:
Chers collègues, je vous souhaite la bienvenue à la 16
e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
[Français]
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité, le jeudi 22 octobre 2020, le Comité reprend son étude sur les vulnérabilités créées et exacerbées par la pandémie de la COVID-19.
[Traduction]
Pour favoriser le bon déroulement de la réunion, j'encourage, comme d'habitude, tous les participants à mettre leur microphone en sourdine lorsqu'ils n'ont pas la parole et à formuler leurs commentaires par l'entremise de la présidence. Lorsqu'il vous restera 30 secondes pour vos questions ou votre témoignage, je vais vous l'indiquer à l'aide de ce carton jaune.
Pour avoir accès à l'interprétation, vous pouvez cliquer sur l'icône en forme de globe au bas de votre écran.
[Français]
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins du premier groupe. Nous recevons M. Guillaume Landry, directeur général, Bureau international des droits des enfants.
[Traduction]
Nous recevons également Mme Samantha Nutt, fondatrice et directrice exécutive de War Child Canada, ainsi que Anu George Canjanathoppil, directrice exécutive de International Justice Mission Canada.
[Français]
Monsieur Landry, vous avez la parole pour cinq minutes afin de faire votre présentation.
:
Je vous remercie de m'avoir offert l'occasion de m'entretenir avec vous.
Je vais procéder rapidement parce qu'il y a beaucoup de choses à dire. Je vais essayer d'enrichir ce que les collègues ont déjà dit au cours de la séance précédente en m'attardant sur la relation changeante qui existe entre les enfants et la justice en raison de la pandémie dans un contexte de conflit armé, d'urgence ou de catastrophe naturelle.
Ce que l'on constate, depuis le début de la pandémie, c'est que la relation des enfants avec la justice change. De nouvelles règles et de nouveaux règlements sont mis en place: des lois martiales, des couvre-feux et des restrictions qui, en fin de compte, touchent la vie des enfants. Des écoles ferment, et des enfants sont laissés à eux-mêmes parce que leurs parents doivent travailler davantage, se déplacer vers des endroits éloignés ou combattre au front.
Il y a évidemment toutes sortes d'autres aspects à considérer, comme le recrutement de davantage de forces de défense et de sécurité. Je pense au Sahel qui, comme la plupart des pays, a vu un déploiement massif de policiers, de gendarmes et de militaires dans les rues afin qu'ils surveillent les mouvements de personnes. Cela a pour résultat qu'il y a des interactions bien plus nombreuses qu'auparavant entre les enfants et ce personnel de sécurité du simple fait que les enfants ne sont plus nécessairement à l'école et que les interactions deviennent un peu la nouvelle norme.
Les pressions qui sont exercées sur les familles font également que la situation socioéconomique se dégrade et que, pour plusieurs, la ligne mince entre le délit, le crime et la normalité s'amenuise. Il en résulte que plusieurs enfants se retrouvent en situation où ils entrent en conflit avec la loi pour des raisons diverses.
Il faut aussi tenir compte de la forte présence de la technologie, tant chez nous que dans les pays les plus pauvres, où il y a des conflits armés. Les technologies — les téléphones portables en sont un exemple — sont très présentes, et les enfants doivent composer avec elles et les occasions qu'elles présentent, mais souvent sans grande supervision. On voit un accroissement important des schémas de traite d'enfants et d'exploitation sexuelle par l'intermédiaire des technologies dans un contexte qui ouvre la porte aux abus compte tenu du nombre croissant d'interactions entre les enfants et les technologies, de même que de la diminution de la supervision parentale, scolaire ou autre quant à l'accès à ces outils.
On constate également une baisse du nombre des intervenants de première ligne, c'est-à-dire les travailleurs sociaux, le personnel de la justice, les forces de sécurité, les inspecteurs du travail et de la société civile, et ainsi de suite. Il y a aussi une diminution de leur capacité dedéploiement et d'offre de services, surtout en matière préventive, mais également en matière curative. Cela veut dire que, pour la plupart des enfants, le filet de sécurité s'amenuise. Ils sont davantage laissés à eux-mêmes, et cela veut dire — on l'a vu ici, comme dans la plupart des pays — que le nombre d'agressions sexuelles et l'exploitation sexuelle augmentent en raison de la pandémie.
Ce phénomène est vraiment d'envergure mondiale et il touche l'ensemble des pays touchés par ces réalités et où la bulle familiale s'est refermée. Les relais de l'enfant à l'extérieur lui permettaient d'avoir des soupapes, des repères ou des services, mais on est venu diminuer l'accès à ces services et accroître la pression sur les parents. Cette conjoncture peut permettre, au bout de compte, d'exacerber les retours vers la violence conjugale et la violence envers les enfants, notamment la violence à caractère sexuel.
Ces enfants sont pris dans une sorte engrenage. J'aimerais mettre en exergue la privation de liberté. C'est à la fois une contrainte et une occasion opportune — il est intéressant de le mentionner. La privation de liberté, on l'a appris l'année dernière, c'est le fait que 7 millions d'enfants dans le monde se retrouvent en détention préventive, dans des camps de migration, dans des orphelinats sans pouvoir sortir. Cela fait d'eux des enfants détenus ou des enfants qui ont des démêlés avec la police, sans condamnation, sans accusation. De plus en plus d'enfants sont dans ces situations-là.
La pandémie a fait en sorte que, souvent pour protéger le personnel, de nombreux pays ont exploré de façon unanime certaines mesures — je pense au Soudan ou à la Palestine, par exemple. On a vu que 85 % des enfants qui étaient détenus ont été relâchés par crainte de la contamination.
L'alternative à l'incarcération, soit la déjudiciarisation, a fait des pas de géant en quelques mois, et il y a beaucoup de possibilités. Cependant, en même temps, des couvre-feux et des règlements sont imposés, et les enfants entrent en conflit avec la loi. C'est le cas pour beaucoup de gens également. Les systèmes ne sont pas adaptés. Il y a donc du mouvement en ce qui a trait à la privation de la liberté, ce qui est très préoccupant.
Cela conclut mon allocution.
Je vous remercie de votre attention.
:
Je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui.
Il s'agit sans aucun doute d'une période incertaine et difficile pour les enfants et les jeunes du monde entier, mais surtout pour ceux qui vivent dans la pauvreté et les zones de guerre.
[Traduction]
En tant que médecin et spécialiste de la santé publique, j'ai consacré un quart de siècle à l'élaboration et à la mise en oeuvre de programmes humanitaires en faveur des enfants les plus vulnérables du monde, particulièrement en ma qualité de présidente de War Child Canada.
Mon témoignage d'aujourd'hui est tiré d'informations directes de nos programmes qui couvrent l'Afrique, l'Asie et le Moyen-Orient, atteignant en moyenne 600 000 enfants et leurs familles chaque année, et qui sont créés et gérés par nos équipes de plus de 450 employés dans le monde, dont 99 % viennent des communautés qu'ils servent.
Ce que je peux vous dire, sur la base de notre expérience de l'année écoulée, c'est que les communautés des États fragiles sont actuellement confrontées à un défi sans précédent en ce qui concerne la protection des enfants les plus vulnérables du monde, comme l'a mentionné également M. Landry. Il s'agit d'une réalité qui durera aussi longtemps que la présente pandémie. En fait, la pandémie de COVID-19, pour les enfants vivant avec un conflit armé, menace d'anéantir une grande partie des progrès réalisés au cours des dernières décennies. Ces menaces peuvent être atténuées, mais seulement s'il existe une bonne volonté publique et une action politique concertée.
[Français]
Aujourd'hui, je vais me concentrer sur quatre préoccupations prioritaires. La première est l'incidence de la COVID-19 sur l'éducation des enfants.
[Traduction]
Nous constatons de première main que les enfants et les jeunes Canadiens ressentent les effets néfastes du confinement sur leur santé mentale, leur sécurité physique et leur rendement scolaire.
[Français]
Cependant, les enfants vivant en zone de guerre devaient déjà affronter des perturbations colossales de leur éducation, parfois pendant des années, en raison de la violence et des déplacements.
[Traduction]
Les mesures de confinement en réponse à la COVID-19, parallèlement à l'instabilité sociale et politique croissante dans plusieurs régions où War Child œuvre, n'ont fait qu'aggraver ces difficultés. Les filles, en particulier, sont particulièrement vulnérables, car les familles font face à des baisses de revenus et ne peuvent plus payer les frais de scolarité, par exemple, ou parce qu'elles sont trop souvent retirées de leurs études pour s'occuper des enfants et travailler comme domestiques. Plus les enfants dans de tels contextes sont déscolarisés, plus l'écart dans leur éducation est grand et plus l'écart dans leur éducation est grand, moins il est probable qu'ils reprendront leurs études un jour. Cela expose également les filles, en particulier, à un risque accru de mariage précoce et forcé.
[Français]
Les enfants et les jeunes qui ne sont pas scolarisés courent également un risque beaucoup plus grand d'être enlevés ou bien recrutés par des groupes armés, d'être victimes de la traite et de subir des violences sexuelles.
[Traduction]
À l'heure actuelle, s'ajoute un manque criant d'infrastructures pour soutenir l'apprentissage à distance dans les pays à faible revenu en général, mais plus particulièrement dans les régions déchirées par la guerre. L'UNICEF estime qu'un tiers des écoliers dans le monde ne peuvent pas être atteints par la diffusion ou l'apprentissage à distance sur Internet. Affaires mondiales Canada soutient les efforts de notre organisation dans l'est de la République démocratique du Congo pour atteindre jusqu'à 500 000 enfants congolais non scolarisés grâce au développement d'un programme éducatif radiophonique. Ces efforts se poursuivent et donnent de très bons résultats, mais il est extrêmement urgent d'étendre ces possibilités aux régions voisines, afin de garantir que les enfants vivant avec la guerre ou en tant que réfugiés ne soient pas davantage accablés par la pauvreté générationnelle en conséquence durable des perturbations dans leur éducation.
Pour remédier à cela, les gouvernements doivent commencer à planifier dès maintenant, aujourd'hui, de travailler avec les organisations locales et internationales engagées dans l'éducation pour développer l'apprentissage à distance et créer des possibilités de rattrapage — ou d'apprentissage accéléré, comme on le dit souvent — qui devraient commencer lorsque les conditions le permettent. Ceci est particulièrement essentiel pour les élèves du secondaire et les jeunes vivant avec la guerre, chez qui les écarts sont historiquement les plus prononcés et la piste pour les remettre sur le chemin de l'éducation est souvent la plus courte.
[Français]
La deuxième préoccupation concerne la sécurité alimentaire. En bref, la nourriture devient de plus en plus difficile d'accès et moins abordable pour les communautés vivant dans une zone de guerre.
[Traduction]
La pandémie a fait grimper les coûts d'expédition et a rendu difficile pour les agriculteurs, en particulier les agriculteurs de subsistance, d'obtenir les intrants nécessaires pour semer et acheminer les marchandises sur le marché, ce qui a entraîné une dépendance croissante à l'aide alimentaire. À la fin de 2020, la pandémie avait déjà ajouté environ 120 millions de personnes aux 135 millions déjà confrontées à une crise alimentaire en 2019. Parmi les domaines dans lesquels War Child travaille, le risque de malnutrition sévère et de famine augmente de façon exponentielle.
Le troisième problème urgent concerne le manque d'infrastructures gouvernementales et sanitaires dans de nombreux pays en proie à des conflits, comme bon nombre d'entre vous le savent déjà. Soixante-dix pays à faible revenu n'atteindront probablement pas une couverture vaccinale majoritaire avant 2023 ou 2024. Ce n'est pas un secret et la cause sous-jacente n'est pas un mystère.
[Français]
Nous pouvons en faire plus dans les semaines et les mois à venir, et nous devons en faire davantage.
[Traduction]
Le quatrième défi, que je vais expliquer très brièvement, car mon temps est presque écoulé, concerne l'environnement propice favorisé par la pandémie dans lequel les régimes voyous, les groupes armés et les forces antidémocratiques [Difficulté technique] violence, par exemple, en Éthiopie. L'Éthiopie et le Darfour offrent deux exemples, avec des violations dévastatrices des droits de la personne contre des civils.
[Français]
En terminant, je voudrais affirmer ma ferme conviction que les défis que j'ai exposés ici aujourd'hui ne sont pas, pour la plupart, insurmontables.
[Traduction]
Pour se rétablir et pour éviter qu'ils vivent de futures violences armées, les enfants et les jeunes vivant avec la guerre ont besoin de plus que des interventions à court terme et à haute visibilité. Ils ont besoin de programmes intégrés qui protègent leurs droits et façonnent leur avenir grâce à l'éducation, à l'accès aux soins de santé, à l'état de droit, à la sécurité alimentaire et aux possibilités économiques. La pandémie a compliqué la réalisation de ces objectifs, mais ils sont toujours réalisables.
Merci.
:
Bonjour. Namaste. Je m'appelle Anu George Canjanathoppil et je suis la directrice exécutive de International Justice Mission Canada. Nous sommes le plus important organisme dans le monde voué à la lutte contre la traite des personnes et nous croyons pouvoir mettre fin à l'esclavage de notre vivant.
Nous sommes présents dans toutes les régions où se trouvent les populations les plus vulnérables, et mon témoignage s'appuie sur notre expérience dans ces régions.
J'aimerais que vous pensiez à une femme, une mère portant un sari, comme moi, avec son bébé, qui essaie de retourner à la maison, en plein confinement. Elle est morte de faim et de soif sur le quai de la gare de train. Les médias ont diffusé abondamment des images douloureuses de son enfant affamé qui tire sur le sari de sa mère décédée pour la réveiller et qui essaie de boire le lait des seins de cette mère sans vie. Je me demande ce qu'il est advenu de ce bébé et des millions d'enfants qui sont plus vulnérables que jamais en ce moment. Cette femme fait partie des 14 millions de personnes déplacées en Inde à cause de la pandémie.
Le phénomène de la migration inverse a fait en sorte que des millions de personnes pauvres et vulnérables se sont retrouvées coincées et exposées à des violences extrêmes et mènent une vie où la mort représente un soulagement.
L'exploitation sexuelle des enfants en ligne a triplé, passant de 400 000 à 1,2 million en 2020. Rien qu'aux Philippines, dans 65 % des cas, c'est un membre de la famille qui oblige ces enfants à commettre des actes sexuels. Voilà qui tranche nettement avec l'idée qu'il n'y a pas d'endroit plus sûr que chez soi. Dans un seul pays d'Asie du Sud, plus de 56 millions d'enfants n'étaient pas scolarisés. Parmi eux, plus de 10,1 millions sont des enfants qui travaillent. À l'échelle mondiale, nous avons assisté à une augmentation marquée du nombre de mariages d'enfants pendant la pandémie, ce qui a entraîné le mariage forcé et précoce de 13 millions de filles de plus.
Cela soulève une question pertinente. Nos enfants sont-ils en sécurité? Nous devrions nous en soucier, car c'est peut-être nous qui en sommes la cause.
L'année 2020 a changé beaucoup de choses, mais pas la façon dont nous consommons des biens. En fait, la consommation a augmenté. Les produits que nous consommons continuent d'être fabriqués par ceux qui sont soumis à l'esclavage et à la traite. C'est à cause de notre irresponsabilité que des gens sont pris dans ce cercle vicieux. Il est donc de notre responsabilité de réagir.
C'est notre situation de privilège qui nous fait croire que tant qu'il y a de l'éducation, des emplois, des puits et des efforts pour combattre la pauvreté... Or, si un enfant ou une femme est victime de viol sur le chemin de l'école ou en route vers le puits, ou si un père travaille comme esclave pour pouvoir fournir un repas par jour à sa famille, alors nous avons une grave lacune dans notre conception de ce qui constitue une solution pour lutter contre la pauvreté.
Les communautés ont besoin de nourriture, d'eau et d'éducation, mais avant de pouvoir s'attaquer à la pauvreté dans ces endroits, il faut s'occuper de la violence. International Justice Mission Canada s'efforce de combler cette lacune. Nous le faisons en portant secours aux victimes, en traduisant les criminels en justice, en aidant les survivants à se rétablir, en renforçant les systèmes judiciaires et en mettant fin à la violence par l'élimination de l'impunité.
Il y a trois régions dont je voudrais parler aujourd'hui: l'Amérique latine, l'Asie du Sud-Est et l'Asie du Sud. Toutes ces régions ont choisi le gouvernement canadien comme allié pour faire avancer les efforts de développement international.
Le programme d'action féministe vise à rehausser les droits et les privilèges des femmes dans le monde entier. Pour que les femmes puissent occuper une place égale dans la société, il est nécessaire de favoriser leur autonomisation économique. C'est ce pour quoi le gouvernement canadien s'est battu et continue de se battre. Toutefois, une véritable autonomisation économique ne peut se produire dans un contexte de violence généralisée. Le cas de la femme dont j'ai parlé au début en est un exemple clair.
Affaires mondiales Canada joue un rôle crucial dans la protection des femmes et des enfants contre la violence dans le Triangle du Nord. Le Canada peut aider à financer un consortium technologique, qui permettra d'étendre la protection grâce à des approches innovatrices. Ce consortium peut aider le Guatemala à financer un modèle de référence en matière de services d'information sur les traumatismes pour la guérison et le rétablissement des victimes de violence. Les pays andins ont désigné le Canada et Affaires mondiales Canada comme parties prenantes pour faire de la protection des femmes et des enfants une priorité sur leur territoire. Sept femmes et filles sur dix sont victimes de violence en Bolivie. Nous avons là une occasion d'induire des changements.
L'Asie du Sud-Est, la région souvent appelée le corridor manufacturier, doit sa croissance, en grande partie, aux travailleurs migrants et à leurs enfants qui sont extrêmement exposés à la violence, à la traite et à l'esclavage, problèmes qui ont tous été exacerbés par la COVID-19. Grâce à l'investissement du Canada, nous pensons pouvoir produire un modèle d'intervention pour mettre fin à l'esclavage dans la chaîne d'approvisionnement dans ces régions. Ce modèle pourrait, à lui seul, assurer la protection de 17 millions de personnes — tout cela grâce à l'engagement du Canada en faveur de la liberté.
Enfin, il nous reste l'Asie du Sud. Comme vous le savez, l'Inde est un partenaire commercial précieux et une force économique puissante. Le projet de loi canadien sur les chaînes d'approvisionnement, soit la , exigera une surveillance accrue des entreprises qui importent des marchandises au Canada. En investissant dans des initiatives de partenariat avec le gouvernement indien pour protéger ses citoyens et ses enfants de la violence, nous pouvons atténuer considérablement ces effets négatifs potentiels. La loi ferait réellement ce qu'elle dit, à savoir mettre fin à l'esclavage moderne.
Ayant moi-même survécu à la violence, j'ai consacré ma carrière à la théorie du changement parce que je l'ai vue à l'œuvre. C'est ce qui m'a motivée à secourir 10 000 personnes, mais j'ai également eu une deuxième motivation. Il s'agit de la peur. C'est la peur de ne voir personne se présenter. La peur hante toujours les victimes — qui sont souvent des femmes et des enfants —, mais jamais l'auteur du crime.
Je ne suis pas une personne d'influence. Je ne suis qu'une de ces femmes qui, selon les statistiques, n'ont été victimes de violence qu'une seule fois, mais chacun de vous — chaque personne ici présente — a la capacité de marquer l'histoire dans une période comme celle que nous vivons. C'est une période où chacun se réconforte en se livrant à l'introspection et en essayant de se protéger et de protéger sa communauté et son pays. Vous avez accepté d'user de votre influence pour induire des changements. Vous avez le pouvoir de ne plus laisser la violence se produire en toute impunité et de ne plus la tolérer à titre collectif et individuel. Imaginez ce que cela pourrait signifier pour la vie de ceux qui croupissent dans la violence, l'esclavage et le désespoir.
Que ferez-vous pour que vous n'ayez pas à voir des images d'un petit garçon qui se retrouve orphelin à cause des effets de la violence sur sa mère aujourd'hui décédée?
Namaste.
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Je tiens à remercier tous les témoins.
Madame Canjanathoppil, je vous remercie infiniment de votre témoignage poignant. Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur le lien entre l'injustice et la pauvreté, le fondateur d'International Justice Mission Canada a écrit un excellent livre sur le sujet, intitulé The Locust Effect. Je sais que le temps dont nous disposons pour ces audiences est très limité, mais j'encourage les gens qui nous regardent et les autres membres du Comité à prendre note de cet ouvrage, The Locust Effect. Il y a évidemment beaucoup plus d'histoires et beaucoup plus de choses qui peuvent être dites dans un livre que dans une intervention de cinq minutes.
Je voulais vous poser deux questions, que vous avez abordées. Comment compareriez-vous les lois canadiennes en matière de chaînes d'approvisionnement à d'autres modèles en vigueur dans le monde? Quels sont les pays qui ont de bons modèles, des modèles efficaces, pour faire avancer les droits de la personne grâce à la gestion de leur chaîne d'approvisionnement?
Ma deuxième question porte sur la lutte contre l'exploitation sexuelle en ligne. Il y a, bien sûr, des cas probables de victimes dans les pays en développement, et les auteurs de ces crimes se trouvent parfois au Canada. C'est un phénomène nouveau que nous pouvons contrer. Par conséquent, que pouvons-nous faire pour mieux représenter, dans notre système judiciaire, les droits des victimes qui ne sont pas canadiennes, et comment pouvons-nous en faire davantage pour nous assurer de traduire en justice les auteurs de ces crimes au Canada, même si les victimes ont une voix limitée dans notre système en raison de l'endroit où elles se trouvent?
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Pour commencer, le Canada est le seul pays du G8 qui n'est pas bien placé au chapitre des mesures législatives pouvant induire des changements dans la lutte contre l'esclavage moderne. C'est la première chose que nous pouvons envisager. Oui, nous y travaillons, mais même si le projet de loi entre en vigueur, tant qu'il n'y aura pas de moyen précis pour influer sur la façon dont les biens sont produits dans les pays en développement... J'ai mentionné l'Asie du Sud-Est, les corridors manufacturiers. Si nous ne parvenons pas à changer la donne, nous continuerons de contribuer à l'indice mondial de l'esclavage.
En réponse à votre deuxième question, les cas d'exploitation sexuelle en ligne ont triplé, comme je l'ai dit, et c'est là un chiffre très prudent, pour être honnête, car nous nous appuyons sur le nombre de signalements. Plusieurs agresseurs sont originaires du Canada. D'ailleurs, nous avons pu travailler en partenariat avec la GRC ici pour identifier un criminel, dont la peine a été augmentée.
Qu'est-ce qui leur permet de continuer à commettre leurs crimes? Cela se passe en silence sur le Web caché; personne n'est au courant des moyens dont dispose un criminel à une époque comme la nôtre, et l'auteur du crime sait qu'on ne pourra pas le retracer s'il y a, disons, un million d'autres agresseurs partout dans le monde. Nous aurons peut-être de la chance si nous parvenons à en arrêter quelques-uns. C'est pourquoi le partenariat d'International Justice Mission Canada avec le gouvernement philippin, la force de sécurité nationale là-bas et la GRC ici est absolument crucial pour lutter contre ces crimes et s'assurer qu'il y a un effet dissuasif, que les gens y réfléchissent à deux fois avant d'aller sur Internet et d'acheter des services sexuels de cinq dollars mettant en cause un enfant de cinq mois.
En ce qui concerne les sociétés ayant assumé la responsabilité de leurs actes, nous avons assisté à un changement sans précédent en Australie, où une institution financière s’est fait prendre parce qu’elle était liée à un canal où des gens pouvaient acheter des services sexuels à des enfants en ligne. Après cet incident, l’institution financière a engagé plusieurs millions de dollars pour s’assurer qu’elle inverserait les effets néfastes du canal qui encourageait en fait l’exploitation sexuelle des enfants en ligne.
La même chose peut s’appliquer à toutes les sociétés. Il ne faut pas grand-chose pour qu’une institution financière détecte des versements réguliers de quelques dollars destinés à un canal donné. Il n’est pas difficile de mener des enquêtes et de s’attaquer à la racine du problème pour savoir où va cet argent et pourquoi il a été versé en de si petits montants, sans compter toute l’irrégularité des options disponibles sur ces canaux.
Or, ce n’est là que l’aspect financier. Les entreprises peuvent réagir de plusieurs autres façons.
Faute de temps, je vais répondre à votre autre question sur le type d’investissement qui s’impose. International Justice Mission Canada espère protéger un demi-milliard de personnes d’ici 2030. Les résultats sont prometteurs. C’est possible. Nous avons commencé avec l’objectif d’en secourir 1 000. Nous y sommes parvenus. Nous en avons sauvé des milliers.
Nous savons qu’il est possible d’y arriver et de sauver un demi-milliard de personnes s’il y a un investissement de 700 millions de dollars. Pour dire les choses simplement, il faut 3,30 $, en devise canadienne, pour identifier une victime, lui porter secours et l’aider à se rétablir, ce qui permettra de protéger quelques millions de personnes de plus. Si nous tenions à protéger un demi-milliard de personnes, l’investissement serait de 700 millions de dollars à l’échelle mondiale.
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Nous avons commencé à utiliser une technologie de base, la radio... En fait, nous nous sommes inspirés du réseau radiophonique agricole, qui a vu le jour en Saskatchewan dans les années 1950. Nous avons examiné les régions où les enfants avaient difficilement accès à l'école et où beaucoup de filles — en particulier dans l'est du Congo — n'allaient pas à l'école en raison des taux élevés de violence sexuelle et sexiste.
Les familles ne laissaient pas leurs filles aller à l'école, de peur qu'elles se fassent attaquer en cours de route. Cela pose un certain nombre de problèmes pour ces filles sur le plan de l'accès à l'éducation, d'autant plus qu'elles risquent davantage de se retrouver ensuite en situation de mariage précoce ou forcé parce qu'elles sont considérées comme un fardeau pour la famille, n'étant pas physiquement à l'école.
Grâce à un financement initial de la Fondation Wellspring, nous avons envisagé d'utiliser la radio comme technologie. En collaboration avec de nombreux acteurs congolais et divers autres enseignants et personnalités, nous avons enregistré des séances éducatives radiophoniques. Nous avons fait venir des enseignants auxiliaires dans ces collectivités; ainsi, lorsque les filles ne pouvaient pas aller à l'école, c'est l'école qui allait vers elles. Cela ne s'est pas limité uniquement à la participation des filles, car si on envoie un enseignant auxiliaire dans une collectivité pour diffuser une leçon, on veut que tous les enfants en âge de fréquenter l'école puissent s'en prévaloir.
Nous avons commencé au niveau secondaire et, au bout de 18 mois, nous avons constaté des taux de scolarisation plus élevés — donc, des taux d'obtention de diplôme plus élevés au niveau approprié — que la moyenne nationale. Environ 85 à 90 % des filles réussissaient grâce à ce programme pilote, auquel ont participé quelques milliers d'enfants.
Puis, plus récemment, avec l'appui du gouvernement du Canada, par l'entremise d'Affaires mondiales Canada, nous avons pu en étendre la portée afin de cibler, en collaboration avec le gouvernement congolais, non seulement les régions qui sont maintenant touchées par la violence, où les enfants ne peuvent pas fréquenter l'école, mais aussi les régions où les enfants ne peuvent pas aller à l'école en raison de [Difficultés techniques] restrictions. Nous nous apprêtons à [Difficultés techniques] là-dessus en ce moment, et nous constatons de très bons résultats.
Il y a quelques contraintes. De toute évidence, dans le contexte actuel, nous ne pouvons plus dépêcher des enseignants auxiliaires, ou c'est un peu plus compliqué de le faire en raison des mesures de santé publique qu'il faut mettre en place. Toutefois, dans les cas où cela s'avère impossible, nous compensons cela par d'autres moyens — par exemple, en misant sur l'accès par téléphone et d'autres solutions de ce genre.
Nous observons de très bons résultats. Nous travaillons également en Ouganda pour mettre en œuvre un programme très similaire.
Ce qui le rend unique, ce n'est pas seulement sa facilité d'accès pour les enfants; c'est aussi le fait qu'il englobe un niveau de scolarité supérieur, qui va au-delà du primaire, pour inclure le secondaire.
En ce qui a trait aux trousses d'hygiène, ce travail se poursuit. Nous en distribuons beaucoup, et nous nous assurons que les familles ont accès à ce dont elles ont besoin, que ce soit du savon ou d'autres fournitures essentielles, dans des endroits comme le Soudan, le Soudan du Sud et ailleurs.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de leur précieuse contribution aux travaux de ce comité. Une fois n'est pas coutume. On a rarement l'occasion d'entendre des témoignages dans la langue de Molière, alors je tenais à remercier Mme Nutt et M. Landry de m'avoir offert ce plaisir aujourd'hui.
Depuis le début de nos travaux, nous entendons beaucoup de gens nous dire que la pandémie a eu un effet négatif multiplicateur sur la scolarisation des enfants dans les zones de conflit. Mme Nutt soulignait que les enfants dans les zones de conflit, où les conditions de vie sont précaires, sont habitués à ce genre de désintérêt à l'égard des programmes scolaires. Ce qu'on nous a dit, c'est que cela est accentué par les effets de la pandémie actuellement.
Plusieurs témoins nous ont dit que les jeunes qui ne fréquentaient plus l'école se retrouvaient souvent sur le marché du travail ou étaient entraînés dans l'enfer de la prostitution et de la traite de personnes. On sait que l'année 2021 a été désignée comme étant l'année internationale de l'élimination du travail des enfants. Des objectifs assez ambitieux ont été fixés par les Nations unies pour 2025.
Croyez-vous que, compte tenu de la pandémie, ces objectifs se révéleront trop ambitieux et qu'on va rencontrer des écueils sur cette voie?
:
La question est importante. En matière de travail des enfants, il est intéressant de constater que, pour une fois, la langue de Molière est peut-être un peu moins riche que celle de Shakespeare.
[Traduction]
En anglais, on fait la distinction entre work et labour.
[Français]
En français, on parle uniquement de « travail », un mot qui rappelle que le travail est permis. Dans le mot « travail », on sous-entend une permission. En effet, le travail n'est pas interdit comme droit de l'enfant, étant notamment un moyen d'éducation.
Ce sont ce que l'on appelle les pires formes de travail de l'enfant qui sont interdites, et c'est ce sur quoi nous nous penchons cette année. Nous voulons célébrer les gestes visant à éliminer les pires formes de travail des enfants, y compris la prostitution et l'exploitation sexuelle dans toutes ses manifestations, ainsi que l'utilisation d'enfants dans les conflits armés, l'extraction minière, l'industrie chimique et l'agriculture recourant à des produits chimiques.
En ce sens, il faut faire attention. Il est rare que le glissement se produise rapidement. À titre d'exemple, ce n'est pas parce qu'on ferme son école que, 10 jours après, un enfant se retrouve dans un réseau de prostitution. Il existe des schémas qui mènent à une réduction progressive des options et qui font que, la plupart du temps, l'enfant a le sentiment que c'est lui qui a pris la décision d'entrer dans une dynamique d'exploitation.
Cette notion que nous avons qu'un enfant doit avoir été kidnappé avant d'être contraint à une forme d'exploitation n'est souvent pas la bonne. Il suffit de fermer des portes aux enfants et de les priver de certaines chances pour les amener à croire qu'ils ont eux-mêmes pris cette décision. Pourtant, aucun enfant ne devrait consentir à sa propre exploitation: c'est le principe de base.
À ce chapitre, il est vraiment intéressant de se pencher sur une question abordée plus tôt: la loi extraterritoriale dont s'est doté le Canada il y a plusieurs décennies. Pourtant, nous sommes l'un des pays qui y recourent le moins. La solution à un problème ne passe pas toujours par l'adoption d'une nouvelle loi et il suffit parfois d'appliquer les lois existantes.
Les compressions budgétaires à la Gendarmerie royale du Canada ont nui au déploiement de personnel policier dans les ambassades du Canada. On se retrouve désormais avec un policier qui doit couvrir beaucoup de pays, ce qui réduit automatiquement la capacité de surveiller les cas d'exploitation sexuelle d'enfants dans l'industrie du tourisme et du voyage. Quand on se compare à un pays comme l'Australie, on remarque qu'un infime pourcentage de Canadiens sont poursuivis, condamnés ou reconnus coupables pour des actes d'exploitation commis à l'étranger. C'est à se demander si les Canadiens sont de meilleures personnes que les Australiens et je vous laisse débattre de la question.
Il faut également regarder ce qui se fait au Royaume-Uni, où, depuis 15 ans, des fournisseurs de services Internet et des entreprises de cartes de crédit ont établi des modes de collaboration qui permettent de suivre et de surveiller les activités illicites sur Internet. Au Canada, nous n'en sommes qu'à l'amorce de cette conversation. Il m'apparaît important de mentionner qu'il existe donc des modèles très concrets qui nous permettraient une collaboration robuste avec le secteur privé pour endiguer des phénomènes comme ceux-là.
Je souligne que la plupart des schémas d'exploitation d'enfants dans le travail ont cours dans le domaine agricole. Il ne faut pas non plus oublier l'économique informelle, laquelle occupe une grande place dans l'exploitation sexuelle des enfants, notamment. L'approche selon laquelle on achète un forfait d'une compagnie aérienne pour aller exploiter des enfants ne correspond plus vraiment à la réalité. Avant la pandémie, les gens se rendaient sur un site pour louer un appartement dans une petite communauté et ils s'organisaient localement. C'est donc l'exploitation elle-même qui s'est déplacée vers de petites communautés grâce à l'économie informelle. Ces dernières constatent l'exploitation, mais elles n'ont pas nécessairement les moyens de réagir, et c'est là où nous avons une responsabilité.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je veux remercier tous nos témoins de comparaître aujourd'hui. Leurs témoignages sont très intéressants et très importants.
Tout au long de notre étude, nous avons entendu encore et encore que la pandémie risque fort de nous faire perdre les gains accomplis sur le plan du développement au cours des 10, 20 ou 30 dernières années. Nous l'avons certainement entendu encore aujourd'hui.
À titre de représentante qui pose les dernières questions, il me semble que le mieux que je puisse faire pour obtenir de l'information de nos témoins consiste à leur donner l'occasion de peut-être parler d'une ou deux choses qu'ils souhaiteraient que le Canada entreprenne. Notre rapport sera remis à tous les parlementaires. Je me demande si je pourrais vous donner la parole à tour de rôle pour que vous nous parliez d'une ou deux choses que le gouvernement devrait, selon vous, faire à court, à moyen et à long terme, ou immédiatement. Y a-t-il quelque chose que nous devrions faire? À quoi devons-nous accorder la priorité?
Je commencerai par vous, monsieur Landry.
En ce qui concerne les principales choses que je recommanderais, sachez que les contributions du Canada au chapitre de l'aide publique du développement stagnent essentiellement depuis maintenant des années. Elles sont encore bien en deçà de l'objectif de 0,7 % établi par les Nations unies.
Ce qui me préoccupe le plus, c'est qu'au moment où les gouvernements entreprennent de rembourser les billions de dollars de dette contractés en raison de la pandémie, nous constatons que de nombreux pays, y compris le Royaume-Uni, envisagent déjà de réduire leur aide publique au développement dans le cadre de ce processus afin de pouvoir pour maintenir certains gains. L'une des choses les plus importantes que le Canada pourrait faire consiste à continuer de soutenir ses contributions à l'aide publique au développement et à réfléchir très stratégiquement au genre d'aide qui a le plus d'effet. L'aide qui a le plus d'effet est celle qui est dirigée et soutenue sur place et à long terme. Elle cible les problèmes structurels qui existent dans les pays, notamment au chapitre de l'éducation, de l'accès à la justice — comme il en a été beaucoup question aujourd'hui — et du développement économique, particulièrement en ce qui concerne les femmes.
Un grand nombre des problèmes dont nous avons parlé, comme le recrutement de jeunes dans les forces armées et la violence et l'exploitation sexuelles, sont tous le fruit d'un manque de protection, d'infrastructure de protection, de justice, d'éducation et d'occasions. Si nous mobilisons notre aide financière pour aller au-delà des palliatifs ou des solutions à court terme et si nous considérons que l'éducation fait partie de l'infrastructure humanitaire et ne passe pas après la nourriture, l'eau, le logement et les couvertures, mais arrive en même temps parce qu'elle est extrêmement importante et qu'elle contribue à atténuer la vulnérabilité des enfants, alors nous verrons que nous sommes capables d'apporter des changements à long terme dans la vie de ces enfants.
J'ai pris suffisamment de temps et je veux céder la parole à quelqu'un d'autre, mais c'est ce que je proposerais. Ne laissons pas l'aide devenir la première victime des efforts de réduction du déficit quand le jour viendra, car elle est réellement importante.
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Je n'ai pas d'objection à parler davantage à titre de médecin en santé publique dans ce domaine. En dehors du fait que le Canada a décidé de se prévaloir de son option de faire appel au programme COVAX pour recevoir des doses de vaccins supplémentaires d'ici la fin de juin, nous espérons que notre propre approvisionnement en vaccins s'accélérera d'ici là, et que n'aurons ainsi plus besoin des vaccins du programme COVAX et pourrons faire en sorte que les pays qui ont encore désespérément besoin de soutien supplémentaire puissent en recevoir.
Le fait est que pas moins que 70 pays à faible revenu sont maintenant très peu susceptibles d'avoir accès aux vaccins dans un avenir prévisible et que dans les pays où War Child Canada est à l'œuvre, nous pensons que nous parviendrons au mieux à vacciner 1 personne sur 10 d'ici la fin de l'année, voire le début de l'année prochaine.
Ce qui me préoccupe le plus, ce sont les discussions que l'on tient pour adopter une stratégie beaucoup plus énergique afin que les communautés à haut risque particulièrement vulnérables aient accès à la vaccination, que le vaccin soit distribué et qu'on ait la capacité de procéder à la vaccination. Je pense très précisément aux problèmes de migration et de déplacement. Notre organisation est l'une des rares à être très actives à la frontière entre le Soudan et l'Éthiopie afin de réagir à l'arrivée de réfugiés tigréens, qui ont afflué par dizaines de milliers au cours des derniers mois. Plus les populations se déplacent, plus la vulnérabilité est grande et plus les gens vivent dans des conditions de surpeuplement. Il y a très peu d'organisations humanitaires pour intervenir sur place en raison des contraintes relatives à la COVID. Dans certaines régions du monde, la COVID pourrait réellement s'incruster et de nouveaux variants pourraient y faire leur apparition, ce qui constituerait une menace pour nous tous.
Personnellement, je dirais qu'à titre de Canadiens, nous comprenons aussi bien que tout le monde actuellement ce qu'on ressent en voyant que d'autres pays vaccinent leur population alors que nos aînés sont exposés à des conséquences réelles dans les installations de soins de longue durée. J'espère que nous ne ferons pas une chose pareille à d'autres pays. J'espère que nous penserons aux autres [Difficulté technique] de l'avant à cet égard et que nous admettrons qu'il est de l'intérêt de tous de veiller à ce que les personnes les plus vulnérables, particulièrement celles qui vivent dans la pauvreté et dans des lieux surpeuplés, soient vaccinées aussi rapidement qu'il est humainement possible de le faire et aient une chance égale de bénéficier de cette occasion.
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Si je peux donner en exemple la manière dont nous avons commencé notre travail dans certains pays, nous nous sommes d'abord attaqués à l'exploitation sexuelle des mineurs, qui se déroulait dans des résidences privées, des bordels et des lieux expressément prévus à cette fin. Nous avons commencé par réduire la violence à ces endroits, et avec succès, faisant passer de 88 à 1,6 % le pourcentage de mineurs obligés de se prostituer.
Nous avons constaté que lorsque les acteurs se sont rendu compte que les investissements se réorientaient, ils sont devenus créatifs. C'est ainsi qu'ils ont investi l'espace en ligne. Maintenant, avec la pandémie, ils sont plus créatifs que jamais. Ils ont compris qu'ils peuvent exploiter divers sites pour rendre la navigation, l'identification et le sauvetage beaucoup plus ardus, ou même faire en sorte qu'il est beaucoup plus difficile de pincer ceux qui exploitent les jeunes de cette façon.
Nous avons fait grand usage de la technologie pour rester un pas en avant des acteurs et induire des changements. Il est crucial d'investir à cet égard. Maintenant plus que jamais, tout le monde utilise Internet à haute vitesse, lequel rend l'accès plus facile, moins cher et plus rapide. Le fait que tout le monde travaille à domicile permet à ces acteurs d'avoir une activité secondaire pour générer un revenu en exploitant des enfants. Alors oui, c'est un investissement crucial.
Je pense qu'il importe également de pouvoir exercer de l'influence là où le gouvernement peut en avoir, en ce qui concerne notamment les pays qui utilisent des sites Web où certains investissent expressément pour publier du contenu explicite en ligne en exploitant des enfants. Il existe des moyens de mettre fin aux services comme Pornhub, par exemple. Il a fallu des années avant qu'on ne s'attaque à Pornhub et aux problèmes qui vont de pair. Je pense qu'il est temps d'investir en ce sens pour régler le problème.
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Monsieur le président, j'aurais souhaité aborder avec M. Landry les questions de la remise en liberté et de la déjudiciarisation.
Je trouvais intéressant que cela soit l'un des effets de la COVID-19, mais cela me semble un effet par défaut. Je m'inquiétais de savoir si ces jeunes étaient effectivement pris en charge lorsqu'ils étaient remis en liberté ou que leur affaire était déjudiciarisée, afin, justement, qu'ils n'aboutissent pas entre les mains d'employeurs qui vont les exploiter ou, pire, de proxénètes.
M. Landry ne sera pas très heureux de m'entendre l'interroger sur la situation particulière de la région du Tigré, qui abrite des camps de réfugiés dont deux demeurent interdits au personnel du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Monsieur Landry, que pensez-vous de la situation et du sort des enfants et des femmes dans le cadre de ce conflit?
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La judiciarisation est un processus important. Il y a un monde d'occasions opportunes. On a vu un nombre important de pays, dont l'Indonésie, le Maroc, le Burkina Faso et la Colombie, procéder à des mesures directes: beaucoup d'enfants ont été relâchés pour éviter que les prisons soient des lieux de contamination. Incidemment, il y a des questions à se poser au Canada, comme ailleurs, sur les mesures à prendre dans ces conditions.
Comme vous le dites, cela comporte aussi un risque. Est-ce qu'on sort ces enfants de la prison pour, au bout du compte, les laisser à eux-mêmes et voir apparaître d'autres schémas d'exploitation?
Il y a énormément de variations, mais beaucoup d'organisations se sont mises au travail pour accompagner ces processus-là et veiller à ce que, finalement, le fait de relâcher ces enfants ne soit qu'une étape plutôt qu'une fin en soi.
Une grande expertise s'est bâtie à ce sujet. Ce matin, l'UNICEF a tenu un webinaire mondial, où l'on tirait des leçons des neuf derniers mois en matière de justice pour enfants et de ce qui a été fait dans ce secteur.
On pourrait aussi parler du Yémen. Des enfants se retrouvent sur le front sans avoir accès aux droits humanitaires, ce qui est une violation de la résolution 1612 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que de bien d'autres lois internationales en la matière.
La situation est donc extrêmement préoccupante puisque tous les droits des enfants se retrouvent potentiellement bafoués, et il n'y a aucune mesure de contrôle pour les aider. Encore une fois, je répète les messages de mes deux collègues: les structures locales sont toutefois là.
Comment a-t-on travaillé dans le passé avec ces structures pour empêcher ou réduire les risques? C'est grâce à la prévention et à l'action locale, d'où la valeur à accorder à ces deux mesures.
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Je vous remercie beaucoup.
Mesdames et messieurs, voilà qui nous mène à la fin de la période réservée à nos témoins cet après-midi. En notre nom collectif, je voudrais remercier nos trois témoins de leurs témoignages, de leur expertise et, surtout, des services extraordinaires qu'ils offrent dans le monde. Nous aurions tous souhaité passer beaucoup plus de temps avec vous, mais notre temps est limité.
Je voudrais rappeler aux témoins que s'ils ont des commentaires qu'ils n'ont pu formuler, ils peuvent les faire parvenir par écrit au bureau de la greffière pour que les membres du Comité puissent les recevoir et en prendre connaissance.
Je demanderai maintenant à nos témoins de quitter le navire, puisque nous devons examiner les travaux du Comité que nous poursuivrons une fois qu'ils se seront déconnectés. Une fois encore, je vous remercie beaucoup d'avoir témoigné cet après-midi.
Nous suspendrons la séance quelques minutes.
Je crois que Mme McPherson souhaite aussi proposer un sous-amendement, mais avant, permettez-moi de prendre un moment pour dire que le gouvernement, par l'intermédiaire de la , a exprimé ses préoccupations à cet égard, et je trouve convenable que notre comité fasse de même. C'est une question importante. La population canadienne s'attend à ce que les fonds qui sont versés à l'UNRWA soient utilisés à bon escient. Je sais que de nombreuses mesures ont été prises pour assurer leur utilisation adéquate. Il arrive que des erreurs se produisent. Nous devons reconnaître qu'il y a un problème. D'après moi, c'est ce que nous faisons au moyen de cette motion.
Ma proposition constitue une légère reformulation. Je pense qu'elle nous conviendrait parfaitement, mais je suis aussi prêt à ce qu'on y apporte un sous-amendement, que nous devrons peut-être examiner d'abord.
Comme on dit aux États-Unis, je vais laisser la parole à Mme McPherson, à la discrétion de la présidence.
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Je vous remercie, monsieur le président.
D'abord, je suis désolé d'avoir momentanément perdu la communication. J'ai été un peu trop rapide à me précipiter à la réunion à huis clos. Je peux maintenant prendre part au débat.
J'ai eu l'occasion de signaler à M. Chong que j'appuierais sa motion. Je suis très heureux qu'il y ait des amendements, soit dit en passant. Cependant, je veux simplement signaler que je suis un peu malheureux du fait que nous nous retrouvions devant cette situation pour la simple et unique raison que, effectivement, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, connu sous le sigle anglais UNRWA, a admis avoir commis une erreur.
En en rajoutant sur la déclaration qui a été faite par la , j'ai l'impression que nous assistons à une séance de surenchère, alors que nous savons très bien que l'UNRWA joue un rôle absolument déterminant pour nombre de réfugiés palestiniens qui ont besoin du soutien de cette organisation. Nous savons aussi, puisque nous en avons fait état dans le cadre des travaux de ce Comité, que l'organisation connaît des problèmes financiers importants et qu'en l'attaquant comme nous le faisons à répétition, nous ne ferons qu'accroître les difficultés financières que l'organisation devra peut-être affronter.
Vous me direz qu'une erreur a été commise et que ce n'est pas une mince erreur. Nous devons nous attendre à ce qu'une organisation qui bénéficie d'un financement public rende compte de sa gestion. Je suis tout à fait d'accord avec cela. En fait, cela me fait penser que nous devons, comme députés, affronter une autre situation un peu analogue. Vous avez probablement tous et toutes reçu des courriels d'organisations de la société civile qui se plaignent que le consulat d'Israël, à Toronto, a fait la promotion de l'enrôlement dans l'armée israélienne, ce qui va à l'encontre de la loi canadienne, qui interdit l'enrôlement de citoyens canadiens dans des forces armées étrangères ou du moins que des forces armées étrangères viennent faire du recrutement sur le territoire canadien.
Le consulat d'Israël à Toronto a déclaré qu'il s'agissait d'une erreur. Nous avons alors décidé de ne pas en faire tout un plat. Le consulat a ajouté par la suite qu'il ne s'agissait pas tout à fait d'une erreur puisque la publicité liée au recrutement dans l'armée israélienne s'adressait d'abord et avant tout — je dirais même exclusivement — aux citoyens israéliens vivant sur le territoire canadien et non pas aux Canadiens.
À partir du moment où nous prenons la parole des autorités consulaires israéliennes, je pense que rien ne sert d'en rajouter. Je trouve que nous sommes, justement, au contraire, en train d'en ajouter inutilement au sujet d'une situation extrêmement malheureuse sur laquelle la a déjà eu l'occasion de s'exprimer publiquement au nom du gouvernement du Canada. Cela a amené, entre autres, l'UNRWA à admettre qu'il s'agissait d'une erreur et à mettre en place des mécanismes pour éviter qu'une telle erreur puisse se reproduire.
Quant à moi, l'affaire est close. Je suis un peu malheureux que nous nous retrouvions dans cette situation, aujourd'hui. Cela étant dit, je reconnais aux collègues le droit de pouvoir saisir le Comité d'une telle question. Nous allons donc voter, et j'annonce d'emblée que je voterai en faveur de l'amendement et du sous-amendement qui ont été proposés. Si ma collègue, Mme McPherson, accepte l'amendement favorable qui a été proposé par M. Morantz, je voterai également en faveur de cette proposition de sous-amendement.
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J’ai lu tout le rapport d’IMPACT-se, moi aussi. À mon avis, sous sa forme actuelle, l’amendement, auquel s’ajoutent les sous-amendements et les suggestions, reflète notre intention. Je suis d’accord avec M. Oliphant. Nous devons insister sur l’importance de la reddition de comptes. Nous reconnaissons qu’une erreur a été commise. Nous acceptons que l’UNRWA assume la responsabilité de cette erreur et qu’il sait qu’il doit nous rendre des comptes.
Je tiens à préciser, peut-être pour M. Morantz, que l’UNRWA ne produit pas de manuels; il produit du matériel complémentaire. Le fond du problème, ce sont les manuels qui circulent sur le territoire, et il y a très peu de choses que notre comité peut faire à ce sujet. Cela étant dit, je sais que la ministre et les gens qui mènent l’enquête se penchent sur le fond de la question de sorte que nous puissions assurer la neutralité des programmes que nous soutenons au nom des enfants dont l’éducation est confiée à l’UNRWA.
À l’instar de M. Bergeron, je trouve essentiel de soutenir les réfugiés. Le soutien de ces groupes fait partie de nos responsabilités de citoyens du monde. Ce sont des communautés en situation de conflit et de crise, et l’UNRWA leur vient en aide. Nous avons un rôle important à jouer à cet égard: nous devons veiller au maintien de la neutralité. Si nous cessons d’octroyer du financement, si nous rompons les partenariats mis en place pour garantir la neutralité dans la région, alors... En ma qualité de citoyenne israélienne, je ne saurais trop insister sur l’importance d’avoir de bons partenaires sur le terrain, des partenaires qui préservent la neutralité de la culture et des pratiques, qu’il soit question de l’éducation des enfants ou de la société civile dans son ensemble.
Par conséquent, j’appuie les deux amendements. J’espère que nous pourrons aller de l’avant.
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Merci, monsieur le président.
J'ai présenté la motion, alors j'aimerais aborder certains des commentaires qui ont été faits à son sujet. Je ne joue pas un jeu. J'ai proposé la motion parce que j'y crois fermement. Je respecte les membres du Comité qui ne sont pas d'accord avec sa substance. Mme McPherson a évoqué ses préoccupations. Je respecte son point de vue, mais je ne joue pas un jeu. C'est une question importante.
Ce n'est pas la première fois que cela arrive. D'autres pays ont suspendu leur financement à l'égard de l'UNRWA en raison de la divulgation récente d'actes fautifs. Je pense notamment aux Pays-Bas et à la Suisse. Ce n'est pas un enjeu insignifiant. Je crois qu'il est important pour nous de produire un énoncé à ce sujet, et pas seulement à l'intérieur du Comité. C'est pourquoi je crois que le président doit faire rapport de la motion à la Chambre.
Le gouvernement — le pouvoir exécutif — a exprimé clairement sa position sur le sujet. Il a publié un énoncé. Je crois qu'à titre d'organe équivalent, nous avons la responsabilité d'émettre notre opinion sur le sujet. Pour ce faire, nous devons non seulement adopter la motion en comité, mais aussi en faire rapport à la Chambre, par l'entremise de la présidence, de sorte que tous nos collègues sachent quelle est la position officielle du Comité, et qu'elle soit consignée dans le hansard.
Je crois qu'il faut faire rapport à la Chambre, mais je respecte mes collègues qui ne veulent pas que nous le fassions. Il ne faut pas dénigrer la décision de l'un ou de l'autre. Merci.
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Merci, monsieur le président.
En tout respect, quelques personnes ont dit que la avait publié une déclaration à ce sujet. Je ne sais pas quel est le lien avec la question de l'amendement, soit: lorsque les membres d'un comité tirent des conclusions, est-ce qu'ils les gardent pour eux et en restent là, ou est-ce qu'ils s'acquittent de leurs fonctions et en font part à leurs autres collègues?
Le comité des affaires étrangères est chargé de se pencher sur certaines questions, de développer une expertise en la matière et de faire part de ses conclusions à la Chambre. Pourquoi ferions-nous rapport à la Chambre de nos conclusions sur les accords du Vendredi saint, par exemple, et sur toutes sortes d'autres choses, mais pas sur l'UNRWA, alors qu'il semble y avoir un commun accord sur cet enjeu, du moins selon ce qu'on entend?
Si c'est un enjeu important — et je crois que ce l'est —, si le gouvernement a quelque chose à dire à son sujet — ce qui semble être le cas — et si nous voulons que nos collègues en prennent note, alors il faut évidemment faire notre travail et en faire rapport à la Chambre.
Chers collègues, si nous décidons d'en faire autrement, je crois que le public pourrait croire que nous ne prenons pas la situation au sérieux. Puisque nous avons toujours fait rapport à la Chambre des motions que nous avons adoptées, pourquoi ne le ferions-nous pas dans le cas présent? Je crois que cela soulèverait des questions importantes et légitimes.
Je vais en rester là. Merci.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais soulever quelques points à ce sujet. Je ne tente d'aucune façon de cacher la motion. Comme toutes les autres motions adoptées par le Comité, celle-ci sera d'ordre public. Ce sera une déclaration publique du Comité. Je suis d'accord avec M. Genuis: dans les faits, si nous réalisons une étude à part entière et que nous invitons des témoins à comparaître, alors nous devons en faire rapport à la Chambre. Ce n'est pas le cas ici.
Il s'agit de nos déclarations à titre de parlementaires. Tous nos collègues peuvent les lire. Nous pourrions leur transmettre si nous le voulions. Rien n'empêche le président de diffuser la motion à grande échelle. Ce sont le rapport et le débat à la Chambre qui ne seront pas utiles, à mon avis. Ce n'est pas utile en tant de pandémie. Nos relations ne s'en trouvent pas renforcées. Cela ne nous permet pas d'établir les fondements de la paix au Moyen-Orient, comme nous voulons le faire. C'est pourquoi je ne crois pas que nous devrions faire rapport à la Chambre.
Je ne crois pas que notre travail soit de cet ordre. La motion sera publique. Elle ne passera pas inaperçue. Elle est là. Le Comité en a fait mention, puisqu'il est de la responsabilité de ses membres de le faire. Nous pouvons le faire de façon individuelle. Si une personne souhaite aborder la question à la Chambre, elle peut présenter une motion. Elle peut avoir recours à toutes sortes d'autres méthodes. Le travail du Comité ne sera pas plus approfondi en faisant rapport à la Chambre. Je crois donc qu'il vaut mieux en rester là et surveiller la situation. Si le problème surgit à nouveau, alors nous devrions procéder à une étude pour aborder la question de manière approfondie, mais ce n'est pas ce que nous avons fait aujourd'hui.