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Merci beaucoup de nous avoir invités à comparaître ce matin. Comme vous le savez, ce n'est pas la première fois que les représentants du Conseil des viandes du Canada comparaissent devant le comité. Nous représentons le plus important des secteurs agroalimentaires du Canada, comme notre chiffre d'affaires brut se monte à plus de 20,3 milliards de dollars. En fait, le Canada a exporté 1,24 milliard de dollars de boeuf et 2,39 milliards de dollars de porc à plus de 60 pays du monde l'année dernière.
Lorsque j'ai comparu devant le comité en novembre dernier, je vous faisais part de nos préoccupations concernant les défis auxquels l'industrie est actuellement confrontée, et ces préoccupations sont toujours d'actualité. Nos défis sont multiples: le dollar canadien est toujours très fort, il y a une pénurie de main-d'oeuvre, le prix du carburant continue à monter, et la quantité de porc et de boeuf venant des États-Unis qui est vendue au Canada, directement au niveau de détail, continue à augmenter.
De même, selon Agriculture Canada, les importations de porc américain sont en hausse de 16 p. 100 jusqu'ici, soit 22,500 tonnes métriques. L'année dernière, à la fin de l'année, les importations américaines étaient en hausse de 8,4 p. 100, ayant atteint 94 000 tonnes métriques.
La possibilité qu'on nous impose de nouveaux règlements nous inquiète. C'était justement notre réaction l'année dernière, lorsqu'il était question des nouveaux règlements relatifs à la matière à risque spécifiée qui devaient viser le secteur du boeuf. Le 1er avril, Gencor a annoncé qu'elle fermait et invoquait la protection de la Loi sur les faillites.
Pour ce qui est de ce règlement, nous voulons nous assurer à ce sujet qu'on tienne compte de tous les facteurs pertinents. Nous croyons savoir que vous étudiez les recommandations que vous aviez faites consistant à créer une règle exigeant qu'au moins 51 p. 100 du contenu agroalimentaire du produit soit canadien, de façon à mieux protéger l'intégrité de la désignation « Produit du Canada ».
Dans un premier temps, je ne permets de vous faire remarquer que l'industrie des viandes au Canada est la plus fortement réglementée de tous les secteurs alimentaires du Canada. Nous avons un excellent bilan en ce qui concerne notre adhésion aux règles. Non seulement respectons-nous les règles canadiennes, mais bon nombre de nos membres respectent également les règles relatives aux exportations — diverses règles qui s'appliquent dans d'autres pays qui sont différentes des nôtres.
Nous avons également une grande expertise en ce qui concerne les étiquettes. J'ai plusieurs échantillons de viande que je vais faire circuler, et j'espère avoir le temps de le faire avant que mes 10 minutes ne soient écoulées.
Au Canada, toutes les étiquettes destinées à être apposées sur des contenants de produits carnés comestibles doivent être préapprouvées par l'Agence d'inspection des aliments du Canada avant que le produit ne puisse être mis sur le marché. À l'heure actuelle, l'enregistrement des étiquettes est exigée seulement pour tous les produits carnés préemballés et les légumes et fruits transformés. Pour d'autres produits alimentaires, comme les produits laitiers, le miel, les produits de boulangerie, les oeufs, le poisson, etc., la préenregistrement n'est pas exigée. Ces produits sont toujours assujettis aux règlements pertinents en matière d'étiquetage, mais les étiquettes n'ont pas besoin d'être préapprouvées, comme c'est le cas des produits de l'industrie des viandes, et ce avant de pouvoir les mettre sur le marché. Voilà qui a d'importantes conséquences pour la compétitivité de notre secteur, par rapport à d'autres secteurs alimentaires au Canada, pour lesquels ces règlements ne constituent pas une contrainte.
Ce processus d'approbation nous coûte cher. Chaque étiquette alimentaire… Par exemple, dans le cas des saucisses et produits de charcuterie de Piller — et cette compagnie vend beaucoup de produits différents — chaque nouvelle étiquette lui coût 100 $ pour l'enregistrement et 45 $ si la compagnie décide d'apporter ne serait-ce qu'un changement mineur à l'étiquette. Donc, 45 $ pour un changement mineur. Si vous calculez le nombre de compagnies de fabrication de produits carnés au Canada vous le multipliez par le nombre d'étiquettes que nous employons, vous allez comprendre pourquoi nous jugeons que ce processus est problématique.
De plus, nous croyons savoir que nos concurrents américains attendent un maximum de sept jours et qu'ils ont un système générique d'approbation des étiquettes qui leur permet de faire des changements mineurs sans obtenir l'approbation du gouvernement. Le fait est que notre système d'approbation des étiquettes constitue une source de frustration pour nos membres depuis des années.
L'éventualité de l'application d'une nouvelle loi ou d'un nouveau Règlement concernant la mention « Produit du Canada » nous amène à nous demander quelle en sera l'incidence sur nos activités commerciales. À l'heure actuelle, tous les produits préemballés par les transformateurs canadiens de viandes doivent porter la légende d'inspection des viandes. Quand j'ai assumé mon poste actuel il y a quatre ans, je ne savais pas vraiment ce que cela voulait dire, mais cela signifie essentiellement que le produit a été inspecté par le gouvernement du Canada. Voilà ce que cela veut dire. Il y a l'image de la couronne, et l'établissement doit inscrire son numéro, soit directement sur le logo, soit ailleurs sur l'emballage.
Je vais faire circuler celui-ci, et vous allez voir qu'il s'agit de pepperoni de la marque Piller — un excellent produit. Le logo apparaît ici. Le fabricant a inscrit son numéro d'établissement ici dans le coin — soit l'établissement no 522 — de même que tous les autres renseignements pertinents, dans les deux langues, y compris la date de péremption. Nous allons le faire circuler. Nous allons l'ouvrir à la fin de la réunion et vous pourrez déguster.
Bien sûr, la légende d'inspection des viandes est une marque de commerce nationale, et l'utilisation non autorisée de cette marque de commerce nationale donne lieu à des poursuites en vertu de l'article 21 de la Loi sur l'inspection des viandes. Seules les viandes transformées dans un établissement canadien inspectées par les autorités fédérales peuvent porter cette marque de commerce, mais nous ne sommes pas tenus d'apposer la mention « Produit du Canada ».
Vous allez voir sur les produits que nous allons faire circuler… D'ailleurs, je devrais peut-être faire cela tout de suite, car sinon vous allez être en train de les examiner pendant que Robin ou quelqu'un d'autre vous adresse la parole. Voici un exemple d'un produit de poulet entièrement cuit. Sur tous ces produits, vous allez pouvoir repérer la couronne, mais non la mention « Produit du Canada ». Ce n'est pas exigé.
En fait, notre association a soulevé auprès de l'Agence d'inspection des aliments du Canada la question de la mention « Produit du Canada » vers la fin de l'année dernière, parce que nous avions remarqué qu'un nombre grandissant de gros morceaux de viande qui, autrefois, étaient coupés dans les magasins de détail, et vendus directement aux consommateurs, surtout dans les magasins-entrepôts pour lesquels il faut obtenir une carte de membre — alors que les étiquettes sont non conformes aux règlements, puisque les renseignements ne sont pas présentés dans les deux langues et il manque la légende d'inspection des viandes, les codes pertinents, la date d'emballage, etc.; nous avons également remarqué qu'il y a surtout beaucoup de produits américains non conformes qui ne portent pas la mention « produit du ou des ».
Nous avons obtenu une réponse par écrit de l'Agence le 11 février 2008 dans laquelle on nous indique ceci:
L'article 123 du Règlement sur l'inspection des viandes exige que la mention « Produit de », suivi du nom du pays d'origine, figure sur l'étiquette de tous les produits de viande importés et préemballés. De plus, le paragraphe 31(2) du Règlement sur l'emballage et l'étiquetage des produits de consommation exige que les produits préemballés entièrement fabriqués à l'extérieur du Canada portent une étiquette indiquant le nom et le siège principal d'exploitation de l'établissement canadien pour lequel le produit préemballé a été fabriqué pour des fins de revente. Le nom et l'adresse du siège principal d'exploitation de l'établissement canadien doivent être précédés de la mention « importé par » ou « importé pour », selon le cas, à moins que l'origine géographique du produit préemballé ne soit indiquée sur l'étiquette. Il n'est pas nécessaire que les produits carnés coupés ou transformés et réemballés au niveau du commerce de détail mentionnent l'origine géographique ou le fait qu'ils sont importés.
Je vais vous montrer un autre produit. Il s'agit d'un produit que j'ai acheté hier chez Costco, ici à Ottawa. C'est un produit de la compagnie Hormel. Il porte la mention claire « Produits des États-Unis ». Donc, ce produit est tout à fait conforme au Règlement.
Mais, ce qui est intéressant, c'est que, contrairement à ce qui se fait au Canada… À mon avis — et c'est une opinion purement personnelle — l'étiquette américaine est plus claire. Ici on voit la mention « Inspecté et approuvé par le ministère de l'Agriculture des États-Unis ». Voilà ce qui figure sur l'estampille. Dans notre cas, on voit le mot « Canada », ainsi que la couronne et le numéro, alors que sur leur produit, on lit ceci: « Inspecté et approuvé par le ministère de l'Agriculture des États-Unis ». Je vais le faire circuler. Comme c'est un produit entièrement cuit, nous pourrons aussi le déguster.
Donc, si un détaillant vend un morceau intact de viande musculaire — tel qu'une longe de porc — qui vient des États-Unis dans un sac en plastique emballé sous vide, et se contente d'y apposer le prix, il ne respecte pas l'actuel Règlement sur l'inspection des viandes à défaut d'y apposer la mention « Produit des États-Unis ». Si nous avons porté cette question à la connaissance de l'Agence, c'est parce que nous estimons qu'il convient de contrôler rigoureusement l'application du Règlement actuel. Cependant, si le magasin de détail sort cette longe de porc de l'emballage plastique et la découpe en dix morceaux pour les vendre à ses clients, il n'est pas tenu d'y apposer la mention « Produit des États-Unis ».
Cependant, il faut faire attention. Ici au Canada, la demande de viande prête à découper en caisse est de plus en plus forte, car les détaillants, pour des raisons de salubrité des aliments et d'efficacité, ne souhaitent plus avoir recours à un boucher qui découpe la viande sur place. Ainsi ces détaillants ont plutôt recours à un découpeur de viande spécialisé qui se charge d'emballer, de découper, de peser et d'étiqueter la viande et de leur fournir les produits nécessaires tous les jours.
En réalité, cela donne lieu à un produit supérieur dont la durée de conservation est plus longue. L'un de nos membres qui se spécialisent dans ce domaine est un transformateur de veau qui possède des établissements de production et de transformation de la viande des deux côtés de la frontière. Parfois il doit faire venir de la viande de ses établissements de production et de transformation de l'autre côté de la frontière pour être en mesure d'exécuter les commandes qu'il a reçues, étant donné qu'il n'arrive pas à obtenir suffisamment de veau ici au Canada. Comment son entreprise sera-t-elle touchée par les règlements proposés.
De plus — et je vais bientôt conclure — comment va faire une compagnie comme Piller, qui fait des affaires depuis de nombreuses années en tant qu'entreprise familiale offrant un produit de très grande qualité… Elle obtient sa viande du Canada, des États-Unis, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et de l'Uruguay. Comment ces règlements influeront-ils sur ses activités commerciales?
Bien sûr, en débattant de cette question ici au Canada, nous ne devons pas oublier que les autorités américaines commencent à appliquer de nouvelles règles relatives à l'étiquetage du pays d'origine qui ne tiennent absolument aucun compte des règlements internationaux. C'est un processus qui a duré longtemps, mais dont l'issue est claire. Nous n'aimons pas les résultats, et nous ne sommes pas contents de voir ce qui arrive actuellement, étant donné que nous serons très fortement défavorisés par ces nouvelles règles à compter du mois de septembre de cette année.
Nous avons fermement appuyé le gouvernement du Canada lorsqu'il a exprimé son opposition à cette mesure. Cela n'empêche que les autorités américaines vont de l'avant.
En guise de conclusion, je voudrais simplement préciser qu'il y a évidemment de nombreux règlements qui influent l'industrie des viandes. Notons l'harmonisation des règles d'origine découlant des négociations commerciales multilatérales du Cycle d'Uruguay à l'OMC. Mentionnons également la Loi sur le tarif des douanes de 1997. Il y a également la Loi sur l'emballage et l'étiquetage des produits de consommation, la Loi sur l'inspection des viandes, le Règlement sur l'inspection des viandes et le Manuel des méthodes de l'hygiène des viandes, qui compte environ 1 200 pages. Donc, si vous vous ennuyez un soir et vous n'arrivez pas à vous endormir, vous pouvez toujours lire ce manuel.
C'est donc une question très compliquée. Cela paraît simple, mais nous vous incitons à faire une étude en profondeur de tous ces éléments et à tenir compte de la réalité actuelle avant de prendre quelque décision que ce soit.
Je vais faire circuler quelques autres produits. Il y a un produit de porc entièrement cuit fabriqué à Toronto — un produit fantastique. Nous avons également des saucisses de Frankfort et du bacon de la marque Maple Leaf. Que peut-il y avoir de plus canadien que ces produits-là? Faites circuler ces produits et vous allez essayer d'y repérer la mention « Produit du Canada ».
Nous avons également de la saucisse de jambon kielbasa. Encore une fois, ce produit porte la légende d'inspection des viandes, mais non la mention « Produit du Canada ».
Merci beaucoup. Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de l'occasion qui nous est donnée aujourd'hui de présenter nos vues sur cette question importante. Nous sommes tout à fait d'accord pour reconnaître que cette dernière mérite une étude en profondeur, et je suis d'accord avec ce que mon collègue vous a déjà dit pour ce qui est des problèmes qui y sont associés.
Je n'ai pas besoin de rappeler aux membres du comité à quel point l'industrie alimentaire est importante au Canada mais, étant donné ce qui est arrivé à notre dollar récemment, je voudrais vous rappeler également qu'il s'agit de la deuxième industrie du Canada. D'importantes possibilités s'offrent à elle. Nous sommes actuellement à l'âge d'or de l'agriculture et, comme tous les autres, nous craignons que le fait de changer de façon importante le Règlement sur l'étiquetage pourrait faire augmenter nos dépenses alors que toutes sortes de nouvelles possibilités intéressantes s'offrent à nous, non seulement au Canada, mais dans le monde entier. Il n'y a pas de doute que le paysage change en ce moment, mais il nous faut toujours être sensibles à la question des coûts quand nous envisageons de nouvelles activités.
L'actuel Règlement canadien sur l'étiquetage est compatible avec un grand nombre de pratiques qui sont généralement acceptées et qui sont, pour la plupart, bien comprises par les consommateurs. Le Règlement sur l'étiquetage qui s'applique de nos jours au Canada s'appuie dans une large mesure sur les pratiques internationales, et il arrive souvent que les dispositions du Règlement canadien sur l'étiquetage soient reprises dans d'autres pays. Donc, le Canada est une sorte de chef de file en matière d'étiquetage, et c'est très positif.
Ces pratiques d'étiquetage ne concernent pas uniquement l'agriculture et les aliments. Il faut bien comprendre que bon nombre des éléments évoqués dans le contexte de l'étiquetage — c'est-à-dire, les principes qui sous-tendent la Loi sur l'étiquetage — s'appuient sur les dispositions de notre législation fiscale, nos codes tarifaires, et ce genre de choses. Ainsi les règles qui visent les aliments s'appliquent également à l'ameublement, par exemple, et aux automobiles. La notion du minimum de 51 p. 100 n'émane donc pas de l'industrie alimentaire; au départ, ce principe s'appliquait au secteur de l'automobile, à celui de l'ameublement et à certaines autres industries où le contenu étranger était jugé important et correspondait à une question d'intérêt public.
Par exemple, s'agissant de la mention « Fabriqué au Canada », la perception générale entourant cette mention est qu'au moins 51 p. 100 du contenu, de par sa valeur ou des matériaux utilisés, sont canadiens, et c'est quelque chose qui est compris par la majorité des gens. Le fait qu'on retrouve la mention « Fabriqué au Canada » ou encore « Fabriqué en Chine » — songeons à tous les cadeaux que nous recevons à Noël qui sont faits en Chine — ne veut pas dire nécessairement que tous les ingrédients viennent de Chine. Je comprends très bien que les consommateurs veuillent savoir d'où viennent ces ingrédients, mais ici il ne s'agit pas exactement de cela.
La mention « Fabriqué au Canada » qui se trouve sur l'étiquette, indique simplement que le produit est fabriqué ou manufacturé au Canada, et je pense que la plupart des gens comprennent très bien cette réalité. Les règles tarifaires s'appuient sur ce concept. De même, si un aliment — et je pense bien que Jim ait déjà mentionné cet aspect des choses — a un contenu étranger de 51 p. 100, l'étiquette l'indiquera normalement, ou du moins devrait l'indiquer. Si elle ne l'indique pas, il s'agit à ce moment-là d'un problème de contrôle d'application.
Ensuite, s'agissant de l'estampille d'inspection « Catégorie A » qui figure sur bon nombre de produits — ou du moins la mention d'une catégorie de produits quelconques — et de la légende d'inspection du Canada, que vous avez tous repérées sur les emballages que Jim vous a fait circuler — toutes ces mentions indiquent que les autorités canadiennes ont contrôlé les produits en question. Ce contrôle canadien signifie que le produit en question respecte les règles canadiennes ou qu'un inspecteur canadien a visité l'établissement où le produit a été fabriqué. Ainsi les consommateurs ont la garantie qu'il y a eu contrôle par les autorités canadiennes, mais ces mentions ne leur permettent pas de supposer qu'il s'agit d'un produit dont le contenu est 100 p. 100 canadien. C'est peut-être le cas, mais tel n'est pas l'objet des mentions en question.
Les importations peuvent devenir des produits canadiens. Vous avez déjà reconnu cette réalité-là, et cela se produit tous les jours dans nos établissements. Encore une fois, il s'agit d'une approche internationale très bien établie en vertu de laquelle nous, du moins dans l'industrie alimentaire, acceptons la norme reconnue à l'échelle internationale selon laquelle, en vertu d'un autre chapitre du code harmonisé, dès lors qu'on importe de la viande fraîche, non découpée — en gros morceaux, peut-être — qu'on envoie ensuite dans un établissement canadien qui la fait cuire, la découpe et la transforme — en la découpant en morceaux, en l'emballant et en créant tous ces beaux produits que vous venez de voir — il s'agit désormais de produits canadiens, en ce sens que ces produits peuvent à ce moment-là porter la légende d'inspection des viandes du Canada et la mention « Produit du Canada », même si, dans la plupart des cas, nous ne nous donnons pas la peine d'y apposer cette mention. Le plus souvent, ces produits portent simplement la légende d'inspection des viandes, si bien que des produits importés peuvent sembler canadiens, du moins en ce qui concerne certaines personnes.
Le chapitre 7 du manuel des procédures au sujet de la mention « Produit du Canada » qui vient d'être révisé — et ce n'est pas une exagération, puisque cela s'est fait la semaine dernière; d'ailleurs, je vous encourage à l'examiner, puisqu'il s'agit du chapitre portant sur l'étiquetage — encourage les établissements fédéraux à apposer sur leurs produits la mention « Produit du Canada ». Donc, l'ACIA nous demande maintenant de commencer à employer l'expression « Produit du Canada », étant donné que beaucoup de pays importateurs commencent à l'exiger et, bien entendu, c'est au pays exportateur d'adhérer aux règles du pays importateur. Et, bien entendu, nos établissements vont commencer à le faire, parce qu'il s'agit d'éviter que certaines étiquettes portent la mention « Produit du Canada », mais d'autres, non.
L'une des activités les plus coûteuses, dans notre secteur, consiste à prévoir un traitement différent pour divers produits et, donc, si vous êtes obligé de faire deux étiquettes pour des produits destinés à deux marchés différents, cela représente un coût très considérable pour un établissement. Du moment qu'on commence à traiter les produits différemment, on s'expose à de gros problèmes. C'est donc le genre de choses que nous voulons éviter.
Dernièrement, vous avez beaucoup entendu parler de la position de la Fédération canadienne de l'agriculture et d'autres organismes agricoles de la base, qui sont d'avis qu'il faut une mention du genre « Cultivé au Canada », et il est vrai que les États-Unis envisagent à présent d'employer la mention « élevé » ou « né » aux États-Unis. De plus en plus de pays vont commencer à envisager cette possibilité et, si vous souhaitez établir une nouvelle étiquette, nous n'aurions pas de mal à accepter que l'on prévoie une nouvelle mention du genre « Cultivé au Canada », de façon à faire comprendre aux consommateurs qu'il s'agit d'un produit à 100 p. 100 canadien.
Nous vous incitons à refaire l'exercice de l'étiquetage des produits biologiques, qui a pris trois ans. L'étiquette employée maintenant au Canada pour les produits biologiques constitue un excellent exemple de ce qu'on peut faire. Ainsi nous avons à présent une étiquette pour les produits biologiques qui est facultative, mais qui s'appuie sur la vérification par une tierce partie, de sorte que le consommateur sait, en voyant le terme « biologique » sur l'étiquette, que le produit en question a été contrôlé.
C'est la même chose ici. Si nous voulons établir une étiquette indiquant que le produit est canadien à 80 p. 100, à 95 p. 100 ou à 100 p. 100, il faut qu'une mesure de contrôle puisse l'affirmer, surtout si vous voulez dire aux consommateurs que c'est un très bon produit et un produit sécuritaire. On ne peut pas affirmer de telles choses sur l'étiquette du produit à moins de pouvoir le prouver. Par conséquent, il faut prévoir la vérification par une tierce partie, et nous estimons que c'est une très bonne méthode, même s'il faudra une certaine réflexion avant d'en arriver à un moyen pratique de le faire.
L'autre élément qui ressort très clairement de vos audiences sur la question et de la rétroaction que vous avez obtenue de différents organismes est le fait que, quel que soit le contenu des étiquettes à l'heure actuelle, et quels que soient nos projets futurs, il faut prévoir une très bonne stratégie de communication, car il sera nécessaire de faire comprendre aux consommateurs ce que l'on fait et ce que signifient les étiquettes. À mon avis, nos efforts dans ce domaine n'ont pas toujours donné de très bons résultats.
Je vais en rester là, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président, et merci infiniment de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
J'aimerais vous dire, d'entrée de jeu, que cette question suscite énormément d'intérêt et de débat au sein du secteur canadien de la transformation de la volaille. En fait, j'ai reçu deux courriels ce matin alors que j'étais assis dans le fauteuil juste derrière moi, l'un d'un transformateur de volailles de Terre-Neuve, et l'autre, du responsable d'un établissement de classement des oeufs en Nouvelle-Écosse. Je suppose que ce sont les premiers à être déjà debout, alors, je vais sans doute en recevoir d'autres dans le courant de la journée.
Si je vous dis cela, c'est pour que vous sachiez que cette question intéresse grandement les membres de notre groupe, et aussi pour vous faire savoir que, pour le moment, il n'y a pas de consensus sur l'orientation à prendre. Je comprends votre situation, mais il va falloir plus de discussion. Il faut débattre plus longuement de cette question. Et nous devrons continuer d'y participer.
J'aimerais donc vous faire une brève description de ce qu'est le Conseil canadien des transformateurs d'oeufs et de volailles. Nous sommes l'organisme national qui représente les intérêts de plus de 170 transformateurs canadiens d'oeufs et de volailles, de même que les couvoirs. De plus, nous avons parmi nos membres plus de 60 partenaires industriels nationaux et internationaux qui ont le statut de membre associé.
Nous comptons parmi nos membres certaines des plus importantes entreprises agroalimentaires du Canada, qui transforment plus de 90 p. 100 de la volaille, de la dinde, des oeufs et des oeufs d'incubation du Canada. Cette activité économique est à l'origine de ventes de détail d'une valeur d'environ 5 milliards de dollars. Cela a nécessité, de la part de nos membres, un investissement de plus de 1,5 milliard de dollars dans leurs établissements et différents types de matériel, et ces entreprises assurent à présent des emplois directs à plus de 17 000 Canadiens.
Nos membres qui sont transformateurs de volailles et d'oeufs achètent la majorité de leurs matières premières agricoles — c'est-à-dire, oeufs et poulets et dindes sur pied — aux agriculteurs canadiens dont les activités sont visées par la gestion de l'offre. De plus, nos membres ont recours à d'autres sources de matières premières, puisqu'ils importent des poulets, des dindes et des oeufs dans des quantités limitées en raison des engagements du Canada en vertu des accords de l'OMC ou de l'ALENA.
Maintenant je voudrais aborder brièvement la question de la mention « Produit du Canada », en vous présentant notre optique. Il s'agira, évidemment, d'un aperçu très général, car je ne souhaite pas répéter ce que viennent de vous dire les collègues qui m'ont précédé.
Les entreprises canadiennes de transformation de la volaille et des oeufs comprennent qu'il existe deux exigences fondamentales en ce qui concerne l'utilisation de l'actuelle mention « Produit du Canada »: premièrement, qu'au moins 51 p. 100 des coûts directs totaux de fabrication ou de transformation soient canadiens; et, deuxièmement, qu'une partie importante de la dernière transformation se déroule au Canada.
Par exemple, dans le secteur des oeufs, si l'un de mes membres fait venir des oeufs non classés des États-Unis, les lave, les mire, les classe, en détermine la taille et les emballe pour ensuite les vendre aux magasins de détail, même s'il a respecté la condition des 51 p. 100, il n'a pas encore respecté la condition de la dernière transformation substantielle du produit, si bien qu'il n'a pas le droit d'apposer la mention « Produit du Canada »; il est obligé d'utiliser la mention « Produit des États-Unis ».
Par contre, si, après avoir fait venir ces mêmes oeufs, il les casse et les transforme en produits mélangés, séchés ou autre chose, il peut les désigner comme produits du Canada. C'est ainsi que nous comprenons les exigences actuelles.
L'appui de nos membres pour la mention actuelle « Produit du Canada » est fort variable au sein du groupe que je représente. Certains estiment que la définition actuelle d'une « dernière transformation substantielle » est trop stricte; d'autres sont satisfaits du Règlement actuel, étant donné qu'il est bien compris et a du sens; d'autres encore estiment qu'il faut exiger que les poules, les dindes ou les oeufs aient été élevés ou produits au Canada. Voilà où en est la situation à l'heure actuelle.
Cependant, il importe que le Règlement actuel en matière d'étiquetage soit rigoureusement appliqué. M. Laws vous l'a déjà expliqué. Nous, aussi, insistons sur l'importance de ce contrôle. Les règles, quelles qu'elles soient, doivent être rigoureuses et être strictement contrôlées.
Chez les membres du CCTOV qui sont favorables aux actuelles exigences en matière d'étiquetage et à la mention « Produit du Canada », l'un des arguments avancés est que les poulets, les dindes et les oeufs crus qui sont importés soient assujettis à des normes de salubrité des aliments équivalentes. Quand nous importons des produits de pays qui sont autorisés à nous les exporter, ces derniers sont tout à fait équivalents en ce qui concerne les normes de salubrité des aliments qu'ils respectent — non pas identiques, mais équivalentes.
La capacité d'importer des matières brutes additionnelles pour suppléer à la production nationale visées par le système de gestion de l'offre est tout à fait critique. Les assujettir à nos systèmes de transformation et de surtransformation qui s'appuient sur notre système d'analyse HACCP et d'assurance de la qualité, et ensuite, aux contrôles de l'Agence fédérale d'inspection des aliments, pour ensuite y apposer l'étiquette « Produit du Canada », cadre tout à fait avec les objectifs des autorités canadiennes et des entreprises en matière de salubrité des aliments et de qualité. Cette approche concorde avec celle des programmes de valorisation de la marque des entreprises et privée.
Nos membres ont beaucoup investi dans leurs marques. Cela suppose un engagement à l'égard de la qualité et de la salubrité de leurs produits, et voilà ce à quoi on peut s'attendre en voyant la mention « Produit du Canada » sur l'étiquette. Elle est importante pour protéger les investissements et les emplois au Canada, notamment en ce qui concerne la production de produits de volaille non inscrits sur la LIMC qui peuvent entrer au Canada sans être assujettis au tarif.
Voilà donc les arguments avancés en faveur du maintien de l'actuelle mention « Produit du Canada », tels que nous les comprenons, comme je l'ai expliqué tout à l'heure
Les arguments avancés par certains membres du CCTOV en faveur d'une révision de la norme d'étiquetage « Produit du Canada » ou de la création d'un régime d'étiquetage de rechange fondé sur l'origine de l'ingrédient agricole primaire ou du produit — autrement dit, le poulet, la dinde ou les oeufs doivent avoir été élevés ou produits au Canada — comprennent le fait que cela avantagerait les produits fabriqués à l'aide d'ingrédients canadiens, ce qu'utilisent justement la grande majorité de nos membres. La grande majorité de nos membre achètent des ingrédients canadiens. Cet élément pourrait devenir encore plus important, selon les résultats des négociations commerciales du Cycle de Doha de l'OMC, des futurs accords commerciaux bilatéraux qui sont toujours en voie de négociation, des fluctuations de la valeur du dollar canadien, etc. Donc, je vous ai donné les deux sons de cloche.
Je voudrais maintenant aborder brièvement la notion d'une étiquette mentionnant le « pays d'origine ». Il semble que les consommateurs désirent savoir où les produits ont été fabriqués ou cultivés. C'est très bien. Une autre solution que préconisent divers organismes — comme M. de Valk vous l'a déjà dit — comme la mention « Cultivé au Canada », pourrait également recevoir l'appui de l'industrie. La grande question pour moi est de savoir si elle devrait remplacer les règles actuelles en ce qui concerne la mention « Produit du Canada » ou plutôt y être ajoutée? D'une façon ou d'une autre — et j'insiste là-dessus encore une fois — il est essentiel de préserver les normes et l'intégrité de l'étiquette.
L'idée de M. de Valk, consistant à recourir à une tierce partie pour des fins de contrôle, est excellente, en ce qui me concerne. Il faut absolument qu'il y ait vérification et contrôle. Si M. Laws trouve des exemples de produits non conformes qui n'ont pas été contrôlés, ce n'est pas normal. Quelle que soit l'approche adoptée en ce qui concerne l'utilisation de cette mention — qu'elle vienne s'ajouter aux autres ou qu'elle remplace celle que nous employons maintenant — il faut absolument contrôler l'application des règles. Si elle vient s'ajouter aux règles actuelles en ce qui concerne la mention « Produit du Canada », on pourrait suivre le modèle des programmes provinciaux qui existent maintenant — par exemple, Foodland Ontario, Taste of Manitoba, etc. Il existe des modèles que nous pourrions employer. Évidemment, ce serait facultatif.
En même temps, il faut éviter de compromettre la mention actuelle, soit « Produit du Canada », utilisée pour les produits de volaille et à base d'oeufs. On ne peut pas accepter que cette mention soit utilisée de façon à affirmer que la salubrité ou la qualité est supérieure, car ce n'est tout simplement pas le cas. Il ne faut pas induire en erreur ou embrouiller les clients. Donc, on ne peut affirmer que cette mention garantit que la qualité ou la salubrité du produit concerné est supérieure. Comme je l'expliquais tout à l'heure, ces produits portent la marque de nos membres. Les matières brutes importées sont de qualité équivalente. Les produits fabriqués de nos jours sont salubres, sains et de bonne qualité.
Il ne faut pas non plus que cela entraîne des dépenses supplémentaires pour les entreprises canadiennes de transformation des aliments — là je fais de nouveau allusion à la nécessité de prévoir un traitement différent pour les produits, etc., ce dont je parlais tout à l'heure.
Il ne faut pas non plus que cela entraîne de la confusion chez les consommateurs. Par exemple, si nous optons pour deux mentions — « Produit du Canada » et « Cultivé au Canada » — et si ces deux mentions se trouvent côte à côte sur l'emballage, cela risque-t-il d'entraîner de la confusion dans l'esprit du consommateur? Voilà qui pourrait poser problème. L'autre observation de M. de Valk avec laquelle je suis entièrement d'accord concerne la nécessité d'élaborer un plan de communication bien réfléchi avant d'aller de l'avant.
Nous apprécions finalement l'occasion de participer aux discussions sur cette question. Nous aimerions continuer à y participer au fur et à mesure de l'évolution de ce dossier. Comme je l'ai indiqué au départ, cette question suscite énormément d'intérêt et de débat parmi nos membres. Nous avons l'intention d'en débattre longuement au cours des prochains mois, en essayant de dégager un consensus, et si nous y parvenons, nous reviendrons certainement vous le dire. D'une façon ou d'une autre, nous aimerions continuer à participer aux discussions.
Merci beaucoup.
:
Dans ce cas, vous voudrez peut-être m'accorder 12 minutes, plutôt que 10. C'est ce que je pense. Très bien; disons que c'est d'accord.
[Français]
Il s'avère donc indispensable de revoir nos appellations canadiennes en matière d'étiquetage, afin de les adapter à la réalité d'aujourd'hui.
La présente définition de « Produit du Canada » est désuète et porte à confusion sur l'origine réelle des produits ainsi identifiés.
En vertu de la réglementation actuelle, un produit peut porter la mention « Produit du Canada » si 51 p. 100 de son coût total de production est canadien. On se retrouve ainsi avec une multitude de produits importés dont simplement la transformation ou l'emballage auront été réalisés au Canada, ce qui justifiera l'appellation « Produit du Canada ». Cette réglementation fait en sorte qu'en tablette, il n'y a aucune différence entre des concombres importés d'Asie ou produits au Canada. En autant qu'ils aient été transformés au Canada, le produit importé portera la mention « Produit du Canada ».
Quant au produit cultivé et transformé au Canada, il ne portera pas nécessairement la mention « Produit du Canada » puisque l'industrie a le choix de l'identifier ou non, du moins dans le secteur des marinades.
Comment voulez-vous que le consommateur s'y retrouve? Et que dire du secteur des hôtels, restaurants et institutions? À titre d'exemple, la politique d'achat de plusieurs gouvernements, dont celle du gouvernement du Québec, repose sur des achats identifiés « Produit du Canada ». Mais si à la base, « Produit du Canada » n'est pas bien défini, on achète des produits étrangers sous une fausse appellation.
Pour une compréhension juste et réelle, seuls les produits cultivés et transformés au Canada devraient porter la mention « Produit du Canada ».
De plus, sous la réglementation actuelle, s'il devait y avoir un problème d'innocuité avec le produit importé, c'est toute la production canadienne qui serait affectée.
Il en est de même de la réglementation concernant les catégories. Actuellement, un produit surgelé qui est importé en vrac et emballé au Canada portera parfois la mention d'origine réelle du pays producteur, mais également la catégorie « Canada de fantaisie (A) », « Canada de choix (B) » ou autre. Cette utilisation du terme « Canada » dans l'identification de la catégorie peut encore confondre le consommateur, qui croit acheter un produit canadien alors qu'il en est tout autrement s'il vérifie l'emballage.
Le produit qui est d'origine étrangère devrait porter la mention « Catégorie de fantaisie (A) », « de choix (B) » ou autre et ne pas être associé au terme « Canada ». Les modifications demandées à la définition de « Produit du Canada » et à l'utilisation des normes de catégorie visent à donner au consommateur une information juste et conforme.
Cette proposition ne vise aucunement à diminuer l'apport économique des transformateurs canadiens qui transforment ou emballent des produits dont la matière première est importée. Nous sommes d'avis que ces produits devraient porter la mention « Préparé au Canada » ou « Emballé au Canada », mais non « Produit du Canada ».
Nos recommandations à cet effet sont les suivantes. Afin de répondre aux demandes des consommateurs, nous demandons au gouvernement que l'appellation « Produit du Canada » soit réservée aux produits dont la matière première pour laquelle ils sont vendus aura été cultivée au Canada et qui auront également été transformés au Canada.
« Préparé au Canada » ou « Emballé au Canada » serait une appellation réservée pour définir les produits dont la matière première provient de l'extérieur du pays, mais dont la préparation et l'emballage ont été réalisés au Canada. Ces produits devraient également indiquer l'origine réelle de la matière première.
Finalement, on demande que la catégorie « Canada » soit réservée uniquement à la réelle définition de produit du Canada.
Nous proposons aussi une deuxième étape, qui est d'adapter le concept « Image de marque du Canada » au marché domestique canadien. Ce concept, qui a été développé pour les marchés d'exportation, pourrait très bien servir le consommateur canadien en lui facilitant l'achat de ces produits en magasin. Nous recommandons donc, pour répondre aux demandes, que le gouvernement fédéral adapte le concept «« Image de marque du Canada » au marché domestique canadien. L'utilisation de cet identifiant devra être permise uniquement pour les produits correspondant à l'appellation « Produit du Canada » redéfinie.
De plus, nous proposons la tenue d'une campagne de sensibilisation auprès des consommateurs. Les sondages démontrent que les consommateurs souhaitent encourager l'industrie locale et demandent qu'on facilite leurs choix en magasin en identifiant mieux nos produits.
Nous sollicitons le partenariat du gouvernement fédéral pour réaliser une campagne de sensibilisation auprès des consommateurs canadiens sur l'importance d'acheter des produits d'origine domestique.
Il est indispensable de sensibiliser les consommateurs aux avantages de l'achat local, à savoir: la qualité et la sécurité alimentaire de nos produits; la création d'emplois et l'économie; la protection de l'environnement et le soutien d'une agriculture durable; le maintien de notre souveraineté alimentaire.
Vous conviendrez que le secteur agroalimentaire mérite une attention particulière quant à l'identification de ses produits. Il s'agit de notre alimentation voire de notre santé, ne l'oublions pas. Les mesures que nous proposons sont économiques pour le gouvernement et salutaires pour l'agriculture canadienne. Elles répondent en outre aux demandes répétées des consommateurs, qui exigent qu'on facilite leur choix de produits canadiens en magasin.
Notre mémoire comporte des exemples reliés au sujet d'aujourd'hui. Dans la section « Les aberrations », on peut voir une photo affichant un produit qui porte la mention « Canada A ». En regardant la photo située à droite de celle-ci, on peut constater qu'il s'agit en fait d'un produit de la Chine. Il en va de même pour le deuxième exemple. Il s'agit cette fois d'un sac de pois verts portant la mention « Canada A », mais qui provient de Pologne. Ces aberrations confondent le consommateur quand il achète ces produits. Il ne prend pas le temps de les inspecter à la loupe. Le dernier exemple constitue la plus grande aberration. Il s'agit d'olives qui sont supposément un produit du Canada. Nous n'avons toujours pas trouvé d'endroits au pays où l'on fait cette culture.
Je vous ai parlé des fermetures d'usines et du fait que des produits étaient remplacés par des produits de l'extérieur portant néanmoins le nom de marques privées. C'est le cas de diverses marques de commerce canadiennes. Si vous regardez à l'endos de l'emballage de ce pot de concombres, par exemple, vous constatez que ce produit vient de l'Inde. C'est le même problème en magasin. Quand le consommateur choisit un produit sur les tablettes, il n'y voit que du feu, qu'il s'agisse d'un produit du Canada ou de la Thaïlande.
L'« image de marque », que nous proposons, ferait en sorte que les produits canadiens soient suffisamment bien identifiés sur la partie la plus visible de l'emballage, pour que le consommateur les localisent rapidement sur les tablettes.
À la dernière page, on suggère que les produits canadiens soient mieux identifiés sur les tablettes, que le terme « Produit du Canada » soit redéfini, qu'on limite l'utilisation des catégories aux produits réellement canadiens et qu'on complète le tout avec l'« image de marque du Canada » en faisant une campagne de sensibilisation auprès des consommateurs pour réellement promouvoir l'agriculture.
Ce dont je vous parle ici n'est pas impossible. J'ai retrouvé à mon épicerie locale des produits de saumon portant l'« image de marque du Canada ». Le problème est qu'à cause de la définition actuelle, je ne peux pas être certain que le saumon se trouvant dans ce contenant vient du Canada. C'est peut-être le cas, mais il pourrait tout aussi bien venir d'ailleurs.
Concernant le terme « Produit du Canada », une fois qu'on aura fait le ménage, une identification comme celle-ci permettra de faire en sorte que personne ne s'y trompe.
Nous vous remercions de votre attention et nous souhaitons qu'il y ait des résultats positifs.
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Bonjour à tous. Je vous remercie de l'occasion qui nous est offerte de venir ici aujourd'hui vous faire part de notre position.
J'aimerais souligner au départ que le CTAC a déjà fourni au ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire et au ministère de la Santé ses commentaires sur le Plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation. Nous reprendrons donc aujourd'hui les mêmes éléments qui concernent l'identification des produits du Canada.
D'une part, nous considérons qu'il est devenu essentiel, dans un contexte de mondialisation où de plus en plus de questions se posent sur l'origine des produits, de fournir une information crédible. Les transformateurs sont conscients que le consommateur désire être mieux renseigné sur la provenance des produits alimentaires qu'il achète. La définition actuelle identifiant les produits du Canada doit être revue, car elle ne désigne pas l'origine du contenu des produits achetés. Actuellement, un produit dont 51 p. 100 du coût de production est canadien peut porter la mention « Produit du Canada ». C'est ainsi que plusieurs produits transformés affichent la mention « Produit du Canada » alors qu'en réalité, la matière première principale provient de l'extérieur du pays.
Il en est de même pour les mentions concernant les grades et les catégories dans le secteur des fruits et légumes transformés. Des pommes importées des États-Unis transformées en purée de pommes peuvent être étiquetées « Canada de fantaisie » en plus de porter la mention « Produit du Canada » selon la règle des 51 p. 100. Ce terme précise la catégorie, mais son interprétation peut porter à confusion. La déclaration des catégories devrait également être revisitée afin d'assurer une cohérence avec un nouvel encadrement des mentions « Produit du Canada » et « Préparé au Canada ».
D'autre part, nous estimons qu'en cas de problème d'innocuité et de rappel d'aliment, les produits transformés au Canada doivent être facilement différenciés des produits importés dont le contenu principal ne provient pas du Canada. Les consommateurs doivent pouvoir repérer facilement les produits canadiens et ne pas les confondre avec ceux qui proviennent de l'étranger. Une politique crédible et uniforme permettra de rassurer le consommateur et de l'inciter à faire des choix éclairés. Par exemple, une contamination associée à un jus de carottes des États-Unis ne devrait pas avoir de répercussions sur tous les jus de carottes produits et vendus au Canada.
Comment identifie-t-on les produits transformés? Pour les produits de l'agriculture vendus tels quels, la distinction est plus simple à établir entre ce qui doit être identifié « Produit du Canada » et ce qui n'est pas un produit du Canada. La question peut se compliquer lorsqu'on mélange dans un même emballage des produits provenant de pays différents. Il faut préciser la proportion du contenu devant provenir du Canada pour que le produit puisse être qualifié de « Produit du Canada ».
Le problème est le même pour les produits transformés au Canada. Quel produit peut porter la mention « Produit du Canada »? À partir de quelle proportion du contenu un aliment transformé au Canada peut-il porter cette mention? Nous proposons, pour « Produit du Canada » et « Préparé au Canada », des définitions similaires à celles qui sont utilisées pour « Produit du Québec » et « Préparé au Québec », et qui sont acceptées par l'industrie alimentaire.
« Produit du Canada » devrait s'appliquer à tout produit entièrement canadien ou dont les principaux ingrédients, 80 p. 100, sont d'origine canadienne, et pour lequel toutes les activités de transformation, de conditionnement et d'emballage sont réalisées au Canada. Nous croyons que la valeur de 80 p. 100 de contenu canadien est un standard accepté et réaliste, considérant que la plupart des aliments composés contiennent des produits exotiques, comme de l'huile d'olive, des vins ou d'autres ingrédients non disponibles au Canada. La valeur de 80 p. 100 provient également d'une étude réalisée auprès de consommateurs. Cette étude précise que 80 p. 100 d'ingrédients constitue un seuil acceptable pour qu'un aliment soit identifié « Aliment du Québec ».
On pourrait considérer qu'un aliment est « Préparé au Canada » quand au moins 50 p. 100 des ingrédients sont d'origine canadienne et dont au moins 80 p. 100 des frais liés à la fabrication ainsi qu'aux activités de transformation, de conditionnement et d'emballage sont encourus au Canada. Si la matière première du produit n'est pas disponible en quantité ou qualité adéquate au Canada, elle peut provenir d'ailleurs. Dans ce cas, toutes les activités de transformation, de conditionnement et d'emballage doivent être réalisées au Canada.
Pour arriver à réaliser ce concept d'identification, il est nécessaire de mettre en place certaines conditions afin d'arriver à l'application d'une nouvelle politique en matière d'identification des produits du Canada. En tout premier lieu, une garantie de l'origine des ingrédients est essentielle avant de retracer l'origine des produits.
Pour ce faire, on doit s'assurer que les transformateurs disposent de systèmes complets et fonctionnels permettant de retracer l'origine de tous les ingrédients. De cette façon, on rendrait vérifiable l'information relative au pays sur les emballages.
Ceux qui utilisent les expressions « Bio » et « Appellation contrôlée » doivent déjà, par des mécanismes de traçabilité, assurer la validité de leurs allégations. Il devra en être de même pour les allégations relatives à la provenance.
Un autre point est très important: l'identification de la source des ingrédients importés. Une multitude d'ingrédients achetés par les entreprises canadiennes transitent par différents pays. Ainsi, il n'est pas rare que des ingrédients, sous-ingrédients des ingrédients ou une proportion composant des ingrédients achetés aux États-Unis proviennent en fait de la Chine, du Mexique ou d'autres pays, sans que cela ne soit mentionné sur l'emballage. L'identification de leur provenance permettrait aux transformateurs de faire des choix éclairés et faciliterait l'application des mentions « Produit du Canada » et « Préparé au Canada ».
Merci.
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Merci, monsieur le président. Je voudrais garder un peu de mon temps pour Ken, si possible.
Ce que nous visons, selon moi, ce sont des étiquettes qui disent la vérité. Comme l'a fait remarquer M. McDuff à la fin de son exposé, nous essayons de savoir ce que contient l'emballage. Je crois que vous aurez constaté que, quelles que soient les allégeances politiques des gens autour de cette table, c'est cet objectif-là que nous visons et nous sommes résolus à trouver le moyen de l'atteindre. Donc, il s'agit de s'assurer que les étiquettes présentent des renseignements véridiques.
D'abord, en ce qui concerne le règlement COOL, c'est-à-dire l'étiquette relative au pays d'origine, c'est ça qui va bientôt être la réalité. Il n'y a aucun doute à ce sujet. À la fois le gouvernement précédent et le gouvernement actuel se sont vivement opposés à ce règlement. Je suis membre du comité Canada-U.S. Nous avons exprimé notre vive opposition à cette proposition, et nous avons perdu, et il faut donc accepter que c'est cette réalité-là qui nous attend.
Donc, il s'agit d'informer les consommateurs sur ce qui se trouve dans les magasins, et en même temps, de prendre des mesures dans les différents secteurs d'activité afin de protéger nos intérêts sur le continent nord-américain, en prévision de l'application du règlement COOL. Si vous avez des suggestions à faire à ce sujet, je serais très heureux de les entendre.
Beaucoup de questions ont été posées au sujet de l'étiquetage proprement dit, mais du côté davantage technique, il y a le fait que cela coûte cher de changer un étiquette. Le problème que présente la mention « Produit du Canada » concerne le mot « produit », car cela donne l'impression qu'on parle de ce qui se trouve dans l'emballage. Donc, cette étiquette n'est vraiment pas appropriée, et selon moi, il faudrait plutôt dire « emballé » ou « préparé », ou quelque chose du genre, pour faire comprendre aux consommateurs que c'est un produit canadien.
En ce qui vous concerne, combien coûte l'étiquetage au Canada? Comment notre situation se compare-t-elle à celle de nos principaux concurrents? Quoi qu'il en soit, je voudrais que l'on achète des produits canadiens; mais, si nous imposons des frais aux entreprises qui emballent ou qui transforment ce produit, de sorte que le produit canadien coûte plus cher au magasin d'alimentation, nous agissons d'une façon qui est tout à fait contraire à nos intérêts.
Donc, pourriez-vous nous dire ce qu'il faudrait faire sur ce plan-là afin d'éviter que, si nous modifions nos étiquettes de façon à mieux identifier nos produits, les coûts liés à ce changement ne vont pas rendre nos produits moins concurrentiels?
Après, ce sera le tour de Ken.
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Vous avez parfaitement raison de dire que cela risque de retarder toutes ces discussions. La démarche entourant l'étiquetage nutritionnel était très intéressante et très coûteuse pour l'industrie, mais nous l'avons adoptée et ce système est maintenant en vigueur. Le problème des allergènes a également présenté des défis de taille.
Mais, l'industrie canadienne réussit très bien à présent à énumérer les principaux allergènes. Vous vous demandez peut-être pourquoi il y a tant de rappels, et le fait est que 50 p. 100 des rappels sont liés aux allergènes. Nous constatons qu'il peut y avoir des arômes ou des allergènes qui contiennent 0,001 p. 100 d'un ingrédient, et que cet ingrédient vient d'un autre pays, alors que nous n'étions pas au courant, étant donné que le fabricant de l'arôme a oublié de nous le dire.
Quel devrait être le point de départ en ce qui concerne la traçabilité des ingrédients? En tant qu'industrie, nous nous sommes beaucoup améliorés en matière de traçabilité, mais en même temps, nous avons beaucoup de surprises. Si le consommateur veut être informé de tous les ingrédients qu'il est possible de repérer, du moment que la teneur est de 0,11 p. 100 ou atteint un niveau détectable, cela ne sera jamais possible.
Je peux vous garantir qu'au volume du codex, nous avons établi un seuil. Ce ne sera pas zéro, mais plutôt une quantité à l'état de trace. Si vous trouvez une infime quantité d'un certain ingrédient, vous n'allez pas vous en faire; mais si la teneur dépasse l'état de trace, vous devrez vous y intéresser.
Il faut être pragmatique et, dans ce contexte, la définition revêt une importance clé. Si l'on envisage d'opter pour une étiquette portant la mention « Cultivé au Canada », il faudra définir cette expression, et éventuellement prévoir une définition différente selon qu'il s'agit de viande ou de légumes, ce qui me semble tout à fait acceptable. Pour moi, c'est faisable. Mais, la définition revêt une importance clé, et si cette dernière est raisonnable, nous pourrons progresser rapidement et minimiser les coûts.
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Merci, monsieur le président.
D'abord, je ne suis pas un membre permanent du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Je remplace M. Bellavance, ce matin.
Je trouve le sujet de ce matin intéressant et j'apprécie particulièrement la qualité du mémoire que MM. McDuff et Lacoste nous ont présenté ce matin. Non seulement nous démontrent-ils leurs préoccupations dans ce mémoire, mais ils vont jusqu'à nous faire des recommandations. Je les en félicite.
Je trouve extraordinaire l'idée — et je l'adopte, monsieur le président — d'identifier le produit qui est cultivé ou produit, transformé et emballé au Canada par un signe spécifique, la feuille d'érable. Étant député du Bloc québécois, cela m'intéresse plus ou moins de voir la feuille d'érable sur mes boîtes de fèves au lard, mes boîtes de céréales et sur mes choses. À une certaine époque, le gouvernement aurait payé les compagnies très cher pour qu'elles mettent la feuille d'érable sur toutes les boîtes de fèves au lard, sur tous les oeufs à la coque et sur toutes les langues de porc. Dans les bars, on aurait vu la feuille d'érable partout. Certaines compagnies auraient fait beaucoup d'argent de cette façon. Vous leur offrez un cadeau en or en leur permettant de mettre une feuille d'érable sur tous les produits canadiens à l'épicerie, au comptoir des viandes et dans les comptoirs de légumes et de fruits.
Les fédéralistes ont une occasion en or, celle d'adopter cette idée sans aucune hésitation et de la mettre dans le rapport. Et on vous appuiera, non parce qu'on veut la feuille d'érable, mais parce que cela donnera une chance à nos producteurs du Québec et du Canada de créer de l'emploi, de maintenir des entreprises, de faire travailler des gens de chez nous et de consommer des produits de chez nous.
Si j'ai le choix entre des produits fabriqués au Québec, dans le comté de ma collègue députée de , ou des produits qui viennent de la Thaïlande, je vais choisir ceux qui viennent de chez elle, sans aucune hésitation. Peut-être aussi qu'un jour, dans un avenir plus rapproché qu'on le pense, on y trouvera — il faudra laisser de la place sur la boîte — une petite fleur de lys.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président, et merci à tous nos témoins pour leur présence aujourd'hui.
L'un des éléments qui a été évoqué et, selon moi, c'est l'une des raisons pour lesquelles nous menons cette étude, concerne le niveau de frustration qui existe actuellement — puisque vous en avez tous parlé — est la complexité de cette opération; il convient de préciser que c'est justement pour cette raison que nous avons voulu discuter longuement avec les parties prenantes parce que, si nous décidons d'aller de l'avant, la solution retenue ne sera pas une solution élaborée par le gouvernement; il faudra que la solution soit définie par les parties prenantes et proposée ensuite par le gouvernement. Comme le disait M. St. Amand tout à l'heure, le gouvernement doit jouer un rôle de chef de file, et c'est justement ce qu'il fait à l'heure actuelle.
Monsieur de Valk, vous avez dit tout à l'heure, et je vous ai peut-être mal compris, que, selon vous, la plupart des gens comprennent très bien les étiquettes. Dans ma famille, toutefois, je ne pense pas que ce soit le cas. Ils croient les comprendre jusqu'au moment où on les leur explique, et à ce moment-là, ils ne comprennent plus. Et, pour vous dire la vérité, ils ont l'impression d'avoir été induits en erreur. Donc, dans le cadre de ce processus, il faudra non seulement parler d'étiquettes appropriées, mais aussi en faire la promotion, pour que les citoyens canadiens comprennent la signification de ces étiquettes.
Il me semble également — et je peux me tromper — que, si vous en parliez aux gens maintenant, ils vous diraient que les familles sont à présent plus conscientes des étiquettes qu'elles ne l'étaient quand j'étais jeune. Comment cela se fait-il? Eh bien, le monde est plus petit; les produits nous arrivent du monde entier. Auparavant nous faisions assez confiance aux produits que nous consommions, étant donné que nous cultivions beaucoup plus de produits au Canada et que la variété était moins grande.
Vous avez parlé de l'enregistrement et de vos frustrations par rapport à la compétitivité de notre plus important partenaire commercial, les États-Unis, où le délai d'attente est de sept jours seulement. Vous nous dites que les fabricants canadiens sont frustrés depuis des années à cause du temps qu'il faut attendre pour enregistrer une nouvelle étiquette. Cela vous coûte 100 $, et chaque changement mineur vous coûte 45 $ de plus — et, à chaque fois que vous faites cela, cela suppose, me semble-t-il, d'autres chinoiseries administratives. Je voudrais donc vous demandez, monsieur de Valk, si vous avez quelque chose à proposer qui nous permettrait d'améliorer cette situation-là?