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Je déclare la séance ouverte. Je souhaite à tout le monde la bienvenue à la réunion 14 du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Conformément aux ordres de renvoi du 24 mars, du 11 avril et du 20 avril 2020, le Comité se réunit en vue d’entendre des témoignages concernant la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19.
La réunion d’aujourd’hui se tient par vidéoconférence, et les travaux seront diffusés sur le site Web de la Chambre des communes. Comme à la dernière réunion, le site Web montrera toujours la personne qui parle plutôt que le Comité en entier.
Je vais aborder quelques questions d’ordre administratif pour faciliter le travail de nos interprètes et veiller à la bonne tenue de la réunion.
Je vais énoncer quelques règles. Dans le cadre de cette vidéoconférence, l’interprétation se fera à peu près comme dans une réunion normale. Au bas de l’écran, vous pouvez choisir entre le parquet, le français ou l’anglais. C’est si vous utilisez un ordinateur personnel; si vous utilisez une tablette, c’est légèrement différent.
Avant de parler, prière d’attendre que j’aie dit votre nom. Lorsque vous êtes prêt à parler, vous pouvez soit cliquer sur l’icône du microphone pour activer votre micro soit peser sur la barre d’espacement pendant que vous parlez. Lorsque vous relâcherez la barre, votre micro s’éteindra comme un talkie-walkie.
Je rappelle que tous les commentaires des membres et des témoins devraient être adressés au président. Les membres qui ont besoin d’intervenir quand ils n’ont pas la parole devraient activer leur micro et déclarer qu’ils ont un rappel au Règlement.
Si vous souhaitez réagir à un rappel au Règlement qui a été soulevé par un autre membre, vous devez utiliser la fonction « main levée ». Ce faisant, vous signalerez au président que vous souhaitez prendre la parole. Pour ce faire, vous devez cliquer sur « participants » au bas de l’écran si vous avez un ordinateur personnel. Lorsque la liste apparaît, vous verrez qu’à côté de votre nom, vous pouvez cliquer sur « main levée ».
Lorsque la parole est à vous, parlez lentement et clairement. Lorsque ce n’est pas à vous d’intervenir, votre micro devrait être éteint.
Je vous recommande fortement d’utiliser un casque d’écoute. Si votre casque est muni d’un microphone qui pend, assurez-vous qu’il ne frotte pas contre votre chemise pendant la période des questions.
En cas de difficulté technique, par exemple en lien avec l’interprétation, ou si vous êtes débranchés par accident, prière d’en aviser immédiatement le président ou la greffière, et l’équipe technique s’occupera de régler le problème. Veuillez noter qu’il nous faudra peut-être suspendre les travaux à ce moment-là puisque nous devons nous assurer que tous les membres puissent participer pleinement.
Avant de commencer, est-ce que tout le monde pourrait cliquer en haut à droite de leur écran pour s’assurer qu’ils ont une vue d’ensemble? Elle devrait vous permettre de voir tous les participants sur une grille. De cette façon, tous les participants pourront se voir.
Pendant cette réunion, nous suivrons les mêmes règles qui s’appliquent habituellement aux remarques liminaires et aux questions adressées aux témoins pendant nos réunions régulières. On commencera d’abord par les remarques liminaires — chaque témoin aura 10 minutes pour prononcer les siennes — et on passera ensuite aux séries de questions habituelles de la part des membres.
J’aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Du ministère des Services aux Autochtones, nous accueillons Mme Valerie Gideon, sous-ministre adjointe principale de la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits; le Dr Tom Wong, chef de la santé publique et directeur général du Bureau de la population et de la santé publique; et Chad Westmacott, directeur général de la Direction générale des infrastructures communautaires.
D’Inuit Tapiriit Kanatami, nous recevons Natan Obed, président; et Aluki Kotierk, membre du conseil d’administration et présidente de Nunavut Tunngavik Inc.
De l’Association nationale des centres d’amitié, nous accueillons Christopher Sheppard-Buote, président; et Jocelyn Formsma, directrice exécutive.
Enfin, de la Southern Chiefs' Organization Inc., nous accueillons le grand chef Jerry Daniels.
Bienvenue à tous. Nous entendrons maintenant les remarques liminaires des groupes.
Nous commencerons par le ministère des Services aux Autochtones.
Madame Gideon, nous vous écoutons.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie tous de m’avoir invitée à m’exprimer devant ce comité sur la question de la COVID-19. J’aimerais tout d’abord souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel du peuple algonquin. Mes collègues et moi-même sommes ici aujourd’hui pour discuter des points forts des collectivités autochtones, inuites et métisses, ainsi que des difficultés uniques qu'elles doivent surmonter pour faire face à la COVID-19 et y répondre.
Les Premières Nations, les Inuits et les Métis connaissent leurs collectivités et leurs membres. Ils savent ce qui fonctionnera et ce qui ne fonctionnera pas. L’efficacité de la réponse du gouvernement face à la COVID-19 auprès des peuples autochtones repose sur notre capacité à écouter et à fournir un soutien, des outils, des ressources et de l’information fiable et à jour communiquée de manière culturellement informée.
Les défis auxquels sont confrontés aujourd’hui les peuples autochtones sont liés à d’importants enjeux en lien avec les déterminants sociaux de la santé et à des taux plus élevés de maladies respiratoires et chroniques. Ces défis sont bien documentés dans d’innombrables études détaillées, notamment la Commission royale sur les peuples autochtones, la Commission de vérité et réconciliation et l’Enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Ces défis sont plus que pertinents pour la planification et la réponse requises face à la COVID-19.
Les leçons tirées de la grippe H1N1 ont démontré l’importance de faire des liens entre la santé et les déterminants sociaux de la santé dans le cadre de la planification en cas de pandémie. La création de Services aux Autochtones Canada a renforcé la capacité du gouvernement de concentrer ses efforts, en alignant la réponse de santé publique avec les soutiens des programmes sociaux, les infrastructures essentielles et la gestion des urgences en général. De plus, le besoin d’investir dans la capacité de planification et de préparation en cas de pandémie au sein des communautés a également été une importante leçon apprise.
Grâce aux ressources de 79,9 millions de dollars sur cinq ans du budget de 2019, Services aux Autochtones Canada a investi de façon proactive dans la capacité de préparation aux urgences sanitaires des Premières Nations aux niveaux de la région, du conseil tribal et de la communauté. Le ministère a également créé un réseau d’urgence en santé publique composé de médecins-hygiénistes régionaux et de coordonnateurs régionaux, y compris des coordonnateurs de la gestion des urgences, de la santé publique environnementale et des maladies transmissibles, afin de conseiller et d’appuyer les Premières Nations de toutes les provinces.
Bien que cette capacité fournisse une base importante, la nécessité pour les communautés et le ministère d’adapter les plans généraux de lutte contre les pandémies au contexte unique de COVID-19 nécessite un soutien et des ressources supplémentaires. Il est également tout aussi important de reconnaître la nécessité d’élargir ce soutien aux Premières Nations des territoires, aux Inuits, aux Métis, aux nations autonomes, aux Autochtones vivant hors de leur communauté et aux communautés autochtones des centres urbains.
C’est pourquoi le gouvernement du Canada a investi 305 millions de dollars dans le Fonds de soutien aux communautés autochtones fondé sur les distinctions. Ces fonds sont accordés aux communautés tout en maximisant leur flexibilité pour répondre aux besoins immédiats de leurs membres. Ce montant comprend une enveloppe de 15 millions de dollars pour les organisations autochtones urbaines et régionales. Certains des besoins couverts par le Fonds incluent les subventions alimentaires pour les ménages, les soutiens pour contrôler les déplacements non essentiels au sein des communautés, les coûts de capacité de pointe supplémentaire pour le personnel, l’équipement et les fournitures essentiels, ainsi que les soutiens pour la santé mentale.
En plus du Fonds de soutien aux communautés autochtones, le ministère travaille avec d’autres collègues fédéraux pour veiller à ce que les Premières Nations, les Inuits et les Métis aient accès aux avantages plus larges du plan de réponse économique en lien avec la COVID-19 qui sont offerts aux travailleurs, aux familles et aux entreprises. Dix millions de dollars seront versés au réseau existant de 46 refuges d’urgence de Services aux Autochtones Canada, situés dans les réserves et au Yukon, pour soutenir les femmes et les enfants autochtones fuyant la violence. Environ 329 communautés des Premières Nations ont été desservies par des refuges d’urgence financés par Services aux Autochtones Canada.
Le 18 avril, le gouvernement du Canada a annoncé un financement de 306,8 millions de dollars pour aider les petites et moyennes entreprises autochtones et pour soutenir les institutions financières autochtones qui offrent du financement à ces entreprises. Ces mesures aideront 6 000 entreprises appartenant à des Autochtones à traverser ces moments difficiles et à jouer un rôle clé dans la reprise économique du pays.
La prospérité économique est un déterminant important de la santé, d’autant plus considérant que la répartition selon l’âge chez les peuples autochtones présente une population plus jeune.
En ce qui concerne les mesures particulières de santé publique de mon ministère, je souhaite souligner certains des éléments et activités clés de la réponse à ce jour. Bien que l’exposition et le nombre de cas confirmés à ce jour chez les Premières Nations et les Inuits aient été relativement limités — 0,01 % de la population totale des Premières Nations vivant dans les réserves comparativement à 0,09 % pour le reste de la population canadienne —, la vigilance est de mise puisque les chiffres augmentent progressivement.
Les communications et les protocoles continuent d’être essentiels. Nous avons utilisé de nombreuses chaînes, telles que les médias visuels et médias sociaux tout en adaptant les messages nationaux de santé publique pour cibler les priorités des communautés. Cela comprend les messages en lien avec la distanciation physique, les restrictions des déplacements non essentiels, l’équipement de protection individuelle, les soins communautaires et à domicile, les soins de longue durée et les maisons de soins dans les réserves, les prestations de santé non assurées, le transport médical, l’autodépistage des fournisseurs de soins de santé et des visiteurs, l’accès aux tests, et les funérailles.
À titre d’exemple, nous aidons les communautés autochtones à mettre en œuvre des mesures de santé publique adaptées et respectueuses de la culture pour promouvoir la distanciation physique sur le territoire. La traduction de documents dans les langues autochtones se poursuivra également.
À l’échelle nationale, des séances d’information hebdomadaires ont lieu avec le Comité de la santé des chefs de l’Assemblée des Premières Nations, le Groupe de travail sur la santé publique des Inuits et des représentants de la Nation métisse. Nous travaillons en étroite collaboration avec les partenaires autochtones, fédéraux, provinciaux et territoriaux par l’entremise du Groupe de travail sur la santé publique dans les communautés éloignées et isolées, afin de nous assurer que les besoins uniques de ces communautés sont satisfaits et que des niveaux adéquats de préparation, d’approvisionnement et d’intervention sont en place.
Des contacts hebdomadaires ont également eu lieu avec l’Association nationale des centres d’amitié et l’Association des gestionnaires de la santé des Premières Nations. Le ministère tient également au courant les membres du Comité consultatif sur le bien-être des femmes autochtones qui est coprésidé par le Conseil national des sages-femmes et Pauktuutit.
Au niveau régional, nos responsables régionaux ont des appels quotidiens ou plusieurs appels hebdomadaires avec des partenaires autochtones et travaillent quotidiennement avec des collègues provinciaux ou territoriaux. Comme vous le savez, les soins de santé sont une compétence partagée, ce qui souligne l’importance de la coordination et de la collaboration entre les services dirigés par les Premières Nations, les Inuits ou les Métis avec ceux de Services aux Autochtones Canada, d’autres ministères fédéraux, des gouvernements provinciaux ou territoriaux et de leurs autorités de santé publique.
Pendant cette pandémie, la clarté entourant les rôles et les responsabilités peut demeurer un défi, mais heureusement, les bureaux régionaux ont consacré ces dernières années à renforcer des tables de partenariat trilatérales avec ces partenaires. Les relations sont bien établies et représentent un atout important dans cette réponse face à la COVID-19.
Services aux Autochtones Canada joue un rôle plus direct pour les soins de santé primaires dans 79 collectivités éloignées des Premières Nations, ainsi que pour la santé publique des Premières Nations dans les réserves dans toutes les provinces, à l’exception de la Colombie-Britannique où le ministère agit comme partenaire de financement et de gouvernance avec la Régie de la santé des Premières Nations de la Colombie-Britannique.
Plus précisément, le ministère a mobilisé son réseau national d’urgence sanitaire et ses centres de commandement régionaux pour soutenir activement les communautés dans la mise à jour, l’essai et l’activation de leurs plans d’urgence en lien avec les pandémies ou tout autre risque. Il a évalué plus de 550 demandes d’approvisionnement d’équipements de protection individuelle et de désinfectant pour les mains dans un délai de 24 heures à l’intention des agents de santé des Premières Nations. Il a établi des contrats d’urgence pour la capacité de pointe des infirmières et ambulanciers disponibles pour les établissements de santé et de soins de longue durée des Premières Nations dans toutes les provinces, et identifié des médecins supplémentaires par l’entremise de la Société de la médecine rurale du Canada. Il a travaillé avec l’Agence de la santé publique du Canada sur la disponibilité de tests sur écouvillon, lorsque ceux-ci ne peuvent pas être fournis par les provinces, ainsi que sur les tests au point de service au sein ou à proximité des communautés autochtones lorsque ceux-ci deviennent disponibles.
Comme il y a de moins en moins de vols commerciaux et de plus en plus de restrictions de voyage, le ministère a garanti un moyen de transport stable pour assurer un afflux de professionnels de la santé et de fournitures vers les communautés autochtones éloignées. Enfin, nous allons acheter directement ou financer des infrastructures alternatives à des fins médicales ou pour l'hébergement. En mettant l'accent sur les communautés éloignées, l'option préférée et la plus rapide est la réorganisation des espaces existants dans les écoles, les bureaux de bande ou les hôtels. Cependant, là où cela a été jugé impossible, 41 unités médicales mobiles et 17 remorques mobiles polyvalentes ont été sécurisées jusqu'à maintenant.
[Français]
Je crois savoir que le Comité a reçu une copie du tableau de bord que nous avons créé pour lui fournir des informations clés concernant la COVID-19 et les communautés autochtones.
Services aux Autochtones Canada s'assure également que des soutiens supplémentaires sont disponibles par l'entremise du Programme d'aide à la gestion des urgences, du Programme d'aide au revenu dans les réserves, du Programme des services de santé non assurés, du principe de Jordan, de l'Initiative : Les enfants inuits d'abord et des Services à l'enfance et à la famille des Premières Nations.
Lorsque notre ministère est mis au courant des cas positifs testés pour la COVID-19, nous travaillons en collaboration avec des partenaires clés pour assurer la disponibilité de soins de santé appropriés pour les personnes touchées. Nous mettons en œuvre des mesures immédiates pour réduire la propagation au sein de la communauté, y compris l'identification des contacts, et nous cernons tout soutien supplémentaire qui pourrait être nécessaire. La santé et la sécurité des membres des communautés sont une priorité absolue, tout comme la nécessité de respecter la vie privée des personnes atteintes de la COVID-19.
À l'approche de la saison des inondations et des incendies, je tiens à souligner que le ministère travaille en étroite collaboration avec les communautés des Premières Nations afin de prévenir tout problème supplémentaire pouvant découler des inondations saisonnières et d'autres urgences causées par des catastrophes naturelles, alors que nous nous employons toujours à gérer la pandémie de la COVID-19.
Nous veillons à ce que les évacuations en raison d'une urgence saisonnière se poursuivent dans le contexte de la pandémie. Les cas confirmés et présumés de COVID-19 seront évalués et traités selon les mesures de santé publique et de soins primaires appropriées. Des mesures de prévention et de contrôle des infections sont mises en place pour veiller à ce que les membres évacués des communautés soient protégés contre l'exposition à la COVID-19.
Nous apprenons et nous nous adaptons rapidement à mesure que la pandémie de la COVID-19 évolue. Actuellement, nous nous concentrons sur l'amélioration de nos efforts de réponse dans certains domaines clés. Nous travaillons en partenariat avec des organisations autochtones pour accélérer et adapter les communications selon leurs besoins, y compris pour les jeunes, les populations urbaines et celles du Nord.
Nous travaillons en collaboration avec les Premières Nations pour assurer l'accès aux ressources en santé mentale, y compris les services de consultation virtuelle, la capacité de pointe pour les lignes de crise ainsi que les stratégies pour faire face aux dépendances à l'alcool, aux opioïdes et à la méthamphétamine.
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Bonjour à tous. Je prendrai la parole les cinq premières minutes, après quoi je la céderai à notre président, M. Sheppard-Buote.
Je m'appelle Jocelyn Formsma et je suis directrice exécutive de l'Association nationale des centres d'amitié, l'ANCA. Je viens du Nord de l'Ontario. Ma famille est de la Première Nation de Moose Cree, et j'ai grandi dans la région, sur nos territoires.
Les centres d'amitié sont sur la ligne de front pour combattre la COVID-19 depuis le jour 1. Je vous donnerai quelques exemples de ce qu'ils font. Ils répondent à une demande de services accrue, ils distribuent de la nourriture aux familles, aux jeunes et aux aînés. Ils répondent à des demandes d'aide, et nous avons constaté une hausse du nombre d'appels pour signaler des cas d'agression sexuelle ou de violence familiale. Ils offrent aussi des ressources en santé mentale et un soutien culturel à leurs membres vivant en milieu urbain. Ils se font demander de diriger des groupes de travail ou en ont créé de leur propre chef pour répondre aux besoins des Autochtones en milieu urbain. Diverses grandes organisations leur demandent de les aider à offrir des services. Ils vident les épiceries, cuisinent pour les membres de leur communauté, puis font du transport et de la livraison d'aliments et de produits médicinaux traditionnels.
Il y a même un exemple où les gens d'un centre d'amitié se sont rendus à un domicile pour y apporter de la nourriture et ont constaté que la cuisinière était brisée. Ils en ont donc acheté une nouvelle et se sont organisés pour qu'elle soit livrée à la famille. Dans un autre cas, en livrant de la nourriture à une famille, des gens d'un centre d'amitié se sont rendu compte que le père était très malade. Ils l'ont convaincu d'aller à l'hôpital pour obtenir des soins médicaux. Il se disait que peu importe ce qu'il avait, il était plus en sécurité chez lui qu'à l'hôpital pour se soigner. Même s'il ne s'agissait pas de la COVID en particulier, cela montre tout ce que les centres d'amitié font pour intervenir dans ce domaine.
L'ANCA représente 107 centres d'amitié locaux et associations provinciales et territoriales. Il y en a dans toutes les provinces et les territoires canadiens, sauf à l'Île-du-Prince-Édouard. Les services offerts sont aussi diversifiés que les communautés dans lesquelles ils se trouvent. L'élément central, c'est qu'ils offrent des services sensibles à la culture.
L'ANCA a appris hier des Services aux Autochtones que nous recevrons 3,75 millions de dollars du fonds pour les communautés autochtones pour une centaine d'organisations différentes, dont l'ANCA, six associations provinciales et territoriales et 93 centres d'amitié locaux. Nous sommes certes heureux de cette annonce, mais nous savons que ces fonds ne dureront pas longtemps, donc nous serons heureux de travailler avec le gouvernement pour trouver de l'aide supplémentaire pour les centres d'amitié.
Les centres d'amitié sont des experts de la prestation de services aux Autochtones en milieu urbain. Depuis les années 1950, nous travaillons dans une grande variété de communautés, d'Inuvik à Montréal, de l'île de Vancouver au Labrador et partout entre les deux.
Les peuples autochtones sont très diversifiés, comme nous le savons. Une diversité d'approches et de partenaires est nécessaire pour répondre de manière appropriée à la pandémie de COVID-19. Nous savons que les centres d'amitié fournissent déjà des services, de la nourriture, des fournitures et du personnel. Nous avons besoin d'aide pour créer des espaces sûrs, pour aujourd'hui et demain. Nous avons besoin de soutien afin de pouvoir acheter de l'équipement, des logiciels, du matériel, des outils de TI et du matériel de protection à notre personnel, à nos bénévoles, aux membres de nos communautés.
L'approche distinctive a une incidence sur les mesures offertes aux Autochtones des milieux urbains dans cette pandémie. Pour reprendre les termes du rapport d'enquête sur les FFADA, nous réclamons que ces distinctions soient définies dans une optique intersectionnelle qui ne se limite pas à l'identité autochtone (Premières Nations, Métis et Inuit), mais qui tienne compte aussi du lieu de résidence des Autochtones, de leur province ou territoire, du fait qu'ils vivent dans une région nordique ou éloignée, de leurs aptitudes physiques et mentales, de leur sexe, de leur identité sexuelle et de leur orientation sexuelle. Nous croyons que cette perspective intersectionnelle nous positionnera mieux pour fournir un vaste soutien aux Autochtones des villes.
Je vous mettrai un peu en contexte. Au cours des premières semaines, nous avons constaté que les querelles sur le partage des compétences nuisaient à notre aptitude à intervenir. Comme nous sommes une association nationale, nous nous sommes immédiatement adressés aux Services autochtones et nous nous sommes fait dire que ce sont les provinces et les territoires qui devraient fournir de l'aide aux Autochtones des milieux urbains, mais quand nos associations provinciales et territoriales ont demandé de l'aide aux provinces et aux territoires, elles se sont fait répondre qu'elles devaient demander l'appui financier du gouvernement fédéral. Les centres d'amitié perdent donc beaucoup de temps à s'adresser à l'un et à l'autre, et personne n'assume l'entière responsabilité.
Nous savons que les Premières Nations, les Métis et les Inuits sont un groupe prioritaire pour le dépistage. Ils sont particulièrement vulnérables au virus. Nous voulons que les voix des Autochtones des villes soient entendues et que nos communautés soient prises en compte dans toutes les approches adoptées pour répondre à cette pandémie.
Je cède maintenant la parole à notre président, M. Sherppard-Buote, pour la fin de notre exposé.
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Je prendrai un angle légèrement différent. Ce qui me dérange encore plus que le temps d'intervention et tout le reste, c'est que le gouvernement du Canada continue de voir les Autochtones des milieux urbains différemment de nos frères et sœurs qui continuent de vivre dans leurs territoires traditionnels et actuels.
Depuis les années 1950, les centres d'amitié sont le résultat direct de l'autodétermination des Autochtones, ils sont le fondement de l'aide apportée aux Autochtones qui finissent par se retrouver en ville pour diverses raisons. Les centres d'amitié leur procurent un lieu sûr créé à partir des savoirs autochtones, en dehors et au-delà des limites déterminées depuis toujours par les gouvernements. Les données actuelles nous montrent que les Autochtones continueront de déménager vers les villes et que leur nombre continuera d'augmenter dans les centres urbains. Or les systèmes, les programmes et toute la planification de l'intervention en cas de pandémie et les politiques publiques demeurent conçus d'un point de vue qui ne tient pas adéquatement compte de l'endroit où les Autochtones vivent.
C'est encore plus évident pendant la crise sanitaire actuelle. Il n'a pas été nécessaire de présenter une proposition officielle pour se prévaloir de la plupart des prestations offertes, sauf pour les Autochtones des milieux urbains. Dans la plupart des cas, il a fallu que notre association nationale intervienne dans le travail local, afin de poser des questions pour que toutes les données exigées soient rassemblées pour remplir une demande en bonne et due forme afin de recevoir de l'aide pour les organisations sur le terrain.
Les centres d'amitié ont toujours été conçus comme des organisations de la société civile à part entière, mais nous avons toujours lutté contre le fait qu'il y ait si peu d'espace pour les Autochtones des milieux urbains dans les divers programmes fédéraux. La situation actuelle ne fait donc qu'amplifier d'autres réalités déjà problématiques.
Il y a des choses qui ne sont jamais admises pour aider la communauté, comme tout ce qui concerne la sécurité alimentaire, alors que l'insécurité alimentaire est l'un des plus grands obstacles auxquels se heurtent les membres de nos communautés, mais comme notre organisation sait que ce n'est pas habituellement une dépense admissible, il faut beaucoup de confirmations écrites avant que le gouvernement ne soit convaincu du bien-fondé de nous octroyer des ressources. Nos organisations ont toujours très peur de se faire dire que leurs services sont inadmissibles.
Je terminerai sur cette note: il peut sembler inhabituel pour bien des gens actuellement de se rendre au travail tous les jours afin de se battre pour garder des gens en vie, mais c'est la réalité de nos organisations en permanence. L'objectif de garder les gens en vie comme dans le contexte de la COVID-19 n'est rien de nouveau pour nous. Quand ont vient en aide aux Autochtones des villes, qui sont pratiquement invisibles et pas tout à fait assez distincts, il faut déployer une somme incroyable de travail, d'énergie et de mesures pour protéger leur santé chaque jour. Il est donc tout à fait normal que nos organisations ne puissent même pas envisager de fermer et d'arrêter leurs activités, parce que c'est leur travail de tous les jours.
J'ose espérer qu'à l'avenir, on se rendra compte que les mesures stratégiques prises pour répondre à cette crise sanitaire sont la réalité quotidienne des Autochtones vivant en milieu urbain au Canada. Sur les 305 millions de dollars annoncés, 15 millions iront à la majorité d'entre nous qui vivons en ville.
Merci.
Je voudrais commencer par souligner que même si nous ne sommes pas tous ensemble en personne pour cette séance, nous sommes tous sur l'île de la Tortue. Les peuples autochtones habitent cette terre depuis le premier lever du soleil.
J'aimerais prendre un instant pour rendre hommage à nos aînés, aux gardiens de notre savoir et de notre culture, qui sont particulièrement vulnérables pendant cette crise sanitaire. J'ai une pensée pour toutes les personnes qui travaillent au front et en coulisses pour protéger les peuples autochtones et le Canada de la COVID-19.
J'aimerais souligner le travail des dirigeants et des membres de la communauté sur le terrain, qui se mettent eux-mêmes en danger pour veiller à ce que les services soient maintenus et à ce que les familles reçoivent de l'aide. Qu'il s'agisse de faire des courses pour les autres, d'aller leur porter de l'épicerie, de l'eau ou des médicaments, de passer des heures aux postes routiers pour aplatir la courbe, je tiens à leur dire chi-meegwetch, un grand merci du plus profond de mon cœur pour tout le travail que vous faites. Je vous remercie d'être l'épine dorsale de notre pays en ce moment.
Je remercie le Comité du travail qu'il fait et je le remercie de m'avoir invité à venir m'exprimer sur la réponse du Canada à la pandémie de COVID-19. Je vous parlerai de la façon dont la pandémie touche les peuples autochtones Anishinabe et Dakota dans ce qui est aujourd'hui le Sud du Manitoba.
J'espère que cette réunion sera fructueuse et qu'elle permettra d'éclairer davantage la voie à suivre. Je mettrai l'accent, dans mon exposé, sur quatre facteurs déterminants de la santé des Premières Nations, je vous parlerai des effets de la pandémie de COVID-19 sur elles et de ce qu'il faut faire pour bien venir en aide à nos communautés. Les principaux facteurs déterminants de la santé reposent sur les iniquités inhérentes au système de santé, au financement fédéral et sur toutes les autres iniquités constantes auxquelles nos membres sont confrontés et qui rendent nos aînés et nos jeunes si vulnérables.
Je commencerai donc par vous parler des iniquités auxquelles les Autochtones sont confrontés au Canada dans le domaine de la santé. Les Autochtones sont les personnes les plus marginalisées au pays lorsque vient le temps d'accéder à des services de santé et aux professionnels de la santé; ce sont également eux qui affichent les pires résultats en matière de santé. Pour vous en donner un exemple, une étude publiée conjointement l'an dernier par le First Nations Health and Social Secretariat of Manitoba et le Manitoba Centre for Health Policy fait état d'un écart de 11 ans dans la durée de vie des Autochtones ayant le statut d'Indiens inscrits par rapport à l'ensemble des autres Manitobains à cause de ces disparités. À notre grande consternation, cet écart de 11 ans ne fait que s'accroître.
Ce manque d'accès aux soins de santé s'est développé sur plusieurs décennies et sous le règne de différentes administrations. Les réserves autochtones sont souvent éloignées, loin des grandes villes où il est plus facile d'avoir accès à des soins de santé. Il ne faut pas oublier que le déplacement des Nations Anishinabe et Dakota pour faire place à des villes comme Winnipeg et Brandon, où sont concentrées les ressources en santé. Je m'inquiète particulièrement de nos communautés seulement accessibles par avion, comme celles de Poplar River, de Pauingassi et de Little Grand Rapids, qui sont particulièrement vulnérables pendant cette pandémie. Pendant que le reste du pays est sur pause et ajuste ses horaires de production, de transport et de distribution, nos communautés éloignées sont durement touchées. Elles dépendent de l'approvisionnement extérieur et des professionnels de la santé qui viennent également de l'extérieur. Puis pour les Autochtones qui vivent hors réserve, il suffit de penser à la mort de Brian Sinclair pour comprendre que le racisme et les stéréotypes peuvent être mortels dans nos villes aussi.
Nous sommes en contact permanent avec nos communautés et nous entendons leurs préoccupations. Je peux vous dire qu'hier, il manquait de lait maternisé liquide au magasin du nord de Little Grand Rapids. Nous demandons à ce que les iniquités dont souffrent nos communautés en matière de santé soient corrigées une bonne fois pour toutes, particulièrement dans les communautés éloignées.
Malheureusement, ces iniquités perdurent dans le contexte de la COVID-19. Bien que nous applaudissions les premières mesures prises par le gouvernement avec l'annonce du fonds de soutien aux communautés autochtones et que nous soyons encouragés par l'aide annoncée au cours de la fin de semaine pour les entreprises autochtones qui subissent des pertes à cause de la COVID-19, il reste un manque à gagner financier monumental qui causera beaucoup de tort. Vendredi dernier, l'animatrice de Power & Politics à la CBC, Rosemary Barton, a dit qu'un montant sans précédent d'environ 113 milliards de dollars a été octroyé à ce jour pour aider le Canada à affronter la pandémie. Seulement 621 millions de dollars ont été réservés pour les communautés autochtones. Selon le recensement de 2016, les Autochtones représenteraient 4,9 % de la population nationale, alors qu'ils ne reçoivent qu'un peu plus de la moitié de 1 % des fonds de secours octroyés par Ottawa. Il y a un net déséquilibre, et encore une fois, les Premières Nations sont prises à gérer la crise dans la pauvreté.
Il est peut-être vrai que les Autochtones pourraient toucher une partie des milliards de dollars d'aide offerts à l'ensemble des Canadiens, notamment sous la forme de remboursements de la TPS et du crédit d'impôt pour enfants, mais ce sera bien loin de suffire pour combler l'écart entre ces 621 millions de dollars et 113 milliards de dollars. Nous demandons une augmentation du financement octroyé aux communautés autochtones équivalente à leur poids démographique et à leurs réalités, puisque ces réalités sont attribuables aux décisions prises par les nombreux gouvernements canadiens successifs. Nous demandons à ce que toute proposition passe rapidement au stade de l'approbation en raison de l'état d'urgence dans lequel nous nous trouvons.
Par ailleurs, nous nous inquiétons aussi pour les membres de nos communautés qui vivent hors réserve. C'est environ la moitié de la population des Premières Nations qui vit hors réserve et dans les centres urbains en ce moment, mais nous ne recevons rien pour nous occuper de nos membres hors réserve.
Il ne se passe pas une journée sans que nos chefs reçoivent des appels à l'aide. Le Fonds de soutien aux communautés autochtones prévoit à peine 15 millions de dollars à diviser entre les organisations des Premières Nations, inuites et métisses de tout le pays pour fournir des services aux Autochtones en milieu urbain, ce qui est loin d'être suffisant.
Nous demandons que le financement des services hors réserve soit bonifié de manière à mieux tenir compte de la situation de nos populations dans les centres urbains.
Je veux prendre un moment pour mettre en lumière d'autres iniquités qui affectent les Premières Nations, tout particulièrement du point de vue de la sécurité alimentaire et des infrastructures insuffisantes.
Pour ce qui est de la sécurité alimentaire, nous vivons une situation précaire depuis le bouleversement de notre économie basée sur l'agriculture et la chasse. Bon nombre de nos familles souffrent déjà d'un manque de nourriture, si bien que la crise actuelle ne fait qu'envenimer les choses.
Nous devons compter sur de solides partenariats, comme celui que nous avons établi avec le Club des petits déjeuners du Canada. Nos 34 communautés ont présenté une demande au titre de leur fonds d'urgence pour la COVID-19 pour lequel les critères ont été abaissés et les réponses sont données rapidement. Meegwetch du fond du coeur au Club des petits déjeuners du Canada pour son soutien bien senti.
En tant que membres des Premières Nations, nous avons toujours chassé, pêché et trappé pour assurer notre survie et nourrir nos familles. En cette période de crise où les déplacements entre les villes et les collectivités avoisinantes sont limités, nous essayons de retourner à nos modes d'approvisionnement traditionnels pour nous assurer une plus grande sécurité alimentaire.
Nous demandons une aide financière pour appuyer la réalisation de projets visant la sécurité alimentaire dans nos communautés.
La pandémie de COVID-19 a exacerbé les problèmes découlant du manque de logements et de la faible qualité des infrastructures en place dans les réserves.
Où peut-on s'isoler dans une communauté aux prises avec une pénurie chronique de logements quand on habite avec une dizaine d'autres personnes? Il n'y a pas dans nos réserves suffisamment d'installations et de ressources pour les membres de nos communautés qui ont des problèmes de toxicomanie.
Nous nous réjouissons de l'enveloppe de 50 millions de dollars allouée aux refuges pour femmes et aux centres pour les victimes d'agression sexuelle, y compris un montant pouvant atteindre 10 millions de dollars pour les installations dans les réserves et les communautés autochtones, mais il en faudrait encore davantage. Services aux Autochtones Canada finance seulement 46 refuges dans l'ensemble du pays.
Nous réclamons donc des investissements supplémentaires dans les infrastructures en matière de logement et dans les refuges pour les Premières Nations.
J'aimerais traiter en terminant de la situation de nos aînés et de nos jeunes.
Pour avoir parlé avec nos chefs et nos membres, nous savons qu'ils sont nombreux à se préoccuper du sort de nos aînés face à un virus surtout mortel pour les personnes âgées.
Les aînés revêtent un caractère sacré au sein de nos communautés. Non seulement sont-ils des membres chéris de nos familles, mais ils transmettent notre culture, nos connaissances, nos langues, nos histoires et nos traditions.
Si la maladie frappe nos communautés et nos foyers de soins personnels comme elle l'a fait dans d'autres provinces, la transmission intergénérationnelle de nos connaissances autochtones en souffrira grandement. Nous voulons que nos aînés puissent demeurer près de nous et recevoir tous les soins nécessaires. Nous avons besoin d'un plus grand nombre de foyers de soins personnels dans nos réserves, car nos aînés ne sont pas toujours bien traités dans ceux qui sont situés hors réserve. Nous avons seulement deux foyers de soins personnels pour aînés dans l'ensemble de nos 34 communautés.
Je veux profiter de l'occasion pour souligner l'apport exceptionnel de tous ceux qui se dévouent à la tâche au sein de notre réseau des foyers de soins personnels pour les Premières Nations du Manitoba.
Nos communautés s'inquiètent également du sort de leurs jeunes, et tout particulièrement de ceux qui font des études postsecondaires. L'arrêt de l'économie pose un risque véritable avec des perspectives d'emploi d'été nulles pour cette année et aucun service de garde d'enfants pour les parents seuls. Il est possible que l'accès aux études postsecondaires à l'automne soit compromis.
Les taux de suicide et d'automutilation chez les jeunes Autochtones sont parmi les plus élevés au pays, et nos jeunes sont surreprésentés au sein du système de protection de l'enfance. Il est d'autant plus essentiel de pouvoir compter sur des mesures de soutien en santé mentale et sur les ressources nécessaires pour maintenir l'intérêt chez nos jeunes en cette période d'isolement.
Nous demandons une bonification tangible des mesures de soutien en santé mentale et un engagement renouvelé envers la lutte contre la toxicomanie dans les réserves.
Nous demandons un investissement pour l'ajout de quatre foyers de soins personnels au bénéfice des aînés Anishinabe et Dakota de nos communautés.
Je vous ai parlé des iniquités en matière de santé, notamment quant aux mesures d'intervention dans le contexte de la COVID-19. Je vous ai aussi entretenu des problèmes de sécurité alimentaire et d'infrastructures qui sont exacerbés par la pandémie.
En guise de conclusion, je veux vous laisser avec une nouvelle vision, celle de la transformation des soins de santé.
Les Premières Nations ne veulent pas hériter d'un système de santé défaillant. Nous désirons plutôt créer un modèle de mieux-être s'appuyant sur notre gouvernance et nos valeurs. Nous envisageons un système de santé tout à fait novateur qui permettra de commencer à corriger les lacunes qui affectent l'ensemble des communautés des Premières Nations du Sud.
D'ici quelques jours, nous allons conclure avec le Canada un protocole d'entente qui concrétisera cette vision. Je ne devrais pas mourir 10 ans avant vous parce que je suis anishinabe, et mon fils ne devrait pas mourir 10 ans avant votre enfant du simple fait qu'il est anishinabe.
Nous devons conjuguer nos efforts pour donner suite à l'appel à l'action no 19 de la Commission de vérité et réconciliation qui nous demande de cerner et de combler les écarts dans les résultats en matière de santé entre Autochtones et non-Autochtones. La réconciliation peut exiger l'abandon des structures et de la dynamique défaillantes qui minent nos relations depuis des générations.
Les statistiques et les rapports témoignent d'un héritage de négligence systémique dans le régime des soins de santé pour les Premières Nations, mais nous pouvons travailler tous ensemble pour nous donner un avenir meilleur basé sur le partenariat véritable que les traités cherchaient à établir.
Chi-meegwetch
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Nakurmiik. Merci. Je suis heureux de pouvoir être des vôtres.
Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) est l'organisation nationale représentant les 65 000 Inuits du Canada qui vivent en majorité dans l'Inuit Nunangat, notre territoire traditionnel où 51 communautés sont réparties sur une superficie correspondant environ au tiers de l'étendue territoriale du Canada. À deux exceptions près, ces communautés sont accessibles uniquement par avion pendant les mois d'hiver, et seulement une poignée d'entre elles sont desservies par un traversier pendant l'été.
ITK est gouverné par les dirigeants élus de la Société régionale inuvialuite, de Nunavut Tunngavik inc., de la Société Makivik et du gouvernement du Nunatsiavut. Ces quatre organisations représentatives et gouvernementales sont détentrices de droits inuits en vertu de l'article 35 de la Constitution grâce aux ententes sur les revendications territoriales globales conclues entre les Inuits et la Couronne entre 1975 et 2005.
Il allait donc de soi que la Couronne s'assure le concours de ces détenteurs de droits inuits aux fins des mesures d'intervention relatives à la COVID-19. Tout au long de ce processus, nous avons mis à contribution nos structures de gouvernance nationales pour que nos instances régionales puissent collaborer avec le gouvernement du Canada. Pour certains déterminants clés de la santé comme le logement, le revenu, la sécurité alimentaire et l'accès à des soins, il existe un fossé considérable entre les Inuits et les autres Canadiens.
En voici quelques exemples révélateurs dans le contexte de la COVID-19. Dans la région de l'Inuit Nunangat, 52 % des Inuits vivent dans des maisons surpeuplées alors que c'est le cas pour seulement de 9 % des non-Autochtones. Dans la même région, le revenu médian des Inuits est de 23 000 $, soit quatre fois moins que celui de 92 000 $ des non-Autochtones. Dans bien des cas, il faut souvent compter plusieurs vols et quelques journées en déplacement pour avoir accès à des soins d'urgence ou à des soins intensifs, car la majorité de nos communautés n'ont qu'un centre de santé, plutôt qu'un véritable hôpital.
La COVID-19 représente un risque particulièrement élevé pour la santé et le bien-être des Inuits vivant dans l'Inuit Nunangat, mais aussi pour ceux qui se retrouvent dans les centres urbains. Il est absolument crucial de bien comprendre à quel point les répercussions néfastes de la crise, tant du point de vue de la santé que de la perturbation des services, rendent les communautés inuites encore plus vulnérables. C'est ainsi qu'au cours des six à huit dernières semaines, nous avons collaboré avec le gouvernement fédéral pour en arriver à des solutions tenant compte de la situation particulière des Inuits.
Il y a trois aspects de la problématique dont j'aimerais traiter aujourd'hui. Le premier concerne les mesures de santé publique prises dans nos communautés pour prévenir la propagation de la COVID-19. Cela commence par le dépistage. La quantité restreinte de tests disponibles et les longs délais de traitement nous ont causé des difficultés. Nous avons vécu la même chose avec l'épidémie de tuberculose. L'impossibilité de pouvoir connaître rapidement les résultats des tests a des conséquences graves.
Il serait donc essentiel pour nos communautés, comme pour celles du reste du pays, de pouvoir compter sur une détection rapide de la présence de la COVID-19. La crise fait en sorte qu'il n'y a plus de vols réguliers dans nos régions, alors que ces vols étaient quotidiens avant l'imposition des restrictions. Les gens peuvent subir un test, mais devoir attendre plusieurs jours pour qu'un vol amène les échantillons vers un centre de traitement dans le Sud du pays où ils vont se retrouver dans une file d'attente.
L'accès rapide aux résultats des tests de dépistage est essentiel pour connaître la proportion de cas confirmés et compiler les données nécessaires pour décider de nos interventions. Nous félicitons le gouvernement fédéral d'avoir agi promptement pour acquérir des tests avec analyse dans les points de service ou à proximité, et également pour avoir décidé d'accorder la priorité aux collectivités éloignées dans la distribution de ces tests. Nous constatons ici que les communautés inuites sont bel et bien prises en considération dans le cadre des mesures nationales d'intervention, et que le gouvernement fédéral comprend que nous avons besoin de toute urgence de ces tests avec analyse au point de service ou à proximité.
Par ailleurs, les directives de la santé publique s'appliquant aux Inuits ont permis jusqu'à maintenant d'obtenir d'excellents résultats en minimisant la propagation de la COVID-19 et son apparition dans les communautés de l'Inuit Nunangat. Deux régions, le Nunavut et le Nunatsiavut, n'ont pas encore enregistré de cas confirmé, et il y en a seulement une poignée au Nunavik et encore moins dans la région d'Inuvialuit.
Nous devons nous assurer de collaborer aussi étroitement que possible avec l'ensemble des intervenants, qu'il s'agisse des provinces, des territoires, de nos systèmes de santé publique et de collecte de données, ou du gouvernement fédéral. Nous avons un groupe de travail sur la santé publique des Inuits qui coordonne ces efforts.
Nous saluons la contribution de toutes les parties prenantes, de l'Agence de la santé publique du Canada jusqu'aux provinces et territoires où vivent des Inuits, en passant par Santé Canada et Services aux Autochtones Canada, qui s'emploient à aller de l'avant malgré les différentes embûches découlant des zones grises dans nos régimes de gouvernance. Il existe certains processus pour lesquels la participation des Inuits n'est pas exigée par la loi, mais comme nous vivons à l'ère de la réconciliation, plus il y aura d'échanges d'information et de communications ouvertes entre les détenteurs de droits inuits et les instances publiques, mieux nous nous tirerons de cette crise. Nous en avons un exemple avec les stratégies communes de promotion de la santé dans lesquelles nous souhaitons investir au bénéfice de nos communautés.
Nous savons que les communautés inuites présentent des facteurs de risque élevés quant aux ravages éventuels de la COVID-19. On peut penser notamment à nos taux de tabagisme, à notre mauvaise alimentation, à la pauvreté et aux cas évolutifs de tuberculose dans nos communautés. Il est essentiel que l'on continue d'appuyer les programmes visant à réduire les taux de tabagisme, à accroître la sécurité alimentaire et à améliorer l'alimentation pour protéger les Inuits de la COVID-19. Dans le contexte de cette crise, l'objectif commun des Inuits et du gouvernement du Canada d'éradiquer la tuberculose d'ici 2030 a aussi son importance. Il y a de nombreuses synergies différentes qui interviennent pour nous dicter le genre de mesures à prendre, surtout relativement à des problèmes comme le logement.
Nous allons poursuivre notre collaboration avec le gouvernement fédéral afin d'assurer du financement aux organisations représentant les Inuits pour qu'elles puissent mettre en oeuvre des stratégies visant à accroître la sécurité alimentaire, à améliorer l'hygiène et à promouvoir la distanciation physique au sein des communautés inuites. Cela comprend notamment des programmes de réappropriation du territoire, des mesures de soutien aux aînés et à un meilleur accès à l'eau et aux produits de nettoyage.
Le deuxième aspect que je souhaite aborder est celui de nos systèmes de santé qui doivent absolument pouvoir continuer de fonctionner en ces temps de crise. Dans le contexte de la COVID-19, nous devons assurer le maintien de partenariats étroits entre les communautés inuites et les établissements de soins du Sud avec lesquels des ententes de service ont été conclues. Nous devrions travailler directement avec le gouvernement fédéral pour assurer sans tarder le déploiement des mesures nécessaires dans nos communautés si elles devaient être touchées par de nombreux cas de COVID-19. Nous avons déjà discuté avec le gouvernement de la possibilité d'avoir recours à cette fin à des ressources fédérales, ou encore à celles de l'armée ou de la marine. Dans le cadre de nos interventions pour contrer la COVID-19, nous espérons pouvoir continuer de compter sur les liens solides déjà établis entre les soins qui nous sont offerts dans le Sud et ceux dispensés dans les centres régionaux de l'Inuit Nunangat et dans les autres communautés.
Nous nous inquiétons par ailleurs de la pénurie de médicaments, d'équipement et de personnel. Les ressources humaines peuvent être problématiques à bien des points de vue, surtout si l'on considère que bon nombre de nos communautés ne peuvent compter que sur une ou deux infirmières à la fois et que la demande pour les ressources en santé est extrêmement forte dans le Sud. C'est vraiment une priorité pour nous. Il faut également composer avec des pénuries mondiales de médicaments comme ceux pour la tuberculose avec le vaccin BCG. Il y a donc différents enjeux que nous devons continuer d'explorer de concert avec le gouvernement fédéral dans le cadre de nos actions à l'encontre de la COVID-19.
La question du transport aérien est le troisième aspect dont je veux traiter. ITK a indiqué très clairement que le transport aérien est un service essentiel. Il n'y a aucun autre moyen de se rendre dans nos communautés à cette période de l'année, et nous devons absolument pouvoir compter sur nos transporteurs aériens pour que ceux et celles qui offrent les soins de santé et les autres services essentiels puissent aller sur place et en repartir. À d'autres moments de l'année, nous pourrions nous tourner vers le transport de marchandises et le ravitaillement par mer, mais les liaisons aériennes ont bel et bien une importance capitale à ce moment-ci. Le gouvernement fédéral ne devrait surtout pas limiter son soutien à ces liaisons aériennes pour l'ensemble du territoire de l'Inuit Nunangat.
La dernière chose que nous voulons, c'est que nos transporteurs aériens soient incapables de poursuivre leurs activités. Dans une telle situation, les populations de nos collectivités seraient exposées à des risques énormes, ce qui viendrait s'ajouter aux difficultés auxquelles nous faisons déjà face.
Nous continuerons à travailler avec le Groupe de travail sur la santé publique des Inuits et le gouvernement du Canada, mais tous les travaux que nous accomplissons, que ce soit avec vous, au Comité, ou ailleurs, porteront sur une réponse fondée sur des preuves et axée sur les Inuits.
Nous sommes impatients de collaborer avec vous pour faire en sorte que les Inuits ne soient pas touchés plus qu'ils le sont déjà dans le cadre de la réponse à la COVID-19.
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Je pourrais commencer et demander ensuite à M. Sheppard-Buote d'intervenir.
C'est difficile, car nous ne voulons pas donner l'impression que nous jetons le blâme sur qui que ce soit. C'est pourquoi, concernant les critiques que j'ai formulées sur l'approche fondée sur les distinctions, nous disons qu'il faut tenir compte de l'isolement, des gens qui vivent dans le Nord, des femmes et d'un certain nombre d'éléments qui se conjuguent dans la définition d'un Autochtone. Nous essayons d'ajouter une voix en ce qui a trait au milieu urbain. Nous disons « urbain », mais il y a des centres d'amitié à Inuvik et à Happy Valley–Goose Bay. Il ne s'agit pas ici des grands milieux urbains habituels. Ils sont situés tout juste à l'extérieur des réserves et ne sont généralement pas dans l'Inuit Nunangat. Parfois, ils sont dans les territoires des Métis, mais ne font pas partie des établissements métis. Il peut s'agir de communautés qui comptent plus de 1 000 ou de 5 000 personnes, ou de grandes régions métropolitaines.
Je pense que l'élément que nous essayons de faire ressortir, c'est celui des services. Dans les centres d'amitié, nous agissons en fonction des besoins des gens et de la prestation des services. La façon dont ils se définissent est importante, mais nous tenons compte également de leurs besoins. Nous essayons d'intervenir du point de vue des services. Nous ne déterminons pas de qui nous recevons des appels. Si des gens qui vivent en milieu urbain ont besoin d'aide et savent qu'il existe une organisation autochtone qui pourrait mieux comprendre qui ils sont, nous communiquerons avec cette organisation. Ils appelleront, peu importe s'ils sont des membres de Premières Nations, des Métis ou des Inuits. Ils sont là, ils ont besoin de quelque chose, et ils ont besoin de l'aide d'une organisation qui les comprend.
Nous constatons que les centres d'amitié reçoivent maintenant un nombre croissant d'appels. Ceux de la Colombie-Britannique ne sont pas seulement au maximum de leur capacité; ils se retrouvent avec une surcapacité dans leurs services. Ils n'ont pas encore reçu les ressources financières promises par les gouvernements. Comme je l'ai dit, c'est hier que nous avons été informés que nous allions obtenir de l'argent du Fonds de soutien aux communautés autochtones, à hauteur de 3 750 000 $, et on parle de 100 organisations différentes. À l'Association nationale des centres d'amitié, nous avons décidé de rédiger une proposition au nom de tous nos membres, car nous ne voulions pas que le fardeau soit porté par les centres d'amitiés locaux, qui travaillent jour après jour. Des directeurs généraux disent qu'ils passent la nuit dans le refuge pour sans-abri en raison d'un manque de personnel. Des gens nous ont dit que la demande avait augmenté de 25 % dans leur banque alimentaire et qu'il manquait de nourriture après une heure, ou qu'ils ne sont pas capables d'accéder à de l'équipement personnel. Partout au Canada, on nous raconte ce qui se passe concernant les besoins sur le plan des services... On va d'un endroit à l'autre, on frappe aux portes, on essaie d'obtenir du soutien financier et une sorte de reconnaissance financière du fait que nous sommes là, nous faisons le travail jour après jour, et cela ne s'est pas concrétisé.
Cela s'est concrétisé dans une partie des centres locaux de certaines grandes régions — par exemple, la Vancouver Foundation et des fondations locales, où il a été possible d'obtenir du soutien de certains centres locaux —, mais en attendant que les fonds fédéraux commencent à nous être versés par le gouvernement fédéral pour les centres d'amitié... Les provinces ont annoncé, dans une certaine mesure, un financement autochtone. Nous ne savons pas encore si les fonds iront aux centres d'amitié. L'Ontario semble être la seule province qui a prévu des fonds qui seront accessibles aux centres d'amitié. Toutefois, le travail se fait depuis les six dernières semaines. Depuis six semaines, les centres d'amitié font le travail sans avoir obtenu ce soutien financier. Je ne veux pas dire que les distinctions n'ont pas d'importance, mais lorsqu'on est dans le besoin et qu'on appelle quelqu'un à l'aide, on veut que cette aide se manifeste. Nous faisons de notre mieux.
J'espère avoir répondu à votre question. J'essayais seulement de parler des besoins qui se font sentir, du travail que nous avons accompli au cours des six dernières semaines et du soutien que nous essayons d'obtenir.
Je veux dire une dernière chose. De nombreuses Premières Nations nous ont parlé de l'aide pour leurs communautés établies à l'extérieur des réserves et nous essayons de répondre à ces besoins. Un grand nombre de centres d'amitié ont de bonnes relations avec les Premières Nations locales. Je pense que l'un des meilleurs problèmes que nous aurons, c'est que nos populations n'en auront pas seulement assez, mais trop; vous savez, je ne pense pas que ce sera un problème.
Je pense que plus nous pourrons apporter de soutien aux gens, plus nous offrirons d'options pour répondre à leurs besoins, plus cela servira aux gens sur le terrain. Je pense que nous devrions faire de notre mieux pour coordonner nos efforts et nos ressources, planifier les choses et travailler ensemble et veiller à ce qu'il n'y ait pas de lacunes et à ce que personne ne soit laissé-pour-compte.
Je vous remercie. Je cède la parole à M. Sheppard-Buote.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de répondre.
Le Nunavut a rapidement déterminé comment distribuer, à l'échelle de son vaste territoire, les ressources financières allouées par l'entremise du gouvernement fédéral. Comme vous le savez, le Nunavut occupe le cinquième de la superficie du Canada. Les membres du conseil d'administration de la Nunavut Tunngavik Inc. se sont parlé tous les jours pour déterminer la meilleure façon de distribuer ces fonds, et la plus grande partie des fonds a déjà été versée sous forme de soutien financier aux personnes âgées, afin qu'elles puissent acheter de la nourriture et des produits de nettoyage.
Nous avons fourni une grande quantité de ressources aux municipalités, afin que leurs intervenants puissent maintenir les services d'eau et d'égouts au quotidien. Nous pensons que c'est extrêmement important, surtout dans un contexte où les messages d'intérêt public recommandent de se laver les mains, car les situations de logements surpeuplés sont très fréquentes au Nunavut. Nous savons que nous avons besoin d'au moins 3 000 logements pour répondre aux besoins actuels en matière de logement à l'échelle de notre territoire. Dans les collectivités, on tente habituellement de réduire la consommation d'eau, mais ce n'est pas une bonne idée dans une situation de pandémie mondiale.
Nous avons également investi des ressources dans la lutte contre l'insécurité alimentaire. En effet, il est stupéfiant d'apprendre qu'au Nunavut, 7 enfants sur 10 se couchaient déjà le ventre vide chaque soir. Et la situation ne s'est pas améliorée, car des statistiques récemment publiées indiquent que 8 enfants sur 10 se couchent maintenant le ventre vide tous les soirs. En raison de notre expérience précédente avec des maladies infectieuses comme la tuberculose, nous savons que des conditions de logements surpeuplés et d'insécurité alimentaire ont une incidence importante sur la capacité d'une personne de combattre les maladies infectieuses.
Même si l'approche que nous avons adoptée est axée sur la satisfaction des besoins fondamentaux qui, à notre avis, devraient être satisfaits avant même que se présente une pandémie mondiale, dans le cadre de la pandémie actuelle, nous avons eu l'occasion d'établir des communications et un processus de prise de décisions très ouverts entre les organismes inuits et tous les échelons de gouvernement, y compris le gouvernement public territorial du Nunavut et le gouvernement fédéral.
Les intervenants de Nunavut Tunngavik Inc. sont d'avis que le gouvernement fédéral devrait invoquer la Loi sur les mesures d'urgence au Nunavut, car bien que nous n'ayons pas encore de cas de COVID-19 confirmés, nous savons que notre gouvernement public territorial n'a pas la capacité financière et les ressources humaines nécessaires pour affronter cette crise. D'ailleurs, c'était déjà un point extrêmement important, même avant la COVID-19.
Nous devons examiner les grands besoins dans lesquels vivent tant de Canadiens — et la crise de santé publique terrifiante que nous vivons actuellement est l'occasion de souligner ces besoins. C'est également une occasion pour vous, dans votre rôle de députés, d'approfondir votre examen des inégalités sociales auxquelles les Canadiens font face. Au nom des Nunavummiuts, je vous prie donc de vous pencher sur les inégalités sociales auxquelles font face les Inuits du Nunavut.
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Je peux répondre à certains éléments de la question, puis je donnerai la parole au Dr Wong, pour voir s'il a des informations à ajouter. Peut-être même que M. Obed aurait de l'information à donner en ce qui concerne le Nunavik.
Comme vous le savez, la régie régionale du Nunavik fait partie du système provincial. Nous ne finançons pas directement les services de santé de la régie régionale, laquelle est intégrée au système du Québec. Par contre, les gens de la régie partagent de l'information avec nous au besoin. Bien sûr, s’ils ont besoin de fournitures ou d'équipements supplémentaires, ils peuvent nous le demander. Ils nous ont d'ailleurs soumis une demande d'équipement de protection individuelle. Nous avons pu leur en envoyer en fonction de l'inventaire que nous avons au ministère.
Quand la province de Québec a vu une augmentation significative des cas de COVID-19, ils étaient préoccupés à l'idée de ne pas recevoir de l'équipement rapidement. Ils nous ont fait une demande et nous avons pu répondre à leurs besoins. Si je fais cette mise en contexte, c'est parce que nous ne sommes pas aussi intégrés dans leurs activités quotidiennes, étant donné qu'ils font partie du système provincial.
Je peux toutefois vous dire qu'ils ont demandé qu'on envoie des Rangers principalement pour les aider dans la logistique des infrastructures. Cela renvoie à votre point concernant les besoins supplémentaires en matière d'infrastructures. Souvent, les infrastructures existent, mais elles doivent être adaptées à des objectifs différents. Il faut désinfecter les installations et s'assurer qu'il y a les fournitures, l'ameublement et les équipements nécessaires afin de pouvoir les utiliser à d'autres fins, par exemple pour isoler des membres de la communauté ou pour loger des individus assurant la prestation de services et qui sont mobilisés pour fournir la capacité additionnelle requise afin de répondre à la pandémie.
Nous jouons un rôle plus direct dans les communautés des Premières Nations. Nous avons acheté beaucoup de structures temporaires qui peuvent être déployées rapidement dans les communautés. Déjà 78 différentes infrastructures sont en train d'être mises sur pied ou sont prêtes à être utilisées dans les communautés pour répondre à ces besoins additionnels, surtout dans les petites communautés ou celles qui sont plus isolées.
Concernant la capacité en soins intensifs, elle est évidemment liée à la capacité du milieu hospitalier partout au pays. Seulement deux hôpitaux au Manitoba sont sous la responsabilité de notre ministère. Nous travaillons donc avec eux plus étroitement.
Nous collaborons avec les gouvernements provinciaux pour nous assurer qu'ils ont des plans pour augmenter la capacité en soins intensifs et qu'ils peuvent recevoir des patients des Premières Nations vivant dans des communautés isolées. Nous travaillons très étroitement avec eux pour nous assurer qu'ils ont des plans leur permettant d'évacuer des membres de communautés assez tôt, avant qu'ils ne deviennent très malades. On ne peut pas attendre qu'ils soient dans un état critique. Il faut qu'ils soient près du milieu hospitalier ou en milieu hospitalier dès qu'ils présentent des complications liées à la COVID-19.
C'est une réponse partielle.
Monsieur Wong, avez-vous des informations supplémentaires à nous donner en ce qui concerne le Nunavik?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à tous les témoins.
Tout d'abord, j'aimerais présenter quelques préoccupations importantes que nous éprouvons, mes collègues et moi-même, au sujet de la situation que vivent actuellement les collectivités autochtones. En effet, nous sommes très inquiets d'apprendre — notamment lors de la réunion d'aujourd'hui — le manque absolu de financement offert aux peuples autochtones hors réserve et le fait qu'on avait imposé une date limite à ce financement. Il faut régler cet enjeu de toute urgence, compte tenu de la vulnérabilité des collectivités autochtones urbaines.
J'aimerais maintenant poser quelques questions au grand chef Daniels, ainsi qu'à M. Obed, mais j'aimerais certainement, à un moment donné, mettre l'accent sur les collectivités autochtones urbaines. Manifestement, notre temps est très limité et, comme beaucoup d'autres, j'espère que nous pourrons mettre sur pied un Parlement virtuel, afin de pouvoir soulever ces questions à tous les échelons avec le degré d’urgence qui convient.
Tout d'abord, grand chef Daniels, je vous remercie de votre exposé très convaincant. Vous avez parlé des profondes inégalités auxquelles les Premières Nations de votre région font face tous les jours. Pourriez-vous nous parler des annonces ou des appels que vous avez déjà faits en ce qui concerne les médecins cubains dont vous avez besoin? Pourquoi les Premières Nations de la SCO font-elles cet appel?
J'aimerais également que vous nous parliez un peu des besoins en financement fédéral pour les infrastructures dans les collectivités, que ce soit pour réaménager dès maintenant des espaces afin de créer des logements temporaires ou pour construire un centre de ventilation comme celui proposé par la collectivité de Berens River pour la région et les collectivités voisines. Ou encore parce que certaines collectivités, notamment celles situées plus au nord, ont mentionné la nécessité d'avoir des hôpitaux militaires. Devrait-on mettre sur pied, dès maintenant, un financement fédéral direct pour l'infrastructure?
Enfin, pourriez-vous nous parler des besoins en matière d'équipement de protection personnelle non seulement pour le personnel de santé, mais également pour le personnel de première ligne qui travaille pour les Premières Nations?
Pourriez-vous formuler des commentaires sur certains de ces enjeux importants? Je vous remercie d'avance, grand chef.
J'aimerais seulement préciser, en ce qui concerne la question des médecins cubains, que nous sommes allés à Cuba et que nous avons demandé à un détachement ou à un groupe de venir au Manitoba. Cette décision était en partie motivée par le fait que nous avions anticipé une crise. Nous avions déjà lancé ce projet avant que la pandémie en arrive au point actuel. Nous voulions vérifier le type d'impact que cela pourrait engendrer, car nous avions constaté un manque de services sur le terrain dans nos collectivités. En effet, nous n'avons pas d'intervenants à long terme; des membres du personnel infirmier viennent tour à tour dans certaines de nos collectivités isolées. Nous souhaitions donc obtenir des services uniformes et à long terme.
Comme l'Organisation mondiale de la Santé avait beaucoup parlé du système de soins de santé de Cuba, nous voulions vérifier si cet investissement serait rentable et quel type de rendement nous pourrions obtenir comparativement à la stratégie et aux résultats actuels en matière de santé. C'était donc le raisonnement qui sous-tendait ce projet. Nous comprenons qu'il n'y a pas beaucoup de ressources et que si nous pouvons obtenir de meilleurs résultats en matière de santé par l'entremise de ce processus, nous devrions peut-être envisager de le concrétiser. C'est la raison pour laquelle nous avons entrepris ce projet avec Cuba, et nous continuons manifestement de tenter de faire venir des médecins dans nos collectivités pour nous aider avec la transformation des services de santé. Nous pourrions peut-être envoyer certains de nos intervenants là-bas pour qu'ils reçoivent une formation à l'institut international de santé de ce pays. Nous avons d'ailleurs visité cet établissement. Nous sommes allés là-bas pour tenter d'améliorer nos résultats. Nous voulions vérifier, sur le terrain, si un tel investissement pourrait fonctionner avant de lancer le processus.
Deuxièmement, dans un grand nombre de nos collectivités, les gens achètent en grosses quantités plutôt que de se rendre dans les centres urbains pour y faire leurs achats. Les membres de certaines collectivités désinfectent les marchandises reçues et les emballent ensuite dans des colis d'encouragement, c'est-à-dire qu'ils divisent les marchandises reçues en petits paquets. Au début, ils n'avaient pas d'équipement de protection personnelle. Nous voulions donc que ces personnes aient accès à l'équipement nécessaire pour bloquer toute bactérie potentielle qui aurait pu entrer dans la collectivité. Il y a des exemples semblables dans un grand nombre de nos collectivités, notamment Wayway et d'autres — en fait, dans un nombre assez élevé de collectivités. Les collectivités ont donc acheté en grosses quantités.
Un grand nombre de communautés ont fait la même chose dans les centres urbains, par exemple à Winnipeg. De nombreux conseils tribaux ont participé à cette initiative. Nous tentons donc de déterminer comment utiliser les ressources limitées dont nous disposons tout en protégeant nos membres. C'est ce que font un grand nombre de nos membres qui s'occupent de recevoir la nourriture et d'autres marchandises, ainsi que l'équipement de protection. Nous souhaitons les appuyer davantage. Pendant deux ou trois semaines, ils n'avaient accès à aucune mesure de soutien et ils couraient donc un certain risque. Dieu merci, le Manitoba a réussi à aplanir la courbe, et nous espérons qu'il n'y aura aucun nouveau cas d'infection.
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Peut-être pourrais-je ajouter rapidement ce que nous avons appris des centres d'amitié. Ça se résume à quelques points.
Beaucoup de ces centres essaient de soutenir les jeunes qui sont en familles d'accueil ou pris en charge, parce que, parfois, ils servent de trait d'union avec leur culture et leur communauté en milieu urbain. Certains de ces centres font de leur mieux pour assurer une présence spéciale auprès de ces jeunes.
Nous réclamons aussi des produits des technologies — logiciels, matériel, tablettes, portables et téléphones cellulaires — pour que le personnel des centres d'amitié puisse passer à une prestation virtualisée des services, qui reste connectée, plutôt que de travailler à partir de ses bureaux. Ces centres veulent aussi donner ou prêter ces appareils non seulement aux jeunes, pour qu'ils contactent leur conseiller au centre d'amitié, mais dans la communauté aussi, pour maintenir le contact avec d'autres de ses membres vulnérables comme les Autochtones âgés, dont la santé mentale est également diminuée et qui sont également incapables d'être connectés.
Beaucoup de centres d'amitié ont adapté leurs programmes à la fourniture d'un accès virtuel. Ils ont lancé beaucoup d'opérations qui s'adressent précisément aux jeunes, pour que ces jeunes restent en réseau et ils ont essayé de trouver des nouvelles méthodes de réseautage.
J'ajouterai la question de la connectivité, le problème d'un Internet largement accessible, particulièrement dans les communautés rurales et les communautés éloignées du Nord, pour qu'elles puissent sélectionner des émissions et accéder à du contenu élaboré pour les aider à rester connectés.
Il ne s'agit pas seulement d'avoir accès à Internet, mais de pouvoir se l'offrir chez soi pour éviter aux jeunes de devoir se rendre, à pied ou en voiture, sur des terrains de stationnement et de se blottir sous une couverture pour faire leurs devoirs ou se connecter à l'actualité et accéder à tous les services virtuels offerts.
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Je vous remercie de votre question.
Des prélèvements sont actuellement effectués dans nos postes infirmiers au sein de toutes les réserves des Premières Nations. Le personnel infirmier est à la disposition de la population pour prélever des échantillons de sécrétions nasales, puis les envoyer au laboratoire provincial. Vous savez que chaque province a ses propres directives quant aux critères de dépistage, et nous les respectons en fonction de l'emplacement des réserves.
Par ailleurs, nous admettons qu'il y a un délai, en raison à la fois du transport du prélèvement jusqu'aux centres urbains où se trouvent les laboratoires provinciaux, et aussi du temps d'attente, qui diffère selon la province, comme vous l'avez entendu. Dans certaines provinces, il faut attendre plus longtemps avant d'obtenir les résultats en raison du délai d'exécution.
Un des plus récents progrès est l'approbation, par les organismes de réglementation du Canada et Santé Canada, de deux trousses de dépistage rapide au point de service. L'une est produite aux États-Unis, et l'autre, au Canada. Ces deux trousses pourraient réduire grandement la distance qui sépare le dépistage et les collectivités.
Pour ce qui est de la trousse américaine, elle tarde malheureusement à arriver au Canada puisqu'il est actuellement difficile de faire sortir des États-Unis une partie du matériel et des trousses de dépistage. Ces trousses et ce matériel fabriqués aux États-Unis sont placés dans les laboratoires des hôpitaux.
Quant à la trousse fabriquée ici au Canada, et qui vient d'être approuvée, elle est pour l'instant uniquement mise à la disposition des laboratoires provinciaux et du Laboratoire national de microbiologie, où elle fait l'objet d'un essai pilote. Lorsque nous avons demandé pourquoi à la société, les responsables nous ont répondu qu'ils doivent accélérer le calendrier de production à l'interne afin de mettre au point les appareils et les cartouches de dépistage. D'ici deux à trois semaines, ils espèrent avoir quelques boîtes de matériel et de cartouches pour le dépistage.
Dans l'intervalle, c'est-à-dire au cours de la prochaine semaine ou des deux prochaines semaines, la société n'a qu'un très petit nombre de trousses et de matériel de dépistage pour permettre aux laboratoires provinciaux et au laboratoire national de valider le tout. Par la suite, elle sera en mesure d'accélérer la production afin que les trousses de dépistage soient distribuées d'un bout à l'autre du Canada. Même alors, il n'y aura qu'un petit nombre de trousses pour commencer, après quoi l'approvisionnement augmentera au cours des semaines et des mois à venir.
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Merci. C'est une grande question.
Voilà ce qu'on entend sur le terrain: les centres d'amitié ont dû fermer leurs portes au public, mais la majorité d'entre eux restent ouverts, dans une certaine mesure. Même si leurs portes sont fermées, ils reçoivent des téléphones, procèdent aux renvois, font de la sensibilisation et offrent certains services. Nous savons que même si les portes sont barrées, les centres demeurent quand même ouverts... pleinement ouverts. Ils ont seulement changé la façon dont ils offrent leurs services.
Certains centres d'amitié gèrent des entreprises sociales, qui perdent des revenus. Ils ont dû fermer les cuisines. Certaines personnes venaient d'ailleurs pour des rendez-vous médicaux. Ils logeaient dans des auberges. Les centres se demandaient quoi faire avec ces gens: les mettre dans un avion et les renvoyer chez eux? Ce sont les défis auxquels nous devons faire face.
Les contacts se font maintenant de façon virtuelle le plus possible. Les centres peuvent ainsi communiquer de l'information dans une certaine mesure, surtout par l'entremise des médias sociaux. Certains centres d'amitié ont des unités de logement; les responsables s'inquiétaient donc des locataires. Certains centres sont surpeuplés, malgré les logements offerts. D'autres gèrent des refuges pour sans-abris et leur offrent des services. Je crois que les centres s'inquiètent surtout de cette population, parce qu'on dit publiquement à tout le monde de s'isoler chez soi, mais ces gens n'ont nulle part d'autre où aller et ils vivent dans la rue. Les centres ne peuvent pas simplement fermer leurs portes... ce n'est pas éthique. C'est ce que disent les directeurs des centres. Il faut trouver une façon d'offrir nos services de manière sécuritaire.
Les directeurs s'inquiètent de leur personnel, de la disponibilité des gants et des masques, de la possibilité d'offrir des services de façon sécuritaire aux membres de la communauté. On a demandé à 18 de nos centres de se transformer en sites de dépistage. Nous l'avons appris il y a environ une semaine et demie. Je ne sais pas si cela a été fait. Les responsables devront modifier leur espace physique pour pouvoir effectuer le dépistage de façon sécuritaire. Nous n'avons aucune idée des coûts qui sont rattachés à cela.
Certains centres d'amitié ont installé des sites d'accès à leurs fenêtres. Il faut avoir accès au courrier électronique pour faire une demande de PCU, mais certaines personnes n'ont pas l'Internet. Les centres d'amitié du Manitoba ont mis deux ordinateurs à la disposition des gens. Ils y ont accès par la fenêtre.
L'adresse postale de certaines personnes est celle du centre d'amitié. Ainsi, comment les centres peuvent-ils fermer leurs portes si des gens comptent sur eux pour avoir accès à leur courrier? La question de la capacité est très importante, parce que nous en sommes maintenant à la sixième semaine et le personnel est épuisé. Les membres du personnel nous disent: « Nous sommes fatigués. Nous ne savons pas quand tout cela sera terminé. Nous ne savons pas quand l'aide arrivera. Nous faisons de notre mieux, mais nous avons l'impression de ne pas en faire assez. » La capacité représente un enjeu énorme.
Le bureau national tente de recueillir des renseignements sur ce qui se passe à l'heure actuelle pour les transmettre à qui voudra l'entendre, mais nous pensons déjà à l'avenir. Si les centres d'amitié ne peuvent plus faire de collectes de fonds, organiser des bingos ou tenir des événements, et si leurs entreprises sociales ferment leurs portes, alors ils perdront non seulement des revenus, mais devront aussi dépenser plus pour offrir les services et les fournitures aux membres de la communauté. Nous ne voulons pas que les centres d'amitié connaissent des difficultés financières dans six mois ou dans un an, alors nous pensons déjà à tout cela. Nous songeons déjà au processus de rétablissement et aux façons dont nous pourrons aider les centres d'amitié. Il ne faudrait pas qu'ils s'écroulent après avoir tout fait pour sauver des vies.
Voilà donc ce que nous entendons sur le terrain.
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Oui, il y a effectivement des barrières de la sorte.
Je pense que la meilleure manière de procéder, à l’avenir, serait d’appliquer le plan de préparation aux urgences prévu pour notre région. Le bureau régional a participé à la mise au point d’un tel plan, qui se présente en deux parties: celle de Services aux Autochtones Canada et celle de la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits.
Je sais que ces deux services ont été joints, mais ils fonctionnent toujours indépendamment. Je pense que la meilleure manière de faire est de les réunir et de demander aux Premières Nations de s’occuper de la planification communautaire globale, de la préparation aux urgences, ce genre de choses. Il y a toujours des questions et des problèmes quand vient le temps de définir ce qu’ils entendent par « préparation aux urgences » ou « planification communautaire globale ».
Si l’on regarde toutes les variables qui font d’une communauté ce qu’elle est, les possibilités qu’elle offre et la qualité de vie qui est assurée par de tels services, nous dirions qu’il y a un déficit, un déficit intergénérationnel, engendré par le sous-financement. Depuis de nombreuses décennies, les gouvernements négligent de traiter cette question avec le sérieux qu’elle mérite et ne permettent pas aux communautés des Premières Nations de tenir les rênes sur cette question. C'est le problème depuis toujours.
Ce que nous réclamons depuis toujours, c'est plus de contrôle à l’échelle locale — que nous puissions mettre au point une stratégie locale et travailler en tant qu’organisme régional. Nous connaissons bien le contexte. Nous travaillons avec 34 communautés des nations anishinabe et dakota, alors nous réclamons fermement que, sur les plans de la planification communautaire globale ou de la préparation aux urgences, nous soyons les concepteurs et les responsables de ces plans, parce que c'est nous qui avons le plus d’intérêts en cause. Nous avons vraiment à cœur le bien-être de nos communautés. C'est difficile de charger un organisme administratif de l'extérieur de veiller à ce que l’état de préparation aux urgences soit adéquat pour la communauté.
Il suffit de regarder les variables et les différentes caractéristiques qui ont été employées aux fins de la planification communautaire globale ou de la préparation aux urgences pour constater que ce n’était pas suffisant. Ces plans ne fonctionnent pas et il en sera ainsi tant que vous n’aurez pas transféré les responsabilités directement aux gouvernements des Premières Nations.