Je vous souhaite la bienvenue à cette 19e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Conformément aux ordres de renvoi des 11 et 20 avril 2020, le Comité se réunit pour entendre des témoignages concernant les mesures prises par le gouvernement en réponse à la pandémie de COVID-19.
Pour faciliter le travail de nos interprètes ainsi que le bon déroulement de la séance, voici quelques règles à suivre.
L'interprétation de cette vidéoconférence se déroulera à peu près comme celle d'une séance ordinaire de notre comité. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir entre le son du parquet, l'anglais ou le français. Si vous comptez vous exprimer dans les deux langues officielles, assurez-vous que l'interprétation correspond à chaque fois à la langue que vous avez choisie. Par exemple, si vous parlez en français, veuillez d'abord sélectionner la langue française. Les interprètes profiteront ainsi d'une meilleure qualité sonore.
Avant de parler, veuillez attendre que je vous nomme. Pendant la période réservée aux questions, les témoins pourront répondre quand ils le voudront. Quand vous êtes prêt à parler, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer. Pour demander la parole à un autre moment que celui désigné pour vos questions, veuillez activer votre micro et indiquer que vous invoquez le Règlement. Je rappelle aux députés et aux témoins de soumettre leurs observations par l'entremise de la présidence.
Je vous prie de parler lentement et de bien articuler. En dehors de votre temps de parole, désactivez votre micro. Si vous utilisez des écouteurs-boutons avec le microphone, tenez-le près de votre bouche quand vous parlez. Alertez sans tarder le président ou la greffière en cas de difficulté technique. Notre équipe technique se chargera de faire le nécessaire. Il est possible que nous devions alors interrompre la séance pour que l'on puisse apporter les correctifs requis.
Avant que nous commencions, je vous demande de bien vouloir cliquer dans le coin supérieur droit de son écran pour vous assurer que l'option Vue Galerie est activée. Chacun devrait ainsi voir tous les autres participants dans un quadrillage.
Je veux maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui. Nous accueillons le Dr Paul Dorian, représentant et directeur de département à la Division de cardiologie de l'Université de Toronto qui nous parlera au nom de la Société canadienne de cardiologie. Est également des nôtres Melanie Benard, directrice nationale, Politiques et défense des droits, Coalition canadienne de la santé. Nous recevons aussi M. Michael Villeneuve, directeur général de l'Association des infirmières et infirmiers du Canada. Nous accueillons enfin deux représentants de Diabète Canada, soit M. Russell Williams, président, et Mme Kimberley Hanson, directrice exécutive, Affaires fédérales.
Par un heureux hasard, nous sommes en pleine Semaine nationale des soins infirmiers et nous célébrons en 2020 le 200e anniversaire de la naissance de Florence Nightingale. Je tiens à profiter de l'occasion pour souligner le courage des infirmiers et infirmières qui redoublent d'ardeur pour accomplir jour après jour dans tous les secteurs de soins leur travail absolument essentiel dans la lutte contre cette pandémie.
Je vais donc d'abord céder la parole à M. Michael Villeneuve, directeur général de l'Association des infirmières et infirmiers du Canada.
Monsieur Villeneuve, vous avez 10 minutes.
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Bonjour à tous. Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous au nom de l'Association des infirmières et infirmiers du Canada. Voilà maintenant plus de 40 ans que je travaille au sein du système de santé, dont 37 années à titre d'infirmier autorisé. J'ai l'honneur d'être directeur général de l'Association des infirmières et infirmiers du Canada depuis 2017.
Je tiens à souligner que je vous parle aujourd'hui depuis ma résidence de Mountain, la localité la moins accidentée de tout l'Ontario malgré son nom qui conviendrait peut-être mieux aux Rocheuses canadiennes. Je suis présentement sur le territoire non cédé de la nation algonquine Anishinabeg. Nos bureaux à Ottawa sont également situés sur le territoire de cette nation, et nous sommes reconnaissants d'être invités à partager ces lieux.
On recense au Canada plus de 431 000 infirmières et infirmiers autorisés, infirmières et infirmiers auxiliaires autorisés, infirmières et infirmiers psychiatriques autorisés et infirmières et infirmiers praticiens. Nous formons le groupe de professionnels le plus nombreux au sein de notre système de santé. Notre association est la voix professionnelle nationale et mondiale des soins infirmiers au Canada. Nous représentons 135 000 infirmières et infirmiers dans les 13 provinces et territoires, et il y a bien sûr plusieurs de nos membres qui vivent dans des communautés autochtones.
J'aurais bien aimé vous entretenir aujourd'hui d'un sujet moins lourd, mais c'est la réalité avec laquelle nous devons maintenant composer. Comme je l'ai lu récemment, nous nous sommes couchés dans un monde pour nous réveiller dans un autre.
Je sais que la santé et la sécurité des gens et des travailleurs canadiens de la santé sont prioritaires à vos yeux, et c'est assurément la même chose pour nous. La pandémie s'est répandue aussi largement et rapidement qu'un feu de brousse, et nous devons demeurer sur nos gardes pour appuyer le travail des infirmières et infirmiers et de tous les professionnels de la santé du Canada qui s'efforcent de la contrer et d'en atténuer les impacts.
Nous sommes tous confrontés à une situation sans précédent, à l'exception peut-être des quelques rares survivants pouvant se souvenir de la pandémie de grippe espagnole qui a frappé de 1918 à 1920. Nous sommes tous désespérément à la recherche de solutions. Notre association se réjouit des mesures prises par les différents ordres de gouvernement du pays pour s'attaquer au problème et limiter la propagation de la COVID-19. Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir compter sur le leadership incroyable et courageux de nos professionnels de la santé publique, y compris les infirmiers et infirmières qui jouent un rôle fondamental dans ce secteur.
Nous saluons l'apport de la Dre Tam, directrice de l'Agence de la santé publique du Canada pour ses messages bien sentis. Nous avons également d'excellents échanges avec Santé Canada et notamment avec la ainsi qu'avec la Dre Tam et son équipe à l'Agence. Nous les remercions tous, en même temps que nous vous remercions à titre de députés membres de ce comité.
Nous sommes sans cesse en communication avec les infirmiers et les infirmières, notamment dans le cadre de sondages hebdomadaires que nous menons. Je vais prendre d'abord quelques minutes pour vous exposer les grandes lignes de certains dossiers d'actualité avant d'utiliser les cinq dernières minutes qui me sont allouées pour aborder un enjeu systémique plus vaste qui nécessite selon moi notre attention.
Quelles sont les questions qui préoccupent actuellement les infirmières et les infirmiers? Vous avez tous eu vent des inquiétudes concernant l'équipement de protection individuelle. Trois mois après le début de la pandémie, la situation demeure quelque peu chaotique au pays. Notre association est d'avis que les décisions concernant l'utilisation de l'équipement de protection individuelle devraient être guidées par les faits et le jugement clinique de ceux qui sont appelés à l'utiliser, et non par des questions de disponibilité ou de crainte de pénurie. C'est une problématique qui semble avoir été réglée plus ou moins bien selon les endroits.
Il y a aussi la question du dépistage. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a exhorté les différents pays à faire du dépistage à grande échelle pour la COVID-19, mais nous devons constater que le Canada accuse toujours un retard en la matière. Les infirmiers et infirmières craignent que les efforts de relance ne puissent pas, dans les circonstances, s'appuyer sur des données probantes.
Nous nous préoccupons en outre de la santé mentale de l'ensemble des citoyens. Nous vivons une période extrêmement porteuse d'angoisse. C'est tout particulièrement le cas pour les infirmières et infirmiers qui voient leur bien-être mental et émotionnel être mis à rude épreuve dans le contexte des efforts de lutte contre la pandémie et de reprise des activités. Nous continuons de revendiquer un accès sans frais à des services en santé mentale pour aider tous les professionnels de la santé à se sortir indemnes de cette crise. Il y a un élément qui nous inquiète tout particulièrement. Alors que bon nombre d'entre nous auront l'occasion de prendre un peu de recul lorsque la pandémie se calmera, comme nous présumons que ce sera le cas, ou entre les différentes vagues de cette pandémie, les infirmières et infirmiers, les médecins et les autres professionnels de la santé devront s'attaquer à l'arriéré créé notamment par toutes ces chirurgies qui ont été reportées, ce qui ne manquera pas d'occasionner pour eux un nouvel afflux important de stress.
De concert avec l'Association médicale canadienne et les Instituts de recherche en santé du Canada, nous nous employons à évaluer les impacts de la COVID-19 sur la santé des pourvoyeurs de soins. Nous exhortons les gouvernements à fournir le financement nécessaire au suivi de ces importantes données, une lacune qui perdure depuis trop longtemps.
En discutant de leurs préoccupations à l'égard de leur propre santé, les infirmières et infirmiers mentionnent fréquemment le sort réservé aux populations vulnérables. Nous nous inquiétons pour les gens davantage exposés aux risques de propagation et aux impacts qui s'ensuivent, comme c'est le cas de nombreux Autochtones, surtout en région éloignée, et de ceux qui doivent partager leur milieu de vie avec plusieurs personnes, comme les détenus et les sans-abri dans les refuges comme à l'extérieur.
J'ai un dernier point dont je voudrais vous entretenir avant de parler des soins à long terme. Compte tenu de ce que l'histoire nous a appris, nous recommandons une approche très prudente, graduelle et basée sur les faits pour la reprise des services dans l'ensemble de la société. Nos craintes sont motivées par le fait que le virus est bien vivant, qu'il continue de se propager sans qu'on le comprenne très bien, et qu'il pourrait nous assaillir en vagues successives. Nous sommes conscients des répercussions énormes sur le plan économique, mais il convient tout de même de prendre toutes les précautions nécessaires.
Permettez-moi maintenant d'aborder quelques enjeux plus vastes qui préoccupent vivement l'Association des infirmières et infirmiers du Canada et ses membres. Grâce, tout au moins en partie, à l'adhésion d'une grande majorité de Canadiens à une campagne très énergique visant à aplanir la courbe, nos hôpitaux ont échappé dans une large mesure aux ravages que l'on a pu observer notamment en Chine, en Italie, en Espagne et aux États-Unis. La pandémie a cependant aussi mis en évidence le manque de normalisation, de financement, de leadership fort, de ressources humaines appropriées, de formation et d'équipement, autant d'éléments qui compliquent le travail de ceux et celles qui doivent offrir des services dans les secteurs des soins de longue durée et des soins à domicile. Ces faiblesses bien connues depuis 20 ans ne sont pas sans conséquence. Même si l'on retrouve seulement 20 % des cas de COVID signalés au Canada dans les établissements de soins de longue durée, on y recense 80 % des décès. Il s'agirait du pire résultat enregistré à l'échelle planétaire.
Bien que nos systèmes de santé soient efficaces à bien des égards, diverses enquêtes rigoureuses menées depuis 2000, comme celle de la commission Romanow, ont contribué à mettre au jour différents points à améliorer que tout le monde connaît maintenant très bien. Nous pourrions tous les nommer: l'assurance-médicaments, les soins à domicile, les soins en santé mentale, les soins de longue durée et les soins primaires, le tout en fonction des besoins et non de la capacité de payer. Nous pouvons maintenant constater les répercussions de quelques-unes de ces lacunes.
Les ravages que fait ce printemps la COVID-19 dans les établissements de soins de longue durée sont en partie attribuables à des décennies de négligence dans la gestion de ce secteur et à un manque croissant de correspondance entre le niveau de soins requis par les gens qui y résident et les ressources humaines qui y sont déployées. Comme je vous le disais, je travaille dans ce domaine depuis 40 ans. Bien des patients qui résident maintenant dans ces centres d'hébergement de longue durée ont des problèmes de santé complexes et chroniques qui auraient exigé leur hospitalisation il y a 20 ans. Il est difficile pour les gens de s'imaginer aujourd'hui que les personnes qui vivaient dans ces centres il y a 20 ou 30 ans conduisaient encore leur voiture. Les gens dans cette situation sont maintenant pris en charge par les équipes de soins à domicile.
Les mesures prises dans les établissements de soins de longue durée n'ont pas été suffisantes pour satisfaire à la demande créée par ce transfert des cas complexes en provenance des hôpitaux. L'arrivée de cette clientèle exigeant des soins plus soutenus et plus spécialisés a malheureusement coïncidé avec une baisse de la proportion de personnel infirmier réglementé dans ce secteur où l'on retrouve notamment moins de spécialistes de la formation clinique, moins de travailleurs sociaux et moins d'ergothérapeutes. Cette stratégie du toujours moins a totalement bouleversé le travail du personnel en place, un effectif grande partie non réglementé qui doit offrir de 80 à 90 % des soins requis. La main-d’œuvre de ces centres est surtout composée d'aides-soignants et d'employés de soutien qui ne manquent pas de compassion et de bonnes intentions, mais qui auraient désespérément besoin de l'appui de professionnels en soins infirmiers et d'autres ressources. Le secteur fait appel en très forte majorité à des femmes, souvent en provenance de minorités raciales, qui occupent des emplois précaires mal rémunérés. Vous avez tous entendu parler de ces femmes qui doivent combiner deux ou trois emplois et faire beaucoup d'heures supplémentaires pour parvenir à joindre les deux bouts. Ce sont là des éléments de fragilité que la COVID-19 a eu tôt fait d'exploiter.
Dans le rapport final de la commission nationale d'experts réunie par notre association en 2011-2012, nous formulions neuf recommandations pratiques visant à régler bon nombre des problèmes relevés également par le commissaire Romanow, le sénateur Kirby et d'autres intervenants en vue d'améliorer les résultats en matière de santé, d'offrir de meilleurs soins et d'optimiser l'utilisation des deniers publics. Bon nombre de ces recommandations sont restées lettre morte.
S'il y a un aspect positif à retenir de tout cela, c'est certes le constat que nous sommes capables de faire les choses différemment. Nous avons par exemple complètement transformé notre offre de soins primaires de telle sorte qu'ils peuvent désormais être offerts en grande partie par téléphone et en mode virtuel. Nous savons que les hôpitaux sont partiellement vides en raison du report des chirurgies, mais nous constatons que le problème de l'attente aux urgences s'est résorbé. Plus question de traiter les patients dans les corridors. Nous croyons être en mesure de régler ces problèmes et de maintenir les acquis. Nous ne pourrons plus revenir en arrière, car nous savons que nous pouvons faire les choses différemment.
Pour offrir à nos aînés les soins dont ils ont besoin, il faudra apporter des changements majeurs au sein de notre système de santé et s'occuper tout particulièrement dans l'immédiat de l'expertise en soins personnels et infirmiers dans ces établissements. Nous devons repenser complètement la prise en charge du vieillissement au Canada, notamment pour ce qui est des soins à domicile, des soins à long terme en établissement et des soins palliatifs, puis procéder à cette transformation fondamentale que nous savons essentielle.
Je dirais en guise de conclusion que la COVID-19 a choisi bien étrangement l'année consacrée au personnel infirmier pour nous faire comprendre l'atout important que représentent les infirmières et infirmiers dans nos efforts pour offrir de meilleurs soins. Une chose est sûre, nos membres ont fait montre de leur dévouement envers leurs concitoyens canadiens, même dans une situation où ils devaient s'inquiéter de leur propre santé. Le système de santé et ses travailleurs doivent pouvoir compter sur de l'information claire, des fournitures adéquates et un soutien plus senti maintenant et à long terme, car la situation ne va pas se régler du jour au lendemain.
Comme le président du Comité l'indiquait, nous nous réunissons aujourd'hui au coeur de l'Année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier, pendant la Semaine nationale des soins infirmiers et à la veille du 200e anniversaire de naissance de Florence Nightingale. Il est peut-être ironique de constater que, 200 ans plus tard, nous entendons les mêmes messages que ceux véhiculés par Mme Nightingale, à savoir qu'il faut nous laver les mains; nous assurer que notre environnement est propre; et recueillir les données pertinentes pour prendre de bonnes décisions.
Comme vous pouvez l'imaginer, nous avons renoncé aux célébrations prévues cette semaine en guise de respect pour les dizaines de milliers d'infirmières et infirmiers qui se dévouent en ce moment même pour offrir des soins aux Canadiens. Dans certains cas, il s'agit de gens qui n'ont pas hésité à sortir de leur retraite pour répondre à l'appel.
Au nom de notre association, je tiens à vous remercier en terminant de nous avoir fait une place dans ce débat. Je vous invite d'ailleurs à prévoir un rôle de premier plan pour les infirmières et infirmiers dans la suite des efforts déployés pour analyser les mesures prises en réponse à la COVID-19. Prêtez une oreille attentive à nos connaissances pratiques et éclairées de ces questions. Sachez que nous tenons à travailler avec vous pour aider au mieux nos gouvernements et nos systèmes de santé à apporter les changements nécessaires pour vraiment améliorer les choses.
Merci beaucoup.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à toutes et à tous.
J'aimerais d'abord remercier tous les membres du Comité de me donner la chance de représenter la Société canadienne de cardiologie. Nous sommes reconnaissants d'avoir l'occasion de décrire certains défis en lien avec les soins aux patients atteints d'une maladie cardiaque durant cette période de COVID-19 ainsi que de proposer certaines solutions.
[Traduction]
Je suis cardiologue à Toronto et je représente la Société canadienne de cardiologie. Parmi nos 2 500 membres, on trouve des cardiologues, des chirurgiens cardiaques et des scientifiques. Nous fournissons des soins spécialisés et de suivi aux quelque trois millions de Canadiens qui souffrent de problèmes cardiaques. Nous vous sommes très reconnaissants de nous permettre de prendre la parole devant le Comité.
J'aimerais d'abord vous parler des conséquences d'une pandémie pour les patients cardiaques avant de vous adresser quelques recommandations quant aux moyens à prendre pour améliorer les soins aux patients à court terme pour la première vague de cette pandémie, ainsi qu'à plus long terme en prévision de ses vagues subséquentes ou d'autres infections qui pourraient nous frapper.
Aux premières lignes, nous constatons que certains malades ne demandent pas les soins dont ils auraient besoin. On vient d'ailleurs de vous l'indiquer il y a un moment. Lorsque cette pandémie a fait son entrée au Canada, nous avons été collectivement très rapides à mettre en œuvre des mesures rigoureuses pour en limiter la propagation, y compris un confinement généralisé à domicile. Les Canadiens ont été très nombreux à suivre cette recommandation, tellement d'ailleurs qu'il en est résulté une diminution considérable du nombre de patients se présentant aux urgences pour l'ensemble des maladies, mais pour les soins de cardiologie tout particulièrement. La demande de soins a nettement diminué, mais les attaques cardiaques et les autres problèmes de santé urgents n'ont pas disparu pour autant.
Nous croyons que nos patients ont l'impression, à tort ou à raison, que les hôpitaux sont surchargés de cas de COVID, et qu'ils craignent d'être exposés au virus s'ils s'y rendent. En conséquence, des patients ayant besoin de soins d'urgence demeurent à la maison en attendant de voir si les symptômes vont s'estomper. Malheureusement, certains d'entre eux décèdent pendant qu'ils attendent que les symptômes disparaissent. Lorsque les patients décident finalement de s'adresser aux services d'urgence, ils ont souvent attendu trop longtemps de telle sorte que leur état s'est grandement détérioré et qu'il est plus difficile de les traiter. C'est ce que nous avons pu observer depuis environ un mois.
Plus les patients attendent pour demander un traitement, surtout dans le cas des crises cardiaques, moins nous pouvons en faire pour eux, et plus nous devons composer avec des complications qui sont plus difficiles à traiter.
Par ailleurs, pendant que l'on s'occupe des patients atteints de la COVID, les listes d'attente ne cessent de s'allonger en raison des chirurgies qui sont annulées. En prévision d'une éventuelle flambée des cas, les autorités de la santé ont, à juste titre selon nous, réaffecté des ressources et libéré des lits dans les hôpitaux. Ces efforts de préparation ont toutefois fait en sorte que les hôpitaux ne fonctionnent plus au maximum de leur capacité. Depuis le mois de mars, un nombre considérable de chirurgies nécessaires à la survie des patients ont ainsi dû être reportées au Canada.
À titre d'exemple, il y avait en date du 15 mars en Ontario environ 2 000 patients en attente d'une chirurgie de remplacement valvulaire et 450 qui attendaient un défibrillateur. Le 3 mai, cette liste d'attente atteignait 2 500 cas pour les chirurgies valvulaires et 680 pour les défibrillateurs. Ces listes d'attente se sont traduites malheureusement par des souffrances supplémentaires pour certains patients et même des décès qui auraient pu être évités. Mes collègues m'ont parlé de patients jugés aptes à subir une chirurgie de remplacement valvulaire qui sont morts à la maison avant que l'intervention puisse se faire.
Nous avons pu éviter une flambée de cas de COVID, mais l'arriéré de patients cardiaques en attente d'un traitement a grimpé en flèche. Dans certains cas, on n'avait pas vu des délais d'attente aussi longs qu'actuellement depuis bien des années.
À notre avis, la planification et la mise en œuvre des soins requis ont été rendues nettement plus complexes par le manque de données en temps réel. En l'absence de telles données, nous n'avons aucun moyen de saisir les tendances locales dans l'offre et la demande de services de santé, pas plus que d'établir des comparaisons entre les régions pour éclairer les décisions relatives à l'attribution des ressources et diriger nos patients vers les endroits où ils pourront obtenir des soins.
Nous avons récemment compilé certaines données indiquant des baisses pouvant atteindre 40 % par mois dans plusieurs provinces depuis mars quant au nombre de patients se présentant à l'hôpital avec ce que nous appelons le STEMI, la forme la plus grave de l'infarctus. D'autres pays ont pu faire le même constat, mais nous n'avons pas tous les renseignements nécessaires pour bien interpréter la situation. Est-ce qu'il y a eu moins d'infarctus? Nous pensons que ce n'est probablement pas le cas. Est-ce que les patients ont attendu pour faire le 911? Est-ce que les ambulances ont fait des déplacements moins fréquents et plus lents? Est-ce que des patients sont décédés durant leur transport vers l'hôpital? Est-ce que des soins hospitaliers ont été retardés en raison des précautions relatives à la COVID? Nous n'avons malheureusement pas de réponses à ces questions.
La situation est d'autant plus frustrante que nous savons qu'une bonne partie des données qui nous permettraient de répondre à ces questions existent bel et bien et sont déjà collectées en temps réel, mais se retrouvent piégées dans des systèmes de collecte n'ayant aucun lien technologique entre eux, ou n'autorisant pas la mise en commun des données pour des motifs géographiques, politiques, contractuels ou stratégiques. Ces obstacles nous empêchent tous d'utiliser les données sur la santé pour la raison même qui justifie leur collecte, à savoir nous permettre de prodiguer des soins en prenant des décisions fondées sur les faits.
Il faut souligner que notre ressource nationale, l'Institut canadien d'information sur la santé, l'ISIS, a fait de son mieux durant la pandémie pour fournir des renseignements. Toutefois, l'ISIS est limité par les mêmes obstacles que j'ai mentionnés. En ce moment, nous avons besoin de données au jour le jour, tandis que le délai habituel pour obtenir des données se calcule en mois.
Nous voulons aider à résoudre ces problèmes causés par la pandémie. La SCC a plusieurs solutions que nous aimerions proposer.
Premièrement, nous devons peaufiner les messages publics que nous communiquons dans le contexte d'une pandémie. Si nous pouvons prévoir que les ordonnances de confinement donnent lieu à des situations où des victimes de crise cardiaque ne se font pas soigner ou retardent les soins dont ils ont besoin, les messages publics doivent être plus précis et largement communiqués. Le gouvernement fédéral, par l'entremise de l'Agence de la santé publique et Santé Canada, est bien placé pour assurer le leadership à cet égard, et la SCC est disposée à aider à formuler et à diffuser ces messages.
Deuxièmement, les responsables de la santé publique, les planificateurs des services de santé et les fournisseurs de soins ont besoin de données en temps réel pouvant être communiquées. Nous saurions où et si des procédures prévues et essentielles peuvent encore être réalisées, en fonction des besoins et des demandes locales. Avec un accès amélioré aux données et un échange de données, nous pouvons réduire l'incidence des crises sanitaires nationales sur les patients cardiaques et d'autres patients, tout en fournissant des soins liés à la crise aux personnes atteintes.
Dans la situation actuelle, les patients atteints de la COVID-19 ont, comme il se doit, la priorité. Les conséquences pour les autres patients sont malheureusement plus importantes que ce qui serait idéal. Sans données, nous ne pensons pas que nous pourrons faire mieux la prochaine fois. Nous exhortons le gouvernement, nos collègues et ce comité à prendre les devants pour améliorer l'échange de données en temps réel.
Ce pourrait être fait, par exemple, en créant un groupe de travail national composé d'experts pour superviser la simplification de l'accès aux données et de l'échange de données d'un bout à l'autre du pays. Ce groupe d'experts travaillerait avec les gestionnaires des données sur la santé pour relever et surmonter les obstacles législatifs et techniques de longue date afin d'obtenir rapidement des données pouvant être communiquées. Le mandat du groupe d'experts serait d'améliorer la coordination en localisant tous les ensembles de données et en s'assurant qu'il y a des échanges de renseignements. Je signale que ces données sont déjà en train d'être recueillies.
Ce comité aiderait également à regrouper les données pour qu'elles puissent légalement et virtuellement être toutes au même endroit. En comprenant ce qui se passe à l'échelle locale et en comparant avec d'autres régions ou provinces, nous pouvons accélérer la prestation des meilleurs soins possible et une utilisation optimale des ressources.
À long terme, nous pensons qu'un accès amélioré aux données peut perfectionner le système des soins de santé. Les soins peuvent être accessibles de manière plus équitable et être de meilleure qualité; les cheminements cliniques pourraient être plus efficaces; les soins virtuels pourraient être déployés le plus efficacement possible; les soins de faible valeur pourraient être ciblés et réduits; les économies pourraient être allouées là où les besoins sont les plus criants; et, si nous faisons les choses correctement, nous pouvons nous attendre à de meilleurs résultats pour les patients durant et après cette crise.
Pour les membres du Comité qui ont rencontré des représentants de la SCC dans le passé, vous saurez que la société réclame depuis un bon moment l'accès à des données de qualité et l'établissement de rapports comparatifs nationaux, et nous sommes très reconnaissants de l'appui que nous avons reçu de nos partenaires et de nos partisans au gouvernement.
La crise de la COVID a mis en lumière que l'accès aux données est un obstacle majeur pour répondre à une pandémie. Porter ce problème à l'attention des décideurs de haut niveau est une contribution essentielle que la SCC vise à apporter. J'aimerais énumérer brièvement les mesures que la SCC a déjà prises pour contribuer à lutter contre la pandémie.
Jusqu'à présent, au cours des six dernières semaines environ, nous avons élaboré, publié et échangé des conseils cliniques pour les professionnels de la santé qui prennent soin de patients cardiaques atteints de la COVID. Nous avons élaboré et diffusé à large échelle des messages clairs dans lesquels nous signalons que les personnes qui ressentent des douleurs thoraciques ou d'autres signes de crise cardiaque doivent solliciter des soins de toute urgence. Nous l'avons fait en collaboration avec la Fondation des maladies du cœur du Canada et d'autres organismes, mais je pense que nous pouvons faire plus. Nous avons également financé des recherches pour en apprendre plus à propos de la COVID et de ses effets sur les patients atteints d'une cardiopathie.
La SCC s'engage à continuer de faire tout en son pouvoir pour aider durant cette crise, et si nous pouvons offrir notre aide, j'aimerais signaler au Comité qu'à la lumière de cette pandémie, nous sommes prêts et disposés à tenir des consultations et à offrir des conseils sur n'importe quel problème qui touche les Canadiens qui vivent avec une maladie cardiaque.
Notre collaboration sera des plus fructueuses si nous conjuguons nos efforts et notre soutien. Merci de cette occasion. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Bonjour à tous, je vous souhaite un bon après-midi.
[Traduction]
Merci de l'invitation à comparaître devant vous aujourd'hui.
La Coalition canadienne de la santé travaille depuis plus de 40 ans pour protéger et améliorer les soins de santé publics au Canada.
Nous sommes une organisation nationale non partisane composée de travailleurs de la santé, de syndicats, d'organismes communautaires, d'aînés et d'universitaires, de même que de coalitions affiliées dans les provinces et un territoire.
Les Canadiens sont très reconnaissants d'avoir un système de soins de santé public et universel qui offre les soins en fonction des besoins des gens et non pas de leur capacité de payer. Ce système a été mis à l'épreuve au cours des derniers mois. La crise de la COVID a fait ressortir les forces incroyables de notre système de soins de santé ainsi que les lacunes et les défis persistants. À mesure que nous nous relevons lentement de cette pandémie, nous avons une occasion de reconstruire notre système de soins de santé pour qu'il soit encore plus robuste et plus adapté aux besoins changeants de la population canadienne.
Aujourd'hui, je vais discuter de trois secteurs sur lesquels le gouvernement fédéral doit se pencher: l'assurance-médicaments, le financement et les soins aux aînés.
Comme vous le savez sans doute, le Canada est le seul pays au monde doté d'un système de soins de santé public et universel qui ne couvre pas les médicaments d'ordonnance. Par conséquent, des millions de Canadiens passent entre les mailles du filet. Avant la pandémie de la COVID-19, 20 % des ménages canadiens avaient du mal à payer pour leurs médicaments, soit parce qu'ils n'avaient pas un régime d'assurance-médicaments, soit parce que leur régime d'assurance-médicaments était inadéquat. Un million de Canadiens devaient choisir entre se nourrir ou payer les médicaments dont ils avaient besoin. Ces chiffres ont augmenté de façon exponentielle durant la pandémie de la COVID. En raison des licenciements massifs causés par la pandémie, des millions de Canadiens supplémentaires ont du mal à joindre les deux bouts sans régime d'assurance-médicaments de leur travail. La nécessité d'un régime d'assurance-médicaments universel n'a donc jamais été aussi urgente.
Il y a deux ans, ce comité a étudié cette question en détail. Je sais que quelques-uns d'entre vous siégeaient au Comité à l'époque. Après avoir tenu 23 audiences avec près d'une centaine de témoins, le Comité a recommandé que le Canada adopte un programme d'assurance-médicaments universel à payeur unique qui couvrirait les médicaments d'ordonnance de la même manière que les médecins et les hôpitaux.
Au cours des 50 dernières années, de nombreux rapports du gouvernement et du milieu universitaire ont tous fait la même recommandation, qui a plus récemment été formulée par le Conseil consultatif sur la mise en œuvre d'un régime d'assurance-médicaments national du gouvernement, dirigé par le Dr Eric Hoskins. Le rapport de Hoskins de 2019 fournit un plan directeur sur la façon de concevoir ce nouveau programme essentiel. Le gouvernement doit mettre en œuvre ses recommandations immédiatement.
Un régime public universel d'assurance-médicaments permettrait de réaliser des économies tout en sauvant des vies. Lorsque des gens sautent des doses de médicament parce qu'ils n'en ont pas les moyens — l'expression technique pour désigner cette situation est « coûts reliés à la non-adhésion » —, ils deviennent de plus en plus malades et doivent aller à l'hôpital et consulter un médecin plus souvent. C'est souvent quelque chose que nous voulons éviter en temps normal, mais durant cette pandémie, c'est absolument crucial. Des recherches révèlent que l'élimination des coûts pour les médicaments utilisés pour traiter seulement trois problèmes de santé — le diabète, les maladies cardiovasculaires et les troubles respiratoires chroniques — entraînerait une diminution de 220 000 visites à l'urgence et de 90 000 hospitalisations chaque année. Cela permettrait au système de soins de santé d'économiser jusqu'à 1,2 milliard de dollars par année, juste pour ces trois problèmes de santé.
Le régime d'assurance-médicaments disparate actuel du Canada est inadéquat et inefficace. Il y a plus de 100 000 régimes d'assurance-médicaments publics et privés au pays qui offrent différents types de couverture. De nombreux régimes limitent la quantité de médicaments que les gens peuvent réclamer par mois ou par année, et bon nombre d'entre eux exigent des montants déductibles dispendieux et une participation aux coûts qui rendent les médicaments inabordables.
Le système actuel est également non viable. Le Canada est au troisième rang des pays où les médicaments coûtent le plus cher parmi les pays de l'OCDE pour les médicaments d'ordonnance, et les dépenses pour les médicaments continuent d'augmenter. Le nombre de médicaments sur le marché qui coûtent plus de 10 000 $ par année a plus que triplé depuis 2006. Le Canada dépense plus pour les médicaments que pour les médecins. Un régime d'assurance-médicaments public et universel nous permettrait de limiter ces dépenses en négociant une baisse du prix des médicaments en achetant en vrac. Ce nouveau programme permettrait au Canada d'épargner 5 milliards de dollars par année. Les familles économiseraient en moyenne 350 $ par année, et les entreprises, 750 $ par employé par année.
L'automne dernier, près de 200 organismes nationaux et provinciaux ont signé une déclaration conjointe pour exhorter toutes les parties à collaborer à la mise en œuvre d'un régime d'assurance-médicaments public et universel dans le cadre du mandat actuel du gouvernement. Nous ne pouvons tout simplement plus attendre pour mettre en œuvre ce programme. Les Canadiens souffrent, et certains meurent prématurément parce qu'ils ne peuvent pas se procurer leurs médicaments. Le gouvernement doit mettre en place le régime d'assurance-médicaments immédiatement dans le cadre de sa réponse à la crise de la COVID.
Il est maintenant temps pour le gouvernement fédéral de réitérer son engagement envers les soins de santé publics. Le système des soins de santé public est notre meilleur moyen de défense contre la pandémie de la COVID et d'autres crises sanitaires. Malheureusement, notre système de soins de santé s'est détérioré au cours des dernières décennies en raison des compressions budgétaires systématiques et de la privatisation. Même en temps normal, le système fonctionne à pleine capacité.
Le gouvernement fédéral doit augmenter les paiements de transfert en santé versés aux provinces pour renforcer la capacité du système de soins de santé public partout au pays, en temps normal et en temps de crise. L'accord de 10 ans en matière de santé garantissait aux provinces une hausse de 6 % des paiements de transfert en santé. Quand l'accord est venu à échéance, le gouvernement fédéral a réduit les hausses annuelles au PIB nominal ou à 3 %. Nous savons depuis des années que c'est tout simplement insuffisant pour assurer le fonctionnement efficace du système. Une indexation d'au moins 5,2 % est nécessaire pour maintenir les services existants.
Outre les hausses à long terme du TCS, du financement additionnel sera nécessaire pour traiter l'arriéré des chirurgies et des services qui ont été suspendus durant la pandémie. Plutôt que de faire appel au secteur privé pour réduire cet arriéré, le gouvernement fédéral devrait soutenir les provinces en mettant en œuvre des innovations publiques peu coûteuses pour réduire les délais d'attente telles que des listes d'attente centralisées et des soins dispensés par une équipe.
Le gouvernement doit également protéger notre système de soins de santé public en faisant activement appliquer la Loi canadienne sur la santé. De nombreuses entreprises de soins de santé privées à but lucratif ont profité de cette crise pour accroître leurs marchés, et plus particulièrement dans le secteur des soins de santé virtuels. Bon nombre de ces entreprises enfreignent la Loi canadienne sur la santé en faisant payer les patients ou en facturant des compagnies d'assurances privées pour des consultations médicales virtuelles.
En plus de soulever des préoccupations à propos des renseignements personnels et de la sécurité des données médicales des patients, cela prive le système de soins de santé public de ressources. Cela compromet également le principe fondamental de l'équité qui sous-tend notre système de soins de santé public. Le gouvernement doit agir pour prévenir une plus grande détérioration de ce système et veiller à ce que les patients aient préséance sur les profits.
Je pense que nous conviendrons tous que l'une des plus grandes tragédies de cette pandémie, ce sont les effets dévastateurs généralisés dans nos établissements de soins de longue durée. La souffrance des résidents, du personnel et des membres de leur famille au cours des dernières semaines est tout simplement inconcevable. Selon des estimations récentes, environ 80 % de tous les décès liés à la COVID au Canada sont survenus dans des établissements de soins de longue durée. Nous adressons nos plus sincères condoléances à ceux qui ont perdu des êtres chers durant cette crise, et nous tenons à exprimer notre gratitude indéfectible à tous les travailleurs de première ligne qui mettent leur vie en danger tous les jours pour prendre soin des patients dans le besoin.
Même si nous n'avons pas pu prévenir la pandémie de la COVID, nous aurions pu limiter ses effets dévastateurs dans les établissements de soins de longue durée si nous avions apporté des changements fondamentaux dans ce secteur plus tôt. Mes collègues du SCFP ont témoigné devant vous la semaine dernière sur ce sujet, si bien que mes recommandations seront plutôt brèves.
Pour assurer un accès sécuritaire à des soins de qualité, nous devons intégrer les soins à long terme et les soins à domicile dans notre système de soins de santé public. Au cours des dernières décennies, nous avons vu une privatisation généralisée dans ce secteur, en partie parce que ces services ne sont pas actuellement couverts par la Loi canadienne sur la santé. Nous avons besoin de nouveaux fonds fédéraux consacrés aux soins de longue durée qui sont liés aux normes nationales en matière de soins. Ces normes doivent inclure notamment des normes minimales en matière de dotation en personnel. Le gouvernement fédéral doit appuyer la création d'un plus grand nombre d'établissements publics de soins de longue durée et de services publics de soins à domicile, puisque de nombreuses recherches révèlent que les établissements publics à but non lucratif offrent des soins de qualité supérieure que les établissements privés à but lucratif. Tout le financement public devrait être consacré aux soins aux patients, et non pas aux profits des sociétés.
Nous avons également besoin d'une stratégie nationale relative aux ressources humaines en santé pour aider au recrutement, à la formation et au maintien en poste de préposés aux soins de qualité. Ces travailleurs doivent recevoir un salaire décent et occuper un emploi à temps plein garanti. Nous pouvons considérablement améliorer les soins aux patients en améliorant les conditions de travail du personnel. Les aînés et les personnes handicapées qui vivent dans des établissements de soins de longue durée et qui dépendent des soins à domicile comptent sur nous pour apporter ces changements rapidement. Nous ne devons pas les laisser tomber.
Nous ne pouvons pas réparer les torts causés par cette crise, mais si nous apportons ces changements, nous pouvons éviter que des torts semblables surviennent dans le futur. Tirons des leçons de cette expérience et rebâtissons un système de soins de santé public dont nous pouvons tous être fiers, un système qui offre des soins de qualité que tous les Canadiens méritent.
Merci.
:
Merci beaucoup de nous donner l'occasion de comparaître aujourd'hui.
J'aimerais d'abord vous faire part de quelques requêtes que nous recevons à notre ligne d'information de personnes qui sollicitent de l'aide.
Par exemple, une femme nous a téléphoné à propos de son père, qui est insulino-dépendant, atteint du diabète de type 2. Il vivait dans un établissement de soins de longue durée, et elle avait des inquiétudes, comme nous en avons entendues aujourd'hui, en raison de la pandémie de la COVID-19. Notre interlocutrice voulait que son père aille vivre chez elle, mais elle avait besoin de conseils sur la façon de gérer son diabète.
Une autre femme atteinte du diabète de type 1 qui a du mal à maintenir sa glycémie au taux recommandé a communiqué avec nous. Elle travaille à l'entretien dans un hôpital et son médecin et elle s'inquiétaient de ses risques. Malgré l'avis de son équipe médical, son employeur a refusé de modifier ses conditions d'emploi pour qu'elle réduise ses risques d'infection à la COVID-19. Nous devions l'aider à convaincre son employeur de prendre des mesures d'adaptation.
Nous avons également entendu le témoignage d'une personne qui venait tout juste de recevoir un diagnostic de diabète et de sortir de l'hôpital. Recevoir un nouveau diagnostic de diabète est accablant dans les meilleures des circonstances, mais c'est pire dans ce contexte. En recevant son congé de l'hôpital sans renseignements et soutiens adéquats, cette personne était apeurée et ne savait pas trop quoi faire avec son alimentation, ses médicaments et la surveillance de son glucose.
De nombreuses autres personnes ont communiqué avec nous, des gens qui ont des problèmes avec leur centre d'injection ou qui doivent gérer leur diabète alors qu'ils souffrent d'autres problèmes de santé tels qu'une maladie rénale.
[Français]
Ce que je suis en train de dire, c'est que nous avons connu une forte augmentation des demandes pour les services de Diabète Canada.
[Traduction]
Le diabète est un fardeau important et de plus en plus lourd au Canada. Comme vous le savez, le diabète est l'une des principales causes de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral, de néphropathie, de perte de la vision et d'amputation. Le traitement de cette maladie coûtera plus de 40 milliards de dollars par année à notre système de santé. C'est une maladie qui frappe de façon disproportionnée les Canadiens vulnérables, dont les nouveaux arrivants, les peuples autochtones, les aînés et les personnes à faible revenu.
Dans un instant, nous parlerons de la façon dont la pandémie constitue une menace encore plus grande pour les personnes atteintes de diabète et d'affections connexes, mais je veux vous donner des exemples de ses conséquences sur Diabète Canada.
Les mesures d'éloignement physique et les répercussions économiques de la pandémie ont fait baisser les revenus de Diabète Canada de plus de 50 %, comme c'est le cas pour un grand nombre d'autres organismes de bienfaisance. Nous avons dû licencier temporairement plus de 50 % des membres de notre personnel. Nous avons pu en ramener certains grâce à la Subvention salariale d'urgence du Canada, et nous nous en réjouissons, mais nous ne pourrons pas les garder. La pandémie continuera d'avoir une incidence négative sur nos revenus pendant encore un certain temps. La situation nuit à notre capacité d'aider les gens touchés par le diabète.
Toutefois, encore plus que jamais auparavant, les gens ont besoin qu'on leur donne des renseignements fiables et qu'on les défende, et nous sommes prêts à relever le défi. Nous offrons à notre communauté, en temps opportun, des ressources et des outils fondés sur des données probantes concernant le diabète et la COVID-19, ce qui inclut un site Web qui est mis à jour régulièrement, des vidéos hebdomadaires intitulées « Ask the Experts », des webinaires offerts dans 12 des langues les plus parlées au Canada, et des webinaires destinés aux fournisseurs de soins de santé. Les patients peuvent accéder à des ressources et à de l'aide en appelant à notre ligne 1-800-226-8464, par laquelle ils peuvent obtenir des conseils médicaux personnalisés et spécialisés de la part d'éducateurs en diabète.
De plus, pendant la pandémie, nous collaborons avec tous les gouvernements à l'élaboration et à la mise en œuvre de politiques de santé pour nous assurer que les médicaments contre le diabète, les fournitures...
:
Je m'aperçois que le son est saccadé quand je vous écoute. Toutes mes excuses.
Nous collaborons pour nous assurer que les médicaments contre le diabète, les fournitures et les appareils demeurent accessibles et abordables. Nous mettons en valeur les annonces des gouvernements provinciaux qui soutiennent les personnes diabétiques, et nous continuons de travailler à notre stratégie nationale, dont Mme Hanson parlera plus tard.
Nous continuons à collaborer avec les gouvernements à la prévention, à la politique de nutrition et à la politique pharmaceutique, qui ont des effets sur la vie quotidienne des personnes atteintes de diabète. Nous devons nous assurer que l'ensemble de l'écosystème du diabète est équilibré, et qu'il n'y a pas d'effets causés par des politiques qui ont des répercussions négatives sur [Difficultés techniques].
À cet égard, comme la plupart des autres organismes de bienfaisance, nous redoublons d'efforts durant cette période malgré la diminution des ressources.
Au Canada, les organismes de bienfaisance dans le domaine de la santé constituent un secteur de 670 millions de dollars qui soutient 2 500 employés et près de trois millions de patients. Nous appuyons bien au-delà de 155 millions de dollars de recherche et 1 300 chercheurs. Il sera très important de soutenir la recherche par cet intermédiaire. Les patients ont besoin plus que jamais de recevoir des services et du soutien en raison de la capacité et des pressions dont on vous a parlé aujourd'hui concernant le système de santé. Les organismes de bienfaisance doivent de plus en plus répondre à ces besoins sans l'aide de bénévoles, qui ne peuvent pas aider les gens en raison des mesures d'éloignement physique, et avec moins de dons des ménages et des entreprises, qui font face aux répercussions économiques de la pandémie.
Pour ces raisons, nous joignons notre voix à d'autres organismes de bienfaisance dans le domaine de la santé pour demander au gouvernement fédéral d'investir directement jusqu'à 28 millions de dollars par mois, ce qui représente la baisse des revenus mensuels subie par nos membres que nous constatons depuis mars 2020. Cet investissement permettrait au personnel et aux bénévoles de se concentrer en premier lieu sur le soutien aux patients, et nous permettrait de relancer nos efforts de collecte de fonds et de protéger nos acquis dans la recherche.
Je vous demande de nous aider en appelant à un investissement fédéral plus important dans ce secteur vulnérable. Nous avons désespérément besoin d'un soutien accru. Par exemple, le programme d'aide d'urgence pour le loyer n'est pas conçu pour aider les organismes de bienfaisance à ce moment-ci. Bon nombre de ces organismes de bienfaisance ont des installations dans tout le pays, et d'autres programmes ne semblent pas répondre aux besoins opérationnels quotidiens de ces organismes. Bon nombre de nos organismes de bienfaisance ont dû augmenter l'aide et ils comblent les lacunes dans le système de soins de santé qui sont causées par l'éloignement physique et l'isolement.
J'aimerais maintenant demander à ma collègue, Kimberley Hanson, de parler des répercussions de la COVID-19 sur les gens qui souffrent de diabète.
Merci.
:
Je vous remercie beaucoup.
[Traduction]
De nombreuses personnes atteintes de diabète sont particulièrement à risque concernant la COVID-19. À mesure que nous en apprenons sur ce nouveau virus, les recherches montrent que s'il est vrai qu'une personne atteinte du diabète ne risque pas plus de contracter la COVID-19 qu'une personne qui n'en est pas atteinte, les conséquences seront plus graves si elle la contracte.
Les premières recherches indiquent que les personnes atteintes de diabète sont environ deux fois plus à risque de devoir être hospitalisées et de se retrouver aux soins intensifs en raison de la COVID-19 et environ trois fois plus à risque d'en mourir que les personnes qui n'en sont pas atteintes. Pour cette raison, de nombreux Canadiens diabétiques sont très préoccupés par la pandémie.
Comme le diabète, la COVID-19 est une maladie qui profite des inégalités en santé. Plus une personne est défavorisée sur les plans social et économique, plus elle risque de souffrir de maladies comme le diabète et les maladies du cœur et d'hypertension artérielle, ce qui la place dans une situation plus à risque pour la COVID-19.
Les personnes qui vivent dans des conditions socioéconomiques défavorables peuvent également être plus exposées à des infections. Il se peut qu'elles soient incapables de s'isoler en raison de conditions de travail précaires qui ne leur permettent pas de faire du télétravail ou qui n'incluent pas de congé de maladie. Souvent, elles vivent dans un endroit surpeuplé. La pandémie a mis encore plus en évidence la nécessité de s'attaquer aux inégalités sous-jacentes en matière de santé afin de préserver la santé de nos citoyens.
La COVID-19 a également fait ressortir de graves lacunes dans les données et les problèmes qui découlent de la non-intégration des systèmes de santé dans les provinces et les territoires. La nécessité de prendre des décisions fondées sur des données probantes concernant l'affectation de ressources de soins de santé limitées et la mise en place de politiques de santé durant la pandémie a mis en évidence les lacunes sur le plan de la mise en commun des données en matière de santé et de l'intégration des systèmes qui subsistent dans notre système de santé depuis des années.
L'absence de moyens faciles de mettre en commun des pratiques exemplaires et d'harmoniser les soins de santé dans les provinces et les territoires a contribué à ce que le poids de la COVID-19 ne soit pas réparti équitablement entre les différentes provinces et leurs citoyens. En revanche, les énormes progrès qui sont réalisés pour corriger ces lacunes en réponse à la pandémie montrent à quel point la volonté collective et le sentiment d'urgence peuvent donner des résultats concrets en un temps record.
Les provinces utilisent et communiquent les renseignements médicaux comme jamais auparavant et elles prévoient l'utilisation d'applications et d'outils numériques pour communiquer et suivre les problèmes de santé chroniques. D'un océan à l'autre, des médecins offrent des consultations virtuelles qui auraient été considérées comme étant impossibles il y a à peine deux mois, et elles constituent un outil essentiel pour éviter la surcharge de notre système de soins de santé d'urgence.
Des pratiques comme le recours aux soins virtuels, l'établissement et l'utilisation de dépôts et de registres de données médicales, l'optimisation et l'amélioration continue du parcours de soins des patients sont des éléments clés de Diabète 360º, la stratégie nationale de Diabète Canada, dont la mise en œuvre a été recommandée par votre comité.
Élaborée par 120 intervenants pendant plus d'une année de travail rigoureux, la stratégie Diabète 360º contient des recommandations fondées sur des données probantes visant à améliorer les résultats de santé des patients. Elle permettra d'améliorer la prévention, le dépistage et la gestion du diabète afin que les Canadiens soient en meilleure santé. Elle permettra de réduire les dépenses de santé inutiles de plusieurs milliards de dollars, d'améliorer la vie de millions de Canadiens et de protéger la productivité et la compétitivité du Canada.
Dans le contexte de la pandémie, nous croyons que la stratégie Diabète 360º est plus pertinente que jamais. Sa mise en œuvre appuiera la santé publique et répondra au besoin d'adopter des modèles de soins de santé axés sur la collaboration et la valeur et une approche multidisciplinaire globale des soins de santé. Les économies de milliards de dollars qui seront réalisées par notre système de santé lorsque nous mettrons en œuvre Diabète 360º sont un exemple de l'utilisation efficace de fonds publics pour lutter contre les maladies chroniques.
Étant donné que le diabète est l'une des maladies chroniques les plus mesurables d'un point de vue empirique, la mise en œuvre d'une stratégie globale de prévention, de diagnostic et de traitement du diabète fondée sur des données relatives aux résultats de santé des patients peut constituer un essai utile pour la gestion d'autres maladies chroniques.
À l'approche du 100e anniversaire de la découverte de l'insuline au Canada, en 1921, nous encourageons vivement les gouvernements à adopter la stratégie Diabète 360º maintenant.
En résumé, Diabète Canada, comme le font tous les Canadiens, fait un virage rapide pour s'adapter à la nouvelle réalité à laquelle nous sommes confrontés, compte tenu de la pandémie de la COVID-19. Nous sommes plus que jamais au service des personnes atteintes de diabète et nous continuerons à nous efforcer de l'être, même avec des ressources limitées, mais nous avons besoin, comme d'autres organismes de bienfaisance dans le domaine de la santé, d'un soutien supplémentaire de la part du gouvernement fédéral pour y parvenir. Une mesure clé que le gouvernement fédéral devrait prendre en réponse à la pandémie et en prévision de 2021, c'est de mettre en œuvre une stratégie nationale pour lutter contre le diabète et le fardeau des maladies chroniques au Canada en général.
Diabète Canada est prêt à collaborer avec les gouvernements pour mettre fin à l'épidémie de diabète une fois pour toutes.
[Français]
Je vous remercie.
:
Oui, en théorie, monsieur Jeneroux.
Si nous parlons des conseils qui viennent de l'Organisation mondiale de la Santé et de l'Agence de la santé publique du Canada, par exemple, c'est assez uniforme. Ces conseils sont vraiment très utiles. Le défi, c'est lorsque l'information est acheminée par un certain nombre d'intermédiaires — autorité régionale de la santé, employeur, organisation, gestionnaire au sein d'une organisation —, il semble que c'est là que les choses se gâtent un peu. Ce n'est pas inhabituel dans une fédération, dans une profession qui comprend de multiples catégories réglementées et beaucoup de gens qui l'influencent.
En principe, oui, je crois que c'est assez clair. Nos conseils n'ont pas vraiment changé. Je peux vous dire que, d'après mon expérience dans une unité de soins intensifs neurochirurgicaux, si je vais faire une intervention, l'infirmière et le médecin sont formés pour savoir ce qui est nécessaire pour cette intervention. Nous nous attendons à ce que les employeurs, les gouvernements et chaque personne disposent du matériel nécessaire. On obtient ce dont on a besoin pour l'intervention et on utilise son jugement clinique. Nous pensons que les infirmières sont capables de prendre ces décisions.
Ce qui nous a préoccupés dans certains cas, c'est l'interprétation de ce qui semble être un « si ceci, alors cela » assez simple. Cela s'explique en partie par le fait qu'avec 430 000 infirmières, 13 provinces et territoires et des centaines d'employeurs, cela devient quelque peu un bourbier.
:
Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous. Je crois que l'amélioration de la gestion d'une crise comme celle-ci passe par l'amélioration de la prestation des soins aux malades chroniques.
J'aimerais maintenant adresser ma prochaine question à Mme Benard, de la Coalition canadienne de la santé.
Dans le cadre des efforts pour promouvoir la mise en œuvre d'un régime d'assurance-médicaments universel et financé par l'État et d'un régime de soins de longue durée universel et financé par l'État, on peut se poser deux questions. Tout d'abord, pouvons-nous nous permettre l'un de ces régimes? Deuxièmement, pouvons-nous nous permettre les deux régimes?
Je ne suis pas économiste, mais je crois comprendre, après l'avoir écoutée, que certains des arguments avancés sont que, d'une part, on peut réaliser des économies d'échelle et que l'achat en gros réduit le coût des médicaments. D'autre part, elle a fait valoir que lorsque les patients prennent leurs médicaments, ils évitent d'aller à l'hôpital et cela coûte moins cher, au bout du compte, que lorsqu'ils ne les prennent pas et qu'ils se retrouvent à l'hôpital — ce qui coûte beaucoup plus cher. On peut supposer qu'un système d'assurance-médicaments financé à l'échelle nationale permettrait également d'utiliser l'argent que beaucoup de gens ne reçoivent pas de leur employeur, parce qu'il est versé dans leur régime d'assurance-médicaments, et de le verser dans un système financé à l'échelle nationale. Ainsi, je pense qu'on peut faire valoir qu'un programme d'assurance-médicaments financé à l'échelon national est abordable et peut-être même moins dispendieux.
Qu'en est-il d'un programme universel de soins de longue durée financé par l'État? Un tel programme serait-il abordable? Encore une fois, on peut présumer qu'une partie des fonds qui entrent dans ce système proviennent de l'argent que paient actuellement les gens à mesure qu'ils vieillissent, et s'ils ont de l'argent, ils doivent payer pour être admis dans ces établissements. Pensez-vous que la mise en œuvre d'un programme de soins de longue durée national, universel et public est réalisable sur le plan financier?
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur Van Bynen.
C'est fantastique de voir — en tant qu'observateur, et encore plus en tant qu'infirmier — la rapidité avec laquelle nous avons été en mesure de faire cette transition. Lorsque nous avons mené un sondage auprès de nos membres, nous avons constaté que 70 % d'entre eux avaient adopté les soins virtuels. Nous savons depuis assez longtemps, dans le milieu des soins infirmiers, que les lignes d'information, les soins et les modèles de soins gérés par des infirmiers et des infirmières sont très appréciés par le public et donnent d'excellents résultats. Ils sont aussi bons, sinon meilleurs, que les modèles traditionnels, leur coût est équivalent ou moindre et ils satisfont le public. Nous encourageons fortement l'expansion des soins virtuels.
Nous ne sommes pas suffisamment nombreux pour tout faire, alors cela nous permet de voir davantage de patients. Nous devons écourter les visites, alors, nous sommes tout à fait en faveur d'une telle initiative. L'un des problèmes, toutefois, qui a été porté à notre attention par nos membres, c'est qu'il est nécessaire de disposer d'une largeur de bande raisonnable, ce qui pose des difficultés un peu partout au pays.
Une de nos infirmières au Nunavut, par exemple, nous a expliqué que, durant une seule rencontre Zoom, ils utilisent là-bas toute la bande passante à laquelle ils ont droit pour un mois, et ensuite, ils doivent payer pour chaque minute. Il y a des choses à mettre en place, mais nous préconisons vivement l'expansion des soins virtuels.
:
Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
Pardonnez-moi, mais je vais répondre en anglais pour être plus bref et plus précis. Je m'en excuse, mais je le fais par souci d'exactitude et de concision.
La maladie de Kawasaki est une maladie rare qui touche le cœur. Elle cause ce qu'on appelle un anévrisme d'une artère coronaire et parfois l'inflammation de la membrane qui enveloppe le cœur. Comme les cas sont très rares au Canada, nous ne savons pas exactement quels sont les meilleurs traitements, particulièrement lorsque cette maladie est associée à la COVID. Normalement, on la traiterait à l'aide de stéroïdes, comme la cortisone. Nous n'avons toutefois absolument aucune idée si ce traitement fonctionnerait chez un patient atteint de la COVID. D'après les premiers rapports publiés en Chine, où ce traitement a été utilisé, il est possible que ce traitement soit néfaste pour les patients atteints de la COVID.
Malheureusement, le corps médical est un peu dans le noir. Nous sommes bien attristés que des enfants soient touchés par cette maladie, mais, étant donné que les cas sont rares, nous ne disposons pas de bonnes données pour nous guider sur le plan du traitement.
Si je puis me permettre, je dirais qu'il s'agit là d'un autre exemple d'une situation où les pédiatres ou les médecins qui traitent des adultes, afin de donner les meilleurs conseils possibles à leurs patients, doivent absolument avoir accès aux données les plus complètes, exactes et actuelles sur tous les aspects de la COVID, afin que nous puissions produire des données agrégées, et ne pas nous fier uniquement sur notre petite expérience individuelle.
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C'est une question très importante dont nous discutons beaucoup, monsieur Davies.
En rétrospective, je pense qu'il aurait été raisonnable de prévoir une moins grande capacité de pointe et de maintenir certains traitements, mais je ne veux absolument pas critiquer les responsables de la planification des soins de santé et les agences publiques. Je pense que le milieu médical a fait de son mieux avec l'information dont il disposait.
Ce qui est très important, c'est que nous disposions de plans fiables pour l'avenir. Je pense que nous comprenons beaucoup plus de choses qu'il y a huit semaines. Il ne s'est pas écoulé beaucoup de temps depuis le début de la pandémie.
Ce qui est très important pour l'avenir, c'est que nous utilisions toute l'information que nous pouvons obtenir. Plus nous obtenons de renseignements, mieux nous pourrons prévoir les conséquences de procéder à ce qui s'impose, comme nous en convenons tous, je crois, c'est-à-dire augmenter les chirurgies cardiaques et d'autres interventions nécessaires, les opérations pour un cancer et d'autres types d'interventions chirurgicales.
Il ne sera pas nécessairement facile de trouver le juste équilibre, mais il sera plus facile d'y parvenir si nous disposons des données les plus fiables et complètes possible. Il n'est pas seulement question des deux ou trois prochains mois, car je pense qu'il y a tout lieu de croire que nous allons devoir maintenir cet équilibre délicat pendant des mois et peut-être même des années.
Cette situation met une certaine pression sur les responsables de la santé publique et les épidémiologistes, alors nous avons besoin plus que jamais de données locales et de données fondées sur des faits et des preuves aux fins de la planification des soins de santé.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins qui sont avec nous de partager leur savoir, comme à l'habitude.
Docteur Dorian, vos propos étaient particulièrement éclairants, et vos réponses aux questions l'étaient tout autant. Je tiens à vous en remercier. J'ai changé d'avis, et j'adhère à votre point de vue en raison de certaines choses pertinentes que vous avez dites.
Je pense que nous avons eu beaucoup de chance au Canada. Je crois que la population canadienne a généralement adhéré au message de santé publique et s'est plutôt bien comportée.
Vous avez parlé de peaufiner le message public, et votre organisation a proposé d'aider à la conception et à la diffusion du message de santé publique. Je vous attribue des paroles, mais vous avez dit que nous devons trouver une façon d'équilibrer les besoins médicaux et les besoins relatifs au coronavirus. Vous avez admis que les patients atteints du coronavirus sont priorisés à juste titre. Encore une fois, je crois que nous avons eu beaucoup de chance au Canada, étant donné que les Canadiens ont adhéré aux conseils de santé publique.
Comme je l'ai dit, grâce à vos observations judicieuses, je suis fasciné et je préférerais que nous puissions nous asseoir et prendre un café ou une bière pour en parler 1 h 30. Or, nous n'avons que cinq minutes, et je sais que vous ne pourrez qu'effleurer le sujet.
Si vous vous occupiez de la conception et de la diffusion du message de santé publique, à quoi ressemblerait-il? Serait-il semblable ou complètement différent? J'aurais confiance si vous aviez ce rôle, à la lumière des choses que vous avez dites aujourd'hui. Peut-être pourriez-vous nous dire ce que vous auriez fait si vous aviez élaboré ce message de santé publique à l'intention des Canadiens.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Comme c'est la Semaine nationale des soins infirmiers, je poserai ma première question à M. Villeneuve.
Je vais préparer mon T-shirt, que j'arborerai avec enthousiasme demain, Jour international de l'infirmière, en hommage aux formidables infirmiers et infirmières qui travaillent en première ligne.
Je vous remercie beaucoup d'avoir félicité le personnel infirmier du domaine de la santé publique, qui n'est pas aussi visible que celui qui travaille en première ligne. Je sais qu'ici, dans la région de York, le personnel infirmier du domaine de la santé publique travaille sans relâche à la recherche des contacts, une activité qui entre beaucoup dans les détails, comme vous le savez. Elle exige beaucoup de temps et de compétences, puisque certaines personnes ne sont manifestement pas disposées à dire exactement ce qu'elles ont fait au cours des 14 jours précédents.
Revenons à la question de la santé mentale. Il va sans dire que les travailleurs de première ligne subissent une pression considérable. Selon ce que je me souviens dans la foulée de la crise du SRAS dans la grande région de Toronto, un certain nombre d'infirmiers et d'infirmières ont pris une retraite précoce après l'épidémie en raison du travail et du stress qui les avaient accablés.
Je sais que l'Association des infirmières et infirmiers du Canada se préoccupe des pénuries dans la profession des soins infirmiers. Envisagez-vous les conséquences que la COVID pourrait avoir au chapitre de la main-d'oeuvre une fois la crise terminée?
:
Oui. Je vous donnerai une réponse très brève au sujet du SRAS. Comme j'étais en poste à l'étranger cette année-là, je n'ai pas suivi la crise de très près, mais certains collègues qui étaient au coeur de la crise à l'hôpital Mount Sinai sont tellement traumatisés que même aujourd'hui, ils peuvent à peine en parler quand on aborde le sujet, toutes ces années plus tard.
Dans le secteur des soins de longue durée, une collègue travaillant dans une résidence s'est portée volontaire pour prêter main-forte. Des 170 résidants, 60 étaient morts au cours des trois semaines précédentes, dont huit cette nuit-là. Elle avait l'air complètement hagard, et il s'agit d'une jeune femme de peut-être 32 ans, je suppose. Tout le monde est jeune comparé à moi, mais cette jeune femme, candidate au doctorat et pleine d'énergie, avait tout simplement l'air vaincue. Elle a ensuite contracté la COVID elle-même à la suite de cette expérience et ignore même si elle pourra reprendre ses fonctions.
Les unités de soins intensifs du Canada n'ont pas eu à décider qui aurait un respirateur ou non ou si un respirateur serait retiré à un patient pour être attribué à un autre parce qu'il a de meilleures chances de s'en sortir, ou à prendre toutes les décisions déchirantes qui ont dû être prises à New York, en Italie ou en Espagne. La pandémie a peut-être sévi plus durement dans le secteur des soins de longue durée, mais je pense que même l'Association des infirmières et infirmiers du Canada ne se doutait pas qu'elle frapperait là.
Oui, nous nous préoccupons des conséquences de la crise. Nous nous inquiétons du fait qu'en Ontario, par exemple, quelqu'un a indiqué... Je pense que c'est M. Ford qui a dit jeudi ou vendredi que le docteur Dorian estime qu'il faudra deux ans pour rattraper les retards accumulés au chapitre des chirurgies. Qui réalisera ces interventions? Si tout le personnel travaille déjà à temps plein, d'où viendront les chirurgiens, les techniciens et le personnel infirmier?
Nous sommes inquiets et nous collaborons aussi avec une équipe de recherche différente afin d'évaluer certaines des répercussions de la pandémie sur la main-d'oeuvre. La crise incite-t-elle les travailleurs à prendre leur retraite ou à quitter la profession? La question n'est pas claire pour l'instant, mais nous gardons la situation à l'oeil.
Je vous remercie beaucoup de cette question.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Benard, je ne peux pas faire la genèse de la situation des CHSLD en deux minutes et demie, mais vous avez mis le doigt sur un problème qui a eu des effets structurels sur l'organisation des soins de nos CHSLD. Vous avez parlé du sous-financement et, notamment, du fait qu'on ait abaissé de 6 à 3 % l'augmentation des transferts en santé. C'est l'une des grandes leçons de cette pandémie. Les experts nous le disent, un système fragilisé fait que, lorsque se produit une telle situation médicale, une telle contagion, les faiblesses et les problèmes émergent de façon catastrophique.
Je fais la même analyse que vous. Je pense que les années de retard en matière de financement ont eu des effets structurels sur une situation conjoncturelle, la pandémie. On dit que plus de 80 % des décès surviennent en CHSLD, notamment au Québec. C'est grave. Je suis d'accord sur cette partie de votre analyse. Je pense que ce serait complaisant de ne pas tirer cette conclusion selon laquelle il faut retrouver un financement qui dépasse les coûts de système, qui sont à 5 %.
Personnellement, je présuppose que tous les employés du système sont bienveillants et bienfaisants et qu'ils ont fait ce qu'ils pouvaient malgré le sous-financement. Cela ne justifie rien.
En quoi une norme nationale changerait-elle quelque chose puisque, ce qu'il faut, c'est de l'argent en première ligne, et non un système d'organisation ou de normativité dont l'administration fera une ponction dans les finances?
Pourquoi faut-il une norme, et, s'il faut des normes pour les CHSLD publics, quelles sont-elles?