Nous admirons votre dévouement. Je tenais à vous accorder un créneau particulier, parce qu'un témoin qui se donne tant de peine pour notre très important comité... Comme vous savez, nous étudions l'innovation technologique, et des témoins comme vous sont très importants pour nous. Vous êtes en vacances, vous prenez la route en laissant votre famille derrière vous pour aller dans un endroit équipé de moyens de télécommunication: nous sommes donc très honorés et nous vous en remercions.
Mesdames et messieurs, nous accueillons donc M. Lear, avec la Californie en arrière-plan et, en mémoire, les sacrifices qu'il a faits pour nous parler.
Nous accueillons avec beaucoup de plaisir aussi le Dr David Price, président du département de médecine familiale de l'Université McMaster.
Enfin, nous attendons M. Paul Lepage, président de Santé et solutions de paiement, chez TELUS, qui arrivera à 16 heures.
Nous commençons par vous, monsieur Lear. Vous disposez de 10 minutes.
Regardez parfois dans ma direction, parce que je vous ferai signe quand il vous restera environ une minute. Merci.
Allez-y.
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Merci encore une fois de m'avoir invité à venir témoigner devant le comité. Le sujet m'emballe beaucoup.
Comme nous savons tous, la cybersanté et la télésanté ont suscité beaucoup d'enthousiasme. On a vu en elles des moyens de combler des lacunes dans les soins de santé et de remédier aux inégalités qui, dans la prestation de ces soins, sont imputables à la géographie. Leurs possibilités ont été reconnues par les décideurs de tout le pays. Cela explique aussi la prolifération des bureaux provinciaux de cybersanté, la nomination de gestionnaires de la télésanté dans beaucoup de régions sanitaires et la création d'Inforoute Santé du Canada.
Toutefois, je dirais que cet enthousiasme s'est traduit par très peu d'avantages concrets. C'est en partie faute de renseignements suffisants pour permettre aux décideurs et aux stratèges de distinguer les programmes utiles de ceux qui ne le sont pas. De plus, jusqu'à maintenant, la plupart des initiatives ont plutôt servi au volet administratif, comme le dossier de santé électronique ainsi que le stockage et l'envoi d'images médicales. C'est quand même important, mais ç'a néanmoins détourné l'attention aux dépens de la prestation améliorée de soins directs aux patients.
En Colombie-Britannique, je dirige un réseau de chercheurs sur la santé et de décideurs de l'autorité sanitaire, le BCATPR, pour la recherche et des politiques en matière de télésanté dans la province. Notre but est d'élaborer et d'évaluer des solutions axées sur le patient pour la prestation de services de soins des maladies chroniques.
Au début, notre travail a visé à combler le fossé géographique qui existait entre les services de santé. Nous savons que, si la plupart de nos ressources en santé sont concentrées autour des centres urbains importants, les maladies chroniques et d'autres maladies sont présentes partout au Canada. De fait, on constate que, dans les régions rurales, la prévalence des maladies chroniques est supérieure, en raison des taux plus élevés de tabagisme et d'obésité.
Inversement, l'accès aux services de soins de santé dans ces régions se borne souvent à l'hôpital communautaire local et au médecin de premier recours. On n'y a presque pas accès aux soins ni aux cliniques spécialisés tels que les centres de renseignement à l'intention des diabétiques, les programmes de réadaptation cardiaque et d'autres moyens d'une efficacité éprouvée pour prévenir et combattre les maladies chroniques.
Nous constatons que le taux d'hospitalisation par habitant pour les maladies chroniques dans les régions rurales est en fait beaucoup plus élevé que dans les centres urbains et que la différence pourrait être due à l'absence de soins spécialisés. Au fond donc, si le soin d'un patient devient trop complexe pour le médecin de famille, on confie le dossier à l'hôpital local, puisqu'on est dans l'impossibilité de diriger le patient vers un spécialiste ou une clinique spécialisée.
Jusqu'ici, nos projets ont consisté à utiliser l'Internet pour réduire ces écarts dans les soins, puisqu'il présente l'avantage d'utiliser l'infrastructure existante, telle que les ordinateurs personnels, son utilisation, répandue, s'accroît et il facilite l'évolutivité des modèles de soins.
Voici un exemple de cette utilité de l'Internet. En 2006, notre équipe a mené une enquête chez près de 300 patients cardiaques hospitalisés entre l'hôpital St. Paul de Vancouver et l'hôpital régional de Prince George de l'époque. Les deux tiers avaient accès à l'Internet à la maison, et environ 80 p. 100 d'entre eux possédaient une connexion à haute vitesse. À la maison, 70 p. 100 ont dit se servir de l'Internet pour s'informer sur la santé. C'était le troisième emploi de l'Internet, après la navigation sans but précis et les courriels. Nous savons que l'accès à l'Internet diminue avec l'éloignement des centres urbains. Nous avons constaté que la moitié de nos patients ruraux avait accès à l'Internet à la maison, contre plus de 70 p. 100 de nos patients citadins.
Vers la même époque, dans un certain nombre d'entrevues avec des décideurs, des professionnels de la santé, des médecins et des patients, tous ont mentionné que l'Internet était extrêmement prometteur pour la coordination des soins et aussi pour la communication de renseignements sur la santé et les soins entre les principaux acteurs, y compris le patient.
Nous avons par la suite élaboré et éprouvé ce que nous appelons un programme virtuel de réhabilitation cardiaque. Les programmes de réhabilitation cardiaque se sont révélés efficaces pour la prévention chez les patients cardiaques, mais seulement de 15 à 25 p. 100 des patients admissibles y participaient effectivement, le principal obstacle à leur participation étant le transport et l'accès géographique. Notre programme virtuel consiste en un site Web qui simule le programme ordinaire de réhabilitation cardiaque d'un hôpital et qui permet aux patients de rejoindre à Vancouver notre personnel de réhabilitation.
L'une des innovations consiste à donner aux patients un moniteur enregistreur de fréquence cardiaque qu'ils peuvent porter pendant leurs exercices. De retour à la maison, ils peuvent télécharger l'enregistrement vers le serveur Web pour que le personnel soignant de Vancouver puisse vérifier la fréquence cardiaque pendant les exercices et réagir au besoin.
Après 12 semaines, les patients ont pu accroître leur activité physique et améliorer leur forme ainsi que réduire leur taux de cholestérol au point où leurs résultats se comparaient à ceux qu'on constate dans les programmes hospitaliers ordinaires. L'un des patients interrogés a dit:
Je ne dirai jamais assez à quel point cela m'a aidé à changer certaines de mes habitudes. J'aurais pu aussi aller à Vancouver régulièrement ou rapporter à la maison une liste d'exercices et d'instructions, ce que j'ai déjà essayé et rapidement abandonné.
Ce patient vivait à environ deux heures de route de Vancouver.
Depuis, nous sommes passés à des modèles facilement adaptables à d'autres maladies chroniques que les cardiopathies, notamment le diabète, les maladies du rein et celles du poumon. Dans ce programme, les patients s'enregistrent sur notre site Web, que nous appelons MyHealthConnect, et répondent à des questions sur leurs symptômes et sur ce qu'ils ressentent. Si leurs réponses montrent une aggravation des symptômes, un avertissement peut être envoyé.
C'est ainsi que l'avertissement est envoyé par courriel à l'infirmière qui appelle ensuite le patient. Le plus souvent, nous constatons que l'infirmière conseille le patient pour l'appuyer dans son autogestion et son comportement. De même, si elle le juge à propos, elle adressera le patient au médecin de famille pour des soins médicaux supplémentaires. Il est également possible pour le patient de s'entretenir avec un diététicien ou un spécialiste des exercices.
L'avantage de ce modèle est d'agir comme système d'alerte pour adresser le patient à un fournisseur de soins appropriés et prévenir, en aval, les hospitalisations et les complications. En outre, le patient profite des conseils de l'infirmière et, en conséquence, le nombre d'avertissements qu'il déclenche devrait diminuer. Le patient stable ne déclenche en fait aucun avertissement, ce qui permet des économies de temps à l'infirmière.
Ce programme comprend aussi un plan d'action que le patient coordonne avec l'infirmière affectée au programme et le médecin de famille. Nous étudions actuellement l'implantation de ce programme partout en Colombie-Britannique, dans les petits centres urbains et les régions rurales, et, maintenant, plus de 70 médecins de famille et certains de leurs patients y participent.
L'un des principaux aspects, que je tiens à souligner, de notre travail et de notre R-D sur l'implantation en aval est l'inclusion des parties prenantes ou des utilisateurs finaux dans notre plan. Notre équipe collabore constamment avec des décideurs, des stratèges, des professionnels de la santé et des patients pour aider à orienter nos programmes. Par exemple, lorsque nous avons conçu le programme MyHealthConnect, nous avons pu compter sur un comité consultatif constitué de spécialistes et de médecins de famille, de professionnels de la santé, d'infirmières, de psychologues et de patients. Cela a maximisé l'adaptation de notre programme et son harmonisation avec les pratiques actuelles de soins primaires et permis de répondre aux besoins des patients.
La prochaine étape est la mise en oeuvre. Déjà, à Whitehorse, un groupe est désireux d'examiner notre programme virtuel de réhabilitation cardiaque pour ne plus devoir envoyer de patients à Vancouver pour des soins ultérieurs ni faire venir des spécialistes de Vancouver pour soigner là-bas les patients.
Pour l'avenir, nous songeons notamment à adapter ces programmes de l'Internet aux téléphones ordinaires ou aux téléphones cellulaires afin d'augmenter l'accès et l'utilisation, de même qu'à élaborer d'autres solutions pour les patients et les fournisseurs de services, par exemple un portail en ligne, qui adresserait les patients aux spécialistes, et des programmes pour appuyer la transition des soins des patients.
Avant de terminer, j'aimerais profiter du temps qui reste pour proposer des recommandations pour certains domaines.
D'abord, Inforoute Santé du Canada, qui a fourni un appui extrêmement précieux, en ce qui concerne les dossiers de santé électroniques, devrait songer à élargir son mandat à l'appui des modèles qui intègrent les soins directs aux patients et au financement d'autres entités que les régions sanitaires, parce que l'innovation peut provenir d'autres secteurs que les autorités de la santé.
Ensuite, il faudrait trouver une façon de promouvoir la collaboration entre les provinces sur les stratégies de télésanté. Nous constatons que l'une des qualités de la télésanté, c'est de pouvoir faire comme si les frontières n'existaient pas, des frontières qui, parfois, peuvent entraver la mise en oeuvre et la réalisation d'excellents programmes.
Enfin, il faudrait encourager la R-D sur la cybersanté et la télésanté par l'entremise des Instituts de recherche en santé du Canada, les IRSC, pour que les décideurs disposent de l'information nécessaire pour prendre des décisions éclairées pour la prestation des soins de santé. Pour cela, les IRSC pourraient prendre l'initiative de faire appel spécifiquement à des subventionnaires d'une recherche sur des modèles de soins aux patients qui s'appuieraient sur la technologie. Pensons, par exemple, au soutien des soins à domicile, à la prestation de soins à distance et aux applications mobiles. Cela aiderait aussi à fournir aux décideurs les données dont ils ont besoin.
Mon exposé se termine ici. Merci de votre temps et de votre attention.
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Merci beaucoup de l'occasion que vous m'offrez de témoigner devant le comité.
Étant le père de trois adolescentes, le fait de parler 10 minutes sans interruption devant un auditoire poli sera jouissif.
Mon grand-père, qui est né à Montréal, vivait dans une petite ville proche, Chambly. L'une des premières tâches dont il devait s'acquitter, c'était de harnacher les chevaux et de les atteler à la voiture pour amener son père à la gare. Comme il détestait énormément les chevaux, il a été l'un des premiers à adopter la voiture quand elle a fait son apparition. Ces premiers automobilistes ont transformé les habitudes de transport. Nous sommes actuellement au même point, dans le développement des dossiers de santé électroniques et des cybertechnologies.
D'après les CDC des États-Unis, les Centres de prévention et de lutte contre les maladies, l'année dernière, de 50 à 55 p. 100 des médecins américains utilisaient désormais des dossiers de santé électroniques. Au Canada, l'Association médicale canadienne estime qu'environ 39 p. 100 de nos médecins font de même.
Il me semble évident que, à la faveur de l'arrivée, dans la profession, de 2 000 médecins par année, nous avons franchi le point de bascule. Ces nouveaux diplômés ne vont pas commencer à utiliser des graphiques tracés sur papier ni revenir en arrière. Ils s'engagent résolument dans l'avenir. Je pense que, d'ici trois à cinq ans, nous assisterons à l'adoption massive des technologies électroniques de la santé au Canada. C'est l'un des principaux messages qu'il faut retenir ici; c'est en train de se passer, et c'est le constat qu'il faut poser pour leur adoption.
Il faut cependant dire, entre autres choses, que nous n'avons pas beaucoup avancé vers une utilisation à valeur ajoutée. Si mon grand-père n'avait utilisé l'automobile que pour transporter son père vers la gare et pour aller l'y chercher, ce n'aurait pas été une utilisation originale. Si nous utilisons simplement les dossiers de santé électroniques pour remplacer les graphiques tracés sur papier, nous n'avançons pas vraiment. Nous améliorons peut-être un peu notre efficacité, mais nous ne profitons pas pleinement de tout le potentiel de la technique. C'est vraiment là où nous sommes maintenant rendus, c'est-à-dire trouver une utilisation à valeur ajoutée. C'est ce dont je voudrais parler un peu: ce que nous essayons d'accomplir.
L'Université McMaster a probablement une belle réputation d'innovatrice. Nous avons créé le dossier de santé électronique appelé OSCAR, il y a une douzaine d'années. OSCAR est maintenant l'un des dossiers électroniques les plus utilisés au pays. Environ 2 000 médecins de famille l'emploient, d'un bout à l'autre du pays, et environ 3 millions de Canadiens sont inscrits dans un dossier OSCAR et reçoivent des soins par son entremise. Cependant, il s'agit d'un dossier de santé électronique qui ne satisfait pas à tous les besoins de notre public canadien. Nous avons vraiment besoin d'outils intégrés au dossier de santé électronique qui facilitent et favorisent les soins. Avec la collaboration de nos collègues, OSCAR a connu un développement national. On l'utilise maintenant à McGill, au département de médecine familiale. On l'utilise aussi aux Universités Queen's, McMaster et à l'Université de la Colombie-Britannique.
Le produit approche maintenant le stade de la maturité, au point où nous commençons à voir apparaître de plus en plus d'applications et d'extensions. Par exemple, de plus en plus de patients souffrant de maladie chronique des reins, au Canada, ont besoin de dialyse rénale. La dialyse rénale, l'hémodialyse et la dialyse péritonéale sont considérées comme des traitements très agressifs et extrêmement coûteux. Nous savons que nous pouvons empêcher un nombre très élevé de patients de voir leur situation se détériorer au point de nécessiter la dialyse. La difficulté est de les reconnaître rapidement.
En partenariat avec la Fondation canadienne du rein et le Réseau rénal de l'Ontario, nous avons notamment commencé à mettre au point ce que nous pourrions appeler une application du dossier électronique de santé qui permet de reconnaître rapidement ces patients. Toute augmentation de la pression sanguine, l'origine ethnique du patient, le fait qu'il est Autochtone ou qu'il vient du sud de l'Asie ou tout début de détérioration de la fonction rénale ou du débit de filtration glomérulaire envoient un signal au clinicien pour l'informer qu'il s'agit d'un patient à mieux surveiller.
Par conséquent, nous commençons à constater l'évolution de la façon dont nous gérons le tout. Soyons francs: le document papier entraîne plusieurs problèmes. Si une mention figure à la fin du document, le clinicien n'aura aucun indice lui disant qu'il faut faire davantage attention à ce patient et peut-être intervenir sans tarder pour freiner la progression de la maladie.
Ce produit fait l'objet d'essais. Il est prêt à être utilisé. Je voudrais notamment vous signaler aujourd'hui qu'il s'agit d'une solution de sources ouvertes. Même si le tout est intégré à notre dossier de santé électronique, on pourra le verser également à tout autre dossier de santé électronique au Canada. Il sera donc possible de l'intégrer, et nous ne demandons rien en retour. Peu nous importe que nous devions assumer un coût.
Voici un autre exemple: la base de données BORN (Better Outcomes Registry and Network), pour la période périnatale. Lorsqu'une femme reçoit des soins prénataux d'un obstétricien, d'un médecin de famille ou d'une sage-femme, les données demeurent dans le dossier du professionnel de la santé et ne sont pas nécessairement communiquées aux autres intervenants. De concert avec l'Ontario et les responsables du programme de soins génésiques de la Colombie-Britannique — je m'excuse, mais on a changé l'appellation, et c'est dans mes notes d'allocution —, on vise les femmes recevant des soins prénataux et on verse les renseignements les concernant dans un registre, de sorte que, peu importe l'hôpital où elles se présenteront et peu importe le spécialiste qu'elles consulteront, on aura immédiatement accès à ces données. Les soins s'amélioreront, et on ne procédera pas deux fois au même examen.
Nous avons également collaboré avec les responsables de la base de données BORN pour verser des indices dans les dossiers à l'intention des cliniciens. Lorsqu'une patiente me consulte, il y a déjà un indice dans le dossier qui me dit qu'elle est enceinte de 34 semaines, qu'elle n'a pas subi tel examen et que sa grossesse est à risque en raison de son âge ou de son poids maternel. J'apprends également qu'il aurait fallu ou qu'il faudrait peut-être effectuer une analyse de glycémie. Essentiellement, toute la dynamique des soins périnataux est chamboulée parce que ces indices nous aident à déterminer les soins qu'il faudrait donner à ces patientes.
Nous avons également élaboré le programme MyDrugRef. En peu de mots, il s'agit d'un site de réseautage social, dont l'objectif consiste à améliorer la prestation des soins afin de cesser de mettre l'accent sur les interactions entre médicaments au profit des pratiques exemplaires. Comme médecin de famille travaillant seul, je ne peux pas nécessairement consulter d'autres spécialistes et intervenants. Je me retrouve donc avec une gamme de renseignements à portée de la main. Nous estimons que cela fera changer la façon dont nous prodiguons des soins au cours des prochaines années.
Nous avons également participé à l'élaboration d'un dossier de santé personnel. Pour l'instant, il porte le nom de MyOSCAR. En fait, ce dossier de santé personnel pourra être consulté par divers intervenants. Je voudrais établir une distinction entre un portail et un dossier de santé personnel. Un portail est une fenêtre dans le dossier de santé électronique du médecin. Nous cherchons à élaborer un dossier de santé personnel qui appartient au patient et qui comporte plusieurs aspects.
Nous offrons au patient la possibilité de prendre rendez-vous grâce à Internet. C'est ce que j'ai fait pour acheter mon billet d'avion pour me rendre ici aujourd'hui. Pourquoi ne serait-il pas possible de prendre rendez-vous avec son médecin grâce à Internet? Pourquoi faudrait-il attendre? Nous offrons maintenant ce service, et les patients peuvent ainsi prendre facilement rendez-vous.
Le médecin et son patient ont également accès à une messagerie protégée. Les patients peuvent m'envoyer un message par Internet. De cette façon je peux communiquer avec eux. Il ne s'agit pas d'utiliser le courriel, mais une messagerie protégée. Le patient peut communiquer avec une infirmière, une diététicienne, un travailleur social ou tout autre intervenant pertinent.
Il y a également le transfert de documents. Lorsque je consulte le dossier de mes patients en ligne, je reçois les résultats des examens de laboratoire, qu'il s'agisse du taux de cholestérol ou de sucre, notamment. J'obtiens les résultats électroniquement. Ceux-ci sont versés dans le dossier de santé électronique, mais sont également transmis au patient qui peut les consulter en ligne. Je peux également y ajouter mes commentaires et lui dire: « Bravo! continuez! » ou encore « Vous feriez mieux de venir me voir. Nous devons parler de votre programme d'exercices. »
On commence ainsi à mettre à contribution le patient par rapport aux soins qu'il reçoit, ce qui aurait probablement dû toujours être le cas. Grâce à Santé Canada ou à l'Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l'Ontario, nous avons collaboré avec l'Université York et NexJ pour élaborer une série d'applications mobiles afin que le patient puisse prendre en main sa santé et savoir les soins qu'il doit se prodiguer.
Je voudrais maintenant aborder la télémédecine...
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Je vous remercie de m'avoir invité.
De l'avis de TELUS, la technologie sera la pierre angulaire de la transformation des soins de santé. Nous estimons qu'il faut mettre à contribution tous les intervenants du domaine de la santé: médecins, autres professionnels de la santé et patients.
À titre d'entreprise, nous avons une responsabilité. Nous devons aider les professionnels de la santé. Nous insistons beaucoup sur les outils et les moyens que nous pouvons offrir. Nous nous demandons sans cesse s'il est opportun de mettre l'accent sur le mieux-être plutôt que sur la maladie.
Au Canada, les soins de santé sont un service. Il s'agit d'une industrie de service qui devrait utiliser la technologie comme le font les banques, les transporteurs aériens et les sociétés d'assurance pour que leurs clients profitent de ses avantages. Nous cherchons surtout à trouver des solutions pour structurer les renseignements, mettre en réseau les différents professionnels de la santé, garantir la sécurité de l'échange d'information et offrir des données plus pertinentes.
Pour mettre en réseau les professionnels de la santé, il a fallu surmonter un problème car c'est un domaine où l'on travaille énormément en vase clos. Nous devons relier tous les professionnels de la santé qui prodiguent des soins. Pour que les renseignements soient échangés de façon sécuritaire, il faut l'intervention d'une grande entreprise de télécommunication. Notre réseau large bande et celui sans fil permet l'échange massive d'information. Il faut cependant organiser cette information. Il faut élaborer des applications qui permettront aux professionnels de la santé d'utiliser les renseignements qui leur sont fournis. Enfin, pour que l'information soit plus pertinente, il faut qu'elle soit accessible aux professionnels de la santé et aux patients de manière à ce qu'ils puissent prendre les mesures qui s'imposent.
Nous avons les solutions pour assurer le continuum de soins. TELUS ne ménage aucun effort face à la plupart de ces défis, qu'il s'agisse de fournir des dossiers de santé électroniques ou des systèmes de renseignements cliniques dans les hôpitaux. Par exemple, nous mettons quelque 34 000 cliniciens à contribution dans notre recherche de solutions. Environ 3 500 médecins utilisent nos DSE.
D'autre part, il y a également les soins à domicile et l'autogestion de la santé. Après ma déclaration, je voudrais vous montrer une vidéo. Vous y verrez comment les Canadiens utilisent certaines de nos solutions. Nous mettons notamment l'accent sur la télésurveillance des patients. C'est à mi-chemin entre les soins primaires et l'autogestion de la santé...
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Nous avons notamment beaucoup mis l'accent sur la télésurveillance des patients. Vous trouverez dans la documentation que nous vous avons remise une étude des HEC, l'École des Hautes Études Commerciales, qui porte sur les avantages de la TSP et du recours aux cybersolutions.
La vidéo vous aurait montré un patient se servant d'un terminal chez lui. Ce patient est sorti de l'hôpital. Il a reçu un plan d'intervention qu'on lui demande de suivre. Nous avons fait une étude qui a porté sur les patients souffrant de maladie pulmonaire obstructive chronique. Selon l'étude des HEC, en offrant des terminaux et des plans d'intervention, nous réduisons le nombre d'admissions à l'urgence de 34 p. 100 et les coûts des hospitalisations de 66 p. 100. Vous pouvez consulter cette étude. Je crois qu'elle a été rédigée dans les deux langues officielles. C'est un exemple pertinent qui montre comment vous pouvez mettre le patient à contribution dans les soins qu'il reçoit et faire diminuer les coûts.
Dans la vidéo, nous pouvons observer également deux patients qui utilisent un dossier de santé personnelle.
Nous menons également un projet de concert avec l'Institut de recherche en santé Lawson dans le domaine de la santé mentale. Nous avons commencé par 200 patients qui souffrent d'une maladie mentale. Dans la plupart des cas, il s'agit de la schizophrénie. Nous avons remis à chacun un dossier de santé personnelle qui est configuré de telle sorte que le professionnel de la santé et le patient y ont accès. Le patient entre les symptômes qu'il a ressentis au cours de la journée et communique avec le médecin. On a remarqué que, souvent, les médecins ont signalé que cela facilite le traitement. Toutefois, parce que le patient peut entrer ses symptômes dans son dossier, nous constatons après deux ou trois semaines qu'on en sait davantage sur l'humeur du patient et ses problèmes qu'on n'en obtenait en six mois auparavant. Voilà un autre exemple de l'utilité du dossier de santé personnelle.
Voici un autre exemple qu'aurait montré la vidéo. Nous avons conclu un partenariat avec le Réseau universitaire de santé pour élaborer l'application « bant » que nous avons intégrée au dossier de santé personnelle. L'essai a porté sur de jeunes adolescents souffrant de diabète type 1. Nous avons constaté qu'en leur fournissant un dossier de santé personnelle, nous avons augmenté la fréquence des lectures qu'ils font quotidiennement, c'est-à-dire le nombre de fois qu'ils vérifient leur glycémie, et ce d'environ 100 p. 100, et leur niveau d'A1C a diminué au fil du temps. Vous pouvez également consulter cette étude.
Nous mettrons beaucoup l'accent sur la collaboration. Lorsque nous examinons le système de soins de santé, nous nous rendons compte que l'un des principaux éléments est la façon dont les différents intervenants communiquent et échangent les renseignements. Nous nous demandons comment accroître la collaboration entre ces différents intervenants.
Nous avons fourni les dossiers de santé personnelle et le portail des patients. Dans le dernier cas, le patient peut se rendre dans différentes pharmacies et apposer sa signature dans un portail pour obtenir le renouvellement d'une ordonnance, exercer une surveillance des médicaments qu'il prend et mettre en place des rappels pour la prise de ceux-ci. On a mis le tout en branle dans deux petites chaînes de pharmacies régionales au Québec, et nous sommes rendus à des centaines de milliers de personnes qui ont accès à cet outil. Nous avons permis le renouvellement de 1,3 million d'ordonnances, et ce avec seulement deux chaînes de pharmacies.
L'un des messages que je voudrais lancer au comité, c'est que non seulement nous avons mis en réseau les différents intervenants dans le système de santé, mais nous avons également permis aux patients de jouer un rôle plus actif. Les fois que nous leur avons offert des solutions permettant de jouer un rôle plus actif, les patients se sont montrés enthousiastes, parce qu'ils prennent les choses en main dans tous les autres aspects de leur vie.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie également nos témoins qui sont présents parmi nous ainsi que M. Lear, qui a comparu par vidéoconférence, loin de chez lui.
Je dois dire que nous en apprenons beaucoup sur les nouvelles percées dans ce domaine. C'est fascinant, mais je me rends compte que c'est de plus en plus frustrant. On nous raconte des choses inouïes et, dans l'ensemble du pays, divers projets innovants sont mis en oeuvre. Je me demande de plus en plus si l'on poursuit un objectif national dans tout ce que nous entreprenons à ce chapitre. La Loi canadienne sur la santé expose cinq principes, dont l'universalité. J'espère que nous tiendrons compte de l'universalité dans notre étude. Comment nous y prendrons-nous pour porter à l'échelle nationale ce qui semble être prometteur? C'est, à mon avis, la cause de la frustration. C'est un problème.
Je vous raconte une expérience toute simple que j'ai vécue ici à Ottawa. J'ai dû me rendre dans une salle d'urgence, celle de l'avenue Carling. Le médecin m'a dit: « Voici mon adresse de courriel. Si vous avez d'autres questions, écrivez-moi. » J'étais estomaquée. C'est la première fois qu'un professionnel de la santé me disait cela. Et j'ai envoyé un message au médecin. Il m'a répondu en moins de 20 minutes. Je ne suis pas retournée le consulter. Ce fut tellement simple. Nous avons tous un courriel, mais c'était la première fois qu'on me demandait de m'en servir au sein du système de santé. C'est ce qui m'a estomaquée.
Monsieur Lear, après avoir entendu vos propos sur l'alliance en Colombie-Britannique, je crois que j'ai une question à poser à vous et au Dr Price. Comment pouvons-nous réagir à une telle situation sur le plan national? Comment pouvons-nous nous inspirer de votre modèle pour nous en servir après modification? Ce n'est pas nécessairement une solution universelle. Nous voulons que l'innovation se fasse au niveau local. C'est là que se trouve la créativité. Comment pouvons-nous assurer que cela sera offert à l'ensemble du pays?
Je voudrais savoir si, en Colombie-Britannique, vous avez eu recours au ministère de la Santé ou si vous avez dû consulter chaque régie de la santé pour la convaincre d'adopter les différents projets dont vous avez parlé. C'est là que réside le problème, me semble-t-il. Comment allons-nous appliquer tout cela à l'ensemble du pays pour que tous puissent en profiter?
Je sais que ce n'est pas une question facile. Qu'il s'agisse du secteur privé... C'est principalement le secteur public qui m'intéresse, mais si vous souhaitez répondre à cette question, je vous en serais très reconnaissante.
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C'est une excellente question. J'ai personnellement fait face à un certains des obstacles que vous avez mentionnés.
Je suis dans le domaine de la recherche, alors la plupart des projets auxquels je travaille ont été financés par les IRSC, et d'autres par la Fondation Michael Smith, la fondation de recherche en santé de la C.-B.
Les IRSC ont favorisé le processus en exigeant que les décideurs participent aux demandes que les chercheurs présentent. Alors, nous présentons des demandes comme chercheurs, et les décideurs doivent aussi avoir leur mot à dire.
Mes travaux sont, en quelque sorte, partis de zéro. Oui, j'ai dû, au fond, faire des courbettes devant les responsables de diverses autorités sanitaires. Ce sont eux qui offrent les soins de santé. J'ai surtout fait du bouche à oreille, pour faire boule de neige. Ce n'est probablement pas le type de réponse précise que nous voulons pour quelque chose de ce type, mais lorsqu'une autorité sanitaire est mise à contribution et que nous avons des relations avec d'autres organismes semblables, c'est comme cela que les projets s'étendent vers l'extérieur.
C'est la même chose lorsque nous recrutons ou embauchons des médecins de famille. Une fois que nous en avons un certain nombre, les autres emboîtent le pas. C'est ce que M. Price a mentionné concernant les personnes qui sont les premières à adopter une technologie, ceux qui attendent un peu, etc.
Nous avons passé beaucoup de temps à l'échelle locale à parler en tête-à-tête avec des particuliers [Note de la rédaction: difficultés techniques]... courriels et c'est ainsi que cela a fonctionné. Le projet a commencé à prendre de l'élan à partir de ce moment-là.
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J'estime que si l'on veut faire quelque chose, deux secteurs s'imposent, et j'ai des commentaires à formuler concernant la notion de norme.
Selon moi, nous devons continuer à nous attacher à la réforme des soins de base au Canada. Nous en sommes à une pénétration de 40 p. 100, ou 39 p. 100 selon les chiffres, de DME parmi les cliniciens qui les utilisent. Bien des pays se situent à 90 p. 100 ou presque, alors nous avons un écart énorme à combler pour ce qui est de transmettre des renseignements par voie électronique et de veiller à ce qu'ils puissent être consultés.
Je pense à la réforme des soins de santé de base... Notre détermination à faire en sorte que les médecins utilisent les DME servira de moteur aux autres programmes que nous essayons de mettre en place au plan de la gestion des maladies chroniques, de la gestion des médicaments, etc.
Mon second commentaire est que les Canadiens ont passé la majeure partie des années 2000 à 2010 à se concentrer sur les normes. De mon point de vue, nous devons nous concentrer sur les objectifs que nous voulons atteindre en matière de santé. Ne misons pas sur l'atteinte d'une certaine norme; misons plutôt sur certaines utilisations efficaces. Alors misons sur les résultats. Laissons au marché le soin de définir, honnêtement, la notion de norme. Nous avons passé tellement de temps, presqu'une décennie, à nous concentrer sur un plan détaillé et des normes, et nous n'avons pas avancé.
L'une des choses que nous devons faire... Je dirais que le dernier financement versé par Inforoute était plutôt destiné à réaliser des projets et des innovations et à trouver des solutions pour le marché. Par exemple, notre projet Lawson avec l'Institut de recherche en santé Lawson a été partiellement financé par Inforoute Santé du Canada, mais il ne l'a pas été pour répondre à une certain norme; il l'a été pour donner un certain résultat.
De notre point de vue, nous devons réaffecter notre financement vers les résultats plutôt que les normes. Les États-Unis font actuellement du très bon travail à cet égard.
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Merci beaucoup pour ce commentaire. Il me paraît très sensé.
Je voulais aussi m'adresser à M. Lear.
Vous avez probablement entendu parler d'un médecin en Californie, ou peut-être pas. Je crois qu'il s'appelle Eric Topol. Il travaille beaucoup dans le domaine des maladies cardiaques, de l'autonomie en matière de santé, et des applications et téléphones portables.
Nous avons devant nous des témoins qui nous parlent des choses merveilleuses que l'on pourrait faire avec ces applications, et du travail que vous faites pour les collectivités éloignées, des choses dans cette veine.
Nous voyons qu'il y a des applications qui pourraient être utilisées avec les diabétiques pour leur permettre de placer une sonde sur leur peau et de lire leur taux de glycémie. Nous voyons où il est possible de faire un ECG qui était à 12 dérivations lorsque j'étais aux études; maintenant, il suffit de deux doigts et c'est fait. Vous pouvez faire ces choses à bon marché avec une application de 199 $ dans les collectivités éloignées, alors la technologie existe.
Je voulais vous poser la même question. Je sais que vous avez reçu du financement fédéral, des subventions des IRSC, des choses du genre, mais qu'en pensez-vous? Maintenant que vous avez le modèle, avez-vous des problèmes avec le gouvernement de la Colombie-Britannique? Est-il disposé à vous appuyer et à financer ces choses dans le cadre de vos initiatives?
Il semble que le gouvernement fédéral peut assumer la responsabilité côté recherche, mais pour que ce projet soit vraiment mis en oeuvre, nous devons avoir l'appui des provinces, et il semble y avoir un réel blocage à cet égard. Quels sont, selon vous, les obstacles?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Ma première question s'adresse au Dr Price.
Mon collègue Colin Carrie a posé une très bonne question sur la standardisation des dossiers médicaux électroniques. Au début, vous n'y avez pas répondu comme je l'aurais souhaité, mais au fil des questions qui vous ont été posées, vous avez développé votre pensée à ce sujet. Vous avez dit vouloir que le gouvernement fédéral se penche sur la façon dont les données sont entrées dans ces logiciels.
Pour ce qui est des logiciels comme OSCAR et MyHealth, qui sont développés au Canada, je pense qu'il est sain que chaque compagnie puisse se tailler une place sur le marché. Tous ces logiciels peuvent exporter des données, mais le problème est qu'ils ne sont pas compatibles les uns avec les autres.
Dans ma circonscription, y a plusieurs années, lorsqu'on commençait à élaborer les systèmes de dossiers électroniques, je travaillais dans une clinique qui voulait mettre en oeuvre un système de ce genre. Comme l'acquisition d'un logiciel nécessite un gros investissement financier pour les cliniques privées, celles-ci veulent en avoir pour leur argent. Elles veulent pouvoir lire les données de leurs patients et de ceux qui leur ont été référés. Le problème est que les données, même si elles sont exportables, ne sont pas compatibles.
Vous avez mentionné
[Traduction]
que le gouvernement fédéral devrait examiner la façon dont on entre les données.
[Français]
Comme vous connaissez plus que moi la question des dossiers électroniques, j'aimerais savoir si vous avez une idée de la façon dont le gouvernement fédéral pourrait contribuer à rendre les données des logiciels compatibles entre elles.