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Je vous remercie, monsieur le président et membres du comité, de nous donner la possibilité de nous adresser à vous ce matin.
J'ai le plaisir d'être accompagné de Tim Haig, chef de la direction de Biox Corporation, le plus gros producteur de biodiésel au Canada. M. Haig est aussi président du conseil de l'Association canadienne des carburants renouvelables. Je suis également accompagné de Bliss Baker, vice-présidente Affaires générales d'Ethanol GreenField, le plus gros producteur d'éthanol au Canada.
À titre de président de l'Association canadienne des carburants renouvelables, je suis ravi de pouvoir vous parler du — une mesure législative qui aidera le Canada à diversifier son approvisionnement en carburant, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à revitaliser les économies rurales. Avec le nouveau programme sur les biocarburants écoÉNERGIE, d'une valeur de 1,5 milliard de dollars, et le Fonds des biocarburants de la prochaine génération de 500 millions de dollars, le Canada est sur le point de devenir un producteur majeur de biocarburant. Bref, cette nouvelle mesure législative permettra au Canada de voir au-delà du pétrole grâce à une industrie dynamique de l'éthanol et du biodiésel ici chez-nous.
L'énergie et l'environnement sont les principaux enjeux de notre époque. Ils entraînent des changements majeurs dans les habitudes des consommateurs, l'expansion commerciale et les politiques publiques. Par ailleurs, l'émergence de la bioéconomie n'est plus une pure spéculation; c'est une réalité.
Pour les carburants renouvelables — plus précisément le biodiésel et l'éthanol — cela représente une demande accrue, de nouvelles possibilités et une expansion constante. Soyons clairs: les biocarburants ne sont pas une lubie, un engouement passager. Il s'agit très certainement d'une industrie en pleine expansion dont l'avenir est assuré.
De plus, les biocarburants sont le plus gros changement survenu dans le secteur agricole au cours de la dernière génération. Et au cours de la prochaine génération, ils seront le plus gros changement du secteur énergétique. En fait, je crois qu'il est de plus en plus clair que la biorévolution qui a lieu aujourd'hui sera tout aussi fondamentale et importante que la révolution de l'information qui a vu le jour au début des années 80.
Nous devons donc pénétrer ce secteur dès maintenant, alors que les avantages de son immense potentiel commencent juste à prendre forme. L'éthanol et le biodiésel sont les deux tendances les plus puissantes du monde actuel. Je parle ici de l'augmentation constante du coût du pétrole et des efforts déployés dans le monde entier pour contrer les effets des changements climatiques. Ces deux tendances ne font pas que définir ce qui se passe ici, maintenant. Elles vont définir le monde pour, à tout le moins, les deux prochaines décennies — entraînant des changements majeurs quant à l'utilisation de l'énergie, la croissance industrielle et les habitudes des consommateurs.
Au moment où nous nous parlons, le pétrole a déjà atteint la barre des 100 $ le baril, et cela va se reproduire. Les compagnies pétrolières enregistrent des bénéfices jamais vus dans l'histoire. Cette réalité est inébranlable et incontestée: le pétrole à bon marché ne sera jamais plus. On peut mettre cela en contraste avec un autre récent rapport de l'Agence internationale de l'énergie selon lequel la demande mondiale d'énergie devrait augmenter d'au moins 50 p. 100 d'ici 2030. Tout cela s'ajoute au fait que les réserves de pétrole restantes, limitées et très coûteuses, se trouvent dans des régions du monde toujours plus antidémocratiques et instables. Le Dr Kent Moors, associé directeur général de Risk Management Associates International, un expert de la question de l'énergie mondiale, estime que le système économique axé sur le marché du pétrole brut conventionnel et durable durera encore 30 ans. Le prix du pétrole va devenir très prohibitif.
Les rangs de la classe moyenne émergente en Chine, en Inde et au Brésil, combinés à l'incapacité de discipliner la consommation dans des pays développés comme le nôtre, rendent le défi clair comme de l'eau de roche: il existe un écart coûteux entre ce dont nous avons besoin et ce que nous possédons. Entre la demande et l'offre. C'est là que l'éthanol et le biodiésel et la prochaine génération de carburants renouvelables trouvent leur place. Dans un avenir où la demande excédera l'approvisionnement, les biocarburants seront à la fois nécessaires et financièrement viables.
Ici au Canada, nous avons compris qu'il est temps d'agir. Comme vous le savez, le permettra d'apporter les changements législatifs requis pour assurer que le gouvernement fédéral atteint son objectif en matière de carburant renouvelable, soit avoir en moyenne 5 p. 100 d'éthanol et 2 p. 100 de biodiésel dans l'essence et le diésel vendu au Canada. Cette réglementation assurera un marché de trois milliards de litres de biocarburants au Canada.
Le fait est que la politique énergétique ne fera qu'intensifier l'importance de l'éthanol, de l'éthanol cellulosique, du biodiésel et des futures générations de biocarburants ici au Canada de même qu'aux États-Unis. Il importe de noter que les fabricants de voitures relèvent aussi ce défi. Tous les principaux fabricants garantissent l'utilisation de carburant E10 — c'est-à-dire du carburant comprenant 10 p. 100 d'éthanol. Il existe déjà en Amérique du Nord six millions de voitures et de camions qui peuvent rouler avec du carburant E85 — soit formé d'éthanol à 85 p. 100. La semaine dernière, General Motors a fait une autre annonce importante pour l'éthanol, avec un nouveau plan selon lequel la moitié de ses nouveaux véhicules pourront rouler avec du carburant E85 d'ici 2012 — dans quatre ans seulement.
Le biodiésel est aussi très prometteur au Canada. Cet hiver, plus de 60 camions seront soumis au test ultime du temps froid par Climate Change Central, un organisme sans but lucratif conjoint du secteur privé et du gouvernement de l'Alberta axé sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et les nouvelles technologies environnementales. Cette démonstration, qui aura lieu en Alberta en plein hiver, sera une expérience pratique pour les mélangeurs et les distributeurs de carburant, les transporteurs sur longue distance et les automobilistes. La plupart des fabricants garantissent déjà l'utilisation du carburant B20 — qui contient 20 p. 100 de biodiésel.
Bien entendu, ces développements ne dépendent pas uniquement du coût du pétrole. Ils découlent aussi des préoccupations liées à la sécurité de l'offre. Aux États-Unis, quand le président prononce un discours sur l'énergie, il ne manque jamais de souligner le fait que 60 p. 100 du pétrole provient de sources étrangères — chaque jour, plus de trois millions de barils sont importés d'Arabie saoudite et du Venezuela. Même le Canada — un pays exportateur de pétrole — importe près de la moitié du pétrole brut requis pour le transport.
La deuxième tendance déterminante de notre époque sont les changements climatiques — un défi qui lui aussi met en lumière les précieux avantages des biocarburants. Le pétrole brut n'est pas seulement coûteux et de plus en plus rare. C'est une source majeure de gaz à effet de serre. Par contraste, le biodiésel et l'éthanol sont une source vraiment propre d'énergie, qui n'émet pas de carbone et d'autres polluants.
Alors que les gouvernements tentent de prendre des mesures pour réduire notre dépendance collective envers le carbone, il existe peu d'options plus efficaces ou plus pratiques que l'adoption des biocarburants. Selon Ressources naturelles Canada (et d'autres sources gouvernementales et du milieu de la recherche), l'éthanol à base de maïs pourrait permettre de réduire les GES de 40 à 60 p. 100 par litre. Les réductions des émissions de GES par le biodiésel dépendent de 70 à 95 p. 100 des charges d'alimentation.
Nous offrons une façon de faire rouler nos automobiles, nos camions, nos tracteurs, notre équipement lourd et nos bateaux. Et votre voiture joue un rôle de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques. La présence de 5 p. 100 d'éthanol et de 2 p. 100 de biodiésel dans l'essence est l'équivalent de 4,2 MT ou du retrait d'un million de voitures de nos routes chaque année.
Point d'une importance majeure pour les membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, cela revitalisera les communautés agricoles et rurales, partout au pays. Les producteurs de blé et de canola dans l'ouest est les producteurs de maïs et de soya dans l'est. De nouvelles usines de fabrication de biocarburant de classe mondiale seront construites, générant des nouveaux investissements de plus de 1,5 milliard de dollars et créant 14 000 emplois dans les communautés rurales. Une fois sur place, cette industrie créera 10 000 emplois directs et indirects et générera une activité économique de 600 millions de dollars par année.
Le assurera un nouveau marché pour plus de 200 millions de boisseaux de céréales et d'oléagineux produits au Canada. Dans une perspective mondiale, le projet de loi C-33 mettra le Canada dans une position de transition vers les biocarburants, avantageuse par rapport à nos principaux concurrents que sont les États-Unis, le Brésil et l'Union européenne. Le projet de loi C-33 nous mettra sur un pied d'égalité et assurera que nous profitons des avantages économiques de cette nouvelle ère de croissance sans pareil.
Vos activités à titre de membres du comité viennent à point nommé. Les biocarburants bénéficient d'un soutien multipartite et nous espérons que les législateurs à la Chambre des communes et au Sénat adopteront rapidement le . Permettez-moi d'insister sur ce point: une adoption rapide assurera la croissance continue d'une industrie nationale et l'utilisation de biocarburants en temps opportun.
Merci pour votre temps et vos efforts. Merci de créer les conditions qui nous permettent de voir au-delà du pétrole, de réduire les gaz à effet de serre et de revitaliser les communautés rurales partout au Canada.
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Merci beaucoup. Nous vous remercions de l'occasion de pouvoir présenter l'avis du Syndicat national des cultivateurs sur l'éthanol et les biocarburants.
Nous sommes d'avis que l'éthanol et les biocarburants constituent une mésaventure qui coûte cher et que c'est probablement la politique publique la plus mal avisée au Canada à l'heure actuelle. L'éthanol est une industrie de complaisance qui ne réalise aucun objectif en matière de politique publique.
En ce qui concerne le bilan énergétique entre les céréales et l'éthanol, la production d'éthanol s'avère très énergivore, car il faut consommer de grandes quantités de combustibles fossiles pour produire une culture, la transporter et ensuite la distiller pour en faire de l'éthanol. Trois distillations sont nécessaires afin d'extraire l'eau et produire de l'éthanol. De nombreux scientifiques de renommée internationale ont confirmé qu'il faut davantage de combustibles fossiles pour produire de l'éthanol que ne dégage l'éthanol.
M. David Pimentel, l'un des premiers opposants à l'éthanol aux États-Unis, a conclu que la production d'un gallon d'éthanol nécessite 71 p. 100 d'énergie de plus que ne le contient un gallon d'éthanol.
M. Tad Patzek, professeur à l'Université de la Californie à Berkeley, a rendu public le 4 juin 2003 un rapport complet sur l'éthanol produit à partir du maïs. Je cite:
On voit que cela correspond à l'équivalent d'un gallon d'essence... à partir de l'éthanol produit avec du maïs. Cet éthanol est consommé comme additif à l'essence ou comme carburant. Le fait de consommer la même quantité de carburant deux fois afin de déplacer une voiture une seule fois, c'est réduire de moitié le rendement de ces voitures...
M. Mark Delucchi, de l'Université de la Californie à Davis, a créé le modèle grec. Son rapport de 1 000 pages environ s'appuie sur ce modèle du cycle de vie des émissions. Lors de la publication de son rapport en janvier 2004, M. Delucchi a déclaré que les changements les plus significatifs en ce qui concerne les facteurs d'équivalence du CO2 et des biens matériels et des biocarburants portent à croire que les carburants produits à partir de soja et de maïs affichent un bilan qui est négatif à celui de l'essence et du diesel.
M. Burton Vaughan, professeur à l'Université Washington State, a effectué des recherches sur la production d'éthanol à partir de la canne à sucre au Brésil, et il a décrit la pollution causée par la combustion des feuilles des cannes et ensuite le nettoyage des cannes. Il indique que lors d'une visite dans l'une des distilleries, il a observé que l'on utilisait environ 3 900 litres d'eau pour chaque tonne de canne à sucre. Le prélèvement d'eau des rivières coïncide avec la saison sèche, ce qui aggrave les pénuries d'eau et nuit à la faune et la flore des rivières. Les chercheurs ont conclu que la production à grande échelle de canne à sucre et de maïs pour en faire de l'éthanol nuit à la planète.
De nombreux rapports viennent confirmer ces conclusions, à savoir celui de M. Paul Weiss, ainsi que deux rapports du gouvernement des États-Unis, l'un du Government Accountability Office et l'autre du département de l'Énergie.
Frédéric Forge, de la Division des sciences et de la technologie du Service d'information et de recherche parlementaires de la Bibliothèque du Parlement, a indiqué dans un rapport paru en février 2007 ce qui suit:
Le Canada devrait utiliser 36 p. 100 de sa superficie agricole pour remplacer par du biocarburant 10 p. 100 du carburant utilisé actuellement pour le transport.
... en effet, si 10 p. 100 du carburant consommé était de l'éthanol produit à partir de maïs... les émissions nationales de GES seraient réduites d'environ 1 p. 100.
C'est donc vraiment insignifiant par rapport aux disponibilités totales de carburant.
Il existe de nombreux rapports faisant état des avantages considérables de l'éthanol. Il s'agit généralement de rapports du département de l'Agriculture des États-Unis, des auteurs Shapouri et Wang, et de l'Institut Argonne. Ces rapports sont des documents internes rédigés essentiellement pour le département de l'Agriculture des États-Unis. Ils ne font pas l'objet d'un examen par des pairs, et ne sont pas des documents scientifiques. Ces rapports minimisent l'énergie nécessaire à l'utilisation des équipements agricoles, aux réparations et à l'entretien de ces équipements, au traitement des eaux usées et à l'irrigation, ou encore n'en tiennent aucunement compte.
Au Canada, les promoteurs de l'éthanol et du biodiésel sont essentiellement les grandes agroentreprises, telles que ADM, Agricore United, Bunge et Cargill, ainsi que le gouvernement fédéral et les provinces.
À titre d'exemple, le gouvernement du Manitoba et le gouvernement fédéral se servent souvent d'un rapport sur l'éthanol rédigé par S&T Squared Consultants, dont le cabinet se situe à Delta en Colombie-Britannique. Le rapport S&T omet ou sous-estime de nombreux intrants nécessaires à la production d'un boisseau de blé. Les auteurs indiquent qu'il faut 48 livres d'azote, tandis que le ministère de l'Agriculture du Manitoba précise qu'il faut prévoir 70 livres d'azote pour cultiver du blé sur un acre. Les auteurs du rapport S&T stipulent qu'il faut 12 litres de diesel, le ministère de l'Agriculture du Manitoba est d'avis qu'il en faut 22 litres. Pour ce qui est des intrants chimiques, les auteurs du rapport S&T sont d'avis que les agriculteurs seraient pratiquement des producteurs biologiques, ne dépensant que 4,50 $ sur leurs intrants, tandis que le ministère de l'Agriculture du Manitoba prévoit environ 32 $ à ce chapitre.
L'étude n'a pas tenu compte de l'énergie nécessaire au transport des intrants sur 600 milles. Les auteurs ont omis l'énergie nécessaire au traitement des eaux usées et à la lutte contre la pollution. Il en va de même pour l'achat des semences, ainsi que pour la grande facture, soit l'énergie nécessaire à la fabrication et à l'entretien des équipements agricoles. Cela peut représenter jusqu'à 36 000 BTU d'énergie.
M. Vaclav Smil, professeur à l'Université du Manitoba, a présenté un exposé au Centre Frontier, en décrivant les problèmes liés à la production d'éthanol à partir du blé, tels que les rendements bas, les grandes exigences en eau, et les difficultés liées à la culture du blé dans les Prairies, ou dans bien des régions où il existe un climat semi-désertique. M. Smil a déclaré ce qui suit: « Il faut tout simplement être stupide pour tenter une telle chose. Il s'agit d'une politique publique criminelle ». Il faisait référence à l'éthanol produit à partir du blé.
Le gouvernement du Manitoba et le gouvernement fédéral versent à l'heure actuelle une subvention à l'énergie équivalant à 45 ¢ le litre. L'éthanol ne renferme que 66 p. 100 de l'énergie contenue dans l'essence. Si les usines d'éthanol produisaient véritablement de l'énergie, ces usines s'alimenteraient en éthanol et non en gaz naturel. Si les usines d'éthanol sont aussi modernes et efficaces qu'on le dit, pourquoi existe-t-il des subventions massives? L'usine moderne et efficace d'API Industries, à Red Deer, en Alberta, a été mise sous séquestre. C'était avant l'époque des subventions.
Le coût des emplois. Une subvention de 30 ¢ le litre pour la production d'éthanol correspond à une subvention allant de 680 000 $ à 1,2 million de dollars par emploi par année. L'usine Husky de Minnedosa a créé 11 nouveaux emplois. Chacun de ces emplois coûte 3,3 millions de dollars par année. Certains prétendent qu'une usine d'éthanol génère très peu d'activité économique. C'est-à-dire que le grain y est reçu et que des drêches et de l'éthanol en ressortent.
Au Manitoba, deux économistes agricoles, MM. Kraft et Rude, affirment que le Manitoba ne dispose pas des céréales fourragères excédentaires nécessaires à la production d'éthanol. Selon eux, la matière première la plus probable pour les usines d'éthanol dans cette province sera le maïs américain subventionné. Ed Tyrchniewicz et Heater Gregory, auteurs d'un rapport sur la chaîne de valeur du porc rédigé pour le compte d'Agriculture et Agro-alimentaire Canada, déclarent que le secteur de l'éthanol du Manitoba s'alimentera probablement en maïs américain.
À l'est de la frontière entre le Manitoba et la Saskatchewan, le Canada est un importateur net de maïs, important de 60 à 100 millions de boisseaux annuellement. Donc, toute demande supplémentaire en céréales fourragères engendrera une hausse des importations de maïs américain pour la fabrication d'éthanol. Une idée bête devient alors crétine. Les usines d'éthanol deviennent alors des fours subventionnés où s'engloutit la nourriture.
Au Canada, davantage d'enfants vivent dans la pauvreté maintenant qu'il y a 10 ans. Vingt-cinq pour cent des enfants manitobains vivent dans la pauvreté. Pourquoi nourrir l'illusion que nous pouvons produire de l'énergie pour quelqu'un afin qu'il puisse la dépenser dans son VUS?
Les biocarburants. Lester Brown, président de la Earth Policy Institute, met en garde contre la concurrence épique qu'il y aura entre les 800 millions de personnes ayant une voiture et les 2 milliards de personnes les plus pauvres et prévoit que des pénuries et les prix élevés de la nourriture engendreront la famine et des émeutes dans les villes. Selon lui, le monde n'est pas prêt à affronter cette réalité.
Le pollution émise par la production d'éthanol. Le séchage des drêches émet des composés organiques volatiles. Les COV, tels que le formaldéhyde et l'acide acétique, sont des carcinogènes et des polluants atmosphériques dangereux. ADM, le plus grand producteur d'éthanol américain, a conclu une entente avec l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis, prévoyant l'installation d'équipements de lutte contre la pollution dans ses usines d'éthanol, dont les coûts s'élèveraient à 340 millions de dollars. L'agence a également frappé ADM d'amendes pour avoir violé la Loi sur l'air pur.
Les oxydants thermiques réduisent les COV. Or, ils coûtent cher et encore une fois consomment de l'énergie. La fermentation émet de grandes quantités de CO2, ce qui contribue au réchauffement planétaire. Certaines usines d'éthanol s'alimentent en charbon. Les usines d'éthanol consomment de grandes quantités d'eau douce et produisent des quantités énormes d'eaux usées riches en nutriments et présentant une forte demande biologique en oxygène. Le traitement des eaux usées coûte cher et nécessite de l'énergie.
Quant à l'alco-essence par rapport à l'environnement...
Bon, je ne vais pas pouvoir terminer. Je vais en lire encore un peu.
Greg Rideout, chef du service de recherche sur les émissions toxiques à Environnement Canada, déclare, à l'instar de bien d'autres, que « si l'on examine les émissions au tuyau d'échappement, du point de vue des gaz à effet de serre, il n'y a vraiment pas beaucoup de différence entre l'éthanol et l'essence ».
On a vu beaucoup d'initiatives agricoles qui ont échoué — le wapiti, le bison, l'urine de jument gravide, le porc, le bétail — et l'éthanol s'ajoutera à la liste. L'éthanol fabriqué à partir de la paille et des déchets de bois ne fonctionne tout simplement pas. La technologie n'est pas au point. Nous ne devrions pas enlever des déchets de nos champs. La valeur en est de 20 à 40 $ l'acre.
Quant au biodiésel, il faut environ de 250 à 300 000 BTU d'énergie pour faire pousser un boisseau de canola. Ce même boisseau de canola donne environ 400 000 BTU d'énergie. Il reste quelque 100 000 BTU pour la transformation et le transport.
Au mieux, le biodiésel est...
Bonjour. Je m'appelle Brian Chorney. Je suis vice-président de la Canadian Canola Growers Association et je suis un agriculteur de East Selkirk, au Manitoba. Je suis ici aujourd'hui à titre de membre de Grain Growers of Canada.
Nous appuyons le projet de loi et je vais vous parler des carburants renouvelables et en particulier du biodiésel et vous dire pourquoi nous avons besoin du projet de loi C-33.
Cette mesure permettra de prendre des règlements sur le contenu renouvelable du carburant diésel et elle est nécessaire pour créer le marché du biodiésel. Le biodiésel est bon pour l'environnement, bon pour l'investissement, bon pour le développement rural, bon pour la valeur ajoutée et pour la diversification des marchés. Ce projet de loi, conjugué à d'autres programmes gouvernementaux, donnera aux producteurs primaires la possibilité, s'ils le souhaitent, de se lancer dans ce créneau à valeur ajoutée.
Le canola sera l'une des principales matières premières pour la production du biodiésel. Le biodiésel fabriqué à partir du canola a d'excellentes propriétés de viscosité à froid, parce que l'huile de canola a une plus faible teneur en graisse saturée que toutes les autres matières premières, ce qui est une importante considération, étant donné le climat froid du Canada. Il a une bonne résistance à l'oxydation et un bilan énergétique très positif, et il répond aux normes de qualité américaines et européennes.
Je n'ai pas le document sous la main, mais Don O'Connor a fait du bon travail quand il a examiné le bilan énergétique de divers produits au congrès de l'Association canadienne des carburants renouvelables tenu à Québec en décembre, et j'invite les membres du comité à prendre connaissance de son exposé. Beaucoup d'études ont été faites sur le bilan énergétique et toutes sont très positives pour le biodiésel, mais cela vous donnera une solide information générale sur le calcul du bilan énergétique.
Je pourrais vous parler très longuement des avantages du biodiésel fabriqué à partir du canola, mais je veux m'attarder aujourd'hui à deux éléments clés: premièrement, nous voulons que l'on fixe une norme imposant une teneur de 2 p. 100 de carburant renouvelable dans le diésel d'ici 2010, ce chiffre étant porté à 5 p. 100 en 2015; deuxièmement, les agriculteurs du Canada seront en mesure de fournir la matière première nécessaire.
Le premier point se passe d'explication et je vais donc vous donner de plus amples précisions sur nos plans en vue de répondre à la nouvelle demande de canola pour la production de biodiésel. Une teneur de 2 p. 100 exigera environ un million de tonnes de canola et, à 5 p. 100, il faudra entre 2 et 2,5 millions de tonnes de canola.
Pouvons-nous y arriver? La réponse est oui, nous le pouvons.
Historiquement, notre stock de canola en fin de campagne a fluctué entre un et trois millions de tonnes, de sorte que notre production excédentaire suffirait déjà à fournir une quantité considérable. Cependant, nous savons que nous ne pouvons pas gérer un secteur en prévoyant un stock nul en fin de campagne et nous prévoyons donc une augmentation de la production de canola grâce aux progrès technologiques, notamment des variétés à haut rendement.
Nous commençons à utiliser des variétés hybrides pour les semences et le potentiel génétique est énorme. Le rendement à l'acre augmente fortement et la production de canola continuera d'augmenter à mesure que les agriculteurs adopteront les nouvelles variétés hybrides. En plus d'un rendement à l'acre plus élevé, nous envisageons une augmentation de la superficie ensemencée en canola, car les variétés résistantes à la sécheresse pourraient permettre d'augmenter considérablement l'aire cultivable au Canada.
Enfin, de grandes améliorations ont été réalisées au chapitre des techniques de plantation et de récolte, ce qui peut déboucher sur une amélioration spectaculaire du rendement et de la qualité, c'est-à-dire la teneur en huile. Des variétés dont les gousses sont résistantes à l'éclatement augmenteront également le rendement.
Notre secteur du canola s'est fixé un objectif de production de 15 millions de tonnes d'ici 2015. Nous sommes confiants d'y parvenir. Dans le cadre de cette stratégie de production, nous comptons sur le marché canadien du biodiésel pour créer une nouvelle demande pour notre produit. Le potentiel existe. Nous devons saisir l'occasion et agir tout de suite pour que ce potentiel se réalise. Pour ce faire, il nous faut le projet de loi et cette norme fixant la teneur de carburants renouvelables dans le diésel à 2 p. 100 en 2010 et à 5 p. 100 en 2015.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner aujourd'hui devant le comité permanent.
Il a parlé du biodiesel au nom des producteurs de grains; je vais me contenter de vous faire quelques observations sur l'éthanol.
En bref, nous avons cinq raisons de nous réjouir de la création d'un secteur de l'éthanol et d'appuyer le projet de loi .
Premièrement — je précise que mon point de vue est plutôt celui d'un Canadien de l'Ouest — cela réduit notre dépendance envers les marchés des céréales étrangers. Dans l'ouest du Canada, nous dépendons fortement de l'exportation et, quand on exporte ses céréales, on est vulnérable aux barrières tarifaires et non tarifaires, aux fluctuations des devises, aux conflits de travail et aux tarifs du transport maritime océanique. Plus nous transformerons de céréales sur place, plus nous pourrons éviter tous ces problèmes.
Deuxièmement, cela réduit notre dépendance envers le transport des céréales par train. J'ai déjà témoigné devant le comité au sujet du projet de loi et du besoin de protéger les expéditeurs dans leurs transactions avec les chemins de fer. Dans l'ouest du Canada, les deux principaux chemins de fer transportent environ 65 p. 100 du grain que nous produisons; par conséquent, plus nous pourrons en transporter vers des centres locaux de production et de valeur ajoutée, plus cela réduira notre dépendance envers ces compagnies de chemins de fer. Nous espérons que vous avez fait un suivi auprès de vos collègues du Sénat et les avez encouragés à adopter rapidement le projet de loi .
Troisièmement, cela nous donne une autre option locale pour vendre notre grain, en plus des parcs d'engraissement et autres petits transformateurs à valeur ajoutée que nous avons. Comme on l'a vu dans les secteurs du maïs, du canola, de l'avoine et des légumineuses, il n'y a rien de mieux que des acheteurs locaux de céréales pour faire augmenter les prix payés localement. De notre point de vue de producteurs, plus il y aura de concurrence pour nos céréales, mieux ce sera.
Quatrièmement, cela crée des emplois et de l'activité économique dans les régions rurales. Il y a évidemment les camionneurs qui transportent le grain, mais aussi les électriciens qui doivent faire des travaux dans les usines et les plombiers qui fournissent l'eau. Il faut beaucoup de travail et de services pour assurer l'exploitation continue d'une usine d'éthanol. Et il y a aussi d'autres retombées dans les localités touchées.
Du point de vue environnemental, même si l'on met de côté les arguments présentés dans certaines études, le seul fait de ne pas brûler de combustibles pour transporter nos marchandises jusqu'au port pour les envoyer outre-mer, parce que nous les transportons plutôt par camion jusqu'à l'usine d'éthanol locale, cela représente déjà à mon avis un énorme avantage environnemental.
Quelles sont les difficultés à relever, d'après nous? Premièrement, faire en sorte que les producteurs demeurent propriétaires, du moins ceux qui sont intéressés à investir. Mon père et moi-même avons investi pas mal d'argent dans notre usine d'éthanol locale. Or, il y a des gens qui sont intéressés. Un jour ou l'autre, si nous avons du succès, quelqu'un fera une offre de rachat, j'en suis sûr. Donc, si l'on peut mettre en place des structures quelconques pour encourager les producteurs locaux à être propriétaires des usines, nous pensons que c'est un élément essentiel pour assurer le succès à long terme dans l'ouest du Canada.
Pour assurer la réussite de notre secteur du bétail, je sais qu'il y a actuellement des difficultés à cause du prix des provendes. Peu importe ce que nous pourrions faire, sans même parler de la drêche de distillerie que produiront ces usines d'éthanol, le secteur du bétail est un marché important pour nos céréales de provende.
J'aurais trois ou quatre suggestions rapides. Nous pensons que si le comité réfléchit à ce qu'il pourrait faire en plus du projet de loi , il se fait de la recherche sur la faisabilité d'utiliser cette drêche de distillerie pour nourrir le boeuf, mais surtout les animaux monogastriques comme le porc — il faudrait savoir quelle ration maximale nous pourrions utiliser. Il y a aussi de la recherche sur les composants du blé et du maïs que l'on pourrait retirer avant même le processus de fabrication de l'éthanol, comme le germe. En plus de la drêche de distillerie, il y a beaucoup d'autres enzymes et produits dans le grain de maïs que l'on pourrait utiliser à d'autres fins. Enfin, il y a la recherche sur les variétés de blé et de maïs qui conviendraient le mieux à la production d'éthanol. Faisons ce que nous pouvons pour améliorer la formule d'une unité d'énergie d'intrant pour obtenir 1,4 unité d'extrant sous forme d'éthanol. Voilà quelques suggestions.
Je suis prêt à répondre aux questions. Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais d'abord dire que je suis d'accord avec tout ce qu'ont dit MM. Chorney et Phillips au sujet des biocarburants et je vais m'efforcer de ne pas être répétitif.
Qu'il suffise de dire que nous accueillons favorablement, en principe, presque n'importe quel règlement ou loi qui favorise, premièrement, la durabilité environnementale, tout en créant une source de revenu pour les agriculteurs ou en aidant ceux-ci à réduire leurs coûts. Cette discussion peut englober presque n'importe quelle forme de bioénergie; on pourrait aussi parler de l'énergie éolienne ou solaire.
Je me suis entretenu récemment avec un producteur de fruits de Colombie-Britannique qui va équiper toute son exploitation fruitière en énergie solaire: son système d'irrigation, son hangar frigorifique, sa maison, absolument tout. Nous pensons que c'est une excellente forme de bioénergie. Qu'il s'agisse de biodigesteurs, ou de créer une source de revenu grâce aux crédits de carbone, ou encore d'utiliser des déchets pour fabriquer des biocarburants — je sais qu'au Québec, on a fait des recherches sur l'utilisation des MRS, et j'ai parlé récemment à un producteur de bétail de Saskatchewan qui s'inquiétait du coût élevé de l'évacuation des MRS — ou qu'il s'agisse d'utilisation du panic que l'on a planté dans les zones tampons, et vous savez d'ailleurs que c'est encore une autre excellente initiative environnementale, nous pouvons créer une politique véritablement intégrée dans toute l'approche assurant la durabilité environnementale.
Pour ce qui est du projet de loi comme tel, pour nous, il n'y a pas à hésiter: il faut appuyer ce projet de loi. Nous pensons que c'est une mesure importante pour faciliter toute l'initiative du biocarburant qui, à notre avis, présente beaucoup de potentiel pour les revenus agricoles et pour le secteur industriel au Canada. En fait, quand on sait à quel point nous sommes proches des États-Unis et si l'on regarde toute la liste des pays d'où les États-Unis importent actuellement de l'éthanol, le Canada ne figure même pas sur cette liste. Nous avons donc le potentiel, premièrement, de répondre aux besoins de notre propre marché, et ensuite d'exporter également.
D'aucuns ont dit que ce projet de loi est purement administratif. Que ce soit le cas ou non, nous pensons qu'il incarne toute l'initiative visant à créer des sources de revenu pour les agriculteurs tout en protégeant l'environnement. Cette contribution à l'environnement, quand elle crée une source de revenu pour les agriculteurs, établit également des liens très importants entre la population canadienne et la communauté des agriculteurs, en ce sens que les gens se rendent compte que les agriculteurs apportent une contribution importante, et tout le monde est donc gagnant.
J'ai déjà parlé de la source de revenu et j'ai mentionné aussi que, dans bien des cas, nous pouvons utiliser des déchets. La recherche scientifique est-elle assez avancée? Non. Nous croyons que l'on pourrait poursuivre les recherches et rendre l'industrie encore meilleure et plus efficiente. Nous croyons aussi qu'elle contribue au développement rural, surtout si l'on veille à créer un peu partout au Canada beaucoup d'usines pour produire du biocarburant ou de l'éthanol. Nous pensons que cela contribue énormément au développement rural.
Au sujet des revenus, c'est très important que nous mettions en place une politique très concurrentielle par rapport aux États-Unis. Comme tout le monde le sait autour de la table, le Brésil a beaucoup d'avance sur nous dans ce dossier, de même que les États-Unis, et nous devons nous assurer d'établir une politique concurrentielle dans le projet de loi . C'est une mesure administrative visant à faciliter cette initiative, mais veillez à étoffer cela en élaborant une politique concurrentielle. Si nous voulons créer une demande au Canada, assurons-nous de produire le biocarburant, assurons-nous de produire la matière première, et assurons-nous aussi de créer des possibilités pour les agriculteurs qui voudraient être partie prenante au niveau de la fabrication.
La raison pour laquelle c'est très important, c'est que nous savons tous que le secteur du biocarburant aux États-Unis a été bâti à l'aide de subsides très importants, et nous savons que leur industrie est actuellement très solide grâce à cet apport. Nous savons pour en avoir parlé aux agriculteurs qui ont participé au niveau de la fabrication qu'il leur a été possible de payer le coût de construction d'une usine en un an, de sorte que leur secteur est très florissant. Nous devons nous assurer de jeter les bases d'une industrie solide.
J'ai déjà parlé du potentiel en matière de développement rural et, bien sûr, le fait d'installer de nombreuses usines un peu partout au Canada non seulement favorise le développement rural, mais réduit également le coût du transport quand il s'agit de transporter le biocarburant jusqu'aux usagers.
Tout va également très bien avec le plan d'investissement coopératif proposé par la FCA, un plan qui permettrait de créer du capital d'investissement pour les coopératives afin que les producteurs agricoles interviennent de beaucoup plus près au niveau primaire. Bien sûr, et je pense d'ailleurs l'avoir déjà mentionné à cette tribune, lorsqu'on prend le Québec comme modèle, puisqu'un investissement de 6 millions de dollars y avait produit 36 millions de dollars d'investissements directs dans les coopératives et 100 millions de dollars supplémentaires d'investissements dans le développement rural, encore une fois nous sommes d'avis que cela cadre parfaitement, de façon tout à fait intégrée, dans notre plan d'ensemble qui vise à mieux nous permettre de réaliser le potentiel dont nous disposons dans le domaine des biocarburants. Comme je l'ai déjà dit, cela ouvre la possibilité de nous donner une composante à valeur ajoutée pour les déchets, qu'il s'agisse de paille de blé qui, sinon, n'en aurait aucune.
Y a-t-il des difficultés? Assurément. Nous aimerions avoir l'assurance qu'une éventuelle abrogation de la taxe d'accise ne s'appliquerait pas aux producteurs agricoles dans la mesure où cette contribution qui est la leur est très importante pour l'environnement. Nous aimerions avoir l'assurance que les mesures incitatives qui ont été évoquées soient suffisamment pérennes pour que l'industrie puisse s'ancrer solidement. Nous ne voudrions pas voir ces mesures incitatives être abrogées. Faisons donc en sorte que toute cette industrie puisse s'ancrer solidement avant de songer à abroger les incitatifs.
L'augmentation du prix des céréales de provende pose-t-elle problème à l'industrie de l'élevage? C'est certain, mais nous pourrions soutenir que l'augmentation de ces prix, c'est un premier élément, n'est pas exclusivement attribuable à l'industrie des biocarburants. Il y a des problèmes dans le monde entier, mais il faut également arriver à trouver le moyen pour que les producteurs céréaliers obtiennent les prix qu'ils méritent et que les éleveurs puissent dans le même temps réaliser des bénéfices. Ainsi, si on prend l'industrie du porc, les chiffres records affichés par les États-Unis au niveau de l'abattage et la cherté du dollar canadien y sont pour bien plus dans la crise de l'élevage que l'augmentation du prix des céréales de provende.
On a déjà parlé des inquiétudes au sujet du prix des produits alimentaires. Je puis vous garantir que les tensions qu'on enregistre actuellement au niveau du marché du détail des produits alimentaires ne sont pas la résultante de l'augmentation des prix payés aux producteurs agricoles. Bien au contraire, si on songe au pourcentage du prix de détail qui va aux producteurs agricoles, si on compare les chiffres de 2007 à ceux de 2006, l'augmentation de notre pourcentage sur le panier d'épicerie n'a été qu'un maigre 0,6 p. 100. Nous ne croyons donc pas que le prix des produits alimentaires doive militer contre cette initiative fort importante.
Comme je l'ai déjà dit, la science peut-elle faire mieux? Certainement. Je l'avais dit la dernière fois: faisons le maximum pour imiter Wayne Gretzky et allons là où nous pensons que nous allons trouver la rondelle. N'allons pas là où elle se trouve ou là où elle se trouvait, allons plutôt là où elle va arriver.
Pouvons-nous devenir plus efficaces? Bien sûr, nous le pouvons, mais faisons-le tous ensemble à mesure que nous réalisons cette initiative très importante.
Je vous remercie.
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Monsieur Easter, je vous remercie de cette question.
Il est évident que l'ACCR est tout à fait favorable à l'idée d'élargir les mandats concernant les biocarburants bien au-delà des promesses faites par le gouvernement. Nous souscrivons à 100 p. 100 à une stratégie qui ferait passer le mandat de l'éthanol à 10 p. 100 et celui du biodiesel à 5 p. 100.
Le problème critique — et je pense que M. Friesen en a dit un mot — qu'il vaut la peine de signaler, c'est que la proposition qui est actuellement soumise au Parlement, 5 p. 100 et 2 p. 100, se traduirait, comme nous l'avons dit, par environ 2,5 milliards de litres d'éthanol et un peu plus de 500 millions de litres de biodiésel d'ici le 1er janvier 2010.
Ce qui est fondamental pour notre industrie, c'est évident, c'est que nous voulons nous doter d'une capacité. Si le gouvernement ou le Parlement avait la volonté d'envisager un élargissement de ce mandat au-delà de ces chiffres, ce seraient les importations qui devraient assurer l'appoint. Lorsqu'on songe à l'envergure de l'industrie américaine et à la capacité qu'a le marché américain d'alimenter en biocarburant non seulement le Canada mais le reste du monde, il est certain que ce mandat élargi ne pourrait être atteint que par des importations.
Pour notre part, c'est certain, nous ne voulons pas que cela se produise. Nous voulons commencer par bâtir une industrie nationale. Un objectif de 5 et 2 p. 100 est réalisable d'ici 2010. Nous sommes actuellement dans les temps, tant du point de vue du niveau de production que des activités de construction actuellement en cours dans l'industrie, pour arriver à atteindre cet objectif. Mais ce n'est que le début, et notre association préconise fortement, pour l'avenir, l'adoption d'un objectif beaucoup plus ambitieux.
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Je vais commencer par votre deuxième question. Les mesures d'appui dont l'industrie profitaient au tout début, avec exemption de la taxe d'accise au niveau fédéral, donnaient 10 ¢ pour l'éthanol et 4 ¢ pour le biodiésel. Ces exemptions de la taxe d'accise, vous le savez, monsieur Easter, s'appliquaient à la fois aux biocarburants produits ici et aux biocarburants importés sur notre marché.
L'Association insiste vigoureusement depuis quelques années sur le fait que le gouvernement dispose d'une solution beaucoup plus utile pour favoriser le développement de cette industrie au Canada, en l'occurrence remplacer l'exemption de la taxe d'accise par un programme de contribution directe aux producteurs, ce qui signifierait que le niveau d'appui offert par l'État se concrétiserait directement au niveau du producteur de biocarburant.
Certes les biocarburants importés ne profitent plus de cette subvention à la production. Avec l'élimination de la taxe d'accise qui doit survenir le 1er avril et avec le montant de 1,5 milliard de dollars qui ira au programme des biocarburants dans le cadre de l'initiative écoÉNERGIE, je pense que nous avons apporté une solution très directe au problème.
S'agissant maintenant de l'utilisation de la production agricole pour produire des biocarburants, je dispose d'une somme considérable de données et d'informations que je pourrais faire parvenir au comité. Prenons quelques exemples.
Un rapport soumis aux Nations unies par la professeure Amartya Sen, lauréate du prix Nobel, signalait déjà il y a dix ans que la pénurie alimentaire n'était pas le problème qui interpellait le monde en développement. L'idée que, d'une façon ou d'une autre, nous prenions des produits alimentaires pour produire du carburant est en réalité un mythe. Le problème systématique qu'on rencontre dans le monde en développement a rapport à la faiblesse des revenus, au chômage, aux distorsions du marché et aux accords concernant les subventions. Comme le dit la professeure, tous ces problèmes peuvent être rectifiés par des institutions gouvernantes solides, par la suprématie du marché libre, de solides infrastructures et des politiques gouvernementales bien fondées.
Si en matière alimentaire on se rend compte qu'on utilise très peu de produits alimentaires — maïs et céréales, par exemple — pour produire des biocarburants dans l'état actuel des choses. Par conséquent, comme vous l'avez vous-même dit, l'impact de la tendance actuelle n'a rien à voir avec la croissance du marché des biocarburants.
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Merci beaucoup, je vous les donnerai avec plaisir.
Comme nous l'avons dit, notre association a pour politique de croître au même rythme que l'industrie au Canada. Comme nous l'avons préconisé pour l'entrée en vigueur des mandats, nous avons eu pour objectif de faire en sorte d'arriver aux niveaux de production correspondants à ces mandats en construisant des usines au Canada.
Pour ce qui est de la production actuelle de biocarburants, nous sommes à la veille d'arriver, ce sera d'ici un ou deux mois, à une production de l'ordre du milliard de litres de biocarburants. Pour arriver à trois milliards de litres, ce qui est l'objectif spécifié dans le mandat, il est évident qu'il va falloir construire d'autres usines.
Lorsqu'on songe au nombre d'installations qui devraient être en production pour arriver à cet objectif, il faudrait construire au Canada entre 15 et 20 usines de production. Les emplois que cela créerait se chiffreraient entre 300 et 400 par usine, plus tous les emplois indirects attribuables aux fournitures, au matériel et à l'infrastructure associés à la construction de ces usines.
Ces chiffres sont la résultante directe du fait qu'à l'heure actuelle, nous n'avons pas suffisamment d'usines pour atteindre l'objectif. Et pour l'atteindre, il va falloir en construire. C'est précisément là où va se situer l'activité économique. Selon nos chiffres, il va falloir construire, d'ici deux ou trois ans, entre 15 et 20 nouvelles usines pour pouvoir atteindre l'objectif canadien fixé dans le mandat.
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Merci. Je vous arrête là, car j'ai d'autres sujets à aborder.
Ken, je voudrais maintenant m'adresser à vous. Je vais poser mes questions, en espérant qu'il restera du temps pour les réponses.
Nous voyons que les agriculteurs profitent de ce nouveau marché, du moins en ce qui concerne les prix et les revenus. Vous, vous y êtes assez hostile, et j'aimerais savoir pourquoi.
J'aimerais faire quelques autres remarques avant de céder la parole, et je vais commencer par ceci.
En Europe, on prévoit que les carburants renouvelables vont couvrir 5,75 p. 100 des besoins en nouveaux carburants d'ici 2010, et 10 p. 100 d'ici 2020. Les États-Unis visent 35 milliards de gallons par an. Ces objectifs dépassent de beaucoup la capacité de production agricole du nord industrie. L'Europe devrait ensemencer 70 p. 100 de ses terres agricoles pour faire du combustible. La totalité de la récolte de maïs et de soja des États-Unis devrait être transformée en éthanol et en biodiésel. La conversion des terres arables en culture à combustible risque de perturber gravement la production alimentaire du Nord; en conséquence, les pays de l'OCDE se tournent vers l'ensemble de l'hémisphère Sud pour obtenir la satisfaction de leurs besoins en combustible, et les gouvernements de l'hémisphère Sud sont bien prêts à leur donner satisfaction.
Ce qui importe ici, c'est qu'on voit une fois de plus les besoins alimentaires s'opposer aux besoins en combustible. Si nous commençons à modifier toutes nos cultures pour faire du combustible, si notre industrie croît, progresse et qu'on se retrouve à court de matières premières d'alimentation, il va falloir faire appel aux pays du Sud. L'un des piliers de l'agriculture biologique... avec l'agriculture, l'environnement et les combustibles... Nous avons vu les effets catastrophiques de la déforestation en Amazonie et dans d'autres pays comme l'Indonésie, où les agriculteurs sont chassés de leurs terres et remplacés par de grosses plantations qui fournissent l'Europe et les États-Unis en matières premières alimentaires pour satisfaire leurs besoins croissants de consommation.
Si cette transformation à l'échelle planétaire découle d'une volonté de remédier au changement climatique, est-ce qu'on ne risque pas plutôt d'y contribuer en favorisant l'importation de denrées alimentaires de tous ces pays victimes de la déforestation? Il faut aussi tenir compte de la dimension morale du changement pour les agriculteurs de ces pays.
Revenons ici. Si nous voulons stimuler notre production, est-ce qu'on ne va pas devoir recourir à du blé et du canola génétiquement modifiés pour alimenter toute la bioindustrie? Et quels en seront les effets pour l'ensemble de nos approvisionnements alimentaires et pour notre position dans le monde?
Je m'arrête ici.
Ken, vous pouvez commencer, et nous solliciterons ensuite d'autres points de vue.
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Je suis heureux d'être le premier à vous donner une réponse.
J'ai plusieurs choses à dire, et je risque d'accaparer le temps du comité en réfutant les propos de notre ami du Syndicat national des cultivateurs, car malheureusement, ses statistiques sont complètement fantaisistes.
Pour répondre à votre question, monsieur Steckle, je voudrais vous soumettre des données bien concrètes. Je voudrais parler un instant du maïs et de l'éthanol. Actuellement, environ 10 p. 100 seulement du maïs produit aujourd'hui à l'échelle prend la forme de denrées alimentaires destinées à la consommation humaine. Au Canada seulement pour l'ensemble des céréales et des oléagineuses, nous en sommes à environ 50 millions, dont la moitié est destiné à l'exportation. Ce que nous disons aux agriculteurs canadiens, c'est simplement qu'ils auront le choix pour leurs cultures: elles pourront servir soit à l'alimentation, car nous en produisons plus que nous n'en consommons, soit au marché des biocarburants.
Deuxièmement, vous avez tout à fait raison. À voir la croissance aux États-Unis, l'objectif de l'Association canadienne des carburants renouvelables, c'est non seulement d'augmenter les mandats de production au Canada et donc, d'augmenter la capacité de production pour satisfaire ces mandats, mais également de saisir l'occasion qui se présente au sud de la frontière. Vous l'avez bien dit. Nous ne voulons pas d'une situation... Compte tenu de l'objectif de 36 milliards de gallons que se sont fixés les Américains, ils reconnaissent que leur capacité de production à partir des matières premières actuelles n'est que de 15 à 18 milliards de gallons. Le reste devra provenir de la prochaine génération de production d'éthanol, ou des importations, et nous avons au Canada la capacité de satisfaire cette demande.
Quant à l'objectif le plus souhaitable, ne serait-il pas extraordinaire d'établir ici même au Canada l'industrie qui réponde à nos besoins intérieurs compte tenu des mandats fixés — à 5 p. 100 et à 2 p. 100, et M. Easter a parlé de les porter à 10 p. 100 et à 5 p. 100, ce qui nous semble souhaitable — mais également de tenir compte de la situation au sud de la frontière, sans se contenter de laisser partir les matières premières aux États-Unis? Il serait bien préférable d'exporter du biocarburant aux États-Unis pour aider les Américains à atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés. Tout le monde en sort gagnant, et je pense que le comité devrait appuyer unanimement une telle démarche.
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Nous croyons que cela sera très positif.
J'ai entendu énormément de propos détracteurs quant aux bienfaits de cette initiative pour l'agriculture.
Nous n'avons pas besoin d'études. Nous nous sommes lamentés du fait que nous n'avons pas réagi plus rapidement et nous avons jalousé les États-Unis et le Brésil, en nous demandant pourquoi nous n'étions pas présents dans ce secteur.
Plutôt que de dénigrer le projet, je crois qu'il nous incombe, si nous éprouvons ces craintes, d'y trouver ensemble une solution. Ne dénigrons pas toute l'initiative. Nous croyons qu'elle pourrait s'avérer très positive pour le secteur des céréales et des oléagineux qui enregistre des pertes depuis six ans. Les agriculteurs reçoivent enfin de l'argent pour leur production et réalisent des profits. Si cela crée un défi pour d'autres secteurs, trouvons des solutions pour ces secteurs.
En ce qui concerne une pénurie alimentaire, il n'y en a pas actuellement dans le monde. Nous avons peut-être un problème de distribution. Il y a peut-être un problème de pauvreté dans certaines régions du Canada et d'autres pays, mais il n'y a pas de pénurie alimentaire.
Les rapports entre les stocks et leur utilisation sont-ils au niveau le plus bas jamais atteint? Oui, mais c'était déjà le cas lorsque le cours des céréales a commencé à fléchir. Il y a des millions d'acres en réserve aux États-Unis, ainsi que dans l'Union européenne. Les cultivateurs voient enfin leur investissement leur rapporter lorsqu'ils achètent des engrais pour pouvoir accroître leur production à l'acre. Nous allons pouvoir relever ces défis.
La semaine dernière, nous avons comparu devant le comité pour parler de la demande d'engrais. Cela m'indique que les agriculteurs vont augmenter leur production, car ils pensent rentabiliser leur investissement.
Ceci dit, nous sommes d'avis qu'il s'agit d'une initiative positive. Oui, cela donne lieu en ce moment à un défi pour le secteur du bétail, mais je le répète, ce secteur est déjà confronté à d'autres défis.
Nos membres communiquent avec des agriculteurs américains, et ils se rendent compte que pour ces derniers, depuis six ans, le maïs a été rentable. Les agriculteurs américains se sont associés aux entreprises de production, ce qui leur assurait des profits. Cela a certes demandé beaucoup de subventions, et c'est la raison pour laquelle nous devrons nous doter d'une politique concurrentielle. Nous leur envions leur situation.
Trouvons des solutions aux sujets qui nous préoccupent, et allons de l'avant aussi rapidement que possible dans ce domaine, parce que nos membres veulent davantage de mesures.
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Merci beaucoup monsieur le président.
Je pense qu'il est important de faire une observation et de rétablir les faits à propos de quelque chose qui a semblé tellement réjouir .
C'est un fait qu'il y a dix ou quinze ans, en Alberta, les sables bitumineux étaient considérés comme un rêve. On pensait que c'était trop cher, trop énergivore et que cela ne représenterait jamais une source importante d'énergie ou de pétrole dans notre pays ou dans le monde. Aujourd'hui, avec le prix élevé du pétrole, l'argent que les gouvernements fédéral et provincial ont injecté dans ce secteur a créé une industrie viable et très rentable qui crée à peu près 10 p. 100 du PIB du Canada.
Environ 16 p. 100 des emplois créés par l'exploitation des sables bitumineux ne se trouvent pas en Alberta, mais en Ontario. Depuis 2004, plus de 102 milliards de dollars d'activité économique en Ontario seulement ont été créées par les sables bitumineux de l'Alberta.
Monsieur le président, si le secteur que nous aidons à créer aujourd'hui peut déboucher ne serait-ce que sur une infime parcelle des changements que les sables bitumineux ont apportés à notre pays, au Canada rural, alors je crois qu'il nous incombe de l'appuyer et de mettre l'épaule à la roue pour le faire avancer à chaque occasion.
Je pense que les commentaires de M. Boshcoff, quand il dit que le gouvernement retarde cette mesure et tente de semer la peur dans ce dossier, sont très dangereux. Ce que vous faites, c'est exactement ce que ces messieurs vous ont demandé de ne pas faire, c'est-à-dire...