Nous menons une étude sur la promotion de la santé et la prévention des maladies. Je veux souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Nous recevons aujourd'hui Mme Kelly Murumets, présidente et chef de direction de ParticipACTION. Bienvenue, madame Murumets.
Nous recevons M. Scott Haldane, président et directeur général de YMCA Canada. Bienvenue, monsieur Haldane.
Nous recevons aussi le docteur Patrick Morency, de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. Je vous souhaite la bienvenue, docteur Morency.
D'Éducation physique et Santé Canada, nous accueillons Mme Andrea Grantham, directrice exécutive et présidente directrice générale, ainsi que M. Chris Jones, représentant chef sénior du groupe Le sport est important. Et il est certain que le sport, c'est important. Nous sommes heureux de vous recevoir.
Nous allons commencer par les déclarations préliminaires. Vous avez 10 minutes par déclaration et par la suite, nous passerons à la période des questions.
Commençons avec Mme Murumets.
Bonjour. Je suis honorée d'être ici et je vous remercie beaucoup de l'invitation; je tiens également à vous remercier au nom de ParticipACTION.
Pendant les 10 prochaines minutes, j'aimerais vous parler un petit peu de ParticipACTION et de la raison pour laquelle nous sommes de retour. Nous avons connu une deuxième vie en 2007, alors j'aimerais vous dire pourquoi nous sommes de retour, ce que nous avons fait pendant les quatre années et demie qui se sont écoulées depuis, et les résultats que nous avons obtenus.
ParticipACTION est une organisation nationale sans but lucratif qui se consacre exclusivement à inciter et à aider les gens à mener une vie active et à faire du sport. Nous avons vu le jour en 1971 et nous avons fait oeuvre de pionnier en marketing social; nous avons été reconnus internationalement pour nos communications dynamiques faisant la promotion de l'activité physique. Des données indiscutables montrent que les niveaux d'activité physique ont augmenté au cours de la période allant de 1971 à 2007, soit pendant que ParticipACTION était en activité et que l'organisme faisait la promotion de l'activité physique.
À la fin des années 1990, le financement de base de ce secteur a commencé à diminuer. Sans soutien financier pour continuer ses campagnes, ParticipACTION a fermé ses portes en 2001. Grâce au soutien généreux de Sport Canada et de l'Agence de santé publique du Canada, nous avons repris du service en 2007 pour devenir le porte-parole national de l'activité physique et du sport au Canada. Notre vision consiste à amener les Canadiens à devenir la population la plus active physiquement sur la terre. Voilà notre vision, et j'y tiens.
Nous étions une organisation canadienne phare et nous le demeurons. Parmi les personnes de 35 à 54 ans, 88 p. 100 connaissent l'image de marque de ParticipACTION, tandis que 80 p. 100 de tous les Canadiens savent qui nous sommes. Je viens du secteur privé, et je suis passé au secteur caritatif parce que je voulais changer le monde; à l'époque, j'aurais tout donné pour obtenir de telles statistiques à l'égard d'une image de marque.
ParticipACTION est la force galvanisatrice qui incite les Canadiens à bouger davantage. À titre de catalyseurs pour l'action, nous créons un véritable changement grâce à la communication, au renforcement des capacités et à la communication d'informations. ParticipACTION fait la promotion d'une vie active dans divers médias afin de sensibiliser les gens, de les éduquer et de les inspirer — un mot cher à nos oreilles — pour qu'ils changent de comportement.
En outre, ParticipACTION travaille avec ses partenaires pour coordonner les communications et faire en sorte que les messages soient cohérents et uniformes — ce qui est très important au Canada — dans l'ensemble du secteur. Se voulant une source d'inspiration, ParticipACTION cherche à amener les Canadiens à être plus actifs physiquement et à inciter la société à faciliter ce changement.
Pour renforcer les capacités des Canadiens, il est important de mettre en place des programmes pour appuyer les gens. ParticipACTION aide les Canadiens à se doter des moyens nécessaires pour devenir plus actifs en générant des investissements et en profitant des investissements existants dans ce secteur. Dans le cadre du piller appelé « Échange des connaissances », ParticipACTION tient les Canadiens et ses partenaires informés par la collecte, la traduction et la dissémination de l'information, des données et de la recherche les plus pertinentes sur les activités et la participation aux sports.
De plus, nous croyons fermement dans l'évaluation des résultats. Nous mesurons tout ce que nous faisons avant, pendant et après, et l'évaluation des résultats fait également partie de ce piller sur l'échange des connaissance. Peu importe vos souvenirs de ParticipACTION, qu'il s'agisse du Suédois de 60 ans, des suspensions bras fléchis ou de Hal et Joanne — la plupart auront des souvenirs chers, alors c'est merveilleux que nous soyons de retour.
Par contre, les raisons pour lesquelles nous sommes de retour ne sont pas si merveilleuses. J'aimerais vous donner quelques statistiques, parce que je crois fermement que nous avons une crise d'inactivité au Canada. Si nous ne faisons rien, cela aura des répercussions destructives sur notre santé, notre économie et notre société en général.
Plus de la moitié de tous les Canadiens ne sont pas aussi actifs qu'ils devraient l'être. Les enfants qui sont actifs sont plus intelligents, plus heureux et ils ont une meilleure estime de soi et une meilleure santé mentale. Ils travaillent mieux en équipe. Ils sont moins susceptibles d'intimider les autres et de s'adonner à des comportements négatifs. Ils mangent mieux et de façon plus saine, et sont moins susceptibles de fumer ou de participer à des activités sexuelles précoces. Toutefois, selon une étude récente sur la santé au Canada, seulement 7 p. 100 des enfants respectent les lignes directrices quotidiennes en matière d'activité physique, qui ne préconisent que 60 minutes d'activité physique par jour. Seulement 9 p. 100 des garçons atteignent cet objectif, contre 4 p. 100 des filles, et c'est désastreux.
Les jeunes Canadiens de 15 à 18 ans sont moins nombreux à pratiquer des sports. Les niveaux de participation à des activités sportives ont chuté de 18 p. 100 depuis 1992. Parallèlement, les maladies chroniques ont augmenté. Certaines maladies que l'on croyait autrefois uniquement liées aux adultes plus âgés comme l'hypertension, les maladies cardiaques et le diabète de type 2 se retrouvent maintenant chez les jeunes.
Le lien entre l'activité physique et la santé est certain: moins nous bougeons, plus nous risquons de tomber malades et de réduire notre espérance de vie. En fait, le manque d'activité physique est la quatrième cause de mortalité résultant de maladies chroniques, ce qui se traduit par plus de 3 millions de morts évitables annuellement à l'échelle du monde.
Si vous pensez que c'est attristant, laissez-moi vous parler du coût de l'inactivité. Dans un rapport récent intitulé Obésité au Canada, et préparé par l'ASPC et l'Institut canadien d'information sur la santé, il est confirmé que le manque d'activité physique est le plus important prédicteur de l'obésité. Au cours des 30 dernières années, le pourcentage d'adultes obèses a doublé, tandis que la prévalence de l'obésité chez les enfants a triplé. L'obésité occasionne, pour l'économie canadienne, des coûts directs en soins de santé s'élevant entre 4,6 milliards et 7,1 milliards de dollars par année ainsi que des coûts indirects, comme la perte de productivité dans le marché du travail.
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Oui. Ça m'est arrivé l'an dernier également, et pour moi, je parle lentement.
Des voix: Oh, oh!
Mme Kelly Murumets: L'inactivité physique se traduit par des coûts sociaux considérables sous la forme d'une augmentation des séjours à l'hôpital et d'une augmentation des visites chez le médecin et du recours à des services infirmiers.
Certaines de ces statistiques vont vous surprendre.
Comparativement à une personne active, une personne inactive passera 38 p. 100 plus de temps à l'hôpital, fera 5,5 p. 100 plus de visites à son médecin de famille, aura recours aux services de spécialistes dans une proportion supérieure de 13 p. 100 et aura 12 p. 100 plus de visites d'infirmiers ou d'infirmières. Annuellement, le recours accru aux soins de santé lié à l'inactivité physique se traduit approximativement par 2,37 millions de visites chez les médecins de famille, 1,33 million de visites chez d'autres médecins, à 470 000 visites d'infirmiers ou d'infirmières et à 1,42 million de séjours à l'hôpital.
Vingt-cinq maladies chroniques sont directement liées au manque d'activité physique. Nous savons que l'inactivité physique peut accroître le risque de maladies coronariennes, d'accidents vasculaires cérébraux, d'hypertension, de cancer du sein, de cancer du colon, de diabète de type 2 et d'ostéoporose.
Selon un rapport de 2010 du Conference Board du Canada, nous pourrions économiser 76 milliards au cours des 10 prochaines années en réduisant les 5 principaux facteurs de risque des maladies du coeur: le tabagisme, le manque d'activité physique, l'obésité, l'hypertension et l'absence de fruits et de légumes dans notre alimentation quotidienne. L'inactivité physique est liée à trois de ces facteurs sur cinq.
Comme vous le savez, les coûts des soins de santé accaparent une plus grande partie des budgets provinciaux, et nous savons qu'ici en Ontario, si nous poursuivons cette trajectoire, au cours des 11 à 12 prochaines années les soins de santé représenteront plus de 70 p. 100 du budget provincial. Il est clair qu'il devient socialement et économiquement impératif de résoudre la crise de l'inactivité.
Pour ce qui est de résoudre cette crise, nous manquons à nos obligations envers nos enfants et les jeunes à l'heure actuelle. Ce qui est tragique — je vais utiliser ce mot mais je vais parler également de possibilités —, c'est que nous nous retrouvons avec des maladies et des résultats négatifs qui sont véritablement évitables. Nous avons le pouvoir de changer les choses. Comme je l'ai dit, j'ai quitté le secteur privé pour entrer au service du secteur sans but lucratif parce que j'aimerais changer le monde. C'est possible. Nous pouvons changer le monde si nous mettons l'accent là-dessus.
En 2011, la Charte de Toronto pour l'activité physique a été établie, à la suite de consultations à l'échelle du monde, et dans cette Charte de Toronto, le Global Advocacy for Physical Activity Council a énuméré les 10 meilleurs investissements en matière d'activité physique. Et trois d'entre eux font partie des éléments sur lesquels ParticipACTION met l'accent.
Premièrement, dans ses campagnes de communication et de marketing social, ParticipACTION fait appel aux médias de masse pour sensibiliser les gens et changer les normes sociales en matière d'activité physique. Des études indiquent que des campagne de communication dans les médias de masse peuvent sensibiliser les gens sur les problèmes de l'inactivité physique et apporter des changements de comportement à long terme.
Dans nos campagnes de marketing social, nous mesurons bel et bien toutes les données avant et après. Nous savons que notre campagne la plus récente a influé sur le comportement de plus de 50 p. 100 de la population.
Dans ses initiatives de renforcement des capacités et ses partenariats avec des organisations faisant la promotion de l'activité physique, des sports et des activités récréatives, ParticipACTION appuie des programmes communautaires qui mobilisent les gens et font appel à l'engagement et aux ressources des communautés.
Finalement, ParticipACTION apporte une valeur au secteur des sports et de l'activité physique en aidant les organisations à mener à bien leurs mandats au moyen des initiatives de développement et de coordination. En voici trois exemples.
La Journée du sport au Canada. L'an dernier, nous avons tenu notre première journée du sport au Canada. C'était un évènement national. Cette activité a pour objet de célébrer le sport amateur au Canada et d'accroître la participation aux sports. En 2010, nous avons présenté 35 sports différents; un millier d'organisations ont participé et nous étions présents dans chaque province et territoire. En tout, 1,3 million de Canadiens ont participé et nous avons obtenu plus de 60 millions de mentions dans les médias.
Les résultats de notre enquête confirment que cette initiative s'est traduite par une augmentation de 26,5 p. 100 des inscriptions et de la participation aux programmes sportifs; une augmentation de 46 p. 100 pour ce qui est de la connaissance des organisations et des programmes sportifs; et une augmentation de 23 p. 100 de l'attention des médias pour les activités locales.
Il y a également Sogo Active, une initiative destinée aux jeunes et menée par les jeunes pour les rendre plus actifs, puisque seulement 7 p. 100 des jeunes atteignent les objectifs quotidiens d'activité physique et que les statistiques sont encore moins reluisantes pour les adolescents. Sogo Active a permis d'accroître les niveaux d'activité physique chez les adolescents de 30 minutes en moyenne par jour.
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Madame la présidente et mesdames et messieurs, les membres du comité, je m'appelle Scott Haldane et je suis le président-directeur général de YMCA Canada.
[Français]
Au nom du YMCA et des 53 associations membres au Canada, nous vous remercions de nous donner l'occasion de nous exprimer au sujet des priorités dans le secteur de la promotion de la santé et de la prévention de la maladie.
[Traduction]
Le YMCA travaille depuis plus de 160 ans en première ligne pour faire la promotion de la santé et pour prévenir l'apparition des maladies chez les Canadiens de tous les âges. Nous comptons maintenant plus de 2,13 millions de membres, et en 2012, nous aurons en tout 120 centres de santé, d'activité physique et de loisirs dans notre réseau.
[Français]
Le YMCA est l'organisme sans but lucratif le plus important au pays en matière de services à l'enfance. Il est un prestataire important de programmes après l'école, de camps d'été, d'échanges de jeunes et de programmes de leadership jeunesse. Nous offrons une vaste gamme de programmes de formation de l'employabilité pour tous les âges. Nous offrons aussi des services aux nouveaux arrivants et beaucoup d'autres services sociaux dans nos collectivités.
[Traduction]
Notre association a à coeur de renforcer les fondations de nos collectivités, de veiller à l'épanouissement du potentiel de nos enfants, de nos adolescents et de nos jeunes adultes, de promouvoir des modes de vie sains, de favoriser le sentiment de responsabilité sociale et d'apporter des changements sociaux et personnels durables.
[Français]
Le YMCA met tout en oeuvre pour trouver des solutions à ces enjeux à l'échelle nationale et internationale.
[Traduction]
En mars 2011, nous avons été l'hôte du lancement de l'initiative du gouvernement fédéral sur les poids santé intitulée « Notre santé, notre avenir: Dialogue national sur le poids santé. » Cette année, j'ai eu le privilège de présider le panel national sur l'éducation primaire et secondaire des Premières nations dans les réserves. Nous venons tout juste de terminer notre processus d'engagement, et nous sommes en train de rédiger notre rapport final pour le et pour le chef national Shawn Atleo.
Ida Thomas, la vice-présidente pour les enfants, les adolescents et les jeunes adultes au YMCA, agit à titre de présidente de l'Alliance pour la prévention des maladies chroniques. Cette année, elle a représenté l'alliance au sommet des Nations Unies sur les maladies non transmissibles avec la .
[Français]
Récemment, nous avons organisé une série d'ateliers pour l'Association des infirmières et infirmiers du Canada sur l'avenir des soins de santé au pays. Nous avons participé à l'assemblée générale annuelle de l'Association médicale canadienne. Nous avons d'ailleurs été cités dans son supplément sur les déterminants de la santé paru dans The Globe and Mail récemment.
[Traduction]
Grâce à la recherche et à la pratique, nous savons que les principaux déterminants de la santé pour lesquels nous devons travailler ensemble au Canada sont les suivants : l'éducation, l'emploi, le développement des enfants en santé, les niveaux de revenu, l'hygiène de vie, l'environnement social et les réseaux de soutien sociaux. Les déterminants de la santé interagissent de façon complexe, et c'est un fait que les politiques d'intervention oublient souvent.
[Français]
À la lumière des études sur les déterminants de la santé d'ordre économique et social, nous sommes de plus en plus préoccupés par les récentes tendances qui touchent la santé de la population canadienne et dont les conséquences économiques et sociales représentent un prix à payer important pour le Canada et ses citoyens. Les maladies chroniques constituent un lourd fardeau. Elles coûtent près de 93 milliards de dollars chaque année à l'économie canadienne.
[Traduction]
Les taux d'obésité chez les enfants ont presque quadruplé au cours des trois dernières décennies. Et l'une des raisons tient à ce que les enfants et les adolescents ne consacrent que 14 minutes après l'école aux activités physiques, selon de récentes données de Statistique Canada.
Le nombre d'enfants souffrant de maladies chroniques est presque quatre fois plus élevé qu'il était il y a une génération. On peut donc s'attendre à ce qu'il y ait une multitude de jeunes adultes qui soient atteints de maladies chroniques liées au poids, comme le diabète et les maladies du coeur. Or, l'Organisation mondiale de la santé signale que 90 p. 100 des diabètes de type 2, 80 p. 100 des maladies coronariennes et un tiers des cancers peuvent être évités si les gens ont une saine alimentation, font de l'exercice à intervalle régulier et s'abstiennent de fumer.
Les populations vulnérables — et c'est là où entrent en jeu les déterminants de la santé — sont encore plus à risque. L'Association ontarienne des banques alimentaires a établi que les coûts liés aux soins de santé en raison de la pauvreté s'établissent à 2,9 milliards de dollars uniquement pour cette province.
Les lacunes dans les niveaux d'instruction des jeunes des Premières Nations — et c'est quelque chose que j'ai appris lorsque j'ai présidé le panel national — perpétuent un cycle de pauvreté et de maladies ainsi que d'autres problèmes sociaux dans ces collectivités, qui ont des répercussions multiples sur les familles et la société. Il a été estimé que de réduire cet écart pourrait ajouter 179 milliards de dollars sur 25 ans au PIB du Canada.
Du point de vue économique et du point de vue de l'emploi, les faillites personnelles augmentent et le taux de chômage y compris chez les jeunes augmente également. Nous risquons de voir toute une génération de jeunes gens qui devront faire face au sous-emploi et aux conséquences à long terme pour la santé que cela implique.
Les Canadiens vivent plus longtemps mais pas mieux. Même si l'espérance de vie s'est accrue constamment, le nombre d'années vécues en bonne santé a connu une crête en 1996 et un déclin chaque année depuis cette année-là.
Certaines de ces statistiques peuvent sembler surprenantes, mais lorsqu'on les examine du point de vue des déterminants sociaux de la santé, on constate qu'ils ont des répercussions considérables sur la santé.
TD Economics prévient qu'à moins de changements draconiens dans notre approche, les soins de santé représenteront 80 p. 100 de l'ensemble des dépenses de programmes à l'échelle provinciale d'ici 2030.
[Français]
Les gouvernements ont un rôle capital à jouer en matière de santé.
Ils doivent proposer de nouvelles solutions et rendre celles qui existent encore plus accessibles et plus abordables. Ils doivent assumer un leadership pour s'assurer que les politiques de promotion de la santé et de la prévention de la maladie tiennent compte des principaux déterminants de la santé, des déterminants qui sont interreliés. Ils doivent aussi définir des cibles et évaluer les retombées de leurs actions sur la santé.
[Traduction]
Je veux être sûr de pouvoir vous présenter mes recommandations, je vais donc sauter quelques pages; vous trouverez tout dans le document.
Notre première recommandation concerne une stratégie visant la petite enfance. Un nombre considérable de recherches montrent qu'il existe un lien entre les investissements faits pendant la petite enfance et les déterminants de la santé plus tard dans la vie, surtout en ce qui a trait à l'amélioration des résultats d'apprentissage et à l'intérêt pour l'école. Par exemple, les associations du YMCA d'un bout à l'autre du pays collaborent avec le docteur Paul Kershaw du College for Interdisciplinary Studies dans le cadre du Human Early Learning Partnership de l'Université de la Colombie-Britannique, qui est la plaque tournante des connaissances générales sur les déterminants sociaux du développement de la petite enfance.
Étant donné que les provinces éprouvent des difficultés dans ce secteur, il est absolument nécessaire que le gouvernement fédéral renouvelle son leadership; nous recommandons donc que le gouvernement fédéral entame immédiatement des discussions avec ses partenaires provinciaux et territoriaux sur des stratégies de développement de la petite enfance au Canada avant le renouvellement du prochain accord sur la santé.
Nous recommandons également que Santé Canada songe à étendre le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones, offert actuellement à seulement 20 p. 100 des collectivités des Premières nations. Cette mesure pourrait beaucoup aider ces enfants à apprendre lorsqu'ils arrivent à l'école et elle serait un investissement important dans la santé des Premières nations.
Deuxièmement, nous recommandons de mieux soutenir les initiatives de prévention en santé. Dans le mémoire que nous avons déposé lors des consultations prébudgétaires de 2011, nous avons demandé au gouvernement de faire du crédit d'impôt pour la condition physique des enfants un crédit d'impôt remboursable et de mettre sur pied une stratégie multisectorielle pour informer les gens de l'existence de ce crédit et de ses bienfaits. Cette politique faisait partie de la plateforme conservatrice « Ici pour le Canada », ainsi que le doublement du montant du crédit devant le faire passer à 1 000 $ pour les activités admissibles. La plateforme comprenait également la création d'un crédit d'impôt pour la condition physique des adultes permettant de réclamer des frais d'inscription pour adultes à hauteur de 500 $, qui devait être adopté une fois le budget équilibré en 2015, si tout va bien.
Les avantages qu'il y a à inciter les gens de tous les âges à s'adonner à des activités physiques sont clairs. Nous savons que le prolongement du programme pour les adultes se traduira par une amélioration de leur santé personnelle tout en réduisant les coûts des soins de santé au Canada. Nous recommandons donc que le gouvernement fédéral accélère la mise en oeuvre du crédit d'impôt fédéral pour les adultes afin de réaliser des gains rapidement par l'amélioration de la santé des gens.
La troisième recommandation vise à améliorer les résultats de santé pour les populations vulnérables; cette recommandation est encore une fois très fortement soutenue par les déterminants de la santé. Nous savons que certains groupes d'enfants sont encore plus à risque que d'autres lorsqu'il s'agit de l'ensemble des déterminants de la santé, et parmi eux, il faut citer les enfants des familles à faible revenu, des populations de nouveaux arrivants, des Premières nations et d'autres collectivités autochtones, comme on a pu si bien le voir dans les médias récemment.
Je suppose que je devrais passer aux recommandations.
Nous sommes honorés d'avoir été invités par votre comité.
Je représente la direction de santé publique de Montréal. Je suis ici pour vous parler du système de transport et de notre travail en santé publique pour améliorer le système de transport, faciliter la marche, le vélo, l'activité physique et, aussi, réduire le nombre de blessés de la route.
Notre équipe est formée d'une vingtaine de professionnels, médecins, médecins spécialistes, géographes et urbanistes. Nous travaillons aussi avec des ingénieurs civils. Nous travaillons sur les problématiques de l'environnement bâti et de la santé.
Nous effectuons de la recherche avec les milieux universitaires. Nous faisons aussi des interventions et de l'action communautaire. On soutient donc toutes les interventions qui visent à diminuer les problèmes de santé associés à l'environnement bâti, par exemple les logements insalubres, la pauvre qualité de l'air extérieur, le manque d'activités physiques et les blessés de la route.
Aujourd'hui, on vient vous livrer deux messages. Notre présentation sera très brève. Les deux messages portent sur le système de transport au Canada, dans les villes canadiennes plus particulièrement.
Beaucoup de problèmes de santé sont associés au système de transport et à la mobilité. L'inactivité physique en est un. Les blessés de la route en sont un autre. Tout d'abord, si on veut faciliter la marche, le vélo et l'activité physique, il faut aménager des environnements plus sécuritaires.
Cela a l'air simple, mais, dans toutes les villes du Canada, les piétons et les cyclistes sont exposés à des volumes de trafic d'automobiles et de camions importants. Le nombre de blessés est effarant. C'est encore la première cause de décès chez les jeunes de 1 à 35 ans, au Canada et aux États-Unis.
Vous aurez de nombreux autres documents par courriel plus tard, mais j'ai joint, dans le petit document, la carte de l'Île de Montréal. Seulement sur l'Île de Montréal, 1 000 piétons, dont 300 enfants, sont frappés chaque année et ont besoin d'une ambulance. La première raison que les gens mentionnent pour ne pas marcher dans les villes canadiennes est la sécurité.
Vous aurez les graphiques, mais il est certain que la sécurité varie avec le volume de trafic. C'est évident. Plus il y a de trafic à une intersection, plus il y a de blessés. Plus il y a de piétons blessés, plus il y a d'automobilistes blessés. Plus il y a de jeunes blessés, plus il y a de personnes âgées blessées.
Cela se produit particulièrement sur les grandes artères. On observe ce problème à Edmonton, à Vancouver, à Toronto et à Montréal. Bref, on l'observe dans toutes les grandes villes et les villes de taille moyenne, ou plus petite, au Canada. Les artères et les routes où passe beaucoup de trafic sont aménagées principalement pour la circulation automobile et ne laissent pas souvent le temps ou la place suffisants aux piétons pour traverser ou aux cyclistes pour circuler. Notre premier message est donc qu'il faut aménager des environnements sécuritaires.
Le deuxième message est aussi simple, mais il est quand même un peu radical. On a besoin d'un changement de paradigme dans la planification du système de transport. Premièrement, il faut cesser d'accroître le problème et cesser d'accroître la capacité routière. Il faut cesser de développer le réseau routier pour donner la priorité au transport collectif. Les gens qui utilisent le transport collectif marchent et, souvent, suffisamment pour suivre les recommandations canadiennes en matière d'activité physique.
Il faut intégrer la planification des transports à l'aménagement du territoire. À l'échelle des régions métropolitaines, il faut revoir le système de transport ou, en tous les cas, cesser de développer le réseau routier.
Toutefois, à l'échelle des quartiers, il faut développer et faire de l'apaisement de circulation. Il faut faire des saillies de trottoirs, des médianes et des refuges. À l'échelle des quartiers, il faut donc protéger les gens qui circulent et qui vivent dans nos villes au Canada.
La troisième mesure vise spécifiquement les piétons et les cyclistes. Il faut aménager des passages pour piétons plus sécuritaires qui incitent les automobilistes à ralentir et à arrêter, qui diminuent l'exposition des piétons à la circulation automobile afin qu'elle soit la plus courte possible et il faut aménager un réseau de pistes cyclables, en sites propres, qui permet aux cyclistes de se déplacer dans les villes.
Le Canada, avec les États-Unis, est l'un des endroits dans le monde où l'on marche le moins. Si l'on veut augmenter la marche et le vélo, il faudra des aménagements sécuritaires et modifier le système de transport.
Le principal obstacle au développement de la marche et du vélo dans les villes canadiennes est l'espace public et le fait que l'argent public soit donné en priorité à l'automobile. Lorsqu'on construit une autoroute ou de grosses artères, souvent, malheureusement, il ne reste ni suffisamment d'espace ni suffisamment d'argent pour aménager des pistes cyclables ou des passages pour piétons sécuritaires.
Nous avons publié, ces 10 dernières années, de nombreux articles scientifiques, mémoires et prises de position sur ce sujet. Cela me fera plaisir de vous répondre, en anglais ou en français, et de vous les fournir par la suite.
Merci beaucoup.
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Merci, madame la présidente de me donner l'occasion de discuter avec vos collègues et vous aujourd'hui.
Depuis 18 ans, je passe mes journées à faire en sorte que tous les enfants au pays puissent profiter de programmes d'éducation physique et de santé de qualité dans des environnements scolaires qui favorisent la santé. Pour ceux d'entre vous qui ont travaillé dans le domaine de la santé ou de l'éducation, ce dont je parlerai aujourd'hui ne sera pas nouveau et répétera sans aucun doute ce que mes collègues Kelly, Scott et Patrick ont dit aujourd'hui en ce qui concerne l'augmentation des taux d'inactivité physique et d'obésité au pays.
Madame la présidente, votre étude sur la traite des personnes démontre que vous vous souciez du bien-être des enfants et des jeunes. Comme vous, je me soucie du bien-être des enfants et des jeunes, mais davantage du point de vue de la prévention de l'obésité et de l'inactivité physique chez nos enfants.
Éducation physique et santé Canada est la voix nationale en matière d'éducation physique et de santé. Nous travaillons avec des éducateurs et des professionnels sur le terrain pour obtenir les ressources, les outils et les méthodes de soutien permettant de veiller à ce que chaque enfant au pays dispose des connaissances, des capacités et des habitudes qui lui permettent d'être actif, tant aujourd'hui qu'à l'avenir. Étant donné que chaque enfant au pays va à l'école, peu importe son milieu ou sa situation, les écoles jouent un rôle important pour veiller à ce que chaque enfant ait ce dont il a besoin pour être actif.
Notre travail, à EPS Canada, se concentre sur trois objectifs clés. Premièrement, nous établissons des normes et favorisons la qualité de l'éducation physique quotidienne dans les écoles. Deuxièmement, nous sensibilisons les écoles et les aidons à faire la promotion de la santé afin de veiller à ce que l'environnement scolaire tout entier appuie et favorise l'activité physique et la santé grâce à ses programmes, à ses services, à ses politiques et à ses partenariats. Troisièmement, nous mettons l'accent sur le perfectionnement du leadership en appuyant les directeurs des écoles primaires, secondaires et postsecondaires pour que nos futurs enseignants et les champions de nos collectivités puissent favoriser un mode de vie actif.
La prévention est le meilleur moyen pour améliorer la santé des Canadiens et diminuer les coûts liés aux soins de santé. La recherche nous indique sans cesse les avantages d'avoir un pays actif. Les gens actifs sont moins susceptibles d'être obèses ou de souffrir de maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète et l'ostéoporose. Leur santé mentale est également améliorée. Les gens actifs ont une meilleure estime d'eux-mêmes, sont moins stressés, moins déprimés et ont un réseau fort de pairs et d'amis qui les appuient.
En ce qui concerne les enfants actifs, nous savons qu'ils apprennent mieux. Ils acquièrent de bonnes habitudes tôt et vivent des vies productives — raison de plus pour que nous soyons profondément préoccupés par les statistiques actuelles sur l'inactivité physique, l'obésité et les pratiques malsaines.
Nous savons qu'en raison du statu quo dans le système de santé canadien, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux accordent environ 200 milliards de dollars par année à des formes de soins thérapeutiques. Cela part d'une bonne intention en général, et une bonne partie de ces investissements sont essentiels dans les soins primaires, les soins d'urgence et les hôpitaux. Personne ne peut le contester de façon sérieuse.
Mais les coûts liés à l'inactivité physique sont imposants. On estime que les coûts de l'obésité s'élevaient à 4,6 milliards de dollars en 2008 — une augmentation de 19 p. 100 par rapport à 2000, où ce montant s'établissait à 3,9 milliards de dollars —, en fonction des coûts associés aux 8 maladies chroniques les plus liées à l'obésité. Les estimations s'élèvent à près de 7,1 milliards de dollars lorsqu'on tient compte des coûts associés au 18 maladies chroniques liées à l'obésité.
Parmi les documents que je vous ai distribués aujourd'hui, il y a un tableau qui fait état de certains des coûts. Il dit essentiellement que les analyses que vous avez reçues aujourd'hui soulignent le fait que, par contre, tous les ordres de gouvernement combinés dépensent l'équivalent de 0,9 p. 100 de ces 200 milliards de dollars dans les domaines liés à la promotion de la santé, à l'activité physique et au sport. Le système est fortement déséquilibré, puisqu'il traite les conséquences de l'obésité et de la sédentarité, plutôt que de les prévenir au départ. L'inertie du système et les demandes incessantes des provinces pour de l'argent supplémentaire signifient que la prévention est négligée.
Mais au bout du compte, je soutiens qu'il n'y a pas d'autre réponse à long terme. Les réalités sociales, culturelles et économiques varient grandement partout au pays, mais néanmoins, les besoins des adultes, des jeunes et des enfants sont les mêmes. Ils ont tous besoin de faire des choix alimentaires sains, de pouvoir faire de l'activité physique et de pratiquer des activités sportives et récréatives. Les besoins demeurent les mêmes, c'est la façon dont ils sont comblés qui varie.
Étant donné que le gouvernement fédéral entame des négociations en vue du nouvel accord de transfert en matière de santé, je lui recommande fortement d'examiner la possibilité d'assujettir des conditions à l'argent qu'il verse aux gouvernements provinciaux afin que ceux-ci aient à démontrer des investissements importants et croissants dans la prévention, la promotion de la santé et de l'activité physique.
Si vous pouviez réaffecter à peine 5 p. 100 de l'enveloppe actuelle des dépenses en santé à des initiatives axées sur la prévention, mon organisation et d'autres, comme ParticipACTION et le YMCA, pourraient créer le type de programme novateur qui permettrait de mettre un frein à la crise et de permettre des économies réelles à moyen terme.
Nous savons tous que l'éducation est un domaine de compétence provinciale, mais la crise de l'inactivité à laquelle fait face le Canada est un problème de santé qui touche toutes les régions du pays. Compte tenu de la portée nationale du problème, j'estime que sa résolution est une responsabilité nationale. Il faut du leadership pour veiller à ce que les politiques, les programmes, les services et les soutiens en place permettent à tous les enfants d'acquérir les compétences, les habitudes et les valeurs dont ils ont besoin pour être actifs.
Permettez-moi de prendre quelques instants pour vous parler de quelques initiatives auxquelles participe EPS Canada afin de régler le problème. De plus en plus, le secteur de l'activité physique travaille de concert pour accroître l'efficacité et maximiser les résultats. Un exemple précis porte sur le leadership d'EPS Canada, qui travaille avec huit autres partenaires nationaux — le YMCA, entre autres — pour viser la période cruciale qui commence à la sortie des classes et veiller à élaborer des programmes de qualité favorisant l'activité physique, l'alimentation saine et le perfectionnement du leadership.
La période qui commence à la sortie des classes, à 15 heures, et se termine à 18 heures est un facteur déterminant important de l'activité physique chez les enfants. Environ 50 p. 100 des pas que font les enfants chaque jour sont faits pendant cette période. Bon nombre d'enfants et de jeunes qui sont seuls après la sortie des classes ont tendance à regarder la télévision, à utiliser l'ordinateur ou à jouer à des jeux vidéos, plutôt que de jouer à l'extérieur.
Les chercheurs font également état de mauvaises habitudes alimentaires et d'un taux de criminalité plus élevé, de même que de comportements anti-sociaux pendant ce temps. Déjà, le partenariat canadien pour une vie active après l'école démontre des indices de réussite. Par exemple, dans le cadre du partenariat, les clubs garçons et filles du Canada ont pu mettre en oeuvre un programme de transport actif, qui permet aux étudiants de marcher pour se rendre de l'école aux clubs. Les dirigeants du programme ont constaté que ce temps de marche permet aux jeunes de s'engager et agrémente le programme afin de répondre à leurs besoins. La clé, c'est d'enseigner aux jeunes comment devenir responsables de leur propre santé.
Deuxièmement, EPS Canada dirige une initiative pilote qui appuie la création et l'avancement des connaissances physiques parmi les enfants et les jeunes grâce à l'élaboration de ressources et d'outils visant à aider les enseignants et les autres intermédiaires à évaluer les niveaux de connaissances physiques tout en travaillant avec les enfants pour établir des buts individuels et, ainsi, les aider à s'améliorer.
Nous cherchons à inculquer des connaissances qui permettront aux individus de faire des choix sains et actifs, ce qui sera avantageux pour eux, les autres et leur environnement. L'initiative pilote se déroulera en Ontario, en Alberta et en Saskatchewan en quatrième et cinquième années, à compter de janvier 2012. Nous demandons un financement très modeste du gouvernement fédéral, soit 13 millions de dollars sur six ans. Cette demande figurait dans notre mémoire au Comité permanent des finances lors des consultations prébudgétaires.
Cette initiative ainsi que d'autres, comme celles qui ont été élaborées par mes collègues de ParticipACTION et de la fondation Bon départ, aident les jeunes et les enfants à apprivoiser l'activité physique et à acquérir la confiance nécessaire pour y participer, ce qui leur restera toute leur vie.
En conclusion, j'estime que c'est le bon moment pour le gouvernement fédéral de commencer à réorienter le débat sur la santé, afin que nous puissions mettre l'accent davantage sur la prévention et l'activité physique ainsi que sur des programmes qui s'attaquent aux causes des maladies avant qu'elles ne deviennent des problèmes.
Enfin, j'aimerais répéter que nous avons besoin d'un plus grand investissement dans les activités de prévention et qu'il faut prendre une mesure audacieuse et courageuse, soit réaffecter 5 p. 100 à peine des dépenses existantes en santé à des approches axées sur la prévention, y compris des programmes après l'école, une augmentation des possibilités de leadership pour les jeunes à risque et un programme national qui fait la promotion des connaissances physiques chez les jeunes.
On peut commencer à faire volte-face.
L'éducation, la sensibilisation et la divulgation d'information dans le système scolaire, au niveau communautaire et dans les organismes d'établissement des immigrants, ce sont des façons de permettre à notre système de santé de se sortir du cercle vicieux dans lequel il est actuellement.
Merci.
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Merci beaucoup madame la présidente.
Merci aux témoins d'être ici aujourd'hui. Vous avez tous fait de très bons exposés. Les statistiques que vous nous avez données sont réellement alarmantes, voire effrayantes. Je pense que nous vous avons bien compris.
Docteur Morency, dans l'un de vos tableaux, il y a une partie de Montréal qui a l'air entièrement rouge pour ce qui est des piétons blessés. Je viens de Vancouver, et je sais que notre ville a fait du très bon travail pour accroître la sécurité des voies piétonnes et cyclables. Je pense que nos villes ont fait du très bon travail en ce sens. Merci beaucoup pour les renseignements au sujet de Montréal.
Certains d'entre vous ont évoqué l'accord sur la santé actuel et celui qui sera signé ensuite. C'est sur cette question que porteront mes commentaires, parce que nous savons qu'une grande partie de ce que vous nous avez dit est la vérité absolue. Je ne pense pas que nous puissions dépendre de crédits d'impôt pour faire volte-face, bien que des crédits d'impôt remboursables seraient manifestement une meilleure option. Ainsi, même en ce qui concerne l'accord existant, qui est encore en vigueur, je pense que la question des résultats en santé, dont vous avez tous parlé, est essentielle.
Je me demande ce que vous pourriez proposer, de façon plus précise. Nous savons qu'en janvier, il y aura une conférence des premiers ministres sur la santé. Si vous y participiez, que revendiqueriez-vous? Si nous voulons faire cette réaffectation de 5 p. 100, utiliserons-nous des incitatifs? Serait-il préférable de nous concentrer davantage sur le développement de la petite enfance et la santé chez les enfants? Serait-il préférable d'examiner les déterminants sociaux de la santé, dont M. Haldane a parlé. Si vous y participiez, que diriez-vous? Selon vous, où l'argent doit-il aller? Vers où doit-il être réaffecté pour avoir l'effet maximal, tant au niveau national qu'au niveau provincial et territorial?
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Bien sûr. Je reviendrai à votre question directement.
L'autre jour, j'ai fait un exposé devant mon conseil d'administration — qui comprend des gens très intelligents — et quelqu'un m'a dit: « Faites ceci. » J'ai répondu: « D'accord, faisons cela. » Et cette personne m'a dit que ce projet coûterait x millions de dollars, à quoi j'ai répondu que nous n'avions pas ces x millions de dollars.
Je dirais que dans le secteur des organismes sans but lucratif, nous sommes très efficaces pour ce qui est d'établir des partenariats, de collaborer et de trouver des moyens de tirer profit de nos expertises respectives. De plus en plus, nous devons joindre nos forces, car nous n'avons pas de ressources. Nous intégrons nutrition et activité physique, ce que nous parvenons à réaliser de mieux en mieux, car nous savons que un plus un égale 26 et non deux.
Pour ce qui est des programmes parascolaires, je pense que c'est vrai. Je pense qu'il y a des lacunes du point de vue de l'activité physique. Les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux ont fait une annonce, plus tôt cette année — ou à la fin de l'année dernière — concernant l'importance des activités parascolaires. Scott a fourni quelques statistiques concernant le degré d'activité physique au cours des périodes parascolaires. De plus en plus, je crois que les organismes axés sur la nutrition collaborent avec des organismes axés sur l'activité physique pour faire passer le message selon lequel il s'agit d'une période importante, qui est essentielle pour assurer la santé de nos enfants et que celle-ci doit inclure une meilleure alimentation ainsi que de l'activité physique.
Je pense que les gens comprennent bien que l'activité physique est un élément important. Mais je ne crois pas qu'ils comprennent que sans activité physique, les enfants ne sont pas en mesure de bien apprendre et de bénéficier de tous les avantages que certains d'entre nous ont mentionnés cet après-midi.
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Merci, madame la présidente.
Merci à chacun d'entre vous de venir répéter sans cesse que l'important, c'est la prévention, et que c'est quelque chose de collectif auquel le gouvernement fédéral peut participer.
Je pense que ce sont des mentalités... On est dans une société où priment la productivité et la surconsommation. Il faut aller vite. C'est là un autre débat, mais ça fait en sorte qu'on ne s'attaque probablement pas nécessairement aux bons problèmes.
Vous avez tous un peu, à votre tour, parlé des déterminants sociaux de la santé. On disait que cela comptait pour 20 p. 100 des dépenses en santé, au Canada. En fait, ce sont des inégalités au sujet desquelles on peut agir.
Y a-t-il une stratégie sur laquelle on peut miser pour réduire ces inégalités et qui va faire en sorte que les gens pourront finalement avoir accès à une alimentation saine qui sera probablement plus abordable et à des transports en commun abordables et accessibles?
Que nous proposez-vous? Y a-t-il des plans? Y a-t-il des endroits ou des pays industrialisés desquels on pourrait suivre l'exemple? Y a-t-il des modèles? Combien cela coûte-t-il? Y a-t-il des stratégies? Sur combien de temps cela s'est-t-il échelonné?
Pourrait-on proposer quelque chose de concret sur lequel on pourrait travailler pour développer un modèle qui nous ressemble davantage, mais qui soit collectif?
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Je risque de m'étendre un peu trop, mais j'aimerais décrire une étude à laquelle nous avons participé et qui s'est achevée en 2000. Je peux la fournir au comité.
Nous nous sommes penchés sur le type d'intervention susceptible d'amener les femmes chef de famille monoparentale vivant de prestations d'aide sociale à ne plus avoir besoin d'aide sociale et sur les retombées économiques que cela pouvait avoir. Nous avons découvert que l'option la plus fréquemment choisie — c'était une des options offertes aux mères — était l'inscription de leurs enfants à un programme de loisirs subventionné.
Qu'avons-nous découvert? Que, en l'espace d'un an, ces mères étaient deux fois plus susceptibles de ne plus avoir besoin de l'aide sociale. De plus, leur recours au système de santé publique diminuait sous tous les aspects: moins de visites aux urgences et moins de recours aux travailleurs sociaux.
Bref, l'inscription des enfants à des programmes de loisirs amenait une amélioration importante du comportement de l'enfant, mesurable; le recours au système de santé publique de la mère diminuait de façon spectaculaire; et les mères étaient deux fois plus susceptibles de ne plus avoir besoin de l'aide sociale après un an. Ainsi, même un investissement indirect dans la prévention et la promotion de la santé a économisé à la société des millions et des millions de dollars — si on tient compte simplement du coût de l'aide sociale pour la mère, sans même tenir compte des coûts indirects épargnés par une moindre utilisation du système.
Je sais que le gouvernement réfléchit à la possibilité de contrats d'impact social comme mode de financement de ce type d'intervention. Comme l'a dit Kelly, en matière de prévention, de prévention bien précise, le rendement de l'investissement... La promotion de la santé est importante, mais il faut, selon moi, outre la promotion de la santé, des interventions précises susceptibles de produire des résultats à très court terme. Certains estiment que la prévention prend une éternité. En fait, nous avons la preuve qu'elle peut porter des fruits en l'espace d'une année.
L'un des obstacles à l'adoption de cette approche est que c'est un palier de gouvernement qui effectue l'investissement et un autre palier qui est susceptible d'en récolter les bénéfices. C'est pourquoi, au Canada, nous n'arrivons pas à nous entendre pour procéder à ce type de choix.
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Merci, madame la présidente.
Je vais faire comme Mme Block, je vais répéter. De par ma fonction de médecin de famille, je suis consciente et j'appuie tout ce qui a été dit par les invités. D'ailleurs, je vous remercie beaucoup de vos rapports.
Je sais très bien que la prévention primaire est meilleure que la prévention secondaire. Personnellement, depuis mon enfance, on m'a toujours dit qu'il fallait avoir un esprit sain dans un corps sain. Je sais que la sédentarité et la malbouffe sont des facteurs déterminants dans les maladies chroniques comme le diabète ou l'hypertension.
Aujourd'hui, je vous parlerai en tant que mère et au nom du commun des mortels. Je parlerai principalement par rapport à ma province, le Québec. En tant que mère, j'ai remarqué que mes enfants ne faisaient pas beaucoup de sport pendant leurs cours. J'imagine qu'ils ont une heure et demie ou deux heures, seulement, pendant la semaine. En tant qu'ancienne sportive, joueuse de hand-ball, je peux vous dire que j'ai accédé au niveau international sans avoir dépensé un sou. J'encourage toujours mes enfants à pratiquer des sports collectifs, pour qu'ils aient éventuellement un impact sur la société, mais pour qu'ils jouent au soccer, il faut dépenser 500 $ par enfant pour une session. J'ai trois enfants.
Comment voulez-vous qu'on encourage nos enfants à faire du sport dans ces conditions? Je parle d'une famille moyenne. Je ne parle pas des gens qui ont recours à l'aide sociale. En 2006, le gouvernement fédéral a créé un incitatif fiscal remboursable pour les gens qui avaient les moyens d'inscrire leurs enfants.
On sait très bien que l'obésité et la sédentarité se retrouvent surtout dans une classe qui n'a pas les moyens de se permettre une nourriture saine. Je trouve que c'est un cercle vicieux. Je pense qu'il faudrait d'abord commencer par la base, comme l'a dit M. Haldane. On ne s'attend pas à ce que tout le monde fasse partie de l'élite sportive. Il faut généraliser le sport. Il faut qu'il soit intégré dans le cursus des enfants. Je pense que c'est la base. Il faut aussi avoir des moyens incitatifs pour que les parents puissent inscrire leurs enfants.
Personnellement, je peux vous dire que beaucoup de personnes de mon entourage disent qu'elles ne peuvent inscrire qu'un seul enfant à une activité physique. C'est déplorable. On sait très bien que l'activité et la prévention coûteraient moins cher que les soins spécialisés.
J'aimerais savoir quel est le rôle du gouvernement fédéral pour essayer d'instaurer une stratégie ou des directives pancanadiennes. Je sais qu'il y a des initiatives temporaires dans certaines provinces, mais je pense qu'il faudrait qu'il y ait une politique pancanadienne, peu importe que l'enfant soit au Nunavut, au Québec ou ailleurs. Là où il se trouve, il pourrait avoir accès à l'éducation physique. Je peux vous dire que les enfants, lorsqu'il n'y a pas de problèmes financiers, sont eux-mêmes encouragés à aller...
J'ai inscrit mes enfants. On dépense beaucoup d'argent pour les inscrire, mais ils n'y vont pas. C'est donc une perte d'argent. Par contre, lorsque la personne sait qu'il n'y a pas de barrière financière, elle peut s'absenter une journée ou deux et y retourner par la suite. Le problème est que non seulement les parents sont sanctionnés financièrement, mais il y a un manque de personnel pour l'activité physique.
Lorsque mes enfants ont commencé au niveau benjamin, des parents donnaient ce genre de cours de manière bénévole. Malgré ça, on payait pour les infrastructures. Je pense que le problème est beaucoup plus profond.