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Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité, merci de m'avoir invitée. Je me nomme Ali Jalali. Je suis professeure d'anatomie à la faculté de médecine d'Ottawa. J'effectue aussi beaucoup de recherche sur les méthodes innovantes d'enseignement.
Je commencerai par aborder les techniques innovantes que nous utilisons dans l'enseignement de la médecine et dont j'ai constaté l'utilisation. Je parlerai de certains de leurs avantages et inconvénients, puis je dégagerai des éléments que, d'après moi, il importe que vous connaissiez.
Pourquoi tout ce bruit, maintenant, sur la technologie? C'est en raison de l'arrivée d'une génération née dans le numérique.
C'est à cause de la nouvelle génération à qui nous essayons d'enseigner un peu de médecine, un peu de soins infirmiers et un peu de physiothérapie. Internet a été omniprésent dans sa vie. Elle est née en même temps qu'Internet, en même temps que la technologie. L'enseignement doit donc s'adapter un peu à elle.
Quel type d'enseignement est accessible maintenant? Vous avez probablement tous entendu parler de l'apprentissage en ligne, de l'apprentissage électronique, qui peut souvent se passer des salles de cours. Cela présente des avantages et des inconvénients. L'apprentissage en ligne est maintenant, en majorité, mobile. On peut développer beaucoup d'applications pour les mobiles et les distribuer à une clientèle. J'en viens aux avantages et aux inconvénients dans un moment.
Actuellement, il y tout un engouement pour les MOOC, aussi appelés CLOM, les cours en ligne ouverts aux masses. Le recours à un CLOM signifie la mise en ligne d'un cours certifié, à unités, offert à tous. Dix mille personnes peuvent obtenir un certificat pour avoir suivi ce cours.
Quoi encore? Bien sûr, le Web 2.0 et, pour ceux qui ne sont pas tout à fait au courant, c'est par rapport au Web 1.0. Le Web 1.0, c'était Internet, où on pouvait naviguer, consulter, voir, mais sans possibilité d'interaction. Le Web 2.0 permet l'interaction. On peut aller sur le site d'un hôtel et faire connaître ses observations sur l'établissement. La même chose s'applique à la médecine. Idem pour l'éducation. Beaucoup d'enseignants en profitent.
On assiste aussi à la naissance d'une foule de wikis. Vous avez entendu parler de Wikipédia. De quoi s'agit-il? Est-ce que c'est Internet? C'est un site où on peut écrire des articles de nature encyclopédique. De même, on peut essayer d'encourager la collaboration, la communication et l'interprofessionnalisme, grâce à l'emploi de ces types d'outils.
L'autre composante notable du Web 2.0? C'est les réseaux sociaux, Twitter, Facebook. Nos étudiants et nos médecins résidents, ceux à qui nous enseignons, les utilisent. Nous devrions en profiter et utiliser ces moyens pour l'enseignement.
Quoi d'autre? Il y a bien sûr la simulation. Tout le monde en a probablement entendu parler. Habituellement, le mot évoque la simulation haute-fidélité. On imagine une fausse salle d'opération dans un immeuble comme ici, à l'hôpital municipal Civic, avec une équipe affairée autour d'un mannequin étendu dans un lit. En fait, la simulation existe depuis assez longtemps. Le premier type de simulation a été un patient standardisé. L'enseignement a fait appel à des acteurs plutôt qu'à de vrais patients.
L'autre type est la réalité virtuelle. J'ignore si vous avez déjà entendu parler d'un site appelé « Second Life », qu'on peut visiter et où il se trouve des jeux, des fêtes, tout. C'est un réseau social. On y trouve maintenant des hôpitaux construits par des universités, où les étudiants vont acquérir de la formation. C'est donc un autre aspect de la simulation.
Il y a la simulation des procédés opératoires. Quand j'étais à l'école de médecine, nous pratiquions des sutures sur de la peau de porc. C'est un autre type de simulation. La simulation peut se dérouler à différents niveaux, mais, bien sûr, actuellement, on n'en a que pour la simulation haute-fidélité, avec ses mannequins Harvey qui coûtent cher et qui imitent l'être humain.
Voilà ce qu'il fallait surtout dire des technologies actuellement en vogue et qui, d'après moi, devaient être portées à votre connaissance.
Les avantages, bien sûr, de ces technologies sont d'aider à adapter notre enseignement à la génération née avec le numérique, qu'on ne peut pas prendre en défaut en matière de technologie et qui ne se sépare jamais d'elle.
Elles contribuent également à l'enseignement asynchrone, auquel l'enseignant n'a pas besoin d'assister. On économise ainsi temps, argent et efforts. Toutes les quatre semaines, nous accueillons un nouveau résident. Un nouveau médecin arrive, prêt à travailler avec nous. Nous devons lui répéter les mêmes enseignements et explications. Pour économiser son temps ou celui des infirmières, il suffit de créer un module d'autoapprentissage, de le mettre en ligne et de demander aux candidats d'en prendre connaissance avant de passer par notre bureau. Quand ils arrivent, ils sont prêts. Au moyen d'une technologie passive comme un balado on obtient plus d'interaction avec le patient.
Voilà les avantages. Bien sûr, cela diminue le risque au minimum pour le patient. Comme j'ai dit, pratiquer des sutures sur une peau de porc, c'est beaucoup mieux que de faire la première dans la salle d'opération.
Cela permet aussi aux étudiants et aux patients de se sentir moins impuissants. Cela change un peu les règles du jeu.
Sur Twitter, de nombreux groupes de patients parlent de cette technologie. On n'entend plus ce discours: « Je suis le médecin, l'infirmière, le donneur de soins. Je possède tout le savoir ». Plus maintenant. Les patients ont aussi droit de parole.
Voilà les avantages que je perçois.
Quant aux inconvénients, bien sûr, il faut apprendre à se servir de toutes ces technologies. Quand, comme moi, comme de nombreux collègues à moi, on n'est pas né en même temps qu'Internet, il faut s'ouvrir à ces technologies et se les approprier. Et il y a une courbe d'apprentissage.
Certains y sont allergiques. Ils ne veulent rien savoir de Facebook pour l'enseignement: « Ce n'est pas professionnel ». Eh bien, non! Il faut apprendre à le connaître.
Ensuite, il faut prévoir les défaillances de l'équipement. On a tous regardé le Super Bowl. Vous voyez? Ça peut arriver. Ça arrive partout. C'était aux États-Unis, mais ça peut se produire ici. Quand on dépend de la technologie, il faut une solution de remplacement.
Nous devons enseigner à nos étudiants quelque chose de nouveau, le professionnalisme en ligne. Ils doivent bien se comporter. Je leur dis toujours: « Vous êtes médecin en permanence, sans répit. Assumez! ». Même chose pour les infirmières. Sur la photo d'un médecin ivre mort, les gens ne reconnaissent pas un enterrement de vie de garçon, mais bien leur médecin.
Nous devons enseigner certaines choses. On ne peut pas simplement dire à l'Association canadienne de protection médicale, vous savez, de poursuivre les gens et... Pas du tout! Il y a des règles à suivre en la matière.
Une autre crainte qu'éprouvent beaucoup de mes collègues est celle de perdre le sentiment d'empathie à cause d'un enseignement plus technologique. Le mannequin Harvey tolère toutes les mesures prises contre la maladie. Ce n'est pas un patient. On peut amener le mannequin à bien fonctionner. Mais, à l'hôpital, le patient est le grand-père, la grand-mère, la mère de quelqu'un. Il faut donc enseigner aux étudiants des rudiments d'empathie et le côté humain de la médecine.
La technologie a beaucoup de qualités, mais je dois vous parler de certaines choses importantes.
D'abord, nous devons évaluer les besoins. Est-ce qu'on utilise la technologie uniquement parce que tout le monde distribue des iPads? Ce n'est pas une raison suffisante. On ne devrait pas céder aux extravagances publicitaires. Il faut évaluer les besoins et s'assurer que ceux à qui on veut distribuer des iPads sont à l'aise pour s'en servir.
Supposons que je crée une vidéo intéressante, de la meilleure qualité à tous les points de vue et que je la mette en ligne, en pensant qu'un patient, dans une région éloignée, pourra en prendre connaissance. Mais s'il ne possède même pas Internet à haute vitesse, c'est un gaspillage du temps et de l'argent de tous. Parce que je n'ai pas évalué les besoins et que je n'ai pas constaté que mon destinataire ne pouvait même pas accéder à la vidéo. Nous devons être particulièrement attentifs à cela.
À l'Université d'Ottawa, dans toutes les universités, en fait, nous insistons sur l'utilisation de la technologie fondée sur la théorie de l'éducation. Vous savez, avoir de bons objectifs; connaître les apprenants adultes; connaître le constructivisme. Pour collaborer et communiquer les uns avec les autres, voilà les théories de l'éducation qu'il faut connaître.
Deux de nos établissements, l'AIME et le CAPSAF, font de la recherche sur les pratiques exemplaires en éducation médicale. Dans ce domaine, il faut bâtir sur le roc. Il faut de la recherche sur ces pratiques.
De même, nous devons toujours communiquer nos impressions et faire du suivi. Il ne suffit pas de mettre la technologie à la portée des gens, puis d'espérer la résolution de tous leurs problèmes. Il existe différents niveaux d'évaluation. On ne distribue pas des iPads à tous pour leur demander ensuite combien ont aimé l'expérience, puis écrire un article louangeur sur le bidule, si tous ont répondu par l'affirmative. Ça ne marche pas comme ça.
En éducation médicale, en médecine, le principal objectif, c'est le soin du patient. Il englobe tout. Quelqu'un devrait constater si telle mesure permet de comprimer les coûts, si elle facilite les soins. Notre but, ce n'est pas que ça procure le bonheur.
Enfin, n'oublions pas l'aspect humain. Si nous ne nous préoccupons que de technologie, nous risquons de perdre l'empathie.
Merci.
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Merci beaucoup, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du comité de nous avoir invités et de prendre le temps de nous écouter.
À l'association, nous consacrons beaucoup de temps à réfléchir à des projets nationaux d'éducation médicale et à les mettre sur pied. Je suis du même avis que la Dre Jalali. Beaucoup d'innovations ont lieu dans nos facultés de médecine et elles se manifestent tous les jours dans ma vie professionnelle. C'est très stimulant.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, toutefois, je tiens à dire que si, souvent, l'innovation évoque celle des hautes technologies, d'une certaine manière et dans les ressources sur la santé humaine, en particulier, elle consiste vraiment à s'éloigner de l'habitude. Je veux donc parler en même temps un peu de ressources humaines dans la santé et d'innovation. Mais il ne sera pas question de micropuces ni d'Internet. Je parlerai plutôt de changer les mentalités à l'égard de la planification des ressources humaines dans la santé au pays. Je pense que c'est une forme très importante d'innovation.
Inutile de m'étendre sur les difficultés qu'éprouvent nos ressources humaines nationales dans la santé. Vous les connaissez à fond et dans les moindres détails. Certaines de mes remarques viseront seulement à vous montrer que nous comprenons certains de vos motifs d'inquiétude. En ce qui concerne les ressources humaines dans la santé, les problèmes sont loin de se limiter aux délais. Leur effet ne se fait pas seulement sentir chez les patients, mais il se répercute aussi chez les autres joueurs, les autres Canadiens aussi, pas seulement les médecins. Je représente l'Association des facultés de médecine, mais nous jouons un rôle dans les soins de santé qui sont prodigués. Le mot de la fin ne nous appartient pas non plus, d'aucune manière. Il y a vraiment aussi autre chose que les pénuries. C'est là où certaines de nos réflexions innovantes ont besoin de donner des résultats.
Je peux dire que l'association s'inquiète non seulement des délais inacceptables, mais aussi de l'absence de gestion convenable des maladies chroniques, de l'absence de soins donnés à proximité du domicile, des écarts importants en matière de santé entre les collectivités de tout le pays et de l'absence notable de soins coordonnés et interprofessionnels. Je pense parler au nom de tous nos doyens des facultés de médecine, que je représente, et, j'en suis convaincu, au nom de tous ceux ici présents, quand je dis que nous devrions et nous pourrions faire mieux dans tous ces domaines.
Oui, le public est affecté par les difficultés touchant les ressources humaines dans la santé, mais il en est de même, quotidiennement, pour les planificateurs des systèmes provinciaux de santé. Tous les élus municipaux, provinciaux et fédéraux que j'ai rencontrés entendent parler quotidiennement des difficultés qu'affrontent leurs électeurs. Vous y faites donc face quotidiennement aussi. Vous aussi, vous êtes touchés.
Nos étudiants de médecine, du premier cycle ou des cycles supérieurs, affrontent des difficultés énormes uniquement pour décider dans quelle branche ils veulent exercer. Notre système de ressources humaines et l'absence de données et de modèles nationaux compliquent énormément leurs choix. Si elle n'est pas déjà révolue, elle achève l'époque pendant laquelle, par boutade, on disait qu'un médecin au chômage, ça n'existe pas.
Enfin, pour le législateur provincial, nos problèmes sont coriaces. Il est donc certain qu'il s'agit du patient, en fait, des Canadiens en général.
Cette fois-ci, je vais plutôt me concentrer sur les médecins. Nous savons tous que leur rôle et celui des autres fournisseurs de soins changent et devraient changer, mais nous avons tous besoin de réétalonner nos instruments. Je sais que ceux qui sont chargés de la planification des ressources humaines dans la santé, avec les moyens disponibles, ne peuvent pas faire un aussi bon travail qu'ils pourraient. Il faut recentrer et remettre en première ligne la prévision du changement touchant la portée de la pratique et le rôle changeant des professions.
Encore une fois, les pénuries n'expliquent pas tout. Pendant longtemps, tout le monde a cru qu'elles déterminaient nos problèmes de ressources humaines, mais, d'après des renseignements anecdotiques, sinon scientifiques, des surplus existeraient dans certains domaines. Compte tenu des problèmes actuels, je ne crois pas que notre pays veuille avoir des surplus. Un médecin coûte très cher à former. Nous devons considérer ce coût, payé par le contribuable, comme un investissement majeur, à faire judicieusement. Un médecin sous-employé, c'est un problème. Il ne l'est pas parce qu'il ne veut pas travailler; il l'est parce que, souvent, nous avons mal planifié l'offre.
Tous les jours, on entend parler d'écarts entre les régions. La consommation de services de soins de santé n'est pas la même dans toutes les provinces et n'est certainement pas la même dans les collectivités rurales, éloignées et nordiques. Il existe, d'après moi, un écart très important entre l'offre et les besoins des Canadiens. Le Canada a changé et je ne pense pas que la composition de nos effectifs s'est adaptée à cette évolution.
Enfin, nos effectifs possèdent une homogénéité troublante. Nous n'aurons pas le temps d'en discuter précisément tout de suite, mais les données montrent clairement que les diplômés qui arrivent dans les écoles de médecine représentent une tranche très mince de la strate socioéconomique supérieure de notre pays. Cela nous inquiète.
Je vais revenir sur la question des innovations et de la contribution que nous souhaitons apporter — encore une fois, ce que nous proposons n’a rien de sorcier, mais c’est une tâche dont personne ne s’acquitte en ce moment —, à savoir une collaboration à l’échelle nationale en vue de mettre en commun des données et de les analyser.
Au cours des dernières semaines, nous avons entendu parler de trois provinces qui utilisent des outils plutôt perfectionnés pour mesurer les besoins sur leur territoire et le nombre de médecins qu’elles produisent. Nous sommes donc quatre, et cela signifie que plusieurs provinces n’emploient pas en ce moment un outil robuste de modélisation des ressources humaines en santé (RHS). Cependant, même les provinces qui en utilisent un sont aux prises avec un immense défi qui, selon moi, a pris de l’ampleur dernièrement, en raison de l’extrême mobilité des médecins. Les provinces ne peuvent plus se limiter à leur territoire pour planifier leur main-d’oeuvre médicale. Il est très difficile de le faire quand les médecins déménagent aussi souvent, et il en va de même pour les autres professionnels de la santé.
Par conséquent, moi et les membres de l’AFMC pensons — et il y a longtemps que nous le disons — qu’il nous manque une approche nationale en matière de planification des ressources humaines en santé et un outil national dont les provinces pourraient tirer parti, un outil qui examinerait, en fait, les besoins des Canadiens d’un océan à l’autre et l’offre en vigueur aujourd’hui, demain, dans cinq ans et dans dix ans. Dans quelle direction allons-nous? Je précise encore une fois qu’il faut de 8 à 12 ans pour former un médecin. Par conséquent, nous ne connaîtrons pas les répercussions qu’auront les changements que nous apportons en ce moment aux niveaux d’admission avant 8, 10 ou 12 ans. Et pourtant, nous les modifions pour abolir deux ans plus tard ces modifications. Nous souhaitons rajuster sans cesse les chiffres avant même d’avoir observé les bienfaits de nos mesures.
Je tiens à m’assurer qu’il restera suffisamment de temps pour les questions et les réponses. Je m’efforce simplement de vous exposer ce que nous proposons, c’est-à-dire ce que je considère être une approche novatrice relative à l’établissement d’un centre national de modélisation des données et des analyses. C’est ainsi que nous l’appelons. Nous lui donnions le nom d’observatoire mais, pour une raison ou une autre, le terme ne plaisait pas aux gens. Nous l’avons donc rebaptisé, mais l’idée est toujours la même, même si l’étiquette a changé. C’est un outil dans lequel le gouvernement fédéral pourrait investir, un outil qui permettrait aux provinces de mettre en commun leurs données et d’examiner les besoins globaux du Canada, ainsi que l’ensemble de sa production actuelle.
Je sais que tous ces enjeux empiètent un peu sur les compétences provinciales et que cela complique les choses, bien qu’à mon sens, il y ait de nombreux précédents en matière d’intervention fédérale dans le domaine que nous vous avons signalé, à savoir celui de la collecte et de l’analyse des données. Je pense que le gouvernement fédéral serait vraiment bien placé pour aider les provinces à accomplir ce travail.
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Bonjour, madame la présidente, bonjour, chers membres du comité. Je vous remercie de m’avoir présenté.
Je m’appelle Steve Denniss. J’ai été invité à comparaître aujourd’hui devant le comité afin de vous faire connaître mon point de vue sur les facettes du sous-sujet de la formation des professionnels de la santé relativement à l’innovation technologique dans le domaine des soins de santé. J’aimerais remercier les membres du comité de m’avoir invité à participer à leur étude. Je suis ici à titre privé pour vous présenter mon point de vue.
Pour vous mettre en contexte, je vais prendre une minute pour décrire brièvement mes antécédents et mon expérience dans le domaine de la santé, de la technologie et de l’innovation. Je suis titulaire d’un baccalauréat en science, spécialisé en kinésiologie, d’une maîtrise en science, financée par le Régime de bourses d'études supérieures de l'Ontario et axée sur la pathophysiologie et les maladies humaines, et d’un doctorat en philosophie, financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, et axé sur la biologie intégrative et les mécanismes de la maladie, pour lequel j’ai reçu la médaille d’or du Gouverneur général.
Motivé par un intérêt croissant et une passion pour l’innovation dans le domaine de la santé et l’entrepreneuriat, j’ai commencé, pendant les dernières années de mon programme de doctorat, à rechercher par moi-même des occasions de participer à des programmes d’éducation et de perfectionnement dans le domaine des affaires et de l’entrepreneuriat, subventionnés par les gouvernements, et à tirer parti de ces occasions. Parmi ces programmes, on retrouve le programme d’entrepreneuriat 101 offert par l’organisation MaRS, le programme du personnel à valeur ajoutée offert par les Centres d’excellence de l’Ontario et le programme Mitacs Étapes.
Pour satisfaire davantage mon intérêt croissant pour les innovations dans le domaine de la santé, l’entrepreneuriat et les affaires, j’ai passé l’année dernière au service de l’International Centre for Health Innovation, à titre d’attaché au niveau postdoctoral. Dans le cadre de ce poste, j’ai appris à favoriser la réussite de projets de recherche dans le domaine de l’adoption d’innovations qui ont besoin de la participation et de la direction d’équipes interdisciplinaires et de partenaires industriels, universitaires et du secteur des soins de santé. J’ai également acquis de l’expérience de l’enseignement à des futurs professionnels de la santé et des affaires. En ce moment, je travaille à des projets dans le domaine de la consultation en matière de santé, de bien-être et de soins de santé. Je tire parti de services qui éliminent les obstacles au développement des entreprises et de l’entrepreneuriat, y compris les concours de démarrage d’entreprises axées sur la science et la technologie.
En ce qui concerne la formation des professionnels de la santé en matière d’innovation technologique, j’aimerais communiquer au gouvernement fédéral le message clé suivant: continuez de financer des initiatives qui cherchent à éliminer les obstacles à l’entrepreneuriat et à l’innovation, envisagez de leur apporter quelques modifications afin de favoriser leur réussite générale et soyez patient.
Premièrement, pour appuyer le message dans lequel je conseille au gouvernement de continuer à financer des initiatives qui cherchent à éliminer les obstacles à l’entrepreneuriat et à l’innovation, je vous fais part du point de vue et des recommandations qui suivent afin que vous les preniez en considération.
Une chose est sûre; nous avons besoin des innovations et des personnes qui peuvent les apporter. C’est particulièrement vrai dans le secteur de l’économie lié à la santé et aux soins de santé. Compte tenu des exigences écrasantes en matière de santé qu’ont les aînés et les personnes atteintes de maladies chroniques et de notre exposition toujours croissante à des marchés mondiaux concurrentiels, il est clair que ces besoins sont réels.
Bien que le Canada soit de plus en plus doué pour les découvertes scientifiques et technologiques, il n’a pas accompli les mêmes progrès au chapitre de l’innovation. Cela indique peut-être que, bien que le Canada produise avec compétence une main-d’oeuvre grandement instruite et qualifiée, il n’a pas progressé autant en ce qui concerne la production d’une main-d’oeuvre qui se spécialise dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques, et qui est également très novatrice.
Selon moi, l’économie exige que ces travailleurs embrassent des carrières plus novatrices, au lieu d’assumer, par exemple, des rôles traditionnels dans des entreprises ou des universités, et certains de ces travailleurs désirent le faire. Pour appuyer ce point de vue, je cite en exemple la population de chercheurs en biomédecine et je vous renvoie aux constatations d’une étude menée récemment par les National Institutes of Health, qui indiquent qu’au moment de l’étude, seulement 23 p. 100 des chercheurs en biomédecine qui sont titulaires d’un doctorat occupaient des postes universitaires permanents ou menant à la permanence et que jusqu’à 49 p. 100 d’entre eux participaient à la recherche industrielle ou exerçaient des fonctions non scientifiques ou des fonctions scientifiques non liées à la recherche.
Bien qu’il me soit impossible de trouver des statistiques canadiennes comparables, je suis convaincu qu’elles seraient à tout le moins similaires. Compte tenu de mon point de vue, il est encourageant de constater que les gouvernements financent un nombre croissant de programmes de bourses. Ces programmes apportent une aide financière aux stagiaires, aux agrégés et aux spécialistes qui souhaitent participer à des initiatives de recherche industrielle ou de recherche entreprise conjointement par l’industrie et les universités, et qui sont en mesure de trouver des projets qui conviennent à la fois aux entreprises et à eux. Toutefois, étant donné que peu d’entreprises canadiennes ont besoin d’embaucher des travailleurs possédant un ensemble particulier de connaissances, de compétences et d’expériences scientifiques ou techniques, ces occasions sont rares en ce moment.
Ce qui est également encourageant, c’est que les Instituts de recherche en santé du Canada offrent un programme de bourses intitulé « Des sciences aux affaires » qui apporte une aide financière partielle aux chercheurs titulaires d’un doctorat dans un domaine lié à la santé ou aux soins de santé. Cette aide vise à les encourager à entreprendre un MBA. C’est, en effet, une excellente perspective pour ceux qui souhaitent acquérir des compétences et des expériences étendues et approfondies en administration et les appliquer. Toutefois, ces bourses sont peu nombreuses et cette voie comporte un certain nombre d’obstacles importants, dont des coûts financiers supplémentaires, des coûts d’opportunité et le risque que les finissants du programme décident de quitter les domaines liés à la santé et aux soins de santé.
De plus, si, du moins au début, le chercheur en santé ou le spécialiste de la santé ambitionne simplement de trouver un moyen de réussir à convertir son idée en une solution novatrice, qui vaut la peine d’être mise en oeuvre, un programme complet de MBA n’est peut-être pas la solution la plus adaptée à ses besoins. En effet, une personne n’a pas nécessairement besoin d’être titulaire d’un MBA pour devenir un entrepreneur ou commencer à innover avec succès.
En ce qui concerne le nombre croissant de futurs et anciens professionnels de la santé et des soins de santé qui cherchent à acquérir des compétences et de l’expérience répondant à leurs besoins dans le domaine de l’innovation, je pense qu’en soutenant financièrement les initiatives liées à l’entrepreneuriat et l’innovation — comme les centres, les incubateurs et les concours locaux d’innovation — et en éliminant les obstacles, le gouvernement affecte judicieusement ses fonds et appuie la formation des professionnels de la santé afin de favoriser l’innovation technologique dans le secteur canadien des soins de santé.
Deuxièmement, pour appuyer mon message dans lequel je conseille au gouvernement d’apporter quelques modifications aux initiatives pour favoriser leur réussite générale, je vous fais part du point de vue et des recommandations qui suivent afin que vous les preniez en considération.
La majeure partie des futurs et anciens professionnels de la santé et des soins de santé qui sont susceptibles d’être intéressés, disposés et capables ignorent toujours que les gouvernements financent des initiatives liées à l’entrepreneuriat et à l’innovation auxquelles ils peuvent participer. Parmi les modifications que, selon moi, le gouvernement devrait envisager d’apporter aux initiatives qu’il finance, afin de contribuer à leur réussite générale, on retrouve des activités de sensibilisation des professionnels de la santé aux ressources disponibles et l’apport d’un soutien complémentaire pour les concours locaux.
En ce qui concerne la sensibilisation aux ressources disponibles, il est bon et nécessaire d’offrir aux futurs et anciens professionnels de la santé et des soins de santé un nombre croissant de ressources en matière d’entrepreneuriat et d’innovation qui éliminent les obstacles. Toutefois, pour que ces personnes tirent pleinement parti de ces initiatives, il faut qu’elles soient conscientes de leur existence et renseignées à leur sujet.
Sans concevoir et mettre en oeuvre une campagne de sensibilisation élaborée et coûteuse, je crois qu’il serait possible de prendre un certain nombre de mesures relativement simples et économiques, voire gratuites, pour favoriser la sensibilisation aux ressources à l’aide des canaux et des services de soutien qui existent déjà au sein des institutions.
Par exemple, chaque chef de département d’une université ou d’un établissement de soins de santé pourrait expédier à son personnel un courriel approuvé dans lequel figureraient des renseignements sur l’aide financière, les services et les concours offerts par les institutions et la collectivité avoisinante, un courriel qu’il faudrait transmettre ensuite aux étudiants et aux employés de première ligne dans le domaine de la santé. S’il s’avère qu’un champion en matière d’innovation existe au sein du département et qu’il possède de l’expérience industrielle, universitaire ou entrepreneuriale, demandez à cette personne qu’elle joue le rôle d’expert-conseil ou qu’elle offre une séance d’information afin de mettre ces initiatives davantage en contexte.
En ce qui a trait à l’apport d’un soutien complémentaire pour les concours, les institutions et les centres d’innovation locaux ont de plus en plus tendance à organiser des concours parrainés par les gouvernements, dans l’espoir d’attirer des étudiants ou des professionnels spécialisés dans le domaine des sciences de la santé, de la technologie, de l’ingénierie ou des mathématiques, qui réaliseront les prochaines découvertes majeures ou proposeront les prochaines idées marquantes.
Toutefois, outre une série d’exigences et un formulaire de demande dans lequel figure une liste de questions à répondre concernant le plan d’affaires, on offre rarement à ces personnes sans formation en administration un soutien complémentaire pour les aider à comprendre les fondements et les cadres commerciaux sur lesquels il convient de s’appuyer pour transformer une idée géniale en une solution novatrice, qui vaut la peine d’être mise en oeuvre.
En apportant ce soutien complémentaire dans le cadre des concours, on éviterait de donner aux participants de faux espoirs, de les condamner à l’échec et de gaspiller le temps, l’énergie et les ressources des participants et des évaluateurs. Ces derniers sont habituellement des personnes qui occupent des postes clés dans des universités, des cliniques ou des entreprises.
Encore une fois, sans concevoir et mettre en oeuvre une série de séances éducatives élaborées, coûteuses et localisées, je crois qu’il serait possible de prendre des mesures relativement simples et économiques, voire gratuites, pour offrir des services de soutien complémentaire à l’aide des canaux existants.
Par exemple, l’organisation MaRS établie à Toronto offre un cours intitulé « Entrepreneuriat 101 » enseigné par des spécialistes crédibles et aguerris de l’entrepreneuriat qui apprennent aux participants les fondements et les cadres commerciaux dont ils ont besoin pour évaluer le potentiel de la prochaine idée géniale. Étant donné que chaque séance est offerte et archivée sous forme de webémission, cette ressource pourrait servir de soutien complémentaire à un organisateur de concours, quel qu’il soit.
Enfin, pour appuyer le message dans lequel je conseille au gouvernement d’être patient, je vous fais part du point de vue et des recommandations qui suivent afin que vous les preniez en considération. Il faut du temps pour modifier une culture. C’est particulièrement vrai lorsque les secteurs sont organisés en spécialisations et ancrés dans des traditions et des pratiques, comme celles qui existent tant dans le domaine de la santé que dans celui de l’éducation. On affirme que, même si l’on fait tout ce qu’il faut, la modification de la culture d’une organisation ou d’une société peut nécessiter quand même jusqu’à sept années. Par conséquent, le gouvernement devrait, si possible, garder cela en tête, lorsqu’il évaluera les paramètres à utiliser pour mesurer la réussite de ses initiatives de financement de l’entrepreneuriat et de l’innovation, avant de décider s’il devrait persister ou changer de cap.
Cela étant dit, je vais conclure en réitérant mon message clé qui va comme suit: « continuez de financer des initiatives qui cherchent à éliminer les obstacles à l’entrepreneuriat et à l’innovation, envisagez de leur apporter quelques modifications afin de favoriser leur réussite générale et soyez patient ».
Merci.
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Merci beaucoup. C'est très intéressant. Mon fils fait sa thèse en ce moment et il travaille au centre de recherche sur le cancer de Sudbury, alors on entend beaucoup de termes médicaux à la maison.
Tout d'abord, je veux vous remercier pour la présentation que vous nous avez fournie. C'est très utile. La docteure Fry a parlé des problèmes que nous ont soumis les étudiants en médecine. Ils ont donc fait pression sur nous cette semaine, et je me demandais si c'était une coïncidence qu'ils se soient présentés ici au même moment que vous. Évidemment, le message est le même.
Vous avez parlé des besoins en soins gériatriques. Il y a des lacunes de ce côté, et j'en suis tout à fait consciente. J'ai une soeur qui souffre de la maladie d'Alzheimer, et nous avons eu beaucoup de mal à trouver un spécialiste en gériatrie qui pouvait s'occuper d'elle. Il n'y a pas si longtemps, il y a deux ans je crois, nous avons fait une étude sur les ressources humaines dans le domaine de la santé, et le terme clé qui est ressorti de l'exercice est « équipes multidisciplinaires ». Bien que les choses aient bougé un peu, nous sommes encore très loin du but, et c'est parfois ce qui pose problème avec ces études. Des recommandations sont formulées, mais peu sont suivies, malheureusement.
Vous avez dit que le contexte législatif mettait des bâtons dans les roues du secteur de la recherche, en particulier. Pourriez-vous nous donner un peu plus de détails à ce sujet?
Je viens d'une région rurale. Je représente la circonscription d'Algoma—Manitoulin—Kapuskasing dans le nord de l'Ontario, et nous pouvons compter sur quelques-uns des médecins les plus compétents qui soient, à mon humble avis, mais il est parfois très difficile d'attirer des professionnels dans notre région. Vous avez aussi parlé des hôpitaux. Je voulais simplement mentionner que je suis allée récemment à l'hôpital régional de North Bay, et c'est un excellent établissement. Je crois que beaucoup d'étudiants envisagent sérieusement de travailler dans cet hôpital à la fin de leurs études.
Pouvez-vous nous parler davantage des obstacles que pose le contexte législatif? Avez-vous d'autres recommandations à nous faire?
Je sais que M. Denniss a très peu parlé jusqu'à présent. Vous voulez peut-être ajouter quelque chose avant qu'on ne mette fin à la séance?