôpitaux de campagne dans de nombreuses régions, du Népal aux Philippines en passant par le Congo. Comme je l'ai déjà dit, nous gérons également des cliniques pour la lutte contre l'Ebola et des cliniques de traitement du choléra.
C'est la première fois que nous déployons ce matériel au Canada. Nous avons déployé une partie de notre hôpital de campagne à Vancouver et à Montréal, et nous venons en aide aux collectivités du nord grâce à une unité mobile. Il est évident que nous devons aussi envisager à nouveau de renforcer nos capacités d'intervention au niveau national. Nous cherchons à travailler avec les provinces afin de déterminer la nature des besoins futurs.
Nous avons bonifié nos opérations dans tout le pays, mais il ne faut pas oublier que nous devons faire face à un mélange de pandémie et de catastrophes naturelles. Nous devons donc réfléchir à la manière d'augmenter notre capacité de base et à l'ampleur de la capacité de base que nous allons devoir maintenir pour aider les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral à progresser.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci.
:
Cette situation a fait augmenter le nombre de sans-abri qui se réfugient normalement chez des amis ou des parents. Selon une estimation, il y aurait jusqu'à 400 sans-abri de plus en raison de l'interdiction de recevoir des invités. Aussi, la capacité des refuges est réduite jusqu'à 50 %, ce qui signifie encore plus de gens dans la rue.
Les cohabitats privés sont souvent mal entretenus et ont des salles de bain et cuisine communes, ce qui signifie que les résidents sont en contact étroit et incapables de s'isoler de façon sûre. Les fonds accordés par le gouvernement ont permis d'offrir des repas et des services d'entretien ménager dans seulement 11 de ces cohabitats, et cette aide prendra bientôt fin.
Des pairs et des groupes sans but lucratif fournissent des repas, des fournitures, des renseignements et du soutien aux personnes qui vivent dans des tentes, dans la rue et dans un logement inadéquat du quartier Downtown Eastside. Plus de 10 000 repas et trousses d'hygiène ont été distribués par les bénévoles du Carnegie Community Action Project.
Une fois la crise passée, le logement doit être radicalement repensé. La pénurie de logements est dévastatrice et contribue à des décès provoqués par l'exposition aux éléments, la violence, la surconsommation de substances et une mauvaise santé. Il est maintenant on ne peut plus clair que le logement est essentiel au soutien des personnes les plus vulnérables.
La demande en chambres d'hôtel du gouvernement provincial et de l'administration municipale a permis de procéder à l'évacuation ciblée du village de tentes dans le parc Oppenheimer, ce qui laissait en plan des personnes parmi les plus à risque et dans le besoin par rapport au coronavirus.
En tenant compte de la population itinérante, des nouveaux sans-abri et des personnes qui vivent dans un cohabitat ou un refuge, il faudrait près de 9 000 chambres d'hôtel; on en a offert 262 aux occupants du parc Oppenheimer, pour un total rapporté de 638 chambres.
La fermeture de la frontière empêche l'entrée au pays de drogues illicites, et les drogues sont devenues encore plus mortelles. Plusieurs sites de prévention des surdoses ou SPS ont fermé leurs portes, et le recours aux SPS a chuté de 6 000 à 2 000 visites par semaine. Les surdoses ont grimpé en flèche en mars, avec huit décès en une semaine. Des mesures d'approvisionnement sûr ont contribué à remédier à la crise, mais rien ne confirme que ces mesures se poursuivront après la pandémie.
Les travailleuses du sexe sont aussi touchées de manière disproportionnée par la COVID-19. Les travailleuses du sexe se retrouvent malgré elles dans des situations plus risquées, ne peuvent pas travailler de la maison en raison de l'interdiction de recevoir des invités et se retrouvent sans revenu.
Le manque de communication et d'accès Internet accentue le manque de sécurité et de renseignements en santé. Les centres communautaires, les bibliothèques et les haltes de jour sont fermés, ce qui élimine des points d'accès à l'information, aux téléphones, aux prises de recharge de téléphone, à la connexion wifi et à Internet, et du coup pousse les gens dans la rue. D'un côté du pâté de maisons au coin des rues Hastings et Main, on a compté 167 personnes. Vu cet entassement forcé, l'éloignement physique et le respect des directives sanitaires ne sont pas possibles.
Les groupes communautaires ont demandé l'ouverture des rues aux piétons afin que les personnes déplacées puissent avoir d'autres espaces où aller, de même que la fermeture d'un tronçon de la rue Hastings à la circulation automobile non urgente. Une fois de plus, ce sont les plus vulnérables et, de façon disproportionnée, les Autochtones et les victimes de traumatismes, de pauvreté et du colonialisme, qui sont déplacés des espaces publics, des points de service, des logements, des refuges et des parcs.
Cette promiscuité extérieure est gérée par des mesures policières excessives. Le recours abusif à l'intervention policière ou sa mauvaise utilisation est une façon de répondre à une communauté confrontée à une pandémie, à des fermetures sans précédent et à un manque de soutien. C'est une façon de la contrôler et, une fois de plus, de stigmatiser et de pathologiser ceux qui sont le plus dans le besoin.
Le manque de services de jour et en établissement a aussi entraîné des bris majeurs dans les toilettes et installations sanitaires. Des postes de lavage des mains et des toilettes chimiques ont été installés dans la rue Hastings et à quelques autres endroits. Ces installations inadéquates ont entraîné deux décès en deux semaines, y compris celui d'un bébé qu'on a retrouvé sans vie dans une toilette chimique.
Beaucoup de pairs se sont retrouvés sans travail quand les installations et les services ont fermé. Les membres de la communauté survivent grâce à des revenus extrêmement faibles et les petites sommes tirées du travail par les pairs sont des suppléments essentiels.
La sécurité alimentaire s'est immédiatement avérée une des préoccupations principales durant la pandémie et elle le demeure vu le très grand nombre d'installations et de ressources de jour qui sont fermées. Les membres de la communauté et les groupes communautaires ont réagi en faisant des dons en argent, des dons en nature et en soutenant les programmes locaux de popote roulante.
Les problèmes relatifs au logement, à la sécurité alimentaire, aux toilettes et au lavage des mains ne pouvaient être plus évidents qu'au village de tentes du parc Oppenheimer. Jusqu'en mai, il y avait plus de 200 tentes et 250 personnes dans le parc Oppenheimer. Le gouvernement provincial a annoncé le 25 avril qu'il allait se prévaloir des hôtels pour accueillir en toute sécurité les sans-abri, ce qui était bienvenu, mais vraiment pas suffisant et visait clairement à éliminer la tare bien visible de l'itinérance dans le parc Oppenheimer.
Une fois de plus, les chambres d'hôtel et les unités de cohabitat ont été réservées aux occupants du parc sans tenir compte d'autres personnes qui étaient bien plus à risque et dans le besoin.
Les hôtels proposés ne répondaient pas aux besoins de la communauté ou à sa rétroaction. Beaucoup de personnes vulnérables ne pouvaient pas y loger en raison de politiques restrictives imposées aux invités, de l'interdiction d'avoir un animal de compagnie ou un conjoint, et de règles punitives et restrictives.
Quarante membres de la communauté qui n'avaient pas de logement ou étaient mal logés dans la foulée de l'évacuation du parc Oppenheimer et bien d'autres sans-abri ont constitué un nouveau village de tentes dans le stationnement du parc CRAB, qui appartient au gouvernement fédéral et est situé à proximité du quartier Downtown Eastside. On tarde à modifier les règlements sur les parcs de Vancouver afin de permettre le camping de nuit comme l'exige le gouvernement provincial, et les balayeuses de chaussées déplacent quotidiennement les gens qui dorment dans la rue. Nombre d'entre eux n'ont tout simplement nulle part où aller.
Voici mes recommandations:
L'adoption par le gouvernement fédéral d'un plan national et la collaboration de tous les ordres de gouvernement pour héberger immédiatement les sans-abri en retenant les chambres d'hôtel vides à l'intention des sans-abri et des gens mal logés. Prendre le contrôle des hôtels maintenant et en faire des logements permanents.
Héberger les plus vulnérables, et non seulement les plus visibles. Nous devons suivre l'exemple d'autres villes en effectuant un triage afin d'héberger les personnes qui présentent les facteurs de risque les plus élevés, ceux qui ont plus de 65 ans et qui ont des troubles de santé sous-jacents.
Avoir un dialogue ouvert et honnête sur tout plan d'hébergement pour les membres des Premières Nations en milieu urbain et sur le plan à venir pour fournir aux familles dans les réserves des foyers munis de tous les services de base, y compris de l'eau potable.
Rendre des logements accessibles à plus de 2 000 personnes qui vivent dans la rue, surtout pendant la crise du coronavirus, et garantir les fonds fédéraux nécessaires à l'ouverture des chambres des hôtels Balmoral et Regent, ce qui permettrait aux résidents du centre-ville d'avoir un toit dans une communauté de services qu'ils connaissent.
La Stratégie nationale sur le logement ne propose que de réduire l'itinérance de 50 % en 20 ans. Nous avons plutôt besoin que le gouvernement fédéral s'engage à prévenir et à éliminer l'itinérance en augmentant ses investissements dans les interventions communautaires contre l'itinérance.
Nous recommandons la construction de plus de 300 000 unités de logement abordable au taux de base et une meilleure aide au logement pour les Canadiens à faible revenu.
Nous recommandons la mise en œuvre concrète du droit au logement. Il faut acheter ou construire dès maintenant 3 000 résidences accessibles au taux de base.
Concevoir et financer une stratégie d'acquisition dynamique et travailler en partenariat avec les gouvernements provinciaux, les administrations municipales et les organismes sans but lucratif pour acheter dès maintenant des propriétés et des actifs destinés à servir de logement abordable.
Empêcher les personnes à la bourse bien garnie de faire main basse sur les actifs et prévoir des protections contre l'achat de propriétés par des procédés déloyaux.
Concrétiser la réconciliation grâce à des échanges respectueux avec les Autochtones, l'absence de tout pipeline sur des terres non cédées et l'application des recommandations de Red Women Rising, de l'ONU dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et de la Commission de vérité et de réconciliation.
Puisque les Autochtones en milieu urbain sont surreprésentés chez les sans-abri, le gouvernement fédéral doit adopter une stratégie nationale qui cible cette population, en veillant à ce que cette stratégie soit menée par des Autochtones pour les Autochtones.
Éviter de redéplacer les Autochtones qui sont sur des terres non cédées en les évinçant des terres ou des espaces de la Couronne où ils sont installés. Il faut laisser les sans-abri, qui sont surtout des Autochtones, dans le stationnement du parc CRAB, où ils sont en sécurité pour l'instant. Il y a toutefois risque d'injonction, ce qui les enverrait dans les rues et les allées, qui sont plus dangereuses.
Mettre en œuvre le protocole national sur les campements rédigé par Leilani Farha, ancienne rapporteuse spéciale sur le logement convenable des Nations unies.
Investir dans l'encadrement des pairs pour veiller à l'efficacité et à la nature appropriée de toute intervention contre l'itinérance.
Collaborer avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour fournir les quantités adéquates d'équipement de protection individuelle aux pairs et aux travailleurs de première ligne.
Enfin, assurer l'accès à un approvisionnement vraiment sûr. La crise des opioïdes demeure la plus grande menace pour la santé et la sécurité dans le quartier Downtown Eastside.
Merci beaucoup de votre attention.
Bonjour. Je vous remercie de nous donner l'occasion de témoigner aujourd'hui devant le Comité permanent de la santé dans le cadre de la séance d'information sur la réponse canadienne à l'éclosion du coronavirus.
Je m'appelle Homer Tien. Je suis président-directeur général d'Ornge, le fournisseur de services de transport en soins intensifs et d’ambulance aérienne de la province de l'Ontario. J'ai accédé à mon poste en janvier 2020 après avoir été médecin hygiéniste en chef de l'organisation pendant cinq ans. Chirurgien de formation, j'étais auparavant directeur médical de l'unité de traumatologie du Sunnybrook Health Sciences Centre de Toronto, où je pratique toujours la chirurgie traumatologique.
Je cumule également 25 ans de service dans les Forces armées canadiennes. J'ai pris ma retraite en 2015 avec le grade de colonel après plusieurs déploiements dans les hôpitaux de campagne en ex-Yougoslavie et en Afghanistan.
Je représente aujourd'hui l'équipe d'Ornge composée de plus de 600 personnes. Nous sommes la plus grande organisation de transport en soins intensifs et d'ambulance aérienne au Canada et effectuons en moyenne 20 000 transports de patients par année.
Ornge fait partie intégrante du réseau de la santé ontarien, qui est fondé sur un modèle en étoile. Ainsi, les patients sont transportés des établissements plus modestes des communautés rurales et éloignées aux hôpitaux plus imposants où ils reçoivent des soins plus spécialisés. Puis, pour permettre à ces hôpitaux d'accueillir les prochains patients, ces personnes dûment traitées sont ensuite renvoyées à leur hôpital d'attache quand on le juge opportun et sûr.
Plus de 90 % de notre travail a trait à ce type de transport entre les établissements. Pour accomplir notre mission, nous avons une flotte composée d'hélicoptères, d'aéronefs à voilure fixe et d'ambulances terrestres dotées d'ambulanciers et de pilotes d'une grande compétence. Ces derniers sont secondés par des techniciens d'entretien d'aéronef, des agents chargés des communications, des médecins et des membres du personnel administratif.
Nous sommes présents dans 11 communautés ontariennes et notre siège social se trouve à Mississauga.
Aujourd'hui, j'aimerais vous communiquer les détails de notre réponse opérationnelle à la pandémie de COVID-19 et formuler quelques idées à l'intention du Comité.
Soigner de façon efficace et sûre un patient dans un environnement mobile pose son lot de difficultés. Nous devons conduire le bon patient au bon endroit avec le bon véhicule et le bon équipage au bon moment, et ce, de façon sûre et efficace. Dans le cas du transport aérien, nous devons aussi compter sur une météo favorable.
De nouvelles complications se sont ajoutées avec la COVID-19. Nous devons optimiser l'utilisation du personnel pour créer une capacité de recherche. Nous devons réévaluer les besoins en équipement de protection individuelle afin de réduire les risques courus par le personnel et les patients. Voyez-vous, nous travaillons dans l'espace restreint d'un aéronef ou d'une ambulance terrestre, bref dans une petite boîte, pendant que le patient tousse ou est branché à un ventilateur à quelques pouces seulement de l'ambulancier.
Quand le coronavirus a commencé à prendre de l'ampleur, notre organisation avait trois objectifs fondamentaux: protéger son personnel, assurer la prestation des services et planifier en prévision d'un pic. Chaque décision, chaque mesure, était donc fondée sur ces objectifs.
En date du 15 mai, Ornge a transporté 531 patients qui étaient soit des cas suspectés soit des cas confirmés de COVID-19. Près de la moitié d'entre eux ont été transportés par ambulance terrestre, environ 30 % par aéronef à voilure fixe et environ 20 % par hélicoptère. Ces patients étaient tous affreusement malades. Près de la moitié d'entre eux étaient intubés et branchés à un ventilateur. Je suis heureux de vous confirmer que, à ce jour, aucun membre du personnel d'Ornge n'a obtenu de résultat positif à un test de dépistage de la COVID-19.
J'aimerais maintenant consacrer un peu de temps à un aspect particulier de nos activités. Ornge est l'organisation responsable du transport de patients confinés à une civière dans les communautés autochtones rurales et isolées du Nord, dont beaucoup ne sont accessibles que par les airs. L'équipage de notre ambulance aérienne répond régulièrement aux besoins d'environ 30 postes sanitaires dans le Nord de l'Ontario et effectue chaque année plus de 2 500 déplacements à partir de ces communautés.
Si l'une d'elles enregistrait soudain plusieurs cas graves de COVID-19, les ressources locales en santé seraient probablement très vite débordées. Cette situation entraînerait une demande soudaine et immédiate pour du transport médical aérien et, pour protéger les autres membres de la communauté, les personnes exposées devraient être testées. Ces tests devraient être traités rapidement dans des laboratoires de centres urbains, ce qui s'avère beaucoup plus difficile maintenant que les transporteurs commerciaux ont réduit ou cessé leurs activités.
Planifier en fonction de ces scénarios est un souci constant pour l'équipe d'Ornge depuis le début de la crise. Ornge est un instrument d'équité en santé, surtout dans les communautés rurales et autochtones isolées. Nous savons que nous devons déployer nos capacités de façon créative, novatrice et réfléchie afin de fournir l'accès nécessaire aux soins.
Depuis la mi-avril, Ornge coordonne des vols logistiques hebdomadaires pour acheminer les échantillons prélevés dans les communautés nordiques aux laboratoires du Sud à des fins d'analyse. À ce jour, plus de 2 000 échantillons ont été transportés par un aéronef nolisé d'Ornge, ce qui a grandement accéléré l'obtention de résultats, qui, comme nous le savons tous, sont essentiels pour stopper la propagation du coronavirus. De plus, on s'est beaucoup intéressé à la réduction des déplacements inutiles aux hôpitaux, surtout ceux du Sud.
Depuis deux ans, Ornge et ses partenaires fournissent des tests de dépistage au point de service dans les communautés autochtones isolées du Nord-Ouest. Les membres de ces communautés peuvent ainsi obtenir un diagnostic chez eux plutôt que de se rendre inutilement dans un hôpital du Sud où ils pourraient être exposés à une infection. De plus, l'ensemble du secteur de la santé s'intéresse vivement à la télémédecine pour la même raison. Nous offrons déjà des consultations virtuelles dans des postes sanitaires du Nord-Ouest en partenariat avec l'hôpital de Thunder Bay.
Depuis le mois dernier, Ornge offre un soutien supplémentaire en télémédecine au reste de l'Ontario en partenariat avec CritiCall Ontario, un organisme provincial d'attribution des lits. Au titre de cette entente, tout médecin dans n'importe quel hôpital ontarien peut communiquer avec un urgentologue, un médecin des soins intensifs ou un pédiatre d'Ornge pour obtenir son aide dans la gestion d'un cas, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ce service n'est pas propre à la COVID-19 et peut être utilisé pour n'importe quel patient qui a besoin de soins généraux, intensifs ou d'urgence.
Nous travaillons également à de nouvelles solutions technologiques en collaboration avec certains de nos partenaires du réseau de la santé. Nous étudions plus particulièrement les systèmes de pilotage à distance, c'est-à-dire les drones, pour améliorer l'équité en santé dans les communautés nordiques. Il pourrait s'agir de livrer des fournitures médicales essentielles aux postes sanitaires ou d'expédier des échantillons aux laboratoires des centres de santé.
Du point de vue d'un possible pic, nous comptons sur notre ressource la plus estimable, c'est-à-dire nos gens. Ornge a demandé des volontaires pour former une équipe d'intervention d'appoint pour la COVID-19 et 46 de ses ambulanciers d'un peu partout dans la province ont répondu à l'appel. Ils peuvent être déployés dans n'importe quel établissement de la province pour apporter de l'aide avec la prise en charge des voies respiratoires et la ventilation mécanique avant le transport. La trousse de déploiement de l'équipe comprend l'équipement et les médicaments nécessaires pour lui permettre d'être autonome, soit une trousse complète pour la gestion des voies respiratoires, un ventilateur mécanique portatif, des écrans de contrôle, des médicaments et des pompes à perfusion.
Rien de cela ne serait toutefois possible sans le dévouement infatigable de notre personnel. Et c'est pourquoi il a besoin de tout le soutien que nous pouvons lui apporter en cette période éprouvante. Dès qu'un membre de nos équipages participe au transport d'un cas confirmé de COVID-19, nous lui accordons automatiquement une pause opérationnelle une fois le déplacement complété. L'équipage est temporairement retiré de la rotation afin de faciliter le débreffage et la vérification des besoins personnels et du degré d'anxiété. En procédant de la sorte, nous espérons assurer le bien-être tant mental que physique de notre personnel.
Le système de la santé canadien est l'un des meilleurs au monde. Malheureusement, des catastrophes comme la pandémie de COVID-19 montrent que nos communautés rurales et isolées sont plus susceptibles que les centres urbains de voir leur modèle de soins perturbé. Les organisations de transport en soins intensifs et d'ambulance aérienne sont alertes et misent sur les besoins opérationnels. Nous avons la capacité d'innover et de nous adapter rapidement face aux problèmes inhabituels qui touchent l'accès aux soins et l'équité en santé. Je demande aux dirigeants et aux organisations de la santé de simplement se tourner vers nous s'ils ont un problème, et nous trouverons une façon de les aider.
Je remercie les membres du Comité pour leur invitation et serai heureux de répondre à vos questions et de discuter avec vous.
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Merci, monsieur le président, de me permettre de témoigner devant le Comité permanent de la santé. Chers membres du Comité, bonjour.
Je m'appelle Nancy Polsinelli et suis dirigeante principale administrative par intérim de la Région de Peel, que je désignerai simplement par « la Région » dans mon allocution. La Région est une municipalité régionale de comté ou MRC qui offre des services dans toute la zone géographique de Peel, en Ontario, elle-même composée de nos collectivités partenaires, soit Brampton, Caledon et Mississauga. La Région compte environ 1,5 million d'habitants et plus de 175 000 entreprises. Elle offre des services de santé, sociaux et publics.
La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions économiques, sociales et sanitaires sans précédent pour tous les Canadiens, y compris ceux qui vivent et travaillent dans la Région. Ce sont les plus vulnérables et marginalisés de notre collectivité qui en subissent les plus grandes répercussions sociales, comme l'ont souligné les témoins de ce soir. Cette réalité peut être due à l'isolement social, à un logement inadéquat, à la perte d'emploi ou à l'insécurité alimentaire. Comme l'a certainement déjà entendu le Comité, ces déterminants sociaux ont une incidence sur notre santé.
L'itinérance est l'un des déterminants sociaux de la santé les plus problématiques en temps de pandémie. Environ 4 000 sans-abri vivent à Brampton, Caledon et Mississauga d'après une enquête ponctuelle effectuée par la Région en 2018. Donc, ces chiffres sont déjà obsolètes.
Quand la crise a commencé, on a proposé des chambres d'hôtel aux sans-abri vivant dans les refuges pour favoriser l'éloignement physique. Nous avons agi rapidement à cet égard. Environ la moitié des sans-abri de la Région sont maintenant logés dans des chambres d'hôtel.
Avec le concours de nos ambulanciers, nous avons rapidement augmenté le nombre de tests effectués aux endroits où la Région et ses partenaires offrent des services de dépistage. Le personnel de la santé de la Région a veillé à ce que les refuges et les autres services fonctionnent de façon sûre. Un programme d'isolement offre l'hébergement aux personnes qui présentent des risques d'exposition au coronavirus ou qui ont passé un test de dépistage et ne peuvent pas s'isoler. Celles qui obtiennent un résultat positif ont un endroit sûr où récupérer et obtenir du soutien.
Permettez-moi de vous raconter une histoire qui montre à quel point les difficultés sont interreliées en période de pandémie. Pour des raisons de confidentialité, j'utiliserai un nom d'emprunt, car il s'agit d'une histoire vraie. Donovan a 20 ans; c'est un véritable héros des services de première ligne. Il fait le ménage dans l'un des 28 établissements de soins de longue durée de la Région. De ce nombre, cinq sont exploités par la Région, mais Donovan ne travaille pas dans l'un de nos établissements. Même s'il travaille à temps plein, Donovan a du mal à se payer un logement dans la Région, où près de 70 % des foyers à faible revenu vivent dans un logement inabordable. Donc, tout en œuvrant au confort et aux soins des personnes âgées dans un établissement confronté à des éclosions chroniques de COVID-19, Donovan devait aller dormir dans un refuge pour jeunes du secteur.
Malheureusement, il a reçu un résultat positif au test de dépistage de la COVID-19. Donovan a immédiatement été aiguillé vers notre programme de rétablissement pour les sans-abri où il peut recevoir les soins adéquats et bénéficier de l'espace et de la tranquillité d'esprit nécessaires pour se rétablir. Évidemment, Donovan a été en contact avec les membres du personnel du refuge; 13 d'entre eux sont maintenant en isolement temporaire dans une chambre d'hôtel pour les travailleurs essentiels. Mais l'histoire de Donovan ne s'arrête pas là.
Le programme de rétablissement de la Région offre plus qu'un espace pour l'auto-isolement. Dès que quelqu'un comme Donovan accède à notre programme, nous répondons à tous ses besoins urgents. Donovan va donc rencontrer un médecin, une infirmière praticienne et avoir accès à des soins sur place, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La Région lui donnera également accès à des services sociaux et en santé supplémentaires pour l'aider à trouver un logement à long terme et à maintenir sa santé et son bien-être. Il s'agit vraiment d'un service global. Par exemple, Donovan peut être aiguillé vers des soins primaires qui, au besoin, peuvent être maintenus après l'isolement.
Pendant que nous répondons aux besoins immédiats dus à la crise du coronavirus, nous traitons aussi d'autres problèmes sanitaires et cherchons un logement permanent pour nos clients sans abri. Pour ce faire, la Région a mobilisé les organismes communautaires et sans but lucratif de même que ses ambulanciers, spécialistes en santé publique et fournisseurs de soins.
La pandémie de COVID-19 a porté la collaboration communautaire à un tout autre niveau. La table d'intervention communautaire est un autre exemple de cette collaboration dans la Région. Elle répond à un éventail de besoins associés à la pauvreté, à l'insécurité alimentaire, à l'isolement, à la violence familiale, au racisme et à la santé mentale.
Les premières semaines de la crise, la Région a effectué un sondage auprès des organismes communautaires. Nous voulions savoir ce qui les empêchait de dormir. Ce sondage a permis d'établir entre autres que 57 % des répondants étaient confrontés à une fermeture immédiate de leurs programmes. Comme d'autres organisations, les organismes sans but lucratif avaient besoin d'aide pour s'adapter à la crise et ainsi soutenir la collectivité.
Le conseil de la Région a approuvé un financement de plus de 1 million de dollars sous forme de subventions ponctuelles aux organismes communautaires qui soutiennent les plus vulnérables. En plus de cet apport financier, la table d'intervention communautaire aide les fournisseurs à miser sur la force du nombre. Elle est composée de personnes issues des services sociaux et de santé, de représentants de nos collectivités partenaires et de chefs de file provenant de plus de 90 organismes communautaires de la Région. La table virtuelle se rencontre deux fois par semaine et a créé des groupes de travail qui se penchent plus spécifiquement sur la violence familiale, les besoins des aînés et des jeunes, de même que sur la discrimination systémique.
La pandémie nous pousse à innover et à nous associer pour trouver des solutions locales. Mais, après la crise actuelle, la table d'intervention communautaire peut devenir un moteur de changement dans la Région durant la relance et au-delà.
Comme l'ont constaté les collectivités partout au pays, les personnes âgées qui reçoivent des soins de longue durée sont parmi les plus vulnérables par rapport à cette pandémie. Comme je l'ai dit, la Région exploite cinq établissements de soins de longue durée qui s'ajoutent aux 23 autres sur son territoire. Pour répondre aux besoins de ces résidents vulnérables, nous participons aussi à titre de région à une table d'intervention intégrée. Elle rassemble entre autres des partenaires ontariens en santé et des hôpitaux locaux, de même que les services de santé publique, de soins de longue durée et d'ambulanciers de la Région. Ses travaux comprennent une stratégie de dépistage rapide dans les établissements de soins de longue durée, dans les maisons de retraite à risque, dans les refuges et dans les foyers de groupe. Plus de 8 400 résidents et membres du personnel ont subi un test, nombre qui s'ajoute aux tests effectués par les établissements directement.
La pandémie de COVID-19 a amplifié les pressions subies par le système en matière de soutien en santé mentale et de lutte contre la toxicomanie. Beaucoup de programmes ont été suspendus et les listes d'attente s'allongent, ce qui est insoutenable à plus long terme. Nous en payons déjà le prix sur les plans humain et communautaire, et ce n'est pas terminé. Avant la pandémie, la Région avait créé une table d'action communautaire en matière de sécurité et de mieux-être. Ce groupe participe à la coordination des partenaires communautaires tandis que nous gérons les situations de crise en santé mentale et renforçons par l'intermédiaire des services locaux l'accès au système.
Pour conclure, je dirais que des municipalités comme la Région travaillent au front pour protéger leurs résidents, y compris les personnes vulnérables. Nous voyons quotidiennement des occasions d'en faire davantage. Nous nous sommes engagés à travailler avec nos partenaires provincial et fédéral pour assurer une intervention robuste par rapport à la crise de même qu'une relance graduelle et prudente.
La pandémie est une crise sans précédent qui nécessite de nouvelles formes de partenariat. Et je suis fière que la Région soit arrivée à en établir.
J'espère que les membres du Comité constateront la nécessité de maintenir les partenariats conclus par les municipalités pour aider les personnes vulnérables pendant la crise, voire celle d'en étendre la portée. Les possibilités sont là. Alors que les ordres supérieurs de gouvernement tentent de répondre aux besoins de la société, ce sont ces réseaux qui peuvent assurer la transmission de leurs investissements aux personnes qui en ont le plus besoin, mais aussi soutenir une forte relance communautaire. En effet, un investissement stratégique dans les municipalités par le gouvernement fédéral peut avoir une grande valeur en plus d'être source de possibilités.
Je vous remercie de votre attention. Nous avons hâte de collaborer avec vous pour soutenir la collectivité diversifiée et en croissance de Peel.
Merci.
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Je vous remercie de votre question. Par l'entremise de la présidence, je précise que je vais diviser la question en deux et parler en premier de ce en quoi consistent les causes sous-jacentes de ces problèmes, selon moi. Ensuite, je formulerai certainement quelques observations à propos de votre question relative à la comparaison entre les établissements privés et les établissements municipaux.
La première question est très importante parce qu'en fait, la COVID-19 a exposé divers problèmes liés aux soins de longue durée. Lorsque nous examinerons ces problèmes, nous entendrons parler de facteurs comme le ratio de dotation, le financement et la complexité accrue des besoins des résidants, des facteurs qui font partie des questions discutées en permanence relativement aux changements observés dans les soins de longue durée. Ces questions sont très importantes, et il est absolument nécessaire de les aborder. Toutefois, je tiens à scruter ce dossier un peu plus à fond, parce qu'il y a aussi des problèmes culturels qui sont au coeur de la façon dont nous abordons les soins de longue durée. J'aimerais mettre un peu plus en relief ces problèmes afin de renseigner le Comité.
Pour diverses raisons, les soins de longue durée sont devenus essentiellement centrés sur les tâches. Nos employés se dépêchent de donner des bains, de servir des repas et de documenter les soins. Ils passent d'un résidant à l'autre en suivant un horaire très strict, et ils ont très peu de temps pour faire quoi que ce soit d'autre. Le problème, c'est que, lorsque nous abordons les soins de longue durée comme une série de tâches — une liste de contrôle, si vous voulez —, nous traitons les besoins de la personne qui vit dans cet établissement comme s'ils étaient secondaires par rapport à l'accomplissement des tâches. Dans bon nombre de cas, les membres du personnel prodiguent des soins axés sur la peur et non les soins axés sur les émotions que ces personnes âgées méritent de recevoir.
Voici quelques idées à propos de solutions possibles. Nous entendons souvent parler de soins centrés sur les personnes; cette idée est lancée constamment. Toutefois, à la base, elle offre des solutions. Donc, même si nous examinons la question du financement, nous devons également envisager de créer une culture qui permet aux membres du personnel de comprendre et de répondre aux besoins particuliers des personnes qui vivent dans l'établissement, afin d'assurer leur bien-être physique et émotionnel. Voilà ce qui contribue à améliorer le bien-être et à éviter certainement les problèmes avant qu'ils surviennent.
Je vais vous donner l'exemple d'une personne atteinte de démence. Nous savons que les personnes atteintes de démence errent parfois ou se promènent sans arrêt. C'est un problème en général et en particulier pendant une éclosion, parce que les personnes qui se promènent risquent d'être exposées au virus et de devenir épuisées, ce qui nuit à leur propre santé et accroît leur risque de tomber.
Lorsqu'une approche centrée sur les tâches est adoptée, l'errance est considérée comme un problème. Comme l'errance devient le problème, une personne peut recommander qu'on donne un antipsychotique au résidant, qu'on le mette sous contention ou qu'on lui permette d'errer toute la journée.
Lorsqu'une approche centrée sur les personnes est adoptée, l'errance est considérée comme un symptôme, et on tente de comprendre la raison pour laquelle la personne erre. Nous ne remédions pas à l'errance, nous essayons de comprendre ce qui pousse la personne à errer.
Dans le cadre de notre travail à la municipalité régionale de Peel, nous avons mis en oeuvre un modèle novateur de soins pour la démence appelé papillon. Nous avons réalisé que les personnes errent parce qu'elles ont besoin de quelque chose. Elles cherchent quelque chose comme des relations, de l'affection, de la sécurité ou de l'amour. Elles se promènent aussi parce que nous les avons placées dans un milieu où il y a de longs corridors qui leur paraissent infinis, alors elles continuent simplement de marcher. En comprenant la façon dont nous pouvons les aider grâce à des conversations et des activités, nous créons un environnement familial, qui est sécuritaire.
Pour conclure, je vais vous faire observer que, lorsque nous mettons en oeuvre de véritables soins centrés sur la personne, ce n'est pas une tâche facile. Cela n'a rien d'un travail de surface. Il faut scruter la façon dont travaillent et pensent les membres du personnel de ces établissements de soins de longue durée.
Nous devons prendre certaines choses en considération. Nous devons assurément améliorer le ratio de dotation afin que les membres du personnel aient le temps d'apprendre à connaître les personnes dont ils prennent soin, de se réunir avec elles, de s'asseoir avec elles et de les tenir par la main. Nous avons besoin de règlements qui sont moins axés sur la documentation des tâches accomplies et plus axés sur l'évaluation des soins émotionnels et du bien-être de ces personnes. Nous avons besoin de cours de formation et du financement nécessaire pour envoyer les membres du personnel suivre ces cours afin qu'ils comprennent mieux les maladies complexes comme la démence et la façon de reconnaître les besoins de chaque résidant et de les satisfaire.
C'est évidemment une situation très malheureuse. Je suis absolument persuadée que toute personne qui travaille en résidence a pour objectif de venir en aide aux résidents. Malheureusement, et c'est un peu la même chose en Ontario, je pense qu'elles n'arrivent tout simplement pas à faire leur travail dans cet environnement.
La COVID a mis en lumière les problèmes de personnel. Quand il y a pénurie de personnel, on ne peut pas offrir de bons soins à nos résidents. De plus, sans financement, on ne peut pas bien former le personnel en préparation d'une pandémie comme celle que nous vivons avec la COVID.
Je pense que la province comme le gouvernement fédéral apporteront bien des améliorations. C'est un enjeu systémique. C'est un problème qui ne date pas d'hier et qui est de nature systémique. Je crois que le gouvernement fédéral devrait intervenir et adopter une loi nationale sur les centres de soins de longue durée, pour accroître la surveillance.
Je dois aussi dire que bien que nous tentions actuellement d'améliorer la situation pendant que nous traversons la crise, il y a des améliorations qui devront être apportées à long terme. Là encore, il faut inclure les soins émotionnels. Il ne s'agit pas nécessairement d'intégrer dans la loi un élément de commandement et de contrôle, mais il faut y intégrer les soins émotionnels, nous fixer des attentes différentes pour le personnel des centres de soins de longue durée, pour que les employés puissent s'épanouir pleinement et qu'ils aient envie de se rendre au travail et d'aider les résidents qui leur sont confiés.
Ce sont quelques pistes. Il faut réfléchir aux conditions du personnel et au financement. Il faudra un soutien du gouvernement fédéral, mais c'est indéniablement un problème de longue date. Nous avons beaucoup de pain sur la planche, mais qu'il ne s'agit pas de commandement et de contrôle, je le répète avant qu'on m'interrompe. Il faut réfléchir à la façon dont nous pouvons venir en aide à nos résidents et au personnel, dans une culture axée sur le soutien émotionnel.