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Merci, monsieur le président et membres du comité.
Je vous remercie d'avoir invité l'Association of Cultural Industries de prendre la parole aujourd'hui au sujet de la communauté culturelle de Terre-Neuve-et-Labrador.
Je m'appelle Amy House et je suis présidente de l'ACI. Je suis membre du comité de défense de la PACT, ou Association professionnelle des théâtres canadiens, et je suis l'animatrice artistique du Centre de ressources de la compagnie de théâtre Arts à St. John's.
L'annulation de Routes commerciales et de PromArt, soit le Programme de promotion des arts, annoncée l'année dernière a créé d'importantes lacunes en ce qui concerne la capacité des producteurs culturels canadiens de susciter l'intérêt des marchés étrangers pour leurs produits et d'organiser des tournées en vue de présenter leurs oeuvres en public étranger. De plus, les organismes culturels qui cherchent à faire venir au Canada des acheteurs étrangers et des contrôleurs financiers pour voir nos produits sont également touchés par ce changement.
Ces compressions budgétaires ont donc créé des problèmes considérables pour une vaste gamme d'artistes et d'organismes artistiques, et elles compromettent la capacité de tout le secteur non seulement de créer des possibilités de financement au sein de la nouvelle économie créatrice et d'en profiter, mais aussi d'être les ambassadeurs culturels du Canada à l'étranger.
Au Canada, le secteur culturel est considéré comme moteur économique depuis peu de temps, mais le fait est que ce dernier apporte une contribution très considérable au tissu social et économique du pays, et ce depuis fort longtemps. Dans un rapport publié en 2008, le Conference Board du Canada était d'avis que les industries du secteur culturel ont apporté à l'économie une valeur ajoutée réelle de l'ordre de 46 milliards de dollars en 2007, soit environ 3,8 p. 100 du PIB total.
Part ailleurs, l'empreinte économique du secteur culturel est encore plus importante lorsqu'on tient compte de l'ensemble des effets directs, indirects et induits. D'après le Conference Board, la contribution globale de ce secteur était donc de l'ordre de 84,6 milliards de dollars, soit 8 p. 100 du PIB total en 2007.
Le secteur culturel à Terre-Neuve-et-Labrador apporte à l'économie de la province une contribution annuelle d'environ 400 millions de dollars. Comme les artistes de Terre-Neuve-et-Labrador habitent une île, ils font face à des problèmes encore plus graves en ce qui concerne l'exportation de leurs produits et les tournées. Les artistes du reste du Canada peuvent contourner de nombreux obstacles pour présenter leurs oeuvres au reste du monde, alors que nous devons relever le même défi simplement pour atteindre le reste de la population canadienne. Le transport des oeuvres d'art, l'organisation de tournées interprovinciales de groupes de musique et de compagnies de représentation, d'expédition de livres ou d'enregistrements, et le tournage de films à l'extérieur occasionnent des dépenses qui augmentent considérablement du moment qu'on doit tenir compte du coût des billets d'avion, du transport du matériel et de l'hébergement.
Bon nombre de ces coûts sont cachés ou ne sont pas évidents pour les non-créateurs. Prenons l'exemple des dépenses que doit engager un visualiste qui doit mettre en caisse et expédier son oeuvre à une galerie étrangère ou même canadienne. Par le passé, on pouvait présenter une demande de subvention en vertu du Programme des Routes commerciales et de Promotion des arts à l'égard de ce genre de dépenses toujours croissantes. Maintenant que ces crédits ont disparu et que d'autres types de financement n'ont pas augmenté dans le nouveau budget, ce sont les artistes qui devront assumer cette charge, de sorte qu'un public national ou, dans notre cas, même le public canadien, n'aura peut-être pas l'occasion de les apprécier.
Au lieu d'investir dans la promotion du secteur artistique et culturel dans le contexte d'une économie créatrice, ces compressions budgétaires donneront lieu à une réduction de l'activité économique, pour ne parler que de l'aspect monétaire de cette mesure. D'ailleurs, notre gouvernement provincial s'est vu dans l'obligation d'offrir une aide de 250 000 $ aux artistes et groupes de Terre-Neuve-et-Labrador afin d'atténuer l'impact des compressions sur les programmes d'exportation culturelle.
Vous avez sans doute entendu dire que la cérémonie de remise des Prix de la musique de la côte est a eu lieu ce dernier week-end. Par le passé, les organisateurs de cet événement ont pu obtenir des crédits par l'entremise des Programmes de Promotion des arts et des Routes commerciales pour faire venir des acheteurs étrangers sur la côte est afin de participer à une conférence de réseautage et d'achat qui est organisée annuelle pour permettre aux musiciens canadiens, quelle que soit leur notoriété, de vendre leurs oeuvres sur un marché international assoiffé de nouveauté. Grâce à un investissement d'environ 60 000 $ provenant des deux programmes d'exportation, l'ECMA peut faire venir des dizaines d'acheteurs étrangers au Canada et donc de générer des milliers de dollars d'investissement et d'heures de travail de plus pour les musiciens, le personnel technique, les promoteurs et les détaillants de Terre-Neuve.
De même, le St. John's International Women's Film Festival a permis de faire venir des acheteurs en vertu des deux programmes en question, ces derniers prennent fin avec l'élimination de PromArt.
Theatre Newfoundland and Labrador a également eu recours à PromArt à plusieurs reprises. Il y a quelques années, TNL a monté une production originale en Tasmanie, ce qui lui a permis d'établir d'importants contacts internationaux qui ont donné lieu à de nouvelles offres et ont contribué à assurer la viabilité de cette compagnie grâce à des coproductions et le partage des coûts avec des groupes tasmaniens, sans parler, bien entendu, des répercussions positives directes sur le tourisme dans la province. Le nombre de Tasmaniens qui visitent Terre-Neuve-et-Labrador a doublé chaque année depuis.
La vente de billets à l'étranger, les crédits provinciaux et les investissements étrangers correspondent essentiellement au coût de cet échange, mais cette production n'aurait jamais pu se réaliser sans les fonds accordés par l'entremise de PromArt pour supporter certaines dépenses.
La province de Terre-Neuve-et-Labrador a conclu un accord d'échanges avec la Tasmanie. Mais, en l'absence du financement assuré par le Programme de promotion des arts nous ne serons plus en mesure de respecter les conditions de cet accord dans les années qui viennent.
Un ralentissement économique dans le secteur artistique et culturel a essentiellement le même effet que dans d'autres secteurs, même si la majorité des entreprises dont on parle sont des producteurs culturels individuels ou de petites compagnies. En l'absence de financement leur permettant de maintenir et d'élargir leurs activités, les producteurs culturels et les artistes ne peuvent pas soutenir l'immense cercle d'entreprises, d'individus et d'organismes dont l'existence dépend de leur produit.
Les musiciens soutiennent une vaste gamme de commerces et des travailleurs de tous genres: les compagnies de gestion, les studios d'enregistrement, les fabricants de CD, les graphistes, les techniciens du son, les compagnies de distribution, les magasins de détail et les propriétaires de salles de spectacles. Il en va de même pour les auteurs, dont dépendent, entre autres, les préparateurs et réviseurs de textes, les éditeurs, les concepteurs, les imprimeurs, les distributeurs et les magasins de détail. Il ne faut pas non plus sous-estimer l'interaction entre les différents secteurs. Celui du film a besoin du secteur littéraire pour les scénarios, celui de la musique, pour le son, le secteur visuel, pour le design, etc.
Le refus de reconnaître que l'exportation de ces produits est essentiel pour mener des activités commerciales dans une culture mondialisée correspond à un refus de soutenir le secteur dans son ensemble. Si le gouvernement est d'avis que les programmes qui ont été éliminés étaient inefficaces, il a l'obligation soit de corriger le problème, soit de le remplacer avec d'autres initiatives qui sont efficaces. Les crédits qui permettaient de financer ces programmes étaient essentiels pour la viabilité de ces activités commerciales, et ces dernières ne pourront pas continuer en l'absence de ce financement.
Pour conclure, je voudrais simplement vous exhorter à rétablir le financement des programmes d'exportation, de tournées et de réseautage étranger dont bénéficiaient les artistes canadiens afin qu'il corresponde au moins au niveau que prévoyaient les budgets antérieurs. Il faut également s'assurer que ces fonds sont administrés par des organismes transparents et efficaces, tels que le Conseil des arts du Canada, conformément à la demande de nombreux autres intervenants clés.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup et bonjour à tous.
L'APTC représente plus de 140 compagnies théâtrales professionnelles, à but lucratif et non lucratif, du Canada anglais. Nous sommes membre de l'Alliance des arts de la scène et fondateur de la Coalition canadienne des arts.
Je suis très heureuse d'avoir aujourd'hui l'occasion de vous parler des contributions apportées par nos membres et par la communauté artistique en général à l'excellente qualité de vie dont jouissent les citoyens canadiens, et de l'importance critique des politiques et des mesures de soutien gouvernementales pour ce qui est d'offrir des moyens d'accès et de nouvelles possibilités à tous les Canadiens. L'actuel crise mondiale a précarisé les organismes artistiques canadiens alors que ces derniers n'y sont pour rien. Les programmes fédéraux actuels et l'accroissement du financement récemment annoncés ne sont que moyennement efficaces pour ce qui est de stabiliser le secteur artistique et culturel. L'annulation de certains programmes risque de faire disparaître d'autres activités dans ce secteur.
Nous remercions le gouvernement fédéral pour le récent apport de 30 millions de dollars au budget du Conseil des arts du Canada et pour l'augmentation additionnelle ponctuelle du financement d'Espaces culturels Canada. La reconduction d'un programme national de financement de la formation artistique est tout aussi importante. Ces mesures économiques apportent un soutien très précieux au secteur et communiquent un message important à toute la population canadienne, à savoir que le gouvernement fédéral a confiance dans le secteur artistique et culturel.
Par contraste, l'annulation du Programme de promotion des arts du ministère des Affaires étrangères et du Programme des Routes commerciales administré par Patrimoine canadien risque de déstabiliser les arts de la scène au Canada et de mettre fin au développement des marchés internationaux, d'une part, et au marché actuel de tournées internationales par nos artistes et nos organismes artistiques, d'autre part. Le déficit commercial global du Canada en matière de services culturels était de 919 millions de dollars en 2004. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que ce déficit se transforme en excédent si les artistes canadiens n'ont pas la possibilité de présenter leurs créations au monde entier.
La viabilité et le dynamisme continus du secteur des arts de la scène supposent une aide gouvernementale complémentaire permanente dans cinq domaines clés interreliés: la formation artistique, la production, l'accès au marché national et les tournées; le développement du marché international et les tournées; la stabilisation financière et l'assistance organisationnelle; et, l'infrastructure culturelle. Ces cinq domaines clés correspondent à la vaste gamme d'activités artistiques qui se déroulent actuellement au Canada, et il convient de noter à cet égard que la déstabilisation d'un grand nombre de compagnies d'arts de la scène, due à la réduction importante ou l'élimination d'une série de programmes, devient alors un risque tout à fait réel. Bien entendu, l'inverse est également vrai. Ainsi les crédits investis par le gouvernement fédéral dans les programmes stratégiques de certains ministères fédéraux en vue de soutenir le monde des arts occasionnent une intensification des activités et une viabilité accrue. Des investissements plus importants dans les arts et la culture sont donc garants de la prospérité du Canada, maintenant et dans le futur. Voilà qui peut garantir que ce secteur pourra continuer à rapporter au gouvernement, à tous les paliers, quelque 25 milliards de dollars sous forme de recettes fiscales et contribuer à raison de 46 milliards de dollars au PIB du Canada — il est certain qu'un rendement économique de cette importance ne peut être généré pour le Canada par un secteur artistique et culturel en récession. Par contre, un secteur artistique florissant contribuera sans aucun doute à renforcer le succès du Canada comme chef de file dans une société mondialisée.
Aujourd'hui, nous aimerions présenter cinq recommandations précises au comité: d'abord, accroître le budget des bases du Conseil des arts du Canada de l'ordre de 100 millions de dollars par année; deuxièmement, réinvestir un minimum de 12 millions de dollars dans le développement du marché international et l'organisation de tournées pour le secteur artistique et culturel. Ce financement devrait être affecté au Conseil des arts du Canada et à d'autres organismes déjà établis afin de garantir un maximum d'efficacité et de répercussions positives par rapport à l'argent investi; troisièmement, maintenir le volet Incitatifs aux fonds de dotation au-delà de 2010; quatrièmement, il convient de faire l'annonce le plus rapidement possible afin d'établir un programme d'investissement qui assurera un financement provisoire aux organismes artistiques dans l'immédiat, pour permettre de rester viables en cette période de récession économique; et, cinquièmement, renouveler le programme Espaces culturels Canada afin qu'il existe un montant prévisible de financement de base permettant d'encourager les campagnes de mobilisation de fonds dont dépendent les organismes artistiques et culturels souhaitant entreprendre divers projets et aussi de contribuer à l'économie locale des collectivités où se dérouleront ces projets de capitalisation.
Par le passé, le comité a fait des recommandations énergiques et visionnaires, telles que le doublement du budget du Conseil des arts du Canada. Aujourd'hui, nous exhortons le comité permanent à recommander au gouvernement du Canada que toutes les mesures de stimulation économique prévoient des investissements dans les arts et la culture, et ce afin de rehausser l'avantage concurrentiel du Canada.
Je remercie le comité d'avoir examiné avec soin les recommandations qui lui ont été faites par le passé et je l'exhorte à continuer à démontrer son soutien pour le secteur des arts et de la culture.
Je vous remercie.
Je remercie le Comité permanent du patrimoine canadien d'avoir invité à se faire entendre la compagnie de théâtre Les Deux Mondes, que je dirige depuis 1991. Les Deux Mondes est une compagnie de recherche et de création qui a été fondée en 1973. Elle a été incorporée en 1975. C'est un organisme sans but lucratif. Depuis 36 ans, elle a donné 3 400 représentations et créé 25 spectacles. Elle compte huit employés permanents et engage une cinquantaine de pigistes chaque année: des acteurs, des techniciens, des comédiens.
L'essentiel de nos revenus autonomes vient de la vente de nos spectacles à l'étranger. Notre chiffre d'affaires est d'à peu près un million de dollars par année. Nos tournées nous ont amenés dans plus de 200 villes dans 32 pays, et nous avons participé à une soixantaine de festivals internationaux pour adultes et à une vingtaine pour le jeune public, car certains de nos spectacles s'adressent aussi aux enfants. Les équipes qui partent en tournée comptent en moyenne huit personnes.
Pourquoi jouer à l'étranger? D'abord, sur le plan artistique, c'est l'occasion d'aller à la rencontre d'autres publics, de voir ce qui se fait ailleurs dans notre domaine et d'établir des partenariats avec l'étranger. Par exemple, nous avons en chantier trois coproductions: une avec Liverpool et deux avec la France. Enfin, pour le genre de travail que nous faisons, qui est un théâtre de recherche, le marché intérieur canadien est trop exigu. En fait, la réalité économique nous oblige à amortir les très longues années de recherche sur une très longue période de diffusion, et on ne peut pas le faire seulement au Canada. De plus, pendant des années, les cachets que nous recevions de l'étranger, particulièrement pour le théâtre pour enfants, étaient plus élevés que ceux qu'on pouvait toucher au Canada.
On pourrait parler, bien sûr, d'un autre aspect peut-être plus important de cette activité internationale en disant qu'elle s'inscrit dans les échanges symboliques, diplomatiques, culturels, commerciaux et polis que les pays établissent entre eux. Combien de fois avons-nous entendu le personnel des ambassades dire, au terme d'une représentation, que nous avions fait plus en une seule soirée pour la transmission des valeurs canadiennes que ce qu'eux-mêmes, sur le terrain, essayaient de faire des mois durant en parlant et en tentant d'établir des réseaux. On nous disait que les gens qui étaient dans la salle avaient vraiment pu participer et voir ce qu'était le Canada.
Partout dans le monde, l'offre de spectacles est abondante et le talent ne manque nulle part. Si quelqu'un invite un spectacle de l'étranger, c'est parce que ce spectacle a quelque chose de différent, sinon d'exceptionnel. Le gouvernement canadien devrait tirer une immense fierté de voir ses artistes et ses créateurs à ce point présents sur les scènes étrangères. Malheureusement, au lieu de cela, la disparition annoncée du programme PromArt signifie la fin des tournées à l'étranger des productions canadiennes. Il faut bien comprendre que l'aide du gouvernement fédéral pour le soutien à l'exportation des biens culturels se traduisait principalement par le programme PromArt. Son chiffre d'affaires était de 4,7 millions de dollars.
Le programme Routes commerciales, quant à lui, visait la mise en marché et la promotion des manifestations artistiques, mais le seul financement direct des spectacles, des manifestations culturelles, des foires des expositions et des éditeurs provenait du programme PromArt. D'ailleurs, la plus grande partie de cette enveloppe allait aux grandes institutions canadiennes, que ce soit le Royal Winnipeg Ballet, le National Ballet, le Canadian Stage Company, les Grands Ballets Canadiens ou l'Orchestre symphonique de Montréal. Plus de la moitié de cette enveloppe allait aux grands ensembles, et le reste allait à des petites compagnies comme la nôtre, et parfois à de plus petites encore.
Je vais vous parler rapidement de ce qu'est une tournée. Évidemment, les tournées varient d'une à l'autre. Parfois, on donnera plusieurs représentations dans plusieurs villes, et parfois, ce sera, comme au Canada d'ailleurs, un spectacle étranger qui vient jouer une ou deux fois dans un festival. Il faut comprendre que l'aide de PromArt ne représentait qu'une petite partie d'un montage financier complexe qui rendait possible cette exportation.
J'ai établi des statistiques sur notre compagnie. Je vais vous parler d'une tournée type. Pour les deux ou trois tournées à l'étranger qu'on faisait chaque année, on recevait 40 000 $ de PromArt. Par exemple, au cours de notre dernière tournée, on a donné 13 représentations en 27 jours, dans cinq villes de France. Le coût global de cette tournée a été de 145 000 $. On a reçu une subvention de PromArt d'un montant de 13 600 $, ce qui représente 9,3 p. 100 du coût global. Les diffuseurs étrangers qui nous accueillent paient déjà le cachet du spectacle, les frais d'hébergement, les per diem versés à l'équipe, et se partagent les frais de transport local.
Ce spectacle coûte déjà plus cher qu'un spectacle local. À toutes fins utiles, la contribution fédérale couvrait seulement les dépenses liées au transport international des personnes et des décors. Dans le cadre de cette tournée, il s'agissait de 30 000 $, c'est-à-dire 20 p. 100 des coûts. En fait, on pourrait presque affirmer qu'il s'agissait d'une subvention indirecte aux transporteurs canadiens.
On a calculé que depuis 1991, chaque dollar versé par PromArt à la compagnie Les Deux Mondes nous avait permis d'aller en chercher presque six fois plus, soit 5,72 $, en devises étrangères. Une partie de cet argent est, bien sûr, dépensé dans les pays qui nous accueillent, mais une partie significative est dépensée au pays. En somme, on va chercher des devises étrangères qu'on injecte dans l'économie canadienne. Les simples cachets et droits d'auteurs représentent entre 30 p. 100 et 40 p. 100 des coûts. En termes strictement financiers, on peut donc affirmer que les subventions dispensées par PromArt ne coûtaient rien aux contribuables canadiens. Leur abolition constitue une absurdité économique.
Lorsque le gouvernement a annoncé la diminution de ce programme en 2005, il y a eu un émoi dans les milieux culturels, et le gouvernement s'est livré à une étude intitulée: « Évaluation du Programme de promotion des arts d’Affaires étrangères Canada ». Celle-ci a été déposée en janvier 2006. Ce rapport ne concluait pas à des frais d'administration exorbitants, certainement pas dans le cas de PromArt. Au contraire, il était écrit que ce programme avait généralement atteint ses objectifs de départ, même si sa contribution avait été limitée par la disponibilité des ressources et que, par conséquent, son abolition trois ans plus tard était tout simplement incompréhensible.
Il a fallu des années d'efforts de compagnies ou d'artistes de toutes les provinces pour tisser des liens, des partenariats avec les pays, et tout cela se voit compromis littéralement par l'abolition de PromArt. Évidemment, notre souhait est que le gouvernement fédéral procède à une injection immédiate de fonds supplémentaires au Conseil des Arts du Canada — en effet, il n'y a plus personne pour gérer le programme PromArt, les fonctionnaires ayant été remerciés — afin que celui-ci puisse intervenir tout de suite pour sauver les coproductions, les tournées qui font présentement l'objet de discussions. Sur le plan international, il faut toujours s'y prendre longtemps d'avance. Nos projets sont présentement compromis par cette abolition. Une compagnie comme Les Deux Mondes ou de nombreuses autres risquent assurément de voir leurs activités de tournée diminuer. Suivra ensuite une spirale impliquant d'importantes diminutions en termes de revenus autonomes, d'engagement d'artistes, de techniciens, de personnel de soutien, de droits de suite, etc., et une fragilisation de pans complets d'activités artistiques qui dépendent de la tournée, comme le théâtre jeune public ou la danse, par exemple.
Merci de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais commencer par remercier le comité d'avoir invité le porte-parole de Magazines Canada à comparaître aujourd'hui.
Je m'appelle Jim Everson et je suis le directeur général des affaires publiques pour cette association.
Magazines Canada est l'association commerciale nationale qui représente les principaux magazines canadiens d'intérêt général, culturels, spécialisés, professionnels et commerciaux à contenu canadien appartenant à des intérêts canadiens.
La politique et les programmes canadiens relatifs aux revues font actuellement l'objet d'un examen en profondeur qui est piloté par le ministère du Patrimoine canadien. Ce travail coïncide avec l'examen stratégique des dépenses engagées au titre des programmes d'arts et de culture qu'étudie actuellement le comité. Nous aimerions donc saisir l'occasion de discuter de certains défis auxquels nous risquons d'être confrontés dans les mois qui viennent et d'insister sur la nécessité de continuer à investir dans le secteur canadien des magazines.
Les magazines du Canada connaissent actuellement certaines difficultés en raison d'un très grave ralentissement économique, celui qui nous affecte tous. Les recettes publicitaires correspondent, en moyenne, à 60 ou 65 p. 100 des revenus des magazines. À mesure que les entreprises essaient de surnager dans cette crise économique, elles ont réduit leur publicité, ce qui influe nécessairement sur tous les médias, y compris les magazines. Certains d'entre eux ont dû recourir à des mises à pied, à une réduction des engagements vis-à-vis de leurs journalistes free-lance et à formule du travail partagé dans certains milieux de travail.
Dans ce contexte, l'incertitude liée à notre cadre de politique nationale et aux investissements dans des programmes clés ne fait qu'aggraver les difficultés actuelles. Par exemple, la décision de Postes Canada d'éliminer sa contribution annuelle de 15 millions de dollars au Programme d'aide aux publications, qui permet de verser une aide financière pour la diffusion de magazines canadiens dans l'ensemble du Canada, a créé énormément d'incertitude. Le retrait de cette contribution réduit la valeur du programme de 25 p. 100. Ainsi notre secteur était très heureux d'apprendre le 27 janvier que le budget fédéral prévoyait un investissement de 30 millions de dollars sur deux ans, ce qui remplace la contribution éliminée par Postes Canada. Nous étions également ravis d'entendre l'annonce du ministre Moore le 17 février, au sujet de la création du nouveau Fonds du Canada pour les périodiques, qui remplace à la fois le Fonds du Canada pour les magazines et le Programme d'aide aux publications. Ces investissements donneront au secteur la stabilité dont il a si besoin à cette époque difficile, et nous estimons que le nouveau programme devrait permettre de moderniser le cadre actuel et d'assurer une plus grande flexibilité tout en ciblant les mesures de soutien.
Même si toutes les modalités du nouveau programme n'ont pas encore été définies, un travail d'analyse plus approfondie s'impose, à notre avis, afin de s'assurer que le programme répond bien aux besoins fort variables de ce secteur. Par exemple, en vertu de la structure actuelle, les magazines canadiens à vocation artistique et littéraire bénéficiaient d'un programme spécifique qui leur était propre dans le cadre du Fonds du Canada pour les magazines. Or ce programme cessera d'exister en vertu du nouveau cadre. Il reste que la conception du nouveau programme est telle qu'il sera possible d'établir des lignes directrices et critères d'admissibilité spéciaux pour certaines catégories de magazines, de même qu'une formule de soutien souple. Nous allons donc exhorter le ministre à prendre les mesures qui s'imposent afin de garantir que les besoins spéciaux de magazines de ce genre sont satisfaits par l'entremise des mécanismes qui font d'ores et déjà partie de la structure même du programme.
S'agissant d'investissements dans des initiatives collectives de l'industrie, soit la composante du programme actuel qui a été réduite par suite du processus d'examen des dépenses, le nouveau programme aura justement une composante visant ce même objectif. Ces projets collectifs sont très précieux pour le secteur, et nous sommes favorables à leur maintien. Ils servent à financer des initiatives de promotion au nom de l'ensemble du secteur des magazines canadiens ainsi que des recherches sur des enjeux clés, soit le type de projets qui profitent à l'ensemble de l'industrie.
En conclusion, nous voulons insister de nouveau sur l'efficacité et l'importance de l'appui fédéral. Des gouvernements successifs ont appuyé et continuent à préciser et à améliorer notre politique nationale sur les magazines. Cette dernière comprend la Loi sur les services publicitaires fournis par des éditeurs étrangers, les règlements sur la propriété canadienne, le Programme d'aide aux publications et le Fonds du Canada pour les magazines. Ensemble, ces diverses mesures ont été couronnées de succès. Nous avons au Canada l'un des secteurs les plus ouverts et concurrentiels au monde, qui offre aux consommateurs canadiens un nombre très élevé de titres, à la fois canadiens et étrangers. En même temps, nous avons réussi à améliorer progressivement l'accès aux magazines canadiens, par rapport aux magazines étrangers. Les titres canadiens représentent environ 40 p. 100 des achats de magazines au Canada, ce qui est supérieur à la part canadienne de la plupart des autres médias culturels, et ce surtout en raison de l'application cohérente de la politique fédérale sur les magazines.
Nous espérons pouvoir continuer à compter sur l'appui du gouvernement du Canada afin de consolider les succès du passé.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président, et merci encore à tous nos témoins d'avoir accepté de venir parler aux membres du comité aujourd'hui.
Je suis sûr que vous savez tous — cela ne surprendra personne — que les crédits dont dispose le gouvernement sont limités. Cela étant, il y a nécessairement des décisions à prendre sur la meilleure façon de dépenser l'argent disponible. Il s'agit donc de savoir comment on peut obtenir les meilleurs résultats avec les crédits disponibles, c'est-à-dire l'argent que les contribuables canadiens nous ont confié.
Or, en tant que gouvernement, nous avons décidé qu'une de nos priorités consiste à investir dans les arts et la culture. En fait, ce ministère a obtenu — sur le plan du pourcentage du moins, j'en suis sûr — l'une des plus fortes augmentations budgétaires de tous les ministères à qui nous affectons des crédits.
Je voudrais maintenant revenir sur une question posée par M. Rodriguez et vous demander d'y répondre. Je constate, monsieur MacDuff, que votre compagnie a été constituée en société en 1975, et donc on peut dire qu'elle existe depuis longtemps. En 1992 — là je lis un extrait de l'Encyclopédie du théâtre canadien — un rapport déposé par le Comité permanent des communications et de la culture indiquait que le financement du secteur culturel n'avait pas suivi le rythme de l'inflation.
Avez-vous participé à l'étude effectuée à ce moment-là, monsieur MacDuff? Êtes-vous venu témoigner? Vous en souvenez-vous?
Vous ne vous en souvenez pas? D'accord. Si j'en ai parlé, c'est parce que M. Rodriguez demande sans arrêt aux témoins s'ils ont été consultés avant l'annonce des compressions budgétaires. Or, en 1992, un rapport a été déposé indiquant que le financement du secteur culturel n'avait pas suivi le rythme de l'inflation. Ensuite, dans le budget qu'ils ont déposé en 1995, les libéraux ont réduit le financement général des arts et de la culture. Les programmes d'infrastructure ont été amputés de 44 p. 100; les projets de multiculturalisme de 71 p. 100; et les transferts aux provinces de 40 p. 100. D'ailleurs, ils ont fait tout cela sans consulter quelque groupe artistique que ce soit. Ils vous diront qu'ils ont pris ces décisions-là parce que la situation à l'époque était très difficile, et c'est tout à fait possible; je n'étais pas député en 1995. Mais, je peux vous dire que je trouve un peu surprenant que l'on demande aux gens s'ils ont été informés alors que je sais pertinemment que lorsque le gouvernement libéral a procédé à des réductions budgétaires massives, personne n'a été consulté.
Madame White, vous recommandez que le financement du Conseil des arts du Canada soit augmenté. Êtes-vous au courant du fait qu'avant 2006, le budget global du Conseil des arts du Canada était de 100 millions de dollars?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les quatre témoins d'être venus nous rencontrer aujourd'hui pour nous faire part des commentaires qui leur viennent à l'esprit concernant les coupes destinées à divers domaines qui les touchent et que s'apprête à appliquer le gouvernement.
Madame House, vous avez employé à plusieurs occasions l'expression new creative economy. Je pense que c'est vraiment ce dont il est question. L'économie des arts n'entraîne des coûts qu'en termes de temps humain, ne nuit pas à l'environnement, du moins que je sache, ne dépend pas des ressources naturelles ou de quoi que ce soit d'autre. Comme vous l'avez si bien expliqué, elle est rentable dans divers domaines, pas seulement sur le plan financier. Elle a également un impact sur l'image que nous projetons, que ce soit chez nous ou à l'étranger. C'est une économie qui ne fait de tort à personne.
L'économie traditionnelle, telle qu'on la pratique maintenant, est à la baisse. Or, on dit en anglais:
[Traduction]
Si vous continuez à faire la même chose, vous allez obtenir les mêmes résultats.
[Français]
Si on persiste dans cette voie, on va continuer à voir l'économie se détériorer. C'est pourquoi il faut consacrer beaucoup d'argent à l'économie créative, soit celle des arts et de l'éducation, notamment, qui ne fait pas appel à l'économie traditionnelle.
Ne croyez-vous pas que réduire ces fonds est contraire à tout ce que l'on devrait faire, non seulement dans le domaine des arts mais aussi sur le plan économique?
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Je ne suis pas sûr de savoir de quels projets il s'agit.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, l'application cohérente et uniforme de la politique sur les magazines et un environnement relativement stable ont permis à l'industrie de vraiment investir sur une base prioritaire dans les artistes et les photographes canadiens et de mettre un contenu progressivement plus important à la disposition de la population canadienne.
Je comprends très bien le problème qui se pose à Terre-Neuve, car le Canada est un pays très vaste avec une faible densité de population, et, comme produit, les magazines sont lourds. Donc, les acheminer d'un endroit à l'autre représente un défi important, comparativement à nos partenaires du sud, qui ont une immense industrie du divertissement et des magazines, si bien que cette dernière peut facilement commercialiser ses produits sur le marché canadien et nous concurrencer directement.
Ce qui arrive, d'après nous, c'est que tous les 10 ans environ, on procède à un examen en profondeur de la politique et des programmes touchant les magazines. C'était le cas avec Perrin Beatty au début des années 1990, et de nouveau avec la ministre Copps vers la fin des années 1990, où nous avons fini par nous entendre sur une formule avec les États-Unis. Maintenant il est question de procéder à un nouvel examen en vue d'actualiser et d'améliorer le cadre relatif aux magazines afin qu'ils soient mieux adaptés à l'économie actuelle.
S'agissant de consultations sur les questions qui sont en jeu, je dirais qu'il n'y a pas eu de consultation portant spécifiquement sur les compressions budgétaires visant une partie des programmes qui nous touchent, mais je ne voudrais pas non plus que vous restiez sur l'impression qu'il n'y a pas eu de consultation ministérielle du tout en ce qui concerne les programmes, le cadre stratégique et les priorités futures du secteur en question. Nous avons été bien consultés par le ministère. Ce dernier a effectué des évaluations sommatives et a organisé des consultations publiques et des tables rondes dans toutes les régions du Canada. Donc, nous avons eu amplement l'occasion de nous prononcer sur la question — c'est-à-dire, pas la question précise des compressions budgétaires, mais nous avons certainement eu la possibilité de faire comprendre aux responsables ministériels quels sont les besoins et les priorités de notre secteur, au fur et à mesure qu'il évoluera, surtout si nous souhaitons connaître le même succès que par le passé, dans le contexte où les nouvelles technologies seront utilisées, telles que les magazines en ligne.
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Monsieur le président, distingués membres du comité, je vous remercie de cette invitation à venir témoigner de l'importance des activités d'exportation des Grands Ballets Canadiens de Montréal pour notre pays.
On peut dire que les Grands Ballets, organisme à but non lucratif créé en 1957 par Mme Chiriaeff, ont toujours été une compagnie d'envergure internationale, et ce depuis ses tout débuts. En effet, la première tournée internationale de la compagnie était en 1958, aux États-Unis, à l'invitation du renommé festival Jacob's Pillow. Par la suite, une série de tournées historiques se sont réalisées grâce au soutien du gouvernement fédéral de l'époque, notamment: la première tournée en Europe en 1969, la première tournée en Amérique du Sud en 1976 et la première tournée en Asie en 1983.
Dans les faits, les Grands Ballets effectuent annuellement de trois à quatre tournées à l'extérieur du Canada, pour une moyenne de 20 représentations par an sur les cinq dernières années. Cette saison, avec 33 représentations, nous rejoindrons plus de 53 000 personnes à travers le monde.
Les Grands Ballets en tournée, ce sont 55 à 60 personnes — danseurs, techniciens, costumiers, maîtres de ballet, etc. —, un cargo imposant, souvent plusieurs tonnes, et, vous l'imaginez bien, une logistique complexe. Ce sont autant de raisons qui font en sorte que nous planifions les négociations, les ententes de principe et contractuelles avec soin pour garantir la présence internationale des Grands Ballets au moins trois ans à l'avance.
Côté financier, les Grands Ballets ont bénéficié annuellement, par l'entremise des programmes PromArt et Routes commerciales, d'une aide à l'exportation de l'ordre d'environ 200 000 $ par an, ce qui représente, en moyenne, 2 p. 100 de notre budget annuel.
Pourquoi le gouvernement du Canada devrait-il appuyer les activités d'exportation des Grands Ballets Canadiens de Montréal? Permettez-moi de concentrer l'essentiel de mon propos d'aujourd'hui, à l'intérieur de cinq minutes, sur les facteurs d'ordre socioéconomique et, d'une certaine manière, politique.
Nous savons toutes et tous que les arts, forme d'expression naturelle de l'homme et de sa créativité, sont le reflet d'un pays et de sa diversité culturelle, lui confèrent son identité. En somme, comme le disait un grand philosophe: « science sans conscience n'est que ruine de l'âme ».
Au-delà de la mission des Grands Ballets qui inclut le rayonnement international, les activités d'exportation de la compagnie sont une nécessité, pour la simple raison que le marché montréalais à lui seul ne détient pas le potentiel suffisant pour générer les revenus annuels dont nous avons besoin.
Les activités d'exportation des Grands Ballets sont aussi une réponse directe à la demande internationale. Notre produit culturel plaît, car il est distinctif, original, innovateur et parce que notre compagnie a une réputation d'excellence et de performance. Autrement dit, les Grands Ballets ont réussi, par le travail assidu de leurs danseurs, concepteurs, artisans, membres du conseil d'administration, comités, employés, pigistes, bénévoles, soit plusieurs centaines de personnes et le soutien des trois paliers de gouvernement, à se hisser au rang des grandes institutions culturelles canadiennes les plus actives du Canada et l'une des plus prisées sur la scène internationale, un acquis bâti année après année, mois après mois, jour après jour.
Mais, la concurrence internationale est féroce, surtout dans la conjoncture actuelle. Mes collègues à l'international ont pu bénéficier, de la part de leurs gouvernements, d'un soutien continu et, pour la plupart, d'un soutien accru, particulièrement nos concurrents européens, ce qui les rend aujourd'hui plus compétitifs, à la lumière des coupes que nous subissons ici, dans notre pays. Notre situation est d'autant plus fragilisée que les Grands Ballets, comme toute grande institution culturelle en Amérique du Nord, est aussi tributaire des revenus du secteur privé, en crise aujourd'hui. Il nous est extrêmement difficile, malgré tous les efforts redoublés que nous déployons, de maintenir le niveau actuel de revenus du secteur privé et encore moins, vous le comprendrez, de compenser les pertes financières résultant de l'élimination des deux seuls programmes fédéraux en aide aux activités d'exportation.
Si cette situation met en péril à court et à moyen terme les Grands Ballets sur le plan de leur viabilité financière, elle pose également un très grand problème d'image pour notre pays à l'extérieur de nos frontières.
Le milieu culturel à l'étranger — et le milieu politique, car n'oublions pas que nos ambassades dans le monde « utilisent » la présence des Grands Ballets pour bâtir des ponts avec les gouvernements et le secteur économique locaux — comprend mal les raisons pour lesquelles un pays comme le Canada, membre du G8, ne soutient plus ses acteurs culturels alors que ceux-ci — permettez-moi de le répéter encore une fois — suscitent un engouement sans précédent auprès du public international. Si Les Grands Ballets étaient une PME, une petite et moyenne entreprise, dynamique et innovatrice dans le domaine des composantes électroniques, par exemple, dont les produits sont en forte demande sur le marché international, il serait logique, même stratégique, de soutenir cette PME afin qu'elle gagne des parts de marché, surtout dans le contexte économique que nous connaissons. Pourquoi le produit culturel serait-il traité différemment?
Est-ce que Les Grands Ballets peuvent vivre sans le soutien financier aux exportations? Non. Pour toutes les raisons que je viens d'évoquer, mais aussi du fait que nous opérons, comme tout secteur économique, dans un monde concurrentiel et soumis aux normes. Ces normes internationales imposent que la compagnie invitée par le diffuseur défraie tous les frais de transport et les frais de séjour — raison d'être du programme PromArt. Quand à Routes commerciales, ce programme était particulièrement efficace dans le sens où il nous permettait d'inviter de futurs acheteurs pour garantir nos contrats d'exportation à l'avenir.
Prenons comme exemple les dernières représentations des Grands Ballets au festival Les étés de la danse, à Paris l'été dernier. Plus de 32 000 personnes sont venues applaudir la compagnie au Grand Palais. Grâce au programme Routes commerciales, nous avons pu inviter près de 40 diffuseurs intéressés par la compagnie.
Bilan:
- des tournées sont en cours de finalisation en France et en Hollande pour février 2011 et au Royaume-Uni au printemps 2011;
- nous avons engagé des négociations avec le Festival de Bregenz en Autriche, Cologne et Berlin, le Festival de Ravenne et la Biennale de Venise;
- mais le contrat d'exportation le plus prestigieux est certainement celui de la tournée historique des Grands Ballets Canadiens au Moyen-Orient en juin prochain, en Israël et en Égypte, les Grands Ballets ayant notamment reçu une invitation pour faire partie des célébrations officielles du centenaire de Tel Aviv.
Mentionnons en passant que notre présence en Israël coïncidera aussi avec le 60e anniversaire des relations bilatérales entre le Canada et Israël.
Les conséquences de l'élimination de tout soutien financier du gouvernement fédéral à nos activités d'exportation sont désastreuses.
Je terminerai par des faits concrets.
Cette année, nous avons annulé une tournée aux États-Unis — quatre villes en Californie et en Pennsylvanie en janvier 2009 — et nous avons réduit de trois villes notre tournée américaine de l'automne dernier, faute de soutien provenant du programme PromArt.
Nous avons interrompu toutes nos discussions avec la Biennale de Venise, qui souhaitait présenter la compagnie en juin 2010, alors que nous savons qu'une telle invitation prestigieuse est le fruit de nombreuses années d'efforts et d'excellence. Les diffusions en Pologne — Lodz et Cracovie — ont été annulées.
les diffuseurs italiens nous demandent aujourd'hui une confirmation de nos subventions fédérales pour la tournée anticipée des Grands Ballets en avril 2010, à Ferrara, Vincenzo, Bolzano et à Modène en particulier, et, dans le cas contraire, les Grands Ballets seront remplacés par des concurrents plus rentables.
Notre tournée au Moyen-Orient en juin prochain est menacée, car nous n'avons pu, jusqu'à maintenant, remplacer l'aide financière à l'exportation de 250 000 $ que nous anticipions du programme PromArt.
En conclusion, en tant que gestionnaire actif aux Grands Ballets depuis plus de 13 ans et dans le milieu culturel depuis encore plus longtemps, je puis affirmer aujourd'hui que, au-delà de nos différences, de quelque nature qu'elles soient, le soutien financier du gouvernement canadien aux tournées — rappelons ici que nous parlons d'un montant de 3 millions de dollars pour les arts de la scène pour le programme PromArt et de 500 000 $ pour Routes commerciales — est selon moi justifié, sensé, vital. J'ajouterais même que ce soutien makes good business sense.
Je vous remercie.
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Je vais essayer de rester attentif.
Merci infiniment de m'avoir invité à comparaître. Comme on m'a donné un très bref préavis, il me semble que personne ne pourra pas dire que le gouvernement n'agit pas rapidement quand il veut le faire.
Des voix: Oh, oh!
M. Robert Labossière: Je pense que nous avons reçu l'avis mercredi dernier seulement, mais je tiens à remercier le greffier pour son aide et ses explications. Je suis ravi d'être là et d'avoir l'occasion de vous rencontrer.
Si je me présente devant vous aujourd'hui, c'est non seulement pour vous renseigner sur notre organisme, mais aussi pour avoir l'occasion de participer à ce dialogue fort intéressant que vous avez ouvert. Je vous dis cela parce que le greffier ne savait pas qui nous sommes et j'imagine qu'il en va de même pour vous. L'Organisation des directeurs de Musées d'art du Canada, ou l'ODMAC, est une association professionnelle qui représente les directeurs de musées d'art dans tout le Canada. Nous avons plus de 80 membres, qui sont directeurs de nos plus grandes institutions, comme le Musée des beaux-arts de l'Ontario, le Musée des beaux-arts de Vancouver et le Musée des beaux-arts du Canada. Il s'agit également de directeurs de centres artistiques régionaux, comme la Confederation Centre Art Gallery à Charlottetown, dans l'Île-du-Prince-Édouard, la Art Gallery of Southwestern Manitoba située à Brandon, au Manitoba; et la Two Rivers Gallery à Prince George, en Colombie-Britannique.
L'ODMAC représente les cadres qui sont responsables de budgets allant de plusieurs millions de dollars à plusieurs centaines de milliers de dollars et dont les effectifs varient entre moins de 10 et plusieurs centaines d'employés. L'ODMAC travaille essentiellement dans deux domaines, soit le perfectionnement professionnel et l'élaboration de politiques et de normes visant à guider le travail difficile des directeurs de musées. L'ODMAC facilite également la recherche sur diverses questions qui préoccupent la communauté muséale et sert aussi de voie de communication importante pour la diffusion de l'information, le réseautage et l'établissement de partenariats entre différents musées.
Plutôt que de reprendre en détail certains éléments qui vous ont déjà été exposés aujourd'hui, et que mes collègues vous ont si bien expliqués, je préfère me concentrer sur les approches stratégiques, notamment du point de vue des cadres.
Pour les directeurs de musées d'art, les programmes d'arts et de culture constituent des outils qui les aident à diriger leurs propres organismes. Pour nous, le leadership est important, surtout à cette époque d'incertitude économique, quel que soit le secteur concerné, qu'il s'agisse d'activités manufacturières, de la mise en valeur des ressources, des soins de santé ou de la culture. Je suis sûr que vous comprendrez tous que nos dirigeants ont d'énormes responsabilités, et il leur faut les bons outils pour garantir le succès de leurs organisations. Déterminer quels outils sont nécessaires et s'ils sont efficaces ou non correspond à élaborer une stratégie, et nous tenons pour acquis que tel est l'objectif du comité.
Je voudrais aborder brièvement quatre catégories d'outils, et j'espère ne pas dépasser le temps qui m'est imparti: d'abord, la reconnaissance essentielle de l'art et de la culture comme étant la clé de voûte de l'identité nationale. Qu'on parle de la Soirée du hockey ou de Mordecai Richler, nous avons au Canada des produits culturels qui unissent les Canadiens et leur donnent un sentiment de bien-être. Ces produits culturels sont essentiels à la stabilité culturelle. Des institutions publiques, telles que les musées d'art et les galeries publiques, procurent à leurs collectivités locales un sens et une cohérence qui leur est propre. Elles engendrent le sens de responsabilité et un sentiment de fierté chez les citoyens de la localité. Les programmes publics dispensés par les musées permettent d'entretenir un dialogue permanent sur des questions culturelles, dialogue qui est à la fois ouvert et éclairé, qui minimise les malentendus et atténue le désir de se tourner vers l'intérieur en matière culturelle, qui mène si souvent au conflit. Nos institutions culturelles constituent le fondement de notre vie civique.
Dans le domaine de l'éducation, je ne connais pas de parent qui ne félicite pas son enfant lorsque ce dernier apprend à dessiner, à peindre, à jouer de la musique ou à danser. C'est que les parents savent instinctivement que le jeu fait appel à l'imagination et garant d'une bonne santé mentale et du développement de la capacité de raisonner; en d'autres termes, nous savons que c'est positif, même si nous ne savons pas exactement pourquoi. Nous devons donc nous assurer que l'éducation artistique ne disparaisse pas après la 6e année. Ainsi il appartient à nos institutions artistiques de fournir des occasions aux Canadiens de participer à ce genre d'apprentissage permanent.
Sur le plan de la formation plus précisément, l'ODMAC constate à présent que des mesures d'acquisition de perfectionnement de compétences particulières s'imposent dans le domaine de l'administration artistique et du leadership culturel. Il y a quelques années, dans un article paru dans le Harvard Business Review, l'auteur américain Daniel Pink écrivait que la maîtrise en beaux-arts a délogé la maîtrise en administration des affaires en tant que diplôme de prestige. C'est lui qui a parlé en premier du lien entre l'importance accrue de l'innovation et des entreprises axées sur le savoir dans les économies occidentales et la hausse du nombre d'étudiants qui s'inscrivent à des programmes de beaux-arts de deuxième et de troisième cycles. En fait, si je ne m'abuse, les inscriptions aux programmes de beaux-arts sont au deuxième rang, après ceux du génie et des sciences informatique. Aujourd'hui, il s'agit d'aller plus loin par rapport à la réflexion de M. Pink: il faut créer des programmes d'études avancées permettant de former la prochaine génération de cadres culturels.
S'agissant maintenant de l'accès efficace à des sources de financement permanentes, force est de constater que l'action des institutions artistiques et patrimoniales est actuellement gravement entravée par le fardeau administratif que représentent l'obtention et le maintien d'un financement suffisant. Pour vous dire la vérité, il y a trop de petites programmes visant à financer des projets de courte durée qui supposent un investissement disproportionné de temps et de ressources pour remplir les formulaires de demande et préparer les rapports qui sont exigés par la suite. Ce qu'il nous faut, ce sont des programmes de financement pluriannuel qui englobent la vaste gamme d'activités menées par le musée d'arts, à la fois les opérations et les programmes, de même que des outils qui simplifient le processus de présentation de demandes de financement et de rapports aux différents paliers de gouvernement et aux organismes gouvernementaux.
Il y a déjà eu de l'innovation dans ce domaine. L'année dernière, la base de données en ligne CADAC, à savoir la Canadian Arts Data/ Données sur les arts au Canada, a été lancée, et cette dernière permet aux organismes artistiques de se servir du même logiciel et des mêmes renseignements financiers pour présenter aux différents paliers de gouvernement et aux organismes gouvernementaux une demande de subvention ou un rapport sur les résultats.
Je pense que vous êtes conscients de la nature du problème. Il faut préparer un budget pour tel organisme, un autre budget pour tel autre organisme, et comme les budgets ne sont pas exactement les mêmes, cela finit par vous prendre énormément de temps. Cette idée d'harmonisation qui a été lancée par la Fondation Pew en Pennsylvanie aux États-Unis, donne de très bons résultats et commence à être appliquée un peu partout. Il est clair que diverses provinces voudront éventuellement avoir recours au même genre de mécanismes.
Le ministère du Patrimoine canadien est l'un des partenaires du projet, puisqu'il se joint aux bailleurs de fonds à la fois provinciaux et municipaux pour le concrétiser. Il faut donc que des mécanismes semblables à ceux que propose l'ODMAC soient utilisés dans d'autres provinces. C'est un projet d'infrastructure et un investissement qui en vaut certainement la peine.
Un dernier mot au sujet du droit d'auteur. Même si je sais que tel n'est pas le sujet de l'étude du comité — c'est quelque chose qui intéresse plutôt l'industrie — j'imagine que vous êtes tous au courant des problèmes liés au droit d'auteur, de même que l'importance qu'il revêt pour les matériaux culturels. Nous avons à présent une norme en matière de droit d'auteur qui est de plus en plus complexe et restrictive. Cela semble être la tendance. D'ailleurs, beaucoup d'efforts de lobbying sont actuellement déployés afin de la rendre encore plus restrictive. Pour les institutions publiques qui sont chargées d'entretenir et de préserver les collections publiques, il importe surtout de s'assurer que le public continue d'y avoir accès.
Je vous remercie.
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Merci de m'avoir invitée à venir parler au nom de la communauté professionnelle de la danse au Québec. Le Regroupement québécois de la danse est la seule association professionnelle à regrouper tous les secteurs de la pratique, c'est-à-dire l'enseignement, la recherche, l'interprétation et la chorégraphie. Il regroupe 500 membres, dont la majorité des compagnies de danse professionnelle, 300 interprètes et une centaine d'enseignants. Parmi ces 300 interprètes, au moins 100 jeunes sont diplômés de nos écoles. C'est donc dire que la discipline est très dynamique.
Entre les deux communautés linguistiques, entre Montréal, Toronto, Winnipeg, Vancouver, la circulation des artistes de la danse est fluide. La danse n'est pas québécoise ni canadienne, elle est internationale et elle voyage dans toutes les langues. Selon les statistiques du ministère des Affaires étrangères, elle a visité près de 35 pays entre 2004 et 2007. Près du tiers des interprètes de nos compagnies de danse au Québec viennent de l'étranger: Europe, États-Unis, Pays-Bas, Argentine, Russie, Vietnam, etc. La danse est internationale.
Avant de venir témoigner, j'ai relu très attentivement le discours qu'a prononcé l'honorable James Moore, ministre de Patrimoine canadien, au début de vos travaux, le 9 février dernier. Permettez-moi de citer quelques phrases qui m'ont aidée à bâtir mon argumentation. Il a dit:
L'édification de communautés dynamiques est l'une des priorités de notre gouvernement, et ce, depuis notre entrée au gouvernement. Des communautés stables et dynamiques permettent à leurs citoyens de s'épanouir, tout en contribuant au mieux-être et à l'identité de notre vaste pays.
Les moyens dont disposait le gouvernement fédéral pour soutenir et encadrer les activités de rayonnement de nos compagnies sur la scène internationale, qu'il s'agisse de subventions à la tournée, du développement de marchés, de l'accueil de programmateurs étrangers ou des budgets alloués aux ambassades culturelles dans les grandes capitales du monde, ont permis à la danse québécoise et canadienne d'exister. N'eût été la diffusion internationale et en amont du travail des festivals, des marchés du spectacle vivant, des ambassades et des centres culturels, la danse n'existerait pas.
Derrière cette réputation fièrement acquise et très patiemment travaillée, encore aujourd'hui, plusieurs centaines d'artistes, d'interprètes, d'enseignants, de chorégraphes et de travailleurs de la danse ont des conditions de travail et de rémunération peu acceptables en raison d'un financement public qui n'a pas pu suivre l'essor exceptionnel qu'a connu cette discipline à la fin des années 1970.
Étrange destin tout de même que celui de la danse professionnelle du Canada, traversée par trois périodes de récession économique et qui, devant une crise financière sans précédent, se voit amputée de ce qui a été jusqu'à maintenant son levier de développement et d'excellence artistique: l'accès aux marchés étrangers et aux scènes les plus prestigieuses.
Inutile de vous dire que la nouvelle génération pousse en force, en talent et en nombre et qu'elle aimerait bien pouvoir entrer dans les chaussons de nos compagnies actuelles. L'économie de la danse est essentiellement basée sur l'exportation. La majorité des revenus de vente vient de la diffusion, sans compter les importants investissements des coproducteurs dans la création elle-même.
Je vous donne deux exemples: la compagnie Édouard Lock et la Compagnie Marie Chouinard. Quand on calcule les investissements des coproducteurs et les revenus de diffusion, une proportion de 80 p. 100 et plus de leur budget d'exploitation est le fruit de capitaux levés à l'étranger. La croissance des petites et moyennes compagnies dépend essentiellement de leur capacité à gagner le marché international et à susciter l'intérêt de programmateurs qui sont des têtes de pont dans des réseaux de diffusion internationale, dans l'espoir d'obtenir des investissements de coproducteurs. C'est leur seul moyen de se développer.
Je vous donne l'exemple de par b.l.eux , une jeune compagnie. Malgré le fait que l'interprète-chorégraphe ait déjà 20 ans de métier à son actif, il s'agit d'une jeune corporation. Elle reçoit donc très peu de subventions au fonctionnement. Ses deux dernières créations, signées par un chorégraphe québécois et canadien, ont été coproduites par 15 producteurs étrangers. Cela représentait 350 000 $ de revenus pour la création. Les résultats sur le plan de la diffusion sont du même niveau. Cette compagnie reçoit 250 000 $ de financement public, c'est-à-dire des trois ordres de gouvernement. En s'appuyant sur cet argent, elle a généré 1,2 millions de dollars grâce à la diffusion internationale. C'est une jeune compagnie.
Je reprendrai une autre phrase du ministre de Patrimoine canadien.
Est-ce terminé?
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J'en ai pour moins de cinq minutes, je pense.
Bonjour à tous. D'abord, je voudrais remercier le Comité permanent du patrimoine canadien de l'occasion qui m'est donnée de faire un exposé au nom de nos membres et des différentes communautés que nous représentons. L'Alliance des arts médiatiques indépendants est un réseau national regroupant plus de 80 organismes à but non lucratif et indépendants oeuvrant dans le domaine du film, de la vidéo et la production, la distribution et la présentation d'oeuvres employant de nouveaux médias. Nous représentons plus de 12 000 artistes et travailleurs culturels dans tout le Canada, et nos organismes membres sont répartis dans nos six régions administratives d'un bout à l'autre du Canada. Il s'agit d'organismes plantés à la fois dans de petites localités et de grandes villes de Whitehorse au Yukon à Nain au Labrador — donc, d'un bout à l'autre du Canada.
Comme j'ai entendu parler de cet examen stratégique, j'ai décidé de préparer un sondage en ligne. Il énumérait les programmes dont le financement a été réduit ou éliminé en posant des questions simples au sujet de chacun d'entre eux et invitant les membres de la communauté à me faire parvenir leurs réponses. À la fin du premier jour, j'avais déjà plus de 100 répondants. Il s'agissait de membres du personnel d'organismes à but non lucratif et d'artistes émergents. Nous avons même obtenu la rétroaction de certains des documentaristes les plus connus du Canada. Ainsi nous avons constaté que les programmes qui touchent le plus le secteur sont les suivants: PromArt, soit le Programme de promotion des arts, les Routes commerciales, le FCFVI, le Fonds du long métrage du Canada, le Programme national de formation dans le secteur du film et de la vidéo et le Programme de la culture canadienne en ligne; je vais donc m'attarder à tous ces programmes.
Sur les milliers de réponses que nous avons reçues, il n'y en a pas une qui formule des critiques au sujet de ces programmes. En fait, il était clair que ces programmes sont très efficaces et sont considérés par le secteur des arts médiatiques indépendants comme étant tout à fait essentiels. Beaucoup de répondants se demandaient s'ils pourraient même continuer à mener leurs activités artistiques car, même avant les réductions budgétaires, le financement du secteur des arts médiatiques indépendants était déjà tout à fait insuffisant. Par exemple, les films Manufacturing Consent: Noam Chomsky and the Media et The Corporation sont les documentaires canadiens qui ont généré le plus important revenu brut de toute histoire du Canada. Mark Achbar, qui a coréalisé et coproduit ces films a dit que « le financement obtenu grâce au fonds était essentiel à notre montage financier. C'est grâce au fonds qu'il a été possible de réaliser ces films. »
J'ai devant moi une compilation des résultats du sondage. Comme vous le constatez, c'est un document très volumineux écrit en tous petits caractères. Il compte les milliers de réponses qui m'ont été transmises par ceux et celles qui m'ont fait parvenir leurs commentaires. Je n'ai pas l'intention de vous en donner tous les détails, mais à titre d'information, je précise que j'ai plusieurs copies du document, si jamais vous en voulez.
Le gouvernement fédéral prétend qu'il fallait éliminer ou réduire ces programmes et procéder à une restructuration générale de crédits qui sont actuellement affectés aux arts et à la culture. Mais, priver les incubateurs d'arts et de culture de financement pour ensuite l'accorder aux industries culturelles ayant les meilleures recettes commerciales, c'est un peu l'équivalent du fermier qui coupe les racines de son pommier pour ensuite fertiliser les branches supérieures: cela n'a pas de sens.
Il est maintenant question de prévoir 25 millions de dollars pour un prix d'art international. Nous sommes tous d'avis pour dire que cela semble très intéressant; mais, le gouvernement fédéral doit d'abord investir dans les artistes canadiens émergents et des formes artistiques nouvelles et en plein essor pour que le Canada ait des chances de rapporter ce prix. La tendance voulant qu'on augmente le financement de l'industrie en général au détriment des artistes qui sont à la base de la production artistique aura certainement des conséquences très négatives à long terme. Dans l'immédiat, nous observons une diminution considérable de la qualité et de la diversité des programmes éducatifs, du nombre de festivals organisés dans les petites localités et la présence accrue d'émissions grand public semblables aux grandes productions venant des États-Unis. Mais, même ces productions subiront les contrecoups d'une telle politique à long terme car nous n'aurons pas cultivé la créativité de nos artistes ni offert suffisamment de possibilités de formation, de production et d'exposition pour assurer l'expansion et la viabilité du secteur des arts médiatiques.
Pour en revenir aux programmes spécifiques qui sont touchés, nous considérons comme une priorité le FCFVI et le Programme des Routes commerciales; pour nous, ces derniers revêtent une importance critique pour la production et la diffusion d'arts médiatiques indépendants. En fait, ils ont eu des retombées économiques positives qui dépassent de loin l'investissement initial. D'ailleurs, dans la pratique, l'une des conséquences importantes et inquiétantes de la perte de ces programmes sera une pression accrue sur le Conseil des arts du Canada, et notamment la section chargée des arts médiatiques, en ce qui nous concerne.
La section des arts médiatiques du Conseil a l'un des plus petits budgets de tous les autres services, un budget qui est bien inférieur à celui prévu pour la musique, le théâtre, les lettres et l'édition, et même les arts visuels. Or il s'agit de l'un des secteurs connaissant la croissance la plus rapide en ce moment, et nous savons tous également que cela coût cher de produire un film. Non seulement cette section manque-t-elle de ressources humaines suffisantes pour administrer les demandes de subventions qui sont à présent plus nombreuses, mais elle devra rejeter des centaines de demandes qui méritent d'être retenues.
Donc, attaquons-nous en priorité à la recherche d'une solution. Comme l'indique notre rapport, qui vous a été distribué à l'avance, nous avons trois recommandations à faire: premièrement, que le gouvernement fédéral rétablisse le financement des programmes que j'ai mentionnés tout à l'heure; deuxièmement, que ces programmes et d'autres programmes de Patrimoine canadien soient restructurés et élargis de façon à inclure les arts médiatiques indépendants — à l'heure actuelle, les programmes de Patrimoine canadien n'offrent pas une aide suffisante aux arts médiatiques indépendants, et nous sommes d'avis que le financement de nouvelles formes d'arts et de nouveaux artistes constituerait un investissement sage; troisièmement, le gouvernement fédéral devrait investir dans la section des arts médiatiques du Conseil des arts du Canada pour que cette dernière puisse répondre aux besoins d'une industrie en plein essor.
Je vous remercie. Je suis maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions, si le temps le permet.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais remercier tous nos témoins pour leur présence aujourd'hui. J'apprécie beaucoup que vous acceptiez de nous donner de votre temps et je vous remercie de votre patience, étant donné que nous avons dû vous quitter pour aller voter.
Il y a plusieurs éléments que je voudrais examiner avec vous. D'abord, je voudrais remettre un peu les pendules à l'heure, étant donné que certaines affirmations qui ont été faites ne sont pas exactes.
M. Rodriguez n'est pas là, et je ne vais pas dire du mal de lui, mais il a néanmoins accusé notre parti d'avoir une approche idéologique. Je voudrais donc faire quelques observations avant de passer à mes questions.
Par rapport à certains programmes inclus dans l'examen stratégique, un exemple serait le Fonds Mémoire canadienne, un programme de près de 11,6 millions de dollars pour les Archives nationales afin de permettre l'archivage d'ouvrages historiques, etc. Ce programme a atteint son objectif, et c'est pour cette raison qu'il n'a pas été reconduit. Le programme de radiotélédiffusion dans le Nord représentait un investissement d'environ 4 millions de dollars. Bien entendu, avec le passage au numérique, il n'y a plus personne qui a recours à des antennes ou à ce genre de radiodiffusion, et c'est pour cela qu'il n'a pas été renouvelé. Il y avait aussi Culture.ca, un moteur de recherche qui coûtait 2 $ l'appel de fichier, étant donné que pratiquement personne n'y avait recours.
Ces trois programmes ensemble représentent la moitié des crédits dont nous parlons ici. Je suis convaincu qu'aucun des partis d'en face ne seraient favorables à l'idée de rétablir ces programmes. Donc, il ne s'agit pas d'une décision idéologique. Voilà le premier élément.
Monsieur Dancyger, je ne voudrais pas mal citer vos propos. Il y a un certain nombre de tournées qui sont prévues, mais le nombre est passé de 16 villes à 4 villes seulement aux États-Unis, et il y a également des tournées en Pologne, en France et peut-être en Grande-Bretagne qui ne pourront peut-être pas se réaliser. C'est bien cela? Très bien.
J'ai fait une recherche pour savoir combien de fonds vous aviez reçus des Routes commerciales l'année dernière et j'ai constaté que votre groupe a obtenu 8 000 $. Pouvez-vous m'affirmer que 8 000 $ représentent la différence entre une tournée comprenant 16 villes, plutôt que quatre, et tous ces voyages en Europe?
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Merci, monsieur le président.
J'ai quelques commentaires à faire qui rejoignent ce qu'on disait tout à l'heure.
Nos collègues nous parlent sans arrêt du montant global. Mais, ce que je trouve intéressant, c'est que, quel que soit le montant des budgets — que ce soit 2 millions, 3 millions ou 10 millions — c'est la façon de l'utiliser qui compte.
Ici vous faites valoir vos arguments en faveur d'un programme qui est à peu près fini, étant donné qu'il n'est plus du tout en demande. Culture.ca ne suscite peut-être pas autant d'intérêt qu'au départ, et jusqu'à un certain point, c'est compréhensible, mais ce dont on ne parle pas dans tout cela, c'est la question des communications.
Je voudrais sensibiliser M. Del Mastro à l'élément que voici: vous dites, en parlant du Nord, que les transmissions par ondes hertziennes ne sont plus utiles, car les gens qui n'ont pas de service de câblodistribution optent tout simplement pour la télévision numérique, si bien que ce genre de service devient désuet; mais, il reste que cela ne règle pas la question de savoir si ces personnes ont le droit de recevoir cette information. C'est justement le combat de Barack Obama en ce moment, qui voudrait donner des coupons pour leur permettre d'obtenir les appareils de transmission numérique. Donc, je voulais simplement vous dire que je ne suis pas tout à fait d'accord à ce sujet.
J'ai une question fort simple à poser. Vous avez prévu de faire une tournée assez audacieuse, puisque vous comptiez vous produire au Royaume-Uni, en France et en Hollande. Excusez-moi d'avance si vous avez déjà abordé la question, mais je voudrais vous reposer la question: étant donné la situation actuelle, où irez-vous? Comment allez-vous pouvoir réaliser cela en 2011? Quel est votre plan B?