Je vais lire mes notes et je vous prie de m'en excuser. Comme je ne suis pas sur place, je vais lire mes notes.
Merci de m'avoir invitée. L'essentiel des questions que je me propose d'aborder avec apparaissent dans le mémoire de Rainy River, « Next Generation of Agriculture and Agri-Food Policy », que Ken connaît bien. Nous avions recommandé d'adopter une nouvelle vision pour l'agriculture, celle d'une industrie véritablement durable axée sur la prestation de services et la livraison de produits alimentaires et non alimentaires sains, sur les marchés locaux et dans tout le Canada avant même que l'on songe à servir les marchés étrangers. Les principes directeurs de cette politique sont l'équité, la responsabilité environnementale, la diversité régionale et l'autosuffisance.
Comme on m'a demandé de parler au nom du comité Rainy River Local Food for Local People, je commencerai par la définition que l'ACIA donne d'aliments locaux. Selon l'Agence, pour être qualifiés de « locaux », les aliments doivent être produits dans un rayon de 50 kilomètres de leur lieu de vente. Ainsi, dans le district de Rainy River, le miel qui est produit dans la partie ouest ne peut être étiqueté « produit local » sur le marché agricole de Fort Francis.
Or, le marché local le plus logique pour les produits de Rainy River est justement constitué de tout le nord-ouest de l'Ontario, région qui ne se prête pas à la production agricole, comme Kenora, Dryden et Sioux Lookout. Même si nous sommes les producteurs les plus proches, on ne peut considérer que nos produits sont « locaux » aux termes de cette définition imparfaite. Il faudra qu'une définition nationale tienne compte des réalités locales.
S'agissant de l'inspection des produits canadiens, il faut savoir qu'il est difficile, pour les producteurs, d'être compétitifs à l'échelle nationale à cause des barrières interprovinciales qui entravent la vente et le transport du boeuf, du porc, de la volaille et de produits divers. Les frais d'inspection qu'exige l'ACIA sont assumés par les producteurs et par les usines au Canada, mais aux États-Unis, ils sont financés par le gouvernement, ce qui ne fait qu'accentuer notre désavantage compétitif.
Il est nécessaire d'adopter une loi nationale en matière d'inspection des viandes qui soit applicable à l'ensemble de la viande produite au Canada. À l'heure actuelle, les producteurs ne peuvent écouler leurs produits dans d'autres provinces ou auprès de détaillants nationaux sans se soumettre à une inspection fédérale. Un seul niveau d'inspection permettrait d'éliminer cet écueil. Une norme nationale permettrait de mettre toutes les provinces sur un pied d'égalité.
Autre exemple. L'Ontario est la seule province à limiter la taille des troupeaux de poules pondeuses à 100. Les autres provinces, elles, permettent aux aviculteurs d'élever des centaines de volailles et ne leur imposent aucun quota.
Les aliments importés. Nous sommes conscients qu'il s'agit d'une tendance lourde qui ne se renversera pas, mais afin d'éviter toute concurrence injuste, il convient que les aliments importés soient soumis aux mêmes normes de sécurité et de qualité que les produits canadiens. Les aliments importés devraient porter une étiquette précisant leur pays d'origine ou portant la mention « produit importé ».
Il faudrait que les définitions soient plus claires. « Fait au Canada », « Produit du Canada » et « Cultivé au Canada » sont des mentions trompeuses. Les grandes entreprises de l'agroalimentaire continuent de contourner les actuelles normes d'étiquetage en important certains produits au Canada moyennant quelques modifications minimes qui leur permettent d'apposer l'étiquette « Produit au Canada ». Ce genre d'action est visiblement trompeuse pour le consommateur qui est mal informé.
Il faut que les étiquettes indiquent bien ce dont il s'agit. Or, elles sont trompeuses dans le cas de produits importés sur lesquels on peut apposer la mention « Produit du Canada » simplement parce qu'ils ont été emballés ici ou ont fait l'objet d'une campagne de publicité canadienne. Ce genre d'étiquetage ne renseigne pas sur la valeur du produit.
Il faudrait accorder plus de valeur aux produits canadiens qu'aux aliments importés. La réglementation devrait laisser une plus grande place à la production alimentaire de petite échelle, locale et artisanale. Les producteurs devraient pouvoir approvisionner les marchés locaux en légumes, viande, oeufs et lait vendus à la ferme.
Grâce à des systèmes alimentaires axés sur les produits locaux, il sera possible d'accéder à des aliments plus frais et plus sains, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, d'améliorer la protection de l'environnement, d'améliorer les revenus agricoles — car nous conserverons davantage d'emplois dans les régions concernées — et d'améliorer la santé de la population.
Étant donné les craintes récentes suscitées par la contamination alimentaire, le Canada se doit d'exiger que les mêmes normes que celles en vigueur au Canada soient appliquées aux produits importés. L'étiquette de tout ce qui a été récolté ou élevé dans un pays étranger devrait le mentionner. Les règles actuelles nous empêchent de faire les changements nécessaires.
Quand on tient compte du fait que nous perdons la capacité de nous nourrir nous-mêmes, puisque nous importons de plus en plus d'aliments, il apparaît très vite que nous sommes à un tournant de l'histoire des systèmes de production et de distribution alimentaires. Des changements et une réforme en profondeur s'imposent.
Un système alimentaire valable sera financièrement intéressant pour tous les intervenants, surtout ceux qui, à l'échelle locale et régionale, conduiront des opérations respectueuses de l'environnement et de la dimension sociale. L'État devrait canaliser son aide pour appuyer et bâtir une infrastructure susceptible de permettre la stabilisation de l'agriculture.
Il est difficile de développer de nouveaux produits parce que nous sommes à présent en concurrence avec des importations fortement subventionnées et une main-d'oeuvre tiers-mondiste. Le nouveau règlement de l'ACIA exigeant l'étiquetage nutritionnel sur tous les produits, à raison de 6 000 $ par analyse, d'après ce qu'on nous a dit, s'avérera prohibitif pour les petits transformateurs locaux. En effet, ils ne pourront pas se permettre ce genre de coûts élevés. Dès lors, les aliments produits localement seront désavantagés et les petits transformateurs seront poussés à la faillite.
À l'heure où nous nous parlons, le Canada est en train de perdre sa dernière conserverie. Les coûts ont tellement augmenté qu'il est maintenant possible d'exporter la matière première et de la faire transformer à l'étranger avant de la réimporter à un moindre coût. Les dernières règles MRS sont particulièrement coûteuses et elles placent les petites usines dans une situation terrible.
Celles-ci jouent pourtant un rôle fondamental dans la production agroalimentaire locale, mais à cause de la gamme étendue de matières à risque spécifiées, beaucoup de ces usines sont éjectées du marché. Malheureusement, l'Agence a permis aux entreprises d'engraissement d'inclure de la protéine animale dans les moulées destinées aux ruminants. C'est à cause de cela que nous avons connu l'ESB qui nous a coûté très cher. Or, le règlement régissant les MRS ne fait rien pour atténuer ces coûts. Les grandes entreprises à l'origine de ce problème devraient être tenues responsables de recouvrer les coûts associés aux dégâts occasionnés par l'ESB. Le règlement récemment adopté a joué un rôle dans la fermeture de l'usine GenPar, fermeture qui a été un autre coup mortel porté à l'industrie du boeuf.
Notre système n'est actuellement pas conçu pour donner une place équitable aux producteurs. La chaîne de valeur ne les sert pas bien. Les producteurs, les transformateurs, les détaillants et les consommateurs devraient tous être traités plus équitablement. La réglementation permet la domination des grandes chaînes agroalimentaires. La réglementation élimine la production locale au point que nous devenons tous des franchisés des grandes marques. Actuellement, les producteurs n'ont pas ce qu'il faut pour faire de l'argent et ajouter une valeur à leur production, tandis que le système n'aide que les distributeurs et les détaillants. Le bénéfice est calculé à partir du coût du produit à son arrivée à l'usine, plutôt que d'être dégagé après le coût de production et le coût de l'équipement. Il y a lieu d'insister sur l'approvisionnement des marchés locaux avant de nous tourner vers les marchés étrangers. Nous devons promouvoir l'alimentation locale et avons, pour cela, besoin tout de suite d'une solution et d'un plan.
À l'heure où les coûts de l'énergie continuent d'augmenter, il nous faut mettre en oeuvre une initiative relative aux aliments produits localement pour que nous ne dépendions plus autant de l'énergie. Si les prix de l'énergie continuent d'augmenter, nous constaterons d'énormes changements. Il est possible que les aliments ne parviendront aux grands centres urbains que par les grands axes routiers. Nous devrons nous doter d'un plan pour assurer le ravitaillement de l'arrière-pays et être de plus en plus autosuffisants au plan régional. Cela veut dire que nous devrons apprendre à cultiver des aliments et à les conserver. Nous devrons aussi apprendre à suivre un régime alimentaire davantage saisonnier. Heureusement qu'à Rainy River, nous ne manquons pas de boeuf.
Il faudrait encourager la production d'énergie de substitution à petite échelle. Ce genre de production serait moins vulnérable que la production à grande échelle et permettrait de diversifier et de stabiliser les sources d'énergie.
Afin d'élaborer un système dès maintenant, il nous faut d'abord éliminer les lois et les règlements qui nous freinent. Le plan devra s'adresser aux Canadiens de tous âges, surtout aux jeunes. Les écoles pourraient cultiver leurs propres produits, pour composer des goûters santé localement. Tout le monde devra avoir accès à des aliments salubres, nutritifs et culturellement adaptés, et cela en quantité et en qualité suffisantes pour favoriser une vie saine dans le respect de la dignité humaine.
Le marché agricole Clover Valley de Fort Frances est sur le point de lancer un superbe projet. Les organisateurs collaborent avec d'autres à la mise sur pied d'un programme de paniers d'aliments locaux. Celui-ci vise à augmenter la production alimentaire locale et à réaliser des percées dans le sens d'un approvisionnement alimentaire moins centralisé.
Dans le district de Rainy River, nous sommes convaincus que le mouvement alimentaire local est là pour durer et nous souhaiterions que tous les échelons de gouvernement collaborent à faire en sorte que la production locale d'aliments devienne une réalité. La production d'aliments locaux pourrait avoir un effet bénéfique sur nous tous. À la faveur de la poussée de ce nouveau mouvement, nous pourrions assister à une augmentation du nombre d'exploitants agricoles. Le Canada ne parviendra peut-être jamais à produire tout ce qu'il consomme, mais le plus petit changement dans le sens de la préférence accordée aux produits agroalimentaires canadiens ne pourra qu'avoir une répercussion marquée sur le secteur agricole.
En conclusion, je me permettrai de rappeler qu'il est nécessaire d'adopter une loi nationale pour encadrer l'inspection des viandes et éliminer les barrières interprovinciales. Il faudra apporter des changements en matière d'étiquetage des aliments importés et les producteurs canadiens ne devraient pas avoir à supporter des règlements qui les empêchent d'être concurrentiels. Nous devons trouver une solution valable pour assurer la production alimentaire locale et, pour cela, nous devons créer des partenariats afin de montrer à quel point les aliments produits localement sont nécessaires et bénéfiques.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Madame, messieurs les députés, je vous remercie de nous avoir invités.
Je m'appelle Charles Tanguay et je suis responsable des communications à l'Union des consommateurs. L'Union des consommateurs est une fédération d'associations du Québec qui regroupe 11 associations de consommateurs.
Ma présentation va aller au delà du strict sujet de l'origine de l'étiquetage sur les produits d'alimentation, pour prendre en compte plus globalement les préoccupations des consommateurs en matière d'étiquetage d'aliments. Ce sujet a fait l'objet d'une étude de l'Union des consommateurs qui a été financée par le Bureau de la consommation d'Industrie Canada et qui date de 2007. Elle portait justement sur les nouvelles tendances et besoins des consommateurs en matière d'information sur les aliments et d'étiquetage. Cette étude est à votre disposition, si vous voulez en savoir plus.
Le premier constat est que l'information est l'un des droits les plus importants pour les consommateurs. Elle permet au consommateur de faire des choix. En matière d'aliments, les préoccupations des consommateurs changent et l'information devient de plus en plus cruciale pour répondre aux besoins des consommateurs.
J'aborde brièvement cet aspect plus large des préoccupations des consommateurs. En ce XXIe siècle, elles ne se limitent plus à la santé et à la commodité. Les politiques qui favorisent le commerce international font en sorte que les multinationales du secteur agroalimentaire accroissent sans cesse leur emprise sur notre alimentation et façonnent de plus en plus les modèles agricoles et alimentaires en contribuant notamment à l'appauvrissement de notre culture alimentaire et en nous éloignant des ressources productives. Les conséquences de l'application de politiques axées sur les marchés d'exportation ont également un impact sur la sécurité alimentaire et contribuent à l'augmentation de la disparité entre les riches et les pauvres, entre les pays du Nord et ceux du Sud, en plus de compromettre notre capacité d'exercer certains droits en tant que consommateurs, notamment le droit à l'information et le droit de choisir.
Les nouvelles technologies, par exemple les manipulations génétiques des cultures végétales, et l'utilisation de pesticides, de moulées, d'engrais chimiques performants, sont à la base de méthodes de production agricole modernes qui provoquent un stress considérable sur l'environnement. Le système agroalimentaire actuel engendre des problèmes nouveaux pour les écosystèmes et pour les sociétés, et entraîne de nouvelles préoccupations chez les consommateurs. Les inquiétudes des consommateurs, longtemps restreintes aux questions de prix et de sécurité sanitaire des aliments, se sont sensiblement élargies et comprennent maintenant de plus en plus des questions de santé, de commodité, des préoccupations d'ordre environnemental, social, culturel, éthique et politique. Cet engagement en faveur d'une consommation responsable dans le secteur alimentaire se reflète à l'échelle planétaire.
L'évolution des valeurs et des préoccupations des consommateurs en matière alimentaire les plus proches du développement durable se manifestent d'ores et déjà par une demande croissante de certains produits alimentaires. Par exemple, de plus en plus de consommateurs choisissent de s'alimenter à partir d'aliments issus de l'agriculture biologique. Au cours des années 1980 et 1990, les principales préoccupations motivant les consommateurs à se procurer des aliments biologiques portaient sur la protection de l'environnement, alors qu'aujourd'hui des sondages révèlent de plus en plus que ces préoccupations se basent sur une variété d'autres facteurs pour justifier leur consommation de tels produits.
En effet, les consommateurs croient que les aliments issus de l'agriculture biologique sont plus sains, plus nutritifs, qu'ils ont plus de goût et que l'achat de tels aliments favorise l'appui aux petites exploitations agricoles et aux producteurs locaux, une nouvelle relation entre l'homme et l'agriculture, le développement durable et la préservation de l'eau. En somme, les consommateurs qui achètent des aliments biologiques le font pour répondre à des préoccupations d'ordre social, culturel et environnemental.
L'agriculture biologique repose en effet sur des principes écologiques respectueux de l'environnement. Les cultures biologiques permettent d'éviter d'utiliser des pesticides ou des herbicides chimiques, des fertilisants de synthèse ou des semences génétiquement modifiées, tandis que le renforcement de la capacité des sols est effectué à l'aide de méthodes éprouvées telles que la rotation des cultures, l'épandage de matières organiques compostées et l'usage d'engrais naturels.
Pour l'élevage biologique, pas d'hormones de croissance, de farines animales ou d'antibiotiques, ainsi que des conditions de vie décentes qui permettent aux animaux de voir régulièrement la lumière du jour et de bouger. Enfin, les produits transformés issus de l'agriculture biologique ne contiennent ni colorants, ni agents de conservation chimiques, arômes artificiels ou additifs de synthèse et n'ont pas fait l'objet d'irradiation.
On comprend donc que, pour toutes ces raisons, la consommation d'aliments biologiques croît de plus de 20 p. 100 par année au Canada, et presque 40 p. 100 de la population canadienne dit acheter des produits biologiques. Sur la scène internationale, on observe la même tendance.
Pour des raisons de santé et des motifs d'ordre social, culturel, environnemental, économique et politique, de plus en plus de consommateurs se tournent vers le bio. On peut observer une tendance similaire en ce qui concerne l'achat d'aliments produits localement. De nombreuses initiatives démontrent que des systèmes alimentaires axés sur la communauté s'avèrent bénéfiques pour plusieurs raisons. L'alimentation locale permet aux consommateurs de se nourrir à partir d'aliments frais produits dans leur région. De plus, elle limite l'utilisation de traitements de conservation et minimise le transport des aliments sur de longues distances, ce qui réduit par le fait même les émissions de gaz à effet de serre. En outre, l'alimentation locale contribue à réduire les problèmes liés à la faim chronique et promeut le développement rural en stimulant l'économie régionale.
Au Canada, les marchés publics connaissent un engouement exceptionnel. L'achat local fait donc partie des préoccupations plus larges des consommateurs qu'on a pu mesurer lors d'un sondage web auquel plus de 3 000 répondants ont participé. C'étaient en majorité des femmes qui étaient plus scolarisées que la moyenne et qui avaient des revenus plus élevés que la moyenne. Je vous fais grâce des détails quant aux questions et aux résultats de ce sondage, mais vous pourrez le consulter, il est fort intéressant.
En résumé, 71 p. 100 des répondants se disent assez bien renseignés et 19 p. 100, très bien renseignés sur les matières alimentaires et agroalimentaires. C'est donc dire que ce sondage n'est pas représentatif de la population canadienne, mais représente l'opinion de gens qui, en raison de leurs préoccupations et leur sensibilité en la matière, ont une petite longueur d'avance par rapport à la population canadienne.
Selon la tendance générale, les consommateurs se sentent plus préoccupés par ce dossier. La question de l'origine des produits est importante pour 84 p. 100 d'entre eux. Dans une proportion de 71 p. 100, les gens semblent trouver assez facile de connaître l'origine des produits. Cependant, j'ai l'impression que plusieurs consommateurs lisent les informations mais ne les comprennent pas, puisqu'on sait que les règles actuelles permettent l'inscription d'informations trompeuses sur l'origine des produits.
Je crois que cette question fait partie de l'ensemble des préoccupations très importantes des consommateurs. On note, parmi les commentaires recueillis auprès des consommateurs, une incrédulité générale de ceux-ci par rapport aux règles d'étiquetage et aux allégations qu'on retrouve sur les étiquettes. Je crois que les consommateurs sont de plus en plus méfiants envers l'information fournie par l'industrie sur les produits de consommation.
Beaucoup nous disent que les étiquettes sont difficiles à comprendre et plusieurs ont fait des commentaires sur les aspects trompeurs de l'origine des produits, en réclamant une meilleure traçabilité des aliments.
Sur la base de ces constats, nous avons plusieurs recommandations à faire en général sur l'étiquetage. Par exemple, on trouve inconcevable que le Canada n'ait toujours pas adopté l'étiquetage obligatoire des OGM. On recommande également des règles d'étiquetage mieux définies et mieux balisées en matière de produits biologiques; ces règles pourraient s'inspirer des exemples de la Colombie-Britannique et du Québec.
Quant à l'origine des produits, on recommande un resserrement des règles pour qu'on puisse savoir beaucoup mieux d'où viennent les produits, où ils ont été cultivés, où ils ont été transformés et s'ils sont importés.
On aimerait également que les gouvernements des provinces, mais également le gouvernement du Canada, investissent dans des campagnes d'achat local pour favoriser l'achat de produits canadiens. Cela nous apparaît important pour nombre de raisons. Les consommateurs canadiens aimeraient acheter des produits canadiens.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Michel Arnold et je suis le directeur général d'Option consommateurs. Je suis accompagné par Mme Nalini Vaddapalli, qui est avocate et analyste en agroalimentaire chez Option consommateurs.
Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du comité, je tiens aussi à vous remercier de nous avoir invités et de nous donner l'occasion de vous faire part de nos réflexions quant aux principales attentes et préoccupations des consommateurs en matière d'étiquetage agroalimentaire. Plus spécifiquement, nous nous pencherons aujourd'hui sur les mentions « Fait au Canada » et « Produit du Canada », et nous formulerons des recommandations afin d'assurer la confiance des consommateurs canadiens.
Option consommateurs est un organisme à but non lucratif issu du mouvement des associations d'économie familiale, plus particulièrement de l'ACEF centre de Montréal, et existe depuis 1983. Cette association à but non lucratif a pour mission de promouvoir les droits des consommateurs et de défendre les intérêts de ceux-ci, et de faire en sorte que ces droits soient respectés. Option consommateurs compte sur une équipe d'environ une trentaine de professionnels.
Au cours des ans, nous avons notamment développé une expertise dans les domaines du budget et de l'endettement, des services financiers, de la santé et de l'agroalimentaire, de l'énergie et dans bien d'autres domaines. Chaque année, nous rejoignons directement entre 7 000 et 10 000 consommateurs, nous accordons de nombreuses entrevues dans les médias et nous siégeons à plusieurs comités de travail et conseils d'administration. D'ailleurs, nous avons participé aux travaux de la réglementation sur les produits biologiques. Nous siégeons notamment au conseil d'administration de Cultivons Biologique Canada et nous avons rédigé en 2005 un rapport sur des campagnes de sensibilisation et d'éducation auprès des consommateurs à l'intention de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
En matière de protection du consommateur, les principes directeurs des Nations Unies constituent pour nous la toile de fond. Ces principes rappellent, comme le disait M. Tanguay, que les consommateurs doivent être protégés « contre les risques pour leur santé et leur sécurité », qu'ils ont le droit d'avoir « accès à l'information voulue pour faire un choix éclairé » et que des mesures pour favoriser « [l']éducation des consommateurs, notamment concernant l'impact socioéconomique et sur l'environnement des choix qu'ils effectuent », doivent être mises en place.
Cela se traduit, en matière d'étiquetage, par les notions de simplicité, fiabilité et transparence. L'information transmise au consommateur doit être crédible et vérifiable.
À la suite des inquiétudes suscitées par la sécurité des produits de consommation dont les produits agroalimentaires, les consommateurs canadiens s'informent plus que jamais et souhaitent être renseignés pour faire des choix éclairés lorsqu'ils font leurs emplettes. Nous soulignons d'ailleurs l'étude menée par la Fédération canadienne de l'agriculture portant sur l'étiquetage des produits cultivés au Canada et rendue publique en juin 2007. Cette étude met en lumière l'importance d'équilibrer les intérêts sociaux et économiques et les choix politiques en matière d'agriculture et d'agroalimentaire. Ces derniers ont un impact sur le pouvoir d'achat et l'accessibilité en tout temps aux denrées alimentaires favorisant une saine alimentation pour tous.
Pour maintenir la confiance du consommateur, les politiques, lois et règlements doivent être clairs et transparents.
La notion de transparence exige des actions cohérentes et respectueuses des attentes et des besoins qu'ont les consommateurs envers le gouvernement et les principaux acteurs qui façonnent l'offre alimentaire.
Dans cette optique, la multiplicité des logos, des allégations santé et des certifications contribuent à miner la confiance des consommateurs. De récents exemples dans les médias ont démontré l'importance de se pencher sur la fiabilité de ces informations, car elles ont une grande influence sur les consommateurs. Si les allégations « Choix environnemental » et « Visez santé » ont pour objectif d'aider les consommateurs à poser des gestes responsables pour l'environnement ou pour leur santé, elles doivent également être suffisamment fiables pour maintenir la confiance du consommateur envers le produit. Or, on l'a vu, cette confiance a été rudement mise à l'épreuve dernièrement.
Il ne faut pas oublier que les consommateurs ne sont pas les seuls à être pénalisés, les autres acteurs de la chaîne alimentaire le sont aussi, dont ceux de l'industrie et ceux voués à protéger la santé publique. En somme, lorsque l'information transmise au consommateur ne répond pas aux attentes, la crédibilité et la confiance sont entachées. Il y aura des retombées négatives dans tous les secteurs, de la fourche à la fourchette.
En somme, lorsque l'information transmise au consommateur ne répond pas aux attentes, la crédibilité et la confiance sont entachées. Il y aura des retombées négatives dans tous les secteurs, de la fourche à la fourchette.
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Merci. Je vous présente mes excuses, parce que j'ai tout juste terminé la traduction hier soir et il est possible que votre document comporte des fautes. Veuillez m'en excuser.
Offrir aux consommateurs canadiens des produits de chez nous, en l'occurence des « Produits du Canada » ou « Faits au Canada » leur permet de poser un geste d'achat sécuritaire, en plus d'encourager les producteurs canadiens et l'économie intérieure. Les consommateurs canadiens souhaitent le faire, d'où l'importance d'identifier correctement les produits provenant de l'agriculture canadienne.
Rappelons aussi que, si Ie secteur agroalimentaire a recours à I'importation, il n'en demeure pas moins que 95 p. 100 des consommateurs canadiens préfèrent les produits canadiens lorsque les prix sont concurrentiels et que leur qualité est égale ou supérieure à celle des produits importés. Sans contredit, I' origine des produits agroalimentaires joue donc sur les habitudes des consommateurs.
La sécurité et l'innocuité des produits doivent être garanties quel que soit le lieu où les consommateurs font leurs emplettes: supermarché, marché local, pharmacie et magasin à rabais. Il s'agit d'un défi de taille. La mention « Canada » représente une valeur ajoutée pour un produit agroalimentaire. L'utilisation de cette mention ne doit donc être permise que si des normes rigoureuses ont été développées et que les autorités compétentes veillent à ce qu'elles soient respectées.
En clair, la mention « Produit du Canada » ou « Fait au Canada » doit refléter la réalité. Autrement dit, il doit s'agir d'un produit dont les composantes sont authentiques. Par exemple, un produit alimentaire portant le logo « Biologique Canada » indique notamment au consommateur qu'il renferme « au moins 95 p. 100 d'ingrédients biologiques ». Cela doit être le cas pour tout produit agroalimentaire canadien qui devra être produit ou fait entièrement ou presque au Canada. De cette prémisse, une réflexion s'impose pour que l'encadrement de ces mentions permette aux consommateurs de faire un choix éclairé.
Par ailleurs, si un peu plus de la moitié des Canadiens lisent les étiquettes alimentaires, près de l'autre moitié n'ont pas le niveau minimal de compétences en lecture pour se tirer d'affaire. Ainsi, à l'heure actuelle, en matière de produits agroalimentaires, un texte simple, explicite avec un soutien visuel, s'avère essentiel pour aider bon nombre de consommateurs à faire un choix éclairé.
Nous saluons donc l'occasion qui nous est donnée de vous transmettre les recommandations suivantes à la lumière des préoccupations et des attentes des consommateurs canadiens.
Option consommateurs recommande que la matière première d'un produit portant la mention « Produit du Canada » et « Fait au Canada » ait été cultivée au Canada.
Nous recommandons que le seuil permettant l'utilisation des mentions « Produit du Canada » et « Fait au Canada » soit révisé à la hausse pour assurer l'intégrité et l'authenticité des produits agroalimentaires canadiens. Pour ce faire, la décision doit être le fruit d'une consultation menée auprès des acteurs de tous les maillons de la chaîne alimentaire.
Option consommateurs recommande, que pour chacune des mentions, une information supplémentaire sur l'étiquette soit inscrite pour assurer la transparence du processus inhérent à la mention utilisée. Par exemple: x p. 100 des produits et de la main-d'oeuvre proviennent du Canada. Nous recommandons qu'une feuille d'érable soit apposée lorsque ces mentions sont utilisées pour faciliter et favoriser le choix d'un produit agroalimentaire canadien.
Option consommateurs recommande qu'une information aux points de vente soit offerte aux consommateurs. L'information doit porter sur la teneur détaillée de chacune des mentions utilisées dans le lieu visité.
Enfin, nous recommandons qu'une campagne d'information grand public soit mise sur pied et diffusée dans les grands journaux, les journaux de quartier, à la télévision et via Internet. Cette campagne doit être en lien avec les mentions utilisées dans le secteur agroalimentaire pour mettre en valeur les produits faits au Canada et ainsi accroître la confiance des consommateurs canadiens et contribuer à l'essor du marché des produits agroalimentaires canadiens.
Merci du temps que vous nous avez consacré et de l'attention que vous nous avez accordée.
Consumer Interest Alliance Inc. tient à remercier le comité de lui donner l'occasion de témoigner aujourd'hui pour lui faire certaines recommandations relativement à l'étiquetage « Produit du Canada » et en particulier à l'utilisation de cette mention sur les produits alimentaires.
CIAI est un organisme nouveau composé de bénévoles expérimentés dans le domaine de la consommation qui s'intéressent donc aux problèmes et aux intérêts des consommateurs. CIAI est un organisme sans but lucratif à charte fédérale dont la vocation est de représenter les consommateurs à l'échelle nationale et d'effectuer des recherches. CIAI travaille en collaboration avec d'autres acteurs de l'économie canadienne, avec qui il a des échanges et auprès de qui il intervient.
Ses grands domaines d'intérêt et d'activité sont l'agroalimentaire, la santé et l'environnement liés à l'alimentation et à l'agriculture, les normes nationales et internationales et les services financiers.
CIAI applaudit à l'intention générale visée dans le nouveau plan d'action en matière de sécurité alimentaire et de consommation qui a été annoncé à la suite du discours du Trône de novembre 2007. Nous sommes tout particulièrement encouragés par le projet qui vise à améliorer les renseignements de sécurité destinés aux consommateurs, à intégrer la notion de salubrité dans la chaîne d'approvisionnement de l'industrie et à imposer le rappel obligatoire de produits. Nous aurions long à en dire sur de nombreux volets de ce plan d'action, mais nous allons nous contenter, aujourd'hui, de parler de la nécessité d'améliorer la communication avec les consommateurs en ce qui a trait à leurs choix alimentaires grâce à une appellation « Produit du Canada » qui serait moins vide de sens et moins trompeuse.
La Charte des droits du consommateur des Nations Unies prévoit l'accès à des informations exactes pour favoriser les décisions d'achat. Le plan de sécurité proposé ne consacre qu'un paragraphe à la question de l'étiquetage « Produit du Canada » et « Fait au Canada ». Il demeure que, selon nous, ces étiquettes et déclarations sont une condition sine qua non sur laquelle fonder des revendications de produits qui ne soient pas trompeuses et qui permettent aux consommateurs de prendre des décisions éclairées.
Il est de plus en plus important de fournir aux consommateurs canadiens des renseignements exacts sur l'origine des aliments qu'ils consomment, les événements ne cessant de nous rappeler les problèmes que posent certains produits importés. Les règles actuelles ne sont pas claires. CIAI désire attirer l'attention du comité sur deux aspects qui, selon nous, exigent une très nette amélioration de la communication avec les consommateurs. Je veux parler de la règle des 51 p. 100 et de l'expression « Canada catégorie A ».
C'est la règle des 51 p. 100 qui est actuellement appliquée aux termes de la loi actuelle, comme on peut le constater sur le site Web du Bureau de la concurrence. Celle-ci permet aux manufacturiers et aux transformateurs de produits alimentaires de regrouper la valeur de la transformation et de l'emballage pour affirmer que 51 p. 100 de la valeur totale du produit a été obtenue au Canada. Ils peuvent ensuite déclarer que le produit est canadien, même si, pour un produit alimentaire, cela peut signifier que peu, voire aucune valeur nutritive n'est véritablement canadienne. Prenons l'exemple donné sur le site Web de l'ACIA. Les olives importées en vrac d'Espagne et reconditionnées au Canada, après un simple changement d'eau, deviennent un produit du Canada si la règle des 51 p. 100 est respectée.
La règle des 51 p. 100 est la politique adoptée par le Bureau de la concurrence et, d'après ce qui apparaît sur la même page Web, on apprend que deux conditions doivent être respectées pour que le produit soit considéré d'origine canadienne:
le produit a été créé au Canada, c'est-à-dire que la dernière transformation substantielle a eu lieu au Canada, ce qui donne un nouveau produit final reconnaissable, nettement différent en apparence des différents ingrédients le composant; ET
au moins 51 p. 100 du total des coûts directs de production ou de fabrication sont canadiens.
Comme il n'y a bien sûr pas beaucoup d'oliveraies au Canada, le consommateur possédant une connaissance raisonnable de la géographie se rend vite compte que la mention « Produit du Canada » décrit assez mal ce que ce terme peut signifier dans le langage courant.
En revanche, d'autres exemples sont certainement moins évidents, même pour un consommateur averti. En réalité, ces lignes directrices concernent la valeur ajoutée économique, qu'elles ont pour objet de stimuler, plutôt que la valeur du contenu alimentaire. Ce faisant, la valeur de la transformation et de l'emballage au Canada est aussi valorisée dans ces lignes directrices que la valeur nutritive d'un produit strictement élevé au Canada. En vertu de ces lignes directrices et de la mention « Produit du Canada », la valeur monétaire des produits alimentaires canadiens ne concerne pas tant les produits eux-mêmes que son rôle de moteur économique de l'industrie de la transformation et de l'emballage.
À CIAI, nous estimons que le consommateur qui achète un produit portant la mention « Canada » s'attend à se procurer un produit ayant été cultivé ou élevé au Canada. L'identification tolérée d'aliments qui n'ont pas été produits ici, par apposition de la mention « Produit du Canada », est trompeuse pour la majorité des consommateurs qui, selon nous, sont davantage intéressés par l'origine des ingrédients que par le lieu de fabrication et de traitement.
À la suite de reportages récents sur des produits du poisson importés d'Asie et transformés sur la côte Est, les consommateurs ont pris conscience de la faillibilité de la règle des 51 p. 100.
De telles pratiques déroutantes et potentiellement trompeuses risquent d'amener le consommateur à perdre confiance dans la pertinence et l'exactitude des labels d'origine Canada. Cette crise de confiance a des conséquences négatives indésirables, comme le fait que les consommateurs cherchent d'autres canaux d'approvisionnement en produits qu'ils estiment être véritablement canadiens, comme les marchés agricoles et les systèmes d'achat direct qui peuvent contourner certains excellents circuits d'alimentation connus pour leur salubrité. Cette situation encourage également la promotion de production locale par les gouvernements provinciaux ou les organismes d'État plutôt que de stimuler des marques canadiennes solides et fiables, comme le prévoyait le premier cadre de politique agricole.
De plus, des consommateurs canadiens découvrent les food miles et le hundred-mile diet. Beaucoup cherchent, autant que faire se peut, à se procurer de la viande et d'autres produits canadiens. L'actuelle pratique d'étiquetage des produits étrangers que l'on fait passer pour des produits canadiens pourrait pousser les consommateurs à s'approvisionner en dehors des circuits d'approvisionnement canadiens qui sont sûrs et réglementés et donc à mettre leur santé en jeu, sans pour autant avoir la certitude que les produits achetés seront effectivement locaux, à cause de la règle des 51 p. 100. En vertu du système actuel, tout nouvel ingrédient qui n'a pas été cultivé au Canada peut porter la mention « Produit du Canada » et être étiqueté en tant que produit d'origine locale. Par exemple, le site « Achetez localement » du gouvernement provincial du Manitoba mentionne le café comme étant un produit local.
CIAI recommande donc que la règle des 51 p. 100 ne soit appliquée qu'à la valeur du contenu alimentaire intervenant dans le coût de la production, comme le définit le Bureau de la concurrence, et que le pourcentage soit nettement augmenté.
Nous estimons que l'exclusion des coûts d'emballage dans le calcul des coûts de transformation aura deux grands avantages. D'abord, cela permettra de mettre en correspondance l'appellation « Produit du Canada » avec la valeur nutritive et alimentaire et, deuxièmement, cela découragera le suremballage.
Afin de déterminer l'augmentation appropriée du pourcentage, il faut que le gouvernement recueille des données de recherche. Il pourrait d'abord s'agir de déterminer ce que les consommateurs comprennent par « Produit du Canada » ou « Fait au Canada », et de fixer les lignes directrices appropriées en fonction de leur compréhension.
De plus, nous pourrions nous inspirer des ententes commerciales que le Canada a signées ainsi que des pratiques de nos partenaires commerciaux pour orienter la transformation des produits et fixer les valeurs à retenir aux fins de l'importation.
S'agissant de la formulation de ce genre d'exigence, CIAI serait favorable à l'application d'un système de normes national destiné à créer une norme volontaire comme pour la production de produits biologiques et au fait que cette norme soit mentionnée dans la loi. Ce faisant, non seulement les producteurs et les transformateurs seraient contraints d'identifier les produits canadiens, mais nous aurions la certitude que ce genre de mention serait exacte et non trompeuse. Ce genre de norme nous permettrait également de veiller à ce que toute mention locale supplémentaire, par exemple à l'échelle provinciale, soit conforme au souci de bien informer le consommateur. CIAI n'est pas opposé à l'idée d'acheter des produits locaux, mais à condition que ce soit en fonction d'un système d'identification tel que les consommateurs obtiennent effectivement des produits locaux quand les étiquettes précisent que tel est le cas.
Nous sommes favorables à la nécessité de bien informer les consommateurs sur l'origine de leurs produits alimentaires, mais nous ne sommes pas d'accord avec l'idée de promouvoir la production d'une province plutôt que d'une autre. Nous ne pensons pas que cela irait dans le meilleur intérêt du Canada ou des consommateurs canadiens.
Passons maintenant à la mention « Canada catégorie A » et au risque qu'elle présente d'être mal comprise par le consommateur. Les inquiétudes récentes soulevées par le miel importé de Chine, qui avait été mélangé à du miel Canada catégorie A, puis commercialisé en tant que tel, ont marqué une perte de confiance de la part de nombreux consommateurs dans des produits qu'ils pensaient, jusque-là, être canadiens. Parallèlement à l'amélioration des normes, à une meilleure application de la réglementation et à un plus grand souci de mieux informer le consommateur, comme le recommande la section sur la sécurité alimentaire du plan d'action, nous suggérons d'axer l'essentiel des efforts de communication sur l'explication du sens réel à accorder à la mention « Canada catégorie A ».
Des études récentes réalisées par notre organisation ont révélé d'importantes lacunes dans la capacité de l'ACIA de faire respecter les règlements actuels en matière d'étiquetage, de publicité et de normes dans le domaine alimentaire. Le nouveau plan d'action fait état d'une meilleure capacité d'application de la réglementation grâce au retraçage des produits, à l'application de nouvelles amendes administratives, à une plus grande transparence, à moins de flexibilité dans l'information déclarée renseignements commerciaux confidentiels et à plus de pouvoirs pour les organismes de réglementation. La CIAI se réjouit de toutes ces initiatives et estime qu'elles vont nous permettre d'améliorer la conformité.
Comme je suis en retard, je vais rapidement passer à nos recommandations finales.
Nous recommandons d'adopter un règlement qui encadrera les mentions « Produit du Canada » et « Fait au Canada »; celle-ci devront être simples, elles devront permettre d'éviter d'avoir à préciser ce qu'elles signifient et elles seront les mêmes pour tous les produits de consommation.
Nous recommandons que, pour les produits alimentaires, la règle des 51 p. 100 porte sur la valeur du système alimentaire afin de créer une norme volontaire, comme c'est le cas pour la production biologique, et que l'on reprenne cette définition dans la loi. Nous recommandons que les efforts de communication portent principalement sur l'explication de l'appellation « Canada catégorie A » qui ne saurait être simplement synonyme de « Produit du Canada ».
Je conclurai en vous disant que nous nous réjouissons de voir le grand nombre de mesures prises et nous aimerions vous encourager à poursuivre sur cette voie, surtout dans le cas des communications aux consommateurs.
Je vous remercie.
C'est précisément la situation que nous connaissons à l'heure actuelle. Comme vous le savez, nous sommes en train d'essayer de construire un abattoir ici, à Rainy River. Nous envisageons d'appliquer le cahier des charges fédéral, mais nous n'avons pu, jusqu'ici, obtenir un établissement qui soit inspecté par ce palier de gouvernement. Pour que nous ayons accès aux marchés au Manitoba, situés à trois heures d'ici, nous devons avoir un établissement inspecté par le fédéral, mais nous n'y sommes pas encore parvenus.
Les règlements sont différents, mais les règles du jeu ne sont pas équitables, elles sont injustes, parce que nous devons pouvoir accéder aux marchés du Manitoba, de même qu'aux marchés ontariens. Si nous n'avions à appliquer qu'une seule norme nationale, nous pourrions nous livrer à du commerce interprovincial, ce qui serait logique et nous permettrait d'étendre nos marchés.
Nous espérons que cela pourra être changé. Comme nous ne pouvons pas faire concurrence à Cargills, nous avons besoin d'un règlement national quelconque qui nous permettra de nous affranchir des actuelles barrières au commerce interprovincial. Tout cela est très frustrant. Finalement, peu importe que le steak ait été inspecté par le palier fédéral ou par le palier provincial, une fois dans l'assiette, il n'y a pas de différence.
Je vous remercie de vos témoignages. J'estime essentiel d'entendre le point de vue des associations de consommateurs dans un tel dossier.
Évidemment, la préoccupation première du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire est de faire en sorte que les producteurs agricoles obtiennent un avantage économique à produire des aliments. À mon avis, cet avantage économique est directement lié au fait que le consommateur trouvera intéressant de pouvoir acheter un produit de chez lui — et quand je dis chez lui, je parle de façon très large. Bref, il faut permettre à nos producteurs d'en bénéficier.
J'ai bien entendu les résultats du sondage. D'ailleurs, est-il encore disponible sur votre site Internet, monsieur Tanguay? C'est intéressant, j'aimerais bien aller voir cela. Sur le coup, j'ai été surpris quand vous avez dit que 71 p. 100 des gens trouvent qu'il est facile de déterminer l'origine des produits. En même temps, ils constatent qu'il y a des aspects trompeurs et éprouvent de la difficulté à comprendre les étiquettes. Finalement, après réflexion, je me dis que ces gens sont exactement comme moi. En présence de ces aspects trompeurs et d'une réglementation lousse, si vous me permettez l'expression, c'est bien facile, c'est tout le temps écrit « Canada » quelque part. On trouve toujours le moyen de l'inscrire.
Est-ce de façon volontaire qu'on trompe le consommateur? Je n'en sais rien, mais l'étiquette est conçue de telle sorte que le consommateur s'y trompe facilement. Souvent, on inscrit même l'adresse de l'importateur à Longueuil ou à London, en Ontario, par exemple. En voyant cette adresse de la compagnie, on pense que c'est produit chez nous. En réalité, l'aliment ne vient pas de chez nous.
Je ne suis donc pas si surpris de ces statistiques. Cela démontre qu'il y a un problème réel à cet égard.
Je voudrais savoir ceci de votre part, et je m'adresse ici à vous tous et toutes. Souvent, quand on établit ou qu'on impose des normes, les compagnies ne se gênent pas pour dire que cela coûtera plus cher. Craignez-vous que l'imposition d'une norme qui dicte la façon de concevoir les étiquettes, par exemple l'obligation qu'un logo ou quoi que ce soit y apparaisse, ait des répercussions sur le prix que devront payer les consommateurs?
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Dans le plan d'action, il est déjà question de fournir des renseignements plus précis aux consommateurs et l'on peut donc supposer que Santé Canada a déjà commencé à agir en ce sens.
Il est possible d'agir en collaboration avec le secteur privé à cet égard. Quand elle a décidé d'imposer les nouvelles règles d'étiquetage des produits textiles aux États-Unis, que les manufacturiers réclamaient, la Federal Trade Commission leur a dit: « Vous allez devoir expliquer cela aux consommateurs. Nous vous donnerons un an pour ce faire et, si vous ne le faites pas, nous en reviendrons aux anciennes étiquettes. » Si tel avait été le cas, les manufacturiers auraient dû subir un coût énorme, parce qu'ils auraient dû changer ces étiquettes deux fois. Ils se sont montrés très efficaces en apposant des étiquettes sur les vêtements de même que des calendriers pour expliquer le changement.
Il est toujours possible de recourir à la persuasion et à la créativité pour collaborer avec le secteur privé afin de réaliser ce genre de choses.
Au Royaume-Uni, il existe un système d'étiquetage des produits alimentaires qui consiste à apposer un petit tracteur rouge sur les emballages. Il s'agit d'un régime administré par le secteur privé qui appose le drapeau britannique de même qu'un petit tracteur rouge sur tous les produits. Tous ces critères sont facilement accessibles sur le Web. Ce sont les intervenants qui supervisent le programme. Les épiceries paient pour la vérification ou la certification. Et puis les entreprises peuvent adhérer à d'autres niveaux d'agrément. J'ai malheureusement oublié un sac à pommes de terre que j'ai rapporté de mon dernier voyage là-bas. Il porte un petit tracteur rouge et tout le reste et, en plus, on peut y lire: « Ces pommes de terre viennent du Yorkshire; voici une photo du récoltant et voilà où se trouve sa ferme. » Il n'est pas question de faire davantage la promotion de ces pommes de terre que de celles venant d'ailleurs au pays, mais plutôt de fournir des renseignements sur le produit tout en moussant la marque « Grande-Bretagne » parce que les Anglais adorent acheter ce genre de produits et qu'ils ne veulent pas entendre parler de ceux qui viennent de France.
C'est très efficace et les gens en sont friands. Dans certains cas, ils sont même prêts à payer plus, mais ils n'ont pas forcément à le faire, comme à Morrisons, qui est la chaîne bon marché au Royaume-Uni, où tous les produits portent le logo du petit tracteur rouge. Le surcoût n'est donc pas nécessairement très élevé.
Chez nous, le secteur de l'épicerie n'est pas très compétitif et les commerçants peuvent foncièrement demander le prix qu'ils veulent. Je suis d'accord pour dire que les consommateurs sont disposés à payer davantage pour certains de ces produits, mais ils veulent savoir pourquoi ils vont payer plus et ils veulent obtenir ce pourquoi ils paieront — somme qui devra aboutir chez le producteur et pas chez le transformateur.
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À ce sujet, je tiens à signaler à Brian que mon frère, qui est éleveur de bétail en Colombie-Britannique, pourrait prendre ombrage à ce que vous venez de dire. Peu importe, poursuivons.
Merci beaucoup de vous être déplacés. Il existe donc un mouvement au Canada, le mouvement pour la souveraineté et la sécurité alimentaires. Si j'ai bien compris, toute cette idée de l'amélioration de l'étiquetage procède de cette mouvance. J'appuie l'idée de la souveraineté alimentaire qui va dans le sens de l'achat de produits locaux, dans toute la mesure du possible, et de l'appui à l'industrie locale.
J'aimerais que vous réagissiez à cela.
Je commencerai par vous, madame Bliss. Vous avez dit que vous aimeriez qu'on élimine les barrières au commerce interprovincial et je comprends très bien pourquoi. Dans votre cas, vous pourriez exporter la viande produite dans votre province. La province voisine n'est qu'à trois heures de route. Nous savons que, pour exporter une viande d'une province ou même du Canada, celle-ci doit être inspectée par l'ACIA.
En Colombie-Britannique, nous avons assisté à un mouvement dans le sens de la normalisation de nos règlements d'inspection des viandes, phénomène qui a occasionné énormément de difficultés aux petits producteurs locaux parce qu'ils ne sont plus en mesure, désormais, de faire l'abattage à la ferme et de vendre eux-mêmes leur viande. Autrement dit, les petites exploitations ne peuvent faire l'abattage sur place et vendre directement à un tiers. D'où ce mouvement qui vise à essayer de rapatrier l'argent d'une certaine façon, que ce soit grâce à des abattoirs mobiles ou à la localisation d'autres établissements d'abattage inspectés.
Nous savons que la Nouvelle-Écosse a prévu des aménagements dans ce sens et que ce genre de pratique est désormais permise.
Pensez-vous que ce mouvement dans le sens de l'uniformisation pourrait porter tort aux petits exploitants agricoles et aux petits producteurs, que cela pourrait aller à l'encontre de l'idée consistant à appuyer l'industrie locale?
Ce sera ma première question.
Vous pourriez peut-être commencer, madame Bliss.
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Ce sujet me passionne énormément. Je suis fermière et, non seulement je ne peux pas vendre la viande à la ferme, mais en plus je ne peux même pas m'en servir pour nourrir ma famille, parce que c'est illégal. Si je veux abattre un bouvillon, je dois le faire chez moi, je dois suspendre les morceaux chez moi et les découper sur place. Je ne peux donc même pas manger le fruit de mon travail à moins que je me résigne à recourir à des pratiques qui ne répondent pas aux normes et qui consistent à suspendre les quartiers de viande dans la grange, puis à les découper sur la table de cuisine.
Je sais que nous nous trouvons dans une situation tout à fait semblable à celle des éleveurs de la Colombie-Britannique. Nous correspondons entre nous. Malheureusement, en Ontario, nous ne sommes pas autorisés à avoir des abattoirs mobiles et nous sommes en train d'essayer d'obtenir un financement pour construire un abattoir fixe. L'abattoir le plus proche auquel je peux actuellement avoir accès se trouve à Dryden, soit à environ trois heures au nord de Rainy River. Cela veut dire que je dois payer pour l'essence, que je dois transporter mes bêtes jusqu'à Dryden, puis les traîner dans l'établissement pour qu'ils y soient abattus. Après cela, je peux les vendre à mes voisins et nourrir ma famille. C'est idiot, parce que si je ne fais pas abattre mes animaux à l'abattoir, je suis dans l'illégalité quand je prends un sandwich au rosbif au travail, étant donné que la viande abattue sur place doit demeurer à la ferme. Je ne peux même pas en prendre pour en faire profiter des amis, lors d'un dîner-partage. Ça paraît étrange, mais c'est ainsi.
Tout cela constitue un obstacle énorme. L'industrie du boeuf et toutes nos industries — à l'exception de celles des céréales, qui s'en sort bien grâce aux biocarburants — ont actuellement de la difficulté. Le secteur de la viande est dans une mauvaise passe. Nous devons ouvrir de nouveaux marchés et écouler nos produits localement. Il est évident que les consommateurs voudront se procurer nos produits, si on leur en donne la possibilité, surtout dans des districts et des collectivités comme les nôtres, de petite taille et très compacts. Une autre intervenante dont j'ai oublié le nom vous a donné l'exemple des pommes de terre. De nos jours, au Japon, les consommateurs peuvent balayer le code barres des produits qu'ils achètent à l'aide de leur téléphone cellulaire pour voir la photo de l'éleveur d'où provient la viande. Ils veulent voir la vache en train de ruminer et de s'ébattre gaiement dans la verte prairie. Les gens peuvent même venir chez moi, à mon exploitation, et faire la même chose s'ils le décident. C'est un énorme obstacle.
Nous espérons que les travaux de l'abattoir débuteront ce printemps, mais l'abattage des bêtes n'est pas très rentable et nous devrons nous battre et travailler très fort pour maintenir cette opération. En revanche, cet établissement nous permettra de nous ouvrir sur d'autres marchés. De plus, les marchés agricoles du nord-ouest réclament à cor et à cri des produits locaux que nous ne sommes pas en mesure de leur fournir à cause des règlements, à cause de la difficulté d'accéder à un abattoir et à cause de la réglementation qui encadre tout cela.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à vous tous de vous être déplacés ce matin pour nous faire ces exposés.
Je ne sais pas dans quelle mesure, et nous n'avons pas pour tâche de le déterminer, vous travaillez de façon bénévole ou pour la défense des droits des consommateurs, plutôt que contre rémunération, mais peu importe, vous êtes ici et le comité apprécie votre présence au même titre, j'irais jusque-là, que l'ensemble des citoyens. Je vous remercie pour vos efforts.
Pour ce qui est de ce que j'appelle l'abêtissement de l'étiquetage, je ne pense pas que cela va forcément simplifier ou rationaliser le système. Je vous ai entendu dire, madame Hillard, que les consommateurs ou du moins un nombre important d'entre eux — je crois 50 p. 100 — ne peuvent lire les étiquettes. C'est peut-être le cas, mais alors je vais vous poser une question à laquelle j'aimerais que quelqu'un me réponde. De nos jours, l'étiquetage est très complexe et il donne énormément de détails sur les composants du produit, que ce soit du glucose, des gras trans, de la fibre et autres. Doux Seigneur, je suis à peine intéressé à lire les sept ou huit éléments qui apparaissent dans la composition et à prendre connaissance de leurs pourcentages relatifs. En revanche, je dois vous dire que je suis beaucoup plus intéressé à savoir d'où vient le produit, où il a été transformé et où il a été emballé.
En revanche, vous me dites tous qu'il faut sursimplifier les appellations, pour les ramener à trois mots tout au plus, du genre « Produit du Canada » ou « Fait au Canada » et que nous ne devrions peut-être pas aller plus loin. Eh bien, je ne suis pas d'accord, parce que je pense qu'il faut davantage décrire les produits.
Que pensez-vous de cela?
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Monsieur Arnold, dans votre présentation, il est écrit:
Cela se traduit, en matière d'étiquetage, par les notions de simplicité, fiabilité et transparence. L'information transmise au consommateur doit être crédible et vérifiable.
Je suis heureux de vous dire que le ministre est entièrement d'accord sur cela. Il ajoute qu'il faut que ce soit honnête, ce qui est une autre chose.
[Traduction]
C'est, comme qui dirait, le grand amour. Tout le monde semble être d'accord sur le fait qu'il faille faire quelque chose à propos de l'étiquetage. Je crois que c'est Mme Hillard qui a dit qu'il faudrait diffuser des renseignements plus précis sur l'origine des aliments et je pense que nous sommes tous sur la même longueur d'onde à ce sujet. Si un produit est originaire du Canada, il faut que l'étiquette le mentionne. S'il est originaire d'Argentine, il faut le mentionner également. Nous sommes donc tous d'accord. Soit dit en passant, vous pouvez m'interrompre si vous n'êtes pas d'accord avec ce que je dis.
Par ailleurs, j'ai l'impression que nous nous entendons également tous, y compris les membres du comité, sur le fait que la formule retenue devrait être simple. On peut toujours avoir le plus fantastique système d'étiquetage du monde, mais si les consommateurs ne peuvent le lire — comme vous l'avez dit, madame Vaddapalli — à quoi pourrait-il servir?
Madame Vaddapalli, vous avez également dit que les produits à qui l'on accorde la mention « Biologique Canada » comprennent au moins 95 p. 100 d'ingrédients biologiques, ce qui, selon moi, doit être un plancher. En effet, si nous voulons dire la vérité sur les étiquettes et avoir un étiquetage exact, il faudra déclarer qu'au moins 95 p. 100 des produits proviennent du Canada pour mériter l'appellation d'origine canadienne, si nous voulons nous servir de cela comme ligne directrice. Quelqu'un est-il en désaccord avec ce que j'ai dit jusqu'ici?