Bienvenue à la 26e séance du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes.
Le Comité se réunit aujourd’hui de 15 h 34 à 17 h 34. Nous entendrons la vérificatrice générale et ses collègues dans le cadre de l’étude du Comité sur la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19.
Je tiens à profiter de l’occasion pour rappeler à tous les participants à cette réunion qu’il est interdit de prendre des captures ou des photos de l'écran.
Pour assurer le bon déroulement de la réunion, je vais énoncer les quelques règles à suivre.
L’interprétation dans le cadre de cette vidéoconférence ressemblera beaucoup à ce qui se fait dans n'importe quelle réunion régulière du Comité. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le français et l'anglais. Avant de parler, veuillez attendre que je vous donne la parole. Quand vous serez prêt à parler, vous pourrez cliquer sur l’icône de votre microphone pour activer votre micro. Si vous ne parlez pas, votre micro devra être en sourdine. Pour invoquer le Règlement au cours de la réunion, les membres du Comité doivent s’assurer que leur microphone n’est pas en sourdine et dire « rappel au Règlement » ou « j'invoque le Règlement » pour attirer l’attention du président.
Le greffier et les analystes participent de façon virtuelle à la réunion d’aujourd’hui. Si vous voulez leur parler pendant la réunion, veuillez leur envoyer un courriel à l’adresse électronique du Comité. Il est aussi possible de joindre le greffier en l'appelant à son numéro de cellulaire. Je rappelle aux personnes présentes sur place qu'elles doivent porter un masque, sauf quand elles sont assises, et quand la distance physique n’est pas possible.
J’invite maintenant la vérificatrice générale à faire sa déclaration préliminaire.
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Monsieur le président, merci de nous donner l’occasion de discuter de nos récents rapports d’audit sur la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19, qui ont été déposés à la Chambre des communes le 25 mars dernier.
Je suis accompagnée de Jo Ann Schwartz, de Philippe Le Goff, de Carol McCalla et de Chantal Richard, les directeurs principaux qui étaient responsables des audits.
Les rapports présentés sont les premiers audits de mon bureau sur la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19. Nous ferons d’autres audits sur ce sujet. Il ne fait aucun doute que la pandémie de COVID-19 a déclenché une situation d’urgence à l’échelle mondiale. Les gouvernements ont dû se mobiliser pour répondre rapidement aux répercussions sociales, économiques et de santé publique de la pandémie. Le Canada n’a pas fait exception.
[Français]
Nous avons constaté que le gouvernement n'était pas aussi prêt qu'il aurait pu l'être pour affronter une pandémie de cette envergure. Malgré cela, la fonction publique s'est mobilisée, elle a mis la priorité sur les besoins de la population canadienne et elle a offert rapidement du soutien et des services.
Je vais parler d'abord de la Prestation canadienne d'urgence, ou PCU. Le gouvernement voulait utiliser cette prestation pour fournir rapidement un soutien financier aux particuliers admissibles. Nous avons constaté que le ministère des Finances du Canada, Emploi et Développement social Canada et l'Agence du revenu du Canada avaient relevé le défi et travaillé rapidement pour analyser, concevoir et verser la PCU.
Pour simplifier le processus et accélérer le versement des prestations aux particuliers, Emploi et Développement social Canada et l'Agence du revenu du Canada ont décidé de s'appuyer sur les attestations personnelles et les contrôles automatisés préalables au paiement pour valider l'admissibilité des demandeurs. Une fois la prestation lancée, le ministère et l'Agence ont introduit d'autres contrôles préalables au paiement pour limiter les abus éventuels.
[Traduction]
Vu la décision de s’appuyer sur les attestations personnelles, les vérifications après paiement deviennent très importantes. Emploi et Développement social Canada et l’Agence du revenu du Canada comptent entreprendre plus tard cette année leurs travaux de vérification après paiement se rapportant à la Prestation canadienne d’urgence. Ces travaux feront l’objet d’un prochain audit.
Passons maintenant à notre audit de la Subvention salariale d’urgence du Canada. Dans cet audit, nous avons relevé un désir semblable d’apporter une aide rapide, dans ce cas aux entreprises. Le ministère des Finances Canada et l’Agence du revenu du Canada ont encore une fois travaillé ensemble dans des délais serrés pour appuyer la conception et le lancement du programme de la Subvention salariale d’urgence du Canada.
La conception et le lancement de la subvention ont fait ressortir des faiblesses préexistantes dans les systèmes, les méthodes et les données de l’Agence du revenu du Canada. Ces faiblesses devront être réglées pour accroître la robustesse du régime fiscal canadien.
[Français]
Afin d'accorder la priorité au versement de la Subvention, l'Agence a pris des décisions quant aux renseignements qu'elle demanderait et aux contrôles qu'elle exercerait au préalable. Par exemple, l'Agence a décidé qu'elle ne demanderait pas aux employeurs de fournir le numéro d'assurance sociale de leurs employés, même si ce renseignement aurait pu l'aider à prévenir le dédoublement des demandes de soutien financier. Cette décision, de même que l'absence de données fiscales complètes et à jour, a limité la capacité de l'Agence à entreprendre les validations préalables au paiement qui lui auraient permis d'évaluer efficacement les demandes de subvention.
Je passe maintenant à notre dernier audit, qui a porté sur la préparation en cas de pandémie, la surveillance et les mesures de contrôle aux frontières. Nous avons constaté que l'Agence de la santé publique du Canada n'était pas aussi bien préparée qu'elle aurait pu l'être pour faire face à la pandémie de COVID-19. Les plans d'urgence et d'intervention n'étaient pas tous à jour ni testés, et les ententes d'échange de données avec les provinces et les territoires n'étaient pas achevées.
[Traduction]
L’Agence s’est fiée à un outil d’évaluation des risques en phase pilote qui n’était pas conçu pour évaluer le risque de pandémie. L’Agence a continué à évaluer ce risque comme étant « faible » malgré la hausse du nombre de cas de COVID-19 au Canada et dans le monde. De plus, le Réseau mondial d’information en santé publique n’a pas diffusé d’alerte relative au virus responsable de la COVID-19.
Je suis découragée de constater que l’Agence de la santé publique du Canada n’a pas agi pour régler des problèmes de longue date, dont certains ont été signalés à plusieurs reprises depuis plus de deux décennies. Ces problèmes ont eu des répercussions négatives sur l’échange de données de surveillance entre l’Agence et les provinces et territoires. L’Agence a pris des mesures en lien avec certains de ces problèmes durant la pandémie, mais il lui reste encore beaucoup de travail à faire sur les ententes d’échange de données et sur son infrastructure de technologies de l’information pour mieux soutenir la surveillance nationale des maladies à l’avenir.
Nous avons aussi constaté que l’Agence de la santé publique du Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada avaient mis en œuvre des restrictions aux frontières et des mesures de mise en quarantaine. Elles ont fourni des directives et des outils aux voyageurs et aux travailleurs essentiels entrant au pays pour les informer des exigences en matière de santé publique.
[Français]
Toutefois, l'Agence de la santé publique du Canada n'avait pas envisagé ou planifié une quarantaine nationale, en commençant par la collecte d'information auprès des voyageurs jusqu'à toute la gamme des contrôles de conformité, y compris les suivis auprès de personnes signalées comme étant à risque de ne pas respecter la quarantaine. Par conséquent, l'Agence ne sait pas si la majorité des voyageurs ont bien respecté les mesures de quarantaine.
Ces audits ont examiné des programmes qui ont été mis en oeuvre en un temps record. En pleine pandémie, la fonction publique a mis l'accent sur le besoin pressant: aider la population canadienne.
[Traduction]
En une année, la pandémie a montré que quand la fonction publique doit agir, la fonction publique peut agir. Cette crise a fait ressortir l’importance d’agir rapidement pour régler les problèmes connus, qu’il s’agisse de s’entendre sur quelle organisation sera la première responsable, qui fera quoi à quel moment, qui rendra compte de quoi à qui, ou encore de remplacer des systèmes ou des méthodes de travail dépassés ou d’améliorer la qualité des données. On veut éviter d’avoir à se pencher sur ce genre de problèmes quand on s’efforce en même temps d’aider les gens, et ce, parce que ce n’est pas une façon efficace de travailler ou de servir les Canadiens et les Canadiennes.
Les organisations gouvernementales doivent faire mieux sur le plan de la collaboration. Nous avons fait des recommandations à l’intention de chacune des organisations auditées, qui les ont toutes acceptées.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d’ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions du comité.
Merci.
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Je ne sais pas où travaillent ces 1 000 personnes qui ont été embauchées par l'Agence de la santé publique du Canada, ni ce qu'elles font exactement.
Nous avons constaté au cours de notre audit que, au début de la pandémie, beaucoup de processus étaient faits manuellement. Je vous donne deux exemples.
À la frontière, les données des voyageurs étaient transmises en format papier et c'est pourquoi l'Agence de la santé publique du Canada a accusé des retards quant aux suivis avec les voyageurs.
Ensuite, il y a l'échange d'information sur les données de santé entre les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral. Ce processus n'était pas fait manuellement, mais électroniquement, dans des formats différents et non compatibles. Les employés de l'Agence devaient faire beaucoup de copier-coller pour réunir toutes les données et avoir un aperçu de la situation d'un bout à l'autre du pays.
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La coordination entre le ministère de la Santé et les provinces était justement le sujet de ma prochaine question.
Vous dites dans votre rapport: « L'Agence a communiqué aux forces de l'ordre le nom de seulement 40 % des personnes jugées à risque de non-conformité [...] ».
Dans les milliers ou millions de personnes qui ont reçu l'ordre, en principe, de faire une quarantaine de 14 jours, nous savons, après vérification — vous en faites mention dans votre rapport — que 46 % d'entre elles n'ont pas respecté l'ordre. En plus, nous avons su récemment que le Québec n'en avait pas été informé. Il n'y a personne qui a dit aux autorités du Québec: « Voici la liste des gens à surveiller et, si nous vous appelons, vous devez vous rendre sur les lieux. »
La ministre de la Sécurité publique du Québec a mentionné que son gouvernement n'était pas au courant.
Confirmez-vous que, pendant la période de votre audit, il n'y avait aucune coordination en ce sens? Les provinces ayant les services de la Gendarmerie royale du Canada, ou GRC, fonctionnaient peut-être différemment, mais, au Québec, nous n'avons pas de GRC.
Est-ce donc le cas?
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame Hogan, et merci à vos collègues, pour votre témoignage d’aujourd’hui et pour votre excellent travail.
Madame Hogan, vous avez commencé votre témoignage en disant que, de manière générale, le Canada ou l’ASPC n'avaient pas semblé être prêts à faire face à la pandémie. Avez-vous eu l’occasion d’examiner ce qui s'est passé dans d’autres pays du G7 ou du G20 pour savoir comment ils s'en sont sortis sur le plan de la préparation à la pandémie et de tout ce qui relève de l'état de préparation en général, qu’il s’agisse des mécanismes de surveillance ou de soutien de l’économie, des particuliers et des entreprises, ainsi que de la santé et de la sécurité. Comment nous comparons-nous à eux?
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Je vais vous résumer très rapidement les quatre aspects dans lesquels nous avons estimé que l’Agence de la santé publique du Canada n’avait pas semblé aussi bien préparée qu’elle l'aurait pu pour faire face à une pandémie.
Premièrement, les plans d’urgence et de santé étaient désuets, et le plan fédéral-provincial-territorial n’avait pas encore été testé.
Deuxièmement, nous avons constaté qu’une entente sur l'échange des données de surveillance en santé, envisagée depuis longtemps entre les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral, n’avait même pas été parachevée. En fait, l’infrastructure nécessaire au traitement de toutes les données n’avait pas encore été mis à jour, ni été mis à niveau.
Troisièmement, nous avons remarqué que l’Agence utilisait un outil d’évaluation des risques qui n’était pas conçu pour tenir compte des risques de pandémie.
Enfin, comme nous venons de le mentionner, l’Agence n’avait ni prévu ni envisagé d’imposer une quarantaine obligatoire à l'échelle du pays.
En ce qui concerne les échanges de données sur la santé — et je demanderai peut-être à Chantal Richard d'intervenir, au cas où quelque chose m’échapperait —, les annexes auraient dû refléter la compréhension que tout le monde avait des éléments à mettre en commun, et préciser la façon et le format dans lesquels il fallait le faire.
Comme vous pouvez l’imaginer, chaque maladie a ses particularités, mais il aurait fallu s'entendre sur des choses fondamentales, comme le délai dans lequel il faut faire rapport — dans ce cas-ci, il avait été décidé de faire rapport toutes les 24 heures ... nous avons remarqué que les provinces et les territoires ont sans doute eu de la difficulté à respecter cette condition parce que très peu de rapports ont été présentés dans ce délai nominal.
Nous avons aussi constaté que seulement 10 % des dossiers des provinces et des territoires contenaient des renseignements importants, comme les symptômes constatés. Quand on est dans la phase évolutive d'une maladie, il faut connaître les symptômes pour éclairer l’intervention du pays et déterminer s’il faut ou non l’adapter.
Il s’agit de s'entendre à peu près sur le rôle et les responsabilités des uns et des autres, sur le type d'information à transmettre en temps opportun et sur la façon que cette information sera communiquée.
Dans ce cas-ci, l’Agence de la santé publique, de concert avec les provinces et les territoires, a dû s’adapter tout au long de la pandémie en fonction de ce qu’elle était capable de faire. En fin de compte, cela a plombé la capacité du gouvernement fédéral à évaluer la pandémie et à mieux orienter ses interventions. Cela n'a pas été dû à une incapacité à recueillir toutes les données, mais simplement au fait qu’il y a eu beaucoup de retards dans la mise en place de ces mécanismes et dans l’établissement d’une vue d’ensemble.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, madame Hogan, et je remercie aussi les membres de votre équipe, d'être de nouveau parmi nous. C'est toujours avec un grand intérêt que je lis vos rapports. J'espère ainsi apprendre comment il est possible d'améliorer les divers systèmes qui composent notre démocratie.
Selon votre rapport, à compter du 11 mai, l'Agence du revenu du Canada a procédé à un certain contrôle automatisé pour croiser des données avec celles de l'assurance-emploi, notamment en ce qui concerne les demandeurs suspects. L'Agence vous avait dit que ce n'était pas possible de le faire avant, parce que cela aurait retardé le paiement des prestations.
L'agence vous a-t-elle précisé dans quelle mesure cela aurait retardé l'envoi des prestations?
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Je souhaite la bienvenue à Mme Hogan, avec qui j’ai eu le privilège de travailler en étroite collaboration dans le domaine des comptes publics. Je suis l’un des rares députés à avoir le privilège de passer d’un comité à l’autre.
Je veux commencer mes questions d’une façon respectueuse. Il ne s’agira certainement pas de prendre qui que ce soit en défaut, mais je dois corriger certaines incohérences que j’ai constatées entre les rapports et les témoignages au Comité des Comptes publics et les rapports et les témoignages entendus ici. Je vais essayer de le faire le plus clairement possible pour vous permettre, à vous et à votre personnel, de réfléchir à la manière dont cela pourrait être perçu par le public.
Je pense aux questions qui sont déterminantes dans toute vérification ou réflexion concernant un travail aussi sérieux que celui-là: que saviez-vous? Quand l’avez-vous su? Ensuite, qu’avez-vous fait à ce sujet?
Vous vous souviendrez peut-être que, le 13 avril, dans une série de questions que j’ai posées à Mme McCalla, nous avons dit que la modélisation provinciale et fédérale et nos systèmes de surveillance n’avaient pas permis à l’ASPC de déterminer qu’il y avait un problème en lien avec la pandémie.
J’ai demandé s’il existait des modèles ailleurs dans le monde, fondés sur des expériences dans des pays comme la Chine, qui auraient permis de prédire les résultats. Mme Hogan a posé la question à Mme McCalla, qui a déclaré que l’évaluation des risques est nécessaire dans le plan de lutte contre la pandémie de l’ASPC et que l’OMS a fait une annonce sur les risques de pandémie et a attiré l’attention de la communauté internationale sur le risque de COVID-19. Toutefois, nous avons constaté à ce moment-là que l’ASPC n’avait pas mis à jour ses évaluations des risques, ce qu'elle n’a fait qu’à la mi-mars, sous la direction de l’administrateur en chef de la santé publique.
Je lui ai alors dit: « Puis, il y a eu une alerte. Nous avons été avertis à l’avance. »
Mme McCalla a répondu: « Oui, il y a eu une alerte de l’OMS. »
Et je me suis exclamé: « Mon Dieu! »
J’aimerais demander à Mme McCalla, par votre entremise, monsieur le président, quand l’alerte initiale de l’Organisation mondiale de la santé a été transmise à l’ASPC.
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Je vais probablement revenir un peu en arrière, mais je veux m’assurer que nous comprenons bien ce qui s’est passé le 30 janvier.
Nous avons une pièce dans notre rapport, la pièce 8.1, qui décrit l'enchaînement des mesures de santé. Je pense que c’est un bon document pour savoir comment les choses se sont déroulées. Il y a beaucoup d'éléments mobiles.
À la fin de décembre 2019, le Réseau mondial d'information en santé publique a publié un rapport quotidien. Comme vous vous en souviendrez peut-être — et seulement parce que le député siège à un autre comité —, le Réseau mondial d'information en santé publique produit deux types de rapports, soit un rapport d’alerte et un rapport quotidien.
À la fin de 2019, un rapport quotidien a donné un lien renvoyant à un article au sujet d’un virus qui serait ensuite connu comme étant la cause de la COVID-19. Ce rapport quotidien informait l’administratrice en chef de la santé publique du Canada qu’elle devait communiquer avec ses homologues provinciaux pour leur dire que quelque chose de grave était en train de se passer. C'est ce qu'elle a fait en se fondant sur ce rapport quotidien, mais aussi sur ce qu’elle savait de la situation dans le monde.
Le 15 janvier, le plan d’intervention fédéral, provincial et territorial en matière de santé publique a été mis en œuvre, ce qui a amené des comités spéciaux à se réunir pour commencer à discuter de la réponse à l’échelle nationale.
Le 30 janvier, il s'est produit ce dont Mme McCalla a parlé, c'est-à-dire que l’Organisation mondiale de la santé a déclaré qu’il s’agissait d’une urgence de santé publique de portée internationale. C’est à ce moment-là que tout le monde a été prévenu qu'il fallait faire attention, que c’était vraiment grave.
À ce moment-là, en janvier, l’Agence de la santé publique a commencé à évaluer les risques. Toutes les évaluations des risques — de la mi-janvier, quand le plan d’intervention a été mis en œuvre, jusqu’en mars — avaient amené les autorités à estimer que le risque de COVID-19 pour le Canada était « faible », et ce genre d'évaluation a été maintenue jusqu’à ce que l’administratrice en chef de la santé publique du Canada intervienne et dise que, d'après ce qu’elle avait constaté dans le monde et ses discussions avec ses homologues, il fallait hausser le niveau de gravité.
C’est pour cela que nous disons que l’outil d’évaluation du risque n’a pas été conçu pour tenir compte du risque de pandémie.
Cela étant, le Réseau mondial d'information en santé publique n’a jamais émis d’alerte, c'est-à-dire le second type de rapport qu’il peut publier. Une alerte à l’échelle nationale et internationale signale qu’il y a lieu de s'intéresser de près à un problème de santé dans le monde.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, madame Hogan, de votre excellent travail et de la qualité de votre réponse. Je pense que nous sommes tous déterminés à renforcer nos interventions et cherchons toujours à faire mieux et à aider les Canadiens pendant cette période difficile.
L'objectif premier de la PCU était de distribuer l'argent le plus rapidement possible pour sortir les Canadiens de la crise et leur permettre de s'isoler à la maison, afin de protéger leur santé et la santé de leurs familles, et d'atténuer les pressions exercées sur le réseau de la santé.
Environ huit millions de Canadiens ont reçu la PCU, la plupart dans les trois à cinq jours suivant leur demande. Le gouvernement fédéral a-t-il atteint son objectif premier, qui était de verser les fonds aux Canadiens le plus vite possible?
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Je vais vous répondre en partie et demander ensuite à M. Le Goff de compléter ma réponse.
Quand nous avons examiné notre échantillon — vous faites allusion à un tableau qui se trouve dans notre rapport —, nous avons constaté que les demandes de subvention n'avaient pas toutes été refusées à cause de données insuffisantes. En fait, il y avait un manque de données, mais il y avait habituellement quelque chose de suspect. Ce n'était pas nécessairement à cause de la demande.
Il manquait beaucoup de données. Pour vérifier les revenus, par exemple, l'Agence avait besoin des déclarations de la TPS, mais plusieurs entreprises n'avaient pas encore transmis leur rapport de la TPS. C'était parce qu'elles devaient le faire une seule fois par année ou encore parce que leur déclaration était en retard. Notre audit a démontré que de nombreux renseignements fiscaux étaient en retard ou manquants.
Monsieur Le Goff, aimeriez-vous compléter ma réponse?
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Un travail mal fait, donc.
Vous dites dans votre rapport qu'il avait été mis sur une tablette, qu'il fallait le mettre à jour régulièrement, que tous les plans mis en place devaient être testés et revus souvent, ce qui n'a pas été fait. Et vous ajoutez que des rapports quotidiens ont été publiés, mais qu'aucune alerte n'a été donnée.
Vous dites: « Même si l'Agence a réalisé des évaluations rapides des risques, ces évaluations ne portaient pas sur le risque de pandémie ni sur son incidence possible, alors que cela aurait aidé les décideurs à prendre les mesures de santé publique nécessaires pour maîtriser la propagation du virus. ».
Pourquoi cela n'a-t-il pas été fait? Cela fait partie du plan. Cela fait partie des choses discutées en 2019 dans notre réponse à la H1N1. Pourquoi cela n'a-t-il pas été fait ici? Qui a ordonné de négliger cette information?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je veux d'abord commencer mon intervention en soulignant ce qui vient d'arriver. Je considère qu'il y a eu un manque de politesse de la part de la députée de la circonscription de Lethbridge. Il y a lieu de réfléchir au traitement qu'elle vient d'accorder à la vérificatrice générale en l'accusant de couvrir le gouvernement. Je tiens à dire que déplore le traitement qui lui a été réservé.
Bonjour, madame la vérificatrice générale. Je suis content de vous revoir aujourd'hui. Je vous remercie particulièrement du travail que vous accomplissez. Nous vivons une époque assez inédite, avec laquelle tous les gouvernements du monde doivent composer. C'est peut-être du déjà vu, mais il y a longtemps que l'on a assisté à une telle série d'événements. Les contraintes liées aux chaînes d'approvisionnement et la mise à l'épreuve de nos systèmes de santé en sont des exemples.
Il faut découvrir où sont les failles dans le système, où l'on peut apporter des améliorations et où nous pouvons investir pour ce faire. Votre travail nous sert bien dans ce sens. Il va sans dire que nous pouvons certainement tirer des leçons des problèmes survenus par suite du manque d'équipement de protection individuelle.
Vous avez fait allusion tout à l'heure au travail en cours. Il s'agit donc d'une étude qui sera publiée au mois de mai ou de juin. Je ne vous demande pas de dévoiler les fruits de votre labeur au Comité aujourd'hui. Cependant, en comparant les efforts déployés par le gouvernement du Canada et ce que nous sommes en train de faire en matière d'approvisionnement, je me demandais comment vous abordiez ce travail.
Comment évaluez-vous la valeur sur le plan financier? De façon générale, quelles cibles ou quelles mesures vos évaluations visent-elles?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Hogan, j'aimerais revenir sur les cas de fraude qui ont été détectés. On sait qu'il y a eu de la fraude dans le cas de la PCU, et qu'il y en a probablement aussi eu dans le cas des entreprises et de la Subvention salariale d'urgence.
Je comprends qu'il était urgent d'agir, à l'époque, même si les conservateurs avaient proposé plusieurs mesures pour atténuer les risques. Ces mesures n'ont pas été retenues par le gouvernement, mais c'est de l'histoire ancienne. Nous devons maintenant essayer de trouver des solutions.
À l'automne dernier, la ministre des Finances a pris des mesures afin de procurer des outils supplémentaires pour travailler là-dessus.
Croyez-vous vraiment que l'on va pouvoir récupérer l'argent obtenu frauduleusement?
Avons-nous les ressources nécessaires?
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Au cours de l'audit à venir, je suppose que vous allez vous pencher sur le crime organisé. On sait que le crime organisé sait comment s'organiser, justement. Ses membres ont commis beaucoup de fraudes liées à la PCU, mais aussi aux subventions accordées aux entreprises. Il faudra donc surveiller cela de près.
Je voudrais également parler des vérifications que vous avez faites relativement à la Subvention salariale d'urgence pour les entreprises. Dans le milieu des affaires, on entend dire que des entreprises, même si elles n'ont commis aucune fraude et qu'elles ont suivi les règles en place, ont profité du système. Certaines d'entre elles ont joué avec les dates, notamment en facturant leurs services plus tard, pour pouvoir demander la Subvention salariale d'urgence pour leurs employés. Je connais des entreprises qui ont fait des millions de dollars de profit à la fin de l'année dernière. Elles disent que cela a été la meilleure année de leur vie.
Nous avons le cœur sur la main et nous sommes là pour aider les gens, mais il ne faut pas rire de nous non plus.
Avez-vous détecté de telles choses? Y a-t-il des mécanismes en place pour vérifier ces entreprises, qui n'ont pas nécessairement agi de façon illégale?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais moi aussi remercier les témoins, Mme Hogan, Mme Richard, Mme Schwartz et Mme McCalla, de leur comparution aujourd'hui et des excellents rapports et recommandations que vous avez présentés sur la réponse à la pandémie, de janvier à juin de l'année dernière.
Nous avons déjà beaucoup discuté aujourd'hui de la PCU et des abus auxquels elle a pu donner lieu.
Madame Hogan, vous avez parlé de quelques-uns des contrôles, des rôles communs d'EDSC et de l'ARC et du contrôle unique de la prestation aux étudiants et de la PCU.
Le formulaire d'attestation ne serait-il pas un contrôle à considérer dans ce cadre, également?
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Je vous remercie beaucoup.
Madame Hogan, on nous annonce dans le budget que la Subvention salariale d'urgence va prendre fin au mois de septembre ou, peut-être, au mois de novembre. Cela étant dit, des secteurs comme les arts et la culture ainsi que le tourisme ont été particulièrement touchés. Tous les intervenants, du moins ceux de ma circonscription, nous disent avoir besoin de cette subvention jusqu'en 2022 pour tenter de survivre.
Selon vous et d'après vos recommandations, diriez-vous que les mesures unilatérales, d'un océan à l'autre ou d'un secteur à l'autre, sont adéquates pour relancer l'économie?
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Merci, monsieur le président.
Le 22 mars, j'interrogeais ici Cindy Evans, la vice-présidente par intérim de la Direction générale de la gestion des urgences de l'Agence de la santé publique du Canada. Je lui ai demandé si, à son avis, dans le cas où le système d'alerte aux pandémies du Canada avait été pleinement opérationnel, le gouvernement aurait augmenté le niveau de menace de la pandémie plus tôt et aurait donc instauré davantage de mesures de sécurité, telles que la fermeture de la frontière. Elle a répondu:
Le nombre d'alertes a certes baissé au cours des dernières années, mais le RMISP a continué de fonctionner sans réduction pendant cette période.
Et de poursuivre:
Le système du RMISP a fait exactement ce qu'il avait besoin de faire. Il a émis une alerte à ses divers partenaires internationaux, ce qui n'aurait eu aucune incidence sur l'activité nationale.
Et encore une fois, elle a répété:
[Le système du RMISP] a fait exactement ce qu'il avait besoin de faire. Il a émis un signal concernant les cas inhabituels de pneumonie à Wuhan en Chine.
Madame Hogan, vous dites dans vos conclusions que le Réseau mondial d'information en santé publique de l'ASPC — le RMISP, bien sûr — n'a pas envoyé de préalerte au virus qui allait devenir connu comme étant la cause de la COVID-19 juste un peu plus tard. Au lieu de cela, le réseau a communiqué des rapports quotidiens seulement, comme nous l'avons vu avec les abonnés canadiens, y compris les représentants fédéraux, provinciaux et territoriaux de la santé publique.
L'ASPC a préparé cinq évaluations rapides de l'éclosion du virus, mais n'a pas fait d'évaluation prospective. Vous avez parlé de tout cela.
D'après votre audit et vos constatations, si le système avait été pleinement fonctionnel, pleinement opérationnel, comment les choses auraient-elles pu se passer autrement? Je reconnais que vous avez déjà dit plus tôt, en réponse à une question, que vous ne pouviez pas vous livrer à des conjectures. Cependant, je proposerais qu'une partie de l'audit que vous avez réalisé, en votre qualité de vérificatrice générale, consiste à dire que telle ou telle chose n'a pas été bien faite et que cela a peut-être fait la différence dans la vie des Canadiens. Si nous avions été pleinement opérationnels, quelle aurait été la différence?
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Je peux vous donner quelques exemples.
L'Agence de la santé publique du Canada a des critères qui auraient exigé le déclenchement d'une alerte dans ce cas. Il y a déjà eu des alertes par le passé. Il y a eu une alerte pour la H1N1 et le SRAS. La raison pour laquelle il n'y a pas eu d'alerte cette fois-ci n'est pas claire.
Vous avez bien indiqué qu'il y avait eu une diminution marquée du nombre d'alertes. Mais je signalerai que deux alertes ont été envoyées pendant la pandémie. La première était, je pense, pour un virus chinois causé par une piqûre de tique en Chine; il est donc clair qu'il y avait encore des alertes diffusées.
L'alerte n'est pas seulement nationale, mais elle s'adresse également à nos homologues internationaux. C'est là, je pense que personne ne devrait se livrer à des conjectures sur ce qui aurait pu être différent si nos homologues internationaux avaient reçu l'alerte du RMISP plus tôt. Leur réponse aurait-elle été différente? Notre réponse ou la propagation du virus serait-elle différente alors?
Tout cela est hypothétique, et je ne pense pas que quiconque puisse vraiment le dire avec certitude. C'est pourquoi j'estime qu'il est important que l'Agence de la santé publique décide ce qu'elle attend du Réseau mondial d'information en santé publique, qu'elle précise très clairement quand et comment le réseau doit être utilisé, puis qu'il soit utilisé comme prévu. À notre avis, il n'a pas été utilisé comme prévu pour toutes les raisons que je viens d'évoquer.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins qui sont ici aujourd'hui.
Je souhaite la bienvenue à Mme Hogan et aux membres de son équipe.
Travailler pour la vérificatrice générale offre l'avantage de ne pas s'inquiéter au sujet de l'échéance du 30 avril. J'ai parlé à plusieurs comptables ces derniers jours, et je salue votre travail. Plus sérieusement, je considère comme très important le travail que vous faites, à titre de tierce partie, afin de corriger certaines erreurs commises.
J'aimerais parler de la question des contrôles frontaliers. Vous avez formulé des recommandations et le ministère a réagi. Il y a eu plusieurs décrets ministériels rendus en raison de la nécessité de procéder à certains changements. Je me souviens qu'au mois d'avril 2020 il était question des travailleurs étrangers. Il s'agissait de savoir s'ils pouvaient ou non venir au pays. Il fallait changer cette règle et ce sont nos employés de l'Agence des services frontaliers du Canada qui ont dû l'appliquer. L'Agence a réagi en disant qu'il faudrait davantage de formation quand de nouveaux décrets ministériels sont rendus.
Avez-vous trouvé d'autres exemples, ailleurs, où des décrets ministériels ont été rendus chaque mois? J'essaie de me mettre à la place des personnes qui les rendent et de celles qui doivent agir suite à ces décrets ministériels. Est-ce réaliste de dire qu'il est possible de former ces personnes quand il y a tellement de nouvelles règles qui entrent en jeu en si peu de temps?
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Votre audit a commencé le 25 mars et s'est terminé au mois de juin 2020. Cela coïncide avec la période où tous les Canadiens et Canadiennes rentraient massivement au pays. Je me souviens que la plupart de mes collègues et moi-même étions occupés à rapatrier des Canadiens et des Canadiennes de partout dans le monde.
Vous avez parlé du suivi de la quarantaine. Devrait-il y avoir une meilleure collaboration entre les agents de la santé publique et les forces de l'ordre provinciales, comme M. Paul-Hus l'a mentionné plus tôt? En Ontario, il s'agit de la Police provinciale de l'Ontario, ou OPP, de la Sûreté du Québec, ou SQ, au Québec, et dans d'autres provinces, de la Gendarmerie royale du Canada, ou GRC. Dans ce dernier cas, il s'agit d'un contrat distinct et qui ne relève pas du ministère.
Comment votre recommandation pourrait-elle régler le problème? Je n'arrive pas à concevoir que l'on puisse embaucher 3 000 agents de la santé publique à temps plein. J'essaie simplement de comprendre cette recommandation et de déterminer comment nous pourrions améliorer la situation.
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Notre recommandation était axée sur une meilleure préparation, et cela ne signifie pas nécessairement l'embauche de 3 000 personnes, comme vous dites, qui attendent qu'une quarantaine obligatoire survienne pour en assurer le suivi.
Il s'agit vraiment d'avoir un plan afin d'être prêts dans le cas où il deviendrait nécessaire d'augmenter la capacité. Pendant notre audit, nous avons constaté que l'Agence de la santé publique du Canada n'avait pas planifié cela et qu'elle n'était pas prête à gérer une quarantaine à l'échelle nationale. Elle a reconnu ne pas avoir les ressources nécessaires et elle a alors demandé l'aide d'autres agences pour le suivi des voyageurs par téléphone, par exemple. Dans seulement 40 % des cas, lorsqu'elle a établi que certaines personnes étaient à haut risque de ne pas respecter les exigences, elle a eu recours aux forces de l'ordre.
C'est pourquoi il est important d'être mieux préparés, d'avoir un plan en place afin d'être prêts à augmenter la capacité si cela est nécessaire.
[Traduction]
Cependant, en anglais, ce serait « to deal with surge capacity ».
[Français]
En d'autres mots, il faut être en mesure de réagir lorsqu'il y a une augmentation rapide et importante des besoins, qui sera éventuellement suivie d'une diminution. Il s'agit d'être mieux préparés et de mieux planifier les choses.
Je poursuis dans la même veine. En ce qui concerne la Subvention salariale d'urgence du Canada, vous avez mentionné que le gouvernement a suivi les pratiques exemplaires de tous les coins du monde au sujet de la subvention salariale. Quelles pratiques exemplaires?
Voici où je veux en venir: je consultais la liste des 50 plus grandes entreprises au Canada par capitalisation boursière. Une dizaine d'entre elles, dont la capitalisation boursière est d'un tiers de billion de dollars, ont reçu des subventions salariales. Ces sociétés, qui représentent un tiers de billion de dollars de capitalisation boursière, ont fait 32 milliards de dollars de bénéfices. Donc, encore une fois, j'essaie de savoir quelle analyse des Finances ou quelles pratiques exemplaires ont légitimé l'élaboration d'un programme qui allait verser des subventions salariales à un groupe... De fait, je pense que sept d'entre elles valaient un tiers de billion de dollars, mais j'en viens également à ce que disait M. Green au sujet d'une subvention destinée aux entreprises qui ont fini par verser des dividendes.
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Malheureusement, je ne suis pas certaine de pouvoir répondre à cette question. Je vois la même chose que vous dans les médias, mais je n'ai pas fait de travaux me permettant de vous dire si la réponse de l'ASPC a évolué ou non.
Ce que nous avons constaté au cours de la période visée par l'audit, et nous l'avons démontré dans le cadre de l'audit sur la préparation en cas de pandémie, c'est que l'ASPC s'est adaptée et a évolué à ces premières étapes. Je suppose qu'elle a continué de s'adapter et d'évoluer comme le virus.
Nous avons constaté qu'elle n'avait pas d'entente avec ses partenaires provinciaux et territoriaux, mais l'absence d'entente ne l'a pas empêchée de discuter avec eux et de s'assurer qu'ils recevaient l'information. Lorsqu'elle a constaté que c'était trop demander aux provinces et aux territoires, elle s'est adaptée encore une fois pour essayer de rendre cela plus gérable.
Nous l'avons certainement vue réagir dès les premières étapes. Je suppose qu'elle a continué de le faire pendant [Difficultés techniques].
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Il y a deux discussions ici.
Nous devions entreprendre d'autres audits liés à la pandémie, notamment ceux de l'Agence de la santé publique du Canada, d'Emploi et Développement social Canada et de l'Agence du revenu du Canada. Ils nous ont demandé d'en retarder certains, compte tenu des pressions que subissent déjà leurs employés et du fait que nous sommes maintenant dans une autre vague et encore aux prises avec la pandémie et que nous réagissons. Nous avons convenu de retarder certains audits. Nous allons les remplacer par d'autres travaux.
En ce qui concerne le travail sur la pandémie, comme je l'ai mentionné, nous aurons deux rapports en mai, un sur l'achat d'équipement de protection personnelle et de dispositifs médicaux, et l'autre sur le soutien aux collectivités autochtones, y compris pour ce qui est de l'équipement de protection personnelle, de l'accès à des infirmières et ainsi de suite. Il y aura probablement d'autres rapports sur la pandémie en novembre, qui incluront les travailleurs étrangers temporaires et la protection de l'approvisionnement alimentaire du Canada.
Vous pouvez accéder à tous nos audits à venir sur le site Web du Bureau du vérificateur général. Il y a une section sur les rapports prévus. Vous pouvez voir à la fois les audits liés à la COVID et les autres, ainsi que les travaux d'audit des commissaires à l'environnement et au développement durable. On les y retrouve depuis quelques années.
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Je vous remercie beaucoup.
Vous avez noté que l'Agence de la santé publique du Canada avait conclu une entente avec Services publics et Approvisionnement Canada afin de numériser les coordonnées des voyageurs recueillies sur papier.
En ce qui a trait aux dossiers des immigrants — je bifurque, mais vous allez voir que je reviens ensuite à ce qui nous occupe —, au départ, on recevait les documents en format papier. Ensuite, il a été décidé de fonctionner avec des documents en format numérique, parce qu'il n'y avait pas d'accès aux documents en format papier. Finalement, comme on ne trouvait pas les dossiers numériques, il a fallu que les documents soient envoyés en format papier.
Ne nous retrouvons-nous pas avec le même imbroglio quant à la numérisation des documents?
Est-ce que ce procédé permet de bien protéger les coordonnées des voyageurs?
Y a-t-il d'autres moyens, adoptés ailleurs dans le monde, qui seraient peut-être plus efficaces?
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Je ne sais pas si l'on peut vraiment comparer les deux situations.
Dans ce cas-ci, les données sur les voyageurs étaient obtenues en temps opportun. La numérisation de l'information fournie en format papier demandait parfois six jours ou plus, comme nous l'avons constaté dans notre rapport. Quand une quarantaine dure 14 jours et que l'on a besoin de faire un suivi dans les plus brefs délais pour s'assurer qu'un voyageur respecte bien les exigences liées à la quarantaine, il faut que l'information soit disponible plus rapidement.
Une application a été mise au point, mais elle n'a pas été utilisée au début. Elle est devenue obligatoire plus tard au cours de la pandémie. Pendant la période où nous avons mené l'audit, nous avons constaté que, dans un dossier de voyageur sur cinq, il manquait de l'information qui était importante pour être en mesure de faire un suivi.
C'est un exemple où, par manque de planification, l'Agence n'était pas prête à bien gérer la situation. C'est l'un des défis qu'elle doit relever pour être prête à réagir s'il survient une nouvelle crise dans l'avenir et si nous devons encore imposer une quarantaine à l'échelle nationale.
J'aimerais pouvoir partager mon temps de parole avec vous, monsieur Green, parce que j'aime bien vos interventions.
Je veux revenir à la subvention salariale. Quelque part dans le rapport, on dit que le ministère des Finances a fait une analyse complète, à laquelle il a donné suite, mais il semble s'agir seulement d'une analyse de la façon d'accorder la subvention et non pas d'une analyse de ceux à qui elle est destinée.
Je parlais de certaines des capitalisations boursières. Un exemple parfait est celui de Lululemon, qui a vu sa capitalisation boursière augmenter de 15 milliards de dollars l'an dernier, mais qui avait quand même accès à la subvention.
Je vais passer à autre chose, si vous le permettez.
À la page 16 de votre rapport sur la subvention salariale, au paragraphe 7.61, vous dites:
Avec le peu de données qu'elle avait, l'Agence a mené des activités liées aux renseignements d'entreprise en juin 2020, c'est-à-dire qu'elle a analysé des données...
Il est ensuite dit:
Pour 35 % des demandes de subvention, la TPS/TVH perçue en 2020 était 35 % plus élevée que les revenus bruts de l'employeur, selon ce qui a été déclaré sur sa dernière déclaration de revenus.
Est-ce que je comprends bien que, pour les personnes qui se sont prévalues d'une subvention salariale, la TPS perçue était plus élevée que le total des revenus bruts de l'année précédente?